Le grand ménage d'été.

Début de la sixième ennéade de Karfias
Dix-septième année du onzième cycle.

« Si personne n’a de questions la séance est levée. Nous partons demain à l’aube. »

Sauf pour les servants du Menteur, eux partaient immédiatement, car leur mission commençait avant celles des autres. Durant la prochaine, voir les deux prochaines, ennéades ils devaient s’assurer que les despotes qui ne s’étaient toujours pas soumis se regroupent ou du moins se retrouvent dans un seul et même endroit.

Le lendemain l’armée constituée d’une partie non négligeable de troupes despotiques, ces derniers étant visiblement désireux d’obtenir la bonne volonté du Puy toutefois la milice qu’ils appotaient étaient bonnes pour grossir les rangs des l’armée de Kerath mais pas grand-chose d’autres. Cela dit il ne doutait pas qu’ils serviraient bien à attraper les flèches ennemies à la place de ses soldats. C’était d’ailleurs dérangeant de voir des humains portant des armes se promener dans le camp, les incidents n’étant d’ailleurs pas rares à ce sujet ; ce qui rendait d’autant plus difficiles une coopération déjà complexe avec les despotes. Mais ils avaient une à deux ennéades pour arriver à un compromis plus ou moins tenable, de plus Kerath avait besoin d’eux pour leurs connaissances du terrain qui lui manquait cruellement.

L’armée hétéroclite remonta donc vers le nord, aucun ennemi n’ayant les forces nécessaires pour arrêter l’armée eldéenne, leur progression ne rencontra qu’une résistance risible. Lorsque ce fut le cas il fut décidé de lancer les cadavres dans un des bras de l’Oliya afin que leurs prochaines cibles soient averties de leur arrivée, rendant la tâche des prêtres de Tesso un peu plus facile. Du moins c’était l’objectif. La première forteresse despotique, un bien grand mot pour une petite fortification posée sur une motte de terre, fut rasée sans trop de difficulté et en comptant les cadavres il fut supposé que le château n’eût plus qu’une garnison squelettique. Alors l’armée fit le tour des seigneuries pour, au mieux, ne tomber que sur une défense symbolique lorsqu’il y en avait une.

Huitième ennéade de Karfias.
Dix-septième année du onzième cycle.

Au début de la huitième ennéade la grosse majorité des traîtres se trouvaient dans le fort Malbork, les autres ayant été tués ou se terraient où ils le pouvaient, le temps d'échapper à l'armée en marche avant de retourner chez eux pour retrouver une forteresse en ruine pour ceux qui en avaient une. Le siège fut donc mis en place, un siège qui serait rapidement terminé. Les murs de pierre étaient placées sur une colline et au sud une forteresse ancrait la structure défensive dans le paysage. Ainsi c’est en face de la forteresse en question que fut placé le camp principal, hors de portée, à plus de quatre-cents mètres des murs.

Alors que le camp était à moitié terminé, des troupes despotiques sortirent par les grandes portes de la forteresse pour lancer une attaque, prenant les soldats du second ost par surprise. Les traîtres, portant tous le même insigne, commencèrent à faire reculer leurs ennemis désorganisés à l’intérieur de leur propre camp. Camp qui ne fut sauvé que grâce à l’attaque du streea du premier régiment qui, avec l’aide des félins à pointe sous ses ordres, flanque leurs ennemies, forçant ses derniers à se replier toutefois, dans leur retraite, les traîtres tombèrent sur d’autres traîtres qui, ayant vu le début de succès dont ils avaient joui, se décidèrent à les rejoindre. Devant l’attaque féroce, les eldéens se replièrent sur la colline voisine pendant que le streea et ses chevaucheurs, aidé par de l’infanterie lourde, gagnaient du temps pour permettre aux autres de se replier. Les autres en question, se regroupèrent et chargèrent pour sauver leurs camarades. Les traîtres furent repoussés et malgré la fatigue de la journée et du combat, l’ordre fut donné de terminer le camp au plus vite.

Le lendemain il fut ordonné de détruire les habitations qui se massaient aux pieds des murs pour éviter que ces bâtiments ne couvrent une autre attaque. Les armes de siège qui faisaient la spécialité du second ost furent déployés au nord, à l’opposé de la forteresse tandis que les ingénieurs supervisaient la construction de rampe en bois et en terre. La pluie de projectils, aussi bien physiques que magiques, et les sorties régulière des défenseurs ne firent que ralentir les efforts des attaquants, notamment grâce  à la couverture de l’artillerie, des prêtres de Zhak’Barr et des mages du C’nros. Après une ennéade de construction l’assaut fut lancé, trois tours de siège avancèrent avec les béliers. Mais contrairement à ces derniers, les tours s’arrêtèrent avant de monter les rampes, elles servaient de plateformes d’artillerie mobiles pour protéger les béliers le plus efficacement possible. Avec la destruction de cette partie des murs, les milices des despotes alliés, manquant la discipline des osts, en profitèrent pour charger dans la brèche ; encouragé par une défense sporadique à dans les ruelles de l’enceinte principale, ils s’enfoncèrent profondément jusqu’à ce que les traîtres sortent de leurs cachettes. Les portes des petites masures s’ouvrirent en grand, brisant le peu de formation qu’avaient adopté les miliciens, des arbalétriers et des archers, caché jusqu’à présent sur les quelques toits plats, se mirent à faire pleuvoir une pluie d’acier sur leurs ennemis. Pour couper le flux de renforts, les mages des traîtres bouchèrent le plus vite possible les percées dans les murs. Ce qu’ils n’arrivèrent pas à faire complétement mais suffisamment pour que le passage laissé par les mages soit assez large pour qu’un ou deux hommes de puisse y passer de front, les miliciens acculés à ce passage étroit furent des cibles bien trop tentantes pour les tireurs et les mages ennemis.

