[Chez Mehmet] Consultation pas si privée (Cécilie, Lyliana)

début troisième ennéades du mois de Barkios, an 17 du XIe cycle
Chez Mehmet, dans les soieries

Il y a une plaie qui l'agace, le long de son bras… Bon, il faut dire aussi qu'il a fait exprès pour qu'elle s'envenime, pour donner une raison objectivable, vérifiable et indiscutable à sa visite chez celui qui l'intéresse. Tout le monde sait qu'il est de retour en ville… Il se la fait aller assez. Le vieux Claude l'a revu et n'a pas posé de question, seulement haussé un sourcil dubitatif face à son exubérance soudaine. Tessa, il ne l'a pas revue encore, réglant milles autres détails.

Bref, la vie suit son cours. Dante a bien envenimé sciemment sa blessure, et maintenant elle suppure. Il doit aller voir ce fameux mage de la Vie avant que la septicémie ne s'y mette…

Le trouver n'est pas trop difficile quand on sait où et quoi chercher. Le pied botté de cuir souple se meut avec aisance sur le chemin de la clinique du mage. Sans cape, avec ses quatre dagues et son plastron, lavé et vêtu de propre, frais rasé, il a tout du gus qui veut quand même faire bonne impression pour celui qui ne le connait pas. Ceux qui le connaissent, savent qu'il aime juste être propre.

Donc, il frappe poliement et fermement à la porte, avant d'être introduit dans ce que nous pourrions qualifier de salle d'attente. Une vague odeur d'algues marines émanant de sa modeste personne, Dante fait les cent pas patiemment, en attendant son tour, examinant d'un œil critique la décoration des lieux et l'oreille tendue pour percevoir le moindre bruit. Relevant la tête doucement, l'homme hume l'air en inspirant profondément, narines évasées.

Si le mage peut se dépêcher un peu, il a tellement à faire avant son départ... Il ne marque aucun sine d'impatience cependant, sachant pertinemment qu'il ne doit pas être le seul patient de cet individu.

La porte discrète de la rue coquette sur laquelle donnait la maison de Maître Mehmet n'affichait pas la moindre indication concernant le commerce qu'on y faisait. Bien des peuples auraient pu trouver étrange cette ville ou les bordels sont éclairés de toutes parts et ou les guérisseurs ne se rencontrent que part le bouche à oreille, mais ainsi allait Thaar. De toute façon, un homme aux talents si particuliers n'avait pas besoin de plus subvenir à tous ses besoins.

Nubia avait introduit le nouveau venu dans la boutique avec la courtoisie du à son commerce. Diverses ingrédients alchimiques alourdissaient les étagères et c'est avec toute la politesse du monde qu'elle avait demandé au nouveau venu de quel genre de maux il souffrait pour pouvoir lui concocter un remède au plus tôt... Mais ce fut bien inutile. Comme d'autres avant lui, l'homme semblait vouloir discuter avec le maître des lieux et nul autre. La jeune femme aux yeux du même violet que sa robe avait tenté de lui expliquer que le Maître était dehors et qu'il ne recevait pas avant l'ennéade prochaine. En pure perte.

Alors elle le laissa s'installer sur la chaise agréablement rembourrée au coin de la grande table qui lui servait de plan de travail et lui servit une macération froide de mauve et jasmin dans l'espoir d'obtenir au moins son prénom, avant de le laisser faire les cents pas dans la pièce tout en surveillant qu'il ne s'approche pas du rideau de billes de bois qui marquait l'accès à la cour intérieure.

Quelques coursiers virent chercher divers onguents et filtres. Et à chaque fois, Nubia tentait de relancer la conversation avec son hôte pour enfin savoir ce qu'il faisait là... Jusqu'à ce qu'un homme de haute stature pousse la porte sans frapper.

Le crâne et le visage couverts d'un turban de tissus blanc, d’indéchiffrables tatouages étaient discernables autour de ses yeux violacés. Son regard - d'ailleurs - était appuyé, quel que soit le détail sur lequel il tombait. Ses vêtements au style austères étaient aussi simples que bien coupés pour un corps qui, sans être monstrueux, méritait sans mal le qualificatif de force de la nature.

