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 Par-delà le monde, nous verrons si la Terre est ronde [Francesco]

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Enrico di Montecale
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MessageSujet: Par-delà le monde, nous verrons si la Terre est ronde [Francesco]   Par-delà le monde, nous verrons si la Terre est ronde [Francesco] I_icon_minitimeMer 13 Nov 2019 - 17:13

PandémoniumLieu du RP : En dehors des cartes nautiques du monde connu.
Date du RP : An 18 du XIème Cycle
circonstances du RP : Voilà des mois que Francesco Cortès a pris la mer, lancé à corps perdu dans une quête insensée. Des années auparavant, un homme bravait les océans à la recherche de richesse, de pouvoir, et d'une destinée hors du commun. Après avoir enquêté sur l'avenir de ce fantôme, Francesco a embarqué en direction de l'inconnu. Avec pour seul cap le sud, il tente de retrouver le dernier grand explorateur, parti à la conquête de terres oubliées...
Ambiance du RP : Aventure - Exploration



An 11 du XIème Cycle,
Quelque part dans les confins du monde...


La tempête faisait rage, et les récifs serraient encore la coque de la Fleur du Roy, perçant la caravelle par les deux flancs. Voici broyé ce beau vaisseau, les naufragés le quittant en masse. L'orage avait pris les marins au dépourvu, sans qu'ils puissent faire quoi que ce soit pour sauver le navire. Néanmoins, sur les deux autres embarcations, l’ancre avait été rapidement jetée, et les chaloupes mises à flot tant bien que mal. Nulle crique à l’horizon pour abriter les navires, ils devraient passer la tempête ou couler, selon les caprices de Tyra. Les hommes en revanche devaient gagner le rivage coûte que coûte, et cela n’était guère chose aisée…

Ils souquèrent ferme, affrontant le vent et la marée avec l’énergie du désespoir. Trop nombreux pour tous quitter leur bâtiment en même temps, les marins étaient forcés de se relayer pour ne pas trop s’épuiser à faire les quelques voyages nécessaires pour vider l’entièreté des bateaux. Heureusement, ces hommes étaient rompus à la vie sur les océans, et c’est avec maîtrise et flegme qu’ils défièrent les vagues.

Au cours de l’évacuation, nul ne pipa mot. Pas une parole ne fut échangée. Le tonnerre, la pluie, le ressac vibraient dans l’atmosphère, mais pas un seul son provenant d’une bouche humaine. Ils étaient tous silencieux en débarquant sur la terre ferme. Car cela faisait des ennéades, des mois qu’ils ne l’avaient plus vue, mais surtout :

Ce n’était pas une terre qu’ils connaissaient.

Sur la plage encore battue par les énormes vagues, ils s’étaient tous rassemblés, détrempés et épuisés. Une immense canopée verdâtre s’étendait devant eux. De droite, de gauche, à chaque regard ils ne voyaient que l’infinie forêt et sa stature menaçante. Une jungle d’une luxuriance insoupçonnée. Et devant l’expédition fraîchement débarquée, trois hommes illustres :

Marco Solomeo, Ernest du Roc… et Hernán le Nélénite.

Ce dernier avait les bras croisés contre la poitrine, imperturbable malgré le vent et la pluie lui fouettant le visage, et imbibant sa barbe et ses longs cheveux corbeau. Il déclara soudain :

« Tu ne me croyais pas, Marco. Pourtant, nous y sommes. »

Le second acquiesça lentement, toujours incrédule. Demain, lorsque tout se serait calmé, il se ferait raser le crâne pour avoir perdu son pari. Ernest rétorqua :

« Nous ne savons pas nous sommes. Nous pourrions fort bien avoir fait le tour du monde et être atterri en Nanie. »

Hernán secoua la tête.

« Ca ne ressemble en rien aux terres des Nains. »

Un nouvel éclair zébra le ciel, illuminant la jungle. Hernán vit alors, sur la droite, l’immense embouchure d’un fleuve, a moins d’une lieue. Il se tourna une dernière fois vers la Fleur du Roy à la coque percée, puis vers le Levantin et l’Inferno ballottés par les vents. Ils ne pouvaient rester ici. Faisant un pas vers l’avant, il dégaina son sabre, levant la lame bien haut.