Pendant ce temps Kerath ordonna en rugissant aux mages du C’nros de se sortir les doigts tandis qu’il donnait des ordres à ses officiers pour aller secourir leurs alliés pris au piège. La réponse fut longue, du moins pour les miliciens coincés à l’intérieur des fortifications, et lorsque le mur de terre érigé par les mages s’écroula à nouveau, tuant encore plus de miliciens, les traîtres profitèrent de la fuite de leurs ennemis pour charger. Les miliciens, dans leur fuite, se retrouvèrent donc coincés entre les traîtres derrière eux, et les soldats du second ost alignés et en ordre de bataille devant. Les traîtres n’allaient pas s’arrêter et Kerath refusa qu’on les laisse passer de peur qu’ils désorganisent ses troupes et donnent aux renégats un avantage décisif. Ainsi les traîtres massacrèrent avec plaisir les miliciens jusqu’à ce qu’ils arrivent aux soldats où la vraie bataille commença. Bataille qui dura le reste de la journée sans gagnant clair et les deux armées se replièrent pour la nuit, les traîtres reprenant le contrôle des murs.

Il fut décidé de lancer une attaque nocturne. Kerath mena l’attaque en question, lui et ses troupes se déplacèrent silencieusement grâce à l’aide des mages du C’nros sous la direction de L’Renor, annulant le son créé par les soldats. L’assaut fut rapide, les quelques sentinelles furent rapidement éliminées et celles qui réussirent à échapper à leurs assaillants s’enfuirent pour sonner l’alarme. Les troupes de Kerath n’eurent que le temps de prendre pleinement possession des murs avant que les traîtres ne lancent une contre-attaque. La bataille qui s’ensuivit entre les murs et les premières habitations fut aussi brutale que longue mais se termina par une victoire eldéenne après près de dix heures de combat. Toutefois il ne fut pas rare que, les rebelles ayant parfois pris l’équipement de leurs ennemis lorsque nécessaire, lors de cette attaque nocturne, les soldats des deux côtés avaient du mal à faire la différence entre alliés et ennemis.

Les traîtres décidèrent de se replier, laissant la cour intérieure et les habitations aux attaquants, pour se replier dans la forteresse. Il était temps de recommencer à zéro : les bâtiments furent rasés et les matériaux utilisés pour construire davantage de rampes, de béliers et autres engins de siège, en étant constamment harcelé par les défenseurs. Ainsi à la fin de la neuvième ennéade un nouvel assaut fut lancé, en effet un rapport faisait état d’une partie des murs moins protégée que les autres et ce fut la cible de l’attaque. Après avoir préparé l’assaut en question pour le lendemain devant les murs, ce dernier fut lancé durant la nuit. Ce qui sauva une partie non négligeable de soldats car durant ces derniers jours les traîtres n’avaient pas chômé non plus et ils avaient entreposé du bois sec dans les chevrons des remparts engouffrant le sommet des fortifications dans les flammes cependant la surprise les empêcha de toute allumer et permit à quelques mages du C’nros d’éteindre certains feus. Après deux heures d’acharnement qui auraient pu servir d’offrande à Kiel le repli fut sonné lorsqu’un bout des murs s’effondra, ses fondations ravagées par les flammes laissée hors de contrôle par les combats.

Un groupe de traîtres en profita et passa à travers les flammes pour fondre sur leurs ennemis se repliant mais manquant l’organisation et le nombre nécessaire ils furent repoussés. Toutefois Krish suivit leur exemple et, après avoir rallié les troupes proches, soldats du second ost comme miliciens, elle chargea dans la brèche, entouré d’une poignée de repentis. Une bonne dose de fanatisme et une pincée de magie fut suffisant pour permettre d’établir une tête de pont à l’intérieur de la forteresse. Une tête de pont qui retira aux défenseurs leur principal avantage : les murs. Cinq jours de batailles plus tard dans la petite cour intérieure, devant un temple dédié au Père, Malbork tomba.

Neuvième ennéade de Karfias.
Dix-septième année du onzième cycle.

L’armée victorieuse se regroupa devant le temple et une prière collective eut lieu, dirigée par la haute-prêtresse d’Uriz, une fois les blessés évacués ou achevés. Kerath chercha ensuite le cadavre du despote qui s’était arrogé le commandement des autres et prit son arme pour l’ajouter à sa collection de trophées.