Papa ?!

Non, la maison n’était pas vide. Mais quand bien même on aurait entendu la jeune fille frapper que personne ne serait venu ouvrir. Le moment était trop critique…

Plus tôt dans la journée, le chemin de Courtois avait croisé celui de Mleshka. Prenant quelques minutes pour s’arrêter la saluer, il lui avait rappelé qu’ils avaient toujours une table à inaugurer, lui apprenant par la même occasion qu’il était seul à la maison pour quelques jours. Devant cette invitation à peine déguisée, ils s’étaient donné rendez-vous chez lui à la fin de son travail. Ils n’étaient pas rentrés depuis une heure que leur objectif de la soirée était sur le point d’être accompli. Libérant de forts râles tandis que la demie-drow jouait de plus en plus fort de sa voix, le moment fatidique approchait à grand pas. Comme d’habitude, ils avaient alternés les rôles, s’étaient insultés, s’étaient montrés brusques et fiévreux et n’avaient pas boudé leur plaisir.
Tous deux allongés sur la table de la cuisine, les coups de reins allaient bon train et le meuble ne bougeait pas cette fois. Ils avaient pourtant tout essayé… Elle assise ou allongée et lui debout, lui assis et elle sur lui, elle en appui sur la table ou à quatre pattes et lui derrière… La table avait reculé mais pas craqué. Après l’incident de la dernière fois, Courtois avait investi dans une structure bien plus robuste, optant pour du chêne et des renforts entre les pieds du meuble. Il avait de quoi être satisfait de son achat.

Ils se moquaient toujours autant du fait que l’on puisse les entendre alors que la porte donnant sur l’entrée était ouverte et le seuil de la maison seulement trois pas plus loin. Autrement dit, les visiteuses encore ignorées du maître des lieux pouvaient très bien les entendre alors qu’ils entamaient leur assaut final. Allongé sur le dos, Mleshka sur lui, tous deux bougeaient en rythme tandis que les mains du mercenaire accompagnaient la manoeuvre. Finalement, alors qu’il la sentait sur le point d’exploser, il se redressa subitement et prit l’un de ses mamelons en bouche. Très vite, la sang-mêlée se mit à crier tandis qu’il libérait un râle sourd entre ses dents qui tenaient fermement un bout de chair de la belle. Leurs corps se crispèrent plusieurs secondes avant de s’effondrer sur la table. Le souffle court, Courtois revenait lentement sur terre. C’était fou à quel point il pouvait bien s’entendre avec elle. En même temps, ils avaient les mêmes goûts pour l’alcool et le sexe brut -dans tous les sens du terme-.
On frappa à la porte et il redressa la tête de son socle en bois pour voir l’entrée. Il n’aurait su dire si c’était le premier coup ou la fin d’une longue série. Plus rien n’avait existé durant la dernière heure en dehors de leurs deux corps avides.

-Ah, on a dû vraiment emmerder les voisins c’te fois. Ou on leur a donner envie, qui sait ? Acheva-t-il tout en s’écartant, un sourire amusé aux lèvres.

Courtois se leva et rajusta rapidement son pantalon, collant ses fesses à l’intérieur et cachant son bazar vite fait. Torse nu, il s’avança vers la porte et l’ouvrit d’un geste brusque, sans se soucier de la possibilité de surprendre son visiteur.
Euh… Non. Ses visiteurs… Et même des visiteuses.

Le géant resta interdit une seconde. Dépassant de peu le mètre quatre-vingt, un tiers de son poids devait être composé exclusivement de muscles. Des tatouages recouvraient une bonne partie de ses bras, s’arrêtant au coude d’un côté et remontant sur l’épaule de l’autre pour mourir à la naissance de son pectoral. Les derniers se trouvaient sur les flancs de son crâne rasé sur les côtés. Le milieu de sa chevelure était laissé long afin de former des sortes de tresses enroulées qui se rejoignaient dans sa nuque en une courte queue de cheval. Ses iris grises étaient si foncées qu’elles pouvaient en paraître noires dans la pénombre.

Courtois s’appuya d’un bras sur le tranchant de la porte.

-Ah non. C’pas les voisins. Annonça-t-il pour lui-même avant de désigner les nouvelles venues d’un signe de tête. Vous voulez quoi ?

Il regardait alternativement les deux jeunes filles, n’essayant même pas de chercher ce qu’elles pourraient bien lui vouloir. La réponse la plus logique était sans doute qu’elles s’étaient perdues ou qu’elles s’étaient trompées d’adresse.

Non sans un soupir amusé, la Grise roula diligemment sur le côté, laissant son amant quitter l’étreinte de ses cuisses. Qu'est-ce qu'en a à faire... Des voisins... Le derme délicatement en sueur, un sourire paresseux de satisfaction aux lèvres, la demi-sang regarda Courtois s'activer, alors qu'elle-même savourait encore, le souffle court après tant d'activité, alanguie sur le bois. Un clignement de paupières, et l'homme quittait la pièce. Non sans un soupir, la Grise se redressa sur la table, s'étira, ressentant, appréciant... Aïe ? Baissant la tête, elle découvrit l'un de ses monts plus rougis et douloureux que de coutume. Bien que son bas-ventre se fit écho du souvenir encore vif, la demi-sang n'en pensa pas moins, mi-amusée mi-embêtée. Va m'le croquer un d'ces quatre.