« Suivez-moi ! Nous allons attendre sous le couvert des arbres que la tempête se calme ! »

Comme un seul homme, les marins emboîtèrent le pas à leur capitaine, qui s’enfonçait déjà dans les profondeurs inexplorées de ce nouveau monde mystérieux…

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Francesco di Castigliani
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MessageSujet: Re: Par-delà le monde, nous verrons si la Terre est ronde [Francesco]   Par-delà le monde, nous verrons si la Terre est ronde [Francesco] I_icon_minitimeJeu 14 Nov 2019 - 16:46

« Venez mes amis
Il n’est pas trop tard pour partir en quête
D’un monde nouveau
Car j’ai toujours le propos
De voguer au-delà du soleil couchant
Et si nous avons perdu cette force
Qui autrefois remuait la terre et le ciel,
Ce que nous sommes, nous le sommes,
Des cœurs héroïques et d’une même trempe
Affaiblis par le temps et le destin,
Mais forts par la volonté
De chercher, lutter, trouver, et ne rien céder
. »*

   Sept ans plus tard…

   Au-delà des mers et des voies connues. Au-delà de l’imagination même et des rêves les plus fous, ancrés au plus profond dans les cœurs d’hommes insensés ; d’obscures silhouettes fendaient les airs et les eaux, s’avançant toujours plus inexorablement dans ce que l’esprit ne parvenait encore à réaliser. Elles s’étaient perdues et enfoncées dans les vastes étendues méridionales, suivant les astres étincelants dès les nuits tombées pour garder pieds et cap. Plus de cent journées les séparaient de la dernière fois qu’elles avaient quitté terre. Plus de cent journées à espérer, comptant minutes, heures et priant que la folie d’un seul les mène à une gloire éternelle. Tel était le but de la manœuvre, d’atteindre l’immortalité et la postérité ; d’aller où nul n’était revenu et rapporter au monde connu la preuve d’une vie en dehors de tout ce que l’on pensait savoir ou avoir déjà vu.

   Carolina, Bastia, Signora et speranza.

   Ils avaient été quatre navires à voguer au gré des vents et à la clémence des courants les berçant continuellement pour les mener toujours plus bas sur les traces d’anciennes voies mythiques d’une civilisation à tout jamais disparue. Si pareille entreprise avait pu voir le jour, les nisétiens en étaient bien les seuls et uniques responsables bien que l’on eut cru leur savoir perdu jusqu’à la fin des temps. Car des hommes, curieux et aventuriers, n’avaient su se restreindre aux limites acceptables. Des rêveurs ? peut-être ?! Des explorateurs ? sûrement ?! et des fous ? Sans nul doute ! Voilà ce qui les guettait depuis leur départ ; voilà ce à quoi ils étaient destinés avant de mourir et de sombrer dans l’oubli. Nul homme, saint d’esprit, n’aurait su expliquer véritablement ses choix en acceptant une telle chose. Tous s’étaient pourtant portés volontaires, préférant de loin la mort auprès de leurs frères plutôt que sur terre ravagé par les vers.

   Ils étaient partis ensemble et mourraient ensemble. Nul ne les contredirait plus jamais puisque maître de leur destinée, ils étaient.

   C’eut été bien beau alors de dire que seule la folie les avait accompagné. Que nenni ! La mort aussi s’était faite leur amie lorsque dans la nuit de la quatre vingt deuxième journée une mer déchaînée les avait privé de deux des leurs au doux nom de sperenza et de Signora. Oncques ne les revit atteindre l’aube après qu’une vague les aient emporté pour les faire gagner les abysses et l’antre de la voilée. Deuil et chagrin s’ensuivirent, privant au passage les hommes de denrées salvatrices menant aux pires ignominies redoutées des marins et dont le scorbut en était le paroxysme. Les uns moururent après les autres, se faisant emporter avec la même force destructrice que ces vagues toujours plus hautes et menaçantes. Il n’y eut pas un jour sans son lot de cérémonie d’adieu où l’on dut abandonner les carcasses encore chaudes d’amis, de frères, de pères ou de fils. C’eut été sans doute les pires des tempêtes à devoir surmonter. Et alors, les espoirs mourraient en même temps que les corps fondaient avec cette peur de plus en plus dévorante d’être le prochain condamné.
   -Combien de jours tiendrons-nous ?
   La question avait été discrète et posée avec la plus grande des fatalités. Combien de temps avant de mourir ? Ou plutôt… combien de temps avant que l’on ne finisse par céder aux plus bas instincts de l’homme.
   – Une ennéade, Amiral… en se rationnant, répondit son plus fidèle ami dénommé Ernesto.
   – Quelles nouvelles du Bastia ?
   – Deux morts hier, d’autres aujourd’hui. Ils nous suivent d’au moins deux encablures, signore.
   Il resta muet. Ses yeux étaient rivés sur les cartes nautiques aux limites sans cesse repoussées.
   – Amiral, reprit Ernesto.
   – Oui ?
   – Sommes-nous voués à mourir ici ?
   – Je l’ignore mon ami… avoua-t-il le ton empli d’une gravité lui étant si peu coutumière.
   Son teint était pâle, presque cadavérique. Son visage portait les stigmates de l’épuisement et de la privation. Hormis Ernesto, et quelques autres, rares étaient ceux à l’avoir vu sortir de ses quartiers pour ne serait-ce que prendre un peu l’air. Il s’enfermait la plupart du temps dans le plus profond des silences, préférant de loin l’isolement au contact des siens. Le Grand Amiral du Royaume, celui que l’on avait nommé autrefois el furioso dans ses jeunes années, périssait à petit feu. Les affres de la culpabilité étaient devenues des poids trop lourds à porter. Dans sa tête revenaient sans discontinuer les épisodes d’une vie maintenant révolue durant laquelle il avait atteint des sommets. Quel mal lui avait pris de partir sur les traces d’un autre illustre homme de la mer ? Quelle folie avait bien pu lui permettre d’emmener cent naufragés à ses côtés ?
   Qu’on le délivre enfin de ses souffrances ou qu’on lui donne raison.
   Il était temps que tout cela prenne fin.

*:
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Enrico di Montecale
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MessageSujet: Re: Par-delà le monde, nous verrons si la Terre est ronde [Francesco]   Par-delà le monde, nous verrons si la Terre est ronde [Francesco] I_icon_minitimeDim 17 Nov 2019 - 12:07


Par-delà le monde, nous verrons si la Terre est ronde [Francesco] 53hm
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La faim et la soif.

Elles tiraillaient les ventres et les bouches des hommes du Bastia. Naguère le symbole de leur liberté, ce navire s’était transformé en une infâme prison, dont ils avaient jeté les clés dans les profondeurs océanes. La gronde s’était emparée des marins, et plus d’une fois à bord du vaisseau la mutinerie avait failli éclater. Seule l’aura du capitaine à son bord avait réussi à prévenir un quelconque débordement, mais combien de temps encore le renom et la présence d’un tel homme pourrait retenir l’équipage de céder à la folie ?

Piezarre était éreinté. Ses dents commençaient à se déchausser, et ses nombreuses privations l’avaient amaigri, affaibli. Il devait se tenir droit pour donner l’illusion qu’il tenait encore la route, mais chaque nuit lorsqu’il s’effondrait sur sa couche, il se recroquevillait tel un prisonnier dans sa cellule, et se retenait de pleurer. Il avait tout laissé derrière lui pour se joindre à cette expédition hasardeuse. Il avait laissé femme et enfants, pour une rumeur folle.

Enrico, toujours vivant.

Près du bastingage à regarder l’horizon, Piezarre conspuait sa bêtise. Il méprisait maintenant l’amour fraternel, ce sentiment plus fort que tout qui l’avait poussé dans les bras de Tyra. L’océan, mais aussi la mort. La mort lente et douloureuse, entouré de cadavres en devenir, d’âmes en sursis. Son dernier repas remontait à quatre jours, et il avait dû le partager. Jorge, son bosco, en avait pleuré. Ce perroquet avait été la dernière chose à le rattacher au continent.

