[Chez Eänwen] Sur le chemin de la maison... | Eänwen & quelques Hadjaoui

Début de la deuxième ennéade
Favrius, automne de l'An 17:XI

A peine le mois d'automne était-il commencé que voilà venue la pluie... Mais ce n'était pas encore une de ces grosses pluies qui tombait en trombe. Seulement une petite pluie qui annonçait l'averse à venir. De grosses gouttes tombant de manière irrégulière et éparse mais qui mouillait abondamment l'endroit où elle atérrissait. Y compris le dos et la tête des voyageurs...

Trois chevaux avançaient dans l'ombre de l'imposant nuage noir qui menaçait de s'ouvrir sur eux. Sur leurs dos, un homme roux portant une barbe, à la carrure imposante mais aux traits doux et chaleureux, une femme aux cheveux de feu elle aussi, à la silhouette finement musclée portant une robe de voyage fendue sur un pantalon et un enfant aux cheveux blancs assis devant elle mais aussi plusieurs sacs d'affaires et une malle comme s'ils devaient faire une longue route ou quitter leur foyer. A leurs côtés, un grand félin noir marchait d'un pas pressé, feulant à chaque goutte qui lui tombait près de lui, grognant lorsqu'il en recevait une. Le petit garçon de près de trois ans ne semblait pas à son aise lui non plus, se recroquevillant contre sa mère et geignant dès qu'il se retrouvait un peu plus mouillé. La jeune femme le protégeait de son mieux tout en le rassurant mais ce n'était pas une mince affaire...

Dire qu'en partant de Thaar tout à l'heure, rien n'annonçait l'orage à venir...

Alors qu'un premier grondement de tonnerre raisonnait au loin, effrayant un peu plus la panthère et l'enfant, l'homme âgé d'une quarantaine d'années désigna une bâtisse au loin. D'un commun accord, les deux cavaliers accélérèrent le pas pour se diriger vers elle. Comme si les éléments répondaient à leur empressement, la pluie se mit à tomber de plus en plus fort. Si le félin se retint de se mettre à courir pour trouver un abri, le petit garçon se mit à hurler de peur tandis que des larmes commencèrent à couler sur ses joues. Quelques minutes suffirent pour arriver mais le petit groupe était déjà bien mouillé...
Dès que les chevaux furent arrêter, tous mirent pieds à terre, la jeune femme portant son fils dans ses bras. Elle se précipita pour se mettre à l'abri sous le premier auvent venu, suivi de près par la panthère. Tandis que l'homme conduisait les chevaux à l'écurie d'un pas pressé, la mère posa l'enfant et se plaça face à lui. Il était toujours en pleurs, en proie à la même panique que le félin qui grognait et feulait avec rancune en direction de la pluie qui ne le touchait pourtant plus. Elle s'adressa à eux d'une voix douce et dans un langage venu des profondeurs. L'animal s'efforça de se calmer un peu, bien qu'il s’aplatit sur le sol, oreilles en arrière, mais l'enfant, lui, chercha à retourner dans les bras de sa mère sans l'écouter... Elle dut donc se résigner à le serrer contre elle sans cesser de lui parler. Lui faire retrouver son calme allait s'avérer difficile...

Entre le bruit de la pluie battante, les feulement d'Isto et les pleurs de Sincère, Patience n'avait pas entendu la jeune femme arriver et tourna vers elle un regard surpris. Même le petit garçon aux cheveux blancs se tourna vers elle. Sa mère ne prêta attention à ses paroles que la seconde suivante, semblant intégrer ses paroles seulement à retardement. Elle se redressa alors, son fils toujours dans ses bras car elle sentait qu'il ne voudrait pas la lâcher, même en ayant arrêté de pleurer.

-Hm... C'est une panthère et il ne se laisse pas aborder par des inconnus, il a été dressé pour ça. Mais il ne causera aucun problème, je vous le promets. Je peux l'enfermer dans une chambre le temps qu'il se calme si vous voulez, il a juste peur de la pluie, il n'en avait encore jamais vu.

De son côté, Aimé s'était arrêté dans son élan alors qu'il avançait en direction de l'écurie. Mais, puisqu'une employée était là, il n'allait pas s'inviter de lui-même. Il se rapprocha donc pour se mettre à l'abri lui aussi et pouvoir entendre la discussion qui se tenait non loin de lui.

-Quant aux chevaux, je peux m'en occuper si vous ne voulez pas vous mouiller. Ça ne me dérange pas. Dit-il avec un sourire amical malgré ses vêtements trempés et rendus un peu frais par la brise qui se levait avec l'orage. Il est trop tard pour moi. Conclut-il en désignant son état d'un air amusé.