Finissant son inspection, la Grise entreprit de remettre sa chemise. Fait notable, celle-ci était demeurée sur ses hanches sans pour autant trépasser au cours de leurs ébats. Le risque pourtant avait été grand ! Mais le vêtement était parvenu à y survivre. Pour ce qui était de ses bottes et de son pantalon... La demi-drow ne s'y intéressa pas de suite. Une fois le tissu glissé sur ses épaules larges et son torse au galbe discret, replaçant sa crinière chaotique entre ses omoplates, elle se tourna vers le cellier, ramenant bientôt une bouteille pour deux verres sur la table, tout en écoutant Courtois questionner à l'entrée. Après la famille... Quoi, des égarés ?

Se juchant de nouveau sur le meuble, cul-nu sous sa chemise entrouverte, la Grise servit les deux verres, et but la première... Tout en se penchant suffisamment pour lorgner sur le large dos du tatoué. La bonne question mon grand, c'est qu'est-ce qu'y leur faut pour r'partir. Ses longues jambes grises battant l'air telle une damoiselle sur sa balançoire, la demi-drow avait bien une petite idée de comment procéder, si Courtois prenait trop de temps...

La jeune novice se tenait aux côtés de la petite Aube quand la porte s'ouvrit. Le géant la dépassait d'une bonne tête. Au vu de son allure, cet homme devait être capable de presser des sapins à mains nues pour se faire des jus tous les matins. S'il n'avait pas l'air de briller par son intelligence, son corps était celui d'un guerrier sans aucun doute. Au vu des descriptions que les deux jeunes filles avaient pu glaner au cours de la matinée, ce devait être lui, le fameux père disparu.

Enfin ... fameux ... fameux ... L'odeur d'ours en rût qu'il dégageait pouvait difficilement en faire un être raffiné. Amélie cessa de respirer quelques instants, mais ses narines, même habituées aux odeurs des ateliers de tanneries que fréquentaient ses parents, imploraient le pardon de la déesse. Apparemment, au vu de sa mise défroquée et de l'odeur de stupre et de luxure, sa vie était plutôt tranquille ! Il vivait comme un coq en pattes le saligaud, pendant que sa fille crevait de faim dans les rues de Thaar ! Bon ... Sa nouvelle amie avait encore des morceaux de brioche autour de la bouche. C'était rappé pour la complainte de la petite fille pauvre et mal nourrie. Au vu de ses joues rebondies, elle devait avoir fait des réserves pour l'hiver.

Les piaillements d'une ribaude émergèrent du séjour. Même si elle était fleur-bleue, Amélie n'était pas dupe. Si tout ce que lui avait raconté Aube était vrai, les croassements qu'elle avait entendu de l'autre côté de la porte étaient plus ceux d'une putain que de la véritable mère d'Aube. Le regard d'Amélie se fit sombre et elle toisa de toute sa hauteur de demi-portion l'homme qui se tenait devant elle. Elle plissa les yeux. Si elle faisait 50 kilos de plus et lui 50 de moins, la gifle serait partie immédiatement ! Oh que oui ! Mais bon ... euh ... là ... bon ... elle allait le laisser filer pour cette fois ! La brioche lui pesait sur l'estomac ... et puis l'air était lourd. Courageuse, ça, Amélie l'était ! Pour sûr ! Mais la déesse enseignant à ses fidèles à rester calme et courtois, surtout quand la victoire contre un adversaire ne faisait aucun doute ! Amélie était magnanime ... Elle laissait couler ... pour cette fois !

Discrètement, elle donna un léger coup de coude à Aube qui se tenait à côté d'elle et détourna les yeux vers un parterre de fleurs mortes depuis belle lurette avant de siffloter légèrement.

-Dépend l’quel tu veux. Lâcha le géant sans bouger, se contentant d’attendre d’avoir plus de précisions sur la personne qu’elle cherchait pour répondre à la question de la plus jeune des deux filles.

C’est que, des Hadjaoui, il y en avait un paquet du fait de leur tendance à la polygamie. Et puis, rien que dans leur famille, il y avait quatre hommes encore vivants. Alors “l’Hadjaoui”, c’était vague… Surtout en sachant que son grand frère avait vécu ici lui aussi. Des précisions vinrent bien vite mais il n’y répondit qu’en haussant un sourcil interloqué par la présentation qu’elle faisait du gladiateur.

-Par delà les mers ? J’crois pas. J’étais pas un champion. Et puis ça fait un bail que j’ai pas foutu les pieds dans une arène donc t’oublie c’nom.

Presque trois ans maintenant, mais il n’allait pas s’étendre sur le sujet devant elles et encore moins en sachant que Mleshka l’attendait pour continuer leur soirée. Il entendait d’ailleurs le tintement des verres et l’alcool -parce qu’il ne l’avait jamais vue boire autre chose…- que l’on servait sans modération. Cependant, s’il avait été en train de boire en ce moment-même, il se serait probablement étranglé avec, en recrachant un peu au passage.
Après le mot “fille”, Courtois n’avait plus rien entendu du propos d’Aube, quoi que cela lui reviendrait d’ici quelques secondes. Sa fille ? S’il avait tendance à abuser de la boisson, elle devait être passée à l’opium pour croire un truc pareil et plus encore pour venir le trouver et lui balancer ça.

