|
| A la sombre fontaine | Shyn | |
| | Auteur | Message |
---|
Cécilie de Missède
Humain
Nombre de messages : 1257 Âge : 70 Date d'inscription : 01/03/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 21 ans - 1m59 Taille : 1m59 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: A la sombre fontaine | Shyn Mar 12 Nov 2019 - 22:02 | |
|
Nuit du 3 au 4e jour de la 1ere ennéade de Favrius ~ Automne 17e année du XIe Cycle Principauté des Sept-Monts Après Survivants Dans la nuit noire, la drow n'était nullement gênée par l'obscurité. Les pas de deux fées se glissaient entre les herbes hautes des prés laissés en friche. L'une d'un noir ébène couronnée de blanc, l'autre d'une blancheur tâchée d'encre comme si la nuit elle-même la rongeait peu à peu et inscrivait de divins messages sur sa peau. Un rire léger flotta dans l'air à leur suite. Des paroles anodines, des éclats étouffés et des doutes amusés pour un périple jovial. Le croissant de lune à peine perceptible de ce début de mois laissait la ronde Silène n'illuminer qu'à peine les formes spectrales des arbres au-dessus du terrain inégal. La femme obscure tirant sa compagne par la main jusqu'aux couverts les plus proches, les apparitions éthérées ne restent visible que quelques instants aux yeux du jeune paysan curieux venu observé la fermette vide de laquelle s'extirpait depuis la veille quelques ronds de fumée. Mais qu'importe l'observateur aux nymphes nocturnes puisque le chant de l'eau se fait entendre. Shyn'tae, satisfaite de ne s'être trompée, les guide entre des arbres anciens. Ses pas écartent des fougères, et de grandes feuilles gorgées de la pluie de la journée. Entre l'humus et les jeunes pouces, la plante de leur pied risquait plus qu'il n'y paraissait lorsque soudain, en bas d'une marche de belle taille que ni l'une ni l'autre n'avait distingué, leurs pieds heurtèrent de concert une surface fraiche. Un bruit humide. Un ru des plus purs court, énergique, allègre, sur des pierres inégales. Ici, le chant est plus fort. S'asseyant sur ses talons, Cécilie pose la main au fond... Elle n'a même pas de l'eau jusqu'aux chevilles et il n'y a pas la moindre trace de mousse. C'était mieux que rien, mais ce ne serait pas bien pratique. Au moins pouvait-elle se rincer le visage et les yeux. Mais Shyn'tae ne semblait pas plus satisfaite. Les pieds dans l'eau, sans avoir besoin d'échanger un mot, elles remontent le courant, la noire elfe en avant, guidant l'humaine aveuglé par le manque de lumière. Même privé de sa vue, Cécilie garde un pied étrangement sûr et un équilibre parfait. Ses mouvements déjà précis, avaient acquis une mesure et une lenteur empressée qui lui évitait de se cogner ou de s'égratigner sur quoi que ce soit, confiant sa progression à sa compagne. L'autre choisissait attentivement ses pas, ses pieds délicats évoluaient entre pierres polies par le temps et nids de sable arraché à la montagne. Lorsque l'eldéenne rencontra un amoncellement de rochers qu'un ébouli avait, il y a longtemps jeté ici, elle s'arrêta. Il en coulait un courant un peu plus fort. Shyn'tae se retourna pour découvrir que l'humaine avait même fermé les paupières, oreilles aux aguets. - Pourquoi nous arrêtons-nous ? Tu as trouvé quelque chose ? - Je pense. C'est un éboulement. Qui a bloqué le ruisseau. Viens!" Dans l'esprit de la drow, les consequences étaient évidentes. La drow grimpe prestement l'amoncellement de blocs, puis tend la main à sa compagne pour l'aider à la rejoindre. L'effort la fait grimacer, mais elle n'a jamais été du genre à accepter de gâcher son plaisir de si peu. Elle se souvient. Toute petite, fascinée par l'inconnu des si nombreux recoins du Puy d'Elda. A toujours chercher un moyen de repousser les frontières de l'inaccessible. Entre les rocs, protégée par un escarpement rocheux couvert d'un végétation basse ombragée par deux arbres espacés, un rapide emplit une vasque naturelle qui déborde nonchalamment sur l'autre flanc. Au dessus d'elles, à peine masquées par les feuillages abondants, les deux lunes illuminent la scène d'une lueur presque surnaturelle. Les yeux grands ouverts cette fois, Cécilie scrutait les ténèbres, l'ombre d'un sourire sur les lèvres. Elle pose son baluchon de tissus sur une roche un peu surélevée en se penchant vers la vasque pour en tâter la surface scintillante de la main. Le trou d'eau forme une mare d'encre dont on distingue à peine les bords, à la surface parcourue d'une onde sans cesse renouvelée par l'eau fraiche qui s'y précipite. Un abysse sans fond dont les dangers cachés emballent le cœur. A genoux sur la roche, le bras enfoncé dans l'onde jusqu'à l'épaule, l'humaine soupire. - Je ne touche pas le fond, mais je ne sens ni poisson, ni plante suspecte. "
Dernière édition par Cécilie de Missède le Mer 4 Déc 2019 - 23:30, édité 1 fois |
| | | Shyn'tae Vaen're
Drow
Nombre de messages : 639 Âge : 42 Date d'inscription : 10/01/2019
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 297 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: A la sombre fontaine | Shyn Mar 12 Nov 2019 - 22:25 | |
|
- Je doute que ce soit très profond non plus. Il y a un peu de courant." Lui répondit un murmure aux doux accents de la curiosité. Concentrée, elle sentait, l'impact du rapide, le mouvement plus profond, ineluctable de l'eau qui voulait continuer sa route, tout deux glisser comme des ombres indistinctes intriquées avec l'infinie complexité des motifs. Rien d'autre ne bougeait hormis le vent. Il y avait sûrement quelque chose à en apprendre. Mais elle était toujours cette enfant émerveillée, minuscule devant la beauté de l'univers.
Peut-être le courant était-il trop puissant ? De la mousse avait élu domicile sur le rebord de pierre et les premiers centimètres sous la surface. Les parois mouchetées de végétaux aquatiques restaient particulièrement raisonnables. Elle se releva doucement, ses gestes toujours aussi contrôlés et balancés. Debout, la drow avait les yeux sur l'onde, rêveuse, un sourire léger.
- Je crois que… nous avons assez cherché. Qu'en penses-tu? - C'est parfait." répondit l'humaine d'un hochement de tête appréciateur.
Tout en répondant, elle s'était de nouveau tournée vers la drow à deux pas. D'un mouvement ample, restant sur l'extrême bord du bassin, elle lui tendit la main.
