[Külm] Ergotons peu, mais bien [Magnus]

« Suis-je coquet à souhait ? »
Aussi séduisant qu'un charetier sur le déclin.
« Plus encore que l'on peut l'imaginer, Ô Vénérable Ancien.»
Une langue acéré de menteur éhonté.
« Crois-tu qu'il me faille ajoutel autle chose ? Un brin de sental oriental peut-êtle ? »
Il n'existerait sûrement pas assez de bonne fragrance en ce monde pour couvrir son fumet.
« Bien sûr que non, Ô Grand Maistre, cela serait gâcher.»
Le coquin ne devait la plus disposer de toutes ses capacités olfactives.
« Je n'aurai point gâchel un brin de mon parfum poul cet alliviste de cul telleux à vlai dile.»
Enfin un peu de vérité dans la bouche du maître des lieux.
« Vous avez tout à fait raison, Ô Derniers des Colons, cela serait gâcher. »

Le valet se permit un rire cristallin qui lui valut une oeillade plus noir que la nuit. Norvogan détestait purement et simplement la voix de ce petit freluquet lipeur de guide, il aurait apprécié lui enfoncer un gros poing ganté d'acier dans le gosier afin de lui faire passer l'envie de ricaner. Bien malheureusement pour lui, le laquais avait un don inné pour le seconder dans toutes les tâches qui occupaient ses journées. Les larbins compétents étaient une denrée rarissime et ce beau benêt en faisait partie, toujours à la page, toujours prêt à s’élancer, toujours le bon mot, une perle comme on n'en faisait presque plus.

Norvogan avait donc trouvé un parfait moyen de vengeance : depuis des mois maintenant, il s'échinait à se chier promptement et littéralement dessus, aussi souvent que faire ce pouvait.
Ses appartements privées étaient devenus le théâtre d'un spectacle de merde continuel, véritable tempête de lisier ; le vieux Sourcil d'Airain, en tiré un plaisir malsain, une joie sadique.

Malgré cela, rien à faire, le pomponné ne céder pas, lui torchant inlassablement le cul.

« Bien. Il me semble que l'escolte comtal est sul le point d'allivé. Vas t'en maintenant....Mh...Son faciès affichait un intense air de réflexion, intense...Comment t'appels tu déjà ? »
« Andretin, Ô Pourfendeur des Tronssons. Pour vous servir. »
Ce dernier se fendit d'une courbette phénoménal, touchant presque le sol du front.Sourcil d'Airain répéta d'une voix grasse le prénom du serviteur, comme si ce dernier lui écorchait l'intérieur du gosier avant de le congédier en le traitant de camériste famélique.

Le Bourgemestre se trouvait alors presque seul, si l'on occultait bien sûr l'armée de manants prêt répondre à ses désirs. Siégeant sur son fauteuil  triplement rembourré favoris au centre de la Grandloge, il était secondé à sa droite par son héritier direct, prunelle de ses yeux, lumière de son monde, Iaropolkan Ier. Ce dernier affichait une mine patibulaire, ostentatoirement mécontent de ce trouver ici en cet instant.
Le vieux nain était vêtu de frusques ayant par le passé était sans point douter luxueuse, sa longue chaîne pendant à son cou et symbole de son rang. Il s'apprêtait à rabrouer son descendant officiel quand un héraut pénétra a l'intérieur de l'édifice troglodyte.

« Ô Vénérable Grand Maistre, le comte d'Arétria et Seigneur de Terresang, Magnus de Terresang. »

Et les portes s'ouvrirent en grand, faisant pénétrer un air frais automnal, qui n'arriverait pas à chasse les miasmes de chierie qui imprégnaient les lieux.

La belle troupaille s'en vint alors, pognes lourdement lestées de présents à offrir, guibolles manifestement crottées par rude chevauchée, en somme, des hôtes parfaits.

Sourcil d'Airain avait toujours apprécié accueillir le gratin de sa patrie adoptive, les nobles arétans n'avaient aujourd'hui plus de secret pour lui, il connaissait leurs travers, leurs habitudes, leurs vices et les gouailles. Dans la grande salle de la Grandloge, c'était déjà succédé tout un parterre de bon sang, depuis des siècles maintenant les homminets se rendaient à Külm pour venir lui lécher les arpions. Il adorait cela.
Mais il lui fallait reconnaître une faiblesse, les seigneurs Malelandais étaient de vrais gueux, des bouseux de premier acabit, la crème de la crème quand il s'agissait de gobeurs de fange. Ainsi, il devait dire qu'il ne les appréciaient pas vraiment, sans pour autant les rejeter complètement. On pouvait les comparer aux sac à puces d'une meute de pistard, le genre mal dressé qui avait toujours un temps de retard sur les premiers limiers, mais qui en même temps, était bien utile une fois qu'il s'agissait de devoir encaisser les coups de rostre d'un cognard éventré.
De ses reflexions, il ne point mention, acceuilliant l'obole d'un sourire gras, dégoulinant de bave.

« Comte d'Alétlia, bienvenue dans mon humble demeule. Soyez lemelciel poul vos plésent, ils me vont dloit au coeul, nous en felons bon usage au plochain de nos banquets poul sûl. »

Je me torcherai le cul avec tes redingotes et servirais ma pisse à boire dans tes godets à tes gens d'armes, ils t'en remercieront plus que moi. D'un claquement de paluches faussement tremblante, l'Ancien aimait se faire passer pour plus faible qu'il ne l'était, il mit en branle l'armée de servant qui patientait dans l'ombre. Ses derniers emportèrent les cadeaux de l'escorte de Terresang avant de redisparaitre dans l'agitation, on distinguait néanmoins des bruits dans un des couloirs jouxtant la grande salle.

Les policheurs de vaiselles revinrent dans un fracas transpirant d'effort. Ils étaient une quinzaine à soulever deux énormes coffres en bois latté de pins. On pouvait lire la difficulté sur leurs faciès, croulant sous les charges qu'auraient déplaçé avec difficulté un duo de boeuf. Ils déposèrent les biens, devant le comte et ses gens, dégondant le couvercle.

« Nous sommes honolez de vous acceuillil en qualité de Comte, lecevez mon hommage et celui de toute la Guilde du Cleuset d'Aciel pal se plésent : Voici un jeu de chaîne de lemplaçement faite d'alliage d'aciel Külmien. »

Les deux coffres contenaient en effet deux lourdes chaînes, enroulées en colimaçon de façon concentrique, elles brillaient toutes deux de l'éclat du neuf.

« Votle aiëul, Vagemal de Tellesang qui était fiel guellier,  nous avait fait l'illustle honneul de commandel une helse poul votle castel. Ainsi, voyez dans ce cadeau, un nouvel engagement de nos liens, poul le plochain siècle au moins.»

Un bien bel enculoteur de chevrot que ce Vagemar, il puirait encore plus que moi. Les palabres dégoulinantes de miel du Bourgmestre réussissaient à noyer l'aversion qu'il affichait pour cet ancêtre humain qu'il avait côtoyé par le passé. Le fieffé soudard avait voulut une copie de la Grande Herse de Diantra que les nains de Külm avaient confectionné à leur arrivé, avait t'il réellement crut qu'un tel ouvrage aurait sa place sur un tel tas de boue ? Possible,  tant il transpirait de vanité pour un petit seigneur pouilleux du pays de la boue.
Néanmoins, on lui avait confectionné un ouvrage digne, sans grandes faiblesses, aussi le cadeau qu'offrait aujourd'hui Sourcil d'Airain à son descendant, était plus encombrant qu'utile, les chaînes encore en place ne devaient pas encore souffrir de corrosion et l'escorte de Magnus mettrait des jours à rentrée aussi lourdement chargé, surtout sur des routes que l'automne avait rendu on ne peut plus gadouilleuse.
Norvogan frémissait déjà intérieurement d'un plaisir pervers en imaginant leur tête tandis qu'ils traînaient ses lourds paquets.

« Je vous emplis, plenez place, plenez place. Avez vous fait bon voyage ? La pluie vous a telle épalgnée de ses gouttes ? Cloyez que ma sulplise fût des plus total quand on m'annonça votle venu, mais j'en suis plus qu'honnolé. »

Sourcil d'Airain désignait alors d'une main, le siège Comtal que disposait la pièce. Se dernier se trouvait à sa droite, légèrement orienté en sa direction et toujours prêt à accueillir le postérieur du tireur de ficelle de l'Arétria. Autant dire qu'il en avait vu, des gros et des bien gras.
Dans sa magnifique mégalomanie, le Bourgmestre avait fait installé son propre trône à une hauteur significativement similaire, si bien qu'une fois assis, il avait toujours le loisir de toisé son interlocuteur dans les yeux.
Laissant le temps aux différents gens de s'ébrouer, Norvogan ne put retenir un bruyant pet qui lui échappa du fondement tandis qu'il se remettait en place.

« Souhaitiez vous vous désaltélez ? Nous possédons une tlès bonne bièle et...Oh...Mais que vois je ? Qui est donc cette chalmante cléatule qui se cache dans votle omble ? »

On apportait déjà de quoi se sustenter, mais Norvogan n'avait maintenant d'oeillade que pour la créature qui se mouvait dans l'ombre en essayant de fuir son regard lubrique.

« Valendla, Valendla. Enchanté noble enfant, votle simple plésence réjouis mes vieilles milettes et adoucit mes vieux os. » complimenta t'il à l'intention de la susnommée, filet de gluasse toujours bien accroché aux babines. Puis, il tourna son antique joufflu dans son siège pour ce placer en face du garçonnet. « Bienvenue à toi aussi, fiel fils, si les Dieux le veulent, tu t'assoilas un joul la ou se tlouve ton pèle et nous aulons semblable discutions. » baragouina t'il avant de laisser échapper une quinte de toux grossière aux relents acide.

Norvogan venait indirectement de rendre coup pour coup à la légère embuscade que le comte lui avait envoyé dans les chicots. Le respect des anciens étaient primordial dans la société naine, hors, Külm n'avait plus grand chose en commun avec ses cousins du Zagazorn, néanmoins, en son intérieur fort, il n'avait point apprécié la pique paternaliste. Aussi, par ses rapides présentations, le Dernier des Colons fit comprendre à son prestigieux hôte, qu'il était fort probable qu'une cinquantaine d'année supplémentaire ne l'atteigne lui en rien, alors que la lignée de Terresang aurait déjà sauter un ou deux pas en avant.
De ses réflexion professionalo-interne, Sourcil d'Airain comme à son habitude ne dit rien, le jeux de la politique était sa seule distraction depuis un siècle maintenant et il avait apprit à faire le dos rond. Bien rond, très rond. Aussi, rebondit t'il avec tout le panache de la vieillesse quand le Comte d'Arétria prit soins de remarquer son fils. L'occasion était parfaite, d'un ton enraillé mais jouasse, il tendit une main démonstrante en direction de sa progéniture.

« Vous avez l'oeil Comte, en effet, il s'agit la de mon hélitiel, Ialopolkan. Qui l'on dit me lessemble beaucoup quand j'avais son âge ! A l'annonce de votle venu, il ne put letenil sa joie de m'assitel. Iaropolkan, veux tu bien saluer notre hôte comme il se doit ! »

Un intime des relations pères-fils aurait vite comprit le malaise qu'il régnait entre les deux nains, bien que l'un d'eux ne le fussent en réalité, qu'a moitié. L’intéressé ne dégagea pas un brin de quenotte mais se fendit pourtant d'une révérence on ne peut plus respectueuse. Drapé de ses plus beaux autours, Iaropolkan Ier du nom annonça d'une voix clair : « Mon Seigneur, c'est un honneur. ». Avant de s'en murer à nouveau, dans un abîme de silence contemplatif.

« Peut êtle vous et votle escolte avait put cloisel son établissement en allivant ? Une fameuse tavelne, la plus plestigieuse à vlai dile : Il n'existe pas en Kûlmazad, un endloit ou plaisil de vivle se fait aussi bon. Je poullais vous comptel pendant des heules le faste de son lieu, mais vous lisqueliez de vous en lassel et il ne sela pas dit qu'un Comte d'Alétlia se soit lassé dans la Ville-Folge ! »

Ma simple présence à tes cotés devrait déjà te servir de poliche pour le restant de tes jours. Sa longue prêche fut émaillée d'une averse de postillon gluant non feinté - ou presque. Signant de la paluche, un échanson lui servit une pinte d'un liquide noirâtre à la mousse épaisse. Il en but une longue rasade avant de s'exclamer de bonheur, les moustaches remplies d'une écume coulante.

« Vous faites honneul à la longue lignée de Seigneur vous ayant succédé noble Comte. Je clois avoil leçu chacuns d'eux ou plesque, le legletté Leudaste ayant décédé folt plématulément. Paldonnel, mais gouaille, mais c'est d'expélience que je m'avançe sul votle plésence. Külm la Tloglodyte peut elle faile quelque chose poul vous ? »

Sourcil d'Airain n'y allait point par quatre chemins. Il était bien rare que les comtes se déplacent en personne sans avoir une idée derrière la caboche. Les humains appréciaient Külm pour son acier et son fer, pour ses quelques lieux de débauchent célèbres et pour la masse de souverains qui y transitaient, mais ils ne restaient jamais longtemps, peut être était ce dut à la hauteur de ses plafonds ?