(Chez Eänwen)Chérie? (Cécilie)

Au plus fort de l'été - 3e jour de la 1ere ennéade de Karfias
An 17 du XIe Cycle
Entre Thaar et Geresh, au coucher du soleil

Personne ne l'a vu durant la journée… A peine est il apparu pour le repas du soir. Il n'a pas partagé la table, disant qu'il a mangé tout son content. Il ne se mêle pas aux autres, ressort dans la soirée naissante et s'isole un peu de tout ce brouhaha… Sa nature sauvage est manifeste, son manque de patience aussi… Au moins s'est il offert son premier vrai bain depuis deux ennéades, lui d'habitude si propre… Un vrai chat.

Remontant doucement la côte, sa cape laissée dans la chambre, sinon attifé de pied en cap dans la chaleur ambiante, Il hume l'air iodé de la mer. En apparence, le borgne a l'air zen. Calme… Il cueille bien une ou deux fleurs, qu'il contemple longuement au fil de sa longue promenade… Avant de les écraser consciencieusement entre ses longs doigts. Le pollen laisse des traces orangées sur ses doigts qu'il porte à sa bouche… Dans l'herbe haute de la côte, il avance tranquillement, goûtant la quiétude de l'endroit. Aussi s'assied t'il, l'oeil marron contemplant le panorama infini, détaillant et analysant chaque couleur… Avant de se refermer. Se laissant glisser dans l'herbe drue, s'adossant sur une pierre, il ferme les yeux et fait son exercice quotidien écoutant…

Le ressac
Les oiseaux qui crient dans les cieux qui s'empourprent
L'herbe qui danse…
La putain de Bête qui recommence à l'engueuler…

Il se crispe légèrement…. Il commence à se lasser… Pour Cécilie, il doit tenir la route...

<< Tout ce qui brille n'est pas d'or

Je suis en Vacances ! >>

Il n'était pas plutôt entré qu'il était ressorti.

Cécilie l'avait suivi des yeux lorsqu'il avait dédaigné le repas pour sortir mais n'avait rien dit. Il n'arrivait toujours pas à se poser... Elle qui avait cru qu'il avait réussi à se rasséréner un peu en prenant du temps pour lui, elle devait se rendre à l'évidence. Un bain ne résolvait pas tous les problèmes. Même après deux ennéades de fuite et un nombre incalculable de fausses pistes, il n'acceptait pas qu'au final, personne ne leur courrait après ? Habituellement, elle le laissait gérer ça comme il le voulait, mais il ne pouvait continuer comme ça ad vitam. Si les eldéens ne les pourchassaient pas, à quoi bon aller jusqu'à Naelis, même ?

Affamée, elle avait profité de la cuisine simple de l'endroit, mangeant sur le pouce avant de s'excuser à son tour pour une balade digestive. Inutile d'avoir d'extraordinaires pouvoir pour savoir qu'il ne s'était pas éloigné vers l'intérieur des terres avec le nombre d'exploitations agricoles dans le coin. La jeune femme prit donc la direction de la côte, ce qui n'avait rien pour lui déplaire. La balade était longue. Elle tendait l'oreille et ouvrait l’œil, mais de toute le chemin, les seuls mouvements qu'elle perçu furent des animaux et un petite vieille qui remontait avec un panier de crabes aux antennes encore mouvantes.

La brise marine caressait agréablement son visage brûlé par le soleil et elle se répéta pour la millième fois qu'il fallait qu'elle trouve une tenue plus légère. Même si elle serait moins résistante aux voyages et que c'était un Zurthan qui lui avait conseiller de porter des couleurs sombres, elle avait vraiment l'impression de s'être faite avoir. Au moins elle avait pu se débarrasser de la sueur du voyage grâce à leur escale du jour comme elle le faisait à chaque fois qu'ils s'étaient arrêtés dans un bourgade ou qu'elle avait croisé un cour d'eau clair. Enfin...

En arrivant en vue des reflets bleus et oranges de l'Olienne au crépuscule, elle tendit plus attentivement l'oreille, laissant les Lamentations humer l'air et inspecter les environs tout en continuant le long du chemin de terre. Des plaques d'herbe poussaient en grappe. Dans le silence de son propre rythme, une percussion lointaine lui arracha un sourire. Il pouvait toujours masqué ses traces de pas et connaitre mille techniques pour ne pas être repérer, elle l'avait trouvé.

Elle continua sans se presser, jusqu'à sortir du chemin pour poursuivre dans les herbes hautes durant un temps. Un dénivelé, quelques rochers, une pente surplombant la plage de sable sur laquelle vient s'échouer la mer. Incapable de marcher suffisamment silencieusement pour le tromper, elle ne tente pas de cacher sa progression. Le plus étrange, c'est qu'elle l'entend, mais qu'elle ne le voit pas... jusqu'à ce qu'elle descende de quelques pas supplémentaires et aperçoive la longue silhouette à demi allongée. Les yeux clos, il a l'air si paisible. Laissant ses perceptions magiques s'amenuiser, elle se glisse jusqu'à lui et s'agenouille à son côté, une main supportant son poids sur le côté, l'autre jouant avec les brins d'herbe.

- Je sais... " dit-il de but en blanc sans bouger d'un poil.
- Tu as de la chance parce que moi pas. "

Elle avait répondu sans animosité et après avoir batailler un bref instant avec son propre jupon, elle se glissa le long du flanc de Dante. Sa courte crinière lavée de frais se glissa sur la simple chemise de son Chasseur pendant qu'elle lovait sa tête contre sa poitrine. Ses paupière retombèrent sans regret. Le battement de son cœur fixe le rythme idéal du ressac.  

- Qu'est-ce qui t'arrive ? Pourquoi tu es encore à cran ?

Paisible en apparence… L'oreille de Dante  perçoit le bruit de l'étoffe sur l'herbe, les pas de Cécilie… Elle a une façon de marcher particulière, reconnaissable entre milles. Il ne réagit pas tout de suite, la laisse s'approcher, laisse la présence de sa Ténébreuse calmer le tumulte en lui. Avant de finir par prendre la parole de sa voix grave, qui traverse l'air puissamment sans forcer.

Je sais…

Dit il soudainement, de but en blanc. Il laisse passer quelques secondes tandis qu'à coup de masse mentale il essaye de faire taire ce gueulard. Sa main gauche se referme sur du vide… Berceuse… La dague Péninsulaire... Le porc qu'il a désarmé et qu'il a tué avec ses dents….

Ca peut pas continuer…  

A l'intérieur de lui, elle hurle et rage sa frustration et sa haine, son désir de sang drow. Vengeance… Vengeance… scande t'elle sans répit. Patience… Patience… Lui répète t'il sans cesse. Il doit agir intelligemment. Il ne peut s'affronter à l'armée Eldéenne seule. Il lui faut des alliés.

Travailler en équipe par contre, ca ne s'est jamais bien passé pour lui.

On peut rentrer dans le tas, en tuer sans problème le maximum au passage… D'accord… et ensuite? On crève.

Je remplirai ma part de pacte, je te garderai vivant… Qu'ils payent. Je veux CES proies là!

Ben justement… Faut pas jouer au con. Faut réfléchir… T'es Zhak'Bar mais MOI, je suis pas indestructible

Ta salope t'a rendu couard vieux, tes filles t'ont jamais trahi, elles, tu t'es jamais préoccupé de ta peau avant… Elle nous sert, ELLE, à quoi si c'est pour bouffer personne? Je me suis trompé dessus…

Pour la millième fois, ta gueule. On est seuls, sans alliés, pas équipés. On rentrera dans le tas quand on sera prêt. Fait se faire oublier.

La Bête se tait, mais enserre douloureusement le coeur de Dante dans ses anneaux. Les yeux toujours fermé, il ne bouge pas, en apparente méditation. Par contre, sa grande main aux doigts agiles se referme sur l'épaule de Cécilie, qui lui apporte… Enfin pour le moment, un peu de paix intérieure. Il noie le poisson, parce qu'il ne veut pas qu'elle sache. Ils ont déjà assez de problème, inutile de l'embêter avec La Bête qui fait des siennes…

Krish'Al'Serath m'a pourchassé à Thaar sans répit pour une histoire de marque… Elle est pas réputé pour sa clémence ni sa patience… Le trou du cul d'Obok senger est un nase qui pense qu'il a droit de vie et de mort sur totu le monde. Il est pas discret, il est du style a brûler une forêt pour avoir de quoi becter le soir… Je leur ai fait un pied de nez… Même si ils essayent de l'étouffer, l'histoire du gars qui s'est poussé mystérieusement d'entre 5 félins à pointes fait le tour de Frontière et au delà. D'abord dans leur armées… Ensuite grâce aux grandes gueules de Frontière. Ils savent pas les détails par le menu, juste assez pour faire une belle histoire et que des crétins idéalistes essayent de faire pareil…

Les gens s'en foutent des trahisons… par contre, donnez leur du mystère et ca va se raconter partout… Qu'ils ne bougent pas en apparence m'énerve, certes, plus qu'une traque ouverte. J'ai…

Plus rien pour te défendre… A part mes dents.

Dante ouvre les yeux enfin et regarde Cécilie, la marron ayant toujours cette couleur de vieille écorce qui ne l'a pas quitté depuis la perte de ses chéries, la verte par bonheur cachée sous le bandeau blanc.

Je devrais en débusquer un. S'il essaye de me tuer à vue, je serai fixé. Tu sera en sûreté à Naelis.


En sécurité loin de moi, de La Bête…

Bête qui lui enserre tellement la poitrine qu'il ne peut plus retenir une grimace, tandis que la main droite se crispe sur la chemise…Il glisse un peu plus loin dans les ténèbres. Oui, c'est étrange de se rendre compte qu'une partie de l'Equilibre d'un homme dépendait de quatre bouts d'acier disparates.

D'abord, la mettre en sécurité. Seule cette idée le garde relativement sain d'esprit.

Il est tendu. Il grimasse et grince. Elle sent ses mains bouger, se refermant sur elle, sur sa chemise, sur le vide. Il a beau être calme d'apparence, ces gestes ne trompent pas.

-... Les gens s'en foutent des trahisons… par contre, donnez leur du mystère et ça va se raconter partout…
- Ils peuvent le raconter. Avant que qui que ce soit ne fassent le rapprochement entre Halewyn et l'Ombre, il se passera du temps. Les noirauds n'ont envoyé personne. Ils auraient put, mais ils n'ont rien dit sur X'an ou sur ton vrai nom. Ils s'en fichent. Tu es un humain et ils ont toute une cité à faire souffrir.
- Qu'ils ne bougent pas en apparence m'énerve, certes, plus qu'une traque ouverte. J'ai…

Il s'arrête. Sa respiration se bloque plus qu'elle ne meurt. Une sorte de tressaillement. Elle se redresse posant ses mains de part et d'autre de son Chasseur pour surplomber son visage. Elle scrute son œil... Ce qu'elle peut détester ce bandeau... Une part d'elle dit qu'il ne fait pas suffisamment sombre pour prendre le risque de l'écarter. Une autre lui répète ce qu'elle vient de lui dire. Cela fait deux ennéades qu'ils vivent comme s'il étaient en cavale et ils n'ont aucune nouvelle d'une quelconque chasse à l'homme. Ni même un vague vent de tension aux trousses. Rien.

Elle fronce les sourcils en vrillant davantage son regard dans l’œil unique du voyageur.

- Comment ça, JE serai en sûreté ?

Sa réponse ne lui plaisait pas et la superbe de son regard de glace ne se privait pas pour le lui faire savoir. Non mais comment ça lui faire mal ? Comme si elle attendait qu'il la défende?! Abruti... Mais l'abruti en question grimace de plus belle. Il se ramasse, bute sur chaque mot et la repousse fermement. Lorsque la voix grondante se met en branle, elle se retrouve a genou à côté de lui, à la fois si proche et si loin.

Alors c'était ça... La surprise, au lieu de la laisser les bras ballants, fit redoubler son agacement... Mais ce n'était rien à côté de ce petit geste d'apparence anodine. " Je ne suis pas ta protégée. " Sa voix basse et posée est dangereusement calme. D'un geste vif, elle approche la main de son visage. La trajectoire n'est pas tout à fait celle d'une gifle. Peut-être est-ce pour ça qu'il ne bouge pas ?

Ses doigts se referment tout juste sur le bandeau pour le retirer d'un coup sec. Ces mouvements saccadés ne lui ressemblent pas, témoins involontaire de son état d'énervement. " Je ne suis la protégée ni de l'un, ni de l'autre. Et je me fout de savoir quel genre d'accord vous avez me concernant." Tout en enroulant le bandeau autour de son poignet, elle s'agenouille un peu plus correctement sans s'éloigner pour autant. Sa cuisse reste collée à la hanche de son fichu Chasseur. Pour s'assurer qu'il comprenne à quel point elle était sérieuse et qu'il garde grands les yeux ouvert, elle saisit son menton parfaitement rasé. " Arrêtez de vous renvoyer la balle et regardez-moi. "

Que ce soit l'un ou l'autre n'avait pas grande importance, elle les avait vus, admirés et accueillis dès le premier jour. L'un et l'autre pouvaient la blesser ou même tuer. Ce n'était pas une nouveauté. C'était précisément ça qui lui avait demandé un mois entier de réflexion au début de leur relation.

- Quand je vous ai rencontré, la noiraude avait pris l'une de vos dagues, je t'ai demandé si elle était importante et tu as dit non. Je ne pouvais pas deviner que ça avait changé. Alors pourquoi m'avoir caché que vos quatre lames étaient aussi importantes quand vous m'avez raconté le coup fourré avec la despote ? "
- Oui, non…" Les deux voix s'expriment de concert il y a un moment de pause. " non, oui…
- J'attends une vrai réponse. "

Elle frisonne. Qu'ils se parlent est rare. Qu'ils dialoguent aussi longtemps à voix haute est une première. C'est quelque chose d'étrange, d'autant plus étrange que ces derniers temps, Dante n'était plus qu'à moitié lui. Mais la Bête, tout comme l'homme, sait ou se trouve le cœur de la belle. Lui, ne se gêne pas pour parler, pour dire ce qu'elle aurait préféré ignoré. Alors Sanglante lui venait d'Elle... Malgré tout ce qu'il lui avait dit. Elle ne pensait plus être capable d'éprouver de la jalousie pour une raclure qui avait manqué détruire son Chasseur. Elle se trompait visiblement. C'était bien de la jalousie qui la taquina de ses griffes. Même brisée, il l'avait gardé. Même brisée, il la regrettait... Et il était prêt à lui tourner le dos pour ça.

- Menteur. " gronde-t-elle plus bas encore. La glace se fendille. L'équilibre précaire du contrôle qu'elle garde sur elle-même tangue dangereusement. " Tu es mort de peur, Dante. Et je n'ai rien à voir là dedans. Tu m'as caché la vérité parce que tu crèves de trouille. " assène-t-elle une seconde fois. " Tu essaie de te couvrir les yeux comme un gamin qui a peur du noir. Pire, tu as préférer laisser la Bête te ravager, toi, et m'utiliser comme excuse. " Elle serre les poings sur ses genoux. " Tes dagues sont perdues. Elle sont brisées, fondues ou à la ceinture d'un drow qui les laisseront rouiller jusqu'à ce qu'elles cassent. Même si tu y retournes, tu n'y retrouveras rien. "

-Il est trop tard et je le sais… Elles sont… étaient moins importantes que toi.
- Ce n'est pas de moi dont il est question.
-Je le sais aussi. Mais j'ai fait un choix. Et t'étais dedans. Elle voulait pas les laisser … Je l'ai obligée.

Il nous reste qu’à les venger....

Retorque La Bête irraisonnable pour dix.

 Pourquoi on y va pas? Ils t’ont utilisé pour me faire venir. C’est moi le Boss…

Non c'est pas TOI le Boss… On est une équipe et tu le sais, on arrive à rien de bon quand tu fais le con. Elle te le dit et te confirme ce que je te dis depuis 14 jours. Je peux y retourner, mais on se fera buter. Faut être plus malin…

Comme seule réponse de La Bête, un hurlement de rage suivit d’une crispation du corp de l’assassin, comme si elle le rouerait de coups. Au risque de se faire rejeter ou frapper, la main frêle de Cécilie se referme sur le col du Chasseur pour le tourner à nouveau vers elle. Elle est proche. Par réflexe, la grande main s'abat aussi fermement sur le col de la robe de la voyageuse qu'elle les tient par  son col à eux. Ils la regardent très attentivement. Dante a mal, c'est manifeste, mais il semble reprendre du terrain, si on juge par la coloration de l'iris correspondante.  

- Alors c'est à ça que tu en es réduit... " Elle souffle, le menton levé, mais elle ne les lâche pas. " Pathétique... Tu pointes sa prudence et sa rage de vivre comme si elles l'affaiblissaient et tu pleures qu'il ne retourne pas venger VOS dagues... " Toujours neutre, elle vrilla ses deux yeux sur l'iris vert pâle. Au moins celle-ci était vive.  " Tu es tellement désemparé que tu rejettes la faute sur lui. Tellement enragé que tu vas à l'encontre de ton propre pacte en le poussant à l'erreur. Tu en es réduit à essayer de m'utiliser comme point faible... A moins que tu n'aies peur qu'il finisse par ne plus avoir besoin de toi ? " Elle guette l'éclat des iris de son Chasseur sans savoir ce qu'elle veut y trouver. Elle sait qu'il leur suffirait d'un geste, armé ou non, pour l'assommer ou la tuer. S'ils craquent, elle n'aurait qu'une seconde pour agir, mais pas la moindre goute d'encre n'apparait sur sa peau. Elle n'y pense pas même un instant. Elle les regarde. Et tout en s'adressant à l'un, elle cherche les deux et malré les apparence, ce n'est pas que pour l'aider ou rétablir le statut quo qu'elle parle. " C'est pour ça qu'au lieu d'accepter d'accomplir votre vengeance sans le condamner à mort, tu attends en le torturant pour l'éloigner de celle qui lui demande de faire lui-même attention à sa vie ? " Un minuscule rictus étira ses lèvres roses. " Pauvre chose qui se sent menacée par la volonté de son hôte. Incapable de satisfaire une femme tout en respectant son pacte de mort... Et ça prétend être une Bête. "

Les secondes s’egrainent et deviennent minutes. Les deux yeux sont ternes, introspectifs. Ils sont immobile et raides. La Bête en son royaume de sable et de cendres contemplent les murailles du fort derrière lequel se retranche La Raison. Raison qui, immobile et patiente du haut de ses remparts la contemple d’un air arrogant que ne renierait personne. Il hausse les épaules du haut de ses remparts, d'un geste nonchalant et désinvolte. Avant de lui tourner carrément le dos et de redescendre, ne lui accordant pas plus d'attention.