Telle une nymphe, aussi gracieuse que l'autre était royale, la sombre demoiselle se glissa vers la pale et la lui prit
- Mais nous n'avons pas fini de chercher il me semble. Qui descend la première ? - On n'est pas obligées de choisir. Si tu prends trop ton temps, ce sera moi.
Sur ses mots, son sourire malheureusement marré par les quelques gouttes de sang qui avaient perlé de sa joue droite, le corps fin de la drow glissa, joueur, contre celui de sa comparse. Son bras gauche s'écarta légèrement.
La pointe d'un pied fin se glissa dans l'eau aussi obscure que de l'encre. Le bracelet qui ornait sa cheville disparut à son tour, suivi par son mollet. L'eau était froide, vivifiante sous la moiteur orageuse de ce début de Favrius. Du sable s'était accumulé au fond. Satisfaite, elle chavira, attirant à sa suite la majestueuse dame qui s'était assise sur le rebord.
|
| | | Cécilie de Missède
Humain
Nombre de messages : 1257 Âge : 70 Date d'inscription : 01/03/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 21 ans - 1m59 Taille : 1m59 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: A la sombre fontaine | Shyn Mer 13 Nov 2019 - 0:36 | |
|
Elle me tire d'un coup sec. Attention ! Je dérape sur le rebord, le froid de l'eau m'engouffrant d'un seul coup dans un nuage d'encre qui ne fait finalement que bien peu de différence avec l'eau claire. La sombre pourrait te noyer. Ne baisse pas ta garde. Je n'y compte pas. Mais le risque est mesuré. La surprise m'a arraché un cri aiguë et je me noie à moitié avant d'avoir le réflexe de déployer toute la longueur de mes jambes. Les détails se succèdent, rapide, comme la peau qui s'était furtivement glissée contre la mienne avant de se jeter à l'eau. Les Lamentations seraient sans doute revenues à la surface si elles n'étaient pas déjà parfaitement visibles.
Et lorsque mon visage émerge, je rie en crachotant. La main de l'elfe noire n'est plus dans la mienne. Mes mains viennent chasser l'eau de mes yeux et repousser mes cheveux en arrière. La profondeur me permet de m'enfoncer bien au-dessus de la taille tandis que l'onde frôle le nombril de Shyn'tae.
- Bon sang ! C'est ce que tu appelles trop de temps ?! "
Les tâches de teintures ont majoritairement disparues mais certaines se sont encrées pour quelques jours dans mon derme. Les lettres étranges aux couleurs fanées s'y mêlent de façon chaotique en une fresque dépourvue de sens. Il n'y a presque plus une once de ma peau qui ait gardé sa couleur d'origine. J'aime ça.
Et j'aime la sensation de l'eau froide sur mon corps. Cela fait longtemps que je n'ai pas eu l'occasion de prendre un bain... Et bien qu'il devrait en être autrement, sa température frisquette ne me gêne pas le moins du monde. L'air d'estrévent reste doux, presque chaud, même en pleine nuit.
En rabaissant mon bras, le bout de mes doigts restés noirs frôlent furtivement une courbe chaude. Les derniers éclats de rire s'éteignent. Je m'enfonce jusqu'au cou en pliant les jambes, profitant de l'eau pour flotter à demie. Un bras accoudé sur le rebord de pierre, je regarde la forme noire qui me surplombe, guettant les vagues tâches rouges.
- Il me semble que tu avais bien des questions. Par lesquelles veux-tu commencer ?
|
| | | Shyn'tae Vaen're
Drow
Nombre de messages : 639 Âge : 42 Date d'inscription : 10/01/2019
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 297 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: A la sombre fontaine | Shyn Dim 17 Nov 2019 - 21:57 | |
|
Lorsqu'on lui disait qu'elle commettait beaucoup d'erreurs, Shyn'tae préférait dire qu'elle accumulait de l'expérience. Elle n'avait que trop peu eu l'occasion de se montrer joueuse avec Cécilie jusqu'à présent, et ce qui advint la surpris donc. D'abord, le bras vint à la drow sans grande difficulté, Beaucoup plus facilement qu'elle ne l'aurait cru même. De manière prévisible, son souffle fut tout soudainement coupé par la douleur qui s'empara de sa poitrine lorsque ses muscles y transmirent l'effort soudain.
L'enthousiasme fait parfois oublier des choses, se souffla-t-elle intérieurement. Ses pieds nus tentèrent de rétablir son équilibre en danger. L'un se prit entre deux pierres. Le second glissa alors. Cécilie n'était pas bien lourde, mais cet adjectif s'appliquait tout autant à sa compagne. Intuitivement, Shyn'tae sut ce qui allait se produire, ses muscles ne se bandèrent pas moins pour tenter d'éviter l'inévitable.
L'humaine plongea tout entière dans l'eau, et percuta la poitrine menue de la drow. La douleur tonna à nouveau au fil de la côte blessée de la demoiselle, et toutes deux disparurent sous l'eau dans un fracas aqueux qui fit brièvement déborder la vasque.
L'instant d'après, Cécilie sortait la tête de l'eau, et Shyn'tae suivait, prises toutes deux d'un fou rire que chez la sombre seule la toux et la souffrance semblaient capable d'arrêter. Des éclats de rire, cristallins, joyeux, insouciants. Il ne pourrait y avoir meilleure conclusion à cette trop longue journée. Redressée, l'onde au niveau de son bas ventre, l'eau délicieusement glaciale ruisselante sur sa peau chaude, le rire de son ami flattant ses oreilles, dans cet écrin de pierre et de verdure, la sombre pouvait pour un temps oublier le reste.
Elle se sentait bien…. L'extérieur se rappellerait à elles bien assez vite.
Un doigt noir frôla son derme, éveilla un frisson, la drow commença à s'étirer félinement, avant de s'interrompre en plein milieu du mouvement. Satanée côte. Sans mage de vie, il n'y avait qu'à attendre, et c'était agaçant.
- Il me semble que tu avais bien des questions. Par lesquelles veux-tu commencer ?
Les yeux carmins se posèrent dans ceux de sa compagne. Elle l'avait eu. Pendant un l'espace de quelques battements de cœur, Shyn'tae resta immobile, avant de plonger un regard malicieux vers elle et de se pencher sur l'humaine. L'eau recouvra son ventre, sa poitrine aux sommets raidis par la fraicheur.
- J'en ai tellement que je ne sais plus par quoi commencer.
Sa voix résonnait d'une excitation qu'elle avait du mal à contenir. Un doigt d'ébène sorti de l'eau et effleura les symboles sur la peau pâle. Toute proche, elle murmurait, comme si chaque mot qu'elle prononçait était un trésor précieux qu'elle n'aurait voulu partager avec personne d'autre.