-Désolé gamine mais t’as dû t’tromper. J’suis l’père de personne.

Quand la voix fluette annonça être la fille du tatoué, un brusque bruit de crachat humide se fit entendre, puis un silence choqué. Courtois, daron ?! Gladiateur, rien d'étonnant, mais l'envisager comme un p... Par précaution, la Grise posa son verre sur la table, une part de son contenu maculant le sol, une autre son menton et son torse. Elle trouva rapidement un torchon pour éponger le tout, trop songeuse pour pester après les tâches sur le tissus - ce n'était pas les premières du genre -, tout en jetant un coup d’œil au passage vers l'entrée.

Après... Vu c'qu'il a dans l'pantalon et c'qu'il en fait, c'pas étonnant qu'il ait des chiards d'ci d'la si ses dames font pas c'qui faut... A l'oreille, elle crut comprendre que ce n'était pas l'avis du concerné. Mais, des marmots sans rien qui s'cherchent un toit... Torchon en main, la demi-drow hésita un temps... Puis le lâcha sur la table, se rendant à grande enjambées dans l'entrée.

Dans le dos du colosse apparut une grande femme à la peau grise, les jambes nues, le torse et les bras couverts par une chemise entrouverte sur des charmes presque absents. Les hanches étroites se devinaient, de même que les épaules larges et la fine musculature roulant sous le derme agrémenté de quelques cicatrices fines.

Appuyé comme il l'était contre la porte, Courtois barrait l'entrée. Sans gêne aucune, la demi-drow l'enlaça, se retrouvant contre son dos, et posa la tête sur une épaule musculeuse.

"T's'rais pas l'premier à découvrir qu't'as s'mé des mômes là où t'es passé... Ou t'étais plus sage avant ? souffla la demi-drow taquine, non sans mordiller une oreille au tatoué. Puis les mires noires comme l'encre jaugèrent avec une pointe d'amusement les deux bouts d'femme. Après... Raconte donc un peu d'où tu viens gamine...?"

Courtois haussa un sourcil en sentant son amante venir se poser sur son épaule, sa poitrine se collant à son dos. C’était plutôt agréable… Surtout avec le large décolleté de la demie-sombre. Il devinait sa silhouette sous le tissu ainsi que ses maigres formes qu’il connaissait si bien. Quant à sa réplique, elle lui arracha un sourire en coin. Lui ? Sage ? La bonne blague…

La gamine sauta sur l’occasion que lui donnait Mleshka de raconter un peu son histoire et commença par lui donner le nom de sa mère. Le colosse n’eut aucune réaction en entendant le patronyme de cette fameuse “Diane”. Il n’avait pas le souvenir d’avoir couché avec elle et la description qu’Aube lui fournit d’elle n’était pas pour l’aider non plus. Quant à son discours larmoyant, il ne lui faisait ni chaud ni froid.

-Ecoute petite, j’ai couché avec beaucoup trop d’femmes pour m’souvenir d’tous leurs noms -quand j’les ai eu -. Celle qui tu m’décris, ça correspond à toutes les bourges qu’ont payé l’Aile Blanche pour que j’les fasse autant crier qu’la dame, là. Dit-il en désignant Mleshka du pouce, ayant pertinemment conscience qu’il y avait de fortes chances que ses deux visiteuses les ai entendu. J’ai fait c’qu’on m’a d’mandé et elle s’est tirée. C’qui c’est passé après, c’pas mon problème.

Sur ses mots, il repoussa la porte pour la fermer à l’aide de la main qui était en appui dessus avant de la verrouiller et de reporter son attention sur la demie-drow venue dans l’objectif de passer toute la nuit avec lui.

La porte claqua devant les deux jeunes filles. Amélie était sidérée. Non seulement, cet homme et sa femme se permettaient de les recevoir à moitié nus, mais en plus, ils se permettaient de les envoyer paître sans autre forme de procès. Sa sidération laissa place à de la colère et elle vit le désarroi dans les yeux de son amie. Elle serra les poings et s'approcha de la porte, écartant Aube sur son passage. Soulevant les plis de sa robe pour se donner plus d'espace, elle commença à donner des coups de pieds rageurs dans la porte de la maisonnée.

"Par la déesse, je vous jure que si vous n'ouvrez pas cette porte, nous allons hurler jusqu'à rameuter tout le quartier pour montrer quel père indigne vous êtes !!!"

Amélie se targuait de connaitre au moins un quart des habitants de cette cité. Si elle criait assez fort, elle savait que des gens la reconnaîtrait et qu'en à peine une dizaine de minutes, ce serait la moitié du quartier qui serait aux portes de l'Hadjaoui, attiré par la curiosité. Non seulement, cet homme était un rustre, mais en plus, il refusait de prendre ses responsabilités en tant que parent ! Quel genre d'homme pouvait être aussi dénué de compassion ?

Elle donna à nouveau un coup de pied dans la porte et s'exclama :
   
"Malheur à vous l'Hadjaoui ! Si vous refusez de nous ouvrir, je vous jure que vous n'en connaîtrez pas la fin !"

Le visage de l'Estreventine était rouge de colère. Il ne l'emporterait pas au paradis. Amélie voulait une belle histoire, de celle qui se terminent bien ! Pas celle d'un gros porc à moitié englué dans sa sueur qui se tapait des gourgandines et laissait sa progéniture mourir de faim dans les rues.
 

Larmoyant et... Peu convainquant. Lorsque l'Hadjaoui - C'son nom, tiens ? - referma la porte, son amante ne l'en empêcha pas, l'air plutôt ennuyée par la réaction de la gamine. Mais que le tatoué se tourne vers elle la fit prestement passer à autre chose : l'ayant laissé bouger sans pour autant le lâcher, la demi-sang à moitié nue demeurait fichtrement près du gaillard, et il n'en fallut pas plus pour qu'elle se rapproche encore, jouant des hanches avec un sourire des plus explicites... Jusqu'à ce que cela braille de l'autre côté de la porte. Tendant un instant l'oreille, la Grise poussa rapidement un soupir... Quelle piailleuse... Avant qu'une mimique malicieuse ne se glisse sur ses traits. Les mires noires se tournèrent vers les grises du tatoué...

"Attend voir..." fit-elle, avant de relâcher son amant, s’enfonçant à l'intérieur de la bâtisse.

Dehors, la jeune femme frappait, tempêtait comme une bougresse, et certains badauds la regardaient avec perplexité, ce demandant ce que c'était que cette histoire-la. A bonne distance, ils n'eurent même pas à lever la tête pour voir une fenêtre s'ouvrir à l'étage, une demi-drow au vêtement lâche se pencher... Et déverser négligemment le contenu d'un pot-de-chambre sur l'énergumène.

"Oh ? fit la Grise avec innocence. V'z'êtes encore là ?"

Nonchalamment accoudée à la fenêtre, son arme nauséabonde à la main, la demi-sang contempla avec un air incroyablement surpris le résultat de son geste. Sa mine contrite était quelque peu contredit par un joyeux balancement de son derrière nu, à l'intérieur. V'la qui m'rappelle des souv'nirs...

"Faites gaffe, la puanteur colle à la peau. Va falloir gratter. ajouta-t-elle, magnanime. Cependant, que son regard quitte la gueulante pour se porter sur la gamine, et il se fit plus songeur. La Grise ajouta tranquillement, sur le même ton que l'on emploie pour parler de la pluie et du beau temps. Des gosses sans parents, parce qu'ceux-ci sont crevés, disparus, ou qu'en voulaient pas, y en a à la pelle ici, fillette. S'trouver un père qui veut bien d'une aut' bouche à nourrir... Ça s'trouve pas comme ça. Ça s'mérite."

Les lèvres de Courtois avaient à peine repris possession de celles de Mleshka que la porte d’entrée se mit à vibrer sous les coups de son assaillante. Il se redressa aussitôt, son regard croisant celui de la demie-sang. Alors que cela avait tendance à le faire démarrer au quart de tour, il vit l’expression espiègle de son amante et haussa un sourcil interloqué. Il la laissa lui échapper et la regarda monter à l’étage sans comprendre. Il finit par la suivre la seconde d’après et la croisa sur le pallier, un pot de chambre à la main. Il la regarda ouvrir la fenêtre sans rien dire et douta de ce qu’elle allait faire jusqu’au dernier moment.
Les cris s’interrompirent aussitôt en bas, bientôt remplacés par les rires de quelques passants. Le géant s’avança pour venir se poster non loin de la jeune femme tout en jetant un oeil au-dehors, un bras appuyé contre le rebord de la fenêtre. Il ricana en voyant la néérite couverte du contenu du pot de chambre. Il glissa une main sous la chemise de la belle, venant trouver ses fesses et les caresser alors qu’elle donnait une dernière leçon à celle qui se disait être sa fille. Cette dernière lança une menace dont la conclusion amusa le géant. “L’honneur des Hadjaoui”. Elle en avait du culot pour invoquer son nom comme s’il était le sien et plus encore de penser qu’elle savait quoi que ce soit sur eux pour savoir ce qu’il en était de leur honneur.

Alors que les deux filles s’en allait à vive allure, Courtois saisit le bras de Mleshka pour la faire se redresser et rentrer parfaitement dans la maison. Sans plus de cérémonie, il la plaqua contre le mur, collant son corps contre le sien.

-Si ça avait été qu’de moi, j’aurais sans doute pas été aussi gentil. Merci du coup d’main. Il plissa les yeux, comme s’il réfléchissait. Et j’ai ma p’tite idée de comment t’remercier. Annonça-t-il avec un sourire espiègle et inquiétant.

Il garda cette posture quelques instants puis passa de nouveau ses mains sous le tissu pour retrouver ses fesses. Puis il contourna ses cuisses pour passer ses bras entre ses jambes et, se baissant un peu, il la souleva. Il la monta si haut qu’il pu poser ses guibolles sur ses épaules. Ainsi installé, il avait les mains libres et les lèvres à la bonne hauteur pour éveiller à nouveau tous les appétits de Mleshka.

Et peu lui importait que la fenêtre soit toujours ouverte...