- Bon retour !
- Bonjour, Nubia. " La voix du nouveau venu était fluide, étrangement moyenne pour un corps aussi puissant que le sien. Elle avait la force tranquille d'un cour d'eau et captait l'attention avec facilité pour l'emmener ou bon lui semblait. Il prit une seconde pour tirer le voile de devant son visage et sourire à la jeune femme. Un sourire presque dérangeant de contenance. Tout son visage était noirci de symboles. Des lettres et des mots que Dante connaissaient bien à défaut d'en savoir le sens précis. " S'il te reste du sel de terre, j'en aurait besoin cet après-midi. Tu pourras m'en monter deux onces ?
- Bien sûre. Je m'en occupe après le repas.
- Parfaite, comme toujours. " Il retira son énorme main de la table ou la jeune femme travaillait et se dirigea vers le rideau, saluant au passage l'inconnu d'un hochement de tête. " Monsieur. "

Oui, elle lui dit bien qu'il ne sera pas de retour avant l'ennéade prochaine… Aussi tape t'il l'incruste un peu, en jouant au client décidé. Les trucs alchimiques l'intéressent un peu, sa curiosité d'herboriste étant naturellement piquée au vif. Mine de rien, il écoute les échanges avec les clients et observe un peu ce qu'elle fait, et quel remède elle donne.

Les lieux sont agréables et propres, en partant c'est de bon augure. Les fauteuils, bien rembourrés indiquent que l'individu gagne assez bien sa vie pour ne pas en laisser des raplapla… Une clientèle bien établie donc. Que le va et vient des divers clients de la journée et l'efficacité de l'assistante aux yeux mauves. Il échange bien quelques mots, donne son nom entre autre. Mais aucunement la raison de sa visite. Au fil du temps, l'odeur d'algue s'intensifie et la manche de sa chemise se teinte légèrement de sombre.

La patience est souvent récompensée… Le gus qui n'était pas supposé revenir avant l'ennéade prochaine se pointe le bout du museau. Le turban blanc, la taille et la carrure du colosse à côté duquel Dante se fait l'effet d'être un gamin. Il a de grandes mains, mais le guérisseur a de ces paluches!!! Il lui fait penser un peu à cet enfoiré de Dario.

Du coin de l'oeil, sans en avoir l'air, l'assassin l'observe et le jauge, de la gestuelle à la voix, surprenante chez un homme de ce gabarit. Qui sait soigner sait blesser, aussi réserve t'il son jugement pour le moment.

Le regard de Mehmet, appuyé, rencontre les prunelles dépareillées de Dante qui l'observe de face cette fois. Il est rarement surpris et aujourd'hui, s'en est une bonne. Ces symboles, ce langage… putain il va vraiment falloir qu'il se mette sérieusement au Nisétien, au moins pour lire. Cécilie lui dirait… Elle lui manque, alors cache t'il sa nostalgie soudaine sous son masque habituel.

Un sourire éclaire le visage de Dante qui s'avance vers le mage pour lui tendre une main ferme et sèche, calme et en pleine possession apparente de ses moyens.

-Maitre Mehmet je présume? Je suis content d'avoir été patient aujourd'hui. J'aimerais une consultation d'urgence. Pardonnez mon entrée abrupte en matière, mais j'ai un échéancier abominable à respecter. Avez vous du temps à me consacrer?

Le grand guérisseur eut un mouvement de surprise avant de serrer la main de son hôte non sans laisser peser son regrard lourd sur ses yeux dépareillés.

- Monsieur Dante. Je vous ai dit que le Maître ne prenait aucun patient avant la prochaine ennéade... " fit remarquée la jeune assistante. " Si c'est une urgence, j'aurai pu vous indiquer un très bon guérisseur de la rue des Saules. "
- Merci Nubia, nous allons voir ce qui amène ce monsieur. Il est vrai que j'ai décommander tous mes patients de la semaine et qu'une lointaine parente est à la maison, mais j'ai aussi promis de soigner ceux qui en ont besoin... Par contre, Monsieur, je dois vous prévenir. " La voix liquide, presque suave, resta inchangée et il tendit la main comme si de rien était. " Puis-je voir votre bras ? " Et encore une fois, l'homme jouait les client difficiles. " Nubia, qu'es-tu en train de faire ?
- Une onguent à l'achillée pour aujourd'hui, début d'après-midi.
- Je m'en occuperai. Tu peux aller t'occuper du repas et prévenir notre hôte que j'aurai un peu de retard car un étrange homme au yeux vairon est apparu à ma porte ? " Sa voix, devenue mielleuse, se répandait sur la peau comme un morceau de velours passé à rebrousse poil.