A contempler ce désert d’eau salée, il y avait de quoi devenir complètement fou. Plusieurs hommes, assoiffés, s’étaient jetés à l’eau pour s’en abreuver. Les pauvres hères avaient été laissés derrière. Moins d’hommes, plus de rations. Mais à présent qu’il n’y avait plus de rations, de dangereuses pensées s’insinuaient dans les cœurs malades des marins. Des pensées contre-nature, à en faire frémir les dieux.

Soudain, le nid-de-pie fit une très mauvaise farce, qui fit gronder l’équipage de dégoût et de haine.

« Terre ! »

Voilà deux fois que l’infâme prononçait cela dans la même ennéade. La première fois, il avait vu un reflet. La seconde, il avait confondu la terre avec des algues vertes particulièrement longues, sur une sorte de récif perdu dans l’océan. La troisième devait être un mirage, ou pis encore, le manque d’eau et de nourriture le faisait délirer. Il ne fallut que peu de temps aux hommes, d’abord moroses et immobiles, pour s’insurger et créer la gabegie sur le navire. Ils voulaient descendre le vigie de sa hune pour l’écarteler, ou lui faire avaler ses yeux. La tension était à son comble, lorsqu’il répéta fébrilement :

« Si ! Une terre ! Je la vois ! Regardez ! »

Piezarre avait regardé dans la direction qu’indiquait le jeune garçon. A son grand étonnement, lui aussi voyait quelque chose au loin. Une ombre. Un simple reflet ? Le navire tout entier se tut. Car tous, à présent, regardaient en direction de ce subtil espoir, qui pouvait fort bien être leur dernier. Ni une ni deux, Piezarre fit signe à Jorge de communiquer avec le Carolina. Avaient-ils vu la même chose ? Y avait-il une infime chance que le soleil ne leur ait pas joué de vilain tour ?

Car si c’était le cas, ils étaient tous perdus.
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MessageSujet: Re: Par-delà le monde, nous verrons si la Terre est ronde [Francesco]   Par-delà le monde, nous verrons si la Terre est ronde [Francesco] I_icon_minitimeMer 20 Nov 2019 - 16:52

