"Mascarade ! Chaque visage est une charade!" [libre]

Aujourd’hui était le jour que Thaar entier attendait, en tout cas si l’on en croyait les paroles du prince de Baaz’hima. Ce jour, ou plutôt cette soirée, Ethirëlon y avait certainement réfléchis de longue date.

Quelque temps auparavant l’ont avait en effet put voir une agitation inhabituelle aux alentours de sa résidence secondaire Thaarie. Esclaves et serviteurs avaient multipliés les allez retours vers on ne savait où, préparant on ne savait quoi. 

Et puis un jour cela cessa et les rumeurs s’étaient vite propagées : Le Prince de Baaz’hima organisait un événement des plus somptueux au sein de son palais : un bal, et qui plus est un bal masqué ! Qui de mieux pour organiser cela que le prince de l’alcool et des épices, adepte d’Arcam et d’Isten qu’il était après tout ?

Mais plus surprenant : cette fois il n’y aurait pas que la riche haute sphère qui aurait droit à ce luxe. Non, cette fois même les plus pauvres auraient leur chance. Dans sa grande Mansuétude Ethirëlon n’avait donné qu’une contrainte, bien spécifiée par les crieurs qui rependaient la nouvelle : il ne fallait se munir que d’un masque et d’une tenue décente pour avoir le droit de participer.

Depuis quelques minutes donc, le palais avait ouvert ses portes et les premiers arrivants avaient étés guidés vers une immense salle probablement réaménagée à cette occasion et décorée à la dernière mode Vaanie. Il ne faisait aucun doute que le maître des lieux avait mis bien des moyens dans l’organisation de son événement.

Dans un coin des jongleurs répétaient une dernière fois leur numéro, là prêt des buffets se trouvaient déjà quelques curieux. Plus loin vers l’escalier un joueur de viole cherchait ses compagnons du regard prêt à entamer leur premier morceau, tandis qu’un autre personnage masqué l’observait appuyé contre la rambarde du balcon.

Ce n’était probablement qu’une question de temps avant que le maître de cérémonie ne se montre et ne lance les réjouissances. Et pourtant, étrange si l’on connaissait un tant soit peu son tempérament, le sang mêlé n’était pour le moment nullement visible.

HRP:

Une soirée comme celle-ci était censée n’avoir rien pour elle, elle était censée s’écrouler sur elle-même à cause de tous les morts de faim qui viendraient se servir aux différents buffets après avoir dévalisé on ne sait quel bourgeois pour se procurer des vêtements qui seraient jugés passables. Quelle personne respectable viendrait se promener entre les murs du Prince de Baaz’Hima dans ces conditions ? Beaucoup trop, au final, et il n’avait fallu qu’une vulgaire invitation pour me faire céder. Une vulgaire invitation et Sauveur, qui n’avait rien opposé à l’idée de sortir dans le froid et la neige pour voir autre chose. Je n’étais toujours pas convaincue que j’avais pris la bonne décision, mais il y avait sûrement pire comme première sortie, et si la soirée se révélait être d’un ennui total il nous resterait toujours l’un et l’autre pour s’amuser. Que la soirée soit organisée par Ethirëlon Nas’olen avait sûrement pesé dans la balance, et lui montrer que tout allait bien malgré ses prévisions serait particulièrement amusant en soit.

S’il parvenait à me reconnaître.

Il n’y avait pas de blanc, cette fois, ou en tout cas beaucoup moins, alors qu’on ne retrouvait cette couleur qui me couvrait la gorge qu’au niveau des manches qui dépassaient d’une veste noire et des finitions de cette même veste. La robe et tout ce qui restait étaient noir et or, un indice pour qui connaissait le symbole de Geresh, seulement ce n’était pas un indice assez déterminant pour qu’il suffise. Noir et or, c’étaient aussi les couleurs du masque que je portais, un masque qui me dotait de deux oreilles qui s’élevaient bien au dessus de ma chevelure laissée totalement lâche, un masque décoré d’arabesques qu’on aurait pu retrouver magiquement éclairés sous ma peau, un masque particulièrement élégant qui embrassait la forme si caractéristique du lapin, ce qui n’avait bien sûr dissuadé personne de faire certains traits d’esprit. Des traits d’esprits pas forcément mérités, car je n’avais jamais porté autant de tissu pendant mes diverses apparitions publiques. Peut-être que mon voisin, celui dont je gardais le bras prisonnier, n’était pas innocent quand à cette relative pudeur.

Rien n’avait démarré encore, et pour cette raison j’eus l’impression d’attirer beaucoup de regards en entrant.

« Il fait moins froid dedans que dehors au moins. »

J’avais levé la tête vers Sauveur avec ces mots inconséquents. Il pouvait voir sous le masque un petit sourire.

Le masque et le reste de la tenue d’Aerianna :

Sauveur levait des yeux à la fois sceptiques et incrédules sur les décorations de la vaste salle. Ce n'était pas la première fois qu'il se rendait à une sauterie pour gens fortunés mais c'était la première fois qu'il en était le convive et non le garde du corps. Enfin, le convive... C'était évidemment Aerianna qui était invitée et elle l'avait entraînée avec lui. Même s'il n'avait pas fait montre un enthousiasme fulgurant, il n'était pas contre l'idée de sortir un peu avec elle plutôt que de passer une soirée de plus chez elle. C'était le propre de tous les jeunes couples : profiter d'abord l'un de l'autre avant de quitter enfin leur cocon. Il s'était assez bien prêté au jeu de cette soirée d'ailleurs. Elle avait choisi un costume de lapin, ce qui l'avait amusé étant donné leur relation des plus... chaleureuse. Notamment avec cette nuit qui avait été si courte et dont ils étaient tous deux ressortis épuisés. Mais il avait alors joué la carte de l'humour en optant pour un déguisement de renard. Cependant, il avait laissé le soin à sa compagne de le choisir pour lui, peu friand de mode.

C'était la première soirée mondaine mais c'était aussi leur première soirée affichée en tant que couple. Et cela n'avait été rendu possible que parce qu'il avait pu s'affranchir de son contrat avec Maralina. Il devait cela à son frère. Dès son retour de Péninsule, Courtois était allé voir leur employeuse, lui offrant de reprendre les années que Sauveur lui devait encore pour les réaliser à sa place et demeurer à son service plus longtemps. A la grande surprise de l'Hadjaoui, elle avait accepté. Désormais, l'ancien gladiateur était totalement libre et ne devait plus rien à personne.
Suite à la proposition d'Aerianna, il avait plus ou moins emménager avec elle. Il avait toujours une petite maison dans un quartier paisible de la ville mais il ne l'utilisait que lorsqu'il récupérait ses filles pour quelques jours. Même si, la dernière fois, il les avait ramenées directement chez sa compagne... Cela s'était plutôt bien passé et, si les choses perduraient sur le long terme, il songerait à se défaire de ce loyer inutile. Même s'il demeurait un pincement au cœur lorsqu'il croisait Sanaa, il parvenait à être heureux et à profiter pleinement de sa relation avec la Princesse. Une complicité nouvelle s'était créée entre eux, maintenant qu'ils partageaient des moments plus sereins, tant en terme d'émotions que de passions.

Ainsi, le prédateur et sa proie se tenaient près l'un de l'autre. On les avait débarrassé de leurs manteaux à l'entrée et ils ne rayonnaient plus que par leurs seules tenues masquées. Sauveur baissa les yeux pour reporter son attention vers Aerianna et découvrir son sourire dissimulé. Il n'avait qu'à voir ses yeux pour imaginer l'expression de son visage.

-Il fallait me le dire. Répondit-il le plus simplement du monde. Puis il se pencha pour lui susurrer quelques mots à l'oreille. Je t'aurais réchauffée. Il déposa un baiser sur sa tempe et se redressa, faisant mine de rien face à son allusion à double sens.