- C'est magnifique... C'est du Nisétien je suppose? Cela signifie-t-il quelque chose? J'ai… émis plein d'hypothèses. Ta magie… Tu l'as appr.. Non.. Développée comment?
|
| | | Cécilie de Missède
Humain
Nombre de messages : 1257 Âge : 70 Date d'inscription : 01/03/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 21 ans - 1m59 Taille : 1m59 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: A la sombre fontaine | Shyn Mar 19 Nov 2019 - 0:33 | |
|
J'oublie si facilement que Shyn'tae ne voit pas seulement mieux que moi, mais mieux qu'aucun humain ne pourra jamais l'imaginer... Lorsqu'elle décrit les lettres et les dessins qui marquent ma peau, elle me le rappelle pourtant d'une fort joli façon, et dans un clapotis d'eau, elle redescend à ma hauteur.
Un frisson suit le parcours léger de ses doigts humides. La froideur ne me gêne en aucune façon, mais ce contact au creux d'une pénombre dans laquelle je ne situe que quelques formes à peine mouvante et les étoiles du ciel me mettent en éveil. Le geste suit un ton si enthousiaste que j'en sourit de plus belle. Sans retenue. Sans perdre pour autant la pellicule de givre qui me sépare des autre lorsque je ne me fait pas violence pour la dissimuler.
Sous l'eau, nos corps ne se frôlent pas. Proches, ils rayonnent d'une chaleur perceptible par l'autre tant que nous ne bougeons pas. La voix de l'eldéenne est toute proche. Alors je viens cueillir la main qui court sur moi, me tirant vers elle dans un froissement d'eau. Le léger remous me caresse la clavicule. Cette fois nous nous frôlons tandis que je hoche la tête à ses premières questions. Celles qui prêtent le moins à conséquence. En lui proposant de rester et en la mettant en garde, je savais que ces questions viendraient rapidement et elles ne me firent pas perdre mon sourire ou mes gestes posés, mais je baissais d'un ton.
- Ce que je vais te raconter pourrait me coûter la vie, tu en es consciente ?
Le regard de la sombre, de joueur devient sérieux. Attentif, il n'a rien perdu de sa curiosité, mais j'y distingue un instant de l'hésitation, que la soif de savoir finit par vaincre. Il n'y a pas de mot pour répondre à cela, alors Shyn'tae hoche la tête. Toujours appuyée d'un coude sur le rebord, j'enjoignais ma consœur à venir s'y poser avec moi, comme si nous étions dans un bain chaud.
- Il y a très longtemps, dans mes terres natales en Péninsule, les circonstances m’ont poussée vers la magie malgré l’opprobre qui éclaboussait sans cesse les pratiquant des arcanes, ces vils arcamites. » ma voix se module avec facilité et affectation, comme lorsque je contais l’une des nombreuses histoires dont j’ai le secret. « J’ai commencé à l’apprendre dès mon jeune âge auprès d'un jeune ésothériste de cours. Je devais avoir à peine huit ans. Puis j’ai passé près de dix ans à perfectionner mon ouïe et mes ressentis sans jamais oser tenter de lancer véritablement un sort.
Chaque nuit, je déployais mes sens un peu plus loi, de façon un peu plus précise. Et après avoir su repérer des cibles, je commençait à en entendre les accords principaux, les émotions les plus vives qui les agitaient. Puis les mélodies de plus en plus complexes. Jusqu’à comprendre que je pouvait influencer ces mélodies, en jouant ma propre musique. J’ai lancé mon premier sort pour aider une amie à ne pas céder à la panique lors d’un enlèvement. Et j’ai plongé à pied joins dans une magie irraisonnée.
Des émotions j’ai explorer l’esprit. Les sens. Les souvenirs. J’ai luter pour entrer dans les esprits qui se soustrayaient à moi. Moi qui n’avais jamais eu la moindre influence sur les évènements je me retrouvais avec, entre les mains, un pouvoir démesuré et un art dans lequel j’excellais. Alors j’ai poussé et poussé encore. Jusqu’à tenter d’influer sur les lois naturelles immuables de l’espaces en téléportant un objets. » Un sourire de fierté se dessine sur mes lèvres. Je n’ai jamais raconté ce détail à qui que ce soit à part mon Chevalier. « Et j’ai réussi. J’ai téléporter une bague à plusieurs dizaines de mètres. Mais de la bague il ne restait qu’un amas déstructuré de métal et de pierreries réduite en une sphère inégale . Et de mon esprit il ne restait guère plus. » Je m’autorisais une pause, soutenant le suspens tout en ménageant mon auditoire qui savait bien sûr que j’avais survécu.
« Heureusement, mon ancien maître a été prévenu et il est venu tenter de réparer les dégâts. Il a passé une ennéade à mon chevet à réunir les éclats brisés de ce qu’il restait de moi. Aujourd’hui encore je considère comme un miracle qu’il ait réussi à ramener ce j’étais. Mais de ce jour, je n’ai plus jamais bien dormit… Et la magie est devenu encore plus facile, sur moi comme sur les autres. J’ai dompté mon propre mental pour passer les moments les plus difficiles de ma vie.
J’étais si douée que lorsque mon mariage a été arrangé avec un homme n’étant pas du tout au courant de mon activité, je le lui ai révélé en le prévenant qu’il était hors de question que j’arrête de pratiquer l’Art. Pour me prouver qu’il n’en avait pas peur et que cela ne changerait rien à sa décision, le pauvre fol a envoyé un homme de confiance en Ithri’Vaan pour trouver un vieux livre de magie. Un livre qui symboliserait toute l’estime qu’il avait pour moi et rendrait palpable son approbation.
L’homme parcourut le continent de Naélis à Esion, cherchant dans les grandes bibliothèques autant que chez les plus intrépides receleurs. Si bien qu’il finit par tomber sur un livre unique, d’une rareté sans pareille. Un livre dont l’authenticité ne faisait cette fois aucun doute.
C’est ainsi qu’au soir de mon mariage, avant de prendre sauvagement son amant sodomite et de me violer sur la couche nuptiale, mon mari m’offrit un étrange ouvrage enroulé dans un tissus précieux. Sa couverture était en feuille de palmier tressée et craquait même lors des mouvements les plus infimes. A l’intérieur, des chants et des musiques rituelles datant de Nisetis. Ecrites en Nisetien anciens. Chaque page, et parfois chaque ligne était inscrite dans une couleur et une encre différente. Mon époux n’avait pu trouvé que le nom et l’usage supposé de l’ouvrage : Le Livre des Lamentations. Un livre de chants et de rites permettant d’atténuer la douleur du deuil.
