Ne pas y laisser des Plumes [Pv Arthus]

Installé au milieu d’un des jardins de mon palais secondaire, à Thaar, j’observais la cage ronde qu’on avait déposée devant moi. Jusqu’ici recouverte par un drap blanc, un homme venait de le retirer et se dandinait en attendant ma réaction. J’étais aussi ennuyé qu’il semblait mal à l’aise. Ma joue appuyée contre mon poing, je ne cachais pas ma déception devant le spectacle qu’offraient les oiseaux dont on m’avait vanté les mérites. J’avais l’intention de créer une volière mais pas avec ces choses.

-Pourquoi elles sont aussi ternes ?

-Heu..hé bien..

-Et Elles devraient chanter.

L’homme n’était pas celui qui m’avait vendu les oiseaux, il n’était qu’un simple émissaire que j’avais payé pour cette mission oh combien honorifique – je n’allais pas me déplacer moi-même dans les rues de thaar tout de même- et visiblement il n’avait aucune idée de comment répondre à ma question pourtant si simple.

-J’ai demandé à ce que tu me rapporte les Mériales les plus gracieuses que tu trouves et tu m’apporte des volatiles plus proche d’une poule. Comment croit-tu que je devrais réagir exactement ?

Mon ton las n’avait pas changé tandis que mon regard se rivait au siens. Bon ils n’étaient pas si laids les oiseaux qu’il m’avait apportés mais ils n’avaient pas l’air en forme et je refusais absolument de posséder ornement en si mauvais état. Et puis j’étais prince et il était temps que l’homme transpirant en face de moi s’en souvienne. J’étais d’une incommensurable bonté mais il ne fallait pas pousser.

Il baragouina tout un tas d’excuses que je n’écoutais pas, occupé que j’étais à trouver un moyen de me venger de cette insulte. Ayant probablement lu dans mes pensées, j’entendis Nethkir se pencher à mon oreille.

-Vous ne devriez pas chercher à le punir mon Prince. Si cela s’apprend cela nuirait à votre réputation.

Et il avait raison mon drow de conseiller. Il ne fallait pas que je ternisse mon image. J’étais trop parfait pour cela. Alors avec lenteur, je me redressais sur mon siège.

-Tu va réparer ton erreur dans ce cas. Trouve quelqu’un de compétent. Son prix sera le mien. Nethkir tu l’accompagnera.

Et je me levais pour rentrer au sein de ma demeure sans lui laisser la possibilité de protester. Il faisait encore frais à Thaar et cela m’incommodait tout autant que de voir que mes désirs n’étaient pas tout à fait satisfaits.

--

C’est ainsi qu’un Doeben à l’expression figée et un humain qui avait l’air au bout du rouleau se mirent à arpenter les rues de Thaar, demandant un peu au hasard à qui voulais bien les entendre où trouver un véritable connaisseur en bêtes.

Bien évidemment ils tombaient sur beaucoup de charlatans mais il n’était pas bien difficile de s’en rendre compte lorsqu’on avait l’habitude.

-Je ne suis pas certain que tu t’y prennes bien. Finit par dire le doeben en remontant les étranges lunettes qu’ils portait sans cesse. Pourquoi tu ne retournes pas voir le marchand qui t’a vendu tes oiseaux ?

-Il est parti depuis belle lurette. Vous ne voulez pas m’aider au lieu de rester dans mon dos à rien faire ?

Le regard glacial qu’obtint l’humain se passait de mot et pourtant :

-Mon prince m’a demandé de t’accompagner, pas de t’aider. Et il se tut à nouveau laissant l’autre continuer d'interpeller les gens au hasard.

L'humain et le drow en question:

Nous venions de quitter l’auberge où nous avions réservé une chambre pour quelques jours pour moi, et mes amis, quelques heures seulement après avoir mis pied à terre. Du coin de l’œil, je surveillai Alca qui avait encore quelque peu la langue pendante après ce long voyage. Mais je venais de bien l’hydrater tout comme je l’avais fait durant la traversée.

Elle avait surtout besoin de se dégourdir les pattes, enfin un peu comme moi et Lorgan après nous être retrouvés confinés sur ce navire pendant tout ce temps. Et tous, nous ne boudions pas notre plaisir de découvrir ou plutôt redécouvrir cette cité aux milles couleurs et parfums, avec son climat bien plus chaud que celui de Langehack.

Pour ma part, aucun voyage ne m’indisposait, mais il en allait un peu autrement pour Lorgan qui détestait les voyages en mer, même c’était la seule option pour nous rendre jusqu’en Ithri’Vaan, ou nous devions faire escale avant de poursuivre notre voyage plus au sud.

Enfin avant d’étudier cette prochaine étape, nous avions un peu de temps devant nous pour nous balader un peu et profiter du climat estreventin, Déjà des odeurs épicées, promesses de milles plats savoureux à déguster venaient nous chatouiller les narines, même si dès que je suggérai l’idée de trouver une taverne pour nous restaurer, Lorgan rétorqua qu’il n’avait pas faim.

- Forcément ! Ton estomac a besoin d’encore un peu de temps avant de s’adapter à l’absence de roulis.
- Si tu pouvais juste éviter de parler de ça, ça serait gentil merci !
- La sensation devrait rapidement passer, mais peut-être qu’en buvant un peu de tisane de menthe. Ils en ont d’excellente ici, poivrée et très parfumée. Et les vertus de la menthe sont…
- NON merci !

Et il grogna pour signifier qu’il était inutile d’insister. Je soupirai, en reprenant mon discours sur les différentes épices que nous trouverions ici, faisant l’inventaire à voix haute de ce que je pourrai acheter pour compléter mes stocks. Même si ce n’était pas pour ça que nous étions venus, mais puisque nous étions là, autant faire d’une pierre deux coups.

Après tout, ce n’était pas tous les jours que nous traversions les océans pour atteindre la partie sud de ce vaste monde. Donc… j’en étais à faire la liste de tout ce que nous pourrions acheter avant de rentrer au pays. Avant d’en venir à la conclusion, sans que Lorgan n’ait échangé un seul mot, que ce serait peut-être mieux d’attendre de le faire au retour de cette seconde étape, afin que les herbes achetées, restent au meilleur de leur qualité. Ce qui me fit penser que je pourrai aussi acheter quelques infusions et…..

- Pourquoi pas un peu de tabac ? Ils ont des essences plutôt rares et très exotiques !

Je souris à cette seule pensée, tandis que mon regard se figeait sur un homme qui semblait inquiet et qui cherchait à retenir l’attention des passants. Je tendis mon oreille et le seul mot que je perçus de ma position, me poussa à me rapprocher, l’air de rien, tout en regardant autour de moi, jusqu’à entendre l’entièreté de son discours. Il parlait d’oiseaux malades et cherchait un spécialiste.

Lorgan avisa seulement que je m’étais éloigné, avec la louve sur mes talons pour se rapprocher à son tour, observant les deux types d’un regard plus que méfiant.

- Des oiseaux malades vous dites ? Interrompis-je l’homme dans son appel à l’aide. Je ne puis vous promettre de les guérir, mais je peux cependant les examiner et vous apporter mon conseil dis-je en Oliyan.

Lorgan me tira par la manche de ma veste :

- Mais qu’est-ce que tu fais ? dit-il en péninsulaire pour sa part.
- Comme tu le vois, je propose mon aide à cet homme, il a l’air très inquiet pour ces pauvres créatures.
- Mais tu ne le connais même pas.
- En effet, mais quelle importance ? Et puis regarde-les, ils sont bien mis, je dirai même richement vêtus et leur inquiétude enfin pour celui-ci en tout cas, n’est pas feinte. En effet l’autre n’avait pas l’air véritablement inquiet, plutôt embarrassé par cette situation.

J’ajoutais encore pour Lorgan, toujours en péninsulaire :

- Donc si tu t’inquiètes que nous soyons tombés sur des personnes mal intentionnées, genre je ne sais pas des bandits ou autre, je peux te dire que ce n’est pas le cas de ces deux personnes ici présentes.

Je me tournai vers les deux personnages en les saluant d’une brève inclination de la tête.

- Messire, ne cherchez plus votre spécialiste, vous venez de le trouver. Alors où se trouvent donc ces chers oiseaux  que je puisse les examiner ?

De toute évidence pas avec eux, sans doute quelque part plus loin d’ici, pour justifier d’envoyer deux personnes à la place du propriétaire des volatiles qui lui aurait emmené la cage et les oiseaux en question avec lui pour les faire examiner sur place. Détail prouvant hormis la tenue de ces deux-là, que celui qui avait besoin des services d’un spécialiste et non pas d’un simple soigneur, était d’un statut plus élevé que le simple habitant du quartier.  De plus l’un des deux n’avait pas hésité à haranguer la foule pour obtenir satisfaction, signifiant combien la cause était urgente, dans le cas contraire, jamais ces deux personnages ne se seraient trouvés ici. Et celui des deux à la peau sombre, semblait du reste très contrarié de devoir se livrer à cet exercice.

Je souris en le voyant baisser les yeux sur la louve blanche, avant de jauger mon compagnon.

- Ils voyagent avec moi. J’espère que cela ne pose pas problème ?

Oui enfin même si au final, je savais que Lorgan préférerait attendre dans un endroit à l’extérieur plutôt que d’entrer dans une maison dont il ne connaissait rien. C’est qu’il était extrêmement méfiant ! Et puis Alca était rarement la bienvenue où que nous allions. Mais elle savait parfaitement attendre dehors, en compagnie de Lorgan.

Lorgan et Alca:

L’humain eut l’air surpris par la proposition de son interlocuteur soudain, comme s’il n’arrivait pas à croire que sa technique hasardeuse avait finalement porté ses fruits. Comme il ne répondit pas pendant de longues seconde, le doeben réprima un grognement agacé et reprenant un visage des plus neutres entreprit de remplacer son camarade.

-Si vos services se trouvent à la hauteur de votre promesse, nul doute que vous bénéficierez sans attendre de la bonté de mon maitre. Il se pencha légèrement, une main sur le cœur. Le doeben semblait d’une solennité à toute épreuve. Cependant je crains que votre…animal ne puisse nous accompagner au sein de sa demeure. La vie de mon Prince est trop précieuse pour être mise en danger par une bête sauvage.

Il remonta à nouveau les lunettes sur son nez, comme pour ponctuer sa remarque avant de faire signe aux deux étranges énergumènes.

-Si vous voulez bien me suivre.

Et il fit demi-tour, son camarade reprenant vie pour se mettre sur ses talons. Il ne semblait pas aussi convaincu que sur les dires des deux étrangers et surpris du manque apparent de précaution du doeben, mais se gardait bien de faire la moindre remarque. Il n’était qu’un émissaire après tout et il ne comptait pas agacer un peu plus l’entourage de celui qui le payait si grassement. De temps en temps cependant il ne pouvait s’empêcher quelques coup d’œil d’une discrétion approximative.

La singulière petite troupe marcha donc pendant de longues minutes, gagnant petit à petit des quartiers de mieux en mieux fréquentés jusqu’à atteindre les Soieries. Là, ils mirent encore quelques minutes avant d’atteindre leur destination : un des nombreux palais de la cité. Il avait visiblement été récemment rénové si on observait bien certains couloirs ainsi que le hall, mais là non plus ils ne s’arrêtèrent presque pas, juste le temps que les gardes reconnaissent le drow.

Finalement il les mena jusqu’à une grande cour intérieure aménagée en jardin relativement luxuriant, devant une cage où se trouvait quatre oiseaux d’un bleu qui s’il aurait dû être éclatant était terne.

Nethkir marmonna ensuite quelque chose d’incompréhensible et laissa tout le petit monde-là devant les pauvres animaux. Dire que l’humain était alors peu à l’aise était un euphémisme.

En sachant que de pauvres créatures avaient besoin d’aide, je m’étais aussitôt proposé, sans songer au danger que cela pourrait représenter pour moi. Ce que Lorgan essaya de me faire comprendre. Pourtant j’estimai que je ne courrai aucun danger. Il n’y avait qu’à observer un peu ces deux hommes, à voir l’inquiétude dans leurs regards, enfin là j’interprétai sans doute un peu.

Mais qui franchement aurait lancé un tel appel s’il n’était pas sincère ? Combien même je préférais m’assurer que quelqu’un allait prendre en charge ces oiseaux plutôt que de m’inquiéter pour ma sécurité. Leur santé passait toujours avant ma propre personne. Aussi fus-je un peu surpris de la réponse du doeben qui me parla des bénéfices que je pourrai tirer de mes services.

Mon regard croisa alors le regard inquisiteur de Lorgan et même s’il était bien moins bavard que moi, je sus aussitôt ce qu’il pensait, simplement parce que c’était un sujet de conversation habituel entre nous. En effet, Lorgan devait souvent me rappeler que je ne pouvais pas travailler gratuitement et qu’il fallait faire payer mes services. Un détail que j’aurai omis une fois de plus si ce doeben ne me l’avait pas rappelé. J’esquivai donc très vite les reproches lisibles dans le regard de mon ami pour me concentrer sur les deux inconnus.

- Parfait, dis-je en me penchant à la manière du doeben imitant sa gestuelle et paré à le suivre.

Sauf que la présence d’Alca posait effectivement problème, comme c’était souvent le cas. Et ses arguments me firent aussitôt réagir, non sans garder le sourire et un ton très poli.

- Oh mais je vous assure qu’Alca n’est un danger pour personne, enfin à condition qu’on n’essaie pas de me faire de mal. Voyez-vous elle est un peu comme mon garde du corps personnel, un peu comme… vous peut-être  pour votre prince ?  dis-je en dévisageant les deux hommes tour à tour. Et aussi un peu comme mon ami Lorgan. Alors comme je vous l’ai dit, nous voyageons ensemble et….

Lorgan me coupa promptement dans mon élan, sans quoi nous en aurions eu pour un peu plus long à argumenter sur l’idée que les humains, drows et toute autre créature bipède savaient parfois bien moins se tenir que ma chère amie la louve.

- Je vais attendre ici avec Alca.
Je le dévisageai surpris.
- Ah ?

Puis regardai les inconnus tour à tour, emprunté désormais. Surtout que d’ordinaire, Lorgan tenait toujours à m’accompagner autant qu’Alca, parce que hé bien, ils savaient parfaitement que seul, j’avais tendance à m’attirer des ennuis et qu’en plus j’étais incapable de me défendre, physiquement j’entends, bien sûr.

J’avais quand même d’autres arguments. Enfin le moment était mal venu pour en discuter, de toute évidence ! Tout comme il était évident que Lorgan préférait me laisser sans sa protection, du moment que ce fameux prince payerait mes services. Si je ne le connaissais pas aussi bien, j’aurais pu croire qu’il était cupide. Mais non, il était juste beaucoup plus pragmatique que moi.

Nous avions besoin d’argent, et nous le savions tous les deux. Je me tournai donc vers le doeben qui m’invita à le suivre, lui et son compagnon.

- Dans ce cas, dis-je en lui emboîtant le pas, non sans me tourner à  une ou deux reprises vers Lorgan.
- On se retrouve à l’auberge ! Et fais bien attention à Piktou d’accord ? Je n’en aurai sans doute pas pour très longtemps.

Oui bon de ça, je n’en avais aucune garantie.

C’est ainsi que je traversai la grande et magnifique cité de Thar, guidé par ces deux personnages guère bavards qui restèrent insensibles à mes commentaires sur la beauté de tel ou tel bâtiment, jusqu’à parvenir à un fameux palais. Ah oui, on avait bien parlé d’un prince.

Et l’instant d’après, ne manquant pas de saluer poliment les gardes qui me jaugèrent à mon passage, je fus introduit auprès des pauvres créatures en questions, installées au beau milieu d’un grand jardin, dans leur jolie cage dorée. J’en oubliai aussitôt le faste de l’endroit, pour m’approcher de la cage.

- Hmmm remarquable, commentais-je, mon attention toute entière tournée vers les volatiles.

Ces pauvres mériales d’ordinaire plutôt vifs, ne firent qu’à peine mine de s’agiter en me voyant m’approcher. J’observai alors, leur comportement, après avoir jeté un coup d’œil au contenu de leurs mangeoires, à l’eau qu’on leur avait servie, aux restes de fruits à peine entamés qui traînaient sur le fond sableux de la cage, les perchoirs sur lesquels les volatiles se tenaient presque complètement immobiles, les plumes gonflées, et la tête rentrée entre leurs ailes, m’accordant tout de même un regard ou deux.

-Vous trouvez ? Pas moi.

J’affichais une moue contrarié en jetant un regard vers l’étranger ramené par mes deux serviteurs. Ils n’avaient rien de remarquables ces oiseaux. J’espérais sincèrement que l’homme qui ne payait vraiment pas de mine soit capable de miracle. Je n’aimais pas les achats malheureux.

Resté jusqu’à présent dans l’espace qui faisait office de frontière entre le jardin et l’intérieur du palais, je m’approchais tout de même de l’objet de tout ce chaos, non sans veiller à ne poser les pieds que sur les pavés qui serpentaient le tout. Je ne comptais pas me tremper les pieds. Bien que tout cela me mettais de forme méchante humeur, j’avais fait l’immense effort de me rendre présentable et de faire bonne figure. J'étais était vêtu d’un fort luxueux accoutrement qui détonnais d’autant plus avec les vêtements de mon interlocuteur.

-Comme vous l’on probablement dit mes serviteurs, votre prix sera le mien si vous arrivez à trouver le moyen de rendre ces bêtes plus…présentable qu’elles ne le sont. Fit-je aimablement, ne prêtant pas attention au fait que je ne m’étais toujours pas présenté. J'avais du mal à imaginer que l'homme ne sache pas qui j’étais après tout.

Quoi qu'il en soit, l’argent faisait faire des miracles et il se trouvait que mes affaires avaient suffisamment marchées pour que je me permette ce genre de folie. L’hiver avait certes été rude mais j’avais suffisamment de réserve pour m’en remettre une fois un temps plus clément de retour.

Je me tournai vers le nouvel arrivant que je jaugeai d’un regard vif et curieux, étudiant chaque menu détail de l’individu. J’avais affaire là, de toute évidence au « propriétaire » des mériales. Et ce dernier semblait fort contrarié. Oui forcément, les mériales si colorés d’ordinaire, présentaient une apparence absolument terne, mais ce n’était là que le reflet d’un problème que celui qui avait vendu les oiseaux et son acheteur semblaient ignorer complètement.

Je me décidai après mon examen de cette personne à expliquer le pourquoi de ma remarque :

- Oh, je ne parlai pas de leurs apparences, mais du problème les concernant, un problème que celui qui vous a vendu ces oiseaux semblait de toute évidence ignorer. Ou alors s’il vous les a vendus sciemment, en ignorant les conséquences de son geste, cet homme, ce vendeur mériterait qu’on l’enferme dans une cage à la place de ces pauvres mériales ! Quoique s’il s’agit d’ignorance, il devrait être puni tout autant et interdit de vendre ses….ces pauvres créatures, concluais-je finalement, en faisant un geste vers les oiseaux.

Et là notre mystérieux riche individu, toujours fort contrarié de l’état de ses mériales, me proposa de me rétribuer si j’arrivais à rendre ces petits volatiles plus présentables. J’haussai un sourcil, pli de la lèvre légèrement ironique.

- Présentables ? Hmm, je vois. Si ce n’est qu’une question d’apparence, dans ce cas, je puis vous conseiller une solution peu onéreuse, un pot de peinture, quelques coups de pinceaux et ils retrouveront tout leur éclat. Certes, ils auront du mal, beaucoup de mal à se remettre du traitement, mais au moins les apparences seront-elles sauves.

Je m’interrompis, réalisant que j’avais encore laissé mon franc-parler agir et sans aucun filtre. Et que notre seigneur ici présent, pouvait ne pas apprécier mon cynisme. Je fis une grimace ressemblant vaguement à un sourire désolé d’avoir parlé aussi vite, un peu désolé oui, pas complètement parce que je comprenais bien que le sire était bien plus intéressé par les apparences que par le bien être de ces oiseaux.

- Mais… le problème est bien plus sérieux que les apparences, même si elles trahissent le mal qui les touche. Et je ne suis pas sûr de pouvoir les remettre d’aplomb, par contre je connais la solution à leur problème.

Moui, bon ….tout cela était peut-être un peu trop énigmatique.

- Le reste, dépendra de votre bon vouloir, concluais-je toujours aussi peu clair.

Mais je voulais connaître un peu plus mon interlocuteur et surtout j’espérai déceler une petite trace d’empathie pour ces oiseaux. Parce que si ce lascar ne s’intéressait qu’aux apparences, comme tant d’autres avant lui, je n’étais guère pressé de l’aider.