Pov' p'tiote qui s'cherche un père... Mais à qui on donne déjà d'l'or, d'quoi grailler et un toit. T'sais d'servir d'tes dix doigts au moins ? Saluant le départ des enquiquineuses d'un sourire, la demi-sang ne s'en sentait pas moins douce-amère devant la réaction de la fille, quand bien même une pogne lui caressait le derrière. Larmoyer, pousser la gueulante... Qu'est-ce tu crois qu'il en aurait à faire, l'autre ? Mais la concernée ne pouvait répondre, et 'l'autre' détourna bientôt son esprit de ses pensées sombres. Avec un hoquet, la demi-sang se retrouva plaquée contre un mur, avant de sourire, dans l'étreinte brusque d'un Courtois redevable.

"Y a pas d'quoi..." souffla-t-elle, l'observant avec attention.

Faute de comprendre ce qu'annonçait le rictus de son amant, la Grise lâcha le pot-de-chambre, puis commença à relever une jambe... Avant d'éclater de rire, alors qu'il la soulevait sans prévenir.

"Mais q-qu'est-ce qu'tu f- Ha !"

La demi-drow eut peur de faire la rencontrer malheureuse du plafond, mais cela lui fut épargné... A l'inverse de son entre-jambe, qui fut prestement attaquée. Y'm'fait ça... Alors qu'j'suis... En équilibre... L'salaud...! Cela la fit rire d'autant plus et, longtemps, les rires se disputèrent aux soupirs dans sa voix.

_________Plus tard_________

Quelque part, il y avait sa chemise. Ailleurs, son pantalon, ses bottes et son collier. Sans doute au rez-de-chaussée du dessous. A présent, la demi-drow gisait en travers d'un lit, et du torse de Courtois, y somnolant. La nuit était tombée et avec elle, un peu de silence sur Thaar. Parfois quelques murmures, de voix comme de pas, le piaillement fin des insectes... Le corps agréablement éreinté, la Grise entendait surtout la respiration de son amant, les bruits sourds de son coeur... Et des questionnements qui, après tant de galipettes, avaient décidé de la titiller. Pendant un certain temps, elle demeura à la frontière : dormir, demander, dormir, demander, dormir...   C'ridicule...

Un soupir plus profond, et elle s'agita un peu. N'y voyant pas davantage qu'un simple humain, la demi-drow ne pouvait voir à sa figure si son amant était réveillé ou non. Alors, doucement, elle se mit à embrasser sa peau chaude, son torse assoupi, descendant petit à petit vers une pointe plus irrégulière. A la manière d'une petite revanche, elle lui prodigua les mêmes soins qu'elle-même recevait, parfois à ses dépends - Salaud... -. Que le gaillard s'agite, et la demi-drow le laissa tranquille, s'affalant de nouveau sur lui.

"Faudra... Qu'tu fasses gaffe aux miens... souffla la demi-drow d'une voix lourde de sommeil, ajoutant non sans un sourire. J'ai cru... Qu't'allais m'en croquer un... Tout à l'heure..."

Le devinant à peine grâce à la faible lueur venant du dehors, la Grise ne s'y retrouvait plus qu'avec ses mains, l'une d'elles caressant tranquillement Courdois - son pectoral, il lui semblait -. Sans chercher à y voir, la demi-drow se cala davantage contre lui.

"Dit... C'tait quoi cette histoire... D'Aile Blanche... ?" murmura-t-elle.

Affalé sur le lit après les efforts qu’il avait fourni, Courtois goûtait volontiers à la fraîcheur de la nuit qui pénétrait par la fenêtre toujours ouverte. Ils ne se trouvaient même pas dans sa chambre à lui mais peu leur avait importé pendant leurs ébats. Ils avaient eu bien d’autres choses à penser. Se soucier de son plaisir et de celui de sa partenaire était bien suffisant.
Alors que son esprit flottait aux abords du monde du sommeil, une attention plutôt inattendue l’empêcha de sombrer totalement, le tirant plutôt vers l’état d’éveil. Elle était déjà motivée pour reprendre ? Ca ne le dérangeait pas le moins du monde mais il pensait qu’elle voudrait fermer un peu l’oeil entre chaque partie de jambes en l’air, comme d’habitude. La voix suave et fatiguée de Mleshka parvint à son oreille. Sans ouvrir les yeux ni même bouger d’un cil, il sourit à sa réflexion sur la force avec laquelle il avait agrippé son téton avec ses dents juste avant que les deux gamines ne viennent frapper à sa porte.

-T’inquiète, j’t’le bouff’rai pas. J’pourrais pu jouer avec après... Surenchérit-il sur un ton amusé malgré son état semi-comateux.

Pour toute réponse, la jeune femme vint s’installer un peu mieux contre lui et il ne chercha pas à la repousser. Ni l’un ni l’autre n’avaient jamais manifesté la moindre marque de tendresse ou même d’affection l’un envers l’autre. Leur relation était purement physique mais il ne lui refusait jamais une étreinte si elle en réclamait une. C’était une façon de compenser la brusquerie de ses gestes et de ses assauts le reste du temps…

Tandis qu’elle lui caressait une partie du torse, elle l’interrogea sur ce qu’elle avait entendu un peu plus tôt le concernant. De lui, elle ne savait pas grand chose après tout. Son prénom, son adresse, son lieu de travail, la polygamie de son père, quelques uns de ses potes et un fragment de sa famille. Ils n’avaient jamais pris le temps de discuter et d’apprendre à se connaître au-delà de leurs rapports physiques et brutaux. Ils n’en avaient pas besoin et leur activité commune ne laissait pas beaucoup de place à la discussion...