Et des deuils je venaient d’en vivre un grand nombre. Ma mère, mon père, deux sœurs, mon Chevalier, ma meilleure amie… Et ce livre m’était d’un réel réconfort. »
Pensivement, je passais une main sur le bras que j’avais tendu devant moi, caressant l’encre et remerciant les murmures attendris. La vérité de mes mots et la ferveur sincère qu’ils exprimaient les remplissaient de fierté.
« Tout d’abord, c’était un livre que j’aimais. Et aussi étrange que cela paraisse, je n’avais aucun mal à le lire. Il semblait murmurer directement à mon oreille les mots gravés dans ses pages. Les préceptes de bonne vie. Les prières pour le repos des morts et celui des vivants. Je chantais de plus en plus souvent. Je psalmodiais de plus en plus souvent. Elles m’ont offert la sérénité et la puissance et elles ont commencer à me changer. Elles m’ont fait suspecter le mal autour de moi et m’ont coupées de mes amis. Et de livre magique, je finis par comprendre qu’il était un livre de magie.
Mais la magie demande toujours une contrepartie. »
L’écho qui s’était glissé dans ma voix grave et la fluctuation des marques sur ma peau ne dura qu’un instant. Le genre de changement qu’on doute avoir vu après y avoir assisté.
« Ce fut d’abord de l’assiduité. Puis du sang. Puis de l’énergie lorsque j’utilisais son pouvoir pour amplifier le mien. Dans ces cas là, je laissais la volonté des Lamentations entrer dans mon corps et nous lancions le sort comme un seul être. Puis elles retournaient se lover dans leur livre, rassasier et inertes.
Jusqu’à ce que le livre me soit arraché pendant un rituel particulièrement complexe. Privées de refuge, nous sommes restées.
Je les ai haïs.
Leur présence m’empêchais d’utiliser la moindre magie sans qu’elles ne se jettent dessus, voraces. Elles étaient visibles en tout temps et me vidaient de mon énergie. Elles brouillaient mes pensées, criaient toutes en même temps et détruisaient ma mémoire. J’avais tout le temps faim. Et pourtant, elles ne me laissaient pas mourir. J’ai tout essayé pour les faire partir. La magie, l’alchimie, les prières. J’ai cherché dans les anciens livre, tenté de retourné vers Nisetis. Mais rien.
Il m’a fallut des années pour accepter le fait qu’aucune bibliothèque et aucun spécialiste ne pourrait me débarrasser d’elle. Pour comprendre que nous pouvions agir de concert au lieu de nous entre-tuées.
Un soir, alors que j’avais négocié avec un fermier de pouvoir dormir dans le foin de son écurie après avoir gagner un quignon de pain en contant une histoire de sorcière, l’un de ses ouvriers m’a suivi dehors. Il a essayé de me prendre. J’étais faible, mentalement détruite. Et elles m’ont défendues. Notre hôte est vital. Et elles ne s’en cachent pas.
Peu à peu, dans la cacophonie qu’elles formaient, j’ai distinguer une voix. Nous avons pu communiquer. Elles m’ont appris ce qu’elles étaient. Elle m’ont appris ce que nous pouvions êtres. Nous avons évoluées ensemble. Plus j’en apprends sur leur nature, plus elles sont influencées par la mienne. J’ai compris avec le temps qu’elles ont été crées à la fin de la guerre pour pousser ceux qui les trouveraient à devenir paranoïaque et agressif pour semer la destruction parmi les leurs, avec un pouvoir démesuré. Elles ont essayées de me rendre folle moi aussi. Mais je suis leur survie. Et leur instinct premier est de survivre. C’est ainsi. Alors nous avons trouvé un but commun.
Je ne sais pas encore quel est leur essence réelle. Si elles sont pures magies ne répondant qu’à ce qui leur a été implantées à leur création ou si des morceaux de Souffle y ont été pris aux pièges, que ce soit volontaire ou non. Mais nous faisons une bonne équipe… Ce que Dante a eu tendance à me faire oublier plus d’une fois en les traitant comme des choses avides dépourvues de raison. »
Une approbation et une désapprobation farouche se mêlent dans mon esprit. Je souris à la ferveur qu’Elles me transmettent lorsqu’une pointe de tristesse me remonte au cœur. Il ne mérite pas une seule larme. Aussi, mon visage ne se trouble pas. Tout en racontant, je me suis appuyée contre elle. Ma voix s’atténue encore, refermant sur nous un espace de complicité encore plus étroit.
« Ce que je t’ai caché avec soin pendant ces derniers mois, c’est qu’elles ont besoin d’énergie. Comme je viens de te l’expliquer, elles sont un sort – ou une centaine de sort entremêlés, je ne saurais dire – actifs en permanence. Notre propre volonté nous maintiens unies. Mais elles ont besoin de bien plus que ce que mon corps peut fournir sans dommage. Pour les assouvir, il me faudrait un torrent d’énergie à l’état brute, mais comme cela n’existe pas, il me faut des Souffles. Un par ennéade suffit à les maintenir – même si elles ne sont pas pleinement rassasiées - lorsque je n’abuse pas de ma magie et que je ne suis pas blessée. C’est le tribu à payer pour équilibré cette situation qu’aucunes de nous ne voulait au départ. »
|
| | | Shyn'tae Vaen're
Drow
Nombre de messages : 639 Âge : 42 Date d'inscription : 10/01/2019
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 297 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: A la sombre fontaine | Shyn Lun 25 Nov 2019 - 1:11 | |
|
La drow écoute, les oreilles grandes ouvertes, elle s'est accoudée au bord si proche de l'autre nymphe, ses jambes jointes posées de coté sur quelques rochers. Les chandelles de ses yeux ne quittent pas les siens, elles forment un étrange couple en miroir, l'une aussi pâle que l'autre est sombre. L'eau est fraiche, très fraiche, mais dans la moiteur de l'Ithri'vaan, c'est pour l'instant agréable. Et c'est surtout sans importance devant l'histoire qu'elle entend.
Doute-elle? Comment pourrait-elle s'en empêcher? Shyn'tae n'a jamais cessé de douter, sinon elle ne serait pas là, maintenant, à écouter cette histoire, cette histoire que Cécilie commence dans un pays lointain.
C'est cohérent avec ce que je sais. S'entend-elle murmurer intérieurement. Mais pourquoi douterait-elle d'ailleurs, car son amie n'est nullement forcée de lui raconter tout ca. Elle était une mage de l'immatériel, une magicienne de l'esprit qui plus est. Une discipline qui n'est pas la sienne, mais que Shyn'tae connait trop bien. Des souvenirs. Le désir se mélange un instant à la révulsion, le trouble gagne son regard avant qu'il ne soit chassé par la suite du récit.
