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Sujet: Place Tyral | Le véritable visage du Roi [Libre] Dim 1 Déc 2019 - 21:18
Calimehtarus de la 2nde ennéade de Bàrkios 17e année du Onzième Cycle Automne – Place Tyral
Un peu plus tôt dans la journée – Au Palais
- Tu es certain de ne pas vouloir que je t’accompagne ?
- Certain Tigilidënya. tu déclares fermement J’ai besoin d’un honnête face à face seul avec les Lëandrins.
- Soit. elle acquiesce d’un hochement de tête résolu Qu’I Mîngely guide tes mots. Je t’aime Elnoruì.
- Je t’aime Tigilidënya.
Terminant d’arranger ta ceinture autour de ta taille, tu te penches légèrement en avant pour accueillir une bise de ton épouse contre tes lèvres. Et au prix d’un au-revoir comme elle en a déjà entendu un millier tu t’en vas, la laissant face à la question de ce qu’il arriverait après que tu aies parlé. De comment exactement est-ce que tu présenterais les choses. De la manière dont tu présenterais ta nouvelle personne… ou du moins, ta personne réalisée. Elle t’aimait. Elle t’aimait plus que tout si ce n’est La Mère elle-même. Et pourtant même pour elle, la transition était difficile.
Ou peut-être était-elle difficile justement parce qu’elle t’aimait tant.
Pendant si longtemps Kaëlistravaë avait été ton ancre. Celle qui s’inquiétait de toi lorsque t’emportaient de sombres pensées. Ta raison de te battre lorsque tout semblait perdu. La confidente à qui tu offrais ta protection. Le cœur à ton bras. L’esprit à ta chair. Pendant si longtemps Kaëlistravaë t’avait été indispensable… au point que c’en devienne malsain. Tu le vois maintenant. Elle, voilà quelques années qu’elle le savait. Seulement, cette situation, elle aussi y avait bâti son confort. Elle, ta Reine. Toi, son Héros. Vous glissiez lentement mais sûrement loin de la complémentarité et vers la dépendance. Parce que vous tous les deux portiez lourd, et qu’aucun de vous d’eux ne souhaitait porter lourd seul. Malheureusement la distance l’avait montré : au lieu de porter ensemble vous ne faisiez jamais qu’échanger le poids du monde.
Et en tant qu’Aran, c’était à toi le premier de pleinement assumer ta charge.
Une fois guéries les premières plaies, vous n’en sortiriez jamais que plus forts.
Place Tyral – Au Zenith
Un pas solennel te mène jusqu’au centre de la Cycléenne Place Tyral. Le souvenir d’anciens Aran, de leurs serments, de leurs convictions, de leurs craintes, de leur fureur, de leur amour pour leur peuple et pour l’Œuvre, échangés depuis des temps immémoriaux par les Tréants parmi lesquels fut bâtie Alëandir, comme conservés en tant que guides pour ceux qui comme toi reprendraient leur flambeau, te font tressaillir le cœur. C’est à toi maintenant. À toi de graver ton souvenir dans la Sylve. À toi de graver ton souvenir dans les mémoires des tiens. À toi de partager tes forces, tes faiblesses, ton assurance, tes craintes, tes convictions, ta fureur, ton amour pour le peuple et pour l’Œuvre avec eux. À toi de dévoiler, une fois pour toutes, quel Aran tu es.
- Frères. Sœurs. ta voix claire tranche à travers les murmures de la foule que tu as faite rassembler en ce jour et en cette heure Le moment est venu. tu clignes lentement des yeux, attirant le regard des plus physionomistes vers les iris qu’ils n’ont pas connu aussi vibrants Le moment est venu pour moi de prendre le temps de partager qui je suis avec vous. En toute sincérité, et en tout honnêteté.
Tu souris, d’un sourire paternel. Toujours égal à toi-même.
- Ces dernières années, j’ai beaucoup demandé de vous. tu marques une courte pause Et à beaucoup d’entre vous j’ai arraché des larmes, et inspiré de la confusion. Certes au cours de ces dernières années, nous avons connu des moments merveilleux, la cérémonie de l’éclipse, les célébrations de fin des migrations, et même certaines étapes des migrations en elles-mêmes te viennent en tête mais je vous ai bien trop souvent failli. Parce qu’autant que vous, j’ai versé des larmes et sombré dans la confusion. Seulement, convaincu que votre confiance n’irait jamais à un Aran qui se prouve moins qu’inébranlable j’ai refusé de me l’avouer. Et j’ai refusé de vous l’avouer.
J’ai eu tort.
Trop occupé à pourchasser votre confiance, j’ai pris des décisions sans les assumer jusqu’au bout. tu fronces les sourcils, et ton ton s’emporte quelque peu J’ai fait des choix difficiles sans m’autoriser à pleinement vivre la vérité de leur raison, de peur d’effrayer des Frères et des Sœurs dont je ne réalisais pas déjà avoir l’affection. ta voix se fait soudainement d’une grande douceur J’ai essayé d’être moi-même tout en portant un masque de peur d’être… de peur d’être remis en question non seulement en tant qu’Aran mais surtout en tant que personne à un moment où je me sentais fragile.
Tu souffles, baisses la tête et soupires. Tu relèves les yeux avec assurance, à nouveau souriant, en direction des tiens. Et tu balaies l’assistance durant quelques instants, laissant peser le silence qui venait de la prendre pour quelques instants. Puis tu défais ta ceinture. Laisses tomber au sol le manteau qu’elle retenait. Te débarrasses du vêtement qui jusque-là te couvrait le torse jusqu’au haut du cou. Poitrine bombée, torse nu, fermement appuyé sur ton focaliseur empoigné à ta main gauche, tu dévoiles aux tiens les marques tracées par les Lirfelû.
- Durant ma retraite du mois dernier, à Daranovar, j’ai été approché par le clan dont descendent mes ancêtres. Des Ornedhels qui – j’en étais persuadé – ne savaient rien de moi m’ont déclaré avoir désespérément besoin d’eux. Sur l’instant je les ai trouvés présomptueux. Après tout, les Noss nous avaient déjà bien trop souvent reproché ce que nous étions. Mais quelque chose dans ce qu’ils m’ont dit m’a interpellé, alors je les ai suivi. J’ai passé la moitié du mois du Fävrius en compagnie des Ornedhels, à la fois en tant qu’élève et professeur. J’ai pris un risque en acceptant de les suivre, parce que j’étais persuadé que quoi qu’il arrive, j’en ressortirais grandi. Si les Ornedhels ne me comprenaient pas, au moins ils m’entendraient. Si moi je ne les comprenais pas, au moins je les entendrais. ton timbre s’assombrit Que j’y perde la vie et mon successeur saurait être plus sage. et s’éclaircit à nouveau Mais que l’on se comprenne, et alors l’Anaëh entière sortirait plus forte d’un lien noué entre quelques-uns de ses enfants.
J’ai pris un risque, parce que j’étais profondément convaincu avoir plus à y gagner qu’à y perdre. tu balaies l’assistance une nouvelle fois Et aujourd’hui, je peux affirmer en être ressorti grandi, ne serait-ce que parce qu’aujourd’hui, je suis capable de me tenir face à vous en tant qu’Artiön Laergûl de Lanthaloran.
Je suis un Anedhel voulant ce qu’il y a de mieux pour l’Anaëh, pour mes Frères et mes Sœurs, et pour ça je suis prêt à prendre des risques s’il le faut. Même des risques que d’autres pourraient trouver inconsidérés. Je suis un Anedhel croyant en nos progrès techniques, en nos arts et en notre science, mais j’ai trop viscéralement vécu la nécessité de la mémoire que font vivre les Ornedhels pour avoir leur traditionalisme en rancune. Et non, je ne crois pas en une Anaëh aveugle à l’extérieur, quand à l’extérieur il est autant d’yeux qui se portent vers l’Anaëh. Je suis un Anedhel convaincu qu’en tant que Premier Peuple il est de notre devoir d’apprendre aux autres à respecter notre monde, même s’ils ne peuvent le comprendre.
Voilà qui je suis.
Là tu baisses la tête, et ploie le genou. Tu t’inclines face à ton peuple, serviteur que tu es.
Dernière édition par Artiön Laergûl le Mer 11 Déc 2019 - 14:07, édité 1 fois
Aegden Orian
Ancien
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Sujet: Re: Place Tyral | Le véritable visage du Roi [Libre] Dim 8 Déc 2019 - 14:45
La jeune elfe observait. Ses grands yeux bleus ne perdaient pas une miette de ce qui se passait. Tout comme le reste de la foule, elle s’était bien vite faite silencieuse, écoutant attentivement ce que leur roi et protecteur avait à leur dire. Elle avait haussé bien haut ses sourcils lorsqu’il avait fait mine de se dévêtir révélant myriade de couleur sur sa peau, autant qu’elle avait penché la tête, curieuse à la vue des iris chamarrées du grand elfe. Elle n’avait jamais vu son roi d’aussi près et ne savait pas s’il avait toujours eut ces yeux là mais ça avait le mérite de la fasciner. Elle s’était même un instant imaginé peindre ce moment sur l’une de ses petites toiles qu’elle offrait à quel elfe voulait bien de ses œuvres. Car elle se doutait bien qu'elle ne serait pas la seule à retenir cet instant en mémoire et pas seulement pour les tatouages de l'Aran mais bien pour ses paroles lourdes de sens....
Silencieuse la foule le resta un long très long moment alors que les paroles de L’Aran s’étaient tues et que le géant avait ployé les genoux devant eux. Il fallut une bonne minute pour que la foule entame à nouveau un timide bavardage. C'est que le discours du roi était autant surprenant qu'il soulevait beaucoup d'interrogation dans le cœur des lëandrins.
L’artiste peintre sentit soudain une traction au niveau de sa manche et lorsqu’elle baissa les yeux, elle put voir son très jeune fils, âgé d’une petite quinzaine d’année, afficher un air perplexe.
-Maman pourquoi le monsieur il est à genoux ? Il s’est fait mal ?
Et la mère de rire en soulevant son trésor, ses propres interrogations envolées.
-Non mon chéri. C’est une façon de dire qu’il n’est pas plus grand que nous. Elle sourit et anticipe la réaction du bambin. C’est une image.
L’enfant eut soudain l’air de comprendre l’univers entier ce qui arracha un autre éclat de rire à la jeune femme et un sourire amical à son voisin.
Voisin qui se refocalisa bien vite sur L’Aran. Le vieil elfe ne savait que penser du discours qu’il venait d’entendre. Enfin, l’un de leur roi avait cherché autre chose qu’un mépris froids envers les ornedhels. Il avait dit avoir appris d’eux, avoir vécu avec eux. Il leur reconnaissait une valeur que trop peu de citadins leur reconnaissaient. Il cherchait à les comprendre. Ça réchauffait beaucoup le cœur de celui qui pendant bien trop longtemps avait été regardé de travers par les siens à cause de la prétendue faute de son père. Quand bien même avait-il pendant le voile choisi de rester parmi les elfes de pierre, il ne s’y était jamais senti totalement à sa place. Tout en sachant pertinemment qu’il n’y serait pas non plus au sein du clan de sa mère… Il était un elfe trop noss pour les uns et trop citadins pour les autres. Au contraire lui se voyait un parfait equilibre de deux facettes d'un peuple qui ne devait faire qu'un.
Quelque part le discours du roi lui faisait du bien il ait l'air d'avoir un avis similaire à propos de ce peuple divisé en deux, seulement ça laissait un gout doux-amer à l’elfe, car cette main tendue et cet espoir n’advenait que bien tardivement dans sa propre vie et il savait pertinemment qu'il ne suffisait pas que le roi ait quelque chose en tête pour que le peuple acquiesce. Les elfes étaient bien trop fier, bien trop complexe dans leurs rapports pour cela.
Son air troublé s’illumina à nouveau un court instant lorsqu’un éclat de voix attira son attention et qu’il aperçut non loin de son auteur, un couple qui se tenait la main comme ne voulant jamais plus se lâcher.
Elle elle était inquiète et le regard qu'elle plantait dans celui de son compagnons ne trompais pas. Leur roi savait-il ce qu’il faisait ? Les sauvages ne profiteraient pas d’une baisse de leurs vigilances ? Et si’il était mort au milieu des elfes des bois, qu’aurait faits Alëandir privée de son protecteur ? Le risque n’en valait pas la chandelle à ses yeux.
Son compagnons semblait partager ses crainte au vus de ses sourcils froncés. Il voulait bien admettre que ceux qui vivaient dans la forêt détenaient un savoir précieux. Mais les cités n’avaient-elle pas elles aussi un savoir inestimable ? Pourquoi était-ce à eux, talehdhels de faire un effort ? Il en avait assez du regard condescendant que leur voisins des bois semblait toujours avoir envers les enfants des cités. Ils étaient tout aussi capables. L'Aran ne les mettaient-t-il pas, eux lëandrin, thaledhels dans une position de faiblesse en reconnaissant autant de chose venant des sauvages qui ne reconnaissant en échange rien à leurs voisins sans qui ils seraient depuis des années esclaves des drows ?
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Place Tyral | Le véritable visage du Roi [Libre] Mar 10 Déc 2019 - 14:27
Ce sont les enseignements d’un passé tout proche qui t’avaient rappelé comme il était difficile de véritablement s’attirer les foudres des tiens. Peu sont ceux qui te reprocheront avec virulence tes actes s’ils les savent inspirés de bonnes intentions. Votre société est un monde de valeurs plus qu’ils n’est un monde d’action. Un monde de réflexions silencieuses et de méditation collective plus qu’un monde de protestation. Peut-être es-tu trop habitué à la grandiloquence de Daenor. Peut-être es-tu trop habitué au caractère parfois un peu trop entier des Anedhels de ton Protectorat de naissance. Car malgré ces récentes leçons, tu as du mal à dissimuler ta surprise devant le relatif calme de la foule.
Les murmures font loi. Les dialogues s’échangent. Entre eux d’abord. Tu vois autant de sourires soulagés que de mines inquiètes. Tu vois autant d’enfants interloqués que de parents amusés. Tu vois se déployer devant toi toute la diversité de Souffles au sein d’une seule fraction de fraction d’un Protectorat. Tu vois devant toi une preuve de plus que tu ne pourras jamais plaire à tous, et une raison de plus de ne jamais plus agir que pour faire ce qui te semble juste, plutôt que pour contenter ce que tu pourrais penser être les idéaux d’un peuple bien trop disparate. Il n’est qu’une autorité véritable que tu te dois absolument respecter, et c’est celle des Voies de Kÿria
Alors silencieux, tu te relèves. Tu profites de ta grande taille pour observer, l’espace d’une courte minute, les mouvements inspirés par ton discours. L’espace d’une courte minute, tendant les oreilles, tu t’enquiers de ce qui deviendrait peut-être les questions qu’ils t’adresseraient directement, une fois la part des choses faites. Et tu te pares de ton éternel paternel sourire, quand à l’instant c’est peut-être plus toi l’enfant qu’eux. Ou au contraire n’es-tu que l’image d’un père responsable, soucieux de cultiver l’esprit critique d’enfants dont il sait l’avis tout aussi important que le sien.
Qui sait ?
Elle est bien étrange. Parfois paradoxale dans les positions qu’elle force à prendre, la tâche d’un Monarque Serviteur de son peuple. Mais elle est gratifiante. Ton regard fait un dernier tour de la foule, et puis tes jambes se plient. Là où tu as fait ton discours tu t’assieds en tailleur pour attendre. Ton sceptre posé devant toi, les mains sur les genoux, dans une position se voulant accueillante, tu attends les Souffles qui invariablement viendront te questionner, qu’ils soient excités ou inquiets face à ton discours.
Et à y repenser, intérieurement tu ris, car en faisant profession de foi ici, au centre de la Place Tyral, tu venais de ressusciter une vieille tradition.
Dernière édition par Artiön Laergûl le Ven 13 Déc 2019 - 22:11, édité 1 fois
Drystan
Ancien
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Sujet: Re: Place Tyral | Le véritable visage du Roi [Libre] Mer 11 Déc 2019 - 13:44
C’est la curiosité qui conduit ses pas auprès de son maître qui, lui, désire entendre les mots de l’actuel dépositaire du Trône Blanc – on ne peut pas vraiment parler de propriétaire chez les elfes – mais il est un étranger, pas un Frère et encore moins une Sœur… Il n’appartient pas – plus – non plus à ces peuples à qui ce Roi entend offrir la sagesse des elfes à l’origine de leur respect pour la Prime-Œuvre. Il est une créature à part.
Facile pour un peuple qui entend…
Mais ça n’est pas ça qui le dérange, en fait… Il n’est plus tout à fait humain mais pourtant, aux mots du Roi, une révolte gronde, une envie de remettre à sa place ce géant qui, devant les siens, affiche sa prétention à pouvoir enseigner aux autres. Que sait-il, lui ? L’éternel qui grandit dans un tel monde que le Temps parait épargner, de ce qui façonne les autres peuples ? Ce que des érudits ont écrit ? Ce que de semblables éternels prétendent savoir de l’esprit et de la pensée qui fleurit au-delà de ces bois ?
Il soupire, finalement, et son maître s’interroge.
« Eh bien, quoi ? »
« Rien… Qu’importe où on se rend, il en est toujours pour être convaincu de mieux savoir, de mieux faire que les autres… »
« Tu penses qu’il se trompe ? »
« Pas sur le respect de la Prime-Œuvre, ça, non, évidemment, mais… Nous suivons des chemins bien trop séparés, nous n’avons pas reçu de nos Mères les mêmes présents et les différences sont trop importantes pour qu’il soit sensé d’escompter obtenir un résultat identique à la fin. Le désirer, c’est de la naïveté, prétendre que son résultat est meilleur que celui du voisin, c’est de l’orgueil, et se convaincre qu’on peut le faire admettre aux autres, c’est de la bêtise. Et par bêtise, les gens font plus de mal que de bien, qu’importe la pureté des intentions qui les motive. Au tout début de ma relation avec Monarth, qu’importe que nos esprits soient liés et donc, même débarrassé de l’incompréhension des mots, des subtilités des langues, il était des concepts, des visions bien trop étrangères pour que nous puissions nous en saisir, l’un et l’autre, sinon dans une approximation vague. Eh bien, il en est de même entre les peuples… Pour autant, ça n’est pas de la bêtise, de l’un ou de l’autre, ça n’est pas nécessairement que l’un est plus sage que l’autre, meilleur… C’est simplement trop différent, trop étranger. Qu’est-ce qu’un éternel peut comprendre de celui dont le temps n’est limité qu’à quelques décennies ? Qu’est-ce qu’un être finalement confiné dans son esprit peut comprendre d’un autre qui possède quelques liens invisibles et sensibles avec ce qui l’entoure ? Et ce ne sont que deux parmi la myriade de questions qu’on peut se poser. »
« Tu en es pourtant capable, plus ou moins. »
« Peut-on décemment me prendre en exemple pour l’humanité entière ? En excluant le dragon et la magie, ce qui n’est pas rien, je reste encore un vagabond incapable de m’épanouir en communauté. »
« Alors il ne faut rien faire ? Il faut les laisser poursuivre, même convaincu qu'ils font fausse route ? »
« Non… Mais il faut se fixer des objectifs raisonnables en prenant en considération qu’un humain, ça vit rarement plus d’un demi-siècle, qu’un dirigeant, ça règne éventuellement deux ou trois décennies dans le meilleur des cas, qu’il ne peut exister que très difficilement une continuité dans les politiques d’une génération à l’autre, davantage encore si elle est totalement étrangère et nouvelle, que ce qu’elle apporte n’est ni palpable, ni véritablement avantageux face aux voisins. Vous pourriez tomber sur un idéaliste aujourd’hui, mais son héritier, dans vingt ou trente ans pourra être un complet abruti se plaisant dans l’excès et sur lequel s’exercera de mauvaises influences et qui balaiera les efforts de son père en quelques années à peine, ou bien encore cet idéaliste, incapable de soutenir la comparaison avec un voisin belliqueux disparaitra tout simplement, emporté par l’ambition d’un autre… C’est un chantier de longue haleine et particulièrement sensible que de provoquer les changements dont il parle… Pas impossible, mais qui ne peut reposer sur un coup de tête ponctuel... Combien de siècles est-il prêt à y consacrer ? Sans avoir de certitude quant à la réussite, au bout du compte ? »
« Peut-être pourrais-tu l’avertir ? »
« Des individus plus avisés et plus sages l’ont certainement déjà fait… Une phrase ne me permet pas de saisir l’ensemble de son intention, et puis, je ne conseille plus les rois, il y a une part de responsabilité si on est écouté et je m’en passerai bien. »
D’une manière ou d’une autre, pour une raison ou une autre, le Maître-Mage s’était contenté d’encourager son élève à exposer sa vision. A-t-il prêté attention à ceux qui les entourent ? Quoiqu’il en soit, sans pour autant chercher à couvrir les autres discussions, le dragonnier n’avait pas cherché à parler à voix basse.
Lareless Phiren
Elfe
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Sujet: Re: Place Tyral | Le véritable visage du Roi [Libre] Ven 13 Déc 2019 - 14:50
Et parmis toute cette foule, il y a une autre elfe qui se tient debout, non loin de Drystan. Du haut de son petit mètre soixante-dix, elle a dû jouer du coude un peu pour pouvoir voir.
Frères. Sœurs...Le moment est venu. Le moment est venu pour moi de prendre le temps de partager qui je suis avec vous. En toute sincérité, et en tout honnêteté.
Ce sourire paternel que le roi affiche en ce moment, comme à chaque fois qu'il le fait, tu l'a toujours détesté, il te fait l'effet d'un elfe qui se croit plus sage que tout le monde. qui en sait plus que tout le monde. Son entrée en matière en partant te laisse un drôle de goùt en bouche. Il ne s'était jamais présenté comme lui-même? Intriguée, tu l'es… Dubitative aussi… Alors autant écouter jusqu'au bout. Tu n'es qu'un Souffle parmis d'autres. Probablement qu'il ne sait même pas ton nom. Il serait fort présompteux de penser le contraire.
Ces dernières années, j’ai beaucoup demandé de vous… Et à beaucoup d’entre vous j’ai arraché des larmes, et inspiré de la confusion. Certes au cours de ces dernières années, nous avons connu des moments merveilleux... mais je vous ai bien trop souvent failli. Parce qu’autant que vous, j’ai versé des larmes et sombré dans la confusion. Seulement, convaincu que votre confiance n’irait jamais à un Aran qui se prouve moins qu’inébranlable j’ai refusé de me l’avouer. Et j’ai refusé de vous l’avouer.
Tu roule des yeux, exaspérée… Se demandant où il veut en venir avec toute cette auto-flagellation.
Trop occupé à pourchasser votre confiance, j’ai pris des décisions sans les assumer jusqu’au bout.
Le ton de votre aran qui s'anime, te fait dresser les oreilles, interrogative.
J’ai fait des choix difficiles sans m’autoriser à pleinement vivre la vérité de leur raison, de peur d’effrayer des Frères et des Sœurs dont je ne réalisais pas déjà avoir l’affection...’ai essayé d’être moi-même tout en portant un masque de peur d’être… de peur d’être remis en question non seulement en tant qu’Aran mais surtout en tant que personne à un moment où je me sentais fragile.
Tu t'interroge sur la sanité mentale de ton roi. Et, franchement, tu sais ne pas être la seule. Le silence qui plane sur la place est évocateur. Le silence qui perdure le temps qu'il se dévêtisse.. Révélant les marques de la Noss… La stupéfaction te laisse sans voix. Tu as envie de rire aussi. Comme ca tu a participé à l'élection d'un elfe sauvage comme roi? Et il continue, expliquant ce qui s'est passé, révélant sa corruption par les elfes sauvages.
Durant ma retraite du mois dernier, à Daranovar, j’ai été approché par le clan dont descendent mes ancêtres. Des Ornedhels qui – j’en étais persuadé – ne savaient rien de moi m’ont déclaré avoir désespérément besoin d’eux. Sur l’instant je les ai trouvés présomptueux. Après tout, les Noss nous avaient déjà bien trop souvent reproché ce que nous étions. Mais quelque chose dans ce qu’ils m’ont dit m’a interpellé, alors je les ai suivi. J’ai passé la moitié du mois du Fävrius en compagnie des Ornedhels, à la fois en tant qu’élève et professeur. J’ai pris un risque en acceptant de les suivre, parce que j’étais persuadé que quoi qu’il arrive, j’en ressortirais grandi. Si les Ornedhels ne me comprenaient pas, au moins ils m’entendraient. Si moi je ne les comprenais pas, au moins je les entendrais. Que j’y perde la vie et mon successeur saurait être plus sage.
Il aurait dû y perdre la vie… Maintenant, c'est un pantin manipulé par les Ornedhels. Tu croise les bras, dépitée. Par respect cependant, tu décide d'écouter jusqu'aux bout.
Mais que l’on se comprenne, et alors l’Anaëh entière sortirait plus forte d’un lien noué entre quelques-uns de ses enfants. J’ai pris un risque, parce que j’étais profondément convaincu avoir plus à y gagner qu’à y perdre.
Il balaie l'assistance du regard et un moment, vos quatre prunelles se rencontrent. Qui sait ce qu'il peut y lire derrière les pâles iris. Et il continue et tu l'écoute… Et ca ne te plait pas vraiment. Des risques inconsidérés… Ca va troubler la quiétude et la sécurité des tiens, de tes enfants… De ton mari… De ta famille, de la cité… et la tienne.
Et après avoir parlé, il s'incline devant vous tous… Tu n'y comprends vraisemblablement plus rien. Du parternalisme à la soumission, il y a quand même un monde.
- … Un Anedhel désireux de servir la Prime-Œuvre....
Et dans le silence relatif plein de murmures qui suit le discours, tu entend le dialogue d'un sang-mêlé au dragon avec son voisin… Qu'elle écoute avec attention. Et une irritation croissante. Et elle y met son grain de sel. D'une voix douce remplit de fiel.
Tu ne sais rien, Sang-mêlé. Et quand on ne comprends pas son interlocuteur, par respect, on se tait. On se tait et on écoute.
Tu veux bien suivre ton roi, mais ce qu'il dit ne te plait pas, pas du tout. Tu aimerais te taire… Masi tu n'y tiens plus, c'est plus fort que toi, ta voix claire et délicate, résonne au travers de la place. L'opinion de tous est souhaité et tu va donner la tienne. Ta voix porte, claire et forte.
Alors Aran Artion. tu compte "apprendre" aux autres à respecter notre peuple à défaut de nous comprendre? Il faudrait commencer par l'Anaëh, par les Noss qu'il faut mater et ramener dans le droit chemin une fois pour toute. Les Ornhedels sont les dépositaires d'un mode de vie obsolète auquel ils s'accrochent comme des tiques sur un cerf, ca nous empoisonne.. . Tu dis croire en notre art, en notre science… Certes… Mais tu vas te cacher chez eux à la place de chercher les réponses parmis les tiens. Je ne comprends pas ta logique. Ton comportement est erratique, ceci est un triste jour. Aran… Je m'inquiète pour toi et je ne suis pas la seule. Tu dis vouloir servir la prime Oeuvre, la prime oeuvre n'est pas à l'extérieur. Elle est ici.
Dans l'assemblée, il y a des murmures, certains approbateurs, d'autres réprobateurs. Mais chacun respecte ton opinion.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Place Tyral | Le véritable visage du Roi [Libre] Ven 13 Déc 2019 - 23:28
Ton sourire s’efface, et tes yeux clignent lentement. Tu déglutis, t’imprégnant des mots qui venaient de trancher à travers l’omniprésent murmure. Peu de mots. Beaucoup de choses. De lourdes accusations… mais des accusations que tu ne peux que comprendre, surtout après ce qu’ont récemment vécu les tiens.
- Les Ornedhels sont toujours là plus de dix Cycles après que la première Cité n’ait été érigée tu commences, avec le plus grand calme du monde et ils seront probablement toujours là pour le reste de l’éternité. C’est que leur mode de vie est viable… tu souris, et laisse échapper un court gloussement …tant que nos Cités restent debout pour le permettre. Tant qu’ils n’enfreignent pas les Voies d’I Ëmel, et tant qu’ils ne nous mettent pas en danger, pourquoi s’offusquer de leurs façons ? Au contraire, ils sont un précieux ancrage à notre mémoire. Le mode de vie auquel ils s’accroche est le garant de la survie de traditions, de savoirs et de rites ancestraux que nous ne pratiquons plus ou peu au sein des Cités, et qui pourtant sont un héritage précieux.
Vous et moi savons qu’entre nos murs, rien n’est oublié. Vous et moi savons l’amour que nous vouons à I Ëmel, et vous et moi comprenons notre manière de l’exprimer. Pas les Ornedhels. Majorité d’entre eux ne voient que les murs de pierre, et pas les trésors qu’ils renferment. Majorité d’entre eux voient s’étioler notre usage de l’Ouïe qu’I Ëmel nous a offerte, mais refusent de voir l’importance du Souffle et des Chants d’Arcamenel, dont elle a tenu à ce que l’on soit imprégnés, et auxquels nous faisons honneur quand eux les abandonnent. Majorité d’entre eux ont les yeux grands ouverts lorsque nous tirons le métal des entrailles d’Anaëh, mais les ferment quand nous offrons nos entrailles aux envahisseurs, et que ce même métal se fait le bouclier empêchant l’Œuvre d’être écorchée… mais tout ça n’est jamais que de la peur.
Parmi les mémoires cultivées par les Ornedhels il y a celles des tragédies nées au sein des Cités. Ils vivent dans la crainte de les voir se reproduire, alors ils nous surveillent plus qu’ils n’essaient de nous comprendre. Et dès lors, qu’ils ne voient que nos erreurs et ignorent nos qualités n’est pas étonnant.
Tu te relèves, paumes ouvertes, dévoilant une fois de plus les encres qui te marqueront pour le reste de ton éternité.
- Ces marques ne sont pas des réponses que je suis allé chercher. ton regard se durcit quelques peu Elles sont le témoignage d’un pas que des Ornedhels ont choisi de faire vers moi. Elles représentent leur manière de conter mon histoire, et sont la preuve qu’à leurs yeux, mon histoire mérite d’être contée. tu marques une courte pause Contée et écoutée. L’Histoire d’un Taledhel. tes sourcils se soulèvent quelques peu Parce que non, je ne suis ni un Ornedhel, ni leur messager. Je suis l'Aran des Cités d'Anaëh. Et non, je ne suis pas aller chercher confort chez eux plutôt que parmi les miens. ton visage se détend, et tu retiens un rire Au départ, je voulais juste passer un moment auprès de ma famille à Daranovar. Mais I Mîngely m’a donné l’occasion d’explorer des sentiers qui m’étaient inconnus, et de poser les fondations d’un pont, alors j’ai accepté. J’ai donné à l’occasion à des Ornedhels de me montrer leur qualités, et en retour, de voir où étaient les miennes. Celles d’un Taledhel. Celles de leur Aran, même. tu souris, ton visage rayonnant d’un espoir presque candide Et ce faisant, j’en ai appris autant sur moi-même que sur eux, et sur ce qui fait de nous Sylvains un seul peuple… en plus de m’être fait des alliés précieux qui ne demandent qu’à ce qu’on leur prouve notre bonne foi.
Tu te rassieds, reprenant ta position de départ.
- Reconstruire un lien entre les Ornedhels et nous ne se fera pas en un claquement de doigt, mais une porte est ouverte, alors quitte à ne pas leur faire confiance pour en profiter, autant que nous, nous essayions. Nous avons tout à y gagner.
Un nouveau lent clignement d’yeux marque ton passage au nouveau sujet, plus lointain, moins important à ton sens, du rapport que tu veux l’Anaëh avoir au monde.
- Quant à l’extérieur... ton timbre léger s’assombrit quelques peu l’extérieur nous entoure, nous observe, parfois nous jalouse, parfois nous ignore, construit une image de notre monde qu’il fera son fantasme d’un jour, et son ennemi le lendemain. ça, rien que ton court séjour à Thaar t’avait permis de voir nombre de facette de ce miroir Il suffit de remonter une poignée de décennies en arrière pour voir à quel point, quoi que l’on en dise, l’Œuvre est sensible aux caprices de l’extérieur. Et avec les racines de l’Estel qui continuent de s’étendre, elle ne l’est jamais qu’un peu plus chaque jour qui passe. Maintenant, pour l’Œuvre, et pour éviter de sacrifier inutilement nos vies, nous ne pouvons plus nous contenter de réagir. Qui nous sommes et ce que nous défendons ne peut plus rester secret. Il est temps pour nous de prendre position dans Le Monde, et d’assumer – en tant que premier peuple - la digne aura qu’est la nôtre face aux mortels. Je ne m’attends pas à ce que les mortels et nous arrivions à nous voir face à face. Nous existons selon des paradigmes bien trop différents pour ça. Mais avec un peu d’application, de volont, d’humilité et de patience, je suis convaincu que nous – peuple Sylvain – sommes plus que capables d’obtenir la déférence que nous méritons.
Au moins de la part de ceux n’ayant pas fait une religion de leurs rancunes.