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Sujet: Un pari fou (Artiön) Mar 17 Déc 2019 - 0:03
Colomban Christofan
Isgard, Panahos, 3e ennéade de Barkios An 17, Cycle XI
Gaubert observait le gros bonhomme qui lui faisait face. Engoncé dans sa tunique bleue, le sieur Christofan s'était perdu en révérence et en compliment pour demander le financement de son expédition. Le ventripotent gaillard voulait explorer l'Olyia et en cartographier les rives. Il s'était présenté comme un aventurier, explorateur et marchand qui souhaitait parcourir l'interminable fleuve qui traversait la moitié du continent et y nouer des contacts au nom d'Odélian. Le comte avait bien comprit qu'il était bien plus intéressé par le voyage que par la destination mais il réfléchissait aux mots de Colomban. Il se lissait la barbe en regardant la mine rougeaude du joufflu à moustache qui semblait suer quelque peu sous sa toque en feutre. Pendant qu'il exposait les étapes de son périple, le comte retraçait les contours du fleuve et se remémorait les cartes qu'il avait consulté des centaines de fois. Levant un sourcil, Gaubert prit la parole en posant son poing contre sa joue, accoudé sur le bord de son fauteuil matelassé.
Vous avez prévu de passer par les terres elfiques, j'imagine. Vous avez l'intention d'y faire escale ?
Colomban se passa l'index sous le col, cherchant à desserer l'étreinte du tissu autour de son gloître.
Eh bien ... Oui, je compte faire escale en Anaëh ... Si les habitants le permettent, faire quelques croquis ... De ... La faune, la flore locale ... Peut-être même de la ville ... Vous êtes un vrai érudit, Monsieur. Je l'espère, votre Grandeur. Non, je le suis ! Et avide de découvrir les beautés de ce monde ... Au nom d'Odélian et du Roy ! Du Roy ! Bien sûr.
L'enfant-roi dont la légitimité était on ne peut plus bancal. Un môme sortit du fion de Cleophas quelques années auparavant et qui, de manière fort convéniente, s'avérait être l'héritier de la maison d'Ivrey, revenu des morts. Malgré ses doutes le concernant, la Péninsule semblait avoir accepter et reconnu la chose, nommant des régents pour entourer le mioche jusqu'à sa majorité. Il se garderait bien de faire connaître ses réserves à tous, mais ne se privait pas pour penser que tout ceci relevait de l'usurpation. Gaubert se lissait la barbe tandis qu'il poursuivait.
Et comment allez-vous vous faire comprendre des habitants de l'Anaëh ? Vous parlez l'elfique ?
Le dodu explorateur souria, pas déstabilisé une seconde par la question et répondit immédiatement, presque en fanfaronnant.
Non, Monseigneur, mais mon second, oui !
Un homme grand et fin au visage émacié s'avança, vêtu d'une tenue bien taillé, mélant jaune et bleu.
Laissez-moi vous présenter, Diloïn. Un sang-mêlé elfe que j'ai rencontré il y a plusieurs années de ça. Un marin hors pair et un brave compagnon qui ... Son histoire m'intéresse assez peu, Colomban. Vous avez donc un interprète. Oui, votre Grandeur. Mes excuses, votre Grandeur.
Le sieur Christofan se confondait en inclinaison, rougeoyant de la face en faisant cogner son médaillon sur sa bedaine. Les méninges du vieux comte tournait à plein régime. L'ébauche d'un plan se dessinait. Une utopie peut-être. Un pari fou ! Et pourtant rendu possible par ce gros plein de soupe qui se dandinait d'un pied sur l'autre et de son interprète au nom peu commun. C'est d'ailleurs vers lui qu'il tourna son regard.
Et dites-moi ... euh ...Machin ... Diloïn, votre Grandeur. Oui voilà ! Vous sauriez traduire une missive officielle en elfique ? Bien sûr, votre Grandeur ! Bien, très bien.
Etait-ce réellement si fou que ça ? Il avait là une occasion inespéré et unique de nouer un contact avec l'Anaëh. Un contact perdu par le Royaume depuis des années. La Péninsule avait eu vent de l'ascencion d'un nouveau roi des oreilles pointues et, à sa connaissance, aucun humain n'avait cherché à le contacter ou à la saluer. Et si ce quelqu'un, c'etait lui ? Gaubert le diplomate. L'ami des Elfes. Le Sage nordien qui oeuvra à reformer le Conclave des lumières et l'ancienne alliance entre les peuples. Odélian, terre moquée et traînée dans la boue depuis tant d'année en ressortirait grandie, aux yeux de tous. Il frappa du plat de la main sur son accoudoir, enjaillé par ses pensées grandioses.
Soit ! Je vous finance, Sieur Christofan ! Mais j'aurai une mission à vous confier !
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Arkuisa, 3e ennéade de Barkios An 17, Cycle XI
Colomban se tenait sur le pont du foncet qu'avait fait affréter le comte Gaubert. Le petit navire fluvial remorquait une flette, où il avait fait monter deux chevaux de la race odélianne. Un étalon, massif et musculeux à la robe isabelle avait pris place dans une stalle. Les franges de poils qui couronnaient ses sabots étaient noires et contrastaient superbement avec la robe dorée de l'animal. La seconde stalle, qui avait été amené sur la flette, abritait un jument baie. Du fourrage et des lads avaient pris place à bord, afin que les deux magnifiques bêtes ne manquent de rien dans leur écurie flottante. Le pavillon au Cygne flottait à l'avant sur une hampe ajouté pour le voyage.
Depuis le quai, le comte d'Odélian assistait au départ du convoi en levant la main. Colomban remonta sa ceinture sur son ventre rond en déglutissant, à la fois anxieux et impatient de découvrir les beautés qui l'attendaient dans son voyage. Gaubert avait remis une missive à Diloïn afin qu'il en traduise les mots et la remette aux elfes pour signifier le but de leur mission. Colomban avait lui reçu la charge des autorisations officielles émanant du comte, le laisser-passer pour franchir l'Etau sans encombres et le permis de battre pavillon odélian et de commercer au nom du comté. Un long voyage commençait.
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Territoire de Linaëh, Julas, 4e ennéade de Barkios An 17, Cycle XI
Le convoi odélian arriva enfin en vue de quais élancés et graciles, signifiant à Colomban qu'il avait bien franchi la frontière invisible qui l'avait fait entré dans le territoire elfique. Sortant son fusain et une page de parchemin, il se mit à dessiner l'architecture pleine de volûtes et de spirales qui tranchait avec celle bien plus massif et rectangulaire qu'utilisait les péninsulaires. Il avait passé les portes d'un autre monde, bien plus harmonieux et gracieux, les arbres et la flore semblaient épousés les formes ondulantes des bâtiments à moins que ce ne fusse l'inverse. Il venait à ne plus savoir ce qui se marrier avec quoi. Le bonhomme en charge du massif gouvernail, qui se prénommait Léonard, un homme dégarni aux bras larges comme des tonnelets, s'appliqua à manoeuvrer pour faire accoster la flette en premier avant de faire glisser le foncet jusqu'aux immenses quais de bois sculptés.
Colomban et Diloïn posèrent le pied sur le sol des terres elfiques les premiers. Deux elfes, que l'explorateur, qui culminait à un mètre soixante, trouva immense s'approchèrent d'eux, visiblement ébaubi par le spectacle d'un convoi humain arrivant jusqu'à eux. Grâce à DIloïn, ils purent exposer les raisons de leur venue, leurs ambitions, la mission et les présents que souhaitaient offrir le comte Gaubert au Roi des Elfes. L'accueil fut cordial, même s'ils ne furent pas autorisé à quitter les rives de l'Olyia pendant une ennéade entière, le temps d'en avertir la cité d'Alëandir. Au bout de cette relativement longue attente, que Colomban brisa en dessinant à peu près tout ce qui se révélait à son regard qu'ils furent autorisés à pénétrer plus avant.
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4e et 5e ennéade de Barkios An 17, Cycle XI
Le voyage fut long et dépaysant. La délégation humaine passa à travers une végétation qu'il ne connaissait pas, à travers des chemins qui serpentaient au milieu d'arbres gigantesques et millénaires. Des bêtes, tout droit sortis des rêves et des légendes passèrent prêt d'eux, curieux de voir cette cohorte étrange, encadré par des elfes en armure. Ils virent l'immensité de cités elfes ou la plus petite bicoque pouvait faire entrer deux hommes l'un sur l'autre sans qu'aucun n'effleure le plafond. Des statues finement taillés et si monumentales qu'on aurait pu penser que des géants les avaient façonnés. Colomban écarquillaient les yeux comme un enfant dans un magasin de confiseries, croquant systématiquement l'architecture et les endroits merveilleux qu'il n'avait jamais osé imaginer. Il se risqua même à dessiner quelques habitants en omettant le regard intrigué qu'ils offraient toujours à son crayon. Il en venait à se demandaer si ils avaient déjà vu des humains. Probablement, mais pas chez eux ! Puis vinrent les montagnes du Daranovar, véritable crocs de pierre qui fendait les frondaisons pour venir croquer les nuages qui s'accrochaient autour des sommets. Là encore, la nature et la civilisation s'entremêlait à la perfection. Roches, habitations, arbres, fleurs, buissons, temples, casernes ne formaient qu'un tout harmonieux et ne fut qu'une source d'inspiration intarissable pour les pages de carnet qui se remplissait de dessins du périple de Christofan. L'explorateur à la fine moustache ne pouvait retirer le sourire qui faisait naître des bourrlets autour de son visage, tant il était émerveillé à chaque pas. Et ce fut enfin, qu'ils entrèrent en Alëandir.
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Alëandir, Julas, 6e ennéade de Barkios An 17, Cycle XI
La Cité Blanche portait bien son nom. Tel une perle nacrée, cise au coeur de l'antique forêt, elle semblait illuminer les arbres. Ce qu'ils avaient vu jusqu'alors, bien que merveilleux, leur parut soudain bien fade face à l'indescriptible beauté de la capitale des elfes. Colomban n'avait ni les mots, ni la sensation d'avoir le talent de dessinateur pour rendr ehonneur à la grâce de chaque bâtiment, de chaque escalier, de chaque statue. Leurs guides les amenèrent sur une place circulaire, une sorte de lierre gigantesque enserrant les colonnes qui encerclaient l'endroit. Le lieu était grandiose et féerique, à la fois complexe et d'une simplicité déconcertante. un des elfes leur dit une phrase avant de disparaître vers l'immense palais qui leur faisait face. La silhouette d'un arbre immense, cent fois millénaire au vu de la taille, les observait de toute sa hauteur. Ils étaient là, un gros explorateur en mission marchande et son interprète, une poignée d'elfes et un couple d'immenses chevaux odélians, au coeur du royaume elfique, attendant leur sort.
Dernière édition par Gaubert de Prademont le Mer 18 Déc 2019 - 18:16, édité 2 fois
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Mar 17 Déc 2019 - 17:23
Arkuisa de la 4e ennéade de Bàrkios ~ automne 17e année du XIe Cycle Alentours de midi Palais d’Alëandir
Des humains en Anaëh… C’était la dernière chose à laquelle tu te serais attendue, et actuellement, c’était la dernière chose dont tu avais besoin. Glinaina venait de passer. La question de Naélis était aujourd’hui encore – et à raison – en suspens. Quelques années auparavant, les nains vous proposaient de renouer le contact qu’ils vous avaient longtemps refusé, pour finalement disparaître aussi rapidement qu’ils vous avaient croisés. Et les drows qui se rapprochaient directement par le Sud… Il y a quelques dizaines de jours à peine tu déclarais que l’Anaëh ne pouvait plus se permettre d’ignorer l’extérieur, car l’extérieur a beau être ignorant de la vérité d’Anaëh, il a les yeux posés dessus. Tu prononçais ces mots sachant qu’il viendrait rapidement un jour où l’extérieur tenterait de percer au travers de vos frondaisons. Mais pas si rapidement ! Maintenant n’était pas le moment ! Vous aviez autre chose à faire que de discutailler avec les Arïn quand vous aviez les retombées d’une restructuration globale et d’un potentiel nouvel effort de guerre à gérer ! Ou bien… ou bien au contraire peut-être étais-ce le moment idéal pour offrir à ceux que la dernière décennie a suffi pour effacer votre souvenir une nouvelle vision du peuple elfe. Une vision qui les force à vous traiter avec un peu plus de respect qu’ils ne l’ont fait jusqu’ici.