– Qui sommes-nous pour décider qui devra vivre et qui devra mourir ?
La question avait été posée le plus simplement du monde aux trois hommes qui  lui faisaient face en cet instant crucial. Ernesto, son bosco, était resté aussi muet qu’une carpe. Ce marin expérimenté qui l’avait suivi fidèlement dans maints tourments n’était pas le plus avare en paroles des trois et se contentait la plupart de temps de remonter seulement les plaintes en provenance du reste de l’équipage. Les deux autres étaient bien plus mordants et lui faisaient continuellement s’interroger sur les raisons qui l’avaient poussé à leur proposer l’invitation. Le premier, du même âge que le sien, n’était point un marin endurci pour ne pas dire qu’il ne faisait point encore la différence entre une caraque et une caravelle. Cet homme, à l’embonpoint insolent vue les circonstances, était après tout bien plus bercé dans les sciences religieuses que celles de la marine. Il s’appelait  Boniface Descamps et était prêtre du clergé de Néera. Il avait saisi l’occasion d’une telle expédition pour anticiper l’éventuelle opportunité qu’aurait donnée la découverte d’une nouvelle terre.
   – Vous n’avez pas bien saisi mes propos, capitaine Cortés. Tous les hommes ont de la valeur et méritent certainement tous de vivre, je ne dis pas le contraire. Mais…
   Le prêtre s’arrêta en grimaçant. L’autre à ses côtés se chargea de finir ses propos.
   – Ce que le prêtre veut dire, capitaine. C’est que nous devrions songer à établir un ordre de priorité pour le rationnement en eau et en nourriture. A savoir que nous devrions privilégier les hommes les plus susceptibles de pouvoir terminer le voyage avant ceux montrant bien plus de faiblesses, comprenez…
   Celui qui venait de parler était le mage Merigard Heredon, de dix ans son aîné et sans-doute l’homme le plus intelligent de toute l’expédition. Il était un pur produit du nouvel Arcanum remis au goût du jour des années après sa dissolution. Réputé pour sa sagesse et son expérience, Francesco aimait autant sa compagnie qu’il avait appris à haïr ses conseils.
   – Je vois, oui… répondit-il. Dans ce cas, mes amis, nous quatre sommes les plus vieux et devrions céder nos rations aux hommes bien plus jeunes et capables de mener cette aventure à terme.
   – Et bien, hum… hum… toussota Boniface.  L’ordre de priorité devrait éventuellement prendre en compte les prédispositions de chacun à pouvoir faire régner la parole de la sainte-mère ou à prodiguer je ne sais quel sortilège en cas d’avaries, voyez-vous.
   – L’équipage ne saurait effectivement se passer du réconfort religieux...
   – Vous blasphémez, capitaine ?! s’indigna le père. Attention à vos mots ! J’ai accepté de rejoindre cette folle expédition parce que vous avez su nous convaincre, je vous le rappelle. Mais si aujourd’hui, nous sommes en train d’évoquer cette possibilité, si cruelle soit-elle, souvenez-vous que cela est de votre fait et non du mien.
   – Votre courage vous honore, répondit-il en se sentant bouillir. Ne croyez pas que le sort de mes hommes m’indiffère et que je fuis mes responsabilités.  
   – Calmons-nous mes seigneurs, intervint soudainement Ernesto. La fatigue, le manque d’eau et de nourriture pèsent sur nos nerfs, mais ne cédons pas à la bestialité.
   – Il nous faudra pourtant bientôt y songer, car si nous ne parvenons plus à nous entendre sur les règles, alors la loi du plus fort sévira et nous finirons coupés en rondelles pour apaiser les appétits les plus voraces.
   – Vous sous-entendez que nous céderons à l’anthropophagie, nous « êtres » civilisés, instruits et pieux ?
   Le prêtre se leva brusquement de sa chaise et fut déséquilibré au même moment par une forte houle. Son soulèvement devint ainsi suffisamment risible pour ne pas céder à son tour à l’envie de lui asséner un coup dans les glands. Mais au même moment, un oiseau vint se poser sur le rebord de l’une des six petites fenêtres composant sa cabine. Les quatre hommes restèrent un certain temps circonspects en découvrant un tel animal arrivé de nulle part. Etait-ce une hallucination commune ? Francesco se leva de sa chaise pour aller se saisir rapidement du volatil. L’oiseau, sûrement à bout de souffle, ne fit montre d'aucune résistance et se laissa attraper sans mal.
   – Nous sommes arrivés, affirmat-il en s’avançant dès lors vers le prêtre en lui présentant la bête. Il lui arracha la tête en un mouvement aussi vif que sanglant et jeta la carcasse. Tenez, père Boniface. Voilà de quoi vous repaître. Que notre discussion soit à présent à tout jamais envoyée dans les abysses de l’Océan que nous parcourons, car jamais plus nous ne jouerons aux dieux.
   Le silence gagna la pièce, tandis que le bedonnant Boniface s’était mis à scruter ses pieds.
   – TERRE !!! TERRE !!! TERRE !!! entendirent-ils en provenance du pont principal.
   En remontant sur ce dernier, Francesco redécouvrit les joies du bon air. Son équipage, en piteux état, lui jeta des regards tout aussi curieux que déboussolés en comprenant qu’il n’était sorti que pour entrevoir cette terre que l’on avait vue.
   Et il la vit, au loin, sur cette ligne d’horizon aux reliefs salvateurs. Il vit cette terre, ô combien grande et ô combien magnifique. Il vit la preuve, enfin, qu’il existait un autre monde à l’opposé du leur. Est-ce la fatigue une fois encore ? Est-ce à cause de ses nerfs mis à rude épreuve depuis des mois ? Il se donna le droit de sortir une larme qui se mit bientôt à perler sur sa joue pour finir d’alimenter l’océan.
   – Préparez les chaloupes !

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