Ce qu’entend Cecilie est un rire. Elle frémit, ressert sa prise sur la chemise qu'elle tient, en alerte. Un léger rire traverser la grande bouche. La Bête n'a pas de prise sur cette fière créature. Pour une fois, elle doit se demander si son plan a donné les résultats escomptés. Où elle pensait déchainer le chaos et la destruction elle ne recoit qu'appel à la prudence. Il ne suffit pas de faire le plus de morts possibles en un court laps de temps comme avant, mais de faire durer la partie le plus longtemps possible. Ce sont les nouvelles règles et il faudra s'y faire.

Traversant le mur de ténèbres liquides du Fort, La Raison repasse à l'attaque. Dans les prunelles marrons luisent cette détermination sans borne que la Bête a appris à redouter. Elle a érodé doucement son hôte durant des années sans en avoir l'air.  Avoir attendu elle aurait pu encore gagner. Il se serait plié comme un roseau au vent sous ses suggestions incessantes. Mais elle a été trop pressée, trop impatiente. Son jeu a été découvert. Ils sont de force équivalentes… Peut être plus tard réussira t'elle à gagner… Mais pour le moment, à moins de gouverner un légume, s'acharner ne servira plus à rien, Dante ne reculera pas.

Toujours méfiante, la jeune femme qui l'observe respire un peu mieux. Il a l'air... Vivant. Le rire gagne en force en puissance. Avant que d'un geste passionné, sans douceur ni brutalité, il ne l'embrasse brièvement sur les lèvres.

   Bon ca va hein!? Il est sur ma liste ce gros connard. Et vous êtes mieux d’y voir! Vous me dégoûtez vous deux aujourd’hui.  

Ayant à peine répondu à son baiser, elle les scrute. Dante sourit, son sourire franc, mais fatigué. Il penche la tête légèrement de côté, attentif, essayant d'entendre le gueulard... Mais non, il s'est retiré loin, très loin. Dans un méandre obscur où il ressent quand même la rage et le désir d'en découdre de La Bête…

Il  donne un léger coup sur le nez délicat de la Belle du bout du sien. Sur son col, la main de la jeune femme se détend et glisse.

 Pourquoi tu dis toujours ce qu'on a besoin d'entendre, toi?

Ca avait marché ? Visiblement oui... L'équilibre était restauré et ces deux là pourraient au moins se taper dessus sans qu'il ne se laisse faire. Une petite voix n'était pas tout à fait satisfaite, mais savoir pourquoi était trop long et trop compliqué. Et puis elle était sincèrement heureuse d'avoir pu l'aider après deux ennéade d'angoisse et de fatigue. A y repenser, lui avait-elle connu un tel regard depuis leur départ de Frontière ? Un regard volontaire, un peu fou et réellement double...

Elle sourit, son visage encore un peu agacé. Elle ne lui répétera pas tout de suite que c'est un lâche doublé d'un idiot pour le laisser profiter quelques secondes, mais elle n'en pense pas moins. Il avait cru être prêt à la tuer et la seule chose qu'il avait trouvé à faire, c'était de partir sans rien lui dire ?! ça, elle ne le digérait pas. Le coup de la protégée non plus. Et contrairement à la jalousie qu'elle ravalerait jusqu'à ce que cette chose immonde ne disparaisse, elle comptait bien lui en rebattre les oreilles, car c'était lui qui avait fait ces choix.

Malgré son expression peu engageante, il la ramène contre lui, pose la tête contre la délicate poitrine, écoutant ce coeur qu'il a jadis transpercé, battre. Les problèmes peuvent attendre... Elle soupire, rendant les armes pour un temps. Une main vient caresser doucement ses cheveux tressés. La paix… Il a ENFIN la paix… Les problèmes ne se règleront pas tout seul, ils ont encore beaucoup à parler, des détails à régler. Un plan à définir. Et un truc à demander… Il ne sera pas assez fort. Et ce n'est pas une question d'outil, mais de techniques et de connaissances.  Combien de fois s'est il assis et a lu les livres de magie de la Belle? Il n'y comprend pas grand chose, étant d'un niveau trop avancé pour lui. Mais il y a quelques trucs qu'il a compris par contre.

- J'ai un truc à te demander.  
- Je t'écoute ?
- Je pense que pour être plus efficace, je dois me diversifier... Je crois que vous m'avez éveillés aux jeux. A chaque fois que tes copines s'excitent je le sens... On peut tester pour savoir si je peux apprendre?  
- Apprendre quoi ? La magie, tu veux dire ?  

Il a l'air particulièrement gêné. De lui demander ça. Non qu'il lui ait jamais demandé quoi que ce soit par contre. Librement donné, librement accepté.

- Oui, il faut toujours avoir un coup d'avance et je crois que ça sera pas de trop de jouer sur les mêmes plans que nos ennemis.  

La première surprise passée, elle pencha tout de même la tête sur le côté, pensive. La magie ? Pourquoi faire ? Non pas qu'elle ignore l'intérêt que pouvait représenter l'Art ni ses possibilités infinies, mais l'investissement était énorme. Il la voyait bien passé de longues heures sur les grimoires ou méditer pendant d'encore plus longues heures... Et ce n'était rien par rapport à sa période d'apprentissage. Qu'il ait acquis une sensibilité, même faible, à la magie ne changeait pas cela. Si déjà la Bête trouvait qu'il s'encroutait, elle n'imaginait pas ce que ce serait s'il devait passé plusieurs heures par jour à respirer...

- Mais tu sais qu'il te faudra des années avant de pouvoir lancer le moindre sort ? " Elle est dubitative et ne le cache pas. Il hausse les épaules.
- Mieux vaut tard que jamais... El se pèterait bien le bide de voir que j'ai enfin débloqué et qu'il me fallait un... viol.. magique pour y arriver.  

Il dit le mot, bute dessus, mais Dante n'a pas de meilleur terme pour définir la chose. Elle tressaille. Alors c'était ainsi qu'il l'avait vécu ? En quelques instants, elle était passé d'une confrontation avec une Bête promettant de la mettre en pièces à... ça ? Le changement était violent, même pour eux. Sa main s'immobilisa, incapable de continuer simplement à parler de cet apprentissage hypothétique.

- Je suis désolée...  
Le soit pas, c'est pour la bonne cause… J'aurais pas pu… Etre à ta place j'aurais fait exactement la même chose.  
- Bien... " Elle en doute... Ou du moins elle doute que la fait qu'il y aurait pensé aussi rende la chose plus facile à vivre. Mais elle acquiesce. Ils ont d'autres choses à penser et à dire pour le moment. Inutile de rouvrir de vieux dossiers. " Si tu veux je pourrais t'apprendre les bases théoriques et à percevoir un peu plus finement à la magie. Rien qu'avec ça tu en auras facilement pour un ou deux ans, mais il faudra que tu trouves un maître dans la discipline que tu voudras pratiquer si tu veux aller plus loin.

Toujours aussi attentif, la mine de Cécilie n'échappe pas à Dante. Il essaye de la distraire de son choix de mot malheureux. Il n'aime pas la voir dans cet état. Et ils n'ont pas été en grande forme tout les deux ces dernier jours.

Ecoute ma belle… Tu m'a sauvé la peau ce jour là donc rien à regretter, point barre. Et t'étais pas seule je te signale à me travailler dessus ce jour là.
- Je sais... Je referai la même chose si j'y retournais de toute façon. " avoua-t-elle malgré la désagréable impression que ça lui collait au ventre.
-  Je connais pas grand chose à la magie, ce que j'ai lu dans tes bouquins, j'y captais rien, mais je les ai lus pareils. Mon mot probablement existe même pas dans tes arcanes. Commençons par les bases. Si je comprends les bases, déjà en partant, il me sera plus facile de comprendre l'ennemi.
- Je veux bien, mais de quel ennemi tu parles ? Tu as prévu de décimer une cabale de mages ?

Dante a un léger sourire, un sourire mauvais que ne renierait pas un drow. L'oreille appuyée sur la poitrine de sa compagne, apaisé par ce rythme régulier, délicat, ce sourire elle n'a pas l'occasion de le percevoir.

Non, juste danser avec les ombres pour damner les moutons, jouer avec les chiens et faire hurler les loups. Etre le nom qu'on murmure au coin du feu avant de se faire trancher la gorge…  Gagner finalement ce foutu nom qui m'est assigné. El m'a appelé comme ca parce que pour lui je n'étais plus que l'Ombre d'un être humain… Il me l'a pas dit, mais je l'ai entendu dire à un client et sérieusement, je m'en foutais.  Je crois qu'il est temps de faire passer ca à un autre niveau. Si je comprend la magie des ombres, même si je lance pas de sorts, si la Doth'ka ou un autre connard me tombe dessus, déjà on sera à armes égales. Parce que je l'attendrai et je saurai.

La jeune femme se permet un sourire crytpique. Tout en l'écoutant, sa fine main a repris ses caresses. Elle réfléchit, pèse diverses possibilité. S'il n'était pas si sourd, elle l'aurait aiguillé par un mystisciste, mais les étude de cette discipline étaient encore plus longues ardues que les autres. Sans une bonne sensibilité, il n'arriverait pas à grand chose et elle doutait que celle qu'il avait acquise soit suffisante. Alors les ombres... C'était déjà pas commun et peu commode. Immatériel, mouvant. Tout ce qu'elle avait lu là dessus lui laissait à croire que ce n'était pas le plus simple des domaines de l'immatériel... Sachant que l'immatériel n'était pas la Voie la plus simple. Et après c'était elle qui ne savait pas mesurer ses envies ?