Laissant la jeune femme se laver les mains dans le bac d'eau propre tout près et quitter la pièce à son rythme, Mehmet posa son turban blanc sur un coin de table dégagé, révélant un crâne rasé entièrement tatoué. Il attrapa le tabouret derrière la table et le posa près de la chaise rembourrée avant de s'y asseoir.

- Et maintenant, Monsieurs, puis-je voir votre bras ? "

Dante a pris soin d'utiliser les bonnes herbes… Au début, celles qui feront suppurer la plaie de façon à la faire infecter, et ensuite celles qui ne le feront pas passer pour un parfait imbécile devant un professionnel.

Et il a des questions à poser en plus au mage. Des questions …. imprévues… Les tatouages sur le visages du colosse sont immobiles, eux. Lui emboitant le pas , il défait son bracelet de force pour remonter sa manche jusqu'au coude. L'odeur iodée de la mer parvient à Mehmet. Il laisse tomber le masque, devinant que le guérisseur n'est pas dupe.

Je me la suis faite en vidant mon souper avant-hier… Je connais les algues à utiliser, mais ca reste un putain de poisson du delta, je sais pas quelles cochonneries il a pu trimballer. Vous allez voir que c'est pas commun ce que vous verrez, je vous ai choisi justement pour votre réputation de discrétion. Mon péché mignon, ce sont les scarifications Eldéennes… C'est privé dans mon cas.

S'asseyant, Dante laisse le guérisseur faire son boulot. Evaluant l'individu par la façon qu'il a de le toucher. A chaque fois que les gros doigts effleurent la peau dorée de l'assassin, il y a une infime contracture de l'épiderme. Une vilaine entaille sur le travers se fait bientôt voir, rouge et boursouflée, au milieu de scarifications représentant l'écriture Eldéenne, entre deux anciennes marques de Zhak'Bar, brûlures blanchies par les années.

C'est moche… Constate Dante d'une voix égale… Je l'ai nettoyée comme il faut, mais je pense que ya quelque chose de pris dedans…

Ensuite, calme et posé, il le laisse débuter son examen.

Connaissez vous l'Eldéen Mehmet? J'ai une passion et un don pour les langues.

L'homme manipula le membre blessé avant de se lever pour prendre diverses outils, pommades et tissus.

- Oui, je parle l'Eldéen, mais j’apprécie assez peu les menaces. " laissa-t-il tomber sans affectation visible avant d'indiquer le rideau qui donnait sur la cour intérieur. " Allez vous assoir dehors, j'ai besoin de lumière. Nous allons débrider et nettoyer correctement cette plaie. "

Quelques minutes plus tard, il venait s'asseoir en tailleurs sur les tapis disposés dehors entre deux impressionnantes jarres en terre et disposait son matériel avec minutie. Puis il remonta ses manches avec une précision millimétrique, de façon à ce qu'aucun faux-plis ne déforme son vêtement. Dans une autre salle qui donnait sur la cours, on entendait des mouvements sporadiques.

- Je ne peux m'empêcher de me demander par qui un adepte des cultes sombres a appris mon existence et pourquoi il a insister pour me rencontrer, moi qui porte ma foi sur mon visage. " Il se lavait méticuleusement les mains au savon et à l'eau clair dans une jatte, insistant sur les ongles et entre chaque doigt. Sa voix ne dénotait toujours d'aucune animosité, seulement la tension contenue qui existait dans ton son être. " Surtout quand cette foi a été chassée et détruite avec la plus grande application par les serviteurs de vos dieux... " Sans plus de cérémonie, il prévint que la douleur allait être vive et se mit au travail.

La mention d'une menace fait sourire Dante… S'il l'avait menacé, ca aurait été dans un tout autre registre. Docile, il le laisse mener la danse, tout simplement parce qu'il est chez lui. Donc, il attend d'être confortablement installé.

Votre réputation vous précède et c'est le Vieux Claude qui m'a référé à vous. Vous ne vous connaissez pas, mais il entend vos louanges assez régulièrement. Et je fais confiance au Vieux… J'ai deux problèmes pointus à régler dans un avenir proche et qui ne concerne pas mon bras et j'ai besoin autant de références que d'une discrétion absolue. Je ne savais absoluement pas pour votre visage… Et, pour être franc, ca me fascine. J'aimerais beaucoup comprendre… Au moins la lire. Beaucoup d'écrits Nisetiens me sont passés, sous le nez ces dernières années sans que j'en comprenne un traitre mot. C'est vexant pour mon intellect parce que d'une fois à l'autre, je ne reconnais pas le texte….