C’est avec une certaine réserve que tu écris le courrier destiné à donner aux mortels le droit de passage, et c’est avec plus de réserve encore que tes Conseillers acceptent de le faire passer. Quelque chose s’est joué à l’instant. Quelque chose se jouera demain. Le tout est de savoir si tu sauras déplacer les bons pions. Les tiens te font confiance. Cette rencontre pourrait être ce qu’il vous est arrivé de mieux depuis longtemps comme le début d’une véritable malédiction.
Voilà qui s’annonçait délicat.
Julas de la 6e ennéade de Bàrkios 17e année du XIe Cycle Alëandir
La journée d’aujourd’hui était froide. Comme tu les aimes. Voilà qui s’annonçait donc un bon présage pour la rencontre à venir. Incessamment sous peu, on viendrait te chercher pour que tu ailles à la rencontre des représentants des Royaumes Péninsulaires… et que tu voies de tes propres yeux ce que même les tiens s’étaient retrouvés forcés d’appeler de belles bêtes. La dernière ennéade avait bien fait son travail. La rencontre était maintenant inévitable, tu t’y étais fait, et tu en étais d’autant moins rongé par l’appréhension.
- Aran’Lîn, les fíreb sont aux pieds du Palais.
- Entendu.tu accompagnes le mot d’un hochement de têteFaites prévenir un interprête.tes sourcils se froncent légèrement, en pensée à celui que vous aviez récemment perduJe m’y rends de ce pas.
- Ainsi vêtu ?l’elfe t’offre un visage interloquéJe vous ai connu plus extravagant dans de moindres circonstances.
- Pour une fois qu’on a une journée fraîche à Alëandir.le coin gauche de tes lèvres se soulèveCe serait dommage de ne pas en profiter.
Un dernier signe du menton et il s’en allait, tandis que tu te levais, et partais en direction de l’entrée. Sans les baroques atours qui sont habituellement les tiens, les tempes rasées de près, la courte chevelure qu’il te reste plaquée vers l’arrière de ton crâne, et marqué par tes récents tatouages, il n’y avait peut-être plus que ton sceptre qui puisse faire office de signe distinctif d’un régent comme l’entendent les Péninsulaires. Et peut-être y a-t-il là une certaine revendication de ta part. Du moins pas peut-être. Il y a là une revendication de ta part. Tu es l’Aran, et tu n’as pas besoin d’affriolantes toilettes pour le faire comprendre. Même en tant qu’Aran tu n’es pas plus ni mieux que tes frères et sœurs. Quoique s’ils se rendaient compte de la qualité des tissus que tu portes, peut-être les pans de manteaux bigarrés n’auraient-ils pas fait grande différence… mais s’ils se rendaient compte de la qualité des tissus que tu portes, c’est qu’ils étaient plus observateurs que tu ne l’imagines.
Rejoint in extremis par ton traducteur, tu t’approches à grands pas du duo d’étrangers. Comme tu t’y attendais, tu attires l’œil par ta taille, mais ce n’est qu’une fois à portée des deux que tu ne pourras l’attirer sur ta condition.
- Artiön Laergûl.un poing dans le dos, un poing sur le cœur, tu t’inclines face aux étrangersAran des Cités d’Anaëh
- Thalawest. l’elfe qui t’accompagne s’incline lui aussi J’assisterai le Seigneur-Protecteur en tant qu’interprète.
Tu te relèves, laissant le temps à tes invités de se présenter, avant de t’avancer vers le cheval à la robe isabelle, et de poser ta main contre son encolure. Ton visage reste apaisé et accueillant, mais la première pensée qui te vient est une question quant à la manière dont ont été traités ces animaux durant leur apprentissage. Au moins, si l’entrevue d’aujourd’hui devait mal se passer, deux chevaux y gagneraient un peu en liberté.
- De beaux animaux, j’en conviens. tu t’écartes du cheval Je vous propose de les accompagner jusqu’à leur nouvelle résidence. tu jettes un regard en direction de Thalawest, qui traduit tes paroles avec une rapidité affolante pour quelqu’un ayant si peu de pratique Nous pouvons discuter sur le chemin. Si cela ne vous dérange pas bien sûr.
Tu avais très envie de demander pourquoi. Pourquoi maintenant ? Et dans quel but ? Mais tu ne voulais paraître ni trop inquisiteur ni trop méfiant. L’homme et le demi-elfe s’expliqueraient bien assez tôt.
Pour la lecture:
Ce que j'écris en cursive n'est pas traduit Ce que j'écris en script est traduit en Péninsulaire
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Mar 17 Déc 2019 - 18:49
Colomban se frottait les mains pour combattre la fraîcheur de l'air. Malgré ses chairs généreuses et une habitude du climat nordien, le bonhomme ressentait les picotements du givre au bout de ses doigts. Il se donnait aussi l'illusion de combattre l'appréhension qu'il ressentait de voir le Roi des Elfes. Il se rendait bien compte qu'il était le premier humain à rencontrer le nouveau souverain. Le dernier représentant elfique qui avait rencontré des humains était régent et les Cinq seuls avaient gardés son nom en mémoire. Colomban, lui, ne s'en souvenait plus en tout cas. Diloïn semblait plus stoïque, attendant patiemment les mains dans le dos, observant le couple de bêtes qu'ils avaient emmenés depuis les terres du comte Gaubert.
Deux elfes les rejoignirent. L'un était grand, mince, la silhouette gracile et représentative de l'idée qu'on avait des elfes dans la Péninsule. Un être tout juste assez viril pour que ne le confonde pas avec une femme mais suffisament androgyne pour que la confusion avec une toute autre race fusse impossible. L'autre ... Par la Damedieu, l'autre ... Une montagne de muscle. Un gargantuesque colosse avec des bras gros comme des cuisses de boeuf, dépassant Colomban de la tête, des épaules et des mamelons, le crâne tatoué au même titre que ses bras, portant un justaucorps sans manche et des chausses larges qui soulignait la musculature volumineuse qu'il trimballait. Ses cheveux courts avaient été rabattus en arrière, lui donnant un air encore plus menaçant que ce que sa silhouette suggérait. Dans son dos, dépassé un immense sceptre, plus proche de la hampe de bannière au vu des dimension, mais bien plus ouvragé que tout ce que les péninsulaires connaissaient. Qu'est-ce que c'était que ce mastodonte ? On disait des puysards qu'ils avaient ce genre de physique, pas des elfes des forêts, et pourtant Christofan devait bien se rendre à l'évidence, c'était bien un elfe d'Anaëh.
Tour à tour, ils s'inclinèrent. Si quand le gros elfe parla, Colomban n'entendit que "Palala palalen", Diloïn lui traduisit qu'il avait face à lui, le Roi Artiön. Par le saint-con de la Damedieu ! Quand il pensa au Roi de Péninsule, le jeune Bohémond, il ne put s'empêcher de faire la comparaison physique. C'est que des Bohémond, on pouvait bien en mettre une demi-douzaine dans ce corps de roi elfique. L'autre elfe salua à son tour en se présentant dans un péninsulaire parfait, malgré une petite pointe d'accent.
Thalawest. J’assisterai le Seigneur-Protecteur en tant qu’interprète.
Lui aussi était grand, l'odélian pouvait en témoigner maintenant qu'il se trouvait tout près de lui, mais l'envergure du Roi le faisait paraître petit ... ou loin. Colomban mit les pouces derrière sa ceinture et tenta de se redresser légèrement pour essayer de paraître plus grand et se présenta à son tour.
Colomban Christofan, envoyé du comte Gaubert de Prademont, seigneur d'Odélian. Et voici, Diloïn mon interprète et second. Nous vous remercions de nous accueillir dans votre merveilleuse cité !
Les deux hommes s'inclinèrent avec respect, avant que le marchand ne poursuive, récitant le texte que lui avait dicté le comte quelques ennéades plus tôt.
Nous sommes venus vous offrir, au nom d'Odélian, ces magnifiques créatures, dans l'espoir de pouvoir renouer le dialogue trop longtemps rompu entre nos peuples et afin de présenter nos respects au Roi de l'Anaëh.
Diloïn traduisait les mots de Christofan avec application. Les deux hommes firent un pas en arrière en présentant le couple de chevaux. Les deux bêtes attendaient, paisiblement. L'étalon raclait un sabot sur le sol, légèrement impatient, là où la jument se contentait d'observer leurs hôtes avec une pointe de curiosité aux fonds de ses grands yeux noirs. Le roi avança et que les Cinq en soient témoins, il pouvait regarder l'étalon dans les yeux sans lever la tête ou se tordre le cou. Mais combien pouvait-il bien mesurer ce grand escogriffe ? Le souverain caressa l'étalon qui s'apaisa en rencontrant son nouveau maître, tandis qu'il parlait dans sa langue chantante. L'interprète traduisit ses mots simultanément. Ils étaient invités à avancer jusqu'aux écuries royales avec une infinie politesse. Colomban voulut crirer son accord, mais se réfréna en toussa légèrement dans son poing avant de répondre.
C'est avec un grand honneur que nous acceptons, votre Majesté.
Et ils suivirent leurs hôtes, découvrant un peu plus les arches élégantes qui couraient au-dessus d'eux en s'enlançant avec la canopée. Colomban ajouta une petite chose tandis qu'ils poursuivaient leur route.
J'espère que nous ne vous dérangeons pas votre Majesté. Le comte sera ravi d'apprendre que vous avez apprécié ces splendides animaux.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Mar 17 Déc 2019 - 23:37
Prenant la tête du convoi, tu écartes ta suite de l’Esplanade du Trône Blanc pour entamer une route à travers l’Harmalaica qui l’entoure. Plus que le Palais, c’était en réalité le Sanctuaire des Chants le véritable centre de la Cité, et tout particulièrement l’arbre faisant face à la bâtisse de pierre blanche, celui sous lequel vous vous trouviez maintenant même : L’Estel.
- Ne vous inquiétez pas. tu souris Ce sont au contraire des occasions comme celle-ci qui font que mon peuple a même besoin d’un Roi. tu t’arrêtes et ton regard se porte sur l’Arbre-Maître d’Alëandir, tandis que ton cœur se gorge de ses Chants Sans cela, nous n’aurions pas besoin d’une autre autorité que celle de notre Déesse-Mère.
Un coup d’œil à tes invités plus tard, tu reprends le pas, conduisant à travers les jardins, et sous les yeux et les oreilles attentives des elfes de passage. Et c’était en vérité une plus dure réalité pour toi que ce ne l’était pour eux. Si tu as refusé d’accueillir les fíreb au palais, comme tu l’aurais fait avec n’importe quel autre représentant politique de passage, c’est parce que tu ne voulais pas que cette rencontre soit jouée sous portes closes. Tu voulais que tous entendent ce que les hommes du Sud-Ouest ont à dire, et que tous puissent entendre ce que tu leur répondrais. Qu’aucun n’ose dire que dans le secret de la Salle du Trône Blanc tu as trahi ton peuple.
- J’imagine que vous vous en doutez… tu offres un sourire amusé au petit homme et à son accompagnateur mais de notre point de vue, les derniers contacts avec la Péninsule ne sont somme toute pas bien éloignés. Si je me souviens bien, les dernières missives échangées remontent à un chouilla moins d’une décennie. tes doigts viennent te prendre le menton Un certain Cleophas… tes sourcils se froncent d’Angleroy me semble-t-il. Aux motivations sensiblement similaires aux vôtres. Lui nous avait rendu Calan, l’épée qu’avaient dérobé les hommes d’Ivrey au Seigneur-Protecteur de Daranovar durant son dernier voyage en direction de vos terres.
Et tu t’en rappelles encore de cette période. Car si seulement il n’y avait pas eu l’engeance d’Elda pour vous tirer sur le front oriental, si seulement il n’y avait pas eu les Sombres pour vous donner l’occasion de laisser libre cours à votre colère, alors c’est sous tes ordres, toi à l’époque Commandant des Armées de Daranovar, Commandant des Armées sous le Protecteur bafoué, que les elfes des Norn seraient descendus des montagnes pour réclamer leur honneur, et le sang de ceux qui les ont trahis. Aujourd’hui pourtant il n’est aucune lueur de mauvaiseté dans ton regard. Les fìreb vivent, les fìreb meurent. Leurs règnes sont comme des feux de paille… et si c’est ce qui te permet de passer outre la trahison d’Ivrey, c’était aussi ce qui rendait difficile à envisager un dialogue avec… avec qui ?
- Mais au vu des sombres présages contés par les dernières missives du tu t’arrêtes subitement dans ton énonciation, incapable de te rappeler des trois lignes de signatures du grandiloquent d’Angleroy, laquelle contenait son titre-clef …de Cléophas, je crains de ne pas me tromper en assumant qu’il n’aura pas survécu à l’hiver ayant suivi ses lettres.
Tu baisses les yeux en signe de respect à la vie perdue, forcé de constater une fois de plus la fragilité de la race d’Elenwë. Ta langue vient rapidement humidifier tes lèvres, comme espérant que la moiteur soit suffisante à accrocher des mots indélicats alors que tu nouais à nouveau le contact visuel avec le petit homme. À un Vitaliste comme toi, les légères rougeurs de sa peau, le travail de ses horripilateurs et la discrète agitation dont il faisait preuve n’étaient que trop évidents. L’hiver ne poindrait pas avant quelques ennéades, et les hivers Lëandrins, en comparaison à ceux de tes montagnes natales étaient bien trop doux. Aujourd’hui n’était qu’une fraîche journée d’automne, mais sans ses fourrures, l’homme avait froid. Comme il en serait de majorité des délicates créatures que sont ceux de sa race, faits par I Thelan pour ressentir l’extrême là où il n’est pas, afin qu’ils puissent le vivre au moins une fois au cours de leur courte existence.
- Ni lui ni son initiative, malheureusement. ton menton se lève, et tes bras se croisent sous ta poitrine, préfigurant le regain de tonus dans ta parole Mais dites-moi, c’est donc le Seigneur d’Odélian qui aurait succédé à la Régence de Diantra ?
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Mer 18 Déc 2019 - 10:25
Le Roi d'Anaëh rassura ses invités avec politesse. Malgré sa tenue laissant présager qu'ils l'avaient cueilli au saut du lit, l'elfe musculeux ne semblait pas prendre ombrage ni de leur présence, ni de leurs présents. Un vrai gentilhomme. Ils traversaient les jardins en observant avec émerveillement toute la richesse de l'architecture et la beauté sauvage de la forêt. Le doigts de Christofan le démangeaient, tant il voulait remplir ses vélins de dessins qui montreraient à tous la ville onirique qu'était la capitale elfique. Les regards des Valar qu'ils croisaient étaient les mêmes depuis leur entrée sur le territoire, mélange de curiosité et de surprise. Il falait admettre qu'un petit moustachu à la bedaine rebondie et son interprète devançant une paire de massifs canassons était un spectacle qu'ils ne devaient pas voir tous les jours. Et quand cette procession accompagnait le suzerain du coin, il y avait de quoi s'interroger. L'interprète traduisait les paroles du souverain tandis que leur route se poursuivait.
J’imagine que vous vous en doutez… tu offres un sourire amusé au petit homme et à son accompagnateur mais de notre point de vue, les derniers contacts avec la Péninsule ne sont somme toute pas bien éloignés. Si je me souviens bien, les dernières missives échangées remontent à un chouilla moins d’une décennie. Un certain Cleophas d’Angleroy me semble-t-il. Aux motivations sensiblement similaires aux vôtres. Lui nous avait rendu Calan, l’épée qu’avaient dérobé les hommes d’Ivrey au Seigneur-Protecteur de Daranovar durant son dernier voyage en direction de vos terres.
Sombre passé qu'évoquait Artiön. Depuis cette période tumultueuse, les choses avaient bien changés dans le Royaume. Les trois quarts des contrées péninsulaires étaient entrés en guerre les unes contre les autres et des centaines de vies avaient été sacrifiés au nom de l'ambition dévorante de la noblesse, tantôt au Sud, tantôt au Nord, tantôt dans le Médian et autour de Diantra. Ah ça, le peuple immortel des forêts qu'on disait si uni devait avoir perdu le fil des querelles qui avaient agité le royaume des Hommes.
Mais au vu des sombres présages contés par les dernières missives de Cléophas, je crains de ne pas me tromper en assumant qu’il n’aura pas survécu à l’hiver ayant suivi ses lettres. Ni lui ni son initiative, malheureusement.
C'est par la voix de Diloïn que la réponse parvint aux oreilles du suzerain gigantesque.
Hélas, oui, votre Majesté. Le seigneur Cleophas nous a quitté il y a de nombreuses années.
Artiön poursuivit, après avoir croisé les bras sur son torse volumineux.
Mais dites-moi, c’est donc le Seigneur d’Odélian qui aurait succédé à la Régence de Diantra ?
Les sourcils broussailleux de Colomban se levèrent en une moue surprise. Soit il s'était mal exprimé, soit il y avait là un quiproquo qu'il se devait de dissiper sur-le-champ. Gaubert avait insisté sur ce point, il ne fallait pas trompé les elfes sur l'origine de ce cadeau. Le marchand jouait pour Odélian et non pas pour le Royaume, du moins pour le moment.
Pardonnez-moi, votre Majesté, je pense qu'il y a méprise. Lors de mon départ des terres péninsulaires, le Concile des Pairs ne s'était pas encore réuni pour élire les nouveaux régents au nom du Roy Bohémond. Nous sommes ici au nom du comte d'Odélian, en sa qualité de suzerain de ses terres uniquement. Il a combattu aux côtés de vos semblables à Alonna, lorsque nos peuples étaient unies contre la menace noirelfe et chaotique et a longtemps regretté que nos royaumes aient coupés les ponts qui avaient reliés nos territoires. Il fut estomaqué que personne dans le Royaume n'ait honoré le nouveau souverain de leurs anciens alliés et a donc prit l'initiative de renouer le contact avec ceux qu'ils appellent les Immortels.
En réalité, Gaubert avait plutôt tendance à les appeler croqueurs de laitues ou oreilles pointues de la forêt, mais ces sobriquets auraient très probablement déplu à la masse de muscles qui faisait face à Colomban. Diloïn continuait de transcrire les paroles du ventru.
Bien entendu, le comte avertira le Roy et son Conseil dès que je serai retourné auprès de lui pour lui rendre compte de notre entrevue. Le comte souhaite que nos peuples cessent de se voir comme des ennemis ou pis, comme des êtres qu'on ignore. Nous sommes voisins et nous avons des ennemis et des intérêts communs, il lui semble inconcevable que nous ne puissions nous entendre.
Petit à petit, le groupe arrivait en vue de leur destination et petit à petit Colomban distillait les mots de Gaubert. De la mesure et de la diplomatie avait dit le vieux barbu, sans balancer toutes les informations et propositions qu'ils avaient à soumettre au seigneur des elfes. Le seigneur odélian avait fait plusieurs paris et en avait déjà remporté quelques uns. Ses émissaires avaient été reçus, les présents semblaient plaire à leur hôte et ce dernier écoutait poliment un petit gros moustachu à la toque vissé sur la tête. Jusqu'ici, tout allait bien.
Dernière édition par Gaubert de Prademont le Mer 18 Déc 2019 - 17:29, édité 1 fois
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Mer 18 Déc 2019 - 15:51
Juste le comte d’Odélian. Ton front se plisse à cette idée. En réalité, tu as beau être capable d’approximativement replacer l’échelon qu’est celui de comte dans la société humaine, tu n’as pas la moindre idée du pouvoir que peut représenter celui du comte d’Odélian. Tu ne connais pas l’homme, tu ne connais pas ses valeurs, tu ne connais pas sa réputation parmi les siens… en réalité tu ne serais même pas capable de replacer Odélian sur un carte. Ta connaissance de la géographie Péninsulaire s’arrêtait à Oësgard, Alonna et Diantra. Quant à ta connaissance de leur système politique… tu savais juste leur Royaume n’être finalement qu’un amoncellement d’autres Royaumes aux intérêts parfois conflictuels. Il était là tout le challenge dans les échanges avec la race d’Elenwë.
- Pourtant il faut se rendre à l’évidence. tu décroises les bras pour poser les mains sur tes hanches Ma fille entrera à peine dans l’âge adulte que la sixième génération de votre descendance pourrait déjà être en train de donner la vie à la septième. tu laisses échapper un rire discret Lorsque nous vivons sur des paradigmes aussi différents, il n’est pas étonnant que la communication entre nous soit difficile, même avec des ennemis et intérêts communs.
Face à vous la canopée des jardins s’éclaircit un peu, donnant sur des terrains paraissant d’autant plus large que les arbres gigantesques ne semblent plus agir en frontières naturelles. Vos regards à Thalawest et toi, plus affûtés que les leurs, distinguent déjà les mangeoires et abreuvoirs commençant à se détacher dans le paysage. Pour l’homme et le semi-elfe, si la forme précise des abris de l’écurie se détachant à l’horizon n’est pas encore évidente, les silhouettes des nombreux chevaux en liberté tout autour sont sans équivoque.
- Comprenez qu’il est difficile pour nous de nous projeter l’avenir d’une alliance avec les Royaumes de Diantra, quand du jour au lendemain, ceux avec qui nous combattions en Alonna sont devenus les bourreaux de nos frondaisons et les ravisseurs de Calan, ton ton reste calme et égal, comme serait celui d’un conteur détaché de son histoire, tandis que tes mains dansent à travers les airs pour accentuer ton propose sans la moindre agitation pour le surlendemain nous la rendre, invoquant l’intelligence de nos peuples et la bêtise que serait un front entre nous qui avons des ennemis communs, et là-dessus, qu’il s’agisse de Dyarque, Anorndellon ou toi, les derniers Régents d’Anaëh étaient tous d’accord avant de se murer dans le silence au cours des jours durant lesquels nous attendions de les entendre, tu t’arrêtes et te retournes, le temps de partager un regard quelque peu chagriné aux deux invités pour finalement aujourd’hui revenir avec presque l’exact même discours, mais venant d’un pouvoir bien moindre que celui du Régent, et donc sans garanties de suite.
Tu baisses la tête un instant, et un soupire las échappe de tes lèvres maintenues souriantes. Relever les yeux sur le petit convoi que sont les deux voyageurs et le couple de chevaux te ferait presque de la peine. Ils sont venus jusqu’à Alëandir ! Alors certes, le comte lui-même n’avait pas fait le déplacement, mais sa suite au moins avait fait l’effort de se soumettre à un long voyage juste pour s’attirer ta sympathie. Et pour si peu !
- Rien ne dit que celui qu’élira votre Concile verra notre entrevue d’un bon œil, et même si c’est le cas, j’ai bien peur que s’il ne se décide pas à poursuivre votre initiative et à l’assumer en tant que sienne, la savoir venue d’un pouvoir moins fort que celui du Régent n’attire au Comte d’Odélian l’opprobre de ses contestataires. et les temps ayant prouvé à quelle vitesse pouvait naître une guerre chez les hommes du Sud-Ouest… Ce qui à terme pourrait créer une fâcheuse situation pour vous comme pour nous.
Tu te retournes pour reprendre la marche, donnant à nouveau dos à ta suite, les bras à nouveau sous la poitrine.
- Je ne désire que de voir nos peuples s’entendre, ne serait-ce que pour la tranquillité que cela offrirait aux miens. Mais je crains que ce ne soit mentir que de vous dire que nous n’avons pas de fortes réticences à l’idée de nouer un lien avec les vôtres. ton regard se perd vers l’infinité du ciel Le fait est que tant qu’il ne nous a pas été prouvé que l’espoir du comte d’Odélian est celui de votre peuple entier, ouvrir les bras ne nous paraîtra jamais que l’occasion de recevoir une nouvelle dague dans le flanc.
Et malheureusement, le peuple Sylvain est un peuple d’autant plus difficile à persuader que les sirènes lui ont déjà plusieurs fois susurré à l’oreille.
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Mer 18 Déc 2019 - 17:01
Ils seront difficiles à convaincre.
