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Sujet: Racines | Déranger le Penseur [Zaz / Léonie] Ven 28 Fév 2020 - 21:11
8e ennéade de Bàrkios ~ hiver approchant 17e année du XIe Cycle Début d’après-midi Palais de Chêne
Heureusement, il y avait ce semblant de vent d’hiver.
Aussi doux puisse-t-il sembler à première vue, Medherith était l’une des plus fortes têtes avec qui il t’ait été donné d’échanger. Voilà plusieurs jours déjà que tu résidais en Ardamir, auprès de la famille de ton épouse. Plusieurs jours qui pour elle auront été un bienvenu repos, et l’occasion de partager la grande nouvelle avec sa famille. Pour toi… pour toi ils avaient été tout aussi éprouvants que l’est la vie au Palais du Trône Blanc. Peut-être même plus encore. Parce que contrairement à Alëandir, si ici tu conservais l’autorité, tu n’étais pas le maître. Ardamir était son monde.
Mais protéger Anaëh était ton devoir.
Une perversion de l’Art, une perversion de l’artisanat millénaire de votre peuple, un dégoûtant détournement de savoirs qui n’auraient jamais dû être entâchés de la moindre goutte de sang… c’est ainsi que Medherith appelait ta demande. Et tu t’y étais attendu. L’elfe était la quintessence de l’Ardamiri. L’exemple même de l’érudit amateur d’art, se refusant à céder à l’endurcissement face aux difficultés de la vie. L’exemple même de l’elfe éduqué à refuser l’existence de la violence au point de presque la nier tant qu’elle n’est pas à ses portes. L’individu par excellence pour lequel se battait une armée désireuse de sauvegarder son innocence ; mais l’individu par excellence contre lequel se battait une armée qu’il ne comprenait pas.
Une perversion de l’Art, une perversion de l’artisanat millénaire de votre peuple, un dégoûtant détournement de savoirs qui n’auraient jamais dû être entâchés de la moindre goutte de sang… et pourtant l’alchimie Ardamirie, la plus remarquable au sein de la Prime Œuvre, était sa première défense. Combien de fois les flèches des Eraïsonniens ou des Wyslenans se seront plantées dans les cœurs d’ennemis aux poumons brûlés par les pollens mariés ? De combien les forces Eldéennes auront été affaiblies, lors de la prise d’Eraïson, par les fumées et les acides ? Et combien de vies elfiques auraient été perdues si au sein des mouroirs, les guérisseurs ne bénéficiaient pas des solutions concoctées par leurs apothicaires ? L’Alchimie était depuis longtemps dans l’Anaëh comme la magie : un artisanat du moment, un art pratique, auquel temps et circonstances donnait tout son sens. Les temps et les circonstances actuelles te poussaient – te forçaient – à en faire une arme potentielle. Et ça Medherith s’y refusait… pour l’instant. Parce que chaque jour il te laissait un peu plus de terrain, chaque jour il reculait un peu plus, chaque jour il se trouvait un peu plus forcé de se rappeler que c’étaient ces Arts pervertis la raison pour laquelle votre peuple était toujours debout.
Toi… toi tu ressortais de chacune de vos entrevues un peu plus proche de ton but, mais un peu plus épuisé. S’il était avare de concessions, Medherith n’en était pas moins généreux en paroles et riche en philosophie. Quant à toi, peut-être n’avais-tu pas le même bagage littéraire que lui, mais tu n’en demeurais pas moins intelligent et fort de convictions ; alors vos échanges duraient de longues heures durant, jusqu’à ce que vos Souffles s’échauffent tant physiquement que spirituellement, et que ce ne soit la fatigue du corps et de l’esprit qui vous sépare.
Heureusement, elles étaient toujours là pour t’accueillir au retour.
- Tigilidënya ?
- Elnoruì ?
Et heureusement, elles savaient t’offrir la liberté dont tu avais besoin.
- J’ai besoin d’un moment pour souffler un peu. et dans ces moments, tu te débarrassais de tes atours royaux pour enfiler des vêtements toujours marqués de tes goûts extravagants, mais moins lourds Je vais me baigner un peu. à suggérer cet endroit tu souriais, malicieux, en enfilant tes poulaines Tu sais où. et après avoir pris femme et fille dans tes bras, tu t’en allais à nouveau Je reviens plus tard.
- Repose-toi bien mëlmenya. avant que tu ne franchisses la porte, toujours il y avait une bise d’au-revoir. On sera probablement chez mon père quand tu reviendras. Tu nous rejoindras là-bas.
- D’accord. enfin tu t'en allais Je t'aime Tigilidënya.
8e ennéade de de Bàrkios ~ hiver approchant 17e année du XIe Cycle Début de Soirée Berges de l’Elorëa
Depuis la naissance de ta fille, ta relation avec le fleuve avait changé. Il y avait quelque chose de plus profond maintenant, quelque chose de plus viscéral qui te reliait à lui. Là où il n’y avait autrefois que la morsure de l’eau froide, aujourd’hui l’Elorëa était devenu le symbole de ton mariage. L’Elorëa était le bras d’eau jaillissant des flancs des falaises de ta terre natale, léchait les racines des arbres de celle de ton épouse et mourant face à votre terre d’adoption. L’Elorëa vous reliait. L’Elorëa était ta fille… Voguant dans le bassin reclus où il y a peu ton épouse et toi aviez renoué, tu ne pouvais t’empêcher de sourire. Quelle idée vous avait pris de lui donner un nom pareil ? Maintenant, voilà que tu te retrouvais condamné à nager dans ta fille…
Nager. Alëandir te donnait bien peu souvent l’occasion de nager. Pourtant quel exercice ô combien bénéfique que la natation. En nageant il n’y avait plus tes poids, mais il y avait ton poids, ton poids et tous tes muscles agissant de concert pour le mettre en mouvement. D’abord lentement pour optimiser le mouvement. Puis avec puissance pour exercer ta force. Finalement avec force et vitesse pour achever de t’épuiser par-dessus l’épuisement.
C’est tant satisfait que soulagé par l’exercice et le corps encore légèrement gonflé par l’effort que tu repassais ton pantalon, jetais ta tunique sur ton épaule, et reprenais la direction du Palais.
8e ennéade de Bàrkios ~ hiver approchant 17e année du XIe Cycle Fin de Soirée Racines
Il pleuvait. C’étaient probablement un véritable déluge qui s’abattait sur la canopée, mais ici au sol, ce n’était jamais qu’une averse peu mémorable. La majorité des Ardamiris avaient accéléré le pas ou s’étaient trouvés un abri. Pas toi. Avec l’étreinte de la pluie venait la promesse d’un peu de fraîcheur. Que ton dos nu accueille la pluie, et le vent même ici aurait peut-être un semblant d’allure hivernale. Peut-être. Peut-être pas. Après tout quand à Daranovar seul été et printemps vous débarrassaient du manteau blanc, à Ardamir au plus fort de l’hiver il aurait été surprenant de voir le moindre flocon de neige. Mais perché sur l’une des immenses racines du Palais de Chêne, assis sceptre en main, à laisser les arcanes te traverser le corps et le décorer de leurs lueurs ; assis à contempler l’immensité de la Sylve, la puissance de son Chant et la force de sa Pulsation ; assis à contempler l’existence et à rêver le futur, oubliant tes devoirs d’Aran pendant ne serait-ce que quelques minutes de plus ; tu étais heureux.
Dernière édition par Artiön Laergûl le Mar 3 Mar 2020 - 23:03, édité 2 fois
Zaahrian Las'Danir
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Sujet: Re: Racines | Déranger le Penseur [Zaz / Léonie] Lun 2 Mar 2020 - 15:44
Zaahrian ne savait pas trop à quoi s’attendre en venant en Anaëh, mais comme il en avait déjà eu plein les yeux à fort Celimë, il n’espérait rien de moins d’Ardamir. Et il ne fut pas déçu. Insensé? Impossible? Démentiel? Extraordinaire? Autant de mots qui lui venait à l’esprit, mais aucun ne décrivait avec justesse ce qu’il voyait. Et il se sentait encore plus minuscule. Depuis le contact initial avec les elfes, Zaahrian se sentait diminué avec l’impression qu’il n’avait pas le droit d’être ici malgré l’accueil tout de même chaleureux qu’il a reçu. Ça, c’était des arbres. Des arbres si anciens, si énormes qu’ils pouvaient tenir entre leur branche une ville entière. Toutes les forêts qu’il a vues dans sa vie n’étaient, finalement, qu’une pâle copie de cet endroit merveilleux et il se sentait coupable de les avoir tant haïs.
Il y avait tant de choses à voir ici, mais une multitude qu’il lui restait interdit. Zaahrian pouvait le comprendre. Cet endroit renfermait de nombreux secrets que les elfes ne souhaitaient pas voir se répandre en dehors de leur sanctuaire. Cela dit, ce qu’il pouvait voir lui suffisait amplement. Il n’était pas là pour agir en tant qu’espion, mais pour revoir sa famille. S’il était heureux d’y être parvenu, d’enfin découvrir ce qu’aurait pu vraiment être sa vie le rendait aussi terriblement nostalgique. Zaahrian avait compris il y a longtemps qu’on ne revient pas en arrière, mais toutes ces merveilles faisaient quand même naître des questions dans son esprit ainsi que des rêves sur ce qu’il aurait pu devenir s’il avait grandi ici.
Le temps était à la pluie, mais Zaahrian n’avait pas envie d’être confiné à l’intérieur. De toute façon l’averse était agréable et rafraîchissante. Il se couvrit tout de même d’une cape, car il ne tenait pas spécialement à se retrouver trempé et décida de continuer son exploration au niveau du sol. « Maintenant je sais comment tu te sens quand tu es debout devant moi. Présentement, j’ai l’impression d’être un puceron. » Dit Zaahrian à Léonie sur le ton de la plaisanterie en faisant référence à la taille de leur hôte, mais aussi aux arbres gigantesques qui les entourait. « Je n’ai pas spécialement le vertige, mais j’ai quand même eu un petit frisson en regardant depuis la rambarde, pas toi? » L’assassin se faufila à travers les racines et tendit la main à Léonie pour l’aider. « Ils ont aussi dit qu’il y a parfois des animaux dangereux qui se promènent dans le coin, mais qu’il ne devrait pas avoir de problème. On verra bien! »
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Racines | Déranger le Penseur [Zaz / Léonie] Dim 8 Mar 2020 - 23:19
Les yeux fermés, tu respires lentement. Tes poumons s’emplissent, ta poitrine se gonfle d’un air vibrant de la puissante Mélodie du Palais de Chêne. La brillance de ton sceptre s’intensifie. Les vies autour de toi dansent face à ton esprit comme autant de cœurs battant leur propre cadence. Autant de combinaisons de rythmes et d’intensité que d’essences individuelles. Tu t’amuses à les identifier, à laisser ton esprit les toucher, à les laisser toucher ton esprit, à suivre leurs mouvements, à détailler les minuscules changements que leurs activités leur imposaient, et parfois, parfois le Palais de Chêne t’accompagnait dans ton jeu.
Avare de généralités, mais généreux en détails, le Tréant te conte des histoires en sensations. Toi tu joues à découvrir ce qu’ils sont ; lui te propose d’apprendre qui ils sont. Un tentapatte anxieux, un arbuste épanoui, un elfe pressé, une fleur timide… tu t’égares volontairement entre ces existences jusqu’à en trouver une dont le pendule t’intrigue, jusqu’à en trouver une qui mette tes sens au défi. Puis tu joues à faire semblant. Tu la sondes sans la toucher. Tu danses à la frontière de l’influence ; puis tu fuis. Tu fuis vers une autre, jusqu’à le rencontrer lui.
Sa cadence excite des souvenirs proches, mais la mémoire que tu en as te paraît bien lointaine. Sa force t’est à la fois familière et profondément étrangère. Tu l’as connu. De près. Ou du moins, tu as connu une partie de lui. Parce qu’il est impur. Il n’est pas des vôtres. Lui la mort est accrochée à son pendule. Lui s’est vu forcé une lente déliquescence par sa nature hybride. Tu déglutis. Tu continues d’explorer. Tu essaies de comprendre. Qui ? Pourquoi ? Comment ? Tu essaies de percer à jour cette sensation de familiarité, de comprendre où est le lien…
Et enfin tu réalises.
La petite, il te rappelle la petite. Imparfait miroir de l’assassin que l’on forçât à rester enfant, il porte dans son essence des marqueurs ô combien similaires à ceux de la jeune Macabre. Tu respires intensément, ton sceptre s’illumine de plus belle et tu creuses ta mémoire. Les sons, les odeurs, les images, son pendule lentement les invoquent à tes souvenances. Tu vois des ombres, tu entends des voix, un brouhaha rauque et inintelligible, surplombant les derniers accords d’airs que tu connais trop bien. Tu te souviens de Lirunwën. Tu te souviens d’Aegden. Tu te souviens du gardien de Ciryië… et tes yeux s’ouvrent. Tu te lèves, ton bâton danse entre tes doigts et ton regard se porte sur les trois capes en contrebas de ton perchoir.
Tu sautes sans plus d’hésitation pour atterrir avec souplesse – mais avec le digne poids de ta puissance – devant ceux que tu devinais être des étrangers. Ta main quitte le sol, tes jambes se déplient, tu te redresses, et lorsque ton dos finit de se dérouler, tu les domines de toute ta hauteur. Tu souris, innocemment. Tu leur souris comme si une telle rencontre devait leur être casuelle, et pourtant, grandiloquent que tu étais dans tes gestes, tout dans ton langage corporel se voulait la rendre exceptionnelle. Tes yeux de violine et d’or brillent comme la couronne d’une éclipse. Tes larges épaules se déployées comme un mur. Ton impressionnante poitrine portée haute par la droitesse de ta posture. Les deux troncs qu’étaient tes jambes fermement plantés dans le sol, tout comme l’était le pied de ton sceptre encore luisant d’arcanes. Et les gouttes de pluie courent sur ta peau, retracent les traits des encres qui y figurent, avant de se perdre entre monts et vallées de chair musculeuse. Et les gouttes de pluie viennent mourir à ce qu’il te reste de vêtement, pour se laisser dévorer par un tissu épousant avec une précision de plus en plus osée la moindre de tes courbes au fur et à mesure que l’eau du ciel l’alourdit.
Avec la fausse modestie qui est tienne, tu te présentes à eux comme le puissant mâle que tu te sais être.
- Ôtez-moi d’un doute… instinctivement, tes lèvres prononcent un Oliyan fortement marqué de ton accent Lanthaloran nous nous sommes croisés à Thaar ? Non ?
- Aran Lîn.le prêtre qui les accompagne te répond, roulant des yeux pour toutes salutationsLe demi-elfe est l’enfant du forgeron Las’Danir. L’humain est son compagnon.
- Ils sont venus voir Ciryië ?
- C’est bien cela.
Ton sourire s’agrandit, et se fait un brin mélancolique. Voir un peu de famille – même venue de dehors – lui ferait certainement du bien.
- On est loin des rues Vaanies. tu ris J’espère que vous arrivez à vous y faire.
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Sujet: Re: Racines | Déranger le Penseur [Zaz / Léonie] Sam 14 Mar 2020 - 0:00
Zaahrian s’arrêta net, la main sur la poitrine. D’où sortait-il celui-là? Il n’avait rien vu, rien entendu alors qu’il se vantait régulièrement d’être particulièrement difficile à surprendre. En même temps, ici ce n’est pas la ville et dans ce labyrinthe de racines et d’arbres géants, quelqu’un pouvait aisément passer inaperçu. Cela dit, cette apparition n’était pas seulement surprenante — Zaahrian eu quand même l’impression pendant un instant que son cœur allait lui sortir de la poitrine — elle était spectaculaire dans tous les sens du terme. Il n’y avait pas d’autre mot pour décrire l’elfe qui se dressait devant eux dans sa glorieuse semi-nudité. Visiblement, ce mâle n’éprouvait aucun complexe et il aurait été ridicule qu’il en ait, pour être honnête. Et sous l’effet de la surprise, Zaahrian ne pouvait qu’être béat d’admiration devant la remarquable anatomie du nouveau venu, son regard déviant même dangereusement vers cette zone qui, même couverte de tissus, ne laissait pas beaucoup de place à l’imagination. Évidemment, comme si la situation n’était déjà pas assez embarrassante comme ça, il commença à rougir. Zaahrian n’avait pas de miroir à sa disposition, mais la chaleur qui se répandait sur ses joues ne pouvait être que ça. Et l’elfe devant lui le regardait comme si de rien n’était, lui demandant plutôt s’ils ne s’étaient pas déjà croisés à Thaar.
« Heu… oui, oui, je crois. »
Son cerveau recommençait à fonctionner tranquillement. Ses pensées s’articulaient un peu plus logiquement et les souvenirs commençaient à lui revenir à la mémoire. Ce physique lui était effectivement familier. Il avait vu cet elfe à Thaar avec la troupe d’acrobates venue de l’Anaëh. Sur le coup, Zaahrian ne lui avait pas trop prêté attention et il se demandait bien pourquoi. C’est qu’il passait difficilement inaperçu.
« Thaar… Non, ce n’est pas… Thaar, c’est certain. En vérité, je ne m’attendais pas à tout ça… C’est, je ne sais pas comment le dire… Gros heu non, grand… je veux dire grand et je ne risque plus de m’ouvrir le front chaque fois que je passe le cadre d’une porte! »
Il avait envie de se trouver une pelle, de creuser un trou et de s’y cacher pour ne jamais en ressortir. Il se sentait ridicule, maladroit et pour l’une des rares fois de sa vie, Zaahrian ne trouvait pas les mots. Il jeta un coup d’œil à Léonie, plutôt honteux de réagir comme un adolescent vivant ses premiers émois devant l’homme avec qui il partageait sa vie depuis un certain temps déjà. Il se serait lui-même donné une claque s’il avait pu, mais peut-être que cet elfe allait le faire juste pour sa connerie. En vérité, Zaahrian n’aurait aucun problème à ce qu’il le touche, même si c’était pour le frapper...
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Racines | Déranger le Penseur [Zaz / Léonie] Ven 20 Mar 2020 - 23:32
Ses joues s’empourprent sans autre forme de procès, son regard se perd ne sachant trop où se poser, ses mots se mêlent et s’emmêlent comme s’il s’était essayé à parler ta langue ; et toi pour toute réponse tu chasses la mélancolie de ton sourire, le faisant assuré et radieux. Voilà bien longtemps que ta présence n’aura pas provoqué de telles réactions, et tout elfe marié que tu es, force est de constater que tu t’en trouves toujours aussi flatté que durant tes jeunes années. Alors comme durant tes jeunes années, jouant de charmes innocents tu fais un pas en avant. Deux longues enjambées te guident impunément au travers de la petite formation et entre l’elfe, l’humain et le semi elfe. Et là, toi au milieu d’eux, vos différences de corpulence prennent toute leur ampleur. Ta main se pose sur l’épaule du blond, et tes yeux voyagent rapidement de son compagnon à lui.
- Tu m’en diras des nouvelles ! le plat de ta main frappe amicalement son omoplate De mon côté, même ici mon front n’est pas toujours en sécurité ! tu soupires Mais du coup, qu’est-ce qui vous pousse à braver le climat de cette manière ? Vous alliez quelque part de particulier ?
Tu te retournes en direction de leur accompagnateur, dont le sourire amusé te laisse déjà préfigurer de la réponse à ta question. Ou du moins, de l’absence de réponse à ta question.
- Entre la pluie et les vents d’hiver qui commencent à souffler, tu n’as pas peur qu’ils attrapent froid ?
- Un peu.l’elfe hausse les épaulesMais ils voulaient tous les deux absolument aller visiter un peu la Cité. L’impatience du Sang Mortel j’imagine.
Ton attention s’en retourne aux deux étrangers, et par la même occasion tu relances le pas dans une direction aléatoire, sans plus savoir où tu voulais aller que vers où leurs pas à eux les menaient.
- J’espère que les Ardamiris n’ont pas été trop durs avec vous à votre arrivée. ton sourire s’atténue quelques peu Autrefois c’était Ardamir la première Cité à accepter le contact avec l’extérieur. Mais dernièrement… avec tout ce que les Ardamiris ont vécu en peu de temps ils ont été beaucoup refroidis.
Ils avaient de la chance, énormément de chance. S’il n’y avait pas eu Ciriyë, jamais ils n’auraient pu résider en Ardamir, et tu as bien peur que même sachant le lien des deux étrangers avec la petite revenue de Thaar, et les sachant acteurs fondamentaux de son retour en vie, Ardamir ne voue jamais à la présence de l’humain et du demi-elfe qu’une désapprobation silencieuse. Après tout… n’aurais-tu pas fait de même si tu ne savais pas ?
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Sujet: Re: Racines | Déranger le Penseur [Zaz / Léonie] Jeu 26 Mar 2020 - 12:21
J'étais depuis nôtre départ de Fort Celimë, il faut le dire, particulièrement silencieux. C'était là un trait de caractère qui m'était complètement étranger, or il me seyait vraisemblablement à merveille devais-je constater. Pour autant, de l'ouvrir cela me démangeait tel un mesquin prurit. L'envie de questionner nos deux chaperons ne manquait en effet certainement pas à la liste de mes oppressants désirs, mais il me fallut dénier tout cela avec force détermination pour faire honneur à nos précieux hôtes. Je ne dénigrerai point la tolérance de ces êtres sylvestres envers deux inopportuns étrangers voyageurs tels que nous. Certes nous avions de bonnes raisons...
Je laissai faire le temps, et celui-ci accompagnant nos pas en direction d'Ardamir, mes lippes jouirent d'une sévère tranchée tant le monde livré à mon appréciation rendait oniriques mes pensées. Si le silence régna solennel jusqu'à la cité abritant l'unique famille de mon partenaire, dans ma tête une cacophonie de questions sans autres réponses que l'imagination, milles voix et autant d'impressions féeriques alors que je découvrais en ces lieux mystiques une végétation hors norme. Des troncs devrais-je probablement dire, millénaires, tant et si bien que l'activité citadine prenait autant place sur les branchages que sous les frondaisons. C'est ainsi qu'après avoir visité une infime partie de la fabuleuse Ardamir – de loin la plus belle cité qui m'est été donnée de voir de mon vivant –, que le lendemain de nôtre arrivée, sous une délicieuse et rafraîchissante pluie, nous sortîmes éveiller nos sens un peu plus en périphérie afin de découvrir vraiment la magnifique ville. Le prêtre pour qui nous étions – sans qu'ils aient besoin de le préciser – des boulets, il suffisait de voir son air penaud lorsque nous croisions d'autres elfes à qui il expliquait sans doute rapidement qui nous étions. Toutefois son respect aussi profond que sa race était légendaire, le rendait extrêmement patient envers nous autres, c'est ainsi qu'il autorisa non sans scepticisme nôtre promenade matinale en attendant que Macabre soit mise au courant de nôtre présence en ces birn lointaines contrées.
C'est après avoir dégourdi nos jambes en papotant de choses et d'autres, alors que finalement ma turbulente caboche s'en remettait à peine de tant d'informations envoyées valsantes aux devants de mes préoccupations primaires, je retins un cris d'effroi lorsqu'une créature se laissa d'une branche choir. En guise de rétention, une transformation vocale nonobstant se fit entendre en un « ahrg » des plus gutturaux, et je crispai mains et bras en l'air à la figure de l'immense créature, afin de la chasser rejoindre son probable domaine, la dense voûte sylvaine. Qu'elle ne fut donc point ma surprise lorsque l'elfe parla en langue commune – car c'était bien un elfe, appartenant possiblement à une de ces fameuses « nousses » qui étaient je le savais des clans d'elfes métamorphes semi-sauvages, comme en attestait d'ailleurs sa tenue.
Zaahrian à qui la question eut l'effet d'une claque baragouina en réponse quelques mots tandis que moi je pouffais de rire de le voir perdre ses moyens devant un pagne plutôt moulant, mais surtout supposai-je devant un tel spécimen, celui d'un majestueux mâle reproducteur, tel le lion roi de la jungle.
« Psah ! Il est connu jusqu'en Anaëh... L'enfoiré...! Pourquoi ça ne m'étonne pas... Murmurai-je imperceptiblement sans compter l'ouïe tant développée de nos hôtes. Puis d'accompagner le rire du roi de la jungle suite à ses propos comparatifs. Il avait l'air sympathique, le mastodonte, et à en juger par son charisme et le visible respect que le prêtre semblait lui vouer, il devait être une sorte de gardien de la forêt, j'en étais persuadé.
C'est influencé par la bonhommie du géant que nous avançames au gré de ses – énormes – pas. Lorsqu'il nous interrogea, préférant éviter à Zaz d'autres confusions, je pris les devant et m'engageai dans la conversation, ignorant superbement le premier elfe qui avait depuis le début refusé de répondre aux quelques – nombreux – questionnements dont je l'assomais depuis Fort Celimë.
« Oh, voyez-vous ça, non, non pas du tout durs avec nous ! J'avais supposé qu'ils ne parlaient pas la langue commune, raison pour laquelle personne à part nos guides nous adressent la parole... Mais... Ce que vous dites là, me laisse présager, que... Devrions-nous craindre le contraire ? Que nous les offusquions ? Qu'ils le parlent, l'Olyian, mais qu'ils se retiennent de nous insulter ? De nous chasser ? Et puis... Mmmh... Qu'avez-vous vécu dernièrement, je ne le sais point ? Ohhhh... Des conflits, oh, ah, une guerre !? Avec des Drows ? Non, des Hommes !? Mais nous... Nous... Ne sommes pas de ceux-là, nous prônons la paix, et ne sommes que d'honnêtes voyageurs... Ne sommes pas n'importe quels voyageurs non plus, monsieur ! Mon compagnon ici-même est hybride comme vous pouvez le deviner, et il se trouve que sa tante réside en Ardamir ! C'est elle que nous venons voir... »
Mon ton n'était ni condescendant ni provocateur, plutôt emprunt d'innocence enfantine, car moi aussi j'avais l'impression de retomber en enfance face à l'aura de l'elfe. Je me sentais de fait plutôt à l'aise en compagnie du pittoresque personnage, enfin un vrai guide qui saurait nous dévoiler les merveilles sylvaines... Oui, voilà un elfe comme je les imaginais, dévêtu à outrance, une sorte de bête humaine, avenant malgré sa soudaine apparition athlétique, soit tout le contraire du prêtre chaperon, quant à lui beaucoup trop semblable à l'humain chauvin par son attitude hautaine voire sévère. J'avais choisi mon nouveau chaperon.
Zaahrian Las'Danir
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Sujet: Re: Racines | Déranger le Penseur [Zaz / Léonie] Mar 31 Mar 2020 - 23:06
Non, vraiment? Cet elfe était immense, plus grand que tous ceux qu’il a croisés jusqu’à maintenant. Pas étonnant que même ici, les linteaux de porte soient encore une menace pour lui. Pour Zaahrian, cet elfe incarnait tous les stéréotypes que l’on accordait à cette race. On parlait de guerriers formidables, aussi grands que des géants, immortels et fiers. Voir un elfe en chair et en os à Thaar restait exceptionnel, il n’y avait donc rien d’étonnant à ce que le bouche-à-oreille ait enjolivé la réalité. Cela étant dit, ce type confirmait qu’il y avait bien une part de vérité dans tous ces racontars. Pour rien au monde Zaahrian ne voulait voir cet elfe s’énerver. Il avait confiance en ses capacités, mais il savait reconnaître lorsqu’il était dépassé. Là où plusieurs auraient peur, Zaahrian était en fait admiratif. Ce gars devait avoir parfaitement conscience de sa force, mais il restait affable et sympathique, une situation qui pourrait rapidement changer si Léonie décidait de trop parler. Il ne pouvait pas rester silencieux bien longtemps de toute façon et il se chargea sans se faire prier d’expliquer les raisons de leur présence ici avec peut-être un peu plus de détails que nécessaire.
« Je crois que mon ami a bien expliqué la situation. Je suis le fils d’Halandarin Las’Danir et Ciryië est ma tante. Je l’ai sauvé d’une situation périlleuse à Thaar avant de la confier à une troupe d’elfes qui passaient en ville. Vous ne faisiez partir, je vous reconnais maintenant… Bref, j’ai décidé de faire ce voyage par curiosité, je dois dire. Autant je voulais la revoir, m’assurer qu’elle soit bien, autant je voulais voir... » Il retrouvait enfin son aplomb. Une chance, car si Zaahrian se moquait pas mal de l’opinion des gens, il ne voulait pas passer pour un imbécile à ses yeux. D’un geste de la main, il désigna le paysage qui les entourait. « Je m’attendais à des merveilles, mais ça c’est... » Une fois encore, les mots lui manquaient. Zaahrian haussa les épaules et un nouveau sourire apparut sur ses lèvres. « Ce n’est pas le temps un peu maussade qui allait m’empêcher d’explorer un peu au grand désespoir de notre chaperon, je suppose! Quant à l’accueil que nous avons reçu, il fut bien plus chaleureux que je n’osais l’espérer pour être parfaitement honnête. Je comprends que vous vouliez protéger cet endroit, je ferais la même chose. »
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Racines | Déranger le Penseur [Zaz / Léonie] Mer 1 Avr 2020 - 2:03
Un enfant adulte. Un véritable enfant adulte. C’est ce qu’était l’Arïn accompagnant le Demi-Sang. Ne l’étaient-ils d’ailleurs pas tous ? Adultes à trente ans, privés d’un temps précieux à l’expérience. Privés de l’occasion d’apprendre et de s’abreuver du monde. Impatients à cause de cela. Pressés de tout savoir sans avoir le temps de l’internaliser. Au moins celui-ci à l’impatience des enfants associait une innocence conservée malgré une vie que tu n’imagines – parce qu’il aurait été difficile qu’il en soit autrement à Thaar – pas avoir été sans ses désillusions. Et quand la curiosité se liait à l’innocence, naissaient les raisons pour lesquelles tu appréciais les enfants. Curiosité et innocence faisaient leur malléabilité, leur flexibilité, leur toute particulière intelligence, aussi prompte à entendre qu’à réfuter sans plus faire de manières.
Il te rend le sourire avec lequel tu les as accueilli, l’adulte-enfant. Probablement a-t-il souvent rendu le sourire à son plus taciturne compagnon. À les entendre parler l’un après l’autre, à te faire asséner de moultes questions par le premier pour ensuite accompagner le second dans sa contemplation, tu pourrais presque imaginer à quoi ressemble leur relation. Comment l’un passait probablement son temps à tirer l’autre plus vite qu’il ne désirait marcher. Comment l’autre passait probablement son temps à protéger l’un lorsqu’à trop vouloir courir il tombait. Comment l’un se relevait pour rire de plus belle. Comment l’autre, les jours maussades s’accrochait au rire de l’un. Penser aux horreurs commises par l’humanité était d’autant plus tristes que des instants comme celui-ci laissaient entrevoir ce qu’elle pouvait avoir de lumineux. Quel dommage quand ils étaient tous destinés à flamber comme des feux de paille, de voir la fumée de certains d’entre eux devenir les nuages qui pleuvraient sur les autres.
- Ah… tu soupires, presque déçu qu’il puisse trouver chaleureux de votre part ce que tu percevais comme austère Quelques décennies plus tôt, et les Ardamiris seraient probablement venus vous saluer, vous inviter à danser ou que sais-je encore ! tu ris doucement Après tout, sans ça, la musique qu’ils jouent en permanence dans la Cité serait bien moins utile. tu te tournes vers l’humain, et penches légèrement ta tête vers lui Mais depuis les dernières attaques des Drows, Ardamir est comme écorchée… et tout ce qui vient de l’extérieur ravive la plaie. C’est dommage que vous ayez à en payer le prix, mais les choses sont ce qu’elles sont.
Ta main quitte le dos du plus grand, et d’une passe adroite, ton sceptre passe de l’une à l’autre. C’est au tour du dos du petit d’accueillir ta paume.
- Mais non, les habitants n’iront pas jusqu’à vous chasser, ou vous insulter. Remercier les prêtres à qui ils font assez confiance pour accepter que vous n’êtes pas là sans raison. tu échanges un regard complice avec leur chaperon Par contre, fort est à parier qu’ils se montrent très froids avec vous.
Comme pour illustrer ton propos, les yeux de deux passants se posèrent sur votre convoi, rapidement suivi d’une moue désapprobatrice du visage de leurs propriétaires. En retour, c’est une expression gênée que le prêtre et toi aviez échangés.
- J’aurais aimé pouvoir faire comprendre à tout le monde les raisons de leur présence. Peut-être qu’avec ça ils seraient moins sévères avec eux.
- Ils viennent de Thaar. Ils ont probablement connu pire. Pas la peine de s’inquiéter pour eux.ton regard se porte à nouveau dans la direction de la marcheAutant faire avec et leur permettre de faire tout de même le meilleur séjour possible.
- Pour Ciryië
- Ouitu hoches la têtePour Ciryië.
D’un côté le Palais de Chêne s’élevait dans toute son immensité. De l’autre les racines s’étendaient jusqu’à se jeter dans le fleuve que tu venais de quitter. Où que vous alliez, pour ceux qui ne connaissent pas Ardamir, il y avait tout à découvrir.
- Quelque chose que vous vouliez voir en particulier ?
Zaahrian était un peu déçu quand même, mais il ne le montrait pas. Il aurait voulu voir l’Anaëh à son meilleur, mais la guerre a cet effet-là sur les gens. Elle les amène à se méfier de l’autre, car c’est lui qui a apporté la destruction. L’étranger devient une menace. Évidemment, tous ne sont pas responsables des malheurs qui ont frappé les elfes, mais il est plus facile pour eux de placer tout le monde sur un pied d’égalité. C’est injuste, mais ça évite aussi d’être déçu en mettant ses espoirs sur la mauvaise personne. C’était à Zaahrian de leur montrer qu’ils n’avaient pas à avoir peur de lui.
Dans d’autres circonstances, Zaahrian aurait probablement été agacé que l’on exprime dans une autre langue devant lui, mais il trouvait l’elfique magnifique. Du coup, il avait décidé, comme ça, qu’il voulait l’apprendre. Honnêtement, il n’avait aucune idée par quoi commencer, mais écouter semblait déjà être un bon début. Il ne lui restait plus qu’à convaincre le prêtre de lui donner quelques rudiments. Il doutait d’être en mesure d’atteindre un niveau assez élevé pour tenir une conversation, mais il pourrait sans doute apprendre à saluer les gens convenablement.
« Je ne connais aucunement ces lieux et j’ai envie de tout voir. Enfin, autant qu’on me le permet. Il y a des tas d’histoire que l’on raconte à propos de l’Anaëh. Je ne sais pas si la moitié d’entre elles sont vraies… Enfin, celles qui impliquent des créatures géantes le sont, je peux confirmer. Quand j’ai tenté de faire le voyage la première fois, je me suis heurté à l’une de ces bêtes. C’est l’une des très nombreuses fois où j’ai failli y laisser la peau. J’admets volontiers que ce n’était pas très intelligent de ma part de faire le voyage aussi peu préparé. »
C’était typique de Zaahrian, mais ça, ils ne pouvaient pas le savoir.
« En vérité, j’aurais peut-être une question pour vous. Je sais que vous entendez cette… musique? Ce chant? Je ne sais pas… La forêt? » Il haussa les épaules. « Je ne veux pas être impoli, mais je ne connais pas ça. Je pensais en venant ici que je l’entende même si je n’ai aucune idée de ce que je suis censé entendre ou si je peux l’entendre. J’entends bien les bruits de la forêt, les bruissements des feuilles, les petits oiseaux qui chantent et tout ça, mais je me doute bien qu’il ne s’agit pas de ça. Qu’est-ce que c’est et qu’est-ce que ça fait de l’entendre? »
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Racines | Déranger le Penseur [Zaz / Léonie] Mar 21 Avr 2020 - 20:18
Votre marche ne prendrait finalement pas de direction plus affirmée après son intervention. Ah ! C’est qu’ignorance et curiosité lorsqu’elles sont combinées rendent l’enseignement bien difficile. Mais ça voilà longtemps que tu le sais. De la même manière qu’il est difficile en tant que tuteur d’aiguiller de jeunes mages n’ayant que trop peu d’idée de la direction qu’ils veulent prendre, il n’est pas aisé en tant qu’accompagnateur de guider des invités ne sachant pas ce qu’ils recherchent. Seulement qu’importe finalement. La Cité dans son intégralité était belle. Les Cités dans leur intégralité étaient belles. Il y a peu de chances – où que vous alliez – que les étrangers soient déçus de ce qu’ils croiseraient, alors pourquoi pas laisser faire le hasard et se contenter, pour une fois, de mettre un pied devant l’autre sans rien organiser ?
- Même entre Anëdhels, c’est quelque chose qu’on a du mal à s’expliquer.
Ta main glisse du dos de l’humain pour tomber dans le vide. Ta marche s’arrête brusquement. Et ton regard se perd dans un vide dominé par la titanesque présence du Palais de Chêne. L’Arbre-Maître du Protectorat d’Ardamir. La Voix gardée tant par les elfes d’ici que par la nature sauvage de la moindre violence… et qui rend cette attention au centuple par la paix qu’inspirent ses Chants.
- Alors en plus en Oliyan… ton front se plisse, et ton attention se tourne une seconde vers le prêtre qui les accompagne, avant de retrouver la direction du grand blond On les appelle La Symphonie.
Le langage de Kÿria et de sa Prime-Œuvre. Un concept intraduisible n’existant que dans votre langue, car il n’existe que dans votre monde. Comment alors le décrire à quelqu’un qui ne connait ni l’un ni l’autre ? Comment expliquer à quelqu’un qui n’a ni le vécu, ni la culture, ce qui est la fondation de la vôtre, et une part tant inaliénable de votre être qu’elle ne souffre que trop peu d’être expliquée.
- Quand La Mère a créé son Œuvre, elle l’a créé comme un tout, en éternelle interaction avec lui-même.furtivementment, tes pupilles dardent vers le Guide, et tu constates l’elfe surveillant tes mots avec une malicieuse attention, comme attendant de voir si l’Aran saurait se faire digne Fils de La Mère face aux étrangers Et au jour où Elle donna naissance à notre peuple, elle nous offrit – de la même manière – de faire partie de ce tout. tu fronces puis lèves les sourcils, cherchant tes mots De la même manière dont nos cinq sens sont un lien qui nous rappelle que nous faisons partie d’un monde physique et concret, la Symphonie, même inconsciemment, nous rappelle que nous appartenons à l’Œuvre, à la Création de Kÿria.
Tu inspires largement, et bombes le torse, ignorant allègrement l’odeur moite régnant sur les Racines et les gouttes d’eau te chatouillant les narines. Ton esprit retourne au Grand-Chêne, posant sans mot la question à l’Ancien qu’il est de ce que tes mots devraient être, si tu voulais être compris même dans l’incompréhensible.
- Alors oui, un regard presque paternel se pose sur le semi-elfe souvent on la décrit comme quelque chose que l’on entend, que l’on voit, ou même que l’on respire, parce que ce sont des notions plus simples à s’approprier pour l’interlocuteur qui ne le vit pas de la même manière que nous. tu souris doucement Ou même qui ne le vit pas du tout. et là, tes yeux rêvent tout éveillés Mais en réalité, la Symphonie est une réalité de notre être à laquelle les cinq sens de la chair ne sauraient pas rendre justice. C’est un lien qui nous permet de ressentir et d’être ressenti par-delà le physique.
- Et au final, il fait partie des choses qu’il faut vivre s’il on veut les comprendre. un sourire désolé se dessine sur les lèvres du prêtre Et quelque part, c’est dommage que tu ne puisses pas rester prendre le temps d’apprendre, Zaahrian. Ton sang Sylvain est fort. Il y a de grandes chances que des parts du lien soient encore intactes. il rit doucement Peut-être même qu’elles ne sont pas étrangères au fait que tu sois de si bonne humeur depuis que nous sommes sous l’égide du Grand-Chêne !
Et en réalité, ça, il y avait des moyens de le vérifier. Des moyens très aisés. Le Guide comme toi le saviez, mais une rapide œillade vous aura à tous les deux fait comprendre que le jeu n’en valait peut-être pas la chandelle. S’Ouvrir devient vite dangereux pour le Souffle trop longtemps fermé.
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Sujet: Re: Racines | Déranger le Penseur [Zaz / Léonie] Jeu 30 Avr 2020 - 0:51
Zaahrian écoutait, attentif. Peut-être que pour quelqu’un le connaissant bien, le voir aussi intéressé pourrait paraître surprenant. Après tout, l’assassin semblait être quelqu’un de facilement distrait et peu porté à écouter de longues explications. Pourtant, il avait posé la question. Il voulait donc savoir. Après, l’explication lui apporta assez peu d’information concrète. La symphonie est quelque chose qui se vit et qui est difficile à comprendre quand ce n’est pas le cas. On pouvait y mettre des mots, mais pour vraiment en saisir toute l’ampleur, il fallait aussi l’expérimenter. Or, ce n’était pas le cas de Zaahrian. Une fois de plus, il était confronté aux limites de ce qu’il est. Il aurait voulu expérimenter la chose, parce qu’il avait l’impression que la Symphonie est au elfe ce que la vieillesse est pour les hommes. C’était peut-être là une bien mauvaise analogie, alors il la garda pour lui, mais pour autant qu’il sache, les elfes ne voient pas leur corps dépérir et s’user avec le temps. On ne peut pas comprendre ce qu’est vieillir sans le vivre et ce moment viendra pour Zaahrian. Pas maintenant, il a encore de nombreuses années devant lui, mais il finira par épuiser son temps. Pour cette seule raison, il était bien plus humain qu’elfe.
Refusant de se laisser démonter par ce déprimant constat, Zaahrian s’appliqua plutôt à répéter quelques mots en elfique prononcés par le géant. Il devait avoir un accent terrible, mais il aimait comment ils roulaient dans sa bouche.
« En fait, j’ai bien l’intention de rester un peu. » Dit-il enfin. « Je ne dis pas que je vais rester pour toujours, car je ne crois pas que ce soit possible de toute façon et puis Thaar est ma maison. Aussi imparfaite qu’elle puisse être, je veux la retrouver, car tous mes souvenirs y sont rattachés, mais oui, j’aimerais beaucoup apprendre ici. »
Il était étrange de penser qu’en lui, il y avait peut-être une part de sa personne qui le liait à cet endroit. Pas seulement à cause des circonstances de sa conception, mais à cause d’une étrange magie qui habitait les lieux et trouvait un écho, même faible, dans son sang. Certains de ces liens seraient peut-être intacts selon le prêtre. Étrangement, ça donnait aussi à Zaahrian l’impression d’être défectueux. Le prêtre ne voulait probablement pas être irrespectueux, mais c’est l’interprétation que l’assassin en faisait. Zaahrian n’était pas entier. Malgré sa bonne humeur apparente, il était confus. Il savait bien avant d’arriver ici qu’on allait jamais le considérer comme l’un des leurs. Malgré tout, ça l’agaçait d’avoir l’impression de ne pas être à la hauteur avant même d’avoir pu faire ses preuves. Zaahrian devait sa survit à des démonstrations de force qu’il avait du faire dès un très jeune âge. Il se savait fort, rapide et agile. Il avait parfaitement confiance en ses aptitudes, mais ici, il avait l’impression qu’on doutait de lui. Encore, il ne sentait pas de méchanceté dans les propos des deux elfes, mais ça lui donnait tellement envie de leur montrer qu’il était à la hauteur même s’il ne savait pas vraiment à la hauteur de quoi.
« J’ai dis que Thaar est ma maison, mais c’est vrai que depuis que je suis ici, je me sens bien. Certains pourraient dire que je suis agaçant tellement que je suis de bonne humeur. » Il jeta un regard à Léonie. « C’est étrange, car pour être parfaitement honnête, j’ai longtemps détesté me retrouver en forêt. Je n’y ai aucun sens de l’orientation. Je m’y perds systématiquement et je déteste le silence qui y règne. Une forêt n’est jamais vraiment silencieuse, mais si on la compare au chaos des marchés de Thaar, c’est complètement un autre monde. Pourtant, dès que j’ai mi les pieds ici... » Il s’arrêta, pensif. Il avait l’impression d’être à la maison. Il se sentait aussi bien ici qu’à Thaar alors que c’était deux endroits totalement opposés. Comment expliquer ça? C’était peut-être l’attrait de la nouveauté ou quelque chose d’autre. « Tout ce qu’il manque c’est quelqu’un disant : garçon, bienvenu à la maison! Malheureusement, celui qui aurait pu le dire n’est plus dans le coin à présent. Bon! » Il tapa dans ses mains, comme pour briser le mauvais sort et chasser la tristesse qui l’avait momentanément envahi. À nouveau, il souriait, ce moment de faiblesse rapidement oublié. « Autre question! Qui est en charge ici? On fait généralement référence au royaume des elfes, du coup ça laisse supposer la présence d’un roi. Il est où? On peut le voir? Même de loin? Il est sympathique? Je n’ai jamais rencontré de roi sympathique. Enfin, je n’ai jamais rencontré de roi, mais les gens qui ont du pouvoir ne sont généralement pas très sympathiques. J’en sais quelque chose! »
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Racines | Déranger le Penseur [Zaz / Léonie] Lun 11 Mai 2020 - 17:38
Malgré vous, face aux déclarations du jeune blond, les sourires s’attristent un brin. Et dans ton cas, ce n’est pas l’idée de voir un enfant revenir vers un foyer où n’est plus son père qui couvre le ciel de tes pensées de nuages. Dans ton cas, c’est la véritable condamnation qu’était l’existence de celui dont le sang n’est ni assez homme pour s’exciter de peu de choses, ni assez elfe pour penser en éternel qui te chagrinait. Car aussi ouvert que tu te veuilles, aussi accueillant que tu te veuilles, aussi compatissant que tu te veuilles envers celui qui protégea Ciryië et Miresgal à Thaar, tu restais un Sylvain, un Lanthaloran, un Daranovan, à l’esprit forgé par les philosophies de Dyarque et Daenor. Et comment te donner tort, comment leur donner tort, à ces philosophies, lorsque Zaahrian en faisait la démonstration droit face à toi.
Un gâchis d’une existence qui aurait pu être autrement plus intense. Un gâchis d’un Souffle sensible qui aurait pu tant voir, tant connaître, tant expérimenter, tant découvrir, tant toucher, tant vivre… Un abâtardissement de votre race, qui non content de se contenter de diluer un sang précieux dont les générations sont lointaines entre elles et peu populeuses, mettait au monde des individus destinés à être tiraillés entre deux mondes auxquels ils n’avaient maintenant plus accès… mais que dans un cruel pied-de-nez du destin, ils pouvaient tous deux effleurer. Un monde juste sous son nez. Tout juste hors de portée. C’est ce qu’est l’expérience de la Prime-Forêt pour Zaahrian. Un monde que de trop nombreuses fibres de son corps, encore liées à cet endroit, à son essence et à sa magie désirent ardemment. Un monde pourtant qu’il ne sera jamais capable d’entièrement embrasser, et qui à cause de ce qu’il est, ne l’embrassera jamais entièrement en retour, parce qu’il porte en son être à la fois la soie généreuse en caresses, et le poignard prêt à le saigner au cœur.
Pour autant, était-il juste de l’en tenir éloigné ? Lui avait fait un geste, puis deux, puis trois. N’était-il alors pas naturel que votre monde s’essaie à lui rendre la pareille ? Tu t’avances, reprenant les devants du petit groupe, le dirigeant d’un pas redevenu d’un affriolant chaloupé, comme si la mélancolie t’avait soudainement quitté, vers les aléas d’errances sans but.
La face invisible aux leurs, tu te laisses posséder par une moue taquine
- Si tu veux savoir qui est en charge ici, alors c’est au Seigneur-Protecteur de la Cité d’Ardamir que tu penses. C’est lui qui est en charge de l’organisation et de la Protection de la Cité. tu marques une courte pause Mais sinon, oui, les Cités d’Anaëh ont un « Roi ». La charge de Seigneur-Protecteur d’Alëandir, notre première Cité vient aussi avec une certaine autorité – et des responsabilités – envers toutes les autres. L’Aran a la lourde tâche d’assurer le bien-être de l’entière Prime-Œuvre.
Tu jettes un regard en arrière, le coin gauche de tes lèvres relevé, avant de relancer ton regard droit devant toi.
- Dans la théorie, son rôle est proche de ce que les Arïn appellent un « Roi ». tu souffles des nasaux, retenant un gloussement Seulement, le concept même de hiérarchie est bien différent chez nous de ce qu’il est chez les humains. L’Aran n’est pas séparé du reste des Sylvains par ses responsabilités. Il en est simplement un à qui les autres ont choisi de mettre leur confiance. Alors c’est naturellement qu’il continue de vivre au milieu des siens et reste très accessible. Qu’un Aran choisisse de faire le contraire et c’est souvent mauvais signe.
De Tyräl à Dyarque, lorsque les Rois des Cités commençaient à s’éloigner des leurs et à faire sourde oreille à leur peuple, alors souvent commençaient de sombres temps pour Anaëh.
- Encore que dans le cas de notre dernier Aran, les choses ont été un peu compliquées. Son règne est jeune, et il est très attentionné, mais ses ambitions pour l’Anaëh sont grandes, et elles forcent de lourds challenges à son peuple… mais aussi étonnant que ça puisse paraître, les Sylvains lui font confiance pour les guider sur les voies du changement. tu lances un regard complice en direction du prêtre, au bord de l’éclat de rire Tu te demandais s’il est sympathique, j’imagine que pour s’être malgré des idées controversées gagné une telle confiance, à défaut de l’être, c’est qu’il doit être particulièrement charismatique.
Tu réprimes encore un rire, et tu t’arrêtes un instant de marcher pour que ta suite puisse revenir à ton niveau.
- Mais il faut dire qu’il est aussi particulièrement séduisant, alors peut-être que ses prouesses diplomatiques viennent en partie de là.
- Peut-être qu’il serait temps que tu arrêtes de les faire tourner en bourrique Artiönle prêtre t’annonce, le visage amuséJe pense qu’on peut leur faire confiance pour ne pas ébruiter la nouvelle avant l’heure en Ithri’Vaan
- Je le pense aussi. J’espère ne pas me tromper.
Tu te retournes complètement en direction des deux étrangers, et prends une position rigide, torse bombé, sceptre presque enfoncé dans le sol et regard impérieux.
- Mais ça, autant que je vous laisse en juger. tu t’inclines cérémonieusementAran Lîn Artiön Laergûl. Seigneur-Protecteur d’Alëandir. Enchanté.
Dernière édition par Artiön Laergûl le Ven 15 Mai 2020 - 11:48, édité 1 fois
Rénatus Babec-Roumel Drydry l'Fonda'da'mûr
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Sujet: Re: Racines | Déranger le Penseur [Zaz / Léonie] Ven 15 Mai 2020 - 11:34
J'étais aux anges, ça oui, littéralement plongé dans ce qui serait par la suite un merveilleux souvenir, cette si fabuleuse immersion dans le monde elfique que je partageais avec un être cher. Quel joie, quel bonheur ! Quelle expérience de vie inoubliable ! Pour l'heure, je vivais le moment présent avec délectation loin de mes tracas, et surtout loin de Thaar. Je mesurais la chance qui était mienne en absorbant tout ce qui se disait devant une curiosité toute enfantine, un doux frisson parcourant mon échine, lorsque l'elfe posa sur mon épaule une main paternelle. J'écoutai donc avec un intérêt non feint les dernières paroles du gigantesque hôte de ces bois. Puis de répondre, compréhensifs.
« Ils ont tous les droits de être, froids glaciaux que sais-je, envers nous...! Dis-je d'un ton bien criard. Mais nous n'sommes de ceux-là qui ont guerroyé, berné, assassiné par chez vous ! Mais ça vous le savez... Bah ! Tant que nos crânes sont à l'abri d'une caillasse adroitement lancée – et les Dieux savent que vous visez bien vous les elfes, hein –, alors tout va bien, je ne me fais pas de souci ! » Je ne réfléchissais pas vraiment avant de l'ouvrir... Si jusque là tout allait bien, justement, c'est que je commençais à être – enfin – un bon élève. Remémorant les recommandations de Zaahrian, qui m'avait longuement soutenu qu'afin d'éviter d'offenser nos hôtes par quelque parole propulsée avec légèreté, le silence restait toujours la solution la moins risquée... Le silence pouvait avoir de nombreuses explications valables, et c'est le bénéfice d'un doute qui pouvait parfois sauver une vie ?
Lorsque nôtre interlocuteur eu l'amabilité de nous donner l'opportunité de choisir un lieu à découvrir, dans mon esprit des dizaines de questions et de propositions se confondirent à l'orée de mes lippes. Je décidai bien à mon aise – par le contact de l'énorme main elfique encourageant mon omoplate – de proposer un endroit lorsque Zaahrian prit les devants, et quelle ne fut pas ma déception lorsqu'il eut des interrogations des plus profondes, crus-je aussitôt comprendre lorsque l'elfe expliqua que même entre sylvains cela restait difficile à expliquer. Nôtre marche prit subitement fin, et c'est dans une solennelité quasi palpable que nôtre guide expliqua comme dans mes vagues souvenirs de ma lointaine bourgeoise éducation péninsulaire, ce qu'étaient que ces « chants » que les elfes entendaient, et que l'on acceptait l'existence sans toutefois ne serait-ce que pouvoir imaginer nous autres, simples mortels. Ces chants étaient qualifiés de « Symphonie » par les elfes, et ils étaient comme un septième sens, une sorte de lien unissant la forêt, ses êtres et leur Déesse. Pour moi il était du ressort de la magie, ce qui me foutait légèrement la trouille, mais j'aimais à voir le magnifique être tenter d'expliquer cette chose inhérente à leur vie...
Je gardai cependant mon sang-froid lorsque le prêtre évoqua la possibilité – peut-être infime – que ce lien existât encore dans les tripes de mon compagnon. Qu'étais-je après tout pour l'en priver, mais je ne pouvais facilement m'y résoudre dans l'idée, c'est qu'en devenant un peu plus elfe, peut-être changerait-il plus que de raison ? C'était de ce Zaahrian que j'étais tombé amoureux... Mais il était déjà trop tard pour se morfondre, nous étions là, et effectivement, nous comptions possiblement rester quelque temps s'il nous était toutefois permis de le faire. Il le méritait après tout ce qu'il avait vécu, le bougre...
« Tu as bien raison, Zaz ! Moi aussi je me sens bien ici, c'est tellement différent de chez nous... Et nos hôtes sont épatants de bonté, même si quelques-uns voudraient bien nous foutre un pied au cul, je le conçois... Encore merci à vous, sincèrement, oh oui, oh oui, hihi, huhu ! »
Lorsque Zaahrian évoqua nebuleusement son géniteur et que dans son regard la lueur de bonheur commença à ce souvenir, à s'estomper dans la fine couche de brouillard, je répliquai aussitôt aux questions qui suivirent comme pour chasser la tristesse de l'atmosphère.
« Oh oui, tiens donc, j'y pensais à ça tantôt, et je me demandais en effet qui est en charge de vôtre royaume, si ce n'est pas indiscret bien-sûr... Je n'avais aucunement envie de passer pour un espion Vaani. Est-il gouverné par un conseil de sages elfes, et si oui, millénaires ils sont, je suppose !? »
A mon imagination débordante fallait-il quelque peu de réelles informations afin de pacifier l'effervescence de mon être présentement. Et Zaahrian qui demandait si on pouvait le ou les voir ! Le fou ! Je savais les dirigeants elfes bien planqués au fin fond de la forêt, or point à Ardamir supposai-je. Puis, le diligent prêtre et le rocambolesque forestier ne faisaient-ils point donc l'affaire, suffisamment du moins pour contenter l'exacerbée curiosité de ce jeune demi-elfe qu'était le Las'Danir ?
Nôtre sylvestre accompagnateur, comme à chaque question posée par mon tendre ami, répondit faisant montre d'une patience que je commençais à lui attribuer honorablement. Il nous expliqua comment était hiérarchisée l'Anaëh, et s'attarda enfin sur le Roi, car il y en avait bien sur qui la confiance de toutes les autres « cités » pesait. À l'entendre parler, le Roi, l'« Aran », était et devait être proche des siens, choses que je prenais pour inconcevables dans les deux royaumes qui m'avait été donné de côtoyer. Je commençais à trouver sa description beaucoup trop détaillée et s'il n'eût pas possiblement pesé trois fois mon poids c'est d'un ton moqueur que je lui aurais demandé si ce roi n'avait pas un fils lui ressemblant, parce qu'il semblait un très bon parti !
« Hmmmm... » commençai-je à m'agacer alors lorsqu'il parlèrent entre eux en elfique tout en réprimant des rires que je devinais bien, sur leurs faciès d'anges moqueurs ! Lorsque le grand elfe se retourna complètement vers nous et se présenta, une partie de moi voulut le croire car sa prestance était certes majestueuses, une autre partie cependant ne pouvait accepter l'information au risque de subir un choc émotionnel trop violent... Était-ce seulement possible ? Se payaient-ils nos têtes, les cancres !? Je...
« Que... Quoi !? De, da... D'Arda... D'Alëandir ? An-chan-thé... » Je me recroquevillai en prononçant le dernier mot tout en ruant mon regard ailleurs que sur les deux elfes présents.
Je cherchai alors désespérément le regard de Zaahrian, lui saurait démêler le vrai du faux, le probable de l'impossible...
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« Un charlatan, sur un tréteau, Pantalon rouge et vert manteau, Vend à grands cris la vie; Puis échange, contre des sous, Son remède pour loups garous Et l'histoire de point en point suivie, Sur sa pancarte, D'un bossu noir qu'il délivra de fièvre quarte. »
(Verhaeren, Les Villes tentaculaires, Les Campagnes hallucinées, 1895, p. 68.)
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