Il marque un temps de pause.

Je ne vous pensais pas homme à mélanger Foi et Eglise… Les Eglises mentent pour que ca leur arrange et que les gens suivent…

Les yeux vairons se posent sur Mehmet. Il passe inopinément du vous au tu. Et se prépare en une silencieuse prière à Kiel parce qu'il va trinquer bientôt…

Me jugerais tu? Si c'est ca qui t'inquiète, ta Foi m'indiffère

La prêtresse était revenu de son travail matinal avec un autre mal de crâne qu’elle avait demandé à Mehmet de supprimer une fois que Nubia lui ait ouvert la porte cependant l’assistante lui avait déclaré que son patron n’était pas là et, à la place, lui avait fait une décoction de saule. Après l’avoir remercié Lilyanna l’avala d’une traite puis elle discuta avec l’assistante pendant un moment, principalement d’où lui venait ses migraines à répétition et si son travail valait les douleurs chroniques ; l’hybride en arriva à la conclusion que non et qu’elle allait sans doute démissionner le lendemain puis elle se souvint qu’elle n’avait toujours rien payé alors qu’elle profitait des connaissances, et des concoctions, de Mehmet, ne voulant pas abuser de sa gentillesse, elle donna ce qu’elle avait sur elle, c’est-à-dire une poignée de pierres précieuses toutes aussi petites mais taillées.

Il lui restait bien quelques souverains à l’auberge où elle résidait mais pour ce qu’elle avait laissé là-bas, faire l’aller-retour ne valait pas le coup. Un client entra ensuite dans la boutique et Lilyanna laissa Nubia faire son travail, elle entra dans la cour intérieure, emprunta l’escalier à gauche pour s’arrêter sur la terrasse, le manuscrit qu’elle cherchait n’était pas sur la table et pour la première fois la prêtresse maudit la nature consciencieuse de l’assistante. Elle frappa à la porte et vu qu’elle n’entendit aucune réponse après quelques instants elle entra pour aller chercher ce qu’elle désirait. Une fois de retour sur la terrasse elle s’assit en tailleur sur un coussin, adossée au mur, et ouvrit le manuscrit sur ses cuisses puis elle retrouva la page qu’elle avait laissé la veille.

Après un moment à répéter des mots elle se rendit compte qu’elle ne progresserait pas sans Mehmet vu qu’elle n’avait pas moyen de savoir si elle prononçait les mots comme indiqué dans le volume. Elle alla alors voir Nubia pour lui demander de quoi écrire et s’essayer une fois de plus à la calligraphie. Toutefois elle n’eut pas le loisir de s’exercer bien longtemps avant que Mehmet n’amène un client dans la cour intérieure. Curieuse, la prêtresse tendit l’oreille, elle savait qu’elle ne devait pas, que c’était mal, mais ce n’était pas pour rien que la curiosité était un vilain défaut. Ce qu’elle entendit la pétrifia, un battement de cil cacha ses yeux rouges avant qu’elle ne décide finalement à bouger. Elle plia son manteau avec tout le soin qui lui était dû puis déposa le manuscrit dessus avant de retourner dans la pièce attenante pour trouver une cachette aussi vite que possible et de descendre les escaliers un peu plus rapidement qu’elle ne l’aurait voulu. Une fois en bas, elle tira sur ses gants avant de faire quelques pas en direction du maître des lieux.

« Tu as besoin d’aide Mehmet? » Elle l’avait demandé nonchalamment en s’approchant.

- Votre foi prône l'extermination de tout ce qui ne reconnaissent pas vos dieux. Ce n'est pas une questions d'interprétation. Ce sont les fondement même de votre Eda. " fit placidement remarqué le soigneur. " J'ai étudié vos textes. "

Mehmet gardait une force mesurée et des gestes contenus, précis même. Il connaissait son métier et ne faisait pas trainer l'affaire, gardant les deux yeux sur la plaie maintenant ensanglantée.

- Pas vraiment. " acquiesça-t-il à l'intention de la jeune femme. " Ce monsieur essayait seulement de me faire croire qu'il m'avait connu via un autre soigneur de la ville et qu'il avait choisi un fidèle draconien pour le soigner alors qu'il est lui-même sombrien et qu'il accompagne Irulan.

Dante ne répond pas, tourne plutôt le visage vers la nouvelle venue. Sa main libre se dépose sur sa part de bras sanglant et y rabat le morceau de tissus pour cacher ses scarifications, interrompant Mehmet dans ses soins. Les prunelles dépareillées se posent, inexpressives, sur ce qui semble être une drow tarée ou une demi drow. Il penche la tête de côté l'évaluant, tandis que sa main se pose par dessus la chemise, imbibant le tissus de sang et empêchant le colosse de faire son boulot.

" Ce monsieur essayait seulement de me faire croire qu'il m'avait connu via un autre soigneur de la ville et qu'il avait choisi un fidèle draconien pour le soigner alors qu'il est lui-même sombrien et qu'il accompagne Irulan.

Je ne savais pas qu'il fallait venir accompagné… Répond la voix grave, glaciale. Comme je loue votre sens du secret professionnel, c'est normal que n'importe qui déboule comme ca pendant les soins?… Si le vieux Claude avait su, il ne m'aurait certainement pas envoyé ici. Croyez moi. Pour le reste pensez ce que vous voulez, tant que le boulot se fait.

Il a bien entendu la pique sur Irulan. Aussi ne bouge t'il pas de sa chaise, maintenant le tissus rougit sur sa peau. Fixant la pirate étrangement, détendu en apparence sur sa chaise. L'homme trouve dommage qu'il ait absolument besoin d'un mage de la vie pour ses desseins. Pour lui, un fil et une aiguille sont plus sûr.

Occupez vous donc de vos problèmes personnels docteur ca semble plus urgent que mon bras pour qu'elle vienne interrompre votre travail. Je suis capable d'attendre. Et si votre Foi vous empêche de me soigner, dites le tout de suite… Je ne pensais pas croiser de fanatiques à Thaar autres les noirauds.

Dit il, faisant mine d'ignorer la pique à l'attention d'Irulan. Oh, ils en ont parlés comme si ca coulait de source, donc ils la connaissent tout deux. Et, de la façon que ça se goupille, il sent les questions venir. Ca l'étonnerait d'ailleurs qu'on le laisse partir comme ça, sans rien dire.

Il n'a pas demandé de nouvelles de Sa Ténébreuse à qui que ce soit depuis leur séparation, par confiance et ne pas avoir de tentations à aller la rejoindre. Elle a fait quoi putain?

Pur la première fois, il se fait la remarque que si il l'a inclue dans son monde à lui, Cécilie l'a tenu soigneusement à l'écart du sien.

De la provocation et des manières. Voilà que l'homme empêchait Mehmet de faire son travail.

- Monsieur, si vous ne me laissez pas traiter votre bras, il était inutile de venir. N'ayez crainte. Nous ne sommes pas sur la place du marché, vous êtes ici chez moi et ce sont mes proches. Il ne s'agit là que d'une petite coupure, pas d'un secret d'état.

Et l'homme continuait. Egoïste. Dédaigneux. Insultant. Méprisant même. Sur le rouleau de bande blanches, l'énorme main de Mehmet voyait ses phalanges blanchir plus que de raisons. Pourtant sa voix resta sur le même ton calme et hypnotique.

- Ce n'est pas ma Foi mais votre main qui m'empêche de vous soigner. " Mais il était temps de couper court. Mehmet posa ses instrument et se leva. " Vous vous imposez ici. J'accepte de vous soigner sur mon temps personnel et vous ne faites pas preuve du plus petit égard. Vous vous revendiquez des dieux sombres, posez des questions pernicieuses à mon encontre et maintenant vous m'empêchez de travailler et vous m'insulter. " D'une main, il désigna le laboratoire-boutique d'où ils venaient de sortir. " Si vous êtes capable d'attendre, vous êtes capable de trouver un autre guérisseur. Je vous demanderai donc de bien vouloir partir.

Lilyanna hocha la tête, elle ne savait pas comment elle pouvait bien aider Mehmet de toute façon et puis pour ce qui était des soins il aurait sans doute demandé Nubia et non pas la prêtresse. Mais il avait bien dit qu’il n’en avait pas besoin et même si ce qu’il disait à propos de son client du jour inquiétait l’hybride, elle partirait si le soigneur le lui disait mais voilà il ne lui avait rien dit à ce sujet alors elle resta là, croisant les bras et s’adossant au mur derrière elle. Toutefois ce fut le mot sur Irulan et les croyances dudit patient qui fit hausser un sourcil à Lilyanna. C’était une combination pour le moins étrange, si ce n’était pas Mehmet qui l’avait dit elle n’y aurait pas cru, une question de plus à poser une fois qu’elle trouverait l’élue.

Pour le moment cependant la prêtresse resta silencieuse malgré les dires de l’étranger. Elle voulut proposer de partir mais le guérisseur n’avait pas l’air d’être de cet avis, parlant avant qu’elle ne puisse alors elle resta à nouveau silencieuse en observant la scène de ses yeux rouges.

« Je peux vous raccompagner monsieur, Nubia est occupée. »

Vous excuserez ma paranoïa… Ces foutues marques m'attire que des problèmes ca me rend nerveux. Je ne les montre jamais d'habitude… Parce que ca ne me vaut qu'une castagne.

La grande main s'enlève de sur la manche, s'essuie sur un pan de tissus propre avant d'aller fouiller dans sa sacoche de taille, en extirper un bandage blanc. Sans se cacher, il se met à bander lui même sa plaie avant d'en extirper un souverain, pas mal plus que ce que coûterait un soin qu'il garde dans sa paume, se relevant. avant de pivoter vers le colosse. Les deux regards se poser l'un dans l'autre, un indéchiffrable, l'autre lourd.

Le but premier de la visite étant accompli, le reste viendra en temps et en heure… Il en a déjà appris plus que ce que Mehmet pense, et le colosse sait maintenant ce que Dante veut qu'il sache. Et s'il n'était pas venu pour cela au départ, c'est un bonus tres bienvenu. Le fait qu'il connaisse Irulan par contre est embêtant pour ses plans. Il trouvera bien un spiritiste et un autre mage se la vie par ses propres moyens. Histoire que ca ne lui vienne pas aux oreilles. Pas avoir un un plan préliminaire, il aurait joué une tout autre carte, mais il y a beaucoup de façon d'apprendre des trucs.

La voix grave s'élève dans l'atmosphère lourde de la petite cours.

Tenez, pour les tracas causés, la perte de temps manifeste... Et pour l'insulte involontaire, j'en suis profondément désolé… Ma remarque sur la langue Nisétienne était voulue sincère et non comme insulte.

La pâlotte aux yeux rouges s'interpose alors… Parfait, voyons alors ce qu'elle veut savoir. Ils savent qu'il a accompagné Irulan, maintenant. Et il n'est pas à l'aise de la savoir dans son dos, aussi, aussitôt le cadrage de porte passé, Dante fait un écart pour déposer l'argent sur le comptoir. Il a l'air relaxe et détendu, la posture coulante.

Avant de se diriger vers la porte, avec l'intention manifeste de partir… mais un truc semble le ralentir, puis l'arrêter. La figure de Lylianna qui contraste avec sa posture et son non verbal. Il... L'intimide? Ya de quoi faire.

Vu que tu semble savoir que j'ai accompagné Irulan, je peux tu savoir au moins le rapport que tu as avec elle? Parce que j'aimerais bien savoir de qui elle cause quand elle va me parler de toi la prochaine fois qu'on va se voir.

Il se tourne face à la prêtresse pirate. L'envisage de face, laissant les éclats particuliers de ses yeux faire le boulot, un sourire se voulant rassurant au visage. Ce qui avec ses cicatrices n'est pas gagné et c'est exactement l'effet qu'il veut faire.

Ce fut avec un certain soulagement que la prêtresse vit l’homme partir sans faire une scène, elle avait pu voir Mehmet agacé, ce qui sans doute trahissait un état d’énervement plus profond, plus important, à cause de clients pénibles et même si celui-ci semblait l’avoir été au moins avait-il la décence de présenter ses excuses. Ce qui, elle avait eu le loisir de le constater, était suffisamment rare pour être souligné. Toujours sans bouger, se tenant les mains dans le dos, elle attendit qu’il commence à partir pour le suivre et lui indiquer la porte de sortie, Lilyanna aimait bien Nubia et si elle pouvait rendre son travail plus léger, plus facile, alors autant en profiter. A moitié perdu dans ses pensées, son esprit étant reparti vagabonder dans ses leçons de nisétien pour se plonger entre les pages du volume que le maître des lieux lui permettait gentiment de consulter, elle rentra dans Dante lorsque ce dernier se retourne.

« Toutes mes excuses. Vous pouvez répéter s’il-vous-plaît ? » Demanda-t-elle avec un sourire gêné, une fois qu’il accepta de reformuler ce qu’il venait de dire elle haussa un sourcil. « Vous vous méprenez, je ne connais pas Irulan, enfin si mais que de nom alors je ne pense pas qu’elle vous parle de moi mais j’aimerais la recontrer, si vous savez où je peux la trouver, ça serait gentil de me le dire, je vous en serais reconnaissante. »

Un silence acceuille les paroles de la prêtresse-mage. Un silence étrange. Ni menacant ni aimable, Dante la regarde, aussi expressif qu'un bloc de granit. Le temps s'étale et s'étire… Avant que la voix grave ne reprenne la parole.

Vous ne connaissez pas Irulan mais vous connaissez son nom. Et lui aussi connait son nom. Dit il avec un léger geste du menton vers le rideau de perles.

Comment le nom d'Irulan peut bien traverser les espaces. Comment quelqu'un qui ne la connait pas, qui ne l'a jamais vue peut il demander à la rencontrer? La discrétion est le meilleur des atouts. Pourtant. Le ton de voix grave se fait hésitant, dubitatif.

Je ne l'ai qu'accompagnée un moment, nous avons quittés Thaar ensemble le mois passé, mais je ne l'ai plus revue depuis… La voix grave s'éteint, laissant la place à l'expectative. Voir qu'il lui répondrait toute la vérité. Elle est une pure inconnue qui ne lui donne même pas son nom. Si je peux me permettre d'être un peu indiscret. Quelle est la nature du problème avec elle?

L'homme s'interrompt, semblant chercher les bons mots.

Je veux dire par là. Pourquoi vous voulez la voir?

Immobile, les prunelles dépareillées la fixent, analysant chaque expression de visage, son non verbal. Un peu de travers, sans rien dire, impassible et patient, il attend la réponse. Il pourrait joindre Irulan, même s'il doute qu'elle ne lise son message. Mais si c'est pour un contrat, il pourra la référer à Tessa.

Et vous ne m'avez toujours pas dit votre nom mademoiselle. Pourtant, il me semble que vous connaissez le mien.

Elle acquiesça à la remarque avant de se dire que ce n’était pas tout à fait exact.

« En réalité je ne la connais pas, je sais simplement que c’est un nom d’emprûnt, je ne connais pas son nom de naissance. Ni même d’où elle est née, je ne l’ai jamais rencontré comme je vous l’ai déjà dit. »

La prêtresse hocha ensuite la tête, c’était dommage qu’il ne sache pas où elle était mais au moins elle avait essayé.

« Oh mais il n’y a aucun problème, loin de là. » La reforumlation de la question l’apaisa, la dernière chose qu’elle voulait c’était bien avoir des problèmes avec Irulan avant même de l’avoir rencontré. « Je prepares une expedition pour aller rendre quelque chose de très important à quelqu’un de bien plus important et je me suis dit que ça l’intéresserait peut-être, du moins j’espère. »

Lilyanna ne regardait pas bien longtemps son interlocuteur dans les yeux, son visage restait doux mais ses prunelles rouges détaillaient tout ce qui se trouvait dans son champ de vision, plus par nervosité que parce qu’elle voulait savoir précisément ce qui s’y trouvait. Les mains dans le dos, la surprise se lut quelques instants sur son visage à la dernière remarque de Dante.

« Je m’appelle Lilyanna mais je regrette, je n’ai pas le plaisir de connaître le votre. »

Que faire? C'est quand même étrange, elle ne l'a pas rencontrée, elle sait que ce n'est pas son nom… Pour une mission d'importance. Pourquoi Cécilie jouerait au pigeon voyageur?

Mais bon, ils n'ont pas de compte à se rendre l'un l'autre, il n'a pas à la protéger, elle est capable de le faire parfaitement seule, comme elle est capable de choisir ses contrats. Ils sont libres. De plus, ce n'est pas trop risqué, parce que si Tessa sait comment les joindre, ils ne sont pas les seuls mercenaires qui sont ses clients. Ca serait louche… Ils sont seulement comme qui dirait, hors registres.

La grande main aux longs doigts s'étire pour prendre celle de la pirate entre ses doigts sensibles. Il cherche les cals et les cors, la rugosité des paumes qui pourraient trahir son métier. Si elle le laisse faire, il portera cette main à ses lèvres et il effleurera la peau seulement, narines grandes ouvertes, inspirant profondément pour recueillir quelques indices olfactifs sur la femme qui lui fait face.

Sinon il ne la force pas, se fendant d'une légère courbette. Le but étant de se rendre inoubliable pour un moment…

Je m'appelle Dante Corvac mademoiselle. Et pour rejoindre Irulan, le mieux c'est de laisser un message à la Volière du Bazar à son nom propre. Nous sommes nombreux à y faire un saut entre nos contrats. Et si un jour vous avez besoin d'un autre style de service…

Dit il en se redressant, un léger sourire en coin plaquée sur sa grande bouche, mystérieux, laissant la place à diverses interprétations.

Vous pourrez m'y joindre aussi.

Les yeux de Lilyanna s’agrandirent et sa main se contracta pendant quelques instants avant de se détendre en se rendant compte qu’il n’y avait pas de danger. Du moins pas immédiat. C’était bien la première fois qu’on lui baisait le dos de la main, c’était une pratique dont elle avait entendu parler, sur le Katrian se trouvaient des péninsulaires et bien qu’ils ne soient pas nobles, il arrivait parfois qu’ils en discutent, souvent pour se moquer. Dante n’eut pas de chance cependant, il ne trouva pas de cors mais à la place une peau douce, lisse. Elle s’était lavée le matin même, donner des leçons à un enfant aux parents riches nécessitait certaines choses mais, malgré tout, il y avait une odeur qui ne la quittait jamais ; elle avait eu beau faire tout ce qu’elle avait pu pour la faire disparaître, rien n’avait suffisant, c’était à croire que ça lui collait littéralement à la peau. En effet avec une grande inspiration au contact même de la peau l’assassin pourrait sans doute reconnaître une odeur qui lui était très probablement familière : celle de la mort. Pour être plus précis celle d’une légère décomposition.

« Merci beaucoup monsieur Corvac, je saurais m’en souvenir. Mais, dites-moi je vous prie, où se trouve cette fameuse Volière ? J’ai bien peur de ne pas connaître Thaar comme ma poche et il y a fort à parier que je cherche à rapidement m’y rendre pour laisser un message à Irulan, conformément à vos instructions. »

Des mains douces de prime abord… Loin de ce que nous pourrions nous attendre provenant d'une femme de cette profession… Contredisant les vêtements et l'allure. Même si elle se les était râpés le matin même, il y aurait une imperfection, des craquelures infimes dans l'épiderme, une texture relativement rêche. Elle n'a pas d'arme à son flanc, mais il ne s'y fie pas. Cécilie non plus n'en a pas et pourtant elle est la personne la plus dangereuse qu'il connaisse…

Ca ne veut pas dire qu'elle ne sait pas comment utiliser une lame, ca ne veut pas dire non plus qu'elle ne sait pas se battre… Ca ne veut surtout pas dire qu'elle en a besoin non plus. L'odeur qui parvient aux narines de l'homme, il la connait même s'il ne l'apprécie pas comme celle du sang frais… Cette odeur de pourriture… Une mage? Ca collerait au tableau qu'il voit. Nécromancienne? Peut-être… Ca expliquerait aussi en partie pourquoi elle recherche le type de service de sa Ténébreuse… Elle saura gérer, il ne s'est jamais mêlé de ses contrats, ce n'est pas aujourd'hui qu'il va commencer.

Les grands doigts glissent sur la paume fraîche de Lilyanna tandis qu'il relâche la main, n'étirant pas le contact plus que nécessaire maintenant qu'il sait ce qu'il veut savoir.

Mademoiselle… D'ici vous tournez à droite et toujours tout droit, la rue va se rétrécir et devenir sinueuse, ne vous inquiétez pas, toujours tout droit… Quand vous entrerez dans le lieu c'est l'allée centrale, entre le kiosque du boucher et du vendeur d'épice à la tenture bleue, vous tournez à gauche. Avancez vous d'environ 20 pas dans la rue secondaire et vous entendrez les volatiles. Nous sommes plusieurs à faire affaires là. Il y aura toujours un mercenaire de disponible sur le pouce.. Il y aura un muret de bois envahi de lierres, percé d'un portail blanc à votre droite.

Les prunelles dépareillées fixent Lilyanna intensément. La voix grave reste aimable et polie.

Sur ce, je vous prie de me pardonner, je dois aller finir de me faire soigner avant de tacher le plancher.

Sur ce, l'étrange individu prend congé, se glissant dehors, ne laissant comme trace de son passage qu'une impression étrange, une odeur d'hémoglobine et un souverain taché de sang.

» (Chez Eänwen)Chérie? (Cécilie)
» [Chez Eänwen] Prière de ne pas déranger... (Cécilie)
» [Chez Eänwen] Autour du paddock (Cécilie)
» Bon Samaritain, bon pain... (Cécilie)
» [Herboristerie de Mehmet] Répare tes erreurs

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