-J’tais un de leurs gladiateurs. Jusqu’à c’que Irohivrah rachète ma liberté. Elle voulait un d’mes frères, elle a fait un prix d’gros. On doit bosser pour elle pendant cinq ans en échange. Il marqua une courte pause avant d’ajouter. Aimé -qu’t’as vu-, c’tait l’Briseur de Marteau.

Il ne détailla pas davantage. Ce surnom de gladiateur parlait de lui-même la plupart du temps. Il était connu pour avoir accompli des prouesses en combat à mort dix ans plus tôt. Prouesses qui lui avaient permis d’acquérir sa liberté et de lui faire quitter définitivement l’arène. Il n’y avait pas cent mille façon de quitter ce milieu de toute façon… C’était soit la tête haute, soit les pieds devants.

Jamais rien d'plus que c'qu'il faut... Sans s'épancher, sans davantage raconter, rien. Et les propos du tatoué moururent, se fondirent dans le silence nocturne. Courtois avait à peine bougé. Qu'elle ferme les yeux, et la Grise se serait fait entraîner en un instant. Mais non. Les gardant mi-clos, elle poursuivit sa caresse tranquille, songeant...

"Lui, l'Briseur d'Marteau ? Et... - Comment avait dit la môme ? - ... Toi, Lame Sanglante ? Un petit souffle amusé. Marrant, j'aurais dit l'contraire."

Les noms lui disaient quelques choses... A laisser traîner ses oreilles dans les tavernes, elle avait dû entendre des échos des gladiateurs. Il se trouvait toujours quelques gus pour dépenser leurs maigres deniers dans des paris. Quant à en avoir quelque chose à cirer... Pas mon secteur... Aimé, l'Briseur d'Marteau, et Courtois Lame Sanglante... Quelle idée d'avoir d'ces noms pour finir là. Au final, rach'té par la Princesse Marchande des bordels... D'une chaîne à une autre. P'tète qu'y crèv'ra pas d'celle-la, au moins. Ses yeux s'ouvrir un peu plus, alors que son esprit s'égarait d'une idée à une autre. En délaissant certaines... Pour se raccrocher à d'autres. La soeur... Pis ces deux-la...

Puis une énième surgit, d'idée, et celle-la s'imposa parmi toutes les autres, indistinctes et pour l'heure compliquer à atteindre. Celle-ci, au contraire, était des plus simples tout en ayant moult ramifications qui la rendait entêtante, et la Grise se mit à rire. Doucement d'abord, discrètement, comme si cela allait passer et être oublié aussitôt. Mais cela ne fut pas le cas, et bientôt son hilarité prit de l'ampleur, rendant sa main caressante fébrile, faisant trembloter la demi-sang contre le gaillard étendu. Un regard en direction du visage de Courtois - qu'elle ne pouvait pas voir, donc ce pouvait être le mur comme une épaule -, et la demi-drow en vit pourtant le bout, de son rire... Avant d'essayer d'expliquer.

"Non mais... Attends... souffla-t-elle, se redressant un peu. J't'ai cogné l'crâne... J'ai forcé la porte d'la baraque... Avec une panthère d'dans... La baraque des gladiateurs Briseur d'Marteau et Lame Sanglante. Et au final... J'me tape c'dernier. Le sourire qu'elle refrénait lui montait pourtant jusqu'aux oreilles. Ça n'a... Aucun sens... A part p'tète qu'ça rapporte plus d'forcer une porte qu'd'y frapper." conclut-elle avec malice.

Courtois n'eut pas de réactions particulières en entendant Mleshka commenter leurs surnoms. Il ne s'agissait que de pseudonymes pensés pour effrayer leurs adversaires -comme si ça pouvait être vraiment efficace...- et impressionner le public. Cela correspondait le plus souvent à leur style de combat, rien de plus. N'ayant vu ni son frère ni lui dans l'arène ou même équipés, elle ne pouvait pas savoir de quoi il en retournait.

-T'as pas vu mes armes accrochées au mur dans l'entrée ?

Impossible qu'elle ne les ai pas remarquées, même en ne venant que pour coucher avec lui. Elles avaient une taille démesurée du fait de leur forme en fin croissant de lune. S'il se les accrochait dans le dos, les pointes dépassaient toujours sur ses flancs et il devait se montrer vigilant pour ne pas se blesser les bras dessus. Son nom de scène lui venait donc de ses lames une fois couvertes du sang de ses adversaires.

-Et pour Aimé, c't'à cause d'une histoire quand on était g...

Le géant s'arrêta avant d'avoir fini sa phrase. Il sentait la demie-drow se retenir de rire... Puis s'agiter de plus en plus... Pour finir par rire franchement. Il tourna la tête vers elle comme s'il avait pu bien la voir et la dévisager parfaitement.

-Qu'est-ce y t'prend ?

Il fallut un peu de temps à Mleshka pour se remettre et finir par se redresser pour lui expliquer le cheminement de pensée qui l'avait conduite à ce fou rire. Il devait bien reconnaître que, dit comme ça, il paraissait aussi dangereux qu'elle semblait inconsciente.

-T'as raison. D'un seul mouvement, Courtois roula sur le côté puis sur le ventre, forçant la jeune femme à finir sur le dos tandis que lui se dressait "menaçant" au-dessus d'elle. Il rajusta sa position pour se placer entre ses cuisses, s'empêchant de l'écraser vraiment à l'aide de ses coudes. Son geste les avait tous deux conduit dans un rai de lumière bleuté et il put enfin voir son visage aussi distinctement qu'elle pouvait discerner le sien. Ses lèvres s'étiraient en un sourire en coin, amusé et pourtant presque sérieux. J'vais p'tet te bouffer finalement. Fit-il en écho à ses craintes de tantôt quant au fait qu'il l'avait mordue un peu fort pendant leurs premier ébats de la soirée. Ç'aurait plus de sens au moins. T'crois pas ?

Essoufflée d'avoir tant ri, la Grise le fut d'autant plus sous son amant. Peau contre peau, de la sentir sur elle, si chaud, si prêt... La lumière lui fit voir son rictus. Elle, se mordit la lèvre comme la dernière des gourgandines, s'éveillant bien vite à son contact, s'arquant tout contre lui. 'Lame Sanglante' eut pu intimider la demi-sang, si le désir n'avait pas balayer la peur il y a des ennéades de cela. La violence faisait parti de leur jeu. Une erreur sans doute, de quoi être prise par surprise, ne pas voir venir les problèmes, elle n'y songeait pas. Seul l'intéressait le fessier - et l'homme à qui il appartenait - qu'elle vint flatter d'une jambe, taquinant dans ce même geste ce qu'il avait si bien placé. Le souffle vibrant, la Grise se redressa légèrement sur les coudes.

"P'tète bien... Mais j'me d'mande toujours : qui bouffe l'autre, dans c'genre d'histoire ?" souffla-t-elle, tout près.

D'un bras, elle enlaça la nuque du grand méchant gladiateur, se coulant contre lui, s'emparant de ses lèvres... Pour mieux pousser brusquement du bras et de la jambe restantes, les faisant tous deux tourner. Heureusement - cela dépend pour qui - vu leur taille, et celle du lit, rouler ainsi les mena tragiquement au bord du précipice, ce dont profita sans remord la drow, tombant lourdement à la suite de son amant. Bien mal lui en prit : son genou fit la rencontre du sol, et elle tendit la guibolle dans un sursaut, avec un glapissement de surprise.

"Roh merde..." conclut-elle en pouffant, ayant mal, se remettant à rire, à rire... ! Dans le cou de Courtois, avachie sur lui, l'écrasant même !

Cela dit, elle ne demeura pas ainsi longtemps, roulant sur le côté pour se tenir le genoux, tout en continuant de rire comme une tordue. Mais c'est lui aussi... ! A parler d'me bouffer alors qu'la panthère l'a pas fait ! Trop tard mon con, j'suis dans ton lit, tu m'bouff'ras plus qu'd'une manière qui m'f'ra plaisir ! Trop taaaaard ! Ayant oublié selon toute vraisemblance toute notion d'élégance au moment de sa venue au monde, la demi-drow se redressa, la larme à l’œil, se le rinçant au passage sur ce que laissait voir le rayon de lumière insidieux.

"C'pas... C'pas maintenant qu'tu vas m'bouffer ! Oh non, oh non j'crois pas...!" se marra-t-elle, prenant ses distances par précaution.

Elle savait ce qui se passerait s'il lui mettait la main dessus, oh qu'elle le savait ! Et présentement, elle trouvait très plaisante l'idée de lui échapper. Un temps. Un peu. Juste histoire de se fendre la poire encore. Se relevant dans le noir, la demi-drow toute de nudité vêtue, trouva un mur à tâtons...

"Mais s'tu veux essayer... Faudra m'trouver..." susurra la demi-drow joueuse, avant de fuir à toute jambe... ! Tâtonnant dans l'obscurité.

Et ni une ni deux, la ribaude s'en fut ! Longeant les murs, passant la porte, parvenant à retrouver l'escalier sans le dévaler tête la première. Se précipitant à moitié, tout en écoutant, elle sauta à la moitié et se réceptionna souplement, avant de pencher du côté qui l'intéressait. L'entrée, l'entrée, elle n'était pas loin. Tâtonnant frénétiquement, ayant hâte d'être trouvée tout en espérant avoir le temps, la Grise chercha... Jusqu'à ce que ses mains touchent quelque chose de froid.

"Trouvé... ! souffla avec joie la demi-drow, avant de faire volt-face, la main sur la garde, l'oreille tendue... Et de forcer avec un grognement - pèse lourd son bazar...! -. J'crois qu'j'ai d'quoi m'défendre."

Sans être tout à fait sûre de la manière dont elle devait la tenir - comme une épée classique... ? -, la Grise guetta, l'une des lames de Lame Sanglante à la main, sensiblement consciente de sa nudité, du bruit de propre souffle un peu précipité...

