Au 6ème jour de la 2ème ennéade Favrius, mois d’automne An 17 du XIème cycle
- N’est-ce pas une solution envisageable ? - Comment peux-tu être idiot à ce point ?! Les vassaux réclament ma tête et toi, tu serais prêt à la leur lui offrir sur un plateau dorée ! Es-tu seulement conscient de ce que cela représente ?! - Je pense que c’est une solution à envisager. - Non, Melkhart, non ! C’est leur donner un pouvoir auquel ils n’ont aucun droit ! Tu imagines un instant ?! Quelque chose ne leur convient pas ; ils ouvrent un tant soit peu la bouche et on le leur concède ?! Imagines-tu le pouvoir que tu leurs donnes ?! Aujourd’hui, c’est ma tête qu’ils veulent et demain, qu’est-ce que ce sera ?! Le tienne ? Celles de nos enfants respectifs?! Ils veulent qu’on leur donne le pays tant qu’on y est ?! - Cesse de voir cela comme une attaque personnelle envers ta personne et ton règne et essaie de comprendre un tant soit peu leurs points de vues. - NON ! - Victoria, s’il-te-plaît, soit raisonnable pour une fois. Ils n’ont pas tort : Sybrondil doit être gouverné par un Sybrond. - Je SUIS une SYBRONDE ! - Mais pas ton mari et donc fatalement, pas tes héritiers. - Les enfants grandiront en très large partie en Sybrondil, ils ont l’âme et l’éducation sybronde ! - Tu te voiles la face, Victoria. - Ils sont idiots, Melkhart, idiots ! Octavio finira par gouverner aussi bien Soltariel que Sybrondil. Ce qui l’amènera à gouverner la première puissance du sud !
Soupirant, Melkhart ne savait plus quel discours user pour faire entendre raison à sa sœur aînée.
- Réfléchit-y et nous en rediscuterons. - Le sujet est clos, c’est NON ! - Soit.
Les journées passèrent et Victoria s’attela à trouver une solution à chaque problème évoqué. Vint enfin l’heure de se confronter à toute cette vermine qui avait fini par prendre du terrain dans son propre comté. Tous étaient rassemblés dans la salle du trône, tous scrutaient et attendaient impatiemment le discours de Victoria.
Assise sur son trône, droite et déterminée, les bras posés le long des accoudoirs, Victoria scrutait la salle d’un regard froid et pénétrant. Lorsque l’assemblée fut complète et prête à entendre le « jugement », Victoria se leva, joignant ses mains dans un premier temps. La salle était plus que divisée. Les contestations étaient nombreuses mais tout de même moindre que les soutiens et c’est actuellement sur ce faible socle que Victoria allait devoir se reposer, espérant que celui-ci ne se brise pas dans l’immédiat.
Elle était comtesse de Sybrondil mais également Vicomtesse d’Aphel. Le vicomte d’Euphémion la soutenait malgré les contestations parmi ses propres vassaux. Elle avait le soutient inébranlable du seigneur d’Iree qui n’était autre que son fidèle conseiller ; Gregorio. L’une de ses sœurs était toujours mariée à un autre nobliau, elle espérait que celle-ci arrive à empêcher son mari de participer à cette petite révolte gentillette mais qu’il fallait surveiller.
Après les salutations d’usage, Victoria enchaîna :
- Concernant les désaccords sur les contrats commerciaux : ceux-ci ont été négociés il y a des années, parole a été donnée et accords ont été signés. Je ne reviendrais pas sur la négociation de ceux-ci.
Néanmoins, je tiens à faire la lumière sur ce qui a été négociée : l’investissement en Oësgard est déjà en train d’être rentabilisé. D’après nos estimations, l’entièreté des investissements sera récupérée avec intérêts dès l’an vingt.
Concernant l’accord commercial avec Maralina Irohivrah, je conçois que la progression de ses possessions en Sybrondil puisse gêner. Sachez tout de même, qu’en retour, les produits Sybronds sont nettement plus valorisés en les cités de Thaar et Uldal'Rhiz, ceela nous est plus que bénéfique.
Et pour que toutes ces informations soient vérifiées, je somme qu’une enquête soit réalisée. Celle-ci sera menée par Dimitrio Heroldi. Chaque investisseur, qu’il soit majoritaire ou non aura droit d’envoyer une personne de son choix accompagner Dimitrio. Celui-ci commencera par les froides contrées d’Oësgardie puis voguera pour l’Estrévent.
Il y eu des murmures dans l’assemblée mais la plupart des têtes hochèrent. Une enquête, menée par un homme neutre venant d’une des cités libre du comté était plutôt le bienvenu.
- Concernant le point le plus fâcheux…
Reprit-elle en haussant la voix de manière à captiver l’assemblée. Sans doute s’attendaient-ils à un discours sur la succession de Sybrondil. Ils seront bien déçus car il n’en sera rien :
- L’EGIDE.
C’était un sujet houleux, pas autant que le futur dirigeant mais cela l’était quand même. L’attention fut donc bonne même si l’on pouvait lire aisément la déception sur certains visages.
- Je comprends que certains d’entre vous redoutent la réaction du Roy concernant cette organisation plus que bancale. Sa Majesté nous a sommés de laisser les dragons tranquilles : ce que nous faisons, en réalité. Rien ne nous interdit cependant de nous préparer au pire et le pire est à venir, sachez-le. Il est vrai que certains soutiennent l’EGIDE par le biais de troupes mais ce n’est nul cas de la Sybrondie. Notre seule contribution consiste à l’échange des découvertes d’ingénierie.
- Nous n’avons reçu aucune découverte concluante depuis le début ! Or, de notre côté nous améliorons notre marine de jour en jour !
Victoria hausse un sourcil lorsqu’elle repéra celui qui osa lui couper la parole. Il était marrant de voir que celui-ci figurait parmi ceux voulant sa tête alors qu’il n’hésitait à faire le pan face aux découvertes maritimes qui ne sont dû que par Adriano qui y passa tout son temps.
Victoria ne voulait plus se lancer dans un nouveau discours interminable. Elle s’en tiendrait donc à sa conclusion :
- J’irais en personne trouver sa Majesté à ce sujet. S’il nous accorde sa bénédiction, Sybrondil continuera sa collaboration et si au contraire, il ne nous l’accorde point, nous arrêterons cette collaboration. Nous en avons désormais terminés.
Suite à ces décisions, aucune contestation n’eut lieu. Et pourtant, nombreux étaient ceux qui auraient souhaités abordés la question de la succession de Sybrondil. Mais sans doute s’étaient-ils dit que la patience était de mise.
Le lendemain, Dimitrio embarqué sur le bateau qui le mènerait jusqu’en Oësgardie tandis que Victoria parti rejoindre le fleuve qui la mènerait jusqu’à Diantra.
La terre a menacé, en réponse: le feu a grondé | Solo