Dante se redresse, contemple sa maitresse des Lamentations avec l’intensité qui lui est propre. l’expression qu’il a est la même que cette fameuse première nuit quand il l’a reconnue et accepté comme son égale, son âme sœur. Elle le fixe, souriant légèrement. Elle aime ce regard. C'est bien qu'il se souvienne. Elle ne laissera pas passer sa bassesse pour autant, mais au moins elle sait qu'il en a conscience. Et maintenant que l'autre connard s'est tu et est parti bouder, il peut enfin réfléchir tranquille. Son esprit est fatigué mais toujours incisif et alerte. Il sait qu'il y a des failles dans son plan. Mais il y a de quoi voir venir.  

- Mon plan depuis le début c'était ça. Me faire oublier, devenir plus fort. Et après? On réfléchira à la suite. Il faut pas se reposer sur nos lauriers, mais profiter de ce répit qu'ils semblent vouloir nous offrir, même si ça pue la merde. Il ne s'agit plus de tuer pour tuer maintenant… Il faut devenir ce qu'ils s'obstinent à vouloir faire de moi, leur pires cauchemar. Comme ça, s'ils nous reviennent en pleine gueule, ils le regretteront…
- Et c'est un plan qui aurait été parfait dès que tu aurais disparut en me laissant à Naelis, c'est ça ? " fit-elle remarqué avec une certaine morgue malgré le soulagement qui tournait dans ses iris clair depuis que celles de son Chasseur luisaient de nouveau, incisives. Il avait le don pour mettre les pieds dans le plat... " Je ne suis pas ta protégée. Tu es un idiot. Et si tu croyais t'en tirer comme ça, c'est raté. "

A genoux dans l'herbe, l'air marin agitait ses cheveux dont le noir de jais était devenu un brun délavé aux racines rousses. Elle n'était plus tendue comme plus tôt et sa voix était nonchalante, mais son visage encore contrôlé ne manquait pas de sérieux. Elle le scrutait, se demandant par quel morceau elle allait commencer... Et finalement il n'y avait pas mieux que la fin pour remonter une piste. Après tout, elle l'avait vu se blesser pour compenser son inaction, mais elle n'avait jamais vu la Bête lui faire mal directement. Et elle n'avait pas rêvé, c'était bien de la douleur qu'elle venait d'observer...

- Depuis quand elle te fait souffrir ? Depuis quand elle veut me tuer ? Et depuis quand tu penses à partir sans me dire un mot ? "

- Et c'est un plan qui aurait été parfait dès que tu aurais disparut en me laissant à Naelis, c'est ça ? "

La morgue de Cécilie attire l'attention de Dante… Qui s'assombrit sensiblement. Ah mais non, il commence à enfin avoir la paix avec l'un et c'est l'autre qu'il se tape? Non mais putain…. Les iris clairs luisent de soulagement, et , enfin, Dante se demande ce que ce connard a bien pu lui dire.  [size=12]" Je ne suis pas ta protégée. Tu es un idiot. Et si tu croyais t'en tirer comme ça, c'est raté. "

A genoux dans l'herbe, Dante se redresse pour ne pas être plus bas que sa douce. Le vert, plus terne mais toujours là, luit d'une lueur moqueuse tandis que le marron, lui comprend rien du tout. l'assassin s'assied finalement sur ses talons, toujours prêt à bondir et à partir en chasse… Ses cheveux tressés, bridé, il attend la suite, histoire que tout s'éclaire. Mais il est irrité et ca se voit. Irrité et fatigué, deux choses qui ne donnent jamais un très bon mélange chez n'importe quel individu.

L'oeil marron flamboie sauvagement.

Je le sais que je suis un crétin depuis tout petit, tu m'apprend rien. Et tu m'a protégé deux fois que je te signale. C'est quoi le problème de vouloir faire pareil? T'a peur que je te prenne de haut comme les autres mâles? M'en tirer comment? Hein?

Il ne peut s'empêcher de la trouver belle, avec ses cheveux où les Ténèbres et les Flammes s'entremêlent et se mélangent. Elle est détendue, certe, mais sérieuse, trop sérieuse. Pour la deuxième fois, Dante se demande ce que ce connard a bien pu lui dire. Elle les fixe, les scrute, les soupèse, les analyse… Et face à cet examen intempestif, l'assassin devient de plus en plus sombre.

- Depuis quand elle te fait souffrir ? Depuis quand elle veut me tuer ? Et depuis quand tu penses à partir sans me dire un mot ? "

L'incompréhension se teinte dans la prunelle marron, une joie mauvaise brièvement dans la verte avant de retraiter dans les profondeurs de Dante. .

Heu, une ennéade et demi…

Oui, quand elle a compris qu'on ne reviendrait pas.

Elle veut pas te tuer que je sache…

Non, juste te faire très très mal si je ne pliais pas.

Et JE n'ai jamais eu l'intention de sacrer mon camps sans t'en parler avant, Comme toute chose, on est libres de nos allées et venues. Mais on s'est toujours avertis. Pourquoi ca aurait changé? à cause de ce trou du cul? …

Une évidence frappe soudainement Dante. Faisant un signe soudain, il penche la tête de côté, écoutant quelqu'un qu'il est seul à entendre. Il ferme soudain sa gueule et s'il tressaille, c'est plus comme s'il rugissait dans ses brancard intérieurs. Il reporte son attention sur Cécilie, dubitatif. Méfiant. Lui demande de but en blanc.

Depuis quand Elle te cause sans que je le sache? Elle t'a dit quoi EXACTEMENT?

Oui, depuis quand lui a t'il laissé un si grand pouvoir sur sa volonté et ses actions pour qu'elle commence à lui faire des cachotteries? Depuis quand au juste?

Non mais elle devait rêver ? Il lui sortait des conneries et après il la regardait comme si elle commettait un crime de l'aise majesté en lui mettant le nez dans ses gaffes. Oui, elle lui en voulait de s'être arrogé le droit de décider pour elle. Oui, il y avait une différence. Plutôt que de lui répondre, elle avait embrayé sur des questions simples, directes, sifflantes.

Plus d'une douzaine de jours... Il s'était laissé dévoré de l'intérieur comme ça pendant plus d'une douzaine de jours sans qu'elle ne s'en rende compte, sans qu'il ne dise quoi que ce soit. Bon sang ! C'était véritablement un idiot ! ... Et elle en avait mal. Qu'il prétende qu'il n'avait pas l'intention de la toucher et qu'il ne serait pas parti sans lui dire n'était même plus crédible... Quant à sa dernière question, elle confirme le déséquilibre qui existe entre les deux moitiés de cet être. C'était une surprise. Une mauvaise. Elle ne pensait même pas que c'était possible...

- Je ne sais pas. Je pensais que vous entendiez toujours tout ce que l'autre disait... " Et elle ne pouvait en être que soucieuse. Ses doigts perdus dans l'herbe en arrachèrent pensivement quelques brins pendant qu'elle réfléchissait. " Tout à l'heure, elle m'a dit qu'elle voulait savoir pourquoi ses protégés fuyaient. Elle a dit que tu refusais de me parler de beaucoup de choses et que tu n'étais rien sans tes lames. Qu'elle était déçue de nous. Elle m'a accusée d'être un poids mort, de te rendre faible et lâche. Elle voulait que je parte et elle m'a dit que notre séparation et sa domination étaient le prix de votre arrangement pour qu'elle ne me tue pas... Je ne savais pas qu'elle pouvait te faire mal comme ça. "

Depuis toute ces années, Cécilie a bien pu s'apercevoir que Dante n'est pas un bavard de nature. S'il a répondu de bonne grâce à ses questions c'était toujours du point de vue le plus pragmatique. En dehors de ses penchants sadiques lors des chasses, ou peut-être grâce à eux, il a toujours fait preuve d'un esprit analytique quand même assez marqué. Observateur, il peut quand même deviner un certain cheminement de pensée chez Cécilie qui ne lui plait pas du tout. Il y a un moment de silence tandis qu'il la regarde aller, arracher les brins d'herbes et

Je pense que je te dois des explications… Concernant tout ca… C'est pas la première fois que ca arrive, tu le sais je t'en ai déjà touché un mot. C'est la première fois que ca t'arrive… Mais faut aller plus loin. Arrête d'arracher ton gazon et regarde moi s'il te plait c'est important. Je ne me répéterai pas.

Il attend qu'elle obtempère, patient et posé.

J'ai été élevé par la rue. Dans la rue, t'a pas d'amis.  J'ai toujours eu une ou des lames sur lesquelles compter.  Avant les quatre, il y en a eu d'autres, dix. Elles sont toutes mes Filles. Elles sont d'ailleurs toutes dans un coffre en Péninsule. Chacune d'entre elles m'a sauvé la peau plus de fois que je saurais jamais compter.  Avant toi, elles me suffisaient. Avant toi, La Bête me suffisait. Si j'ai gardé Sanglante malgré tout c'était pour aller la déposer dans le coffre avec les autres quand je passerais par là. Si je l'ai gardée au fourreau, c'est par respect pour ses services rendus. Pas parce qu'elle vient d'Elle… Parce que c'est pas vrai. Elle était à elle et je lui ai arraché le coeur avec. Je peux te raconter l'histoire et la Fin de chacunes d'elles.

Toujours assis sur les talons, Dante la regarde sérieusement.

Une lame m'enlève pas ce que je sais faire peu importe ce qu'elle me dit et te dit. Ca me fait royalement chier parce qu'elles sont perdues et chacune d'elle a son histoire et ses qualités. Mais si elles ont à me revenir, elles reviendront. Par contre, que La Bête se serve d'un moment ou je suis distrait ou en faiblesse… C'est pas nouveau. Tu te rappelle que je t'ai dit, un jour qu'il a fallu établir le rapport de force entre elle et moi? Ce qui s'est passé aujourd'hui c'est de la petite bière.