HRP:

C'était la première fois que Courtois voyait Mleshka aussi espiègle. Bien sûr, ils avaient déjà fait preuve d'humour dans leurs ébats mais de là à lui faire ce coup-là... Après avoir accueilli son baiser, bien heureux de voir ses appétits réveillés, il accepta de se laisser rouler, pour le jeu, sans réaliser que cela l'enverrait au tapis. Si elle dut se tenir le genou -hilare malgré sa douleur-, lui ne pouvait atteindre son dos qui avait frappé le sol de plein fouet, une de ses bottes se trouvant encore sous lui. Tandis qu'il achevait de se remettre, il ne put que voir la semie-drow sortir tout en l'invitant à une partie de loup dans la maison, telle une enfant. Elle voulait vraiment le faire courir après elle ?! Curieusement, son entrejambe se durcit alors qu'il se retrouvait prédateur dans cette chasse. D'un bond, il se leva et la suivit à l'oreille. C'était qu'elle n'était pas très discrète pour une proie...

Arrivé en bas, Courtois s'avança vers elle d'un pas lent. Sa carrure imposante dans l'ombre, son calme apparent et l'excitation du jeu firent reculer Mleshka vers le salon bien malgré elle. Lorsqu'il passa devant l'emplacement dédié à ses armes, il récupéra celle qu'il restait d'un geste expert, sans s'arrêter. Il continua sa progression jusqu'à ce qu'il fut lui aussi dans la pièce. Là, les fenêtres aux volets ouverts lui permirent de voir un peu mieux l'idiote qui jouait avec une lame trop lourde pour elle avec son sourire jusqu'aux oreilles comme si elle était fière de sa connerie.
Ce fut très rapide. Son croissant de lune vint s'imbriquer dans le sien puis, d'un mouvement de poignet, il fit pivoter l'arme pour la retirer des mains de la demie-sombre et l'envoyer voler un peu plus loin. En deux pas, il fut sur elle, sa main libre saisissant sa nuque tandis que ses lèvres venaient trouver les siennes dans un baiser passionné et particulièrement avide. Il s'interrompit l'espace d'un court instant pour lui glisser quelques mots.

-C'que tu peux être con des fois.

Un son métallique assez fort résonna lorsqu'il lâcha sa lame, ne le laissant plus armé que de son membre qui était prêt à poursuivre l'action d'une toute autre manière. D'un geste brusque, il lui fit faire volte face et ses mains vinrent aussitôt trouver ses seins. L'une d'elles n'y demeura cependant pas longtemps avant de descendre entre les cuisses de la belle et découvrir que ce petit jeu l'avait autant excitée que lui...
Il souffla quelques mots à son oreille avant de venir la mordiller.

-T'as perdu, tu m'dois un gage. Et j'vais l'prendre de suite cette fois.

Oubliées toutes ses questions sur le passé de son amant.
Oubliée la visite de la gamine.
Il n'y aurait désormais plus qu'eux deux pour le reste de la nuit. Et rien d'autre ne les intéresserait avant l'aube.

Y sait s'en servir... A voir son amant s'avancer ainsi, silhouette sombre et massive dans la baraque obscure, la Grise se retrouva à sourire d'autant, l'excitation se nichant, bien à son aise, dans son bas-ventre. A poursuivre leurs ébats jusque tard dans la nuit, la demi-drow n'y voyait plus guère que l'annonce de quelque chose de plaisant. Brutal, sans aucun doute, qui lui laisserait une démarche inconfortable quelques temps... Mais rien qui ne suffit à lui faire perdre le goût de la chose.

Cependant, ce fut fini à peine commencé. D'un geste, Courtois l'avait désarmée. Chier ! Mais il n'y eut pas de place pour l'agacement, pas alors qu'il s'approchait d'elle, vite, et qu'elle lui rendait son baiser avec une avidité semblable. Con, moi... ? Et c't'un problème ? Pas d'après ce qu'elle pouvait sentir, d'autant qu'elle put le sentir particulièrement bien, retournée d'un geste, pour l'avoir plaqué dans son dos, et ses mains sur son corps. Point un désagrément, elle lui ferait regretter ses manières à l'ancien gladiateur bien assez tôt... ! Enfin, regretter... Comment parler de regret si cela leur été plaisant à tous deux ?

Lâchant un gémissement sous les caresses rudes, la demi-drow accompagna les mains de son amant des siennes... Avant de parvenir à rassembler ses esprits, se dégageant juste ce qu'il faut pour se retourner dans ses bras, accrochant le regard gris sombre, à peine moins obscur que le sien, à la faible lueur nocturne.

"Et j't'en d'vrai d'autres... Si tu m'apprends à m'battre." souffla la Grise, retenant encore les pognes de Courtois, quand bien même son bassin se pressait contre le sien.

Peu, elle en avait peu vu, en savait peu, mais sans rentrer dans les détails, cela lui semblait des plus prometteurs, et la demi-drow n'était pas du genre à manquer les occasions. D'apprendre, comme de profiter encore un peu plus des charmes d'un bon coup. C'pas l'genre d'gage qui m'dérange...

Un temps pour comprendre. Se détourner de ce qui les obsédait agréablement...

"P'tet pas maintenant..." dit Courtois, le souffle un peu court.

Tu l'as dit, mon salaud... Il n'en fallut pas plus pour la Grise, et toute résistance, toute infime distance maintenue disparue, fut remplacées par des bras jetés autour d'un cou, un baiser passionné, des jambes qui s'accrochèrent aux hanches de l'humain, un grondement doux quand les mains du mercenaire se mirent à l'oeuvre, et pour finir, une brusque inspiration de plaisir... Et le reste fut oublié. Un temps, seulement. Mais un temps qu'ils comptaient faire durer.