"...Jusqu’à tenter d’influer sur les lois naturelles immuables de l’espaces en téléportant un objet."
Les oreilles de la sombre se tendent, son regard grand ouvert en une expression d'alarme. La drow a réfléchi à ce problème pendant des décennies, car c'est un de ceux que les théories magiques modernes ne permettent pas de résoudre. Qui y parviendrait laisserait à coup sûr sa trace dans l'histoire des arts magiques. Mais les puissances en jeu sont telles qu'il faudrait être fou pour le tenter sans s'y être préparer.
La magie est une maitresse impitoyable.
« Et j’ai réussi. J’ai téléporter une bague à plusieurs dizaines de mètres. Mais de la bague il ne restait qu’un amas déstructuré de métal et de pierreries réduite en une sphère inégale . Et de mon esprit il ne restait guère plus. »
Shyn'tae n'était pas certaine que le terme "réussite" s'applique totalement dans ce cas précis. Mais elle commençait à connaitre le caractère de son amie, et n'aurait pour rien au monde arrêté le récit de son interlocutrice, bar c'était le genre de détails qui sonnaient vrais. Elle ne se permit alors qu'une moue amusée et la laissa poursuivre, penchée vers elle avec grand intérêt, concentrée sur chaque mot.
Et la suite ne la déçut en rien. La drow fit beaucoup d'efforts pour rester impassible, le genre de talent qu'on développe après des siècles passés dans une école de magie emplie de noirelfes susceptibles et menteurs. Personne ne la croirait si elle racontait cette histoire. Pourtant c'était celle que son amie racontait.
Lorsqu'elle évoqua la manière dont elle s'était procurée le livre, Shyn'tae fronça un sourcil et les oreilles, le regard perdu dans ses pensées. Intuitivement, elle n'y croyait pas.
Non pas parce que cela paraissait peu probable, après tout elle se doutait entendre des choses difficiles à croire. Non pas parce que ce que Cécilie décrivait lui paraissaient si étrangers à sa culture qu'ils en devaient difficile à comprendre.
C'étaient des petites choses difficiles à quantifier, le choix des mots peut-être, leur violence même, comparé au ton, aux détails si justes qui émaillaient le reste. Une somme de toutes petites choses. Mais après tout, était-ce vraiment important de savoir comment elle avait obtenu… ce livre.
Puis elle décrivit l'ouvrage, et les yeux de la drow ne purent s'empêcher de glisser sur la peau dénudée qui était si proche d'elle. Son index effleura les motifs d'encre fanée alors que les mots coulaient des lèvres délicates de l'humaine.
Ca j'y crois. C'était cela, se dit-elle. Entre le récit et les mots simples, sans jugement, sans filtre.
- Le livre des lamentations… La voix de la drow n'avait était qu'un murmure.
Elle buvait maintenant les paroles de la magicienne. Elle triait les théories, confrontait les hypothèses.
Elles m’ont offert la sérénité et la puissance. Elles m'ont fait suspecter le mal autour de moi.
Shyn'tae y croyait. Elle en était même presque certaine déjà avant que Cécilie ne parle. Mais pourquoi ce sort ferait-il cela? Était-ce ainsi que les Nisétiens l'avaient conçu?
Elle cligna des yeux. S'était-il passé quelque chose? Elle avait senti la magie se lever, cette présence dans les motifs qui avait fait manquer à son cœur un battement. Elle avait cru voir.. cru entendre. La magie demande toujours une contrepartie.
C'était vrai. Elle hocha la tête, en accord.
L'évènement se produisit à nouveau. Et Shyn'tae sut. C'était les lamentations, puisque c'était ainsi que Cécilie les appelait. Tant de questions nouvelles, auxquelles Shyn'tae savait que Cécilie n'avait aucune raison d'avoir de réponse. Elle avait peut-être cherché, mais elle n'avait pas le savoir théorique pour… Mais la sombre l'avait-elle?
Elle se sentit minuscule devant l'inconnu. Son cœur battait fort, son souffle profond. Elle avait bien sûr remarqué que la manière dont elle avait perdu le livre était encore plus floue que la manière dont elle l'avait acquis. Mais c'était peu de chose devant ce qu'elle disait.
- Ils n'ont jamais conçu ce sort… pour qu'il ne soit pas dans l'ouvrage…
Un sort a toujours besoin d'énergie, c'est bien pour cette raison qu'ils ne persistent jamais seuls sans la concentration du mage. Il est parfois difficile à faire comprendre aux novices qu'un sort n'existe pas en tant que tel, qu'il est par essence abstrait, une information, un changement, un mouvement sans substance dans la trame, tout comme on serait bien en peine de trouver une manifestation statique de la conscience.
C'est pourquoi tout l'art de la magie persistante, telle qu'on l'étudie au sein de l'étude, repose sur des gemmes dans lesquelles on infuse suffisamment de magie pour alimenter durablement le sortilège, soit durablement, soit en y plaçant des flammes, parce qu'on n'a rien trouvé de plus efficace pour alimenter en puissance des sortilèges.
Est-ce Cécilie qui l'a adapté pour survivre? Est-ce le sort qui s'est adapté? Les deux de concerts, entremêlés dans une association que le créateur du sortilège n'aurait jamais imaginé? Et le sort veut survivre. Que cela signifie-t-il en soit?
A-t-il une conscience? Comment a-t-il était conçu? La drow en a le vertige, son corps s'appuie contre celui de l'humaine, un sourire aux lèvres, si proche, à écouter la voix qui est devenue murmure.
Le doigt posé tendrement sur les dessins ornant la peau pâle les trace doucement , elle laisse de longues secondes s'écouler avant que finalement qu'un sourire en coin s'épanouisse sur ses lèvres, du coté indemne.
- C'était une bonne idée de vengeance… Les drows n'ont même pas besoin de cela pour devenir fous… A la place elles t'ont trouvée. Vous faites une bien meilleure équipe c'est vrai. Ca va peut-être te surprendre… Mais tout ca… ca correspond plutôt bien à certaines de mes hypothèses." Sa voix était à peine audible, à son tour de faire preuve d'un peu de fierté.
- Alors… je dirais que le choc est déjà passé. Je te trouve seulement… unique, dangereuse, et magnifique. Toute entière. Et un peu inconcevable aussi. J'adore ca.
Elle s'interrompit un instant, ses lèvres toutes proches des siennes, avant d'ajouter quelques mots en un murmure. "Faudra que j'essaye de ne pas trop les laisser interpréter mes maladresses de travers…
Chaque fois que notre savoir grandit… notre ignorance s'étend. On a tant de choses à découvrir." Conclut-elle d'un souffle.
