[Odélian] Vous avez un message (Charles)

fin de la 5e ennéade de l'an 18 du XIe cycle
En vue des remparts du château des Prademonts

Le bruit des sabots sur les pavés gelés se font entendre attirant l'attention des rares voyageurs hivernaux qui se rangent sur le bas côté pour laisser passer le coursier en livrée des Prademonts qui traverse le comté sans répit, sa monture avalant les kilomètres comme sur un coussin d'air. Allant à l'amble, la robe de feu et d'obsidienne du pur-Sang Fernelais attire les regards. Manifestement, le coursier est pressé, ne s'arrêtant que pour manger et dormir.  Le message qu'il apporte ne peut attendre vraisemblablement. Et le revoilà en selle.... Il n'a aps le temps d'admirer le panorama nordique ni de profiter du grand air. Manifestement, il est dans l'urgence.

Le messager rattrappe la caravane de  l'Intendant de la justice royale et de son épouse alors que ces derniers ont presque atteint le château familial. Ralentissant, il dépasse et se porte à la rencontre de l'officier de tête, lui tendant un petit carton. Par dessus le foulard cachant ses attraits, le messager arbore un visage abîmé, à l'oeil droit recouvert, laissant l'oeil gauche d'un vert vif visible, au milieu d'un visage défiguré.  Un vétéran borgne manifestement.

Un vétéran borgne et muet qui plus est. Qui tend le petit parchemin.

ordres de mission:

Techniquement, le messager est supposé être attendu.

Rallier la capitale Diantra au Comté d'Odélian au beau milieu de l'hiver était une expédition longue et éprouvante. Fort heureusement, l'intendant Royal et son épouse jouissaient des meilleurs conditions de voyage, un habitacle tout confort où Solange pouvait se reposer en toute quiétude sans que sa grossesse ne l'éprouve. Son époux, prévenant, lui portait compagnie mais semblait avoir grande hâte de gagner le château familial des Prademont pour voir de ses propres yeux la dépouille de son cousin qu'il avait indirectement assassiné.

La Dame d'Escault n'était fort heureusement pas au fait de ces machinations même si depuis leur rencontre avec une certaine Maralina, fiancée probable Gaubert, elle savait certainement que tous ces funestes événements n'étaient pas le fruit du hasard, mais elle se garda bien d'en émettre la moindre remarque.

Alors que la caravane touchait à son but, la destination finale à vue, Charles pu sentir le convoi lentement ralentir avant qu'ils n'atteignent les murailles du château. Posant une main apaisante sur le ventre de son épouse, Charles vit la porte du carrosse s'ouvrir sur l'officier principal composant son escorte, l'invitant à descendre pour se retrouver face à un message muet et borgne. L'individu était attendu car aucun membre de l'escorte ne semblait s'inquiéter de cette soudaine présence.

Le lieu de stationnement était fort heureusement assez esseulé pour n'éveiller le moindre soupçons chez la populace ni chez la garde locale. Se portant alors à la rencontre de l'individu abîmé par le temps, l'intendant a la justice attendait alors qu'il sorte une seconde missive.

l'Ombre était un personnage aussi précieux que dangereux et cette rencontre fortuite en était la preuve évidente. Alors que l'individu s'était incliné pour transmettre le pli à son destinataire, que ne fut pas la surprise de Charles de voir entre ses mains sa propre missive qu'il avait envoyé l'ennéade précédente. Relevant le menton du parchemin qui portait son propre sceau, il toisa l'étrange individu avec une fascination certaine. Cet homme avait la capacité de ce grimer, de se faire passer pour quelqu'un d'autre d'une façon assez cocasse. Charles n'avait en effet pas reconnu l'âme du damné mais son identité venait d'être confirmé et il esquissa un léger sourire satisfait et admiratif à son endroit avant d'un geste de la main, réclamer à l'homme de se redresser. Mais une interrogation subsistait... pourquoi la lettre originale était entre ces mains et pas dans ceux de l'intendant d'Odélian ? à l'abri des regard il le toisa d'un regard perplexe avant de considérer qu'il n'était pas le lieu pour échanger à ce sujet. Le plus urgent était de rendre la situation sans que cela n'éveille le moindre soupçon quitte à surjouer avec finesse pour rendre toute crédibilité à l'engagement de son assassin dans l'escorte qui suivait l'Intendant à la Justice Royale.

- Prenez votre position à l'arrière du convoi. Nous allons rentrer au château.

Aucun membre de l'escorte ne daigna s'interroger. Il arrivait que des sentinelles viennent et repartent, c'était leur lot quotidien lorsqu'on servait des nobles et de fait la présence d'un homme en livrée Prademont, se présentant devait leur employeur aux portes du château familial était presque anodin. Avant que Charles retourne dans l’habitacle du carrosse, il prononça à voix haute en direction de la nouvelle sentinelle.

- Vous vous occuperez de transporter nos effets dans nos appartements une fois que nous seront dans la cours du château. Faite bien attentions aux malles de mon épouse. S'il s'avère que vous soyez maladroit, vous goûterez à mon fouet. Je viendrais personnellement vérifier tout cela pendant que mon épouse se reposera dans un salon.

Ainsi, il pourrait, sans témoin, savoir de quoi il en retournait avec la présence de ce pli original. Cela n'avait jamais été prévu dans leur plan, mais peut être était ce de bonne guerre puisque Charles avait également opérer un semblable mode opératoire même si cela n'était pas comparable.

Que pouvait bien lui cacher son assassin ? Si Charles avait prit soin de ne pas divulguer la véritable identité du personnage qui venait intégrer sa garde rapprochée, il n'en demeurait pas moins perplexe et inquiet alors que sa propre lettre se retrouvait entre ses mains. Reprenant finalement place dans le carrosse où siégeait encore son épouse, le convoi redémarra et ne mit pas plus de quelques minutes à se retrouver face aux lourdes grilles du château qui donnait sur la cours intérieure. Chemin faisant, l'escorte vaqua à ses occupations, chaque homme sachant ce qu'il avait à faire tandis que les deux nobles disparaissaient bien vite dans les couloirs du château Prademont et fuirent ainsi les rudesses de l'hiver. Comme le voulait le protocole, la Dame d'Escault et l'Intendant à la Justice Royale furent accueilli à la hauteur de leur rang et invité à se restaurer après ce si long voyage. Bien entendu, il n'étaient pas les seules parents plus ou moins proches ou lointain déjà présent à la veille des funérailles de Gaubert et ses héritiers.

L'on comptait d'autres cousins, cousines, oncles et tantes et déjà dans quelques salons des groupes se formèrent pour évoquer naturellement la tragédie qui était survenue au sommet du pouvoir en Odélian. restait à savoir si en effet l'ambiance était à la fête au premier ou second degré. Gaubert avait ses détracteurs comme il comptait sur nombre de sympathisants, il était de faire difficile de se faire une opinion quant à l'ambiance qui transpiraient d'entre les murs du château Comtal. Laissant Solange aux soins d'un groupe de demoiselles qui semblaient fortement s'intéressées par à la rondeur de son ventre, Charles en profita pour s'éclipser, prenant poliment congé pour rapidement gagner l'étage de l'imposante bâtisse.

Accédant alors à ses appartements, luxueux, il y découvrit l'homme sous couverture qui se tenait là bien droit et plus que jamais dans la peau de son nouveau personnage. Jetant un discret coup d'oeil dans le couloir, ne savait-on jamais si quelques courtisans au trône d'Odélian ne rôdaient pas dans le coin, il finit pas refermer silencieusement la porte des appartements avant de la verrouiller et ainsi s'assurer de ne pas être dérangé par une venue impromptue. D'un geste de la main, il intima l'ordre à Dante de le suivre à l'opposé de la pièce là où les murs de pouvaient avoir d'oreilles indiscrètes avant de plonger une main dans le revers de sa tunique et y faire réapparaître la lettre d'ordonnance d'enquête écrite de ses propres mains.

- Pouvez-vous m'expliquer cela ? Je suis sûre que vous allez m'expliquer d'ailleurs... Mes hommes sont en route et peut être même à destination à l'heure où nous parlons. L'intendant d'Isgaard se devait d'être tenu au courant de la venue d'agents sous mandat royale. c'est fâcheux, très fâcheux. Cela peut compromettre ma crédibilité de mes fonctions à Diantra.

Gardant le silence lorsque son assassin lui en intima l'ordre, Charles contenait son mécontentement soucieux de préserver le voile entourant cette vaste intrigue. S'il attendait des réponses, l'officier royal en fût promptement servi. Face aux révélations de Dante, Charles en restait quelque peu perplexe et si l'homme gageait que lui rapporter la missive officielle lui ferait gagner en crédit sur sa couverture, il restait toutefois une problématique à régler au plus vite.

- Je n'ai plus le temps de vérifier vos dires. Nous n'avons plus le temps de rectifier le tir. L'enterrement de mon cousin est proche a présent.

Lissant sa barbe, pensif, à hauteur de menton, le beau blond fixa le plafond avant de recroiser le regard de son acolyte.

- Je vais être contraint de renvoyer l'un de mes hommes à Isgaard avec mon pli. A moins qu'à lui aussi il lui arrive malheur. Mais peut-être que vous avez dans votre entourage un coursier plus sûr et rapide.

Il laissa le temps à Dante de réagir avant de passer à un tout autre sujet.

- Je ne peux pas m'absenter trop longtemps des salons du château. Mon épouse va s'inquiéter et mes semblables pourraient nourrir quelques soupçons. Tenez votre rôle et le moment venu, vous aurez vos marges de manoeuvredans le caveau familiale. Avez vous d'autres informations à me faire part? Je n'aimerais pas qu'un événement fâcheux mette nos desseins en péril. Ici, je compte autant d'alliers que d'ennemi.

L'homme qui avait le plus à perdre dans ce complot était Charles, de fait l'on pouvait lui bien l'excuser d'être quelque peu à cran lorsqu'un imprévu venait gripper un mécanisme jusque là bien huilé. Après les mots de son bras armé, Charles serra le parchemin dans son poing, posant ses mains sur ces hanches, soufflant pour reprendre une inspiration profonde et salvatrice.

- Oubliez mes paroles. Nous sommes si prêt du dénouement que j'en oubli quelques règles de bon sens. Il n'est pas question que vous preniez congé, je renverrais dans l'heure deux cavaliers pour le Sud du Comté.

Il le fixa dans le blanc des yeux avant d'engager quelques pas vers la fenêtre pour revenir se figer devant l'assassin.

- Votre participation est à la hauteur de votre réputation et je me suis engagé à vous offrir en retour une juste récompense. Nous sommes proche du but et il serait peut-être temps que nous discution des détails de vos requêtes. Avez-vous pensé à vos armoiries et au nom qui vous suivra dans votre noble vie qui suivra ?

Dante ne se formalisa pas devant les excuses bredouillées par le noble, acceptant ces dernières d'un geste de la main puis par quelques quelques mots apaisants. Chemin faisant et alors que l'Intendant Royal avait rejeté la proposition de l'assassin pour rapporter la missive royale dans le Sud du Comté, les deux complotistes avaient à parachever quelques détails des termes du contrat établi après la bonne exécution du cousin et de ses héritiers direct.

Charles se fichait bien que l'homme choisisse un nom et des armoiries ridicules car après tout ce serait sa vie et pas la sienne. Ainsi après un temps de réflexion l'Ombre exposa son futur nom "Arun Claude de Corvac" et désirait voir apparaître sur son blason un dragon noir en forme d'infini, aux ailes mi-déployées sur champ de pourpre. Quant à la devise choisit "Vaincre ou mourir", cela faisait en effet référence à quelques maisons plutôt assimilés à un penchant guerrier, mais une devise était une devise et l'on devait souvent ne pas prendre les mots au premier degré.

- Tout cela me parait convenable.

Son attention toujours fiché sur le croquis que lui avait tendu Dante, Charles assemblait mentalement chaque élément avant de donner une fois n'est pas coutume son avis sur ce qui allait avoir d'importantes conséquences au quotidien pour le futur Ser Corvac.

- Les éléments concordent entre eux. Votre devise justifie la présence d'une telle créature sur votre blason. Toutefois et si j'apprécie particulièrement l'alliance entre le Pourpre et le l'Osbidienne, une discrète touche de couleur vive donnerait moins de "Ténébreux" à vos armoiries... une bande... un liseret... un symbole. Il faut que votre Maison soit crainte mais aussi respecté. Mais ce n'est qu'un conseil, je ne suis peut être pas le plus averti à ce sujet et ma Maison n'est pas doté d'avatangeuses armoiries, un cygne.

Il étira ces lèvres avant d'achever.

- Et pourtant, le cygne est craint et respecter, enfin... même s'il à fallut malheureusement remplacé le mâle alpha du groupe.

Charles avait évidemment plus ou moins comprit la somme des sous entendus de tous ces indices et il était convaincu que Dante ferait un Seigneur, certes sans terre, qui pourrait s'élever socialement à mesure du temps, après biensure avoir apprit à savoir se comporter dans les sphères de la Haute car les salons étaient des champs de batailles tout à fait différents mais tout aussi cruels. Il rangea les esquisses dans le revers droit de sa tunique puis rangea le parchemin au sceau royal dans le revers gauche. Il posa pour la première fois une main sur l'épaule de son bras armé, faisant quelques pas en direction de la porte d'entrée.

- De retour à Diantra, je mettrais mes meilleurs collaborateurs sur vos requêtes. Ainsi le jour où le dénouement de notre affaire sera venu, tout sera prêt pour votre anoblissement avec le soutien de mes influents amis, des lettres à vos armoiries.