(Orphelinat) Le loup et La Colombe (Solange)

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8e jour de la Deuxième ennéade de Verimios de l'an 17 du XIe cycle
Orphelinat de Dame Solange Prademont.

Diantra, capitale du royaume. c'est … Différent de Thaar. Moins bordélique, Les allées droites, les maisons de pierre solide. Il est déjà venu en ces lieux voilà une dizaines d'années environ, une fois, en été. Son opinion ne change pas vraiment. En cette magnifique journée enneigée, avec la clartée qui heurte ses yeux d'étranger, Dante continue sa traque. La première place où des damoiselles en détresse de leur âge pourrait se cacher est l'orphelinat. C'est logique. Et même si elles n'y sont pas restées, quelqu'un se souviendra d'elles.

Aussi guide t'il Pêche, la solide jument Arétane à la robe d'un genre de fauve fantasque vers l'édifice, demandant poliement son chemin aux locaux. Et même s'il attire des regards méfiants, intrigués ou les deux à la fois. Néammoins il finit par y arriver avant d'attacher sa jument à l'extérieur. Personne ne la volera de toute façon, elle est trop reconnaissable.

L'étranger, bien emmitouflé pousse le portail avant de s'immiscer dans la cours des lieux. Un moment, il regarde les amoncellements de neige et la disposition des choses. Avant de se mettre en mouvement. Il se les gèle et n'a aucune envie de s'éterniser plus que nécessaire. L'homme monte donc les marches une à une… Avant de toquer fermement à la lourde porte des lieux.

Les travaux de l'orphelinat étaient terminés.

Située non loin des quartiers commerçants, le joli bâtiment repeint de frais était éloigné des quartiers pauvres - afin que les jeunes filles n'y croisent pas leurs mauvaises fréquentations, mais également qu'elles n'aient pas trop de peine à chercher un travail. Le but était également de faciliter le négoce des produits de leurs travaux d'aiguille, afin que l'entreprise reste suffisamment viable pour subsister longuement et fournir aux demoiselles dots modestes, vêture et nourriture en suffisance.

Solange de Prademont, malgré la gravité de leur vie politique secrète, se sentait heureuse et reconnaissance envers la Damedieu, car elle avait encore la possibilité de racheter son âme. Elle était bien déterminée à améliorer l'existence de ces enfants, de leur donner un avenir, de veiller sur eux autant que possible - en cela, la jeune fille était sincère dans sa foi et dans sa résolution. Cela leur donnait également, politiquement, l'image de leur piété et de leur volonté d'aider le peuple, même si cela n'était qu'un effet secondaire appréciable.

C'était ainsi que durant la prétendue maladie de son époux, au cours duquel il était allé rencontrer le seigneur d'Arétria, la jeune fille s'était fréquemment rendue à son établissement.
Elle avait fréquenté d'autres orphelinats bondés, et leur avait pris quelques petites filles, toutes âgées de plus de dix ans, et avait regroupé aussi d'autres fillettes, cette fois abandonnées seules dans la rue, à mendier.
Après avoir engagé deux servantes, une cuisinière et son aide, une lingère, une intendante et une gouvernante (le personnel indispensable pour apprendre aussi aux fillettes à se débrouiller par elles-mêmes) elle avait aussi fait bâtir une petite écurie dans la cour de la demeure, afin de recevoir au mieux les invités.

Ainsi, tout était prêt. En cette deuxième ennéade de Vérimios, alors que la neige avait envahie les rues de son manteau glacé, la noble péninsulaire était soulagée de savoir ses protégées à l'abri dans les murs accueillants de son établissement.
Toutes vêtues de robes de bonne laine bleue sombre, bien coiffées et propres, les jeunes filles - qui allaient de dix à seize ans - étaient soit en train de jouer à l'étage, dans une salle où Solange avait pensé à aménager quelques poupées et autres bilboquets, soit en train d'apprendre à coudre sous l'égide de la lingère.
Tout était très calme. Aussi, lorsque l'on frappa à la porte, la dame d'Escault sursauta. Et si l'on avait découvert la supercherie de son mari ? S'il était mort, si tout était découvert ? Elle mourait littéralement de frayeur ; mais elle fit signe à une servante d'ouvrir la porte.

Madeleine était une fraiche jeune femme accorte de vingt-huit ans. Elle ouvrit la porte d'un geste énergique, ployant doucement et brièvement les genoux devant la haute stature de son interlocuteur.

- "Bienvenue à l'orphelinat de dame Solange de Prademont ! Que puis-je pour vous ?"

Tout sourire, elle fit signe à une gamine de douze ans fort curieuse de repartir en direction de la salle d'étude.

- "Tout va bien, ma chérie, mais va prévenir dame Solange que nous avons de la visite !"

Elle revint au mercenaire, baissa les yeux avec coquetterie.

- "Pardonnez la petite, messire. Les enfants sont curieux de toutes les visites que nous avons."

L'orphelinat de Solange de Prademont, voyez vous ça. Un sourire soulève le coin de la grande bouche, faisant étinceler les yeux dépareillés de fort étrange façon.

Une Prademont… Intérieurement, la Bête claque des crocs dans le vide, sachant qu'elle ne pourra toucher à cette proie tendre et supposément innocente. Engoncée dans ces ptain de robe de religieuses Péninsulaires. Toutes des coincées du cul.

Innocente mon cul oui, pense t'il en la regardant minauder regarde là cette dinde qui baisse les yeux se fait passer pour ce qu'elle n'est pas.

Il faut savoir que Dante est pour l'égalité des sexes, tout le monde trinque égal dans son dictionnaire. Mais il est là et ce n'est pas sans but.

Bonjour mademoiselle, dit-il de sa voix grave aux accents exotiques, ca va ce n'est rien, j'adore les enfants. On m'a chaudement recommandé cet endroit d'ailleurs… Puis-je entrer parce que même si la chaleur de votre sourire réchauffe les lieux, il ne fait pas réellement chaud et même si j'ai fait long voyage, il me déplairait entrer sans votre permission dans cet antre si vertueux que je me sens mal à l'aise d'y troubler la quiétude.

Madeleine se sentit à la fois fière et un peu gênée. Jamais encore elle n'avait eu la tâche si importante de devoir travailler dans un orphelinat, pour s'occuper d'autant de monde ; mais à présent, elle comprenait également qu'il s'agissait de les protéger, y compris et surtout des étrangers.

C'est ainsi qu'elle fut grandement soulagée de voir arriver la noble.
Elle s'inclina rapidement, avec la simplicité du peuple, et lui laissa la place. Vêtue d'une austère robe bleue et blanche de satin, aux broderies discrètes, la tête de Solange n'était surmontée que d'une petite coiffe de dentelle blanche, dont les rubans ressortaient sur ses boucles noires.

La dame d'Escault esquissa un sourire réservé à son interlocuteur, le jaugeant du regard quelques instants. A mi-voix, la servante lui répéta la requête du voyageur, et la jeune femme enceinte agrandit son sourire, visiblement embarrassée.

- "Messire, je suis étonnée du bien que l'on vous a dit de notre établissement, qui vient d'ouvrir. Bien que je compatisse à votre situation, car il neige depuis plusieurs jours, vous comprendrez que je suis devenue la protectrice de ces jeunes âmes orphelines qui habitent désormais cette maison. Aussi, je ne peux laisser un étranger entrer, même s'il s'agit de charité. Vous trouverez à Diantra nombre d'auberges qui sauront vous offrir le gîte et le couvert bien mieux que nous ne pourrions le faire. Cependant, je peux vous faire donner un peu à manger, que vous pourrez savourer sur la route. Si vous cherchez du travail, nous sommes en train d'acquérir une ferme en marge de la ville. Vous pourrez certainement y trouver un emploi, si vous accepter de soutenir les bras des jeunes garçons que je recueille."

Sans attendre sa réponse, la noble fit signe à la servante, qui partie en trottinant en direction des cuisines.

- "Nous ne pouvons malheureusement vous proposer plus.

Un sourire de commisération et d'excuse, avant d'esquisse un mouvement de retrait. Que pouvait-elle faire de plus ? Au loin, une voix enfantine l'appela.

- "Dame ! Venez regarder mon ouvrage ! J'ai presque fini mon coussin !"

Bon, d'accord, il ne paye pas de mine, il a une sale gueule de soudard. Il a crapahuté par mont et par vaux par ce temps de chien...Il se les gèle et elle se permet de lui cracher sa pitié au visage, sans chercher plus avant. C'est bien une Prademont, à penser les autres indignes de ses chaussures. Ce foutu monde de merde ne change pas. L'insulte faite ne parait pas sur le visage du voyageur mais se loge bien profondément dans les méandres de ce cerveau tordu tandis que le sourire ne change pas d'un iota sur le visage de l'étranger.

S'il voulait, ce ne sont pas ces deux connes qui l'empêcheraient de festoyer sur les cadavres des jouvencelles. Il serait bien de lui arracher le moutard du ventre et de le pendre par le cordon ombilical quelque part dans la baraque… Une idée de carnage fleurit dans son esprit, avant d'être proprement ramené à la raison par ses impératifs pécuniers.

La voix grave aux accents d'outre-mer se fait bien entendre sans s'élever. Calme et posée, rien ne transparait du courroux que les manières de la femme lui a causé.

Dame, je ne viens ni chercher de la nourriture, ni asile, ni travail. Je sais que je ne paye pas de mine car la route a été dure depuis le début de mon voyage, mais il me semble évident que je ne suis pas un mendiant.

Dante ajouterais bien quelque chose, mais ca risque de mal finir si il s'énerve, aussi ravale t'il la pique acerbe qui lui passe par l'esprit et enchaîne sans attendre en faisant une profonde révérence que ne nierait pas le roi Bohémond en personne.

Laissez moi me présenter, je m'appelle Halewyn et Je cherche deux demoiselles, c'est leur sœur qui m'envoie en fait. Voici le document… Dit il en tendant la lettre d'Herpéris Arsinoé, femme du marchand Arsinoé de Pharembourg. Il attend que la Prademont finisse avant de reprendre le papier. Faites que ce porc de Gaubert lui ait écrit et dit son nom… Qu'il puisse s'amuser. J'ai à vous entretenir de toute urgence de la situation délicate de ces demoiselles. Pouvons nous avoir un entretien privé?

Les prunelles dépareillées, de mousse et d'ambre clair au milieu de ce visage à la peau de miel, au côté gauche abîmé par les cicatrices arbore un masque d'amabilité et de politesse. Par Zhak'Bar, faites qu'elle soit sur la liste. Saleté de nobliau, pourtant ils chient comment tout le monde.

Comme cet homme avait l'air charmant et poli !

Une légère rougeur colora les joues pâles de la jeune fille, qui lui offrit un charmant sourire embarrassé. Elle posa une main délicate devant sa bouche, puis se saisit du papier que lui tendait le mercenaire, lisant rapidement ce qui y était écrit.

Solange frissonnait sous la bise glaciale qui venait de se lever, et, d'un geste rapide, ouvrit la porte un peu plus grand, invitant ensuite son interlocuteur à la suivre, d'un mouvement élégant, naturel, de ses mains aux ongles bien coupés.

- "En ce cas, veuillez me pardonner, messire Halwyn... Nous avons vu plusieurs voyageurs déjà frapper à notre porte, et je redoute toujours qu'ils ne viennent semer le désordre dans ce qui doit être un refuge pour les orphelines. Allons dans mon bureau, et vous me parlerez plus amplement de ces deux fillettes. Si elles sont ici, je vous les remettrais avec grand plaisir pour qu'elles y retrouvent leur famille. Je vous en prie, suivez-moi..."

Dans un bruit de jupe, elle traversa le couloir, en faisant signe à une des servantes de refermer la porte derrière elle, et monta l'escalier d'un pas léger, jusqu'à une porte située à gauche d'un couloir bien éclairé.

A nouveau, la jeune noble ouvrit la porte, laissant entrer l'inconnu dans la pièce. Une servante vint allumer les bougies en toute hâte, et Solange de Prademont vint s'installer derrière un élégant bureau de bois brut à l'allure sévère. Bientôt, un feu vif brûlait dans la cheminée, éclairant un beau tapis bleu et argent qui recouvrait en partie un parquet de bois blond.

- "Je vous en prie, messire, installez-vous. Madeleine, veille à ce que personne ne nous dérange."

La demoiselle enceinte, une main sur son ventre, sourit à nouveau chaleureusement à son interlocuteur, attendant que la domestique referme la porte pour s'adresser à son vis-à-vis.

- "Je vous écoute. A quoi ressemble ces deux petites filles ?"

Le loup met le pied dans la bergerie et s'arrête, s'essuyant consciencieusement les bottes sur le paillasson avant de mettre son manteau et son foulard. sur la patère d'entrée, en homme bien élevé. Ses cheveux noirs, longs, sont simplement noués en catogan et son visage couvert d'une barbe rase sensée lui tenir chaud. A ses hanches, ses dagues.

En signe de bonne foi et de paix envers son hôtesse, il les enlève et les dépose sous ses vêtement de voyage afin qu'aucune orpheline ne soit tentée de jouer avec ses Filles pendant que les adultes ont le dos tournées. Ensuite emboîte t'il le pas à Solange tandis et joue au touriste qui découvre l'architecture des lieux. Et, celle du bureau de la dame...

Bleu et argent... Il s'y attendait. Sans pousser plus avant la réflexion, le mercenaire prend place non sans lancer un sourire poli et un remerciement à l'accent exotique à la Madeleine qui quitte. Na jamais négliger un serviteur parce qu'un serviteur qui t'a à la bonne est une porte ouverte aux informations.

Merci Mademoiselle.

Avant de revenir à son affaire en cours.

Donc, madame. comment pourrais je résumer. Vous avez sûrement entendu parler du scandale entourant le mariage des De Termer avec les marchands Arsinoé de Pharembourg? Ce sont ces damoiselles.D'aucun pense qu'elles ont été enlevées, mais je n'aime pas négliger des alternatives. Amaryllis De Termer, 14 ans, blonde comme les blés d'automne avec de grands yeux couleurs gris nuageux. Frêle et menue et toujours à poser des questions et des réflexions sur tout les sujets possibles et inimaginables. Son ainée, Myosotis De Termer, 15 ans, rousse aux yeux bleus qui peut-être se fait passer pour un garcon. Elle a peut-être une arme avec elle. Elle est plus robuste que sa soeur mais elle n'est pas trop grande non plus.

L'étranger marque une pause avant de reprendre de sa voix calme. IL ne s'avance pas trop en énoncant l'évidence suivante.

Vous savez sûrement ce que la disparition d'un membre de la noblesse peut causer. Imaginez si tout les manants se mettent à faire de la sorte. Sa famille est inquiète, dame. Et je le suis deux fois plus... Le temps passe et l'hiver est dur. Je crains que les congères aient contraints les ravisseurs soient à les abandonner, soit attendre le printemps dans quelque endroit mal séant soit...

La voix grave se brise avec une science étudiée mimant l'inquiétude.

...Je prie tout les soirs qu'elles aient trouvé refuge dans un endroit tel que le vôtre.

Il fallait qu'elle s'y attende : l'orphelinat ouvert, les questions de ce type allaient se succéder. La jeune noble ne pourrait plus jamais ignorer les disparitions d'enfants, les enlèvements, les fugues, et toutes ces histoires dramatiques où ces innocents perdaient tout, juste par la volonté des dieux.

Baissant doucement les yeux, elle perdait lentement son sourire pour arborer un visage grave, voire inquiet. En effet, la disparition de ces jeunes demoiselles était tout à fait prioritaire ; mais hélas ! Nulle enfant de quatorze ans aux cheveux blonds ne résidaient en ces lieux.
Néanmoins, n'était-elle pas l'épouse de l'Intendant à la Justice Royale ? Ne pouvait-elle pas les faire rechercher, et punir les vils marauds qui avaient enlevé deux pauvres petites filles ?

Malgré tout, la dame de Prademont écouta le mercenaire jusqu'au bout, puis marqua un silence de quelques secondes.

En silence, elle déposa ses deux mains sur le bureau, en triturant un mouchoir de dentelle anagrammé à ses initiales.

- "Malheureusement, je crains devoir vous décevoir, messire Halewyn. Cependant, votre cause est noble. Je crois que tous les enfants, qu'ils soient nobles ou roturiers, ont le droit d'avoir un toit et de quoi manger. Les ... bandits qui les enlèvent devraient être châtiés avec la plus extrême sévérité. Par ailleurs, mon époux, Charles de Prademont, est Intendant à la Justice Royale. Je vais donc lui parler de cette affaire dès ce soir, et, sans nul doute, des limiers du Roi devraient se joindre à vous dans votre quête pour retrouver ces enfants. Ma seule requête serait que vous m'apportiez des enfants que vous retrouviez sans foyer, et je me chargerai de leur trouver un endroit où vivre. Croyez-m'en, je suis bien désolée de ne point pouvoir donner une rapide conclusion à votre affaire..."

Un peu oppressée - peut-être étais-ce ses nerfs, qui, avivés par la grossesse, étaient à vifs - elle saisit son éventail, l'ouvrit d'un geste, se fit un peu d'air. La soie de l'objet de luxe luisait légèrement à la lumière du feu qui crépitait joyeusement dans la cheminée, et de minuscules mèches de cheveux noirs s'échappèrent de sa coiffe de dentelle, retombant en frisottant sur son front pâle.

Zhak'Bar l'a à la bonne. C'est indubitable. L'oeil marron étincelle d'intérêt à la mention de Charles de Prademont. Ainsi donc cet individu est Intendant à la Justice Royale. Et il dirait quoi le roi s'il apprenait à quelles manigances il s'adonne? Que penserais le régent? A cet instant précis, l'esprit tordu du mercenaire se met en branle, décalant le cas De Termer de quelques crans dans sa liste.

La mauvaise nouvelle c'est qu'il ne pourra toucher à la donzelle... La Bonne c'est que ca l'approche de son but. Et ca lui fait gagner un temps monstre en plus de fournir un alibi béton au patron.

Oh...

Dit il en se reculant un peu sur sa chaise, le léger sourire mystérieux relevant le coin de sa bouche. En ce moment, son professionnalisme prend le relais.

Madame, je suis aise que vous soyiez concernée par l'avenir de ces demoiselles. Par contre, je suis inconfortable à l'idée que trop de gens ne se mettent à leur recherche, la discrétion étant notre meilleur atout actuellement. Un faux pas de notre part pourrait hâter leur trépas plutôt que de l'empêcher. Je suis bien conscient que je ne suis qu'un épée louée étranger dans votre beau royaume, à la recherche de deux jeunes filles alors qu'il a des tâches infiniement plus importante à faire... Serait il présomptueux de ma part de vouloir rencontrer messire votre époux en toute confidentialité ici dans votre bureau? Si vous pouviez lui parler d'un étranger d'outre-mer à la modeste requête, cela serait bien aimable.

Continue t'il en lançant "innocemment" le mot de passe, techniquement, si Magnus a fait son boulot, le Charles a été avisé et devrait emmener le matériel requis même si l'improvisation de leur rencontre en ces lieux risque de lui déplaire, s'il est intelligent, il saura qu'il n'y aura jamais meilleure occasion ni meilleur bouclier qu'un orphelinat de jeunes filles orphelines géré par sa gonzesse engrossée.

Votre moment sera le mien. Mais le temps presse...

Termine t'il doucement, utilisant sans vergogne un contrat pour faire avancer l'autre. Pourquoi pas après tout? L'occasion fait le larron comme on dit.

Solange de Prademont considéra le mercenaire en face d'elle. Il était plutôt délicat pour un homme de son extraction, et il s'agissait là d'une affaire de justice. Qui plus est, il s'agissait de deux jeunes filles, dont les âges, proches des siens, l'impliquait d'autant plus.

Cependant, elle ne pouvait oublier que son époux n'était pas présent, et qu'elle devait préserver à tout prix son secret : aux yeux de tous, il était malade, et ce, quelques fussent les circonstances.
La jeune fille calcula rapidement. Il faudrait au minimum quatre jours, peut-être cinq, pour que Charles puisse rentrer. Elle employait tous les jours un médecin de bonne réputation pour qu'il vienne au "chevet" de son mari - elle avait argué qu'il s'agissait d'une mission secrète pour le compte du régent et que personne ne devait connaitre son absence. C'est ainsi qu'elle le payait deux fois plus cher que le traitement ordinaire, afin de garantir son silence - mais que ne ferait pas un sujet respectueux du Roi grassement rémunéré ?

- "Je comprends, et je loue votre prudence. Effectivement, ces pauvres jeunes filles ne doivent pas courir de risques supplémentaires, et, nul doute que sur ma demande, mon très cher époux compatira à votre situation. Il se déplacera certainement... Cependant, il est malheureusement souffrant. Revenez donc dans six jours, en fin d'après-midi, et, à la suite de votre conversation, je suis toute à fait sûre qu'il accèdera à votre demande. C'est un homme pour qui la justice est une chose précieuse et importante. Je ne manquerai pas de souligner votre origine, car il est doux d'entendre qu'un étranger peut trouver un travail honnête dans nos contrées péninsulaires."

Elle octroya un doux sourire à son interlocuteur, avant de se redresser.

- "Si mon mari ne devait pas être guéri d'ici quatre jours, je vous ferai porter un message. Où logez-vous donc ? En tout cas, ce fut un entretien fort intéressant. Tous les enfants devraient être protégés, bien que le monde ne soit pas forcément d'accord avec cela."

Sur cette note finale, le visiteur s'incline.

Je loge au bourgeois ventru madame. Mais ne vous donnez pas cette peine, je vais repasser dans six jours, je dois écumer les rues de toute façon pour trouver des indices sur les jouvencelles. Qui sait, j'aurai peut-être de bonne nouvelles à vous annoncer? Je vous remercie de m'avoir accordé votre temps si précieux.

Tranquillement, noblement comme Elazar lui a appris, Halewyn quitte l'orphelinat non sans avoir préalablement gratifié Madeleine d'un au revoir galant.

*********

Six jours plus tard, 15 heures.

C'est une Pêche renaclante qui s'avance de nouveau parmis les congères, de mauvaise humeur d'avoir à sortir par ce temps. Mais la jument Arétane a quand même le pied sûr. Il l'aime bien tout compte fait. Quand il en aura terminé ici, il la rapatriera à Thaar. Ténèbres la trouvera sûrement de son goût. Il rigole un peu en imaginant des destriers de guerres ayant cette fantasque couleur.

Alors, comme la première fois, il met pied à terre mais cette fois il la guide aux écuries et la laisse aux bons soins du personnel présent avant d'aller se présenter. Bien sûr Madeleine le reconnait. Il demande des nouvelles, du blabla habituel bien conventionnel mais qui a le mérite de la faire sourire.... Bref, pour l'histoire courte, retour au point de départ, c'est à dire le bureau de Solange dans lequel il attend le mari de Solange ... Le vrai Prademont pur souche... Faites qu'il ne soit pas un connard comme l'autre.

Le vaste complot n'en était plus à l'étude mais bien lancé à travers diverses actions. Pour les époux Prademont, les rouages de cette machination étaient en place et il ne leur était à présent plus possible de faire marche arrière. Sous la houlette d'une Dame d'Escault dont les apparences étaient bien trompeuses, les premiers pions étaient donc placer sur l'échiquier. Sous couvert d'une forte fièvre, on avait cru l'Officier Royal à la Justice cloué au lit alors qu'en réalité, il avait secrètement participer à une entrevue en terrain neutre en compagnie de Comte d'Aretria. Les négociations s'étant soldées sur quelques concessions, un accordait avait donc été trouvé afin que les prétendants au trône du Comté d'Odélian puissent compter sur un précieux allié.

De retour à la capitale de Diantra, Charles avait donc rejoint en toute discrétion son hôtel particulier dans les beaux quartiers afin d'y retrouver son épouse Solange. Leur subterfuge avait fonctionné et personne ne s'était douter que l'Intendant à la Justice avait quitter pour quelques jours son lit. Il avait encore quatre jours à jouer le faux-malade alors que sa dulcinée l'informait de l'arrivée en ville d'un nouveau pion, ce mercenaire qui devait se charger d'éliminer certains personnage qui pouvaient nuire à leur dessein, tout comme il avait été également payer pour produire de faux papiers.

Les deux comploteurs de Prademont devisèrent sur la suite à donner, ce dénommé messire Halewyn devait donc être reçu par le fonctionnaire royal à l'orphelinat géré par la Maison Prademont. Le temps de réunir les fameux documents et Charles se rendit en temps et en heure à l'orphelinat, sans encore que Solange ne sache qu'il s'agissait en fait d'un prétexte pour nourrir leur dessein, découvrant le fameux individu qui patientait dans le bureau à l'étage, car Solange refusait catégoriquement qu'un étranger puisse patienter dans le salon. Vêtu d'une tunique bordeaux, Charles remercia Madeleine avant de la congédier, fermant la porte derrière lui, sans la verrouiller pour ensuite se porter à la hauteur de l'individu qui avait énoncé quelques jours plus tôt le fameux mot de code d'"étranger d'outre-mer". Sous couvert d'une affaire de jeunes filles enlevées qu'il fallait retrouver officiellement, les tractations pour le trône d'Odélian allaient pouvoir être entretenues.

- Messire Halewyn, enchanté de faire votre connaissance. Mon épouse m'a parlé de votre affaire qui a retenu toute ma sensibilité. Mais avant d'évoquer tout cela, souhaitez-vous quelques rafraîchissements ou peut être une pipe à herbe ?

Charles usait de mots de circonstances, ne cherchant pas à se montrer arrogant mais plutôt à détendre une atmosphère qu'il ne voulait en rien pesante ni compromettante alors que dans le repli de sa tunique se cachait les fameuses lettres qu'il allait devoir dévoiler plus tard à son invité. Le jaugeant de haut en bas, Charles attendit que l'individu réagisse. Le salon n'était qu'un présentoirs car son épouse devait déjà à cette heure, être dans son bureau et il allait falloir lui dévoiler le pot-aux-roses sur cette épisode de leur affaire de succession à la tête du Comté.

Il n'a pas trouvé d'autres traces des soeurs De Termers, sauf une vague indications qu'elles seraient encore à Diantra... S'il ne trouve rien, il devra se mettre en mouvement bientôt. Mais bon, une mission à la fois.

Quand Charles entre, les prunelles dépareillées se posent sans émotion sur l'homme. Grand, blond, friqué... Le sang des Prademont coule dans ses veines, c'est visible par quelques similitudes de traits avec Gaubert. Quand à la barbe... Bref... Cette façon de le regarder de haut en bas, typique, ne le perturbe pas du tout. Halewyn sait ce qu'il vaut. Aussi supporte t'il avec un stoicisme déconcertant cet examen.

Le mercenaire fait une révérence, la voix a l'accent exotique résonnant agréablement dans la pièce.

Messire... Un verre d'eau ne serait pas de refus. Je vous remercie. Je vous remercie grandement pour cet entretien. Dame votre épouse m'ayant assuré de votre support pour la recherche des demoiselles De Termer. Je ne sais pas si vous en avez entendu parler.

Il attend que Charles entre dans le vif du sujet qui les préoccupe.

Ne se formalisant ni sur la révérence ni sur le timbre exotique qu'employait son vis a vis, Charles de Prademont frappa soudainement dans ses paumes avant que Madeleine ne réapparaisse derrière la porte.

- Apportez un gobelet d'eau à Messire Halewyn.

La femme s'inclina légèrement puis parti s'exécuter avant de laisser à nouveau le duo seul dans le bureau de la propriétaire des lieu, la dame d'Escault . Il avisa alors d'individu d'un regard perçant, le menton relevé.

- Ne suis-je point un représentant de notre justice ? Les demoiselles De Termer n'ont nullement à être otages d'une situation qu'on ne leur a point dicté. Nous résoudrons cette affaire par les moyens qui me sont conférés en tant qu'officier royal.

Il attendit que l'homme se soit rafraîchi avant de l'inviter d'un geste du bras à prendre la direction du fauteuil faisant face au bureau de son épouse, s’exécutant à des échanges d'une grande banalité tout en laislsant l'individu prendre ses aises sur l'assise que Charles de Prademont lui proposa, avant de refermer la porte derrière lui, qu'il verrouilla par mesure de sécurité car ce qui allait être révélé ne devait être su de personne, ni du personnel, ni même de son épouse qui pourrait à tout moment faire irruption et quand on connaissait la sensibilité et la pureté de la donzelle... aurait-elle pu accepter l'évocation de meurtres ?

Faisant mine de rien le tour de la pièce, frappant aux portes pour éloigner des potentielles curieuses, l'estreventin soutint sans mal les conversations de Charles, faisant preuve d'une vivacité d'esprit et d'une adaptabilité certaine. Alors seulement prit-il place dans le fauteuil désigné. Droit sans être rigide, les grandes mains vont se poser sur ses cuisses, immobiles, lui donnant une posture attentive. Alors donne t'il son rapport. Parce que si les deux contrats sont bien séparés, il ne négligera aucun détail quand même. On est professionnel ou on ne l'est pas. La tête droite, le menton haut, il toise Charle avec le même regard acéré que le Péninsulaire a envers sa personne, ce qui donne à ses yeux un éclat singulier.

Merci de cet entretien privé messire. Je vous garanti que votre précieux temps ne sera pas perdu. Ni le vôtre, Dame De Prademont. Voici ou j'en suis dans les recherches de ces jeunes filles.

Pour les demoiselles de Termer, il faut agir avec rapidité et discrétion. je suis présentement sur une piste, des gens les auraient vu à Diantra avec une grande femme armée, en vie et bien portantes. Ce qui me tend à penser qu'elles se sont enfuies et qu'elles se cachent. Peut-être ses ravisseurs les cherche, espérant y arriver avant nous. Franchement, en ce moment, je ne sais pas si des renforts seront nécessaire ou non. Je crains que si les ravisseurs s'apercoivent que nous les recherchons, il ne s'en prennent réellement à elles. Tandis qu'un homme seul à leur recherche, ils essayeront plutôt de s'en prendre à lui avant toute chose.

Désirez vous les circonstances de leur disparition?

L'officier royal avait donc fait en sorte que l'entretien se déroule en toute intimité. S'il y avait une affaire officieuse sous l'affaire officielle, son épouse n'en était pas encore tenue au fait mais cela ne serait tardé car après tout, le couple œuvrait de concert pour que leur fou dessein se réalise. Une fois le huit-clos installé, cet individu qui semblait en tout point d'une grande rigueur professionnelle, s'employa donc à faire un point sur la situation des deux demoiselles fugitives. Tout portait donc à croire que s'il n'avait pas encore localisé ces jeunes femmes, messire Halewyn savait plus ou moins dans quelle situation elles se trouvaient.

Se massant pensivement la barbe à hauteur de menton, Charles semblait mesurer les paroles de l'individu non sans se diriger vers une console où il en sorti un gobelet ainsi qu'une carafe d'un puissant alcool, avisant Dante, qu'il ne connaissait évidement pas sous ce nom, par la même occasion avant de reposer son attention sur le gobelet où gisait l'alcool.

- Vous m'expliquerez plus tard les détails de leur disparition car il ne faut omettre aucune information. Même un élément banal peut avoir une importance capitale. Je mettrais sur l'affaire mon meilleur homme. Nous devrons d'ailleurs projeter un plan d'exfiltration de ces filles lorsque nous saurons exactement où elles se trouvent. Il sera nécessaire de minimiser les risques et les pertes qui en découlent.

Il but une gorgée de ce liquide ambré avant de le poser sur le plan de travail du bureau de son épouse pour ensuite prendre place dans le fauteuil de cette dernière, aux boiseries finement sculptés. Reprenant la il porta alors son regard émeraude dans la direction de son interlocuteur.

- Lombre, nous savons tout deux que de cette affaire n'est pas prioritaire. Ce qui régit l'urgence de votre présence, sous le nom de code d'outre-mère que vous avez formidablement su faire retenir à ma ravissante et innocente épouse, est bien de garantir la discrétion d'une affaire qui à pour fin d’œuvrer contre les ennemis qui s'oseraient me barrer le chemin jusqu'au dessein que je porte pour ma femme et moi même. Mais avant toute chose, j'imagine que vous avez des doléances à me faire partager ?L'on m'a dit le plus grand bien de vos talents et de votre silence, j'imagine que cela à un coût ? Je préfère que cet épineux point soit déjà formaliser avant de passer à la suite, vous comprendrez naturellement le sens de cette démarche.

Il acheva sa réplique en croisant le regard du mercenaire qui à présent avait toute la latitude de s'exprimer sur le caractère officieux de sa présence en ce lieu.

Bon, nous y sommes. Enfin. Le vif du sujet.

Vous savez qui je suis donc vous êtes quelqu'un en qui le comte Magnus a toute confiance. Vous êtes privilégié de connaître mon visage. Je suis très timide habituellement. Vous connaissez ma réputation? Mes contrats se concluent verbalement, mais ils sont toujours suivis, que ca prenne 5 jours, 5 mois ou 5 ans, sauf si vous changez d'idée. En ce cas, il faudra m'offrir une cible de substitution.

Il marque une pause. Il est inutile de dire ce qu'il fait à ceux qui le trahissent.

Je demande d'être gracié des charges infondées que le comte Gaubert de Prademont a mis sur ma tête. Il est très inconfortable de se voir traquer quand nous n'avons rien fait de répréhensible. Je veux aussi un accès à sa dépouille sans qu'il n'y ait de témoins, et ce, avant qu'elle ne soit définitivement scellée dans le caveau familial, une totale immunité pour ce que je devrai y faire, ainsi que sa chevalière devra me revenir. Si c'est impossible, je vous l'emprunterai, j'en ai besoin pour prouver sa mort. sans poser de questions. Il y a une dernière chose... Dans vos lois, il est possible d'avoir un nom avec la particule, la devise et un Blason? je n'ai pas besoin de terres ou autre pour vivre. Officiellement ce sera pour avoir retrouvé les De Termers, parce que, soyez assuré que je vais les retrouver, donc pour service rendu au royaume. Entre vous et moi, on saura ce sera pour quoi exactement.

Une autre pause, laissant Charles digérer ses exigences, inhabituelles.

Des questions messire?

Tout du long des répliques de l'homme d'arme, l'Officier Royal s'interdit de prononcer le moindre mot, écoutant religieusement ce dernier non sans acquiescer à ses dires à plusieurs reprises. Naturellement Lombre, comme il se faisait appelé, rappela à son employeur de circonstance qu'en cas de trahison, Charles risquaient des représailles et c'était de facto tout à fait légitime. A l'initiative de Prademont, les négociations débutèrent, une condition sinéquanone dans le cadre d'une affaire de la si haute importance.

Les traits du visage du beau trentenaire à la crinière Ambrée se fermèrent, non pas par mécontentement, non, simplement parce que l'instant était aussi solennel que grave. L'entreprise qu'il mettait au gout du jour pouvait le propulser à une place de choix sur l'échiquier politique et donc, il ne fallait commettre aucun impaire et lui aussi placer quelques "garde-fou" pour se prémunir de tout échec qui lui vaudrait certainement la corde. S'enfonçant dans son siège, il croisa les jambes et joignit ses mains sous son menton, prenant acte de chaque doléance de la part de cet individu qui incarnerait l'arme de ses desseins. Les exigences tombèrent les après les autres et fort heureusement, aucune d'entre elle ne semblait le surprendre, même si évidemment il allait devoir y mettre ses conditions.

- Vous serez naturellement gracié et lavé de tout soupçon quand à ce que l'on puis vous porter en accusation. Je m'emploierais à rédigé votre immunité sur cette affaire dès l'instant où je siégerais sur le trône du Comté.

Sur le second point, Charles restait quelques peu perplexe, mais finalement, il proposa un compromit qui devrait arranger chacune des deux parties.

- Vous aurez toute la latitude d'exploiter la dépouille de mon cousin, mais pas plus d'une heure. Toutefois, deux de mes homme de confiances se chargerons de vous escorter ensuite en lieu sûre, celons votre convenance. Je dois cependant vous refuser la cession de la chevalière de mon cousin. Il s'agit d'une relique familiale qui doit naturellement rester en possession de ma Maison. J'avoue être un peu dubitatif quand à votre désir de ne rien dévoiler à ce sujet. Mais, tout comme vous, je vais vous accorder une confiance sans faille. Evidemment, si cette chevalière s'en trouve être par la suite un outils pour me nuire, à moi ou a ma femme, je m'emploierais à remettre l'intégralité de notre accord en cause.

Il appuya à ce moment son regard émeraude sur ce pion de la plus haute importance avant de rajouter après avoir laisser glisser une seconde gorgée de ce puissant alcool dans sa gorge.

- Il va de soit que votre dernière exigence s'en trouve légitime. Je ferais naturellement jouer mes relations au Palais de Diantra afin que vous puissiez regagner vos lettres de noblesses. Un homme sauvant deux nobles demoiselles trouvera sans nul doute les honneurs de la Haute Société Péninsulaire. Mais cette dernière exigence ne pourra être entérinée que lorsque la chevalière de mon cousin retrouvera mes coffres.

Il fixa Lombre un instant, le regard entendu tout en glissant sa main libre dans le revers de son veston pour en sortir des lettres dont il dissimulait encore leurs véritables nature.

- Je n'ai pas de question, seulement des précisions moi aussi à vous apporter. Soyons bien entendu sur le fait que mon épouse ne doit être mêler à tout cela que ce soit de prêt ou de loin. Aux yeux de mes semblables, elle doit être au dessus de tout soupçon. Gardez également bien à l'esprit que mes fonctions d'Intendant à la Justice m'octroie certains pouvoirs, ainsi si d'aventure j'avais à faire face au possible échec de votre mission, tout sera préalablement mit en oeuvre pour que je sois moi même lavé de tout soupçon dans cette affaire. Vous comprenez évidement cette position et je suis certains que vous le saviez avant même d'accepter de participer à ce complot. Mais je crois que les risques encouru en valent la chandelle. Vous aurez naturellement une certaine somme d'argent qui vous sera livrer trois mois après le succès de votre engagement. Un délais certes long, mais nécessaire, le temps que cette affaire soit oubliée des plus hautes instances.

Il attendit alors l'approbation de sa main armée de circonstances avant d’ensuite se permettre de dévoiler le contenu des lettres ainsi que les empruntes des sceaux associés pour la bonne exécution et réalisation des faux. Il glissa alors les documents à la vue de Dante avant de rajouter.

- Vous rappelez vous de vos cibles mon cher associé?

Il avait encore une main posé sur les documents, ne les relevant que lorsque Lombre aurait répondu clairement à sa question. Il était indispensable de récapituler certains détails car il ne fallait absolument rien omettre à défaut, un oubli pouvait remettre en cause le succès de ce vaste complot.

Un instant.

L'assassin se relève et refait le tour de la pièce, posant parfois l'oreille sur les murs, et sur les portes. Après un moment, il revient satisfait et se rasseoit.

C'est la beauté de toute l'affaire intendant. Il se trouve que le contrat sur les De Termers est tout ce qu'il y a de plus officiel. Ici mon ordre de mission... Je vais vous tenir au courant des développements concernants les demoiselles. Il est très important qu'ici vous soyiez au courant de tout à ce sujet.

L'Ombre lui tend le papier écrit par Monsieur Arsinoé père en personne, avant de le reprendre après lecture. La voix grave devient froide et neutre, sans émotions.

C'est, heureusement, une affaire délicate qui mérite célérité et discrétion, il est donc tout naturel que nous nous soyions rencontrés dans l'orphelinat de votre épouse à l'infinie bonté, qui a eu la délicatesse de solliciter votre aide pour ces deux malheureuses. Ce qui garanti son innocence dans toute cette affaire en plus de vous fournir un alibi en fer. C'est une gratuité offerte par la maison. Cette affaire justifie aussi une correspondance aussi courtoise que régulière. Je vous dirai comment plus tard. C'est de l'ordre du détail mineur.

Si je me fais prendre, ce qui n'arrivera pas, mais supposons. Ce qui arrivera sera plus sanglant et solidifiera la thèse du complot découvert par vos soins. Parce que l'Ombre se venge salement de ses employeurs qui le trahissent, c'est connu et ca fait parti de sa sale réputation. Donc, qu'il se "venge" sur ce qui est en réalité une cible ne ferait qu'ajouter à sa réputation. Je vais d'ailleurs forger un faux acte de mission l'incriminant. , cela sera sur le cadavre d'un brigand à la tête transpercée d'une flèche. Pour l'argent, attendez plus que cela. L'expérience me dit que trois mois est un délai trop court, quelqu'un pourrait encore faire le rapprochement. Je prends les paiements différés d'un an et ce , sans intérêts ni frais de retard, sans problèmes ainsi que plusieurs versements.

Il marque une pause, penche la tête légèrement de côté, l'oreille dressée.

Mes cibles sont: Gaubert de Prademont et ses héritiers directs, soit son fils mineur, Sulpice de Prademont qui habite avec son père, et sa fille, Blandine de Prademont, que vous devez me localiser je vous prie. Et je dois forger la correspondance étayant la thèse d'un complot. Ca sera à vous de définir ensuite quand et comment utiliser ces preuves.

Les prunelles dépareillées, sans âme, se fixent dans celles du trentenaire. Et l'Ombre penche la tête de côté.

Je ne sais que les grandes lignes, alors il m'est indispensable de poser quelques questions pour décider dans quel ordre établir la correspondance. Je me demandais aussi si vous auriez l'utilité d'une lettre dite d'"approche" envers vous, pour justifier une certaine inquiétude qui vous a poussé à l'enquête. Je dois tout analyser. Avez vous tous le même fournisseur de parchemin et d'encre?

Soucieux de préserver une totale confidentialité quand à l'affaire officieuse qui venait d'être mise sur la table, la main armée de circonstance de l'Intendant Royale n'était assurément pas à son premier coup d'essai dans un complot d'une telle envergure. Charles l'observait tout du long sans mot dire, reprenant le rôle de spectateur averti à cette attitude qui semblait donner plus encore crédit à la réputation de Lombre.

Acquiescant sans sourciller, Prademont profitait de certains détails énumérés par le dit étranger d'outre mer pour s'assurer que le choix de faire confiance à un tel personnage était à la fois une évidence et nécessaire. Dante venait de résumer les contours de sa mission, profitant du caractère officielle de l'affaire Termers pour s'assurer d'une correspondance entre lui et son commanditaire. Cet homme était brillant et qu'il avait survécu à son passé c'est qu'il était un homme extrêmement dangereux.

Trahir ses proches était loin d'être évident pour Charles, il devait sacrifier une parti de sa famille pour prendre le Comté d'Odélian, un crève cœur pourtant nécessaire et il en mesurer toute l'ignoblité de ses choix. Les Dieux lui pardonneront ils ce complot ? Il l'espérait mais de toute façon il ne pouvait à présent plus faire marche arrière.

- Je vous ferais savoir où se trouve Blandine dans les plus bref délais. Quand aux fournisseurs de parchemins, ils se font naturellement rare en ce domaine, j'estime donc qu'une majorité de mes semblables passent par le même artisan. Il y en a bien quelques autres, seulement la qualité du produit n'est pas à la hauteur. En changer pour l'occasion serait une erreur et pourrait faire naître des soupçons dont nous pourrions nous passer.

Il sembla un instant perplexe sur un point fondamental de l'aspect "couverture" de cette affaire dans l'affaire avant de finalement se ranger à la prudence.

- Il me semble indispensable et nécessaire que cette lettre d'approche entre nous puisse exister. Cela confirmera aux yeux des futurs enquêteurs, que je selectionnerais évidemment avec soin, de l'existence et surtout du caractère officiel de l'affaire Termers.

Convaincu par la prestation de l'assassinat doué pour réaliser de fausses preuves par la même occasion, Charles lui laissa alors prendre les differentes lettres et empruntes de sceau.

- Soyez certain que je saurais utiliser ces dites preuves le moment opportun. Je ne me suis pas élevé au rang d'Intendant Royal à la Justice pour un coup du sort. Croyez bien que je possède certaines aptitudes à œuvrer avec intelligence et discernement. Ne vous inquiétez nullement de cette aspect de l'affaire, cela est de mon domaine de prédilection, soyez-en convaincu.

Ma machine destructrice allait donc bientôt être lancée et les contours de son organisation s'en trouvaient affiné par les échanges qui se tenait dans le bureau de la gérante de l'orphelinat, un endroit au dessus de tout soupçon alors que l' affaire officielle rendait l'intrigue officieuse plus encore secrète et espérons le inatteignable pour quelques enquêteurs qui seraient d'ici quelques temps chargé d'inculper ou de disculper le seul survivant de la Maison Prademont.

Un regard inexpressif répond à Charles tandis que l'Ombre se demande pourquoi il a besoin de mettre ses aptitudes en avant. Mais retirons nous chers lecteurs, parce que tout ce qui suit reste dans la technicalité.

le parchemin? pris dans les réserves de la gérante de l'orphelinat parce qu'il s'est avéré qu'il était du même artisan que les autres. Et l'assassin posa énormément de question en dépliant, analysant et lisant les lettres, regardant la couleur de l'encre, l'angle de l'écriture. Déplacant les missives pour les mettre dans un ordre et puis dans L'autre. prenant des notes, recoupant une question déjà posée, d'un ton froid et sans âme.

Testant le matériel d'écriture de Solange, il finit par prendre une fiole vide dans sa sacoche de taille pour vider une partie du contenu de l'encrier dedans. Pour les plumes, il a tout ce qui lui faut.

Une fois tout le matériel en sa possession, dûement caché sous son plastron, dans un morceau de toile cirée, Dante prend congé. IL est convenu qu'il donne des nouvelles à Solange de ses avancées concernant les De Termer. Et qu'il redemande audience quand le tout sera prêt.

Ce qui arrive à la première journée de la 5e Ennéade de Verimios, avant son départ pour Thaar. Les deux hommes se font de nouveau face, selon la même procédure que précédemment. Après avoir fait les vérifications d'usage, l'Ombre déplie et montre 10 lettres au total, soigneusements placées sous les échantillons d'écritures correspondantes. Il y en a une à moitié brûlée, une très froissée. Certaines intactes. Une, adressée à celui qui a l'écriture la plus brouillonne, arbore la trace d'une coupe de vin posée sur son coin en même temps qu'une partie floue du complot mais qui prend tout son sens croustillant pour qui sait. Certaines ont des sceaux, d'autres non, certaines ont les reliefs d'un sceau brisé à la hâte. UNe correspondance cryptique avec des bouts de complot sous entendu parce que de telles lettres ne doivent pas tomber entre de mauvaises mains, des sous entendus admirablements amenés, en respectant le style de chacun des incriminés.

Les plus abîmées n'ont que des dates et des lieux de rendez vous secrets n'arborant aucun sceaux mais à l'écriture aisément reconnaissable.

Avec la patience d'un copiste, L'Ombre a créé une "histoire" pour chacune d'elles. D'ailleurs, il y en a une adressée à Charles, l'enjoignant très subtilement, avec des mots magnifiquements tournés, on croirait que c'est vraiment son frère qui lui a écrit cette lettre, de raisonner leur cousin avant que rien de facheux ne lui arrive.

L'ordre de mission que l'Ombre reprend, après lecture et approbation de Prademont, et range soigneusement dur lui, est simple. Tuer Gaubert et ses héritiers avant la fin de l'hiver, une généreuse prime étant offerte sur sa tête. SAns aucun sceau, l'écriture de la cible est aisément identifiable. Ainsi que son encre qui est légèrement différente des autres. Un peu plus graphite.

Un vrai travail de moine. UN casse tête créé avec des mots et du papiers.

pour la lettre à moitié brûlée, je vous suggère de la mettre a coté de parchemin qui va réellement brûler afin de rafraichir l'odeur et donner l'impression d'une missive rapidement jeté au feu dans la hâte. Je vous laisse lire et me dire si quelque chose cloche.

Si Charles avait porté un regard curieux et un soupçon dubitatif lorsque Lombre manipula étrangement les lettres, il en fut totalement autrement à la première journée de la 5e Ennéade de Verimios, jour de retrouvailles avec ce pion au multiple talent qui représentait un élément que de son jeu. Pourquoi ? La réponse en était simple et Charles en comprenait d'ailleurs l'attitude de l'individu durant leur première rencontre face aux papiers qu'il lui avait cédé.

La révélation, la stupéfaction coulait sous le sens. Prademont avait à faire vraisemblablement au plus talentueux copiste qu'il n'eut jamais rencontré de sa vie. L'homme qui puis est, était soucieux du moindre détail, qui a première vue pouvait être anodin mais qui pour un enquêteur pouvait révéler la nature même d'un document. Charles laissa Lombre lui présenter ses travaux alors que le silence envahissait le bureau de la Dame d'Escaut. Levant un bref instant ses émeraudes pour toiser son acolyte, il reposa son attention tour à tour sur chacun des faux document. Le réalisme était au rendez-vous et Lombre avait donc prit soin que chaque réalisation, chaque illusion possède sa propre histoire. Un chef d'oeuvre saisissant... cette oreille de vin, ce papier froissé, ce sceau apposé à la hate, cette lettre usée qui avait survécu à la présence de flammes.

Il n'y avait pas de mot pour qualifier ce travail titanesque digne d'un artisan amoureux de sa matière première. L'homme énonçait ensuite un dernier conseil pour rendre plus vivant encore ces faux documents qui seraient prochainement utiliser pour incriminer des innocents. Il n'oubliait rien et cela forçait le respect tant et si bien que l'officier royale ne put masquer un air satisfait et époustouflé. Hochant de la tête d'un air entendu, il rassembla alors les fausses pièces à convictions et les compara une ultime fois avec les lettres originales dont l'artiste avait à la perfection su en tirer leur essence.

- C'est un véritable travail d'orfèvre. On croirait des vraiment. Vous avez poussé le réalisme aux limites de l'insolence. Chacun de ces faux semblent vivre et avoir réellement exister sur les bureaux, les chevets et tables des membres de ma famille.

Il fixa alors l'homme non sans soigneusement ranger ces atouts qui allaient faire tomber les siens, dans un coffre qu'il verrouilla avant de glisser la clef dans le revers de son veston vairons.

- Si vous êtes aussi talentueux pour le meurtre que pour la copie, je crois n'avoir aucune crainte quand au succès de votre mission. Je ne vois absolument rien qui cloche et vous êtes le professionnel dans ce domain. Aucun enquêteur ne se doutera de la supercherie. Vous avez su jouer sur tous les sens... du touché, au visuel, jusqu'à l'olfactif.

Il se releva, récupérant le coffret dans une main pour le ranger dans un second contenant plus massif et provisoire car même s'il avait confiance en Lombre il fallait sans cesse se méfier pour ne pas risquer d'être doublé pour x ou y raisons voir même pour subir un chantage à posteriori. S'en trouvant de profil, il rajouta sous le cliquetis du second verrou.

- Où en êtes vous dans l'affaire de Termers ? Il ne faut pas minimiser l'importance de cette réalisation dans les rouages de notre vaste machination.

Bien sûr, les De Termers. SAns changer de ton, l'Ombre répond.

Il y a des bonnes et des mauvaises nouvelles. La bonne c'est que je les ai trouvées le premier. La mauvaise c'est que je ne suis pas le seul à leur courir après. La bonne c'est qu'elles vont bien. lA mauvaise c'est que j'avais raison. Elles n'ont pas été kidnappées. Ellles se sont enfuies.

Et avec sa méthodologie froide, l'assassin relate alors ce qu'il sait, ce qu'il a appris un peu partout. Une atlercation et une bagarre dans la chambre des jeunes filles qui, selon elles se sont défendues. Le sire De Termer étant aprti avec l'arme du crime qui avait été laissée sur place, une dague avec des armoiries inconnues selon les rapports. La bassine cabossée ramassée par une servante. Une des jeunes filles s’etant servie et ayant perdue une dague familiale durant l’épisode. Un vase fracturé, une seule porte défoncée. le fait qu'aucune des toilettes des jeunes filles ne manquait, et qu'il ne manquait qu'un cheval dans l'écurie, mais qu'il y avait une selle de trop à sa visite. Les copies des rapports des autorités. le fait qu'elles ont été vues avec des bandits. Ensuite son intuition qu'elles étaient à Diantra, et qu'elles avaient été vues avec une grande femme qui sait se battre. Que selon ce qu'il savait, elle portait armure et épée et les avaient secourues des malfrats. . Sa recherche dans les orphelinats pour les avoir trouvées sur une jument sans selles, au moment même où elles allaient se faire agresser. L'explication de l'homme trouvé égorgé et plein de poudre jaune sur le nez en pleine rue par la milice. La fuite des autres et leur discussion dans la taverne. Pour conclure.

Elles ne veulent pas rentrer. Elles ont fuit leur père pour une raison qu'elles ne veulent pas me dire messire. Je ne les crois pas en sécurité si elles y retournent et je ne veux pas gagner ma prime en les obligeant à rentrer chez elles de force, si elles y sont en danger. Cela ruinerait l'image de sauveur altruiste que nous voulons me donner. Messire Arsinoé a dit de les ramener à son père, leur soeur m'a demandé de les mettre en sûreté. cependant j'ai de sérieux doutesau sujet de leur géniteur. Je ne connais qu'un acte qui pourrait faire agir deux enfants de la sorte... Et je ne veux pas de lettres de noblesse sur le dos d'abusées.

Il marque une pause. Laissant l'Intendant à la justice royale digérer les paroles.

Je vais les emmener avec moi à Thaar et les y installer le temps que cette affaire se règle. Idéalement, j'aimerais que ca soit sur ordre officiel, pour éviter que les gens ne pensent que c'est moi le kidnappeur. Après ma mission, je vais éclaircir ce fait. Ca ferait bien que cette mission totalement gratuite soit en votre nom, pour votre réputation. Sinon cela sera en mon nom propre. Je gratterai le fond de l'affaire, soyez en sûr. A moins que vos lois ne permettent ce genre de choses.

Généralement, lorsqu'on annonçait de bonnes et de mauvaises nouvelles, les mauvaises venaient gommer les bonnes et cette logique se confirma après les annonces de Lombre qui relatait l'avancement de l'Affaire "Termer". Fort heureusement les filles étaient toujours vivantes, mais ce qui compliquait les choses venait surprendre l'Officier Royal. Sous couvert de cette fuite des deux héritiers se dissimulaient une affaire d'inceste entre père et filles, qui puis est sans le consentement de ces dernières ce qui aggravait a fortiori
la situation et expliquait donc les raisons de leur disparition.

Pourtant ces problématiques non prévu au programme ne semblèrent pas déstabiliser l'Intendant à la Justice car après tout des rebondissements, il en vivait au quotidien dans l'exercice de ses fonctions. Il fallait donc s'adapter comme d'ailleurs le faisait son acolyte qui s'en trouvait être force de proposition. Pensif, ses sourcils froncés, de Prademont se mit alors à faire les cents pas dans le bureau de sa douce épouse. Son cerveau était en ébullition, il fallait prendre en considération ces nouveaux paramètres et rapidement les inclure à l’équation qui s'en trouvait plus complexe que prévu.

- Je ne pourrais également pas cautionner un tel scénario si cela se révèle être la vérité. Etre complice d'une affaire de viol et d'inceste, me coûterait très certainement ma place et mettrait aussi en péril mes intentions sur le Comté d'Odélian. Il faut avant tout protéger ces filles et j'exercerais mes pouvoirs en ce sens. La justice doit être impartiale et gardienne de ces valeurs, il ne pourrait être causer plus de tord à des innocentes. Mais gardons pour l'heure à l'esprit qu'il n'y aura de culpabilité sans preuve, la présemption d'innocence doit rester la règle d'or.

Il s'arrêta alors face à Lombre, le toisant de son regard émeraude, perçant et solennel à la fois.

- Nous diligenterons une enquête à ce sujet en temps et en heure et votre statu, rôle y sera inscrit afin que vous ne portiez sur vos épaules, aucune charge d'accusation et de conflit d'intérêt. Cela pourrait même donner plus de crédit à notre relation officielle.

Lissant les poils de sa barbe à hauteur de menton, il rajouta.

- Faite ce qu'il faut faire, vous avez carte blanche. Nous éclaircirons ensuite ensemble ces accusations. ma réputation n'est plus à faire mais j'en convient, cela pourrait bien me donner plus de crédit dans la sphère politique de la capitale. Mais je vous en fait le serment, vous serez associé à ce succès à la hauteur de votre contribution. Certaines affaires requiert des partenaires "extérieur", il n'y a donc aucune Loi interdisant d'user de tous les moyens possibles pour que vérité soit faite et donc prononcé un jugement juste et équitable.

Charles semblait enclin au partage car après tout, renforcer une alliance avec un tel individu pouvait lui permettre sur un plus long terme à envisager de renforcer son influence sur l'échiquier Péninsulaire. Pourquoi se priver d'un tel atout après tout ? Là où beaucoup ne calculait qu'à court et moyen terme, Charles était de ceux qui cherchait perpétuellement à voir par delà l'horizon et anticiper certaines opportunités lui permettant d’asseoir sa position et celle de sa famille.

L'Ombre écoute attentivement le patron. Sans marquer quelque émotion que ce soit. Soit, il a carte blanche.

En temps normal, je demanderais un ordre de mission. Cependant, cela vous mettrait cependant en mauvaise posture au cas hypothétique où quelqu'un trouverait les deux missives sur ma personne. Et cela me placerais en position de conflit d'intérêt apparent, ce que nous voulons éviter. Je prend donc votre parole à la lettre sur ce point. Je vous conseille juste d'écrire cet ordre de mission, de bien le dater et de le garder dans vos archives. Si on m'arrête à ce sujet, vous en aurez sûrement vent.

Pour revenir sur l'autre sujet, c'est pour Dame Blandine que ca sera le plus complexe et pour être efficace dans le temps imparti, j'ai besoin de votre concours, il me faut une indication claire sur la description de son attelage. Il faudrait la faire escorter par des soldats de votre frère, pour sa propre sécurité. Non des vétérans, mais non point trop des bleus non plus. Pas trop, ni trop peu. Je pensais trois ou quatre, à la livrée reconnaissable et il faut impérativement un archer. Je n'aurai pas de temps à perdre à attaquer chaque carrosse passant sur la route c'est risqué et très contre productif, il me faut un créneau relativement précis, parce que plus je serai sur la route à attendre, plus le risque sera grand. Si vous me dite le délai en jours entre la mort de la cible, son départ pour les funérailles et quel chemin elle compte emprunter, cela me suffira.

Et si Charles refuse de mettre la main à la pâte pour lui fournir l'opportunité et les chairs à canon, l'Ombre a une autre solution, pas mal moins confortable, certes, mais viable.

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