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 Nous verrons où cela nous mènera - Solo

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Tibéria de Soltariel
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MessageSujet: Nous verrons où cela nous mènera - Solo   Nous verrons où cela nous mènera - Solo I_icon_minitimeLun 25 Mar 2019 - 23:58


Fin Favrius de l'an 12

Depuis son retour à Port-Royal et pendant tout le trajet en direction de Diantra, Hernando jetait d’incessants regards en direction de Tibéria. En descendant du bateau, il avait vu sur le quai une jeune femme animée d’une froide détermination, étonnamment solide sur ses jambes et loin d’être aussi émotive qu’au moment où ils se sont laissés. En fait, il n’arrivait pas à croire l’étonnante transformation de la jeune femme pendant son absence. Il en était aussi heureux que perplexe. Que lui était-elle arrivé?

« Je ne suis pas sur le point de m’écrouler, si c’est cela qui vous inquiète. » Lança Tibéria après l’avoir surpris plusieurs fois à regarder en sa direction. « Je n’ai pas non plus reçu de coup sur la tête ou d’autres traumatismes du même genre. Je vais très bien. »

« Navré… » Hernando se sentit rougir comme un jouvenceau. « Je sais que je me répète, mais je suis étonné de vous voir aussi… bien. »

Un sourire en coin, Tibéria regarda Hernando. Elle avait le regard brillant et paraissait totalement détendue. Même durant ses meilleurs jours à Soltariel, il ne l’avait jamais senti aussi bien. « Vous préfèreriez que je sois enfermé dans ma chambre plongée dans le noir comme au moment de votre départ? »

« Évidemment que non, mais… »

« Des gens sont passés pendant votre absence qui m’a aidé à me sentir mieux. Je ne vais pas mentir, ce n’est pas facile, mais rendu ici, je suis pas mal la seule responsable de comment je me sens maintenant. Sois je me morfonds dans mon coin, soit je fais quelque chose. J’ai décidé de faire quelque chose. »

La petite troupe remontait à cheval la pente douce d’une colline. Techniquement, Diantra sera visible depuis son sommet. Pour tous ceux qui faisaient partie de ce voyage, le retour dans la capitale des hommes marquait la conclusion d’un long et pénible chapitre. Personne ne savait ce qui les attendait maintenant, mais ils étaient tous d’accord sur le fait que le pire était maintenant derrière eux.

« Messieurs, je vais vous dire ce que j’ai dit aux autres. Je ne retiens personne. Vous êtes libre de retourner dans le sud si c’est votre désir. Je pense surtout à vous, Hernando. Vous avez rendu un énorme service à la couronne. Ils auront certainement une place pour vous, peu importe ce que vous déciderez. »

« Ce n’est pas pour la couronne que j’ai ramené Franco et à Soltariel, ils ne me feront jamais confiance. Je vous ai trop ouvertement soutenu. J’ai fait mon choix. Diantra n’est pas si mal et je pourrai toujours offrir mes services dans la milice ou m’installer sur une ferme… »

« Vous, fermier? »

L’ancien garde sourit à la remarque. Il n’avait effectivement pas la tête d’un fermier.

« Ma famille élevait des porcs pour en faire des viandes vieillies, de la charcuterie. Le meilleur jambon de tout Soltariel. Avant que je prenne les armes, mon père m’a enseigné tout ce qu’il savait. J’étais jeune et idiot à l’époque. Ça ne m’intéressait pas, mais aujourd’hui, j’ai envie de mettre à profit ce savoir. C’est l’occasion parfaite. Et vous? »

Cette fois, un large sourire illumina le visage de Tibéria.

« Ma famille a fait sa fortune dans le commerce, je vais donc faire la même chose. J’ai un nom à blanchir. Ils ont dit que les Soltari Beronti ne pourront plus jamais gouverner, mais ils n’ont jamais dit qu’ils ne puissent plus se lancer en affaire. Je ferais connaître votre jambon dans toute la Péninsule. Il a intérêt à être bon. »

Hernando renversa la tête en éclatant de rire, faisant faire à son cheval une légère embardée.

