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 Où l'on fit grand cas de la fin de la guerre

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MessageSujet: Où l'on fit grand cas de la fin de la guerre   Où l'on fit grand cas de la fin de la guerre I_icon_minitimeDim 16 Juin 2013 - 14:59

Le doux Verminois avait vu son lot de sièges, de rapines et d'escarmouches. Prompte à une compréhensible vengeance, Goar mena ses osts jusqu'aux portes de Dormmel, se faisant ainsi héros de la Justice des Dieux et des Hommes. Si la cité, bien fortifiée, du bon Fenricks tint bon, ce ne fut pas grâce à son frère, qui voyait déjà ses enfants subir le même sort que ceux du défait Norman. Bien malgré lui, car il était un homme d'honneur, mais guidé par son amour de Père et son respect des Dieux et de la Damedieu plus particulièrement, il tenta de s'emparer de la cité. Sa tentative fut un échec et se solda de façon bien malheureuse ; le pauvre hère mourut des mains même de son frère et l'épisode laissa la cité affaiblie. Et toujours assiégée.

Karfias commença sur ce fratricide peu glorieux, qui laissa à l'ensemble de la noblesse sgardienne un goût amer en bouche. On ne savait plus qui accuser, de Goar qui semblait porter la guerre comme un héraut d'Othar, de Fenricks déjà surnommé l'Indécis, si ce n'était le Lâche ou même, par on ne savait quel hasard, le Lépreux — peut-être parce que plus personne ne voulait avoir à faire à lui, qui sacrifiait famille et peuple sur on ne savait quel autel austère — ou de Léonard, l'obscure capitaine dont on n'entendait plus parler. Tant et si bien qu'au crépuscule de la première ennéade, on le déclarait disparu sans espoir de le revoir jamais un jour. Dans les ténèbres l'accompagna Hildouin, l'illustre mercenaire qui avait su se tailler une part honorable mais que l'oubli rappelait déjà.

Il n'en fallut pas beaucoup plus pour qu'Essenburg ralliât le Sanglier. La cité, toujours en ruine malgré les travaux des uns et des autres, avait besoin d'un protecteur et qui mieux que celui qui tenait le sud de la baronnie pour cela. Hasseroi ne devait pas, cependant, prendre la même voie. Profitant de la disparition du capitaine, un obscure cousin de l'oncle du frère de la belle sœur... à moins que ce ne fut le frère de la belle sœur de l'oncle... enfin, l'idée était là, quelqu'un se réclamant de Baudoin parvint à conquérir les cœurs de la cité, qui voyait d'un mauvais œil le joug de ce seigneur mauvais qu'était le vilain Goar. La troisième ennéade du mois, alors que Goar s'attaquait toujours aux murs solides de Dormmel, il croyait avoir rallié les deux cités du Nord encore fidèle au « vrai héritier, » qu'il n'était pas plus qu'un autre mais qu'il se plaisait à incarner. L'histoire ne se souviendra pas même de son nom, c'est dire. Peut-être parce que le chroniqueur, fatigué par des années de guerre et voyant se dessiner sa conclusion, crut bon de ne pas attirer l'opprobre sur les siens. Ou simplement eut-il la flemme. À l'aube de la septième ennéade, Goar pénétrait dans Dormmel, au prix d'un assaut qui resterait dans les mémoires. Violent, il le fut, et meurtrier aussi. Ayant retenu la leçon, Fenricks avait tenté de piéger sa ville, sans pour autant se résigner à la brûler. Sans doute parce que lui n'avait pas d'autres cités dans laquelle se réfugier en attendant sa reconstruction. Toujours était-il que la ville fut prise et le castel assiégé.

À l'aube de la septième ennéade, donc, Goar apparaissait grandi. Sur le point de faire tomber un nouvel ennemi, il faisait oublier les pertes qui lui avait coûté ce succès. De son côté, le personnage sans nom, contrairement à ce qu'il croyait, ne gagnait ni le cœur des foules ni les faveurs des Dieux. Si bien que ses soutiens l'abandonnèrent l'un après l'autre. Jusqu'à se retourner contre lui, au nom du bien de l'Oësgardie. Les mercenaires d'Odacre disparurent, les osts des vassaux s'en allèrent, de même que les cités alliées.

Ainsi vint Favrius. Avec une cité d'Hasseroi isolée, au chef plus que contesté, et un Fenricks trop près de la défaite. Défaite si évidente qu'il finit par fuir sa ville, au départ de la première ennéade. Alors Goar réclama les hommages du nord et il les eut, exception faite du seigneur anonyme qui chercha à monnayer sa loyauté, comprenant bien que sans quelques menus avantages, ses jours étaient comptés. Les demandes s'avérèrent pourtant trop grandes et les armes à nouveau tirées. Le siège fut rapidement installé et ne dura, cette fois-ci, que peu de temps. Fort de trop peu de soutien, notre héros pitoyable fut une dernière fois trahi et tué et ce dernier acte marqua la fin de la Guerre des Traîtres, ainsi qu'on l'appellerait désormais (en évitant, en public, d'y inclure Goar le Lion nouveau, sans en penser moins pour certain).

Ce fut dans ces eaux là qu'apparurent les premiers signes, insidieux et terribles, de la non moins terrible peste. La maladie, bien connue des sociétés de ce temps là pour être la plus fidèle faucheuse de la garce Tyra, frappa en première Amblère, sans doute parce que la population, n'ayant pas grand chose à manger (remerciez ici Norman et sa technique de la « terre brûlée » qui ressemblait dès lors à un dernier emmerdement, une sorte de baroud d'honneur mal placé) et pas grand toit sous lequel s'abriter (et là, on notera l'effet pervers de l'élément clef de la victoire de Goar) virent leurs défenses immunitaires (un gros mot qui n'existait pas encore, mais que vous comprendrez) incapable de lutter contre le fléaux. Comme une traînée de poudre, la peste se répandit, au sud lui aussi touché par la guerre, et à Essenburg, dont on a déjà parlé de l'état.

Spoiler:

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