Dante marque un moment de silence, le regard perdu dans la mer, fixant la silhouette d'un voilier qui passe au large.

C'est durant le Voile… Elle m'a initié, J'en ai perdu des méchants bouts et ca a duré des années après… Elle en a profité au maximum. Mais j'ai réussit à la ramener qu'on puisse travailler ensemble et pas l'un contre l'autre.  J'ai relâché ma vigilance ces dernières années et ca lui a permis de me manipuler. Elle a essayé de faire pareil avec toi aujourd'hui. Je suis idiot mais pas imbécile. Elle va servir ses intérêts à elle en premier. Par contre elle peut absolument rien faire tant que je suis dans le décor. Ca c'est garanti. Même si elle m'Assomme dans un coin et que je ne rend compte de rien, elle peut pas tuer sans que JE ne le veuille aussi, comme JE peux pas être efficace du tout quand ELLE se met à me faire chier… Et crois moi, elle a essayé.  Mes pensées alors m'échappent et s'envolent. J'en manque des bouts et c'est pas bon.  

On est un la grande majorité du temps, mais rarement nous sommes deux quand les avis divergent trop. Alors on arrive à rien Comme dans tout les duos, je présume, ya des moments moins bien que d'autre.  Des compromis. C'est difficile à expliquer. Elle entend ce que je dis, elle écoute en ce moment. Elle est pas contente que je te dise tout ca, parce que je lui enlève le levier qu'elle a essayé d'avoir sur toi. Ne crois pas toutes les foutaises qu'elle te dit. J'aurais dû te prévenir avant, mais je pensais avoir trouvé un bon équilibre entre tout.

J'étais heureux et j'ai laissé baisser ma garde…

Comme toute chose, tu es libre. Mais merci de me l'avoir dit. Je serai plus vigilant, je devrai retraiter et me poser quelque part pour qu'on puisse causer longuement elle et moi. Après que nos soucis immédiats soient réglés. Parce que j'ai l'impression que tu ne nous fais plus confiance je me trompe?   Je te comprendrais de nous traiter de fous, d'imbéciles et de t'en aller. Parfois, je me le demande aussi.  

Il devrait retourner dans les fosses de Zhak'Bar abandonnées, à Thaar… Il a manifestement un rapport de force à rétablir. Et c'est le meilleur endroit pour le faire. Parce que le Prime Dragon s'agite intérieurement devant le blasphème.

Mais c'est impossible que la folie soit aussi chiante au quotidien…

Des mots et encore des mots. Des justifications. Elle s'était tu et l'avait écouté. De la première à la dernière syllabe. A plusieurs reprises, elle tiqua, mais ne dit rien. Jusqu'à...

- Pas de doute, tu es un idiot. " D'un mouvement rapide mais manquant cruellement de souplesse et de précision, elle agrippa ses épaules et le tira de tout son poids vers le sol, comptant sur sa posture précaire pour le faire céder. L'inclinaison du terrain les fit à moitié rouler avant qu'il ne s'immobilise, l'un au-dessus de l'autre. " Arrête de douter de moi. "

Elle plongeait les yeux dans ceux du prédateur. Elle n'avait jamais préféré une couleur à l'autre. Ils étaient indivisibles, même lorsqu'ils n'arrivaient pas à s'entendre. Ses mots, elle les avait détachés, articulés, ponctués. Elles les avaient martelés pour qu'ils entrent dans cette tête de bois à laquelle elle faisait face.

- Tout ça. L'histoire de tes lames. Vos compromis. Vos disputes. Je n'ai pas besoin de le savoir. Je n'exige rien de toi. Et oui, j'écoute la Bête et je continuerai à l'écouter parce qu'elle fait partie de toi comme tu fais parti d'elle à mes yeux. Mais ça ne veut pas dire que je la laisse décider à ma place. Je ne laisse personne prendre le contrôle de ma vie. Même pas vous. Non. " Même dans cette position, elle trouvait le moyen de paraitre régalienne, une tension contenue gardant son port de tête fier et guindé. " Ce que je te reproche c'est de m'avoir considérer comme un point dans ton vrai plan. Quitter Frontière. Fuir jusqu'à Naelis. Revenir et se battre. Trouver plus de puissance. Tout ça, ça me concerne. Alors n'inverse pas les rôles. Bien sûre que je te fais confiance. Les risques liés à la Bête, je les ai accepté il y a longtemps. C'est toi qui n'a pas eu suffisamment confiance pour me parler franchement avant d'être au pied du mur. Et tu te conduis aussi bassement que mes maris en me mettant devant le fait accompli. " Froide. Catégorique. Une légère moue se dessina un moment sur son visage délicat. " Alors ouvrez bien vos oreilles. Je te fais confiance, mais je ne suis pas aveugle. Tu n'as pas besoin de me protéger de qui que ce soit. Ni du monde. Ni des drows. "

Si simplement il avait eu le courage de lui dire qu'il voulait récupérer ses lames, ou qu'il se vengerait tôt ou tard, elle aurait réfléchit autrement. Ils auraient peut-être agis autrement. Et surtout, il se serait souvenu qu'elle ne le fréquentait pas à la légère. Après toutes ces chasses et tout ce temps, il fallait encore qu'elle le lui répète...

- Tu n'as pas besoin de me protéger de vous. "

Non mais un jour, il faudrait savoir ce qu'on veut, soit on veut tout savoir, soit on veut rien savoir? Il y a un mur d'incompréhension entre eux… Par réflexe, quand elle le tire, il l'empoigne durement et l'emporte avec lui dans sa chute. Dante ne la lâche pas, ne l'épargne pas non plus tandis que dans les prunelles dichotomiques, l'irritation se fait de plus en plus croissante.

Et ils finissent par s'immobiliser, lui par dessus, le souffle posé, le coeur battant lentement dans sa poitrine. Il se sent en chasse… Sous lui la jeune femme qui ne montre ni peur. La veine pulsant de vie… Les yeux de glaces dans lesquels il aime tant se perdre…

Elle vient de le comparer à ses cons de maris?

En réponse, les dents blanches de Dante étincellent dans un rictus mauvais, sauvage.

Je t'ai pas obligée de venir avec moi…
Gronde il dans un murmure bas.

Je t'ai obligée à quoi que ce soit?

Gronde t'il durement. La colère étincelle, rendant son regard bestial. Sa prise se raffermit sur les épaules de Cécilie… La tension se fait dure, douloureuse même. A un pouce de son visage à elle, Dante gronde, le visage parcouru de tics nerveux, ressemblant à une bête sauvage.

J'aurais dû fermer ma gueule et te laisser à Frontière. Je suis certain que les délicatesses Eldéennes tu les auraient trouvées de ton goût. Le tribut pour Kiel, tu crois qu'ils se seraient arrêtés?

L'assassin sait que Cécilie n'aime pas trop qu'on parle des dieux. Elle les enculerait tous. Mais lui, il y croit. Pas aux bons, certes.  Mais il y en a un dans sa tête qu'il sert même si il ne le laisse pas faire ce qu'il veut avec sa vie.

- Tu n'as pas besoin de me protéger de vous

Ca a le don de le rendre encore plus furieux. Depuis ce temps qu'ils se côtoient, les deux libres comme l'air et pourtant. 

Non, vous avez pas besoin d'être protégées de nous… Si penser à vous autant qu'à nous s'appelle se comporter  comme tes enfoirés de mari... 

Avec un feulement de rage, Dante dégaine sa dague en un éclair et l'abat à un pouce à la droite de Cécilie. S'enfoncant dans la terre, la lame se tord, se casse. Suivant le mouvement, et entaille la main de l'assassin. Tachant le sable de l'écarlate de son sang. Avec un grondement rageur, il lance la poignée au loin, laissant la lame en terre et libère la jeune femme de son poid, de sa dominance. La surplombant de toute sa taille, il lui rend avec une superbe majesté barbare la posture et l'expression régalienne de sa compagne. 

Ne me rend pas responsables de tes choix... De tes frustrations. Oublie tout ce que je t'ai jamais demandé ou dit. T'es libre, tu l'a toujours été. Fais ce que tu veux. 

Dit il d'un ton glacial, avant de lui tourner le dos pour s'en aller. Léchant par réflexe le sang qui perle sur sa main blessée, trouvant un réconfort certain dans le goût cuivré de l'hémoglobine. S'en aller avant de la blesser aussi sûrement qu'elle vient de le faire avec de simples mots. Lui, si imperméable à ce que les autres pensent de lui, se rend compte que l'opinion de sa Maitresse est très importante. 
Etait, essaye t'il de se corriger, n'y croyant pas du tout. Le comparer, lui, eux, qui ont toujours respectés ses projets ses envies ses souhaits,  à ses… Une envie de meurtre brute lui monte au cerveau. 

- Non, vous avez pas besoin d'être protégées de nous… Si penser à vous autant qu'à nous s'appelle se comporter comme tes enfoirés de mari...
- Pensez à moi, non. Me mentir pour être sûr que je fasse à ton idée, oui. " gronda-t-elle en retour.

Ses yeux s'arrondirent au mouvement rapide de son Chasseur. Ses doigts se raidirent sur le bout de chemise qui était tombé sous sa paume pendant leur chute. Elle prit une brève inspiration et se tendit par réflexe mais ne ferma pas les yeux. La dague s'enfonce dans le sol à un souffle de sa joue. Le visage tendu qui la surplombe vibre de colère. Elle frémit de la pointe des orteils au haut du crâne. Le métal gémit, faisait remonter un frisson presque douloureux à son oreille fine. Un claquement sec. Un mouvement imprévu. Elle tente de détourner le visage en sentant le geste perdre en précision mais n'a qu'à peine bougé lorsqu'il jette le manche de sa dague, rageur. Son cœur bat à grands coups malgré elle. L'odeur du sang...

Elle tente d'attraper sa main blessée en se redressant, inquiète. Même plus qu'elle ne l'aurait été quelques temps plus tôt. Attentive aux cours d'anatomie qu'il lui avait dispensé, elle avait été étonné de voir à quel point certaines parties du corps étaient fragiles. Une blessure à la main était rarement bon signe si elle était profonde et même énervée comme elle pouvait l'être, elle ne lui souhaitait pas ça... Mais il dérobe sa main. Il la repousse. Rageur.  Il se relève dans la foulée, elle s’assoit dans le même mouvement. Ce qu'il peut être borné ! Il ne veut rien comprendre ! " De mes frustrations ?! Je te rends responsable de rien du tout. " grince-t-elle en échos. Il ne l'écoute pas et continue.
- Oublie tout ce que je t'ai jamais demandé ou dit. T'es libre, tu l'a toujours été.
- Encore heureuse !
- Fais ce que tu veux.
- Tu n'écoutes rien ! Si je voulais être ailleurs, j'y serais. Hé ! "

Il se détourne. Elle se relève en vitesse. Le regard qu'il lui lance juste avant la prend à la gorge. C'est lui qui fait toutes ces cachoteries et maintenant qu'elle l'ouvre, il se détourne ?! Il pouvait supporter deux ennéade de torture intérieur mais pas de s'excuser devant elle pour l'avoir manipulée ?!

- Tu ne supporte pas ce que tu entend, c'est ça ?! Tu m'as manipulé pendant deux ennéades et c'est moi qui devrait me taire ?! Tu m'as laissé choisir mais en me basant sur du vent ! Et ça te crèverait de me regarder ?! " Hors d'elle, elle se baissa pour arracher de son pied sa ballerine de cuir fin, ses bottes de voyages étant restées avec son sac. Avec un grondement excédé, elle balança l'objet de toute ses force vers la silhouette qui s'éloignait. La semelle n'atteignit que mollement le dos robuste de son amant.

La chaussure qui rebondit sur sa chemise, éveillant une de ses anciennes morsures qui se met à lui brûler sans raison  précise, comme ca lui arrive parfois, l'hypersensibilité tactile ca a du bon et du moins bon. Il se retourne, l'air mauvais… très mauvais. Le mépris dans le regard étrange est manifeste. Comme son langage passe au châtié, pour se foutre de sa gueule.

Cécilie de Missède, Maitresse des Lamentations. Vous voulez tout et rien en même temps… Je n'ai pas laissé mon passé influencer notre relation. Malgré mon vécu tumultueux, je vous ai toujours considérée comme ma Dame. Et maintenant, que je me rend compte que vous avez pris le statut d'impératrice, exigeant et réclamant sans remord tout ce qui fait de moi ce que je suis, je vous prie d'accepter mes plus sincères remords si mes actions lors de votre service ait pu nuire à votre réputation quel qu'elle soit.

Il s'incline devant elle, lui fait une profonde révérence pendant laquelle il ramasse la ballerine de sa main non blessée.

Mon statut sans titre et mon éducation n'étant pas, je le crains, digne de vous, je me vois contraint de me retirer avant que je ne fasse de l'Ombre au sublime personnage que vous êtes. Manipuler la Ténébreuse Flamme que vous êtes, que vous puissiez penser cela de moi me chagrine profondément. Aussi ne vous infligerai pas plus ma présence avant. Veuillez m'excusez, Mon Impératrice, de tout ce que NOUS avons pu vous causer comme tort, volontaire ou non... Je ne suis que votre vassal je m'en rend compte, pardonnez moi d'avoir pu seulement penser être votre égal en toute chose. Il y a bien des domaines ou je ne suis qu'un gueux…

Il lui balance soudainement la ballerine en plein dans la poitrine de Cécilie, sans délicatesse. Il s'incline encore devant elle, singeant ces manières princières qu'il exècre tant. Le sarcasme dégouline de chaque parole qu'il prononce.

Permettez moi de vous soulager de mon odieuse présence. Ma reine..

Aïe.

- Pas mon nom ! " hurla-t-elle. S'il voulait la mettre encore plus hors d'elle qu'elle ne l'était déjà, c'était le meilleur moyen. Et il ne se tait pas pour autant.

Le regard que Dante lui renvoie lui fait serrer les dents. Cette attitude faussement policé qu'il sert aux moutons qu'il traquent pour se moquer de leurs manières insensées et de leurs jeux futiles... il la lui jette au visage. Elle se grandit, droite, la tête haute, et se raidit sous l'injure. Si ce n'étaient ses cheveux bien trop courts et vêtements de voyageuse vaanie, elle aurait eu toute sa place dans un palais de glace. Elle respirait à long traits profonds, tremblant de rage.

Qu'il arrête.

Mais il continuait à déblatérer ses conneries, plus volubile qu'il ne l'avait été ces deux putains de dernières ennéades.

Qu'il arrête...

- C'est ça... Joue les pauvres valets brisés. C'est ma faute, j'ai l'habitude. Je pensais pas que toi aussi tu me la servirais celle là... " Avait-elle même articulé assez fort pour qu'il la comprenne ? Elle s'en foutait.

Sa mâchoire lui fait mal à force d'être serrée. Il s'incline, se moque. Il la méprise pour ce qu'elle était... ce qu'elle est. Et ça fait mal. Elle ne peut que serrer les poings. " VOUS ...! " Il lui balance à son tour la savate sans la laisser en placer une. La respiration coupée en un couinement par l'impact - de surprise plus que par la violence du choc - elle accuse le coup d'un pas maladroit en arrière... et un cri de douleur aiguë la secoue en même temps qu'un sursaut qui ne lui permet qu'à peine de rester debout.

En deux battements de cœur, elle s'assoit maladroitement sur le sol en refermant la main sur sa propre cheville. Ravalant quelques gémissements, elle ne semble plus prêter attention à Dante. Les yeux rivés sur son pied, elle en inspecte la plante. Sa main est un peu tremblante en s'approchant de la lame brisée de la dague profondément fichée dans sa chair. Un coup sec. Un gémissement qu'elle ne parvint pas à retenir et le métal tombe à terre, le sang glissant le long de son talon et du genoux sur lequel il est posé.

Et il tape exactement là où il sait que ca fait mal, parce qu'elle a pesé sur un point sensible. Match nul donc. Ils savent se faire mal quand ils veulent. ils sont des prédateurs et parfois, les crocs sortent. Ils peuvent bien se disputer comme des chiffonniers, Il y a des choses qui effacent tout.

Que son sang à lui coule et se mélange au sable, coulant de sa main gauche, il s'en contrecarre. Que ca soit le sang de Cécilie qui coule et ca prend une tout autre signification. La colère s'évanouit aussi vite qu'elle est apparue quand Cécilie crie de douleur. Il ne fait qu'un bond et est déjà auprès d'elle. Sans s'occuper de ses états d'âmes, il commence par regarder la plaie qui saigne abondamment.  

La grande main s'étire sans demander son avis à Cécilie. Le visage se penche rapidement tandis qu'il lèche la plaie, encore et encore, recrachant quelques fois un peu de sable. Dante ne dit rien et s'affaire, sans se préoccuper nullement des récriminations et des réactions de la jeune femme. Le sang de sa main gauche, qui se pose sur la cuisse de Cécilie, tache la pâle peau d'écarlate. Il veut voir de quoi ca a l'air et l'hémorragie l'en empêche. Ce n'est pas comme s'il ne l'avait jamais goûtée non plus.

Une évidence se pose à lui. Ca ne sera pas assez. La plaie est trop profonde, à l'os probablement.
 
Qu'est ce que tu veux faire? Tu veux me bouffer? Que je te recouse? Que j'aille te chercher à manger?
Dit il d'un ton égal, pragmatique.  

" Fout le camp. " gronde-t-elle en le sentant s'approcher, juste avant de tirer le morceau de lame de son pied, les yeux humides malgré elle. Et merde, ça a l'air profond...

Avec le sang qui coule sur sa peau, des tâches d'encre apparaissent. Sur son pied, sa cheville et son genoux, les couleurs des  anciens mots prennent sagement leur place, comme s'ils avaient toujours été là. Elle se retrouve bête devant la blessure qui lui lance jusque dans le genoux et lui vrille les tempes. Elle n'a ni sa sacoche, ni son sac, si ses affaires de voyages. Et la douleur est aiguë. Très aiguë. Chaque micro mouvement la relance.

... Et la grande main de Dante le saisit sans ménagement.

- Ne me touche pas ! " rugit-elle en tirant sur sa prise pour tenter de le faire lâcher. Rien a faire. Les coups qui suivent n'ont pas plus d'effet. " Lâche moi, espèce de porc ! " Il lui fait mal. Elle tente de retirer son pied de ses griffes, mais c'est encore pire. Elle siffle et souffle. " Tu attendais que ça, alors casse toi ! Fout le camp, je te dit ! " Elle commence à se dégager, mais il la saisit à la cuisse pour l'empêcher de bouger. L'encre de nouveaux dessins ésotériques fleurit sous sa grande main blessée.

Ignorant le moindre mot de la jeune femme, il cesse soudain martyriser son pied. Enfin, elle peut respirer un peu mieux. Il se redresse à peine pour lui répondre, mortellement sérieux.

Elle hésite... La colère est un peu redescendu, mais elle n'a pas disparu pour autant. D'instinct, elle lui répéterait bien d'aller se faire foutre, qu'elle s'occuperait de ça sans lui... Mais déjà, elle était certaine qu'il l'ignorerait totalement, et après... Mis à part mettre un peu d'onguent et un bandage, elle serait incapable de s'en occuper seule. Ces dernières années, elle avait appris à soigner de ce genre de coupure et plus encore... Mais se recoudre elle-même c'était quelque chose qu'elle n'arrivait pas à faire. Elle avait beau être dure au mal, elle ne l'était pas à ce point.

Le silence s'étira quelques instants. Ça lui coutait d'articuler, la voix tendue par la douleur :

- Recoud-moi si ça sert à quelque chose... et si tu estimes que ça ne t’avilis pas trop... "

Il leva enfin les yeux pour la regarder fixement. Elle lui rendit la pareille, distante, s'attendant à une autre phrase cinglante.

- T’es belle quand tu es fâchée mais pas quand tu es blessée. "

Elle cille mais ne dit rien. Son dos se détend et sa respirations s'apaise. Elle détourne le regard tandis que ses lèvres restes scellées. Elle acquiesce, sans trop savoir à quoi.

L'assassin a bien remarqué une différence de motif quand elle invoque et quand elle est couverte de sang. Il aime les uns et les autres. Moins quand c'est à cause de son propre sang à elle.

Dante se penche et arrache la lame du sol, avant de prendre sa Ténébreuse dans ses bras. Goûtant mine de rien l'odeur de sa colère, la sienne s'évanouissant comme neige au soleil au contact de la jeune femme. Il la rapproche de l'eau, d'une pierre plate léchée par les vagues sur laquelle il l'installe.

Trempe ton pied dans l'eau s'il te plait. S'il y a des petits poissons, ils viendront nettoyer… Ca va chatouiller mais ca va aller.….

Pendant ce temps, Dante défait le bracelet de force de sa main blessée. Heureusement, il y a plus de peur que de mal, son gant ayant absorbé la majorité du choc. Ses sensations sont intactes, ce n'est qu'une égratignure qu'il nettoie rapidement avant de finir d'ouvrir la double couche de son bracelet. Au milieu du cuir, il y a un fil et une aiguille recourbée.  Qu'il prend et enfile. Puis, il se met à l'ouvrage, sans mot dire, laissant le silence dissiper les dernières miettes de colère et de tension en lui. Le calme et la paix l'envahissent soudain.

Il ne dit toujours rien les quelques minutes qu'ils faut, se contente d'une légère tape sur la cuisse pour signifier qu'il a terminé avant d'aller chercher la ballerine qu'il lui ramène sans mot dire.

Tu me le dit si tu veux que je t'aide à rentrer. Je serai là-bas. Et… Je sais pas ce que j'ai fait de pas correct... J'ai ni ta compréhension ni ton expérience de ce genre de truc. C'est tout ce que j'ai à dire.  

 

Les bras lassés autour du cou de son Chasseur, elle l'a laissé la porter jusqu'à la rive et avait plongé le pied dans l'eau, le visage crispé sous la la sensation à la fois froide et astringente. Du coin de l’œil, elle le regarde s'occuper silencieusement de sa main. Cette précision professionnelle de chaque instant est revenue. Il sait ce qu'il fait, comme toujours... ou presque. D'habitude, leurs disputes ne sont pas interrompues comme celles-ci. Ils se jettent à la fois à la gorge et au cou l'un de l'autre, ou ils leur faut un temps pour décompresser chacun de leur côté. Les mots qu'il a prononcé tournent dans sa tête. Elle en demande vraiment trop ? Après tout, il faisait simplement attention à elle... Il avait été maladroit... Très maladroit. Mais elle le rembarrait si souvent quand il essayait de la garder en sécurité. Il avait eu tord de ne rien lui dire, ça elle n'en démordrait pas, mais la situation avait également été compliquée pour lui. Il était déstabilisé. Il avait sans doute craint pour leur vie à tous les deux... Et il lui avait prouvé qu'il préférait tenir sa promesse qu'essayer de venger bêtement ses dagues...

Et il en vient à s'occuper de son pied. Étant donné qu'il serait stupide de s'ouvrir la main pendant qu'il recoud le pied, c'est en faisant une boule avec son col lâche que la jeune femme évite de s'esquinter les dents à force de trop les serrer. Seule sa respiration inégale la trahit. Elle se concentre sur le bruit de l'océan. Le vent salé. Et l'aiguille pique. Pique encore. Le fil glisse. Le fil tire. Crispant tout son membre jusqu'à la hanche.

Une petite claque sur la cuisse. Elle tend la jambe en s'efforçant de respirer à fond et lâche le rebord de son vêtement. Bon sang ce que ça faisait mal. Les pieds, les mains et les oreilles, c'était vraiment ce qu'il y avait de pire.

Après quelques secondes, elle replie sa jambe tremblante, posant à nouveau son pied sur son genou étendu. Au dessus de leurs têtes, le ciel tournait au violet. Le soleil sur l'horizon colorait l'Olienne de sang. Lorsqu'il lui tendit son soulier, elle le remercia d'un hochement de tête et la posa près d'elle. Pas question de remettre le pied dans se truc pour l'instant.

- Attend... J'ai été... " Elle soupira avant de chercher son regard. " Certaines des choses que la Bêtes à dites étaient vraiment détestables. Et j'ai dit des choses stupides parce que j'étais énervée. Alors oui, il y a aussi une ou deux vrai choses dans cette histoire qui me font mal. Que tu aies préféré te faire torturer pendant des jours que me dire la vérité dès le départ pour qu'on puisse choisir un autre plan, ça me fait mal. Et du coup j'ai voulu en savoir plus. Et... " Et la suite il la connaissait, il était aux premières loges. Mais elle ne lui en voulait pas... pas tant que ça. Les mots tournaient encore sous son crâne. " Merci d'avoir préféré survivre que de récupérer tes lames... Et de m'avoir pris en compte dans tes réflexion. ça compte pour moi. Il faudra qu'on reparle de tout ça, mais pas ce soir. Je n'aurai pas du pousser la discussion alors que tu viens juste de reprendre le contrôle... On pourrait passer quelques jours dans le coin ? On envoie un message à Tessa pour récupérer des affaire au besoin, et on prend le temps de trouver quoi faire au lieu d'embarquer tout de suite pour Naelis. ça t'irait ? "

Dante la regarde, impassible. Pourquoi il lui aurait dit la vérité? La vérité de quoi au juste?

La vérité aurait servi à rien… Camp sud Nord ou Ouest, ca aurait été un risque inutile et trop grand. Qu'il leur dise ou non, y'avait pas d'autres solution viable… Dans son coeur, La Bête ronronne de plaisir en entendant Cécilie dire qu'elle aurait fait ce sacrifice. Et ca l'agace cette perfidie. Son contrôle est là, certes, mais il devra  réaffronter cette Bête dans les Ténèbres. La faire rentrer dans le rang, sans l'enchainer, mais lui faire comprendre... Ou crever en essayant. Ca, ce n'est pas le combat de Cécilie. C'est le sien propre…

J'ai rien dit, simplement parce que c'était pas le temps, on avait déjà assez à surveiller. Ca aurait ajouté une variable non venue et trop aléatoire pour jouer avec.

Mais il ferme sa gueule, contemplant sa compagne.  Ecoute la suggestion, une mèche noire échappée de sa tresse voletant sur son front. Il s'accroupit de nouveau, tend une main ni douce, ni rude vers la nuque de la Belle qu'il enserre avec sa force mesurée. La fixant avec intensité dans les yeux, il la frôle du nez avant de la caresser de la joue finement, de sa façon si particulière. Le désir de la toucher, de se faire toucher, est perceptible dans les prunelles atypiques. Peu importe les noms ou les apparences dont ils s'affublent, les crêpages de chignons et les disputes. Il n'est pas bon avec les mots quand il est question de sentiment.

Le vert et le marron prennent leur teinte qui n'est qu'à eux, qu'à Cécilie… Peu importe comment la Bête boude ou fait chier, elle aussi est transportée vers la Maitresse des Lamentations. Ils sont deux, mais ils partagent le même corp, le même coeur, et la jeune femme l'a compris depuis bien longtemps.

Les grandes lèvres s'emparent de la bouche de Cécilie avec fougue et passion. Un moment passe ainsi avant qu'il ne se recule un peu, un tout petit peu, ne voulant surtout pas briser cette promiscuité. Dante  lui demande de sa voix grave, légèrement voilée par l'effet que la jeune femme lui fait toujours.

T'a raison, on est en fond et rien ne peut attendre demain. Tu veux dormir à la belle étoile ce soir ou je te ramène en chaise à porteur ma belle? Il commence à se faire tard, bientôt on verra plus rien. J'ai envie de faire hurler les loups ce soir... Veux tu hurler avec moi?

Au lieu de répondre, il vient à elle. Il l'effleure. Il la tient. Lorsque leurs joues se trouvent, félines, elle soupire de contentement. De soulagement peut-être. Il reste une incorrigible tête de mule, mais c'est la sienne. Le fait que ce ne soit pas la première fois qu'ils explosent ne rend pas la chose plus confortable. C'est même encore plus déstabilisant de s'affronter alors qu'ils se comprenaient au-delà des mots la plupart du temps. C'était comme essayer de bouder une partie de son propre corps alors que toutes ses sensations nous font savoir qu'elle est indispensable.

Sa main remonte dans le dos de son Chasseur, l'autre la soutenant toujours dans la position inconfortable qu'elle a adopté pour épargné son pied quelques instants. Le plan. Les deux ennéades de fuite. Les questions et les rancœurs. Les disputes intérieurs de Dante. Plus rien n'est aussi grave qu'il n'y parait. Il n'y a pas mort d'homme de toute façon... enfin si, mais certainement pas leur vie à eux et c'est ce qui compte.

Elle retrouve ses lèvres. Elle retrouve son regard. Elle frissonna sous le coup de sa voix grave. Ses doigts fins montent sur la joue du mercenaire pour souligner son œil brun du bout du pouce. Sa couleur vibrante est revenue. Elle ne s'était pas aperçut qu'il avait été si terne jusqu'à ce moment. Elle ne voulait plus le voir voilé comme il l'avait été. Plus jamais. Elle abandonne du même coup les restes de son agacement. Son visage neutre se teinte de cette passion sous-jacente qu'il était le seul à y voir. Un léger sourire y ajoute une pointe mordante lorsqu'il l'interroge tout bas.

- Toujours. " sa main glisse de la joue au crâne du jeune homme, caressant ses cheveux jusqu'à trouver le lien de cuir et le tirer d'une main leste. De son oreilles, ses lèvres vont embrasser sa carotide, respirant son odeur au passage.

Quant à l'heure de route qui les séparait de l'auberge, la proposition de Dante était entrée par une oreille pour ressortir par l'autre. Avec son pied, ils mettraient tellement de temps pour trouver une bicoque remplie de monde... et Elia. Non. Ils étaient bien mieux loin de là... Même si elle n'aurait pas du nom à un vrai lit. Mais avec un tel compagnon, elle apprenait lentement à s'en passer.

L'expression de Cécilie ne lui échappe pas du tout. Immobile, il se noie dans ces lacs de glaces si purs, dont les profondeurs floues n'appartiennent qu'à lui. Sa passion, son envie augmente au même rythme que ces lèvres qui embrasse sa carotide. Que cette main qui remonte dans son dos, le libérant… Il n'y a qu'elle pour savoir le bien qu'elle lui fait quand elle le libère ainsi!

Le monde se rétrécit, ses perceptions se limite à eux deux et leur environnement immédiat. D'ailleurs, la marée monte… La pierre sera bientôt inondée. Il fait beau, il fait chaud, mais bientôt l'air du large rafraichira la nuit. L'assassin prend et coince la ballerine de Cécilie dans sa ceinture, il reprend la jeune femme dans ses bras. Sa légèreté le fait toujours émerveiller. Il a l'impression de tenir une créature éthérée qui pourrait disparaitre à chaque instant. La quittant à regret du regard, Dante passe un œil critique sur le panorama. Il n'a pas sa cape pour leur servir de couverture. Ils devront s'activer pour rester au chaud.

Les prunelles étranges reviennent où il se tenait un peu plus tôt. La pierre sur laquelle il était adossé les protègera du vent et des embruns. Sans la lâcher, parce que s'éloigner de la jeune femme lui est intolérable en cet instant précis, il la ramène au lieu dit. La tenant toujours dans ses bras, il piétine l'herbe jusqu'à en faire une sorte de paillasse fraîche sentant les fleurs sauvages. Alors seulement la dépose t'elle dans cet écrin de verdure, faisant attention à son pied blessé.

La surplombant, la regardant avec cet air intense, le marron couleur de terre riche, le vert forestier. Avant de fondre sur elle… C'est ;a son tour de humer la jugulaire de la jeune femme tandis que de sa main gauche, Dante lui empoigne fermement les cheveux, l'empêchant de bouger. Sa main droite l'explore à pleine paume Voulant la sentir sous tout ce tissus rêche et grossier. Impatient, il relève la robe et y glisse sa main, voulant simplement sentir le soyeux de sa peau contre sa paume. Le vent joue un peu avec les longs cheveux de l'homme. Ses cicatrices et ses scarifications le tancent, le brûlent, cherchant le contact apaisant de la peau fraîche de son amante.

Dante essaye de se tempérer, d'attendre un peu, il ne faut pas déchirer les vêtements en plus, sinon ils vont rentrer à poil. Ca ne sera pas d'avance. Et si il continue, il va finir par s'en foutre royalement…  

Sur un dernier baiser sauvage, l'assassin se soustrait t'il de l'étreinte de Cécilie. Les yeux incandescent de désir sauvage, il prend la peine d'enlever son linge sans regarder où il le place. Non, ce n'est pas important. Il la regarde Elle… Avec cette lueur particulière dans le regard. Ici, en pleine nature, nu. vulnérable… et pourtant en pleine possession de ses moyens. Celui qui va oser les interrompre servira de buffet de toute façon.

Il la regarde, elle, impatient transi de désir, mais immobile néammoins. Aussi animal qu'elle peut être régalienne… Dans son corp parcouru de cicatrices et de scarifications, ode permanent à la destruction et au Prime Dragon. Mais pourtant, indubitablement et avantageusement plein de vie et de désir en ce crépuscule teinté de sang.

Ma Ténébreuse…

Dit il simplement, murmure t'il plutôt. Toute l'admiration du monde dans ce ton. Ton qui se teinte de ce que seule Cécilie sait être de l'amour. Parce que elle sait… Le sourire de Dante s'agrandit, franc et sincèrement heureux, avant qu'il ne fonde sur elle comme un oiseau de proie, passionné et fougueux, ni délicat ni brutal.  A pleine paumes, de ce toucher si particulier, il l'explore et s'émerveille encore de la découvrir et de la redécouvrir sans cesse à chacune de leur étreinte qu'il vit comme si c'était la première.  

Elle se laisse soulever comme l'Impératrice qu'il supporte qu'elle soit, soufflant un gloussement sur les lèvres avides de son amant. Se tenant à lui d'une main, elle noue le lacet de cuir qu'il utilise pour ses cheveux au bandeau qu'elle à encore autour de son poignet. Si les deux venaient à disparaître, elle n'y trouverait rien à redire... Mais ce n'était pas raisonnable.

Au sol, la main de l'homme dans ses cheveux, elle défait en aveugle le col de sa chemise et les restes de sa tresse. Il est impatient. Presque autant que lorsqu'ils se retrouvent après une longue séparation... Comme s'ils avaient besoin d'une raison pour être impatient, l'un comme l'autre.

Entre les quatre murs de la chambre qui les attend, à trois pas d'Elia, elle aurait eu quelques scrupules... Peut-être. Où elle se serait montrer la pire des garces et aurait trouvé un moyen pour que la jeune fille leur serve de jouet à tous les deux une nuit durant. Une pupille du temple de Néera, ravagée... Après n'avoir été qu'un trait d'humour cynique, l'idée s'impose à nouveau avec plus de sérieux. Un rictus mauvais trouve sa place sur son visage soumis à la poigne possessive de son Chasseur. De façon inattendu cette simple idée qu'elle aurait cru être un tu l'amour lui ouvre une myriade de délicatesses ironiques venue de son passé. Des petites vengeances dépourvues de mort qui l'amuseraient follement malgré tout. Des actes indélicats qu'elle aimerait faire, juste pour le plaisir de détruire tous les bons sentiments moralisateurs de sa contrée natale... Si elle repasse par Missède un jour, elle commencera par amené Dante dans son lit conjugal avant d'y foutre le feu, de préférence en étant prise en flagrant délit par quelqu'un d'important.

Ses mains se font plus inquisitrices. Ses doigts agiles ne repoussent pas un instant ceux qui remontent sous sa robe, trop occupés à défaire une boucle de ceinture coriace.

Et soudain, il s'écarte. Il lui jette dans les yeux son regard de fauve, sa respiration gonflant son torse marqué. Elle se contorsionne pour se défaire de ses propres vêtements. Sa robe et son jupon s'étendent sur le sol. Assise aux pieds de l'homme, elle embrasse le dragon gravé dans sa cuisse, levant les yeux pour caresser d'un regard l'ensemble de son corps jusqu'à ses iris dépareillées. Puis, sans le moindre frôlement supplémentaire, elle se laissa aller sur le dos, ses bras, levés de part et d'autre de sa tête. Pas un instant elle ne lâche son regard. Il sourit. Ça lui réchauffe le cœur. Ici, loin de tout, il n'y avait pas la même tension qu'en ville, entassé avec moult voisins qui finissaient souvent par frapper sur les murs pour obtenir le silence... sans grand résultat. Malgré la soif qui luisait dans ses iris, la lumière violacée et le son calme de l'Olienne lui mettrait presque au cœur un peu plus de douceur que d'ordinaire.

Et il fond sur sa proie. Ses mains caleuses la parcourent intensément. Elle capture ses lèvres, redécouvre avec une légèreté attentive le contact de sa peau. Cela fait des mois et pourtant, elle s'émerveille toujours de ne sentir aucune marque de rejet lorsqu'elle le touche. Peu à peu, ses mains se promènent sur lui avec moins de précautions. Elle suit ses cicatrices, celles qui sont rafraichies, celles qui ne sont plus que d'anciens souvenirs. Le canevas de sa peau vit au rythme de ses affrontements et de ses sacrifices à cet autre qui exige tant de lui. Cet autre qu'elle accepte malgré sa nature soit disant divine, ses mensonges et son sadisme. Comment continuer de rêver de douceur lorsqu'elle est dans ses bras ? Et comment lui en vouloir encore pour quoi que ce soit... ça il semblerait que ce soit encore possible. Elle ne veut pas qu'il recommence à lui cacher des choses qui la concernent... parce qu'elle ne veut pas être obligée de s'éloigner. Les caresses qu'elle rend aux mouvements empressés de Son Chasseur ne se font que plus tendre, mais également plus possessifs.