« Je savais que vous diriez un truc du genre! »

Tibéria éclata de rire à son tour. En posant la même question aux autres membres de son escorte, la plupart n’avaient pas de plan précis en tête, mais l’un d’eux caressait effectivement l’idée de retrouver ses parents vieillissants. Elle lui assura qu’elle fournirait tout ce qu’il lui faut pour faire le voyage jusqu’à Soltariel. Pour ceux qui étaient encore incertains de leur choix, rien de pressait. Ils seront toujours les bienvenus en sa demeure.

« Quel charmant endroit! »

Ils étaient devant une allée bordée d’arbres au bout de laquelle s’élevait une maison en pierre. Trop petite pour être un manoir, elle n’en restait pas moins d’une taille respectable. Ce n’était pas la propriété d’un paysan pauvre.

« Je crois qu’il y a un verger derrière. »

« Ah oui! Ce n’est pas une petite maison. Le paysan qui y vit doit être prospère. »


« Un producteur de cidre, peut-être… En tout cas, l’endroit est inoccupé depuis un moment. Le toit c’est enfoncé probablement sous le poids de la neige. »

La jeune femme resta songeuse pendant un moment avant de tirer sur la bride de sa jument pour l’engager sur la voie.

« Où allez-vous? »

« C’est parfait comme endroit. » Fit remarque Tibéria en se retournant. « Pour faire l’élevage et tout ça. »

« J’ai un peu d’argent, mais je ne pourrai jamais acheter un endroit comme ça. »

« Je peux payer la différence, ça ne me dérange pas. Pendant que vous élèverez vos cochons, j’exploiterai ce verger. J’en ferai du cidre. »


« Vous savez comment faire du cidre? »

« Pas du tout, mais je peux apprendre. Tout s’apprend pour celui qui en a la volonté. »

« Pourquoi faites-vous cela? »

« Faire quoi? »


« Vous lancer à corps perdu dans tout ce que vous faites. Vous n’y allez jamais à moitié. Oh, je vais acheter un verger pour faire du cidre, mais je n’ai aucune idée comment. Ce n’est pas grave, je vais apprendre. Oh, je vais accepter un mariage avec un homme de trois fois mon âge pour devenir duchesse, mais je ne sais pas comment on gouverne un duché… Tout ce que vous faites, vous y mettez toute votre énergie, toute votre passion sans savoir si ça va fonctionner ou pas. »

« Déjà, on ne peut pas savoir si quelque chose va fonctionner ou pas sans l’avoir essayé. Certes, il y a des risques plus calculés que d’autres, mais je considère ceci comme un risque calculé. Je ne regrette pas d’avoir épousé Arichis d’Anoszia, car je serais encore à Thaar sinon. J’ai peut-être perdu Soltariel et Béronia, je suis quand même libre de circuler et de vivre en Péninsule et je suis encore une noble. J’ai donc gagné quelque chose comparativement à avant. Maintenant, il y a certes beaucoup d’inconnus, mais nous pourrons aviser le moment venu. Et même si je devais vraiment mal faire pour la première et la deuxième année, jamais ces pommiers ne me feront de procès. Du coup, je propose que nous rentrions à la maison pour étudier nos options et voir où ça nous mènera. »

L’ancien garde se gratta pensivement la joue.

« Si j’accepte, je ne sais pas quand je pourrai vous rembourser… »

« Qui a parlé d’argent? C’est votre talent d’épéiste que je veux, mais on en reparlera plus tard. »

Tibéria talonna sa jument et reprit la route au petit trot.

« Ah oui, on m'a dit pour ça. Je vous avertis, j'aime hurler sur mes recrues! »
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MessageSujet: Re: Nous verrons où cela nous mènera - Solo   Nous verrons où cela nous mènera - Solo I_icon_minitimeDim 31 Mar 2019 - 14:49