Les mots du comte résonnaient dans l'esprit de Colomban à chaque fois que l'interprète du Roi traduisait les mots dans la langue péninsulaire. Sous la pierre froide isgardoise, Gaubert avait averti le marchand et lui avait longuement exprimé les réserves que pouvaient avoir les elfes et leur suzerain.
Pourtant il faut se rendre à l’évidence. Ma fille entrera à peine dans l’âge adulte que la sixième génération de votre descendance pourrait déjà être en train de donner la vie à la septième. Lorsque nous vivons sur des paradigmes aussi différents, il n’est pas étonnant que la communication entre nous soit difficile, même avec des ennemis et intérêts communs.
Une évidence ! La vie éphémère des Humains pouvait paraître si incongrue aux yeux d'êtres à la longévité aussi incroyable.
Comprenez qu’il est difficile pour nous de nous projeter l’avenir d’une alliance avec les Royaumes de Diantra, quand du jour au lendemain, ceux avec qui nous combattions en Alonna sont devenus les bourreaux de nos frondaisons et les ravisseurs de Calan, pour le surlendemain nous la rendre, invoquant l’intelligence de nos peuples et la bêtise que serait un front entre nous qui avons des ennemis communs, avant de se murer dans le silence au cours des jours durant lesquels nous attendions de les entendre, pour finalement aujourd’hui revenir avec presque l’exact même discours, mais venant d’un pouvoir bien moindre que celui du Régent, et donc sans garanties de suite.
Comment le blâmer de pareil constat ? Depuis l'ascencion d'Aetius d'Ivrey, les dirigeants des Hommes n'avaient fait que souffler le chaud et le froid sur leurs voisins des bois. C'est pourtant précisément dans le but de faire oublier cette attitude de girouette que le comte avait chargé Christofan de cette mission. Face à eux, le son distinctif des sabots martelant le sol avertit la délégation odélianne qu'ils approchaient des écuries sans pour autant les apercevoir. Le Seigneur des lieux devait posséder une horde de chevaux impressionnantes pour que le bruit de leur galop retentissent aussi loin. Il poursuivait.
Rien ne dit que celui qu’élira votre Concile verra notre entrevue d’un bon œil, et même si c’est le cas, j’ai bien peur que s’il ne se décide pas à poursuivre votre initiative et à l’assumer en tant que sienne, la savoir venue d’un pouvoir moins fort que celui du Régent n’attire au Comte d’Odélian l’opprobre de ses contestataires. Ce qui à terme pourrait créer une fâcheuse situation pour vous comme pour nous.
Encore une fois, rien de plus vrai dans ces affirmations. Même si à cette heure, l'élection des nouveaux régents devaient être acté, Colomban n'avait aucun moyen de savoir qui aurait la charge du royaume, au nom de Bohémond, pendant les mois à venir. Cependant, Artiön, dans sa sagesse, présumait beaucoup malgré les nombreuses variables et inconnues de la situation.
Je ne désire que de voir nos peuples s’entendre, ne serait-ce que pour la tranquillité que cela offrirait aux miens. Mais je crains que ce ne soit mentir que de vous dire que nous n’avons pas de fortes réticences à l’idée de nouer un lien avec les vôtres. Le fait est que tant qu’il ne nous a pas été prouvé que l’espoir du comte d’Odélian est celui de votre peuple entier, ouvrir les bras ne nous paraîtra jamais que l’occasion de recevoir une nouvelle dague dans le flanc.
C'était maintenant que se jouerait la suite de cette rencontre. Jusqu'ici, tout s'était, peu ou prou, passé comme l'avait supposé le comte, il restait à Colomban à délivrer les arguments que lui avait soufflé le vieux Gaubert de la manière la plus convaincante possible. Il avait laissé le souverain allait au bout de sa démonstration, goûtant la sagesse de ses paroles avec humilité. L'explorateur passa sa langue sur les lèvres avant de donner sa réponse.
Il est tout à fait légitime, votre Majesté, que vous et vos ouailles soyez réticents. De trop nombreuses fois, en effet, nos dirigeants ont montrés dédain, voir animosité envers votre peuple. Mais comme vous l'avez souligné vous-même, les gens de notre race s'éteignent alors que vos nourrissons ne sont pas encore devenus des enfants. Les rancoeurs de nos anciens dirigeants se sont dissipées en même temps que leur souvenirs.
Malgré le froid, Colomban commençait à transpirer sous sa toque, conscient de ce qui se nouer sous les frondaisons de l'Anaëh. Il était la voix des Hommes en leur royaume. Du moins, le perroquet de Gaubert qui était la voix qui se voulait celle des Hommes. Diloïn continuait la traduction.
Et même s'il est vrai que le comte d'Odélian n'est pas le Roy, ni le Régent parlant en son nom, il n'en demeure pas moins issu d'une noble famille qui saura se faire entendre auprès d'eux. Bien entendu, le comte Gaubert ne peut, ni ne veut promettre une alliance entre nos peuples. Ceci n'étant ni son droit, ni son dessein. Tout ce qu'il espère, votre Majesté, c'est pouvoir renouer un contact.
C'était à ce moment qu'il fallait être précis dans le choix des mots et convaincant dans le ton. Colomban déglutit avant d'essuyer une goutte de sueur qui roulait sur sa tempe.
Avant de nouer des liens ou de reformer une alliance comparable à celle qui naquit du Conclave des Lumières, il nous faut d'abord nouer un dialogue. Après des années à se murer dans le silence, le comte aimerait savoir si nos sages voisins seraient prêts à reprendre ce dialogue. Depuis des années maintenant, la paix du Roy est respecté dans la Péninsule, sa volonté étant d'avancer ensemble plutôt qu'en parallèle. Le comte pense qu'il est possible de faire de même avec les autres peuples qui ont reçu la bienveillance de la Damedieu. Personne en Péninsule ne pourra reprocher au comte d'étendre la volonté pacifique du roi Bohémond à nos anciens alliés, de qui nous avons tant appris par le passé et qui ont tant à nous apprendre dans le futur.
Sa gorge commençait à devenir sèche, tant il parlait et s'inquiétait de prononcer les bons mots. Il toussa légèrement avant d'en terminait.
Je le redis, votre Majesté, nous sommes avant tout là pour vous offrir notre respect et nos hommages. Si vous les acceptez et êtes enclin à reprendre le dialogue avec la Péninsule, le comte Gaubert sera votre émissaire auprès de Diantra et saura convaincre notre suzerain de la nécessité de ne plus jamais négligé son illustre voisin. De sinistres rumeurs nous sont parvenus d'Estrevent, les sombres se sont à nouveau mis en marche, plus nombreux et féroces que jamais. Les dragons s'agitent dans leur nid. Des hordes de vertepeaux jaillissent des entrailles de la terre comme des geysers de magie noire. Même les tribus barbares du Sigolsheim, cette racaille aussi versatile que sensible aux vents magiques, sont entrés en ébullition. Peut-être votre peuple a lui-même constaté d'étranges signes préoccupants ? Tout ceci est signe, aux yeux du comte, que des temps terribles s'annoncent et que les peuples de la Lumière doivent s'unir.
Le gros bonhomme mit les mains sur les hanches, légèrement essouflé par son discours. À l'horizon se découpait un bâtiment aux lignes aériennes et pures devant lequel trottaient paisiblement de nombreux chevaux en liberté.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Mer 18 Déc 2019 - 21:04
L’Alliance de Lumière… les humains en avaient décidément été profondément marqués. Au départ, tu ne pensais cette lubie n’être que celle de Nakor, une transformation de la réalité opérée par un esprit à la fois profondément utopiste et rongé par la maladie de l’âge. Maintenant, voilà que d’autres encore en appelaient à cette glorieuse période, ces grands temps de cohabitation entre les enfants de Kÿria et ceux d’Elenwë. N’étais-ce là que vile flatterie, ou percevaient-ils véritablement ainsi une époque qui vous a – à vous Sylvains – semblée aussi courte qu’amère ?
Qu’aviez-vous gagné dans cette alliance ? Bien trop peu. Vous aviez dû composer avec l’impatience des humains et avec l’entêtement des nains. Vous aviez enseigné, beaucoup enseigné, mais vous aviez peu reçu. Des savoirs auxquels les hommes n’auraient jamais pu accéder sans vous, des notions qui à cause de leur faible longévité auraient dû leur rester inconnues, des concepts qui leur permettraient de se projeter loin dans le futur, des idées qui auraient dû permettre à leurs enfants et aux enfants de leurs enfants de vivre loin du tumulte dans lequel s’étaient engoncées les générations précédentes. Vous aviez beaucoup tenté d’enseigner en peu de temps. Et si certains avaient pris goût à vos enseignements, trop étaient ceux qui sans vous rendre quelconque forme de pareille les avaient refusés. Certes, l’Alliance de Lumière vous permit par le passé de mettre en recul l’Elda sans avoir à trop sacrifier des vôtres, et c’était là chose extrêmement précieuse, mais l’Alliance de Lumière vous avait aussi rappelé à quel point vous, Premier Peuple, étiez différents des mortels. À quel point vos valeurs s’entrechoqueraient avec les leurs tant qu’aucun n’acceptait de se soumettre. À quel point votre savoir, vos techniques et vos aptitudes leur étaient désirables, mais votre culture sans valeur à leurs yeux.
Le cercle d’or entourant tes pupilles se dissipe dans la violine du reste de ton iris, y dessinant des constellations de flammes d’ocre. Dans ton dos ton sceptre s’illumine légèrement de lueurs aurorales. Ton esprit curieux scrute les chairs de tes accompagnateurs. À travers la trame leurs essences vitales pulsent un rythme régulier, rendu fougueux par l’expérience hors du commun qu’ils vivaient. Rien dans leurs chairs ne semble trahir une incompétente fausseté. Ni tremblements, ni étranglements, ni foudres nerveuses. Et la Symphonie elle-même ne faisait que commenter leur passage avec peu d’attention. Tes yeux se sont fermés, puis rouverts sur leurs naturels cercles concentriques de rose et de jaune. Les crépitements de l’éther se sont tus autour de ton sceptre. Thalawest et toi avez partagé un regard entendu. Ni à lui ni à toi l’homme et le semi-elfe ne paraissaient malhonnêtes. Si les mots qu’ils prononçaient n’étaient pas leurs pensées, alors elles devaient être celles de celui qui les a envoyé. Et si ce n’était pas le cas, alors ils étaient vraiment d’excellents menteurs.
- Les peuples de Lumière... tu laisses échapper un gloussement J’ai toujours trouvé cette dénomination quelques peu présomptueuse. tu soupires Mais c’est avec plaisir que j’accepterais de reprendre le dialogue. Avec un peu de chance, cette fois-ci peut-être nous entendrons-nous réellement.
Enfin les écuries – à défaut d’un autre nom – se détachent de la végétation de la Vieille-Ville. Des bâtiments qui quoique sommaires, conservent le style architectural finement ouvragé du reste de la Cité se dévoilent, et avec eux se dessine une idée de ce qu’est la vie d’un équidé au sein d’Alëandir. Aucune porte, aucune bride, des animaux libres d’aller et venir sans restriction dans l’espace immense que représente la Vieille-Ville, mais des animaux qui – si les quelques elfes venus chercher leurs compagnons sous vos yeux en étaient bonne indication – malgré tout semblent toujours présents pour des cavaliers montant à cru.
- Roccondil !ta voix légère résonne et tranche à travers les bruits ambiants comme le son d’une clocheIls sont là !
L’elfe entre deux âges se retourne, et quelque peu surprise, même ayant été prévenue bien à l’avance du don à venir, s’approche de votre convoi. Le pas lourd malgré sa stature élancée, la brune aux épaules élargies par le travail semble déjà radoter avant même d’être arrivée à portée d’oreille d’elfe.
- C’est ici que l’on se sépare pour aujourd’huitu t’approches de l’étalon, posant une main sur son encolure, et ton front contre le sien pour lui parler doucementJe reviendrai demain. Que ces nouveaux lieux t’inspirent patience.tu répètes la chose avec la jumentJe reviendrai demain.
- C’est qu’ils seraient presque à ta taille ceux-là dis-donc !l’elfe laisse éclater dans un rire d’une voix forteComme quoi les humains ne font pas tout en miniature !
- Aie au moins la décence de te présenter.le visage de Thalawest s’écrase avec agacement dans le plat de sa mainUn peu de manières voyons !
- Ah !la demoiselle s’écrie, les deux sourcils montant haut, en posant les yeux sur votre suiteDésolée ! Je ne les avais pas vus ! Roccondil, palefrenière du Trône Blanc ! Sacré animaux que vous amenez avec vous.
À son tour elle s’approche des animaux, pose sa main sur leur encolure, leur caresse le cou pour amener leur visage jusqu’au sien. À son tour elle pose son front contre celui des bêtes, leur murmure quelques mots, et naturellement, les chevaux quittent votre suite pour se positionner derrière elle.
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Jeu 19 Déc 2019 - 21:12
Colomban achevait de livrer les mots du comte d'Odélian, attendant la réponse d'Artiön avec une légère appréhension. Elle vint, accompagné d'un rire léger et amusé.
Les peuples de Lumière... J’ai toujours trouvé cette dénomination quelques peu présomptueuse. Mais c’est avec plaisir que j’accepterais de reprendre le dialogue. Avec un peu de chance, cette fois-ci peut-être nous entendrons-nous réellement.
L'odélian expira, soulagé d'apprendre la décision du souverain. Dans un sens, Gaubert avait remporté son pari. Anaëh était ouverte à la discussion, ce qui n'avait pas été le cas depuis plusieurs années et ses présents avaient été acceptés de bonne grâce. On ne pouvait pas encore parlé d'alliance mais il y avait une volonté d'ouverture vers la Péninsule. Le comte serait ravi. Colomban s'inclina avec déférence.
C'est ce que le comte Gaubert espère, votre Majesté. Sachez qu'il fera tout pour que cette entente soit réelle comme le dites.
Ils arrivaient face à une étrange structure pour les regards humains. Un grand abri sans stalles, ni portes trônait au centre d'une immense clairière ou paissait et cavalaient des chevaux en liberté. Quelques uns des chevaux élancés avaient un cavalier sur leur dos, mais Colomban dut s'y reprendre à deux fois pour s'assurer qu'il n'avait mis aucune selle, ni aucune bride. C'étaient donc ça que les elfes appellaient une écurie ! L'émerveillement de Christofan demeurait pour toutes choses dans cette contrée, découvrant à chaque pas de nouveaux détails simples et complexes, relevant d'une évidence absolue et pourtant si ingénieuse dans sa conception.
Le roi donna de la voix et une femme se dirigea vers eux en marmonnant. Il vint se placer devant les deux cadeaux du comte et leur fit ... un calin. Il leur murmurait quelques mots tous bas, mais la coutume fit lever un sourcil à l'humain. On pouvait certes avoir un amour équin très prononcé, en Odélian on se contentait de leur donner un morceau de carotte ou une épluchure de chou en guise de démonstration d'amour, de là à pratiquement les enlacer, il y avait un pas qu'il ne se voyait pas franchir. Ceci et le fait qu'avec sa taille il n'aurait jamais pu s'adonner à ce genre de proximité avec les grands chevaux issu de son comté, même en se tenant sur la pointe des pieds. Après un échange dans la langue valar que Diloïn ne traduisit pas, la femme qui s'était approché d'eux leur lança quelques mots avec un grand sourire lui barrant le visage. Heureusement que le second de Colomban fut prompt à la traduction.
Roccondil, palefrenière du Trône Blanc ! Sacré animaux que vous amenez avec vous.
Un trait d'esprit ? Une reconnaissance du savoir-faire des éleveurs péninsulaire ? Les elfes n'étaient pas tous hautains et condescendants envers leurs invités. En dehors de tout protocole, bien entendu, où chacun savait appliquer la brosse à reluire sur les bottes de son interlocuteur. Un petit gloussement satisfait s'échappa des lèvres épaisses de l'odélian.
De grandes montures pour un grand Roi, Dame Roccondil.
Même un palefrenière avait une allure, une prestance même, qu'on ne retrouvait que chez quelques familles nobles de la Péninsule. L'elfe était gracile, la légende ne s'en trouvait que confirmé. Il poursuivit en s'adressant autant au Roi qu'à la palefrenière et faisant voyager son regard entre les deux.
Odélian possède les chevaux les plus forts et les plus grands de toute la Péninsule, d'aucun dirait même, du monde entier. C'est avec fierté que le comte apprendra qu'un couple de cette noble race a été reçu dans un si bel endroit. L'étalon a cinq ans et la jument quatre. Vous verrez, malgré leur taille et leur tempérament doux, ils peuvent se montrer particulièrement vif.
L'explorateur souriait avec une bienveillance non feinte, laissant un instant son regard accompagné la cavalcade d'un magnifique cheval gris cendré qui passait quelques mètres plus loin, semblant intrigué par la venue de ses nouveaux compagnons. Christofan reposa son regard vers Artiön et osa enfin exprimer la requête qui lui brûlait la langue depuis son arrivée.
Votre Majesté ... J'ose à peine vous demander ... Voyez-vous ... Je ... J'aime dessiner les choses que je vois et le spectacle incroyable, qu'offre votre cité, mérite qu'on en fasse des fresques entières. M'autoriserez-vous à faire quelques croquis, que je puisse montrer au comte l'endroit où vivront désormais ces chevaux ? Je suis sûr qu'il sera ravi autant que flatté de voir la beauté des lieux.
Même si Colomban s'écartait quelque peu de sa mission, c'est avec un mélange d'humilité et d'enthousiasme qu'il avait formulé sa demande. Il avait délivré la majeure partie du message du comte et Artiön était en droit désormais de les mettre dehors à grand de coup de pied dans le cul. Et vu les jambes du souverain, l'exercice serait des plus douloureux. Alors autant tenter sa chance, avec un peu de chance, le roi apprécierait son coup de crayon, fameux et précis il fallait le reconnaître, et l'autoriserait même à ce qu'il fasse un portrait de lui.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Jeu 19 Déc 2019 - 23:27
- Bah ! Suffit de savoir leur parler aux chevaux et tout se passe bien.l’elfe s’recule de quelques pas, signe qu’elle s’en retournait à son devoirAllez ! Je vous laisse. Faut que je les présente à leurs nouveaux camarades !
Allégés des deux animaux, vous étiez libres de reprendre vos discussions là où elles s’en étaient arrêtées. Du moins s’il restait réellement quelque chose à dire. Ils étaient venus dans l’espoir de rétablir un contact. Tu avais accepté que le contact soit rétabli. Maintenant pendant le temps qu’ils avaient prévu de rester, leur restait-il quoi que ce soit d’autre à faire que d’apprendre un peu du monde dans lequel ils évoluaient ?
- Je vous en prie. tu réponds, souriant Croquez donc !
C’était naturel. On ne peut plus naturel. Tu aurais d’ailleurs probablement été profondément vexé de le voir choisir de s’en aller à peine après t’avoir arraché ton accord, plutôt que d’essayer – d’une quelconque manière – de s’imprégner un peu des manières du peuple avec qui ils s’étaient destinés eux-mêmes à interagir. Et pour s’imprégner d’une culture, le dessin était un outil des plus efficaces. Le dessin force l’observation du dessinateur, l’oblige à finalement autant tendre l’oreille qu’à ouvrir l’œil, car il est des choses lorsque l’on dessine un paysage que l’on ne peut représenter s’il on ne les comprend pas dans leur être physique entier. Le dessin force l’imagination et la curiosité du dessinateur, le pousse à s’intéresser à des détails qui lui seraient autrement passés sous le nez et à leur donner une histoire. Pourquoi le pas de cette elfe était-il lourd, quand celui de sa voisine était léger comme l’air ? Ce groupe de personne aux habits d’un style profondément différent de tous ceux qu’ils avaient croisés, pourquoi se démarquaient-ils ? Le régulier ballet de faucons au-dessus de la ville était-il fruit du comportement de chasse des animaux ou de leur rôle de messagers…
Posté derrière le petit homme, tu observes d’ailleurs son premier croquis prendre forme. Tu essaies de comprendre la manière dont il aborde l’empilement et le croisement de ses traits. Tu essaies d’une certaine façon de distinguer à travers son approche de l’art son approche du monde. Et si tu ne t’y trompes pas, dans sa perception il y a beaucoup de féérie. Les courbes de vos bâtiments, les feuilles volant au vent d’automne, les dessins probablement exotiques à ses yeux décorant les habits des passants sont autant de détails auxquels il te sembla accorder beaucoup d’importance. Beaucoup plus du moins aux échelles et aux proportions, qu’il se contenta de retranscrire naturellement, sans pour autant s’échiner à les rendre parfaitement exactes.
Tu te gardas bien de le prononcer de vive voix, mais tu ne pus t’empêcher de le penser : avec une telle qualité de trait, il était bien dommage que Colomban soit né fìreb. Aussi talentueux qu’il puisse être, ses dessins resteraient à jamais des dessins de myope, manquant les détails que ses yeux ne pouvaient pas percevoir. Mais pour autant que cela puisse te frustrer, tu te trouvas tout de même forcé, lorsque l’œuvre fut terminée d’attester d’un hochement de tête impressionné de sa qualité.
- S’il est un paysage que vous devriez absolument retranscrire, je pense que c’est celui du Quartier des Fontaines. tu déplies les genoux, te relevant de toute ta taille Et au vu de l’heure tu lèves le coin du regard vers le ciel, pour constater que le soleil était déjà haut je pense que l’on pourrait en profiter pour prendre le déjeûner. Cela devrait vous aider à vous réchauffer un peu.
Quant à toi, ce serait l'occasion de prendre des forces pour ton entraînement de l'après-midi.
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Ven 20 Déc 2019 - 11:15
Je vous en prie. Croquez donc !
Il n'en fallut pas plus à Colomban qui se saisit de son fusain et de son cahier pour faire crisser la mine avec application. Pendant quelques instants, toute sa concentration se porta sur son dessin. La Damedieu, elle-même, aurait pu gambader les seins à l'air autour de lui qu'il ne l'aurait pas remarqué, tant il était absorbé par son art et sa volonté de retranscrire la beauté des lieux. Il ne prêta pas attention au regard que le souverain jetait par-dessus son épaule pour observer son oeuvre. Il était trop occupé à tracer les courbes et les angles arrondis du paysage. Petit à petit, les traits devinrent des formes, qui s'affinèrent et s'ombrèrent sous les aller et venus de son crayon. Colomban tordit les lèvres dans une moue crispée, pas totalement satisfait de son travail. Il s'était dépêché, ne souhaitant pas faire attendre trop longtemps son hôte qui lui avait offert sa précieuse permission. Cela ferait l'affaire, jugea-t-il malgré tout.
S’il est un paysage que vous devriez absolument retranscrire, je pense que c’est celui du Quartier des Fontaines. Et au vu de l’heure, je pense que l’on pourrait en profiter pour prendre le déjeûner. Cela devrait vous aider à vous réchauffer un peu.
Le colosse elfique venait-il de l'autoriser à faire d'autres croquis ? Ainsi que l'inviter à sa table ? Les sourcils levaient et la bouche en cul de poule, Colomban papillonna des paupières, enchanté.
C'est un honneur que d'accepter pareil invitation, votre Majesté.
Perdu dans la discussion et son dessin, Colomban n'avait pas réalisé que son estomac était vide et que bientôt, il gargouillerait avec avidité en quémandant d'être rempli. Ainsi le petit groupe prit le chemin inverse, croisant de nouveaux habitants qui observaient le spectacle avec des yeux ronds. Colomban se permit de représenter sur les pages jaunies de son cahier, quelques fleurs aux pétales épais en passant, ainsi que la silhouette monumentale de l'arbre gigantesque qui surplombait Alëandir. Il avait hâte de découvrir le Quartier des Fontaines. Si même aux yeux des elfes, rompu à la beauté environnante, cet endroit leur inspiré la beauté, il se gaussait déjà d'émerveillement rien qu'à l'idée. Enhardi, il osa poser une nouvelle question.
M'autoriserez-vous à réaliser un portrait, votre Majesté ? Je suis sûr que le comte Gaubert et le Conseil royal seront ravis de mettre un visage sur le titre de Roi d'Anaëh !
Colomban souriait, espérant pouvoir rendre grâce au modèle et à sa stature aussi royale que gigantesque. Il suivit le Roi et son interprète jusqu'au buffet promis. Cette journée resterait indubitablement gravé dans sa mémoire.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Ven 20 Déc 2019 - 21:51
- Sans souci. tu acquiesces d’un hochement de tête Mais ce sera après le repas. Si nous ne nous dépêchons pas, je crains que mes viscères ne commencent à se dévorer elles-mêmes.
La Cité d’Alëandir est immense. Une gigantesque forteresse de de pierre blanche à la fois entourée de la forêt et entourant la forêt. Si Colomban et Diloïn ne l’avaient pas encore intégré, alors la longue marche jusqu’au quartier des fontaines s’en serait assuré. Surtout lorsqu’il s’agissait d’une marche en ta compagnie. Parce qu’il n’y a pas que dans l’architecture de vos villes que se ressent la grande taille des elfes. Même sans vous presser, vos longues enjambées à Thalawest et toi ont vite fait d’avaler de la distance. Diloïn encore avec un peu d’efforts est capable de tenir votre rythme naturel, ce qui est beaucoup moins le cas du pauvre Colomban. Plusieurs fois vous avez dû faire l’effort de ralentir… pour qu’avec le temps qui passe le naturel revienne finalement au galop. Thalawest, habituellement d’un calme et d’une contenance à toute épreuve finit même par rire aux éclats de la rocambolesque situation… mais enfin, le quartier des fontaines finit par vous apparaître.
- Voilà. tu annonces avec aplomb Le Telüime.
Jonché de dalles de marbre blanc à travers lesquels poignaient occasionnellement brins d’herbes et racines ; parcouru de rivières coulant d’une fontaine à l’autre tels des serpents d’argent, insufflant à travers ces reflets au moins un peu de beauté au morne ciel de fin d’automne ; présentant les constructions les plus jeunes de la Cité, les contre-courbes les plus ostentatoires après celles du palais, s’ourlant les unes autour des autres comme de véritables lianes pour former de véritables merveilles d’art, le Telüime apparaissait de suite comme l’art nouveau à la fois s’opposant et mariant le fort traditionnalisme émanant des quartiers de la Vieille-Ville. Ici même l’attitude des elfes changeait. Moins recueillie, moins cérémonieuse, moins froide, plus… explosive, symptomatique de ces lieux placés sous le signe d’Arcamenel. Et puis… dans le Telüime il y avait l’hospice des libertaires. Dans l’un des bâtiments de ce quartier logeaient les étrangers, leurs responsables et leurs guides, et là logeraient aussi Diloïn et Colomban pour cette nuit. Ainsi, le Quartier des Fontaines était celui où être issu d’une autre race devenait acceptable, et soudainement, les œillades des passants se faisaient moins inquisitrices, et moins insistantes.
- Alors Artiön, qu’est-ce que je sers à la délégation diplomatique ?le ton à la fois avenant et plein de sarcasme du tenancier serait déstabilisant pour n’importe qui ne serait pas habitué à son caractère quelques peu particulierDéjà choisi ?
- Ce sera fricassé de phalène pour moi.ton visage s’illumine d’avanceQuant à eux, peut-être vaudrait-il mieux quelque chose de moins fort. S’il te reste de la soupe de poisson et des galettes de méroca, je pense que ça leur passera mieux.
- Noté ! Et toi Thalawest ?
- Je ne serais pas contre un curry surprise, tant que c’est épicé.
- Toujours le même à ce que je vois ! Allez, partez vous asseoir, ça arrivera tout à l’heure.
Comme dit comme fait, tu invitas ta suite à prendre place. Sur fond d’airs traditionnels de flûte, de luth et de clavecin, l’attente fut courte avant que ne vous arrivent les plats fumants, accompagnés de l’habituel regard en coin du tenancier lorsque venait le moment de te remettre portion à ta taille. Suite aux plats arrivèrent ensuite trois bouteilles de liqueurs, deux alcools de fruits de saison et une préparation de Leöras..
- Bon appétit. tu jettes un coup d’œil rapide à Colomban en particulier Faites juste attention à ne surtout pas boire de cette bouteille. tu la tires de ton côté pour bonne mesure Et si plus tard quelqu’un vous propose du Leöras, refusez. C’est l’une de nos boissons favorites donc nous avons tendance à l’oublier, mais les autres races ont disons… un peu de mal à l’encaisser.
Et sur ces bons mots, vous pouviez dès à présent commencer le repas.
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Sam 21 Déc 2019 - 9:31
Sans souci. Mais ce sera après le repas. Si nous ne nous dépêchons pas, je crains que mes viscères ne commencent à se dévorer elles-mêmes.
Bénie soit la Damedieu de ses bienfaits ! Lui aussi commençait à avoir faim et savoir que le dessert consisterait à réaliser le portrait d'un Roi avait de quoi motiver l'explorateur. Artiön et son interprète avançait à grandes enjambées à l'avant du groupe, Diloïn parvenait à suivre le rythme mais Colomban était à la traine. Entre ses petites jambes dodues, l'embonpoiont qu'il trimballait comme un boulet et le fait qu'il s'était mis en tête de dessiner tout ce qu'il pouvait, il ralentissait le groupe. Si on tendait l'oreille, on pouvait entendre des compliments flatteurs filtrer entre ses dents dès qu'il repérait un nouvel endroit à croquer. Les elfes en arrivèrent à échanger des regards complices et même à en rire, s'amusant du petit gros émerveillé qui grattait le papier frénétiquement. Le roi des elfes se tourna vers Colomban et Diloïn, après une marche au rythme variable.
Voilà. Le Telüime.
Encore une fois, l'urbain et le naturel se mélangeaient avec une harmonie presque inconvevable pour un humain. Le marbre tutoyait le bois, le blanc côtoyait le vert, les colonnes s'enlaçaient avec les branches. Des fontaines jaillissaient du sol et étaient connectées entre elles par des ruisseaux qui clapotaient paisiblement. Courbes et arches dansaient sous les yeux écarquillés de Colomban, dont la mâchoire pendait à moitié.
Mais c'est ... MAGNIFIQUE !
Même si les elfes semblaient moins dérangés par la présence de l'humain, son excès d'enthousiasme lui attira de nouveau quelques regards curieux et sourcils levés. Il en avait cure, faisant noircir le vélin de sa mine pour rendre hommage à la beauté des lieux. Le nez plongé dans son cahier il suivit les elfes jusqu'à ce que ces derniers échangent dans leur langue chantante avec un de leur compatriote. L'elfe avait l'air plutôt sympathique, et le port d'un petit tablier et l'odeur de plantes aromatiques qui s'échappait de derrière lui, fit comprendre à Christofan qu'ils étaient arrivés à l'endroit de la collation. Ils furent dirigés vers une grande table où ils prirent place, puis on leur amenèrent différents plats. On déposa de la soupe et des galettes face à lui et un énorme plat de ... Par Kyria, un plat de beignets qui auraient pu nourrir un équipage de navire pendant trois jours. Le souverain avait un appétit qui correspondait à sa stature, massif. Le souverain annonça alors.
Bon appétit. Faites juste attention à ne surtout pas boire de cette bouteille. Et si plus tard quelqu’un vous propose du Leöras, refusez. C’est l’une de nos boissons favorites donc nous avons tendance à l’oublier, mais les autres races ont disons… un peu de mal à l’encaisser.
Rangeant son cahier dans sa besace, Colomban inclina la tête avant de répondre.
Bon appétit, votre Majesté ! Et merci de nous accueillir à votre table. Je prends note, "pas de Leöras".
L'odélian souriait en se saisissant de sa large cuillère, qu'il plongea dans la soupe avant de la porter à ses lèvres. C'était ... bon. Juste bon. Il s'attendait à avoir les papilles submergés de saveur délicieuses et complémentaires, découvrant un nouvel art dans lequel excellait ses hôtes, mais il fut quelque peu déçu. Il ferait bombance et honneur au plat, mais après tant de découverte émerveillée, il demeurait légèrement désillusionné.
Et de quoi est fait le Leöras ? J'avoue que vous avez piqué ma curiosité, Sire.
Un peu comme un enfant à qui on a dit de ne pas touché un four et qui désire dorénavant y mettre la main pour voir si cela brûlait vraiment. Il mordit dans une galette, et là encore, c'était bon mais ne valait pas à ses yeux un bon rôti de mouton avec une sauce poivrée. Il goûta le contenu des autres bouteilles, des liqueurs fruitées et légèrement sucrées, bien meilleure, pour le coup, que nombre de vinasse péninsulaire. Puis sur le ton de la conversation, Colomban interrogea le souverain une fois de plus.
Pardonnez-moi, votre Majesté. Souhaiteriez-vous faire parvenir un courrier jusqu'en Péninsule ? Je crains que ma parole ne suffise pas au comte, ni au Roy, lorsque je leur dirai que vous avez accepté de renouer le dialogue entre nos terres. Je serai honoré de vous servir d'émissaire, ou d'accompagner vos représetants jusque chez moi, en Odélian.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Sam 21 Déc 2019 - 14:28
- Nos alcools en règle générale sont très forts selon vos standards, et cela, tu le dis en surveillant à moitié les quantités qu’ils se permettaient de goûter, prêt à intervenir il en faut beaucoup pour faire sourire un elfe, les nains dans le temps en étaient très étonnés d’ailleurs. tu ris un coup Mais la Leöras est une autre paire de manches. C’est une infusion à base de la fleur du même nom… celle gravée dans le verre de la bouteille. tu en sirotes une gorgée pour bonne mesure La boisson a un goût acidulé qui plaît beaucoup chez nous et est très désaltérante. Malheureusement, pour un non-elfe, c’est l’intoxication garantie dès la première gorgée. ton regard se tourne vers DiloïnEt dans le cas des sang-mêlés j’imagine que d’un individu à l’autre, la tolérance devrait varier, mais c’est un risque qui ne vaut peut-être pas la peine d’être pris dans notre cas
Boisson mise de côté, tu fus profondément étonné de ne pas voir au moins le regard de Colomban exprimer une quelconque perplexité face à vos plats. En particulier lorsqu’il en vint à goûter les galettes. La race d’Elenwë était fameuse pour son aversion – toute naturelle au vu de leur fragilité – à l’amertume, et pour leur attrait pour des niveaux de douceâtre et de sucré qui ont bien vite fait de vous faire rendre vos tripes. C’est dont avec cette appréhension en moins que tu te permis de piocher une galette de méroca et quelques fèves, d’y fourrer un peu de ta fricassée de larves, de rouler le tout, et de porter à ta bouche une bouchée de plus.
- Je vous dois un courrier au moins cela va de soi. tu sirotes une petite gorgée de boisson Cependant, je crains de ne pouvoir offrir plus de preuves de votre passage que cela, et un cadeau de retour. Des affaires intérieures importantes mobilisent déjà les miens, je redoute de ne pas pouvoir mobiliser la personne physique d’un émissaire avant que les remous ne se soient calmés. Et puis… tu soupires depuis l’épisode de Calan les miens se méfient. Il serait plus sage je le pense de d’abord échanger quelques missives, puis de prendre le temps de se rencontrer en terrain neutre.
Une bouchée de plus, et encore une fois ton visage pris de l’expression de profonde satisfaction que te procure le goût de ton plat. Restait maintenant à espérer que cet accueil particulièrement informel n’aille pas faire penser aux Arïn que l’Aran des Cités d’Anaëh est un boulimique gérant toutes ses tractations autour d’un repas.
- L’idéal serait à mon sens d’impliquer vos prochains régents, et d’éventuellement se rencontrer sur l’eau. Entre Oësgard et les quais de Linaëh. tu as une pensée pour la Protectrice du Fort, ayant tenté d’organiser une rencontre avec les Seigneurs humain au lendemain de vos déconvenues avec leurs bûcherons En espérant que tous soient présents cette fois.
Que tu n’aies pas à te couvrir de la honte d’avoir été snobé en plus de celle d’avoir envisagé des tractations avec les mortels qui ne soient pas entièrement en vos termes.
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Dim 22 Déc 2019 - 9:04
Nos alcools en règle générale sont très forts selon vos standards, il en faut beaucoup pour faire sourire un elfe, les nains dans le temps en étaient très étonnés d’ailleurs. Mais la Leöras est une autre paire de manches. C’est une infusion à base de la fleur du même nom… celle gravée dans le verre de la bouteille. La boisson a un goût acidulé qui plaît beaucoup chez nous et est très désaltérante. Malheureusement, pour un non-elfe, c’est l’intoxication garantie dès la première gorgée.
Artiön adressa encore quelques mots en elfique à Diloïn, que le demi-elfe ne prit pas la peine de traduire, probablement une mise en garde un peu moins stricte au vu de son sang.
Bien, votre Majesté, me voici convaincu de ne jamais essayé !
Il mordit dans une galette, avant de sourire puis de boire une rasade de vin de fruit afin de mieux faire la faire descendre dans son gosier engraissé. À chaque nouvelle bouchée, la petite crèpe épaisse paraissait plus amère et la liqueur aidait grandement à ne pas finir écoeuré par le plat. Le Roi, rompu à ce genre de mets, engloutissait avec voracité ses fricassés, avant de boire de longues rasades de la boisson qui était interdite aux humains. Il répondit aux dernières interrogations de Colomban entre deux beignets.
Je vous dois un courrier au moins cela va de soi. Cependant, je crains de ne pouvoir offrir plus de preuves de votre passage que cela, et un cadeau de retour. Des affaires intérieures importantes mobilisent déjà les miens, je redoute de ne pas pouvoir mobiliser la personne physique d’un émissaire avant que les remous ne se soient calmés. Et puis… depuis l’épisode de Calan les miens se méfient. Il serait plus sage je le pense de d’abord échanger quelques missives, puis de prendre le temps de se rencontrer en terrain neutre.
Colomban hochait la tête en écoutant la réponse du souverain d'Anaëh, avant de faire glisser le carré de tissu, qui lui était attribué, sur ses lèvres, afin de ne pas postillonner sur le roi.
Un courrier officiel, un portrait et notre témoignage à Diloïn et moi seront des preuves suffisantes, votre Majesté. Encore une fois, merci. Je comprends tout à fait qu'il soit tôt pour que vos émissaires viennent en Péninsule et je ferai connaître vos conditions à mon seigneur.
Christofan porta sa coupe aux lèvres, observant le seigneur des elfes dévorer toujours plus de son repas, sans ralentir ou faiblir. La statutre et l'envergure de l'elfe était impressionnante, mais son appétit également. Il poursuivit, avant de boire une rasade de Leöras.
L’idéal serait à mon sens d’impliquer vos prochains régents, et d’éventuellement se rencontrer sur l’eau. Entre Oësgard et les quais de Linaëh. En espérant que tous soient présents cette fois.
Malgré l'amabilité des mots, on pouvait sentir une certaine amertume dans les propros du Roi. Colomban n'était pas dans le secret des puissants, mais il ne fallait pas être un diplomate de génie pour comprendre que les précédentes tentatives de tractations avec les elfes avaient plus souvent été perçues comme insultantes que bienveillantes par les habitants de l'Anaëh. Le marchand se pinça les lèvres, avant d'adresser un regard attentif et plein de compréhension à Artiön.
Bien entendu, votre Majesté ! Un terrain neutre me semble également un endroit idéal pour organiser une rencontre entre vous et nos dirigeants. Je partagerai vos désirs avec le comte, encore une fois, qui lui-même pourra en faire part aux régents.
Gaubert lui avait répété de faire mention de ses terres dès que Colomban le pouvait, du coup il ajouta.
Sachez que vos gens, marchands, émissaires ou dignitaires sont également les bienvenues en Odélian, le comte sera ravi de les accueillir et de leur offrir un toit et un repas. Même en dehors d'une rencontre protocolaire entre nos dirigeants et vous, Sire.
Le repas touchait à sa fin, Colomban et Diloïn étaient repus et Artiön arrivait sur la fin de son plat massif. Les bouteilles avaient été vidées et les estomacs s'étaient remplis. Colomban se saisit alors de sa mine et de son cahier et feuilleta les différents dessins qui le noircissaient jusqu'à arriver à une page vierge. Il se tourna vers le seigneur, souriant et levant les sourcils.
Me permettez-vous, maintenant, votre Majesté ?
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Dim 22 Déc 2019 - 13:27
- C’est noté.
Mais tu n’userais certainement pas de cette information avant d’en avoir obtenu de complémentaire. Les Cités d’Anaëh avaient beau être culturellement divisées, les unes savaient faire en sorte de ne pas trahir la promesse de l’autre. Tu doutes fort qu’il en soit de même chez les Péninsulaires, et tu ne tiens pas à prendre le risque d’envoyer l’un des tiens perdre la vie sur le chemin d’Odélian, n’ayant la certitude de la sympathie que de ce territoire. Pour l’instant, il était plus confortable de penser à autre chose et de te laisser croquer par le petit homme. Qu’ils repartent avec moyen de donner un visage à l’Aran du Royaume elfique, même si l’Aran du Royaume elfique ne se sentait pas particulièrement mis à son avantage pour un portrait ainsi assis à table. Il faut dire que tu aurais préféré quelque chose d’un peu plus… dramatique.
- Artiön, quoi que tu fasses dépêche-toi, on t’attend dehors.
Le tenancier de la taverne vient te confier à l’oreille, avant d’attirer ton regard sur la palefrenière à l’extérieur, accompagnée de l’étalon que l’on venait de t’offrir, harnaché d’une barde de cuir qui servirait probablement à voir comment la bête s’ajustait au port du harnachement, de manière à lui en forger un qui lui corresponde bien. Ce qui voulait dire que…
- Je suis désolé. tu regardes Colomban d’un air contrit Nous aurons tout le temps pour ce portrait plus tard. Nos manœuvres d’entraînement d’aujourd’hui vont bientôt commencer.
Tu te lèves avec empressement, et part rejoindre la palefrenière, pour d’un bond monter en selle, et pour la première fois prendre la mesure du pas et de la réactivité de l’Odélian. Tu ne penses pas bien souvent à avoir à le monter à la guerre. C’est Virìn ta partenaire au combat après tout… mais on ne sait jamais. La faïra mériterait bien que tu la laisses un peu tranquille dans les situations les moins épineuses.
- Messieurs. Thalawest reprend à ta suite Je vous présente encore une fois mes excuses au nom du Roi. il se lève En tant qu’ancien Commandant, il tient à partager le plus de temps possible à l’entraînement avec ses hommes. il tend la paume de la main vers l’extérieur Laissez-moi vous raccompagner jusqu’à vos appartements, nul doute qu’il viendra vous y rejoindre une fois ses devoirs remplis.
La route à travers le Telüime, sans tes grandes jambes pour l’accélérer, et avec le repas pour l’alourdir, fut bien paisible. Et bientôt se dévoila aux deux étrangers la structure qui les accueillerait. L’Hospice des Libertaire, seule structure dans l’intégralité du Royaume Sylvain à avoir été érigée en honneur à Elenwë, la mère des hommes. Seule structure dont les plumes décorant les gravures n’étaient pas en l’honneur des Eperviers ou des Aigles. Seule structure où la quasi intégralité des elfes était capable de comprendre le Péninsulaire.
- C’est ici que je me retire. Je laisse soin aux prêtres d’Elenwë de vous faire découvrir les lieux.
Thalawest s’incline poliment, tant en au-revoir aux étrangers qu’en salutations au prêtre venu prendre le flambeau et s’occuper d’eux. Si le prêtre avait montré une qualité que Thalawest et toi n’aviez pas pris la peine de mettre en avant, c’était la tendresse. Tout, absolument tout était dit et fait avec une affection toute particulière, qui sans jamais infantiliser les invités, cherchait visiblement à les mettre à l’aise à l’excès. Et si elle était agréable cette affection, il y avait dedans une certaine mélancolie, une certaine obscurité. L’Hospice était comme toutes les bâtisses elfiques : grand, spacieux, construit à l’image de la nature et pour répondre aux désirs de confort des Taledhels. Mais l’hospice était endeuillé, et cela se ressentait sur son atmosphère. Les heures passeraient donc baignées dans ce parfum doux-amer. Mais quoi d’étonnant là-dedans, l’amertume n’était-elle pas au goût des elfes ?
La prêtresse faite messagère accompagna les deux étrangers jusqu’à l’endroit fatidique jusqu’à se retirer – non sans l’obligatoire roulement d’yeux que commandait cette situation.
- Pardonnez-moi pour ce midi, j’ai fait aussi vite que j’ai pu.tu jettes un coup d’œil sur le cheval à ta droite pour lui tapoter le flancJ’ai à peine eu le temps de retirer son harnachement à ce pauvre gars. C'est qu'il l'a bien mérité après un premier entraînement pareil.
À ta manière de t’exprimer il était simple de comprendre que tu avais l’humeur encore enflammée par l’intensité de l’exercice. Quelques mèches de tes cheveux ayant retrouvé leur frisure et désorganisé ta coiffure ; ton sceptre dans ta main gauche fermement appuyé contre le sol et ta combinaison d’entraînement enfilée seulement jusqu’à la ceinture. La musculature encore gonflée par l’effort, la respiration lente et lourde, te faisant la poitrine plus énorme encore qu’elle ne l’était, et ton torse nu miroitant de sueur, renvoyant au Soleil couchant et à la Lune qui se lève une part de leur lumière, tu ne semblais pas incommodé le moins du monde. Au contraire, même aux inconnus, tu semblais plus toi ainsi que de nulle autre façon.
- Alors, ce portrait ?
Dramatique. Pour sûr.
La combi d'entraînement ( quand elle est enfilée correctement ):
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Lun 23 Déc 2019 - 21:24
Je suis désolé. Nous aurons tout le temps pour ce portrait plus tard. Nos manœuvres d’entraînement d’aujourd’hui vont bientôt commencer. Bien entendu, votre Majesté. Lorsque vous le souhaiterez.
Un brin dépité mais gardant tout de même bonne figure, Colomban rangea son cahier dans sa besace. Il se leva en même temps qu'Artiön pour saluer la sortie de table du souverain. Quelques instants plus tard, c'est avec un large sourire qu'il aperçut le roi s'éloigner en chevauchant l'étalon doré qu'il avait amené en cadeau. L'elfe ne perdait pas de temps à éprouver les qualités du massif destrier. L'interprète du Roi resta auprès de Colomban et Diloïn et s'adressa à eux avec ses propres mots, pour la première fois depuis leur rencontre.
Messieurs. Je vous présente encore une fois mes excuses au nom du Roi. En tant qu’ancien Commandant, il tient à partager le plus de temps possible à l’entraînement avec ses hommes. Laissez-moi vous raccompagner jusqu’à vos appartements, nul doute qu’il viendra vous y rejoindre une fois ses devoirs remplis. Je comprends tout à fait, Messire Thalawest. Nous vous suivons.
Comme il semblait agréable de ne pas attendre la traduction de Diloïn pour se faire comprendre de son interlocuteur. Thalawest les conduisit vers ce qu'il appela l'Hospice des Libertaires. Le bâtiment était à l'image de toute l'architecture elfique qui dessinait la cité royale d'Anaëh. Un lieu immense, confondant intérieur et extérieur avec harmonie, dont les gravures et les statues évoquaient des représentations de la Damedieu.
C’est ici que je me retire. Je laisse soin aux prêtres d’Elenwë de vous faire découvrir les lieux.
Colomban rendit la révérence à l'interprète qui s'éloigna avant qu'un elfe, vêtu d'une toge évoquant le clergé, ne les accompagne jusqu'à leurs chambres. Le duo put se reposer quelques heures, même si Colomban profita de ces instants loin du Roi des Elfes pour croquer la vue qu'il avait depuis ses appartements ainsi que de divers personnages qui déambulaient dans l'Hospice.
*******
Le soleil avait commencé à décliner vers l'ouest lorsqu'une elfe vint les prévenir du retour du souverain. Colomban donna une petite tape sur l'épaule de Diloïn pour l'inviter à le suivre et ils se précipitèrent dans le hall. Artiön se tenait à côté de l'étalon, vêtu d'une combinaison moulante dont il avait enlevé le haut qui tombait le long de ses hanches. Les muscles saillants et suants révélaient le tatouage qui couraient sur la moitié de son corps. Colomban marqua un petit temps d'arrêt en réalisant que le sommet de son crâne était au même niveau que les oreilles de l'étalon. En Péninsule, on s'extasiait sur la taille gigantesque des chevaux odélians, vantant leur taille et leur masse, mais le Roi donnait au destrier l'aspect d'un cheval eraçon. Diloïn fut prompt à traduire les paroles du souverain, légèrement ébourrifé par sa session d'entraînement.
Pardonnez-moi pour ce midi, j’ai fait aussi vite que j’ai pu. J’ai à peine eu le temps de retirer son harnachement à ce pauvre gars. C'est qu'il l'a bien mérité après un premier entraînement pareil. Voyons, votre Majesté, nul besoin de vous excuser. Vous me faites un grand honneur en m'accordant encore quelques minutes de votre temps. J'espère que votre cadeau aura répondu à vos attentes.
L'explorateur s'inclina pour souligner ses paroles, tandis que le souverain ajoutait.
Alors, ce portrait ?
Il ne fallu que quelques secondes pour que le cahier soit ouvert sur une page vierge, la mine de son fusain prête à dessiner les traits d'Artiön.
Ne bougez pas, votre Majesté, le temps d'esquisser votre silhouette et de rendre justice à votre stature.
Diloïn n'avait pas eu le temps de finir de traduire que la mine traçait de grandes courbes. Il commença par l'ovale du visage, puis la ligne d'épaule, vinrent les bras qu'il esquissa rapidement, laissant les détails des mains et des muscles pour plus tard. Il poursuivit avec les hanches et les jambes puis en vint aux lignes de la combinaison d'entraînement du souverain. Il esquissa également la silhouette de l'étalon, ce qui donnerait une idée de l'échelle gigantesque de l'elfe. Une fois, le contour terminé, il se détendit légèrement et laissa son regard vagabonder entre le modèle et le dessin, avec une application frénétique.
Lui avez-vous choisi un nom ? Ainsi qu'à sa compagne ?
Il pointa le cheval pendant un bref instant, avant de reprendre son dessin, commençant à détailler petit à petit les traits du visage et les lignes des muscles.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Mar 24 Déc 2019 - 11:33
Avant même que tu ne te sois véritablement immobilisé, avant même d’ailleurs que l’on ne te l’ait demandé, que le petit homme avait déjà ouvert son cahier et commencé à griffonner, sans poser plus de questions ni ne faire aucune forme d’opposition. Certains auraient certainement perçu l’image que tu renvoyais comme inappropriée, une bien mauvaise manière de présenter le peuple elfique à l’extérieur de ses frontières ; d’autres auraient complètement ignoré le geste, ne voyant de toute façon pas d’avenir dans l’échange entre Sylvains et Humains. Mais dans ton cas rien de tout cela ne comptait plus. Probablement accuserait-on un élan d’égoïsme de ta part, peut-être te dirait-on irresponsable, toi qui en tant qu’Aran avait entre les mains la tâche de représenter les tiens. Mais pour l’occasion, tu voulais être toi et rien ni personne de plus.
L’Aran des Cités d’Anaëh est un être franc et entier, peu protocolaire. Un être confiant en sa personne, et fier de sa puissance. Selon quelle serait leur approche par la suite, tu pourrais tout aussi bien être le gentil géant leur tendant la main que la forteresse vivante les séparant d’Anaëh. Et cela tu voulais que le premier regard sur ton portrait le dise, car Colomban – tu le sais – avait déjà bien assez dessiné du reste d’Anaëh pour que n’importe qui n’y mettant pas de mauvaise volonté voie que tu n’es pas l’Anaëh. Tu n’es pas le peuple elfe. Tu en es simplement le Seigneur-Protecteur.
L’intense expression que tu donnes pour le portrait se fissure quelques peu à la question relayée par Diloïn, pour se transformer en un mélange de fierté, de surprise et de reconnaissance.
- Pour lui ce sera « Tuolaurë ». Il ne l’aura pas volé.un rire court échappe à tes lèvresPour la femelle par contre je n’ai encore décidé de rien, mais je fais confiance à Roccondil pour lui avoir trouvé le nom parfait d’ici à demain.
Ta main droite tombe de l’encolure du cheval, et ton sceptre quitte terre un instant. Tu roules rapidement des épaules et tire sur ton cou, soulageant des muscles endoloris, avant de reprendre ta position initiale. Tu accordes quelques minutes de silence au dessinateur, pour lui permettre de tranquillement poser – si après l’avoir vu à l’œuvre au cours de la journée tes estimations étaient juste – les traits les plus difficiles à placer. Et là tu réalises qu’en vérité, au cours de ta longue vie, tu n’as que très rarement été représenté. Et les fois où tu l’as été, ce fut plus par souci de practicalité que par ambition artistique… Edraëla ayant besoin de ces silhouettes pour fabriquer les vêtements qui les habilleraient.
- J’espère qu’heru Gaubert ne pensera pas que vous vous moquez de lui en voyant ce dessin.tu offres un doux sourire Je sais avoir un physique assez… unusuel. Surtout pour un elfe. D’ailleurs de tous les étrangers que j’ai pu côtoyer, vous êtes peut-être celui qui en a été le moins surpris.l’une de tes oreilles se soulèveMais il faut dire qu’en dehors du Trystan de Diantra, vous êtes aussi le seul dont j’ai connaissance qui ait l’air véritablement à l’aise en présence de notre sang.
Et c’était là un profond reproche en réalité. Car là où tu pouvais ressentir – malgré le probable contrat qui les liait – une certaine aise entre Colomban et Diloïn, tu savais les rapports entretenus par les parties « les plus tolérantes » de la Péninsule avec même les sang-mêlés d’Ithri’Vaan être bien moins entières. Un moyen vers une fin. Rien de plus rien de moins. Thaar te l’avait bien appris.
Les fìreb découvriraient à terme que tu craignais l’hypocrisie de leur Sud bien plus que tu ne crains la méfiance du Nord.
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Jeu 26 Déc 2019 - 10:41
La mine caressait le grain du papier dans un petit crissement alors que Colomban s'appliquait à ajouter traits et ombres afin de faire ressortir le relief de son oeuvre. Petit à petit, le schéma devenait un portrait et l'esquisse devenait un trait plein et appliqué. Il faudrait encore quelques instants pour que le Roi soit libéré de son obligation de pose et Colomban fit la discussion en l'amenant sur le nom des chevaux. Artiön répondit avec un sourire franc.
Pour lui ce sera « Tuolaurë ». Il ne l’aura pas volé. Pour la femelle par contre je n’ai encore décidé de rien, mais je fais confiance à Roccondil pour lui avoir trouvé le nom parfait d’ici à demain. Un nom qui lui convient tout à fait, Votre Majesté !
Diloïn traduisit le nom elfique en deux temps. "Tuo" signifiait fort et "laurë" signifiait or. Fort en or ? Huhaha. Il y eu comme un écho dans son crâne qui retentit, amusé de cet assemblage de mot. ON EST FORT ... en or. D'où lui venait ceci, il n'aurait su le dire. Il hocha la tête vers le souverain pour chasser cette pensée cocasse. Le souverain roula des épaules et du coup afin de s'étirer et reprendre sa pose, en disant, un doux sourire toujours accroché aux lèvres.
J’espère qu’heru Gaubert ne pensera pas que vous vous moquez de lui en voyant ce dessin. Je sais avoir un physique assez… unusuel. Surtout pour un elfe. D’ailleurs de tous les étrangers que j’ai pu côtoyer, vous êtes peut-être celui qui en a été le moins surpris. Mais il faut dire qu’en dehors du Trystan de Diantra, vous êtes aussi le seul dont j’ai connaissance qui ait l’air véritablement à l’aise en présence de notre sang.
Colomban releva les yeux en papillonnant de surprise. Sa mine poursuivait les traits presque machinalement et de temps à autre, il écrasait son pouce contre le gris du trait afin d'estomper et de créer un dégradé d'ombres.
Croyez bien, Sire, que cela m'étonne qu'on puisse ne pas être à l'aise face à un accueil aussi bienveillant et des êtres aussi civilisés que le peuple d'Anaëh. Même entre péninsulaires, il y a des regards bien plus malsains qui s'échangent. Et le comte me fait confiance, ainsi qu' à la qualité de mon trait pour vous représenter tel que vous êtes.
Il fit tournoyer le gras de son doigt pour étaler un peu plus un trait et apporter un ombrage sur la musculature de l'elfe. Une dernière courbe fut ajouté afin de rendre justice à la chevelure un peu folle d'Artiön et l'odélian tourna son oeuvre vers le modèle, satisfait de son travail.
Qu'en dites-vous, votre Majesté ?
Il n'était pas peu fier de son dessin, ayant réussi à rendre, selon lui, justice au modèle impressionnant qu'il avait face à lui. Il atrendait le verdict royal de ce qui semblait être le dernier acte de cette rencontre qui résultait du pari fou du vieux comte.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Un pari fou (Artiön) Jeu 26 Déc 2019 - 19:25
Des êtres aussi civilisés que le peuple d’Anaëh… heureusement, lorsque Colomban prononce ces mots, son portrait est assez avancé pour que tu puisses te permettre de libérer ton visage. Tes lèvres s’écartent, ta lippe du dessus se retroussant jusqu’à même dévoiler un peu de ta gencive en un large sourire. Civilisés… c’est que le petit homme ne devait donc pas être bien orgueilleux. Là-dessus donc, il te surpassait largement en qualité. Aurais-tu été à sa place que tu n’aurais probablement pas été aussi patient avec les regards qu’il a encaissé. C’est peut-être là d’ailleurs l’une de tes grandes faiblesses. Tu aimes être admiré. Tu n’as pas besoin que l’on t’admire, mais tu n’apprécies pas moins pour autant que les yeux se posent sur toi avec ravissement. Paradoxal pour un personnage tel que toi, pourtant bien loin des canons de ta race. Ou au contraire, d’autant plus satisfaisant que tu savais à travers quelles barrières devait œuvrer ton charisme. À l’inverse, tu as du mal à supporter que l’on te méprise. Et si – pour peu que cela ne découle pas de quelque chose que tu sois capable d’accepter comme une véritable erreur de ta part – tu n’as pas grand mal à passer outre, ta fierté aura vite fait de te poster en opposant extrêmement critique de ton environnement, comme tu l’as été à Thaar.
- Je suis impressionné.tu ploies les genoux pour te rapprocher un peu du dessin finaliséÇa paraîtra sûrement vaniteux de ma part,tu te relèves et croises les bras sous ta poitrinemais je pense que c’est probablement mieux réalisé des dessins que vous avez réalisé de notre ville. Suivi de près par celui des fontianes du Telüime.tu t’écartes un peu de l’explorateur, et attire son regard d’un geste avant de faire une courte révérenceVous me voyez flatté d’avoir été la Muse ayant inspiré de tels efforts.
Ou alors n’étaient-ce que les dispositions particulières des astres en ce moment du jour ? Le soleil bas et la Lune haute, qui brouillaient la différence entre les perceptions humaines et elfiques des détails. Les jeux de lumières qui prenaient l’ascendant sur les contours. Ta peau moite, qui donnait d’autant plus l’occasion à ces jeux de lumière de s’exprimer. Un talent particulier de l’artiste – il faut se le dire – pour faire jouer les contrastes d’ombres, de lumières et de reflets, qu’il n’aura pas assez eu la possibilité d’exploiter en croquant de la pierre blanche en plein jour.
- Mais maintenant que c’est chose faite, si vous le voulez bien,tu te déplaces face à tes deux invités du jourje vais devoir me retirer. J’ai une lettre à rédiger et des devoirs de père à accomplir.
Geste peu commun chez vous elfes, qui lorsqu’incapables de vous contenter de distantes salutations passez vite aux embrassades : tu tends la main en direction de Colomban, prêt à la lui serrer en un premier signe de bonne foi.
La lettre, tu l’avais écrite en deux exemplaires. Le premier dans ta langue natale, usant de formules te venant naturellement. Le second te prit plus de temps encore que tu ne le pensais, et c’est en compagnie de Thalawest que tu l’écrivît. Prenant le temps de réadapter l’intraduisible en ce qui devait en réalité n’être qu’une parodie de langage Péninsulaire, tu te retrouvas tout de même avc une missive jonchée d’expression littéralement traduites qui ne feraient aux yeux des destinataires que bien peu de sens. Mais au moins c’était un effort de ta part.