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 Ce petit chemin, qui sent la noisette | Solo

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Naukhel
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MessageSujet: Ce petit chemin, qui sent la noisette | Solo   Ce petit chemin, qui sent la noisette | Solo I_icon_minitimeLun 30 Déc 2019 - 22:33


Début 3eme ennéade de Barkios
de l'an 17 du XIe cycle
Sur une route de la Principauté des Sept-Monts

Les craquements, les murmures, la carriole qui louvoie sur la voie irrégulière. Hommes et femmes en occupent l'arrière, un petit allant de genoux en genoux, demandant leur attention, alors qu'un sombre demeure à l'écart, au bord des planches de bois. Ses pieds pourraient presque frôler le poussière du chemin, ses mains entourer les nuques de ceux à qui il tourne le dos. Il n'en fait rien, et demeure porté, paresseux, par le bois grinçant. Quelques pièces récupérées sur un mort, l'appât du gain, et ainsi devint-il voyageur comme il ne l'avait plus été depuis... Il ne remonte pas le chemin de ses souvenirs, laissant son regard s'égarer dans les motifs irréguliers de la terre piétinée, craquelée.

Mais là, ses mires accrochent un nuage de poussière derrière-eux. A l'agitation dans son dos, il devine que les éphémères aussi ont vu. Le rythme ne change pas, les chevaux avancent toujours, mais l'attention est porté vers l'arrière, se demandant ce qui s'en vient... D'autres bêtes à sabots, crinières au vent, cavaliers sur le dos. Peu à peu, ils se rapprochent, jusqu'à ce que leurs visages se distinguent, leurs gestes pressés, talonnant leur monture. Où les porte leur vent de furie...

D'entre les mèches blafardes, les yeux rouges suivent, jusqu'à ce que les deux cavaliers arrivent au niveau de carriole. Pressés, ils passeront sans doute... Un coup de voix, les regards qui se braquent, la curiosité qui se lit. Que voit-il, un sombre dans une carriole d'humains, un géant courbé, une curiosité seulement, peut-être. Un cri - question ? - auxquels les passagers répondent... Sauf l'intéressé. L'intérêt ne disparaît pas, et le sombre ne bouge pas. Au trot, les chevaux approchent, les gueules braillent encore.

Le sifflement de l'acier.
Une lame que l'on tend.

Sans délicatesse, l'arme pique la gorge, le visage qui est redressé. Le conducteur a arrêté ses bêtes, laissant toutes largeurs aux cavaliers, de questionner le passager sans nom. Une figure redressé à la pointe d'une épée, une gueule penchée qui se relève, se dévoile, d'entre le rideau blanc-sale... Qu'il est laid, disent les visages. La figure est émaciée - moins qu'il fut un temps -, les traits tirés - à peine, vraiment -, les yeux anormalement rouges - mais drow aux yeux plus rouges que rouges, quelle importance ? -. Sur les genoux, les battoirs ne bougeant pas. Le grand torse reste prostré, quand bien même la nuque est tordue. Une question, incompréhensible, gueulée, encore.

Que dit cet autre ? Il ne sait. Est-ce important ? Non.

"Naukhel." donne-t-il comme réponse.

Et, paresseusement, il sourit, une lame sous la gorge. Sans montrer les dents.

Des regards échangés, l'indifférence qui pointe... Mais, alors que l'un se détourne, l'autre à une torsion de lèvre. Un sifflement, infime. La brûlure, surprenante. Sans un son, la géant ploie, portant main à sa figure. Nulle autre réaction. Un rire dédaigneux, le murmure de l'arme s'en retournant au fourreau. Des chevaux que l'on talonne, et bientôt le son de leur sabots les emportant, au galop. Derrière eux, ils laissent les hommes et femmes tendus, ne sachant si, en s'approchant, ils trouveront une cascade rouge à la gorge du géant. C'est qu'il ne dit rien...

Lentement, la tête se redresse quelque peu, le souffle calme. Sous les yeux écarlates, les traces sanglantes se dévoilent sur les doigts. Une inspection tranquille. Le trait, sur son visage, picote un peu. Faute d'autres réactions, les éphémères se détournent, sans s'attarder davantage sur le passager peu apprécié.

Mais voilà qu'il rit.
Un rire esseulé, sec et grave. Un amusement déviant, qui fait frissonner, plus que sourire.
Sur la gueule, quelques larmes de sang, essuyées grossièrement.
Le silence, qui revient. Les chevaux, qui patientent.

D'une bourrade, le conducteur est ramenée à une réalité saine : celle du chemin qui attend encore. Le claquement des rênes, et la carriole s'ébranle. Loin devant, les deux cavaliers disparaissent dans la poussière.
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