Barkios de l'an XIV
2ème ennéade

Trois. Trois pour le nombre d’années depuis le procès. Trois années où les jours se sont succédé en amenant avec eux les saisons et une multitude de changements. Pour ça, il y en a eu : des bons et des moins bons, des faciles et des plus difficiles. Ça serait mentir d’affirmer que Tibéria ne s’est pas sentie dépassée à l’occasion. Ça serait aussi mentir de dire qu’elle n’a pas tendu l’oreille lorsqu’elle entendait des nouvelles venant du sud. Qu’elle n’a pas été fâchée en entendant les exploits de Félipé Cortès di Alcacio qui se présentait en héros alors qu’il n’était guère différent de ceux qu’il pourchassait. Il était juste plus malin, nullement plus honorable. Ces sentiments la tiraient vers l’arrière et elle le savait. Pour pouvoir progresser, elle devait faire la paix et c’est ce qu’elle fit éventuellement au bout d’efforts considérables. Il n’était pas question d’oublier, mais d’accepter les faits tels qu’ils sont en sachant qu’ils ne sont pas garants de l’avenir. Tibéria tourna donc définitivement le dos au sud pour se concentrer sur ses ambitions de marchandes.

D’abord il y eu la maison et son verger achetés d’un commun accord au nom de la jeune femme. Comme ils n’étaient pas mariés et qu’ils n’avaient aucunement l’intention de le faire, acquérir la propriété au nom d’Hernando présentait un trop grand risque. S’il devait mourir prématurément, Tibéria en perdrait aussitôt le contrôle et les revenus qu’ils en tireraient. Fidèle à elle-même, la jeune femme sauta à pieds joints dans son entreprise de cidre pour se rendre compte assez vite que ce n’était pas chose aisée. La première cuvée, sans être désastreuse, ne fut pas non plus un grand succès. Elle n’hésita pas à interroger les gens autour d’elle et à nouer de nouvelles relations. Les gens se méfiaient d’elle, car dès qu’elle ouvrait la bouche, ils comprenaient aussitôt qu’ils avaient affaire à une noble, mais Tibéria le savait et elle ne demandait rien sans payer en retour. Du coup, dès qu’elle le pouvait, elle rendait service. Que ce soit par le prêt d’une petite somme d’argent pour l’achat d’une bête de somme ou même enseigner à un enfant les bases de la lecture et de l’écriture, elle parvint se construire un petit réseau et à dénicher quelqu’un prêt à lui enseigner ce qu’elle souhaitait apprendre. Hernando se prêta aussi au jeu, car en faisant le choix de s’installer dans la région, nouer des amitiés avec ses voisins devenait une nécessité. Il n’avait pas l’aisance de Tibéria pour parler, mais il travaillait bien de ses mains. Il participa à des corvées et se fit rapidement la réputation d’un homme sur qui on pouvait compter. À la fin de la journée, ils étaient tous les deux épuisés, surtout Tibéria qui n’était pas habituée de travailler. Cela dit, elle retirait une grande satisfaction. À cela s’ajoutaient les leçons d’escrime quasi quotidienne avec Hernando. Elle adorait ça, surtout l’effet sur sa silhouette. La pure hargne des débuts faisait place maintenant à une technique plus affinée, mais surtout à une plus grande confiance en elle qui impactait tous les autres aspects de la vie de Tibéria. La métamorphose enchantait Hernando et tous ceux qui gravitaient autour d’elle. La jeune femme revenait de loin.

Les changements ne touchèrent pas seulement Tibéria et Hernando. Les hommes qui firent le choix de rester avec eux finirent par se marier avec des filles de la région et à fonder leur propre famille. Le cercle d’intimes s’agrandissait au fil des alliances et des naissances. Pendant les belles saisons, tout le monde se réunissait régulièrement au verger pour de grands repas familiaux à la mode Soltarii. Ils s’étiraient jusqu’à tard dans la nuit dans les rires et la bonne humeur. Tibéria adorait ces soirées, mais chaque fois qu’elle voyait un ventre s’arrondir annonciateur d’un bébé à venir, elle avait un petit pincement au cœur. Sofia grandissait et le désir d’être mère à nouveau, malgré toutes les difficultés de la première grossesse et le fait pourtant non négligeable qu’elle ait failli mourir au moment de l’accouchement, se faisait de plus en plus pressant. Certaines choses sont simplement incompréhensibles.

Hernando poussa la porte de la maison avec son pied, tenant Sofia endormie dans ses bras. À l’intérieur, il monta à l’étage pour la déposer dans son lit. En revenant au salon, il trouva Tibéria qui attisait les flammes du foyer.

« Elle ne s’est pas réveillée une seule fois, même en la déposant dans son lit. »

La remarque fit sourire Tibéria. Hernando ouvrit un cabinet et en sortit une bouteille qu’elle déboucha. Il en huma prudemment le contenu avant d’en boire une gorgée.

« Ce cidre n’est pas si mal. Je ne vois pas pourquoi tu es aussi critique à son sujet. »

« Il n’est pas poison. Tu vois, je lui ai trouvé une qualité. »

Tibéria rangea le tisonnier pour ensuite aller se planter devant Hernando.

« Je veux un bébé. »

L’ancien garde qui venait de prendre une autre gorgée de cidre, s’étrangla dessus et cracha l’intégralité du contenu de sa bouche sur le plancher, saisi d’une violente quinte de toux.

« Ce n’est pas la peine de réagir ainsi! » S’indigna Tibéria, pourtant très sérieuse dans sa demande.

« Tu… tu te rends compte de ce que tu viens de dire? »

Même à la lueur du feu, Tibéria voyait bien qu’il était devenu tout rouge.

« Parfaitement! Hélène va bientôt accoucher, Isabelle a les jumeaux les plus adorables que j’ai jamais vus et je suis certaine que ce n’est qu’une question de temps avant que Sarah nous annonce une grande nouvelle. Je veux un bébé… Sofia grandit et ça me manque... »

Depuis le temps, Hernando devrait être habitué aux soudaines lubies de Tibéria, mais il ne s’attendait pas à une telle franchise de sa part. Il avait pourtant bien vu le regard de la jeune femme en présence des enfants, comment elle avait tenu les jumeaux en question et tout, mais il gardait un souvenir très vif de la précédente grossesse et de comment ça faillit se terminer.

« Je sais, j’ai vu, mais dois-je te rappeler comment les choses se sont passées la première fois. Tu as été très malade et je ne crois pas qu’on va pouvoir trouver la racine qui te soulageait. »

« C’est un risque que je suis prête à prendre. Bon, Sofia dort, on s’y met? »
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MessageSujet: Re: Nous verrons où cela nous mènera - Solo   Nous verrons où cela nous mènera - Solo I_icon_minitimeMar 16 Avr 2019 - 0:25


Hernando ne sentait plus son bras, mais pour autant, il n’osait pas bouger, pas plus que respirer d’ailleurs. Tibéria dormait près de lui, se servant du membre en question comme d’un oreiller de fortune. Il entendait sa respiration lente et profonde, son qu’il avait écouté toute la nuit alors qu’il n’arrivait pas à dormir. Il était épuisé au-delà de la raison, mais les pensées se bousculaient dans sa tête, l’empêchant de trouver le repos. Que venait-il de se passer? Il y avait eu cette conversation surréaliste avec Tibéria juste après qu’ils soient rentrés et puis voilà qu’elle était dans son lit sans le moindre vêtement pour la couvrir. Dire qu’il n’avait pas rêvé ce qui venait de se passer serait un odieux mensonge, mais à aucun moment il n’aurait cru cela possible. Pourtant, Hernando sentait la masse chaude de son corps contre le sien et avait ses cheveux dans la figure. L’odeur de jasmin l’enveloppait, chaleureuse et envoutante. Il n’avait aucune affinité particulière pour les fleurs, mais ce parfum sera pour toujours associé à une seule et unique femme, Tibéria. Elle demandait encore à Cassio de faire venir les précieux pains de savon d’un artisan du sud qu’elle affectionnait particulièrement. Lorsqu’elle se baignait, l’odeur devenait entêtante. Il pouvait littéralement la suivre à l’odorat. À Soltariel c’était comme ça aussi. Lorsqu’elle marchait devant lui, les volutes lui montaient au nez. Il pouvait entrer dans une pièce et deviner qu’il y était quelques minutes plus tôt. Hernando ferma les yeux sachant trop bien qu’il ne pourrait toujours pas s’endormir. Sa raison le sermonnait. Il se répétait sans cesse qu’il n’était pas digne, qu’il aurait dû lui dire non et tenter de la raisonner — si on peut raisonner Tibéria Soltari-Beronti —, mais dans sa poitrine, son cœur voulait exploser. Il ressentait la même fébrilité qu’un tout jeune homme vivant ses premiers émois et réprimait avec peine une envie de sourire béatement. Il se sentait idiot et invincible en même temps. Ce n’était définitivement plus de son âge.

Lasse de ne pouvoir trouver le sommeil, il inspira profondément. Les quelques mèches de cheveux de Tibéria qui trainaient alors sur son visage lui chatouillèrent les narines, causant un éternuement explosif. La réaction fut immédiate. Tibéria sursauta en lâchant un petit cri de surprise. Hernando, son bras brusquement libéré, le ramena contre lui en grimaçant de douleur.

« Quoi !? Qu’est-ce qui se passe? »

« Rien, rien… J’ai éternué, désolé. »

« Tu as éternué? »

Tibéria jeta un coup d’œil en direction de la fenêtre. L’horizon prenait une teinte acier. L’aube était proche, mais ils avaient encore quelques heures de sommeil devant eux.

« Il est encore beaucoup trop tôt… »

Elle n’a jamais été du matin et elle ne le sera sans doute jamais. Elle baissa les yeux vers Hernando. Celui-ci se massait le bras dans l’espoir de soulager l’affreux picotement qui le paralysait.

« Ça va? »

Tout ce qu’Hernando voyait de Tibéria était une masse de cheveux informe qui plongeait la moitié de son visage dans l’ombre. Les rayons de lune qui passaient par la fenêtre éclairaient la moitié inférieure, traçant le contour délicat de sa mâchoire et de ses lèvres.

« Très bien, merci. »


À sa réponse, il vit ses lèvres se crisper légèrement. Elle devinait le mensonge et n’appréciait guère qu’on lui raconte des histoires. Pourquoi poser la question si elle se doutait déjà de la réponse?

« Menteur. Tu as la tête de quelqu’un qui n’a pas dormi. »

« Pourquoi poser la question alors? »

« Pour le principe. Lorsque quelque chose nous empêche de dormir, c’est important. Qu’est-ce qui te tracasse à ce point? »


Honnêtement, Tibéria avait envie de dormir, mais elle voyait bien qu’Hernando n’était pas bien. Il a toujours été une oreille attentive pour la jeune femme même si ses réponses n’étaient pas toujours celles qu’elle souhaitait entendre. Si Tibéria pouvait faire quelque chose pour apaiser ses doutes, elle le ferait, mais l’ancien garde hésita. Les hommes n’ont pas la même aisance quand vient le temps de dévoiler leur vulnérabilité. Il tourna la tête pour regarder en direction de la fenêtre tout en ouvrant et fermant son poing. Qu’est-ce que ça faisait mal! Il lui fallut un long moment avant d’oser parler.

« Je me sens… » Il soupira, visiblement agacé. « Tu sais, ce n’est pas le genre de chose que j’aime révéler au monde. »

« Révéler au monde? Nous sommes en plein milieu de la nuit et il n’y a que toi et moi dans cette pièce. »

« C’est une façon de parler. »

Tibéria haussa un sourcil avant de s’étendre sur le lit, cette fois sa tête contre l’oreiller.

« Je ne peux pas te forcer à parler, mais je peux peut-être dédramatiser la situation. Est-ce que quelqu’un risque de mourir? »

« Heu… je ne crois pas, non. »

« Très bien. Est-ce que ça concerne un truc qui pourrait impacter la vie de plusieurs personnes et/ou causer un incident diplomatique quelconque? »

Cette fois, Hernando pouffa de rire.

« Je t’interdis de rire. C’est très sérieux. »


« Non, je ne pense pas qu’on risque l’incident diplomatique. Dis-moi que tu n’établissais pas tes priorités selon ces critères... »

« Parfois… Si la vie de personne est en danger ou que l’impact est limité, disons que ça remet les choses en perspective. Ce n’est pas si important. Après, il y a la question du point de vue, mais il est beaucoup trop tard pour commencer à se poser autant de questions existentielles. »

Hernando tourna la tête vers Tibéria.

« Je suppose que c’est ça, je me pose trop de questions. »

« C’est généralement ça le problème. »


« Donc, qu’est-ce que je suis censé faire maintenant? »

« Tu peux boire jusqu’à ne plus penser du tout ou tu te dis : eh merde, la vie est trop courte pour m’embêter avec ce genre de problème. C’est à toi de voir, mais personnellement je préférais ne pas partager ma maison avec un ivrogne. »


« C’est toi qui dis ça? »

« Je ne bois pas tant que ça… »

« Tu as la même décente qu’un marin! »

« Et toi tu es un casse-pied… Bonne nuit! »

Tibéria disparut sous les couvertures. Hernando sourit.

« Bonne nuit! »

Elle avait raison, Hernando pensait beaucoup trop. Il devait plutôt s’estimer heureux d’être ici. Malgré toutes les difficultés, les choses allaient bien maintenant et ils avaient un avenir prometteur devant eux. C’était à lui d’en profiter. Sur cette sage pensée, il s’endormit.

Hernando se réveilla trois heures plus tard. Il avait l’habitude de se lever très tôt avant, même avec peu d’heures de sommeil dans le corps. Il se redressa avec précaution. À ses côtés, Tibéria s’était fait un nid sous les couvertures d’où dépassaient un pied, une main et des cheveux. Si personne ne venait la déranger, elle était bien capable de passer toute la journée au lit. Il attrapa ses braies, les enfila en silence puis ouvrit tous les volets de la chambre, laissant les rayons du soleil inonder les lieux. Voilà la façon la plus douce de réveiller Tibéria. Il laissa donc la jeune femme pour descendre à la cuisine. Hernando avait une idée, une petite attention pour faire plaisir à Tibéria. Il attrapa un plateau qu’il entreprit de couvrir de nourriture : du pain, du beurre, du miel, des pommes, du fromage et un peu de jambon froid fumé. Voilà de quoi lui mettre un peu de viande sur les os.

Avec son plateau, il remonta à l’étage. De retour dans la chambre, il trouva Tibéria assise sur le lit, enveloppé dans les draps et le regard passablement absent.

« Bien dormis? »

« Hum… »

Il ne fallait pas s’attendre à plus de réactions de sa part.

« J’ai amené le petit déjeuner. »

Il déposa le plateau au pied du lit. Tibéria y jeta un coup d’œil. Elle attrapa un bout de fromage qu’elle grignota du bout des lèvres.

« Merci, c’est gentil. »

Hernando prit du pain qu’il tartina de beurre et de miel qu’il donna à Tibéria. Il s’en prépara aussi avant de s’installer sur le lit aux côtés de la jeune femme. À mesure que la nourriture faisait son chemin jusqu’à son estomac, elle reprenait vie.

« Il est quelle heure? »

« Pas loin de 9 heures, je crois. »

« Tant mieux, je ne suis pas en retard. Je dois aller rejoindre Cassio plus tard. Tu devrais venir aussi. »

«  Je veux bien, mais pourquoi? »

« Oh… c’est juste un projet que j’ai en tête depuis un moment. »

Tibéria croqua dans une pomme, sachant très bien quelle serait la prochaine question. Toujours aussi prévisible, cet homme.

« Quel projet? »

« Tu verras, mais je suis certaine que ça va te plaire vu que c’est toi qui m’as donné l’idée. »

Du coup, Hernando ne savait plus quoi penser. Que pouvait-il bien avoir dit pour inspirer Tibéria à faire quelque chose. C’est qu’ils discutaient beaucoup ensemble. La jeune femme se leva du lit, aussi nue qu’au jour de sa naissance. Elle attrapa sa chemise qui gisait au sol et l’enfila. Le tissu était si fin, si transparent, qu’il ne cachait pas grand-chose.

« Je vais me laver. Va t’occuper des porcs et prépare-toi. Cassio déteste attendre. »

« Dis-moi, dois-je me présenter là-bas armé? »
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