Et dans son regard, Cécilie voyait brillait l'enthousiasme de la chercheuse.
|
| | | Cécilie de Missède
Humain
Nombre de messages : 1257 Âge : 70 Date d'inscription : 01/03/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 21 ans - 1m59 Taille : 1m59 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: A la sombre fontaine | Shyn Lun 25 Nov 2019 - 3:06 | |
|
Je souris en entendant mon amie répondre comme si tout cela allait de soit. Après ces ennéades lors desquelles elle n'avait montré aucun instinct de survie, après ces exercices de perceptions, de concentration, de modulation, voilà qu'elle voyait enfin ce qui se trouvait derrière le rideau. L'improbable se mêlait à l'évidence de façon si étroite pour le moment qu'elle ne semblait pas avoir de mal à accepter le tout... Et à rester elle-même. Sans me demander d'être plus sanguinaire ou plus douce.
Pourvu qu'elle se ne me prenne pas seulement comme un cobaye... Nous verrons bien.
Elle reste là. La chaleur de son corps porté par l'eau caresse ma peau. Mes yeux inutiles trainent simplement su son visage, avec la seule touche de couleur de ses yeux de sang. Ses mains dessinent les lettres et les symbole qui me couvrent.
Elle s'approche.
Mes yeux s'égarent sur ses lèvre. Je n'arrive pas à les distinguer. Elle est toute proche. Sa poitrine tendue par l'eau froide frôle la mienne. Incertaine, mes doigts trempés se posent sur son cou.
- Découvrir... oui... Ça tombe bien. C'est une activité dans laquelle nous sommes plutôt compatible il me semble. " Mes yeux remontent jusqu'aux sien. La curiosité avide qu'elle avait devant les livres que nous partagions. Mes doigts remontent jusqu'à sa mâchoire. " Souviens-toi simplement que je ne suis pas qu'un sujet d'étude. "
Et le souffle qui nous séparait encore disparait. La respiration que je sentais passer régulièrement sur mes lèvres souriantes laisse place à la douceur humide de celles de la grande elfe noire. Un baiser simple. Timide par rapport au premier que je lui avais plaqué sur la bouche dans l'arène de Thaar comme bravade des premières fois. La première fois que j'embrassais une femme. Doux par rapport à la violence de celui qu'elle m'a donné à mon départ de Frontière. L'imbroglio de sentiments violents qui ne devaient être dits. Ce troisième baiser n'était ni une bravade, ni une douloureuse supplique. Il était... curieux ?
Le baiser se rompt. Qui ? Difficile à dire. Mes doigts sont toujours sur sa mâchoire, immobiles. Je la regarde. Elle est toujours aussi laide. Mais elle reste Shyn'tae. Son corps si proche, cette promiscuité... et la Faim. Se mêlent dans mon regard envie, curiosité et avidité.
|
| | | Shyn'tae Vaen're
Drow
Nombre de messages : 639 Âge : 42 Date d'inscription : 10/01/2019
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 297 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: A la sombre fontaine | Shyn Lun 25 Nov 2019 - 23:09 | |
|
La prendre pour un sujet d'étude? Le petit sourire ne faiblit pas alors que les doigts pâles remontent, joueurs, sur sa mâchoire, alors que les siens glissent d'un bras à une épaule, puis sur sa gorge, de motifs en motifs.
Surprise La drow perd le fil de ses pensées. L'évènement était pourtant inéluctable depuis de longues minutes, mais il y avait mieux à penser?
Inattendu Mais comment aurait-elle pu imaginer que cela aurait lieu? Bien sûr qu'elle aurait pu. Bien sûr qu'elle aurait du.
Inconcevable Leurs corps si proches, des caresses joueuses, mais aller plus loin?
Leurs lèvres si proches… C'était pourtant inéluctable.
Mais c'est venu sans crier gare.
Leurs lèvres sont unies en un baiser hésitant, curieux comme si c'était son premier. Une experience, une redécouverte. La drow… s'offre? Depuis quand a-t-elle peur de mal faire?
C'est stupide, la meilleure façon de se tromper. Non, ca veut dire qu'il faut donner le meilleur, que c'est important.
Nulle contrainte, nulle pression, nulle urgence, juste deux amantes se découvrant sans arrière pensée, avec douceur et curiosité.
Difficile de dire les lèvres de laquelle se sont retirées les premières, leur souffles se mêlent, les yeux carmins de la drow, pétillants d'une flamme si difficile à éteindre boivent l'expression qui illumine ceux de sa compagne. Shyn'tae ne sait quel désir l'anime le plus. La soif de découverte, une sensualité que ses experiences nocturnes ne parviennent que difficilement à satisfaire, le désir de partager plus avec sa comparse, et celui de poser milles autres questions théoriques.
- Si j'avais du te prendre pour tel… Ce serait le cas depuis des années."
L'elfe incline la tête et se tend, tel un chat malicieux et avide de caresse, le doigt sur sa mâchoire glisse sur la peau sombre, son nez vient sa joue, le corps de la danseuse la caresse, partageant une chaleur bienvenue.
- Hmm… Tu me donnes envie de me faire plus séduisante. Je me suis bien trop négligée. De te poser mille questions. " Ses lèvres frôlent le lobe de l'oreille de la demoiselle au fil de murmures destinés à elle seule, ses doigts souples parcourent la peau pâle et disparaissent sous l'eau.
Dans le ciel, la brise chasse les nuages gris, et au travers d'une éclaircie soudaine, la lumière des deux lunes se glisse jusqu'à elle, filtrée par les feuilles bruissantes.
- Mais ca va devoir attendre. On n'est pas tout à fait seules…" Ajoute-t-elle doucement, comme si de rien n'était. Elle avait entraperçu le jeune homme il y avait à peine quelques instants. Ses lèvres délicates glissent sur la peau douce, son corps glisse, félin, le son de sa voix joueuse à peine audible par dessus le brouhaha incessant de la cascade. "Un damoiseau venu admirer le spectacles des nymphes se baignant en leur sombre fontaine. Qu'en penses-tu? Devons nous lui faire honneur… avant de l'inviter à les rejoindre lorsque tu en auras envie?"
Son regard était revenu croiser le sien. Les histoires d'hommes rencontrant les nymphes ne se terminaient jamais bien. Son bras abandonna les courbes envoutantes de la belle pour s'étendre hors de l'eau autour d'elle en une danse sensuelle et entêtante.
|
| | | Cécilie de Missède
Humain
Nombre de messages : 1257 Âge : 70 Date d'inscription : 01/03/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 21 ans - 1m59 Taille : 1m59 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: A la sombre fontaine | Shyn Mar 26 Nov 2019 - 7:46 | |
|
Des frôlements. Des dessins sur ma peau. Des caresses légères. Aguicheuses. Si différentes de celles que je connais... Si futiles. Dans le noir de cette nuit que je ne veux percer, il n'y a que le bruissement de l'eau, les crissements furtifs des insectes, les froissement de feuille au gré de la brise, et deux souffles. Très vite, mon oreille ne distingue plus que les deux souffles. Les frissons que créent ces touchés légers occupent mes sens. Je penche la tête pour dégager mon oreille et mon cou. Je m'adapte souplement à la course de ses doigts. Indolente. Réfléchir est un poids que je porte bien trop souvent. Les souvenir, le futur, les questions. Les devoirs et les angoisses que Dante me jetaient au visage, je veux les laisser sombrer dans un abysse. Que le néant les emporte, au moins pour quelques heures. et pourtant je ne peux pas m'en empêcher... - Et quelles questions voudraiih... " le son se perd dans ma respiration filante. Sa main est passée sous la surface de l'onde. C'est étrange. Je ne pensais pas qu'une main si frêle pouvait suffire à enflammer ma peau. Son odeur est douce, ses mouvements lents. Son corps abimé contre le mien. Les yeux clos, j'oublie ma main au creux de son épaule et l'autre sur le rebord inégal de pierre solide. Et sa voix suave, toujours un murmure... - ... Comment-ça ? " Elle vient de dire quelque chose. Concernant... Concernant quoi ? Sa peau glisse contre la mienne, ses lèvres descendent dans mon cou. Oui ! Elle parlais d'un intrus... Un intrus ? J'ouvre à peine les paupières au son de son récits, mais seuls deux flaques vaguement rouge passent devant moi avant les mouvements brumeux d'une ombre lascive. Je tends l'oreille pour localisé notre hôte. - L’honorer... " un mot tout particulier qui avait bien des sens en bien des langues. Dans la mienne, il porte une sonorité désagréable, rugueuse sur ma langue qui en devient moqueuse tout en se réjouissant par anticipation. Mes deux mains gagnent les épaules de la drow tandis que d'une impulsion, je laisse l'eau me porter face à elle. D'un sourire, je me pend à son cou. Mon corps se pose délicatement sur le sien, suivant sa posture, laissant mes jambes soutenues par l'onde. Cette sensation de ne rien peser et de ne pas toucher terre est toujours parfaite. Mais le corps contre lequel je me presse pour atteindre ses lèvres est étrange. Même faible, la courbure de son buste est aussi déroutante que l'absence flagrante de proéminence un peu plus bas. C'est... déplacé. L'idée, loin de m'agacer comme cela aurait pu être le cas quelques jours avant, m'amuse. Même après toutes ces années et tout ce que j'ai fait, certaines choses peuvent encore me paraitre délicieusement défendues. Le tabou est là. Ma poitrine le caresse. Mes mains y sont pendues. Mes lèvres l'effleurent avant de se tendre jusqu'à son oreille effilée. Un frôlement du nez, de la langue, des dents. Et quelques mots. - J'en ai envie... Mais si nous l'invitons, il n'en reviendra pas. Alors si tu tiens à sa vie, chasse le avant que les Nymphes ne l'emportent. Mais plutôt que de la laisser répondre de suite, je m'éloigne d'une poussée, un sourire sibyllin aux lèvres. Des Nymphes... Les contes et les histoires me reviennent. Prenant appui des deux mains sur le rebord dans mon dos, je me hisse sur la pierre et croie les jambes, exposant toutes les marques étranges qui s'étendent sur ma peau dans le rayon de lunes qui nous parvient. Sans me départir de mon sourire, sur le fil du souffle, une chanson me vient. En vieux norrois, c'est une mélodies qui m'est déjà venue bien des fois. Parfois, je la fredonne sans m'en rendre compte, surtout lorsque je range ou prépare diverses choses. A la veillée, elle m'était déjà venue, pour une fin de soirée dans l'atmosphère chaude de nos bivouacs. Une berceuse entendue à Lourmel qui pouvait aisément prendre les accents éthérés des chants des nymphes et des fées. Cristalline, je laisse ma voix monter, glisser et bondir en d'agiles arabesques. Mes paupières se ferment. L'air vibre paisiblement dans mon crâne, porté par la confiance que je voue à mes cordes vocales.
|
| | | Shyn'tae Vaen're
Drow
Nombre de messages : 639 Âge : 42 Date d'inscription : 10/01/2019
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 297 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: A la sombre fontaine | Shyn Dim 1 Déc 2019 - 23:19 | |
|
L'humaine se laisse guider, se laisse conduire, se laisse caresser. La drow sourit, enchantée. Elle est lente, alanguie. Elle n'est pas certaine que sa compagne écoute tout ce qu'elle lui dit, et cela ne la préoccupe guère, car pour le moment, ce ne sont pas des réponses qu'elle recherche, ce n'est pas le savoir qu'elle désire.
Elle prend son temps, car cela fait partie du jeu. Il ne faut pas aller trop vite, il faut apprendre à se connaitre. Jusqu'où la pâle demoiselle est-elle prête à aller? Sa sombre moitié l'ignore, mais ce dont elle est certaine, c'est que c'est un jeu d'autant plus difficile à quitter qu'il progresse. Les doigts graciles glissent, effleurent, tantôt la courbe d'un sein magnifique, tantôt celle de sa taille, puis la hanche, peu à peu plus bas , joueurs, là où l'experience et l'instinct la guide, à la recherche du désir. Elle écoute les reactions de la demoiselle, découvre ce qui peut la faire vibrer.
- L’honorer... " La drow n'est pas certaine du sens que revêt le mot dans la bouche de son amie. Probablement bien plus qu'il n'en a dans la sienne. Malgré tous ses efforts, les finesses et les subtilités de l'Oliyan lui échappent décidemment encore. Quoique. On parle bien d'honorer Isten. Mais si cela l'avait fâchée? Shyn'tae avait déjà senti les réticences de son ami, sans comprendre leur origine. Son amour pour Dante? Apparemment les humains sont exclusifs, ce qui est stupide, compte tenu des ennuis que cela attire.
Mais les éphémères ont souvent tellement d'autres problèmes avec les plaisirs de la chair qu'il est difficile de savoir.
"Tu ne peux pas t'arrêter de réfléchir, parfois?" glisse en elle une pensée moqueuse dont le cynisme délicieux la fait frissonner. Oui. Si l'excitation est trop forte, elle peut arrêter de réfléchir.
Son corps s'est penché, a rejoint sa main pour caresser à son tour, entier, souple, sensuel.
Une paire de bras la surprend et l'enlace, L'humaine se soulève. Shyn'tae se trouve petite, mais Cécilie l'est plus encore, alors son poids léger comme une plume s'appuie sur le sien, et leurs corps nus s'unissent l'un à l'autre.
Le cœur de la drow bat plus fort.
Et si au lieu de réfléchir, elle lui faisait confiance?
Un frisson glisse sur la peau de la sombre dont les mains se posent sur le creux dos de sa compagne comme dans une danse sensuelle.
Ses oreille effilées se tendent joliment.
C'est d'abord un souffle contre l'une d'elle, Shyn'tae retient son souffle. Puis le nez pâle en trouve le lobe, puis la longueur. Les lèvres le rejoint, puis les dents.
La daedhelle se tend et ne pense pas à retenir un miaulement étouffé. L'humaine murmure des mots.. non des sons, Shyn'tae les écoutera ensuite, car tout ce qui compte à cet instant ce sont les douces caresses qui éveillent ses sens. Elle ferme les yeux lève la tête, offrant volontiers son oreille frémissante.
Lorsque finalement, le cœur battant, elle reprend contenance, c'est le désir que Cécilie admire dans ses yeux avant que, alanguie sur le bord du bassin, elle ne commence à chanter. L'autre nymphe d'abord admire sa congénère, écoute sa voix s'élever. Cela fait longtemps que la drow n'a pas chanté elle même. Des souvenirs remontent comme des bulles venus des abysses, l'arrêtent, la rendent rêveuse. Il y a des ennéade, cet abysse l'effrayait.
Maintenant, elle veut y voir l'expression de la plus grande des libertés, dont surgit parfois autant de trésors, de leçons et de cauchemars. Elle se rappelle. Elle, entonnant les chants rituels avec ses sœurs daedhelles, leur voix unies dans un vibrant hommage aux dieux.
Shyn'tae sourit et fend l'onde vers sa compagne. Un baiser vient honorer cuisse pâle ornée d'encre. Les lèvres noires comme la nuit de l'elfe suivent les motifs. Ses mouvements se délient, ses paupières se referment, elle se laisse guider par le chant.
La drow s'élève graduellement. Elle danse, sinueuse, sensuelle, remonte sur la peau, la frôle de ses membres, de son corps, y depose des baisers. Ses cuisses, son ventre, ses seins, sa gorge, avec une lenteur qui ne doit rien au hasard mais tout à l'éveil des sens. Finalement un murmure plein de malice s'élève à son oreille.
- Laissons le admirer encore un peu… Je veux te faire découvrir quelque chose."
Alors la danse de la daedhelle fait le chemin inverse, plus lentement encore, elle s'attarde sur la pointe de ses seins, en orne chaque courbe de baisers. De caresses en cajoleries, sa main joueuse remonte quant à elle le long de sa cuisse…
Jusque là où les baisers langoureux de la drow y conduisirent aussi ses lèvres.
|
| | | Cécilie de Missède
Humain
Nombre de messages : 1257 Âge : 70 Date d'inscription : 01/03/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 21 ans - 1m59 Taille : 1m59 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: A la sombre fontaine | Shyn Mer 4 Déc 2019 - 21:21 | |
|
Mon souffle réussit à tenir la mélodie au gré de la danse des lèvres et des mains de la jeune noiraude. Elle suit et guide ses pas sur les marques et les courbes qui modèlent ma peau. Ma voix peu à peu alanguit soupire les notes qui cessent de bondir pour couler entre mes dents.
Là, sur le côté, j’ai de plus en plus conscience de la présence du jeune homme qui nous observe. De mystérieuses feuilles se froissent à chacun de ses mouvements saccadés. Sa respiration siffle et tremble, bien moins discrète qu’il ne semble le croire. Il est fébrile. De temps à autre, la brise humide nous jette au visage d’infimes effluves. L’eau me monte à la bouche. Un soupire d’aise met un point final à ma mélopée.
Les yeux clos, je laisse Shyn’tae tracer sa route de plaisir sur ma chair. Ma jambe vient se caler sur son épaule et je m’appuie des deux mains sur le sol de roche derrière moi. Alors c’est ainsi. Deux femmes peuvent réellement se donner du plaisir… Même si je ne peux m’empêcher de penser que même ainsi, il manque quelque chose. Une poigne. Une odeur. Un son. Une force. Elle maîtrise ma respiration avec maestria, orientant mes réactions de quelques mouvements précis.
Mais la Faim est toujours là.
Et la Faim se fait d’autant plus pressante que mon esprit vacille.
Les crocs aiguisés de la créature que je suis suintent de bave et rognent leur soif de sang.
De Nymphe, je me fais Lamia.
Révulsée, j’ouvre les paupières, offrant mes pupilles dilatées à l’extrême à la pénombre nocturne. Leur teinte d’obsidienne cerclée d’un bleu infime cherche l’homme dans sa cachette végétale. D’un geste ample, je lui tend une main heureuse. D’un ‘viens’ soupiré au plaisir non dissimulé, je l’invite. Je retiens notre nature, la cachant derrière les attraits du spectacles.
J’attends. Je profite. Je caresse les cheveux de la sombre et oublie par instant la présence de notre voyeur. Jusqu’à ce qu’il approche. Jusqu’à ce que le plaisir se fasse plus intense. Sa main rugueuse de paysan se pose sur mon sein. Mes doigts le tire vers moi. Mes lèvres s’emparent des siennes. Nos volontés se lancent à l’assaut de son essence. Il écarquille les yeux. L’ombre rampe. Le froid se fait vif. Je lâche prise. D’esprit et de corps. Je me cambre. Un coup de dent arrache l’intégrité d’un être aussi facilement qu’une feuille de papier se déchire. Mes ongles se plantent dans l’épaule de Shyn’tae. Le plaisir. Sous sa forme la plus pure. En une rafale éthérée et physique.
Un grondement satisfait outrepasse les mâles lèvres dont je me sers comme bâillon. Un hoquet le tend comme il m’a tendu quelques secondes plus tôt. Un dernier hoquet. Je relâche sa bouche, aspirant sa dernière exhalaison, telle une vapeur visible même dans le noir le plus total.
Il tombe sur le sol de pierre.
Reprenant peu à peu mon souffle, je ramasse sa main caleuse tombée sur mon ventre et la repousse sur son torse immobile.
Mes yeux se posent à nouveau sur Shyn’tae, un sourire orgueilleux flottant sur mon visage aux joues rosées. La Faim est toujours là, mais moins pressante. Son Rythme ne me met plus sur la sellette comme c'était le cas près du puits. Je peux bien la ravaler encore pour quelques heures avant d'y penser à nouveau.
|
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: A la sombre fontaine | Shyn | |
| |
| | | | A la sombre fontaine | Shyn | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |