|
| Ne réveillez pas le lion qui dort [Léonie] - An 12 | |
| | Auteur | Message |
---|
Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
Nombre de messages : 636 Âge : 38 Date d'inscription : 29/03/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 103 ans Taille : 1m95 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Ne réveillez pas le lion qui dort [Léonie] - An 12 Dim 27 Jan 2019 - 17:04 | |
|
5ème ennéade de Barkiòs, 12ème année
Eh bien, c’était une autre de ces nuits. Une durant laquelle Zaahrian buvait tellement qu’il tenait à peine sur ses pieds. Ce soir-là, il avait choisi le port et ses tavernes miteuses remplis de marins aussi assoiffés que lui et de prostitués beaucoup trop parfumés. Il ne se souvenait pas du nom de la taverne, mais il y avait un gouvernail de bateau cloué à la porte d’entrée. En entrant, tous les regards s’étaient tournés vers lui. On l’avait reconnu, du coup on lui avait payé à boire. Ce n’était pourtant pas l’argent qui lui manquait, mais les gens aimaient ça remercier. Dans une taverne, la façon de faire c’était en payant à boire et à manger. Pour la centième fois, il raconta comment ça s’était passé, car ils aimaient ça aussi entendre les détails scabreux. Alors Zaahrian leur en servait de bien dégueulasses, appuyé par la cicatrice qu’il avait au visage et celle qui lui barrait maintenant le torse. Après, il mangeait et il buvait encore jusqu’à ce que le peu de bon sens qu’il lui restait lui dise qu’il était temps de rentrer à la maison.
Zaahrian quitta les lieux le pas incertain et les vêtements dépenaillés. Peut-être qu’il avait eu un rapide échange avec l’un des mignons de la place, dans un coin sombre de la taverne. Le genre qui ne laisserait pas de souvenirs vifs, juste un vague relent de sueur et de musc. Zaahrian regarda à gauche et à droite sans trop savoir dans quel sens il devait aller. Il décida de suivre ses pieds. Avec un peu de chance, son instinct allait le mettre sur la bonne route. Du coup, il se mit en route en suivant le tracé des rues sans se rendre compte qu’en fait, il tournait en rond. Il finit par trouver un tas de corde entre deux bâtisses. Il se dit que ça ferait un bon endroit pour faire une petite sieste. Zaahrian allait fermer les yeux quelques minutes et il serait frais comme un pinson après ça. L’idée qu’on puisse le dépouiller ou même le tuer pendant son sommeil ne lui effleura même pas l’esprit. Non, il n’allait pas fermer les yeux suffisamment longtemps pour ça. Et qui serait assez stupide pour s’en prendre à lui, la légende?
Il se laissa tomber sur les cordes et aussitôt une forte odeur d’ammoniac lui monta au nez. Oui oui, c’était bien de la pisse. Apparemment, personne n’avait touché à ces cordes depuis longtemps et on s’en servait comme urinoirs. À moins qu’il se soit pissé dessus. Ça aussi, c’était une possibilité. N’ayant nullement envie de se lever pour trouver un autre endroit, il ferma les yeux en se disant qu’il pourra toujours se laver plus tard.
|
| | | Rénatus Babec-Roumel Drydry l'Fonda'da'mûr
Nombre de messages : 218 Âge : 30 Date d'inscription : 16/12/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 28 en Verimios 19.XI Taille : 1m76 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ne réveillez pas le lion qui dort [Léonie] - An 12 Dim 3 Fév 2019 - 10:53 | |
| Sans le savoir peut-être, Léonie fredonne, sur un air de Renaud (cf le spoiler)...
J'étais tranquille j'étais peinard Accoudé bien comme il se doit Le type est entré dans le bar A commandé une bière puis deux puis trois Puis il s'est approché de moi,
Pi y m'a regardé comme ça
T'as des yeux mon pote, ils me tapent Bien le regard, j'parie qu'ils sont pas d'ici, Voyons bonsoir mon bel ami, ptet un jour, J'vous apprendrait un jeu rigolo, Mais pas ce soir mon bon coco C'soir je bois comme un pochtron Moi j'y ai dit : Bois Tonton !
Y m'a payé un coup, j'lui ai rendu la pareille, M'en a payé un autre, j'ai payé ma bouteille
J'étais tranquille j'étais peinard Accoudé bien comme il se doit Le type est resté dans le bar A payé une bière puis deux puis trois
Puis il a continué sans moi de boire, À raconté de bonnes histoires : J'suis un héro les gars, mais bon, Faut pas l'dire trop, En vrai je suis un tueur, les mecs, Enfin bon ce n'étaient pas vraiment ses termes, Plutôt les miens de p'tit blanc bec, C'était un demi-elfe, moi pardi, Me l'ferait bien, mais bon...
Il en a choisi un autre, j'ai boudé dans mon coin, Il lui a fait des choses, j'y taperait bien sul'groin.
J'étais tranquille, j'étais peinard, Je buvais un dernier verre, Le type a fait sa révérence, Puis il a achevé son verre, S'est approché de la porte, Et l'a regardé d'un drôle d'air : Il s'est mit en tête de manoeuvrer le gouvernail, Il y a une faille ! Il s'en est enfin rendu compte, Putain de porte, canaille, Il sort dans la nuit et ses traîtrises Histoire qu'on le dévalise, À coup sûr, le type s'enlise, je le suis donc : Il s'endort.
Y s'écrase sur des cordes, comme une couille molle Je m'approche de lui, et je le vole.
La morale de c'te pauvre histoire, c'est qu'quand t'es tranquille et peinard faut pas trop traîner dans les bars,
Pour pas finir plumé comme un con, dans l'noir.
Quand à la fin d'une chanson, tu t'retrouves à poil sans tes bottes. faut avoir d'l'imagination pour trouver une chute rigolote.
« Héhé... Tu as planqué tes sous dans les bottes, sympa comme bourse, en leur faveur, j'opte... » Je le déchausse donc.
Je lui enlève son froc afin qu'il ne baigne pas dans sa pisse – serait-ce juste de la pisse étrangère... Bah... Dans le doute... C'est que ça peut irriter,et je suis d'humeur altruiste... C'est qu'il est beau comme tout... Je l'admire. Le positionne afin qu'il ne meurt pas étouffé par quelque vomissure de circonstance. Lorsque je me retourne, dans les bras le fruit de mon larcin, et aux lèvres la fin d'une drôle de chanson que je fredonne au même rythme que mes petits pas saccadés, j'entends quelques instants plus tard courir dans la rue récemment empruntée. Ce sont de grosses foulées qui claquent, sèchement, sur le sol... Ce sont malheureusement des pieds nus, je commence à courir, sérieusement inquiet. Le diable d'elfe, mais qu'à moitié, surgit au coin d'une seconde rue, que quitté précipitamment. Je dois jouer sur cette histoire de moitié, moi qui suit à moitié peur de trouille, comme à moitié ivre.
- Les paroles de la chanson originale, de Renaud !:
Pour qui ne connaitrait pas – J’étais tranquille, j'étais peinard accoudé au flipper, le type est entré dans le bar, a commandé un jambon-beurre, puis il s'est approché de moi, pi y m'a regardé comme ça : T'as des bottes, mon pote, elles me bottent ! j'parie qu'c'est des santiags, viens faire un tour dans l'terrain vague, j'vais t'apprendre un jeu rigolo à grands coups de chaine de vélo j'te fais tes bottes à la baston ! moi j'y ai dit : Laisse béton ! Y m'a filé un beigne, j'y ai filé une torgnole, m'a filé une châtaigne, j'lui ai filé mes grolles. j'étais tranquille, j'étais peinard. accoudé au comptoir, le type est entré dans le bar, a commandé un café noir, puis il m'a tapé sur l'épaule et m'a regardé d'un air drôle : T'as un blouson, mecton l'est pas bidon ! moi j'me les gèle sur mon scooter, avec ça j's'rai un vrai rocker, viens faire un tour dans la ruelle. j'te montrerai mon Opinel, et j'te chourav'rai ton blouson ! Moi j'y ai dit : Laisse béton ! Y m'a filé une beigne, j'y ai filé un marron, m'a filé une châtaigne, j'y ai filé mon blouson. J’étais tranquille, j'étais peinard, je réparais ma mobylette, le type a surgi sur l'boul'vard sur sa grosse moto super-chouette, s'est arrêté l'long du trottoir et m'a regardé d'un air bête : T'as l'même blue-jean que James Dean, t'arrête ta frime ! j'parie qu'c'est un vrai Lévi Strauss, il est carrément pas craignoss, viens faire un tour derrière l'église, histoire que je te dévalise à grands coups de ceinturon ! Moi j'y ai dit : Laisse béton ! Y m'a filé une beigne, j'ai filé une mandale, m'a filé une châtaigne, j'y ai filé mon futal. La morale de c'te pauvre histoire, c'est qu'quand t'es tranquille et peinard faut pas trop traîner dans les bars, à moins d'être fringué en costard. Quand à la fin d'une chanson, tu t'retrouves à poil sans tes bottes. faut avoir d'l'imagination pour trouver une chute rigolote.
|
| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
Nombre de messages : 636 Âge : 38 Date d'inscription : 29/03/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 103 ans Taille : 1m95 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ne réveillez pas le lion qui dort [Léonie] - An 12 Lun 4 Fév 2019 - 1:18 | |
| Lorsqu’un homme a les yeux fermés, ça ne veut pas dire qu’il dort. Non, il peut juste avoir fermé brièvement les yeux pour quelques minutes, soulager les premiers martèlements d’une migraine qui s’annonçait fort douloureuse. Il sent peut-être l’alcool à deux mètres, ça ne veut pas non plus dire qu’il est ivre. Non, quelqu’un peut l’avoir simplement éclaboussé par accident, imprégnant toute sa personne d’un relent de tord-boyaux trompeur. Enfin non, dans ce cas-ci, Zaahrian était bien ivre. Pas l’un de ses moments les plus glorieux sans doute, mais voilà, il ne dormait pas vraiment. Certes, l’envie ne manquait pas, mais il avait encore conscience du monde autour de lui. Un rat passa tout près sans s’intéresser à lui. Il l’entendit ensuite déguerpir lorsqu’un étranger s’approcha de lui d’un pas feutré. Zaahrian pourrait réagir, mais il décida d’attendre de voir ce que l’autre ferait. Un pari dangereux, alors que l’inconnu pourrait aisément lui planter une dague dans la poitrine et terminer sa vie sur un tas de vieux cordages imprégnés de pisse. Non, celui-là n’était pas un meurtrier, juste une petite racaille qui en voulait à sa bourse, ses bottes et même son pantalon, apparemment. Étrangement, Zaahrian fut plus insulté d’être déchaussé que par le vol de son escarcelle. Il aimait ces bottes! En plus elles lui ont coûté affreusement cher. Il devrait réagir, lui sauter au cou et lui flanquer une bonne frousse, mais il attendit qu’il s’éloigne un peu pour le prendre en chasse.
L’excitation de la traque fit disparaître les derniers vestiges de l’ivresse, ceux qui l’empêchaient de voir clair et de marcher droit. L’alcool n’avait certes pas quitté son organisme, mais il le rendait certainement plus enclin à prendre des risques et à se lancer dans ce genre de course-poursuite. Plus important encore, il réveillait en lui la bête que Daeron s’était si méticuleusement appliqué à façonner. Il était cul nu, mais peu importe, il était prêt à le traquer jusque dans les confins de la ville. En cet instant, une seule chose comptait pour Zaahrian : retrouver ses bottes. Personne ne connaissait aussi bien que lui les rues et les ruelles de Thaar et à l’instant où Léonie se pensa en sécurité, la silhouette formidable, mais surtout déculottée de Zaahrian se dressait devant lui. « Il faut avoir une sacrée paire de couilles pour oser s’en prendre à moi. Maintenant, rends-moi mes bottes, tu veux bien? »
|
| | | Rénatus Babec-Roumel Drydry l'Fonda'da'mûr
Nombre de messages : 218 Âge : 30 Date d'inscription : 16/12/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 28 en Verimios 19.XI Taille : 1m76 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ne réveillez pas le lion qui dort [Léonie] - An 12 Jeu 14 Fév 2019 - 10:47 | |
| « Ce n'est pas le cul nu, si je puis me permettre, que vous risquerez de m'attraper. Oreilles pointues ou pas, l'ami. »
J'avais en effet une sacrée paire de couilles. QUOI ? Pourquoi !? Étais-je suicidaire ? A n'en point douter... Je me mis à courir, à voler presque, tant mes pieds effleuraient à peine le sol dans ma course ineffable. Oui, je me sentis pousser des ailes. Une rue, un croisement, des guibolles en furies, des jurons. Une fuite spectaculaire ! Hélas trop tôt interrompue par les aléas. Je venais d'atterrir dans une ruelle, et devant moins pour unique obstacle une barrière en bois. Rien d'insurmontable me dis-je, bien ailé et plutôt couillu ! Plutôt... Ivre ou inconscient !
« Gare aux échardes, cono ! » Quelle assurance ! Quelle bêtise...
Je grimpai. Je jubilais. J'étais bourré de talent, pimpant de chance ! J'allais bientôt le semer, l'imbécile plein de gnôle ! Seulement... Au lieu de l'avenue qui me mènerait hors du port, je fus surpris, de m'être trompé. Un fois de plus hélas, un obstacle se fit ennemi de mon échappatoire. Une voie sans issue, un mur quoi, je venais de sauter dans une cour de damnation. Mon insolence serait lourde de conséquences... Je posai les bottes à terre, avant de me tapir dans un coin. Il ne me restait plus que quelques secondes avant de périr par la main de l'hybride nu mais pas moins enragé... Je l'avais observé plus tôt dans la soirée, ce n'était pas un tendre... Un agglomérat surprenant de muscles... Une sorte d'animal... Plutôt l'associé de la faucheuse qui vient de fait récupérer son dû, et lui ses bottes. D'une pierre deux coups.
Oui, oui, des couilles j'en avais. Je les sentais à mesure que ma pisse bien chaude mouillait ma culotte.
« Je suis... désolé, désolé, désolé, désolé ! Pitié ! Tenez ! Je vous rend tout, et plus encore... » J'étais prêt à tout pourvu qu'il me laisse en vie. Prêt à encaisser n'importe quel châtiment.
En définitive, j'avais une chance sur deux de m'en tirer. J'avais déjà frôlé la mort à plusieurs reprises... Pour moi s'en était une de plus en ce jour de malheur, je reconnaissais là l'atmosphère et ce rythme cardiaque effréné... Une de plus, or peut-être celle de trop.
« Jhe sssuis trhop jeûne pour mouriirrrr... Ayez pitié de moi... » Saumâtre liquide s'écoulant pour de vrai de mes yeux bleus cascade...
Je n'étais qu'une petite merde. Mais si je m'en sortais, je serai, très important, une petite merde vivante. Et pour l'heure seule ma petite vie de misérable, pitoyable crapule, importait. Je tâtai le sol à la recherche d'une quelconque arme fortuite. Savait-on jamais.
|
| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
Nombre de messages : 636 Âge : 38 Date d'inscription : 29/03/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 103 ans Taille : 1m95 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ne réveillez pas le lion qui dort [Léonie] - An 12 Dim 17 Fév 2019 - 15:55 | |
| Ça, pour être en colère, Zaahrian l’était. Il ne supportait pas l’humiliation et ce gamin, dans son audace, avait bien réussi à le faire. Son courroux promettait d’être violent et sans appel. Après tout, il avait une réputation à maintenir. Cependant, lorsqu’il le vit se ratatiner devant lui sous l’effet de la terreur. Lorsqu’il supplia pour sa vie, les yeux pleins de larmes, Zaahrian se dégonfla. Léonie le voyait tel un monstre, ce qu’il n’était pas. Non, il ne tuait pas pour ça. « Arrête, ça va… je ne vais pas te tuer. » Du coup, l’assassin se sentait idiot. C’est peut-être parce qu’il n’avait pas de pantalon et que la brise du soir remontait le long de ses cuisses et chatouillait ses bijoux de famille. Il enfila ses bottes sans ressentir la satisfaction de celui ayant vaillamment défendu ses biens. Il observa plutôt l’humain pleurnichant sur sa vie trop courte, déblatérant tous ses rêves qui ne se réaliseront jamais entre deux coulées de morve. « Tu m’entends? J’ai dit que je n’allais pas te tuer. »
Il se pencha pour le saisir par les épaules et le remettre sur ses pieds. L’odeur d’urine lui piqua le nez. Il lui avait fait peur au point de se pisser dessus. « Je ne suis pas un monstre... » Avec ses pouces, Zaahrian lui essuya les joues et remarqua pour la première fois la beauté de ses yeux. « En fait, je suis plutôt impressionné. Tu as l’attitude, des doigts de fée et beaucoup d’audace. Je pourrais prendre quelqu’un comme toi sous mon aile, d’apprendre deux ou trois trucs… Écoute, j’ai besoin de retrouver mon pantalon et toi de te changer… On pourra en discuter après, d’accord? » Il regarda autour de lui. « On est où là? »
|
| | | Rénatus Babec-Roumel Drydry l'Fonda'da'mûr
Nombre de messages : 218 Âge : 30 Date d'inscription : 16/12/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 28 en Verimios 19.XI Taille : 1m76 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ne réveillez pas le lion qui dort [Léonie] - An 12 Lun 18 Fév 2019 - 16:41 | |
|
« Arrête, ça va… je ne vais pas te tuer. Minute. Qu'avait-il dit ? – M-m, me tu-er ? Pitié, nooooon... Pas me tuuueeer... Fffp-étaient qu'des bottes m'sieur... Shy-vous-fplait... Morve dissuasive. – Tu m’entends ? J’ai dit que je n’allais pas te tuer. Ah. J'avais tantôt bien compris. – Ah. Ah... Euh... D'a-d'accord, avais-je dis toutefois hésitant. »
Le géant m'attrapa par les épaules et me hissa vers le haut ; malgré ma relative grande taille, il me dépassait d'une bonne tête et demie. Je me ratatinai d'avantage, si tant est que cela soit possible car j'étais encore presque accroupi – c'était peut-être la pisse désormais froide et incommode qui crispait mon corps, allez savoir. Bref, toujours est-il qu'il m'intimidait, et je cessai rapidement mes jérémiades pour me débarbouiller le visage souillé de ces fluxs relatifs à la frousse. Je soufflai quelque peu. Osai parfois figer plus d'une fraction de seconde le bleu de mes yeux dans les siens, pour aussitôt dévier les premiers sur quelque autre direction.
« Je ne suis pas un monstre... Qu'il lâcha enfin, peut-être pour dédramatiser la situation et me remettre un tant soit peu d'aplomb. Il sécha mes larmes avec une douceur inouïe. Je me souviendrai toujours de cet instant. – Je... je n'ai jamais dit ou cru une telle chose... ! Disons plutôt un mercenaire enragé que l'on a déchaussé, détroussé puis déculotté ! Ça a le mérite de faire plus peur qu'un monstre, surtout lorsqu'il vous accule dans le noir... Ahah ! Je ris sincèrement de la situation, maintenant que je l'avais échappé belle, hélas j'étais quand-même tombé sur un sacré spécimen. D'une gentillesse qui ne fit aucun doute, aussitôt qu'il me proposa de but en blanc, de me prendre sous son aile ! – En fait, je suis plutôt impressionné. Tu as l’attitude, des doigts de fée et beaucoup d’audace. Je pourrais prendre quelqu’un comme toi sous mon aile, t’apprendre deux ou trois trucs… Écoute, j’ai besoin de retrouver mon pantalon et toi de te changer… On pourra en discuter après, d’accord ? – L'attitude... Euh... Oui allons chercher le pantalon... »
Alors là, il m'avait bluffé. Mais je n'avais envie d'être sous l'aile de personne ! Comme un ange gardien ? Tsss... Pour qui se prenait-il ? Le mercenaire n'avait rien d'un ange. Pourtant, pour ne pas le froisser d'avantage malgré sa mansuétude, je me fis laconique alors que nous cherchions le fameux pantalon... Pas une seule fois je tentai de m'enfuir, il m'avait déjà prouvé sa supériorité en matière de course, de calme et de gentillesse.
« Aucune trace de vos frusques... Je suis encore désolé... Vous ne voulez pas que je vous donne le mien de futal, pour la peine, hein ? Puis je partirai après pour ne plus jamais vous importuner... Hein ? Chuis qu'un petit voleur de rien du tout, s'savez ? Chuis pas un mercenaire comme vous, je vois pas comment avec mes doigts de fées vous pourriez faire de moi un guerrier ou ce... Attendez. Vous n'êtes pas vraiment mercenaire, si ? Que... Qu'êtes-vous ? Vous n'êtes pas un voleur non plus, je crois... Alors qu'êtes-vous ? »
Quelle audace !
Seulement... Étais-je vraiment curieux de savoir ce qui ne m'incombait pas ? Dans la vie, mieux valait ignorer certaines choses. Il était cependant impossible pour moi de faire toujours les meilleurs choix, et plus je passais de temps en sa compagnie plus je me sentais comme... Rasséréné... Peut-être allais-je reconsidérer sa proposition ? Pourtant, je m'attendais au pire. Non, non, non, non il fallait que je rentre fissa me terrer ! Mais il m'avait déjà saisi le bras et plongé ses terrifiantes mires dans les miennes, terrifiées...
|
| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
Nombre de messages : 636 Âge : 38 Date d'inscription : 29/03/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 103 ans Taille : 1m95 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ne réveillez pas le lion qui dort [Léonie] - An 12 Jeu 21 Fév 2019 - 19:01 | |
| Enfin, il se calma. Zaahrian ne prenait jamais plaisir à terroriser les gens. Naturellement, il savait se montrer intimidant lorsque la situation l’exigeait. Il avait mi des hommes à genoux devant lui, laissé planer la menace d’une cruelle punition si on le défiait à nouveau, mais ce gamin ne méritait pas ça. Certes, une claque derrière la tête ne lui ferait pas de mal, mais comme il venait de le dire, l’audace du jeune homme l’impressionnait. Même inconscient, peu aurait osé l’approcher comme il l’avait fait. Maintenant, la peur lui faisait perdre tous ses moyens, mais avec un peu d’entraînement, Zaahrian pouvait lui apprendre à garder son calme lors des situations critiques. Même sans devenir un assassin, ce genre d’aptitude pouvait servir dans toutes les circonstances.
Ils retournèrent sur la scène du crime, mais les pantalons avaient disparu. Quelqu’un s’était servi. Rien d’étonnant là-dedans. Il était même probable que quelqu’un ait assisté à toute la scène depuis une cachette toute proche. Zaahrian ne se sentait pas d’humeur pour traquer à nouveau un voleur. Heureusement, sa tunique était assez longue pour cacher l’essentiel à condition qu’il n’y ait pas un coup de vent inopportun. « Ça va, ce n’est qu’un pantalon. Merci pour l’offre, mais soyons réaliste, je ne rentre pas dans les tiens. » Il avait sommeil, un début de mal de crâne et s’il avait dégrisé, il n’était pas au sommet de sa forme non plus. De son côté, le gamin procédait peu à peu l’information. Soudainement, l’idée que Zaahrian n’était qu’un simple mercenaire passait à la trappe. L’assassin se gratta la joue, le regard fixé à celui de Léonie, cherchant une façon de tourner les choses de façon moins effrayante. « Je suis vraiment un mercenaire dans le sens où je suis payé pour me battre. Après, ma spécialisation va dans les missions en solo qui demande des talents martiaux développés, de l’agilité, un cœur solide et, surtout, une bonne dose de discrétion ». Il ponctua sa phrase de son sourire le plus éblouissant. Un assassin, peut-être, mais un assassin fort charmant. « Je ne voulais pas te faire peur, désolé. Mais je suis sincère lorsque je te dis que tu m’impressionnes. J’le dis pas souvent et ce n’est pas parce que je suis ivre que je le dis maintenant… même si on pourrait en douter. En tout cas, je ne voulais pas te faire pleurer… peut-être juste un peu peur… mais je les aime ces bottes. Elles sont neuves… » |
| | | Rénatus Babec-Roumel Drydry l'Fonda'da'mûr
Nombre de messages : 218 Âge : 30 Date d'inscription : 16/12/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 28 en Verimios 19.XI Taille : 1m76 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ne réveillez pas le lion qui dort [Léonie] - An 12 Sam 9 Mar 2019 - 14:55 | |
|
Le faciès du bel éphèbe se fit bien proche de mon moins délicat rostre, puis il se décida à me fixer intensément des ses doux yeux, et dès lors qu'il eut posé poétiquement un cadre à ses besognes, il sourit d'un air follement charmant. J'avoue avoir ressenti à cet instant un sentiment proche de l'évanouissement, comme une bulle qui vous capture et qui ne laisse d'autre paroi que l'amour hermétique à tout, ou comme un nuage peut-être, sur lequel on serait lotis douillets, mais duquel on pourrait rapidement choir... C'est qu'il était ravissant, cet homme, cet elfe, de ce fait, pour rien au monde aurais-je voulu lui causer quelque tort qui soit. Je voulus le lui prouver immédiatement.
« Je, oui, ha, certes ! Mais ça pourrait faire un pantalon court, huhu, alors j'insiste, j'insiste, tenez, prenez-le, prenez-le ! Et je me défroquai à mon tour pour lui tendre le tissu froissé, il se peut poisseux. C'est moi qui devrait en pâtir, de cette situation. Je n'aurais pas dû... Tout cela... Vôtre séant devrait être recouvert et pas le mien, car je ne suis qu'un petit macaque face à vous, lion, gorille ! Pour survivre dans le règne animal, ne jamais s'attaquer à plus fort que soi... M'en souviendrais, sachez le terrible roi de Thaar la sauvage, vous avez mon éternelle reconnaissance. Sans m'en rendre compte je m'étais drôlement détendu, et m'adonnai même à l'humour, à l'anthropomorphisme, face à mon potentiel – mais il s'était retenu – prédateur. C'est vrai qu'il n'avait pas l'air méchant, cul nul, compassionnel, et surtout souriant. Merci de me dire que je vous impressionne, mais je ne suis qu'un maladrin de la plus vile espèce ; un jeune malandrin de plus à Thaar, si vous voyez ce que je veux dire... Il faut bien que je mange, malgré la concurrence, alors je prend tout ce qui passe, au risque de finir non pas cabossé mais infirme, voire crevé. Non pas que je voulus m'appitoyer sur mon sort, mais il ne me connaissait pas, alors je lui crachais une biographie vite fait bien fait ! C'est vrai qu'elles sont chouettes, ces bottes. Elles viennent d'où ? Peut-être pourrais-je en v-oo... euh... a, oui « a » de acheter, pardon pardon, c'est mon oliyan massacré, c'est que j'suis jeune et pas vraiment d'ici, j'avoue ne pas tout maîtriser encore... Et cela avait un flagrant double sens à creuser. Je ne le savais pas encore mais on s'y atelerait bien vite, à creuser ensemble, cat il m'apprendrait à maîtriser des choses que je n'aurais jamais cru possibles. »
Puis c'est que je possédais encore ses pièces hélas bien pesantes ! Cependant, pris de sympathique pour cet homme fort tendre car il m'avait tout de même épargné – sur un coup de cœur miraculeux –, je lui tendis son pécule, yeux repentis rivés au sol.
« Désolé. C'est à vous. Et... oui, je veux bien apprendre quelques trucs, pourquoi pas... Il nous fallait désormais creuser, creuser ensemble. Ce soir là la voute céleste me vit renaître louveteau, livré au lion que j'avais osé réveillé. »
Le lendemain, en bon disciple, je me présentai aux aurores au lieu prédit par mon nouveau disons mentor, que j'avais osé suivre par repentance, et qui un jour deviendrait un ami. Pour l'heure je n'étais qu'un rescapé de plus. Il faisait frais, mais je portais en moi une chaleur réconfortante et de fait j'étais on ne peut mieux avec moi-même car j'assumais la conséquence de mes actes ! De ce fait, j'étais prêt à coopérer, non sans un rechignement propre à ma personnalité de petit con. Mais j'étais sincèrement prêt à coopérer à moins qu'il ne fut un fichu crétin.
« 'Jour chieffou', par quoi qu'on commence, demandai-je goguenard, peut-être moqueur, ignorant tout encore des enseignements illustres que mon nouveau précepteur m'inculquerait, sans oublier les deux trois claques qu'il m'assenerait et que j'accepterai non pas avec soumission, mais plutôt avec tendresse. »
Envoyé depuis l'appli Topic'it _________________ « Un charlatan, sur un tréteau, Pantalon rouge et vert manteau, Vend à grands cris la vie; Puis échange, contre des sous, Son remède pour loups garous Et l'histoire de point en point suivie, Sur sa pancarte, D'un bossu noir qu'il délivra de fièvre quarte. »
(Verhaeren, Les Villes tentaculaires, Les Campagnes hallucinées, 1895, p. 68.) |
| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
Nombre de messages : 636 Âge : 38 Date d'inscription : 29/03/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 103 ans Taille : 1m95 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ne réveillez pas le lion qui dort [Léonie] - An 12 Mar 12 Mar 2019 - 9:45 | |
| Zaahrian regarda le pantalon souillé qu’on lui tendait dans le vain espoir de réparer les pots cassés, mais à ce stade, l’assassin préférait encore rester le cul à l’air. Il déclina l’offre, encore troublé de voir à quel point il avait fait peur à ce gamin. Ce dernier semblait prêt à ramper au sol afin de le remercier de sa magnanimité. Certes, d’autres n’auraient pas hésité à lui trancher la gorge sans plus de procès, mais Zaahrian aimait croire qu’il n’était pas un monstre. Puis ce gamin était dur avec lui-même. Il n’était pas un macaque. Il était même plutôt mignon dans son genre. Enfin, pour ce qu’il pouvait en voir, car la nuit masquait les détails. Non, Zaahrian avait vu plus moche dans sa vie et a certainement couché avec pire, l’alcool ayant cette fâcheuse tendance à rendre les gens plus beaux qu’ils ne le sont en réalité. « Il ne faut pas exagérer non plus, ce n’est pas parce que j’ai fait un ou deux trucs impressionnants qu’il faut être à mes pieds... » L’humilité ne faisait pas partie des habitudes de Zaahrian, mais là pour une rare fois dans sa vie, il était à court de paroles. Le gamin continua à s’abaissait, insistant sur le fait qu’il n’était rien et qu’il finirait certainement par crever un jour ou l’autre. Là-dessus, l’assassin n’allait pas le contredire. Tout le monde finit par crever. À cette vérité universelle, personne n’échappait, sauf peut-être Krish, mais là, c’était un cas à part, l’exception exceptionnelle.
« Ah, elles viennent d’une petite échoppe d’un marché par loin des Soieries. À en croire son histoire, l’artisan qui le tient fut esclave avant d’être libéré par son ancien maître. Maintenant, il travaille le cuir pour gagner sa vie. Il est sacrément doué! Je lui ai demandé s’il pouvait me faire une nouvelle cuirasse… Ça me rappelle que je dois passer pour les mesures... » Zaahrian fronça les sourcils. Il était ce genre de personne à s’attacher aux gens sans véritable raison et à vouloir ensuite les protéger contre ceux qui leur voudraient du mal. En vrai, il ne connaissait pas vraiment cet artisan. Peut-être qu’il mentait pour attiser la fibre sympathique de ses clients potentiels, mais ça n’enlevait pas le fait qu’il était vraiment habile dans son art. Ce gamin n’avait pas intérêt à lui causer des problèmes, car l’assassin lui botterait les fesses pour de vrai cette fois.
Zaahrian récupéra sa bourse qu’il remit à sa ceinture. « Tu devrais quand même arrêter d’être aussi dur avec toi-même. Certes, j’étais une cible facile, mais tu as quand même des doigts de fée et avec le bon entraînement, je crois qu’il est possible de faire quelque chose avec toi... » Le grand blond lui donna les indications pour un lieu de rencontre dès le lendemain sans savoir qu’il allait le regretter. En effet, il devait payer pour sa nuit d’abus. Du coup, à la lumière du jour, il n’était pas aussi impressionnant avec son teint pâle et son regard éteint. Pourtant, il était bien là, prêt pour la première leçon. « Tu sais comment utiliser un couteau? Tu t’es déjà battu avec une épée? »
|
| | | Rénatus Babec-Roumel Drydry l'Fonda'da'mûr
Nombre de messages : 218 Âge : 30 Date d'inscription : 16/12/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 28 en Verimios 19.XI Taille : 1m76 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ne réveillez pas le lion qui dort [Léonie] - An 12 Ven 15 Mar 2019 - 12:44 | |
|
Si je savais comment me servir d'un coutelas ma foi... « Oui, oui, pour découper bien finement une bonne barbaque, tout ça... M'enfin, ça doit être du pareil au même, avec la chair humanoïde, non ? » Dis-je en me tatant vigoureusement le ventre puis les côtes. Mon interrogation était légitime qui plus est, car je n'avais dans un corps jamais introduit de lame au sens propre, cependant je ne pourrais mentir, au figuré j'étais le bourreau de ces corps, disons une hache ou un bélier dans le genre. Toujours est-il que je me confessais à lui. « Je n'ai ôté la vie qu'à deux – ou trois ? – reprises, et je n'ai jamais utilisé pour ce faire de couteau, non, désolé. » Bah, puis qu'importe finalement, comme mentionné plus tôt, j'étais déjà fier d'une certaine lame, puis celle-là au moins pouvait à l'instar d'une arbalète, tirer, certes, mais elle ne blessait jamais monsieur, du moins pas intentionnellement. Afin d'extérioriser mes pensées, je rétorquai presque outré. « D'une épée ? Nah ! Je n'ai d'autre épée que mon dard, que je manie d'estoc et de taille, oui de TAILLE ! Je viens de cette pourrave pénis... euh pénin-sule, ça veut pas dire pour autant que j'ai appris la chevalerie, messire, et autres bénis destins de preux combattants... Je n'étais que fils de bibliothécaire, vous l'avais-je la veille mentionné ? Non... ? Du coup, des couteaux, je connais les différents matériaux utilisables pour leur confection, et les alliages qui existent, bref, les poignards historiques et autres reliques sacrées ! D'ailleurs si vous voulez tout savoir, les meilleurs couteaux sont bien les elfico-drow-nanesques ou comme tu voudras » étais-je passé par mégarde au tutoiement désinvolte « et ils sont faits en partie, d'acier odelin, c'est que l'odeline apporte à l'acier commun un côté extrêmement solide, quoique les meilleurs restent en acier veladrin dont la formule a changé, je suppose que vous êtes au courant de par vôtre expérience de... Mercenaire, hybride ! Moi ce qui m'impressionne c'est que dans tout Miradelphia on ne trouve que très peu d'exemplaires d'... » Apercevant le regard de mon precepteur du jour, je me fis un devoir de me taire dans l'instant, c'est qu'il n'affichait pas une mine des plus sympathique. J'ajoutai à peine un « bon... montrez-moi comment on fait... » avant de me positionner comme un branquignol sur mes deux jambes trépignantes alors que mes bras se mouvaient en arcs de cercle graciles certes mais décidément peu adéquats.
|
| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
Nombre de messages : 636 Âge : 38 Date d'inscription : 29/03/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 103 ans Taille : 1m95 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ne réveillez pas le lion qui dort [Léonie] - An 12 Mer 27 Mar 2019 - 0:41 | |
|
La veille, même saoul, Zaahrian avait compris que ce gamin aimait parler. Dès qu’il ouvrait la bouche, un flot de paroles s’en échappait de façon continue. L’assassin ne comprenait pas tout ce qui en sortait, mais assez, quand même, pour en saisir l’essentiel. Donc, pour résumer, il ne savait guère manier un couteau, il n’avait tué que deux personnes dans sa vie et il n’était pas tenté de recommencer l’expérience. Autre détail intéressant, il venait de la Péninsule. Le jeune homme n’était pas le premier à croiser la route de Zaahrian. Combien parmi eux, n’espérant guère un héritage, laissaient derrière la maison familiale afin de tenter leur chance en Ithri’Vaan pour y faire fortune. Or, Thaar n’est pas la plus douce pour ces jeunes étrangers qui apprennent bien vite qu’il y a des règles à respecter au risque de se retrouver la gorge ouverte au fond d’une ruelle.
De plus en plus nerveux, le pauvre Léonie commença à déblatérer, avivant du même coup le mal de crâne déjà sévère du demi-elfe. Finalement, il aurait peut-être mieux fait d’abandonner le projet et de rester coucher, mais Léonie était debout devant lui et Zaahrian n’avait pas pour habitude de faillir à sa parole, même après une bonne cuite. Heureusement, l’humain avait encore un assez bon sens de l’observation pour constater l’effet de son déversement ininterrompu de paroles commençait à sérieusement étourdir Zaahrian. Il fini par se taire pour se mettre en position, si on pouvait appeler ça ainsi. En fait, il n’avait pas du tout envie d’être là et s’il lui avait obéi, c’était soit parce qu’il était trop gentil pour dire non ou qu’il était toujours aussi terrifié par Zaahrian. Ce dernier laissa tomber ses bras le long de son corps et finit par dire. « En vrai, tu n’as pas du tout envie d’être là, n’est-ce pas? » Plutôt déçu, il fit rouler un caillou au sol avec le bout de sa botte. « Mais je comprends, ce n’est pas tout le monde qui a la trempe pour ça, mais je pensais que ça serait bien d’avoir quelqu’un à qui enseigner. Il paraît que je suis un bon maître… Bref, tu viens de la Péninsule? Je te comprends d’en être partie. La dernière fois que j’ai visitée, je m’y suis bien emmerdé. »
|
| | | Rénatus Babec-Roumel Drydry l'Fonda'da'mûr
Nombre de messages : 218 Âge : 30 Date d'inscription : 16/12/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 28 en Verimios 19.XI Taille : 1m76 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ne réveillez pas le lion qui dort [Léonie] - An 12 Mer 27 Mar 2019 - 17:42 | |
|
« Mais bien-sûr que si, j'ai envie d'être là ! Il n'allait pas commencer à croire effrontément des choses qui moi, ne m'effleuraient même pas. Pour de bon ! Il n'était tout de même pas un de ces mages de l'esprit, que je sache. Juste une sorte d'elfe ou d'homme d'armes, fort sympathique ceci dit. Voilà pourquoi j'avais accepté qu'il m'enseigne deux trois bricoles, il fallait bien échanger dans la vie, partager, puis je lui revaudrai cela bien assez vite je m'en faisais la promesse. Bien-sûr que j'avais envie d'être ici, j'étais toujours où j'avais envie d'être pardi. J'étais un être au libre-arbitre exacerbé. J'étais pour ainsi dire toujours heureux, heureux de vivre, de respirer. Je respirai un bon coup. Tu n'es pas dans ma tête, Zaahrian, avais-je subitement envie de répondre, pour le taquiner un peu plus car inconsciemment je cherchai ses limites, mais je me retins.
Lorsqu'il évoqua un de ses séjours en Péninsule, je m'esclaffai. Puis pinçai mes lippes, et arborai un air sérieux, presque solennel. Avec plein de bon sens, chose inouïe venant de moi, j'osai poser les choses. Bon, si tu me racontes plus tard ton séjour en Péninsule, je peux être toute ouïe en deux temps trois mouvements. Regardes. De fait, je fis ces mouvements afin d'extérioriser mon volontarisme, puis plaquai un bras tout raide contre mon corps tandis que de mon autre extrémité quasi flasque mais pas vraiment, je faisais bouger le couteau de bas en haut ou de droite à gauche horizontalement, le tout dans une danse saccadée indéchiffrable et sans doute démoniaque ou draconique. Et mon fessier d'être toujours balancier malgré lui dans la partition. Comme ça ? »
|
| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
Nombre de messages : 636 Âge : 38 Date d'inscription : 29/03/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 103 ans Taille : 1m95 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ne réveillez pas le lion qui dort [Léonie] - An 12 Ven 5 Avr 2019 - 1:20 | |
|
Zaahrian haussa un sourcil. Le gamin avait autant envie d’être là que lui était en lendemain de veille… si la chose avait du sens. Mais non, l’assassin n’était pas dans sa tête, mais s’il était dépourvu de toute aptitude dans la lecture de l’esprit, il savait déchiffrer le langage du corps et les signaux subtils que ce dernier lance. Loin d’être une science exacte, ça donnait quand même une assez bonne idée à celui capable de les déchiffrer.
« Oh, il n’y a rien à raconter. Je m’y suis rendu après avoir lamentablement échoué à retrouver mon père en Anaëh. Oui, je sais, sacré détour, mais j’ai toujours eu envie de mettre les pieds en Péninsule et tant qu’à être parti. Du coup, je me suis fait chier avec ses gens imbus de leur personne qui croient que tout ce qui est extérieur à leur précieux petit territoire est l’incarnation du mal absolu et ne devrait pas exister sauf si, évidemment, ils ont de l’argent à donner. »
Le soleil cognait fort sur son crâne endolori et Zaahrian rêvait maintenant de retrouver son lit. Toutefois, la présence de Léonie lui plaisait. Il y avait quelque chose en lui qui l’attirait. D’habitude, il ne se liait pas trop avec les humains, pas par manque d’affinité, mais parce que leur mortalité lui faisait peur. Il n’avait pas envie de s’attacher à quelqu’un pour ensuite lentement le voir dépérir sans pouvoir l’empêcher. Il arrivait cependant qu’il rencontre quelqu’un avec une personnalité qui lui faisait oublier ça et qui l’intriguait assez pour le pousser à mieux le connaître. En même temps, ce n’est pas comme s’il risquait de mourir dans la seconde. Dans tous les cas, afin de prouver sa bonne volonté, Léonie décida de lui faire une petite démonstration. Visiblement, il n’avait pas la moindre idée de comment tenir correctement un couteau.
« Arrête avant de te blesser. Regarde, tu dois le tenir comme ça. »
Zaahrian lui prit le couteau des mains et lui fit une petite démonstration.
« Comme ça, tu peux frapper vers le haut. Il faut savoir que les organes les plus importants sont protégés par les côtes et que c’est très difficile de les atteindre. La lame peut aisément rebondir sur les os, laissant ta cible suffisamment vigoureuse pour riposter. »
Il lui montra les endroits où frapper, mais aussi ceux à protéger s’il se faisait agresser. Il lui enseigna comment se tenir, comment manipuler son couteau et où le mettre pour l’avoir facilement à porter de la main. C’était autant de petits trucs et conseils qui ne s’adressaient pas uniquement à l’assassin en herbe, mais à tous ceux vivant dans une ville comme Thaar et qui désirent savoir se protéger. Zaahrian était un professeur particulièrement patient et visiblement habitué à montrer son savoir-faire.
« Tu te débrouilles bien. » Dit-il après un moment. « Après ça, plus personne n’osera s’en prendre à toi. Qu’en penses-tu? »
|
| | | Rénatus Babec-Roumel Drydry l'Fonda'da'mûr
Nombre de messages : 218 Âge : 30 Date d'inscription : 16/12/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 28 en Verimios 19.XI Taille : 1m76 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ne réveillez pas le lion qui dort [Léonie] - An 12 Dim 12 Mai 2019 - 14:09 | |
| Je n'en pensais pas moins.
Les jours suivant virent nôtre amitié croitre et s'épanouir au gré de nos sensibilités respectives. Au gré des enneades, au gré des mois, des saisons, puis fatalement des années. Si nous étions devenus deux meilleurs amis du genre inséparables, nous ne vivions pas constamment l'un sur l'autre ; chacun persévérait dans l'exercice de sa profession, puis nous nous retrouvions le soir prêts à la déconne. Il nous arrivait parfois de ne pas se voir plusieurs jours d'affilés, mais cela restait rare. Je ne pouvais plus me passer de lui et lui de moi, mais jamais au grand jamais il n'y eut de rapprochement physique ou d'ambiguïté malvenue : les choses allaient pour le mieux et l'on ne s'en portait pas plus mal. Bien-sûr nous ne nous pintions pas la gueule à outrance, pas toujours, car je continuai à recevoir mes cours particuliers de corps à corps, de défense puis occasionnellement d'escrime. Sans oublier les courses effrénées et divers sauts d'obstacles sensés m'aider à fuir le jour où quelque arnaque virerait à l'aigre. C'est que Zaahrian craignait de me perdre, et cette étrange mélancolie que ses yeux tristes trahissaient me rendaient moi aussi, quelque peu triste. Je connaissais bien évidemment l'origine de ses inquiétudes et je n'en n'avais cure. Il était un hybride au sang elfique - lui conférant sinon l'éternité, une incroyable longévité, le salaud était centenaire ! Avant qu'il n'atteigne son deuxième siècle je serai indubitablement mort et redevenu poussière...
Toujours est-il que la souris côtoyant ce terrible lion, devint pour ainsi dire félin à son tour, plutôt chat que fauve certes. Pour l'instant, car j'avais évolué. Cela dit, il me restait encore beaucoup de chemin à parcourir. Enfin, en plus d'être grande gueule, je savais désormais me défendre, mieux, me battre, et il m'arriva bien évidemment de très rapidement mettre en pratique ce nouveau savoir-faire avec fierté, bien que cela ne soit pas une passion, mais une discipline à prendre en compte pour un charlatan comme moi, s'il voulait survivre. Quelle ne fut pas la joie de l'assassin lorsqu'il me vit un soir ou deux me défendre telle une furie... Il avait peut-être bien réussi à me rendre plus coriace, et qui sait, à rallonger un peu mon temps de vie sur cette terre, soit dit en passant, bien dangereuse...
|
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Ne réveillez pas le lion qui dort [Léonie] - An 12 | |
| |
| | | | Ne réveillez pas le lion qui dort [Léonie] - An 12 | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |