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Sujet: Plus on est de fous, plus on rit | Harald Sam 31 Oct 2020 - 17:08
Premier jour de Favrius (printemps), XVIIIe année du XIe cycle
Voilà quelques ennéades que la rumeur fut confirmée : la baronnie d’Oesgard a réussi à se lier d’amitié avec le royaume nain du Zagazorn et ces derniers y ont établi un comptoir commercial. Une preuve supplémentaire s’il en est une que la perte d’Isgaard a sérieusement compromis les intérêts rivegeois dans les terres nordiques. Il faut donc y remédier et vite ! C’est entre deux réunions dans la capitale de la baronnie que tu pris le temps de rédiger une lettre à destination de Lante que tu remis ensuite à un huissier qui s’occupera de la logistique pour lui permettre d’arriver en bonne et dû forme.
Harald Barbe-Sanglante
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Sujet: Re: Plus on est de fous, plus on rit | Harald Dim 8 Nov 2020 - 17:33
5ème jour de la 3ème ennéade de Favrius, premier mois du Printemps. XVIIIème année du XIème cycle. Kirgan, capitale du royaume Nain.
Une énième missive était sur le bureau de Harald, souverain du Zagazorn. Il en recevait de plus en plus en ce moment, et passait plus de temps derrière son bureau que sur son trône, quand bien même son trône n’avait parfois pas le temps de refroidir par moments, tant il était aussi occupé à rendre la justice, ou à trancher dans la politique de la cité, et du pays.
Saisissant la missive, il la décacheta après avoir prit le temps d’analyser le sceau. Il ne connaissait pas ce sceau, ni la couleur de la cire qui avait été utilisée. Vraisemblablement, elle ne venait pas du Zagazorn. Elle avait parcouru un long chemin avant d’enfin arriver sur le bureau du soixante-huitième souverain du Zagazorn. Le contenu de la missive le surpris assurément, bien qu’il espérât voir un jour une telle missive arriver jusqu’à son bureau. L’ouverture économique était en marche.
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Gaël de Laval
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Sujet: Re: Plus on est de fous, plus on rit | Harald Lun 9 Nov 2020 - 8:01
6ème jour de la 6ème ennéade de Favrius, premier mois du Printemps. XVIIIème année du XIème cycle. Chiard, seigneurie de Chiard.
La réponse du Roi des Nains t’enchanta grandement. Voilà un accord commercial unique en son genre qui pourrait bien valoir de l’or ! C’est que les habitants du Zagazorn sont connus pour être des artisans de talent et les mythes et légendes parlent d’une terre riche et prospère violemment impactée par le Voile. C’est d’ailleurs depuis cet événement qui restera comme une fin du monde connu que le pays nordique a fermé ses frontières au reste du monde. Sa réouverture est une bonne chose mais nul doute qu’il faille agir vite pour prendre une longueur d’avance sur les autres puissances commerciales du monde.
Tu rassemblas donc tes vassaux et les principales corporations marchandes de Missède pour leur présenter la situation et les faire promettre de ne pas ébruiter la situation. Peut-être que l’information ne s’est encore répandue en Langehack et Soltariel. Vous vous questionnez sur la marche à suivre et étonnamment, tous furent force de proposition malgré la certaine défiance qui existait entre les deux castes. Il semblerait que l’incommensurable richesse naine qui découle des contes et légendes ait arrondi les angles entre eux.
Vous tombez d’accord sur l’intérêt certain de veiller au bon déroulé des échanges épistolaires et du bien fondé d’une relation commerciale accrue avec ce nouvel arrivant sur la scène commerciale de l’Olienne. Les deux meilleurs ambassadeurs sont choisis pour la réussite de cette mission. Il s’agit de deux aristocrates issus de deux vieilles familles missédoises de renom. Un poil âgés mais pétris d’expérience, tous croient qu’ils seront à la hauteur de la tâche qui leur incombe. Il s’agit peut-être même du point d’orgue de leur carrière.
Les deux hommes prirent donc la mer cinq jours après la réception de la missive pour mettre le cap sur Oesgard. Là-bas, ils rencontreront les marchands nains et pourront négocier avec eux les premiers balbutiements d’une relation cordiale avec l’objectif de poser les bases nécessaires à la création d’une amitié durable. Les trois navires militaires qui les amenèrent jusqu’à la capitale sgardienne étaient parés de couleurs chatoyantes et transportaient moult échantillons de produits langecins et estréventins dans leurs cales. Quelques troubadours étaient également présents. Tout ce que tu connaissais des Nains venait d’ouvrages un peu passés et peu objectifs mais une chose revenait souvent : ils aiment boire et festoyer. Si cela était vrai, autant festoyer en compagnie et être capable de les divertir.
3ème jour de la 8ème ennéade de Favrius, premier mois du Printemps. XVIIIème année du XIème cycle. Oesgard, baronnie d'Oesgard.
Le trajet dura presque onze jours depuis Beaurivages. Les Missédois arrivèrent avec la nuit et passèrent celle-ci dans une auberge huppée de la capitale de la baronnie. A leur réveil aux aurores, les deux ambassadeurs revêtirent leurs plus beaux atours à la fois simples mais beaux et suivirent les conseils de la garde de la ville pour rejoindre le petit comptoir Nain. Là, ils se présentèrent aux portes, gardant dans leur sacoche la lettre du Roi du petit peuple.
Harald Barbe-Sanglante
Hôte
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Sujet: Re: Plus on est de fous, plus on rit | Harald Lun 9 Nov 2020 - 9:57
Les choses allèrent bon train. Harald était satisfait, quand bien même il gardait une réserve suspicieuse tout à fait propre aux Nains de ce froids pays du Nord. Les Nains, en effet, étaient connus dans le monde pour, outre leurs incroyables compétences, leur artisanat d’excellence, et leur magie unique, leur caractère aussi trempé qu’une pluie de mousson, et aussi opiniâtre qu’un fouet de cuir serti de lames de rasoirs. Mais d’où venait ce caractère, cet aspect si acariâtre ?
Eh bien, de différentes choses. Tout d’abord, de la religion. Les Nains sont, dans leur cosmogonie, les fils de Mogar, le Père des Batailles, qui naquit lui-même de l’affrontement de deux entités surpuissantes. Mogar créa d’abord 7 Nains, à son image : les premiers fils de la première forge. Puis, il créa le peuple Nain. Et, tous les premiers fils offrirent aux Nains, la maîtrise des aspects qui leur étaient propres : Ikthor, leur apprit la guerre, la tactique, et l’honneur dans la victoire comme dans la défaite. Ceux qui se destinèrent à cette voie, mirent des siècles à la maîtriser. Ikthor rapporta à Mogar, l’incroyable prédisposition que les Nains avaient pour faire la guerre, leur grande discipline et avec quelle dévotion ils relevaient les défis. Alors, Mogar leur envoya Yaron, le Scribe. Il offrit aux Nains, l’écriture des runes, pour graver et ancrer les savoirs. Mais plus que les runes, il leur offrit la maîtrise de l’éther. Les Nains, trop rustres pour maîtriser la magie aussi facilement que les autres races, ne furent qu’une poignée à réussir à comprendre la magnificence de cet art complexe. Puis virent les jumeaux, qui apprirent aux Nains les savoirs et la maîtrise de la mine et de la joaillerie. Smedan ensuite, qui leur apprit la forge, et les arts qui furent liés aux métiers de la forge. Devant l’immensité du travail accompli par les Nains, Mogar envoya son sixième fils : Girdon. Pour les féliciter, Mogar accorda aux Nains toute la débauche et la ripaille que Girdon pu leur accorder, mais aussi, la maîtrise des arts de l’esprit : la philosophie, la culture, l’agriculture, la brasserie, et l’herbe à pipe. Et enfin, pour garder leurs richesses, pour en accumuler, pour faire des affaires, Mogar envoya Heidum le Fortuné.
Mais alors que vous commencez à comprendre pourquoi les Nains sont si forts, si maîtrisés, si puissants, comment ce fait-il qu’ils soient si opiniâtres, si difficiles, si secrets, si médisants ?
Eh bien parce que, pour eux, les Humains sont le fruit d’une erreur non voulue par Mogar. Lorsque celui-ci créa ses premiers fils, et le peuple nain, la forge produisit des scories, des déchets. Les scories ne sont ni plus ni moins que les déchets des produits de forge : les imperfections du métal qui, chauffé à blanc, s’éliminent à grands renforts de coups de marteaux sur le métal rougeoyant. Pour s’en débarrasser, Mogar jeta les scories dans le grand néant, mais ceux-ci furent animés par une vie non désirée. Puisqu’ils étaient nés des déchets de la forge, puisqu’ils étaient mal-faits, Mogar les nomma « Umgis », littéralement, « les mal-faits », en Khazalide.
Vous comprenez maintenant pourquoi, depuis les débuts de l’âge des Hommes, les Nains considèrent ceux-ci comme indigne de confiance, mal-faits, imparfaits, et pourquoi l’ouverture de Harald, même ardemment désirée, reste prudente, pleine d’appréhension, et sujette à beaucoup de précautions. Harald ne sera pas facile à convaincre, mais une fois la confiance d’un Nain obtenue, celle-ci est pérenne, et inconditionnelle.
Günjar Porte-Bourse, n’avait pas revu Lante depuis bien des ennéades. Il avait fait partis, aux côtés de Glumtol Barbe-De-Fer, et d’Athbor Barbedrue, de la délégation Naine envoyée en Oësgard, voilà presque une année déjà. Peu de temps après cette rencontre avec les Oësgardiens, les Nains revinrent chez eux pour faire leur rapport, et, devant la grande entente et les premiers accords signés entre les commerçants Nains et les commerçants et seigneurs Oësgardiens, il fut décider de renvoyer des Nains, afin d’établir un comptoir.
Günjar, qui était presque parfaitement bilingue, et qui avait été le chef de l’expédition, fut nommé par Harald avant que celui-ci ne devienne Grand-Roi du Zagazorn. Heureux, honoré par cette confiance, le Thane du clan Porte-Bourse avait accepté illico cette mission, et s’était entouré de plusieurs soldats, d’une partie de son clan, et de Nains de confiances, afin de monter ledit comptoir, avec la bénédiction du Baron d’Oësgard lui-même.
Et le voici, le comptoir, qui s’offre aux yeux des deux émissaires du seigneur De Laval. Il s’agit simplement d’une ancienne échoppe commerciale, de petite taille, devant laquelle les Nains ont dressé une large tonnelle de cuir, sous laquelle sont dressés des tables, des chaises, des fauteuils, et un petit bureau derrière lequel siège un Nain en permanence. Dans la petite échoppe transformée, se trouve une réserve étroite qui ne peut pas stocker beaucoup de marchandises, un comptoir, un vrai, derrière lequel les flux sont notés et commandés, là où les commandes sont payées, là où les reçus sont distribués. Les deux émissaires doivent, sans aucun doute, tomber légèrement des nus, alors que, presque une année après l’énorme retentissement de la visite du petit peuple dans la grande cité d’Oësgard, leur présence se résumait à une simple toile de tente, et une échoppe de petite taille, là où, peut-être, ils s’imaginaient une grande et faste demeure pleine de géométrie et de runes, et où l’or dégoulinait des vitraux et des colonnes de marbre.
- Nom, prénom, fédération ou corps ou seigneurie d’attache ? Nature de la visite ? Demanda un Nain, celui qui était constamment présent derrière le petit bureau sous la tonnelle. Il écarquilla les yeux, sa barbe se mouvant de petits rictus à peine visibles, alors qu’il comprit qui il avait face à lui. Ah ! Baruk ! Günjar vous attend à l’intérieur.
Il ne nota rien sur son registre, conscient que ces informations viendraient en temps et en heure. S’avançant au-devant des deux humains, il entra dans la maigre échoppe où Lünn trônait sur un fauteuil confortable, une bière dans une main et une pipe dans l’autre.
- Baruk, messires ! Dit-il, d’un accent rugueux, en se levant et en dévoilant une armure de cuir finement travaillée, lassée de cuir et s’agençant parfaitement aux mouvements de son porteur, réhaussée par une magnifique fourrure d’Ours, bien chaude, bien que le Printemps fasse peu à peu son chemin, et que le froid Oësgardien ne soit rien en comparaison du froids en Zagazorn. Il frappa de son poing sur son plastron de cuir, avant d’indiquer deux fauteuil confortables, drapés, eux-aussi, de deux fourrures épaisses. Bienvenue dans notre humble comptoir ! Ne vous fiez pas à son caractère vétuste, ce n’est qu’un balbutiement. Je suis Günjar, thane du clan Porte-Bourse et émissaire de notre souverain Harald Barbe-Sanglante, responsable de ce comptoir. J’espère que votre voyage a été agréable ! Af ! Hun Gorogaraz uf orruduzi ! Il frappa dans ses mains, et un Nain apporta immédiatement deux bières brassées d’une grande qualité, puis, un plateau fumant sur lequel trônait une viande rouge tendre, bien saignante, assortie d’une sauce aux champignons, au miel et à la bière, et deux petits sachets d’herbes à pipe. Günjar, lui, bourra sa pipe d’une nouvelle herbe et, une fois sa besogne faite, passa son index caleux sous la tête de pipe. Il actionna alors la rune d’ignition, qui enflamma l’herbe, qui commença à rougir lorsque le thane aspira longuement. Il n’y a rien de mieux que la bière pour mettre les gens d’accord, on ne négocie jamais aussi bien que le ventre plein, et on n’est jamais aussi léger qu’avec une bonne herbe à pipe. Alors, commençons, voulez-vous ?
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Gaël de Laval
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Sujet: Re: Plus on est de fous, plus on rit | Harald Lun 9 Nov 2020 - 14:39
_ Nom, prénom, fédération ou corps ou seigneurie d’attache ? Nature de la visite ?
Outre la surprise de tomber nez à nez avec une échoppe miteuse, les deux aristocrates furent un brin gêné par le manque de bienséance de la part du Nain. C’était la première fois qu’ils en rencontrèrent un. Les deux hommes le détaillèrent quelques secondes avant que l’un d’entre eux ne prenne la parole. Son accent chatoyant et chantant s’éleva dans les airs tandis que son compagnon hochait la tête de haut en bas.
_ Nous sommes les émissaires de sa seigneurie, Gaël de Laval, régent de Missède et seigneur de Chiard. Notre maître a écrit à votre souverain voilà presqu’un mois de cela.
Le Nain-portier écarquilla les yeux et ne tarda pas à répondre aux deux Sudérons qui le remercièrent d’un sourire. Ils pénétrèrent l’échoppe en évitant de laisse la curiosité s’emparer de leurs regards qu’ils dardèrent immédiatement sur le maître des lieux.
_ Baruk, messires ! Bienvenue dans notre humble comptoir ! Ne vous fiez pas à son caractère vétuste, ce n’est qu’un balbutiement. Je suis Günjar, thane du clan Porte-Bourse et émissaire de notre souverain Harald Barbe-Sanglante, responsable de ce comptoir. J’espère que votre voyage a été agréable ! Af ! Hun Gorogaraz uf orruduzi !
Il n’y avait pas à dire, si le Nordiens était déjà un patois d’une immondice sans nom, cette langue l’était encore plus à leurs oreilles. Mais en parfait professionnels, les ambassadeurs ne pipèrent mot et se contentèrent de s’incliner et de se présenter à ce fameux… Günjar.
_ Nous sommes Ser Clément du Bois et Maître Gaston d’Haulieux, émissaires de sa Seigneurie Gaël de Laval, régent de Missède et seigneur de Chiard. C’est un immense honneur de rencontrer un membre de ce si glorieux peuple qu’est le vôtre. Le voyage fut calme, je vous en remercie.
Ils s’inclinèrent en toute humilité avant de se redresser et de saisir les choppes qu’on leur offrait. Les deux hommes ne buvaient pas de bière, principalement parce qu’en dessous d’Erac, personne ne boit de la bière. De l’hydromel éventuellement, et encore. Leur boisson à eux, c’était le vin. Qu’il soit blanc ou rouge, pétillant ou plat, on en buvait à tous les repas à défaut d’avoir une eau pure. Mais comme on le dit si bien : à Nisétis fait comme les Nisétiens alors c’est avec des remerciements courtois qu’ils gardèrent les choppes dans leurs douces paluches.
_Il n’y a rien de mieux que la bière pour mettre les gens d’accord, on ne négocie jamais aussi bien que le ventre plein, et on n’est jamais aussi léger qu’avec une bonne herbe à pipe. Alors, commençons, voulez-vous ? _ Je vous crois bien volontiers ! Lâcha Gaston avec naturel.
Après avoir levé leur choppe et bu quelques gorgées, les Missédois assumèrent bien volontiers la délicatesse et le bon goût du breuvage. Une bière de prestige assurément ! Clément fut le premier à la reposer sur une table en bois pour aborder le sujet de leur venue. C’est à partir de maintenant que l’échec n’est plus permis.
_ Nous avons apprit il y a un peu plus d’un mois votre présence en Sgardie et votre souhait de commercer en bonne intelligence avec le Royaume de la Péninsule. Notre terre est attachée aux échanges autant culturels que commerciaux et notre seigneur croit fermement que des échanges équitables et justes entre nos deux pays seraient profitables à tous.
Le chevalier prit une nouvelle gorgée de bière pour laisser les premiers mots faire effets avant de poursuivre.
_ Mais qu’ai-je à vous offrir me demanderez-vous ? Il est vrai que vos artisans sont reconnus à travers le monde, que vos architectes sont inégalés et que toutes les puissances de Miradelphia seraient prêtes à guerroyer pour signer un traité commercial avec le Zagzorn. J’admets bien volontiers que votre réputation dépasse allègrement la nôtre. Mais pour commercer il faut être deux.
C’est au tour du juriste de formation de se lancer à l’assaut du roc qui était face à eux. Il fallait frapper fort pour attiser sa convoitise au mieux, l’empêcher de les mettre à la porte par manque d’intérêt, au pire. Maître d’Haulieux, plus Sudéron dans l’âme qu’un Vrai-Soltaar, se met à se mouvoir, ses mains s’ouvrirent et se fermèrent tandis que sa voix jouait théâtralement pour préserver l’attention de son auditeur. Chaque révélation devait faire son effet.
_ Nous offrons tout d’abord la plus grande flotte péninsulaire de l’Olienne pour transporter vos marchandises dans tous les recoins de cette mer. Nous vous offrons également un accès direct à la Route d’Or, le poumon économique de notre Royaume qui relie Ydril à Langehack en passant par Missède et Diantra. Enfin et surtout, nous vous offrons l’accès à un marché de centaines de milliers d’âmes dans la région la plus riche de Péninsule. Nul doute que le moindre marteau estampillé Zagazorn pourra être vendu à un prix fort, fort intéressant.
Clément du Bois et Gaston d'Haulieux:
Harald Barbe-Sanglante
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Sujet: Re: Plus on est de fous, plus on rit | Harald Lun 9 Nov 2020 - 17:38
Une particularité de Günjar : il était un commerçant hors pair. Littéralement. A Lante, il était craint comme le Beärog blanc ! Même chez les commerçants Nains, l’on priait Heidum Le Fortuné avant de faire affaire avec lui, afin d’espérer se sortir des négociations avec au moins quelques écus en plus que lorsque l’on entrait dans son échoppe. Car Günjar avait cette faculté de toujours sortir plus riche, plus fort, plus puissant, de ses négociations. Aussi, Harald l’avait placé à la tête du frêle comptoir Oësgardien, car il était sûr d’une chose : si quelqu’un pouvait faire de cette bicoque à tonnelle, un véritable comptoir en dur, aux flux prolifiques et aux richesses grandissantes, c’était bel et bien Günjar.
Aussi s’était-il empressé de rendre confortable l’arrivée des deux émissaires Humains, en taisant les aprioris négatifs des Nains sur les Humains, et ceux des Humains sur les Nains. Une bonne bière, une pièce de viande rôtie avec maîtrise, de douces herbes à pipe… Et un regard perçant.
Il avait scruté les regards des Humains lorsqu’ils entrèrent dans le maigre comptoir. Si, au départ, il ne vit rien d’alarmant, ni quoi que ce soit qui trahirait leurs intentions, il fut toutefois légèrement déçu de ne pas voir dans leurs yeux, poindre cette lueur pourtant si commune aux Humains, lorsqu’il entreprit d’allumer sa pipe à l’aide d’une rune d’ignition. D’ordinaire, les Humains se peuvent plus enlever leurs yeux de ces runes, ces symboles magiques incompréhensibles pour qui ne serait pas un Nain, et derrière lesquels on prête une surpuissance incroyable. Pour les deux sieurs… Rien. C’était comme si Günjar n’avait fait que gratouiller la tête de sa pipe, sans que rien d’exceptionnel ne se développe. Toutefois, il fut fier de voir les yeux s’écarquiller et les réactions devenir plus franches, lorsque les deux Humains goutèrent à la bière. Ah ! Là, on reconnaissait bien des Humains peu habitués à une telle maîtrise artisanale, faisant face à un bijou gustatif. Sur cette réaction, ils furent sincères au moins, et non calculateurs et vicieux, comme on pourrait s’y attendre. Après tout, nombreux furent les Humains à tenter d’escroquer, de négocier, d’outrepasser, ou de menacer les Nains, afin d’obtenir toujours plus de richesses, et nombreux furent ceux qui fomentèrent les pires trahisons, juste pour sortir du lot.
Toutefois, il y eut une chose que Günjar n’avait point prévu : les capacités commerciales que présentaient les deux émissaires, envoyés par le dénommé De Laval. L’un prépara le terrain, brossant le Nain dans le sens du poil tout en faisant preuve d’une – sans doute fausse – humilité. En partant du principe que les Nains possédaient tous les savoirs et toutes les maîtrises, et toute l’excellence de ce monde, que pourraient-ils bien se voir offrir ? Et c’est alors que le second prit la parole… Et laissa Günjar pantois.
Et il en fallait pour laisser Günjar la gueule ouverte comme un marmouse face à sa première bière. Ainsi, les deux émissaires, et par extension, le seigneur Gaël de Laval, proposait une flotte commerciale gigantesque, et une route commerciale pavée d’or, reliant la pointe Sud-Ouest de la Péninsule à la pointe Est de celle-ci, permettant de ceinturer la totalité du territoire Médian et Suderon, et de faire jonction avec le Nord via Oësgard. Et avec ceci, un vivier énorme, sans doute aussi grand que la totalité de la population Naine, dans un mouchoir de poche. Ainsi, la moindre denrée Nordique, et le moindre produit manufacturé Zagazorn, se vendrait à prix d’or, et serait toujours désiré par une population régulièrement renouvelée, et une population désireuse d’acheter, de consommer.
Mais il fallait garder contenance. Alors, Günjar prit simplement sa bière, et, alors que l’humain allait terminer son argumentation, se coupa un morceau de cette viande de qualité, qu’il dégusta enfin dans une assiette qu’il déposa sur ses genoux mais qu’il mangea avec ses doigts.
- Croyez bien que les miens, et notre souverain, seront sensible à vos charmes, et les habilités que vous nous accordés, qui, soyons honnêtes, sont loin d’être volés. Toutefois, je me dois d’être honnête. Il s’arrête là un instant, tirant une grande bouffée sur sa pipe taillée dans un chêne séculaire. Un effet dramatique, sans aucun doute. Nous ne nous attendions point à recevoir tant et tant de votre part. Aussi, une chose m’inquiète, que demandez-vous aux Nains, pour bénéficier de telles largesses ?
Rester dans l’interrogation, l’analyse, afin de soutirer un maximum d’information pour que, le moment venu, la négociation soit complète.
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Sujet: Re: Plus on est de fous, plus on rit | Harald Lun 9 Nov 2020 - 18:53
Impressionnés, les deux négociants l’étaient certainement. Mais que croyez-vous ? Nous parlons de la fleur de la négociation langecine, deux hommes sachant pertinemment que la suite de leur carrière ne dépend plus que des résultats de ces négociations. Revenir sans rien serait synonyme d’un renvoi pur et simple ou pire, de finir ambassadeur dans les tréfonds d’Arétria. Quelle abomination… Alors ils mesurèrent le moindre regard, la moindre parole, le moindre sourire, pour préserver toutes leurs chances de finir leur vie, couverts de prestiges et de reconnaissances. Imaginez donc ! Ils deviendraient ceux qui auront négocié avec le peuple du Zagazorn ! Quel est donc le dernier missédois a l’avoir fait ? En existait-il un d’ailleurs ? Peut-être étaient-ils les premiers ! Des précurseurs qui ont l’opportunité d’ouvrir une nouvelle ère ici et maintenant, dans cette bicoque. Alors oui, une respiration de travers n’est pas permise.
_ Croyez bien que les miens, et notre souverain, seront sensible à vos charmes, et les habilités que vous nous accordés, qui, soyons honnêtes, sont loin d’être volés. Toutefois, je me dois d’être honnête… Nous ne nous attendions point à recevoir tant et tant de votre part. Aussi, une chose m’inquiète, que demandez-vous aux Nains, pour bénéficier de telles largesses ?
Le juriste imita le Nain mais se contenta de découper les lamelles de viande pour se saisir de sa choppe. Une gorgée plus tard, il se lance à l’assaut de la venaison. La réponse tarde un peu à venir mais l’homme félicite son hôte pour la cuisson et le goût inimitable de sa belle pièce. Il s’essuie les lèvres et poursuit.
_ Nous ne considérons pas cela comme des largesses mais comme de la bonne volonté. Après tout, ce n’est pas notre maître qui achètera l’entièreté de vos produits, mais bien la population. Nobles, bourgeois, clercs, grands seigneurs et nouveaux riches qui verront le prestige qu’ils tireront de vos produits au près de leur famille, leurs amis ou même leurs vassaux. Vous désirez vendre, nous vous offrons le moyen de vendre à grande échelle à des gens fortunés.
Qui était le plus gros gagnant ? La question a le mérite d’être posé. A vrai dire il n’y a pas de gros et de petit gagnant, il y a ceux qui vendent leur marchandise et ceux qui l’acheminent. En fait, les deux pays se complètent parfaitement !
_ Ce que notre seigneur désire en échange est une concession. Il souhaite que vos marchands et vos produits passent par la logistique rivegeoise et missédoise pour être transportés d’un point A à un point B et que ce point B soit Chiard.
C’est au chevalier de se lancer à la suite de son compagnon. Il allia le geste à la parole et s’assura que son interlocuteur comprenait bien chaque étape de sa démonstration en lui offrant en bonus, à la fin de celle-ci, un franc sourire.
_ Imaginez. Vous désirez écouler mille fûts de cette délicieuse bière. Lesdits fûts sont à Lante, dans vos entrepôts, bien rangés et tout ce que vous savez, c’est que la compagnie commerciale missédoise avec laquelle vous traitez vous achète tous ces fûts à un très bon prix. A partir de là, vous n’aurez plus qu’à les acheminer jusqu’à Oesgard et la compagnie se charge de la logistique et de trouver des acheteurs pour prendre une marge sur le produit. En conclusion, vous vendez un fût mettons à vingt souverains, vous recevrez ces vingt souverains et l’acheteur en paiera cinq de plus à la compagnie missédoise ayant fait l’intermédiaire, en un mot : la logistique. _ Mais ce n’est pas tout.
Le juriste revînt à la charge en levant nonchalamment l’index. Une fois l’attention toute à lui, il prit un air très sérieux pour enclencher sur une seconde proposition pour le moins… culottée.
_ Notre maître nous a explicitement demandé de vous annoncer qu’il vous offre l’opportunité de venir vous-même choisir vos clients en créant un comptoir commercial à Chiard. Un forgeron, un architecte ou même un brasseur pourra dès lors ouvrir sa propre échoppe ou son propre entrepôt et continuera à bénéficier de la logistique rivegeoise et missédoise mais sera libre de directement établir le prix final avec le client. _ Qu’y gagnons-nous me demanderez-vous.
Le relais venait de passer dans les mains du chevalier. Les deux hommes ne laissèrent aucun répit au pauvre Nain qui tournait la tête de droite à gauche en suivant les switches des deux moulins à paroles qui, malgré leur débit assurément bon, ne firent qu’une bouchée de la venaison.
_ Tout d’abord nous vous offrons un marché immense et nos compagnies de cabotage feront une marge sur le dos des acheteurs. Ensuite, si l’opportunité évoquée à l’instant vous convient, l’activité économique de Chiard et Missède s’en retrouvera augmentée et les impôts locaux croîtront avec. Je tiens à vous éviter tout haut-le-cœur, les impôts rivegeois compte certainement parmi les plus bas de Péninsule, nous pensons qu’il vaut mieux taxer peu mille personnes que taxer beaucoup cent personnes.
Quand on fait partie des territoires les plus peuplés du royaume, on peut se permettre ce genre de luxe. Peu de taxes attire des consommateurs et des vendeurs qui participent à la hausse des rentrées d’argent qui permettent de diminuer un peu plus l’imposition, qui attire encore plus de consommateurs et etc et etc. On tombe sur un cercle vertueux qui hélas n’est pas sans fin puisqu’il faut bien que l’impôt soit prélevé à un moment ou à un autre mais on évite les dizaines d’impôts différents qui ne laissent aux familles que quelques pièces pour nourrir leur mule.
_ Enfin. Il y a un dernier point qui nous tiendrait à cœur afin de faire preuve de stabilité. Nous créerons et mettrons à votre disposition une unique compagnie commerciale aux moyens que nous espérons considérables afin de vous promettre des taux contrôlés pour que jamais, ô grand jamais, vous ne soyez floués. En contrepartie, nous désirons un monopole avec vous, que nous soyons, Missédois et Rivegeois, les seuls habilités à transporter vos marchandises dans le bassin de l’Olienne. En revanche nous ne souhaitons pas mettre le nez dans vos affaires pour tout ce qui s’y éloigne. Tout ce qui se passe au-delà d’Odélian en termes de relations commerciales entre Nains et Nordiens ne nous regarde pas.
Le but était double : éviter la concurrence et éviter l’instabilité pour permettre aux deux parties de grandir ensemble et d’être force de négociation face aux estréventins et aux soltaari. Pratiquer des prix attractifs pour engranger les parts de marchés un temps avant de rehausser les prix une fois le marché acquis sera bien plus bénéfique que passer par des dizaines de revendeurs différents qui feraient diminuer le prestige de la production naine.
Harald Barbe-Sanglante
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Sujet: Re: Plus on est de fous, plus on rit | Harald Lun 9 Nov 2020 - 21:22
Cette fois, Günjar ne laissa point ses yeux s’exorbiter, ni sa mâchoire se décrocher. Ayant comprit qu’il avait face à lui, sans aucun doute l’élite des négociants et commerçants de Péninsule, et que, vraisemblablement, ceux-ci étaient à la hauteur de la réputation du thane Porte-Bourse, ce dernier était resté pratiquement de marbre, jusqu’à-ce qu’il se surprenne à acquiescer aux propos des deux Humains. Et cela, malgré lui.
A mesure que les deux collègues échangeaient dans un duo parfaitement millimétré, tel du papier à musique, tel le forgeron frappant l’exact endroit rougeoyant au moment précis où il le fallait et avec la force adéquat, Günjar comprit l’étendue de l’entreprise lancée par Gaël de Laval. Lui, et ses deux émissaires, avaient tout préparé au millimètre prêt. Le discours, les craintes, les bonus et… Eh bien, aucun malus n’était à répertorier. Si Günjar n’était pas un Nain, il croirait à une manipulation et à une vulgaire farce, tant tout cela semblait parfait. Mais son instinct lui intima que rien de tout cela n’était ni une farce, ni issue de magie.
Les Humains semblaient avoir préparé un plan béton. Stabilité, fiabilité, réciprocité, honnêteté, rentabilité… Il ne restait plus qu’à se mettre d’accord sur les tarifs et leur flux – car qui dit marché dit flux et indexation des prix sur le ou les flux – et une organisation. Et Günjar avait une idée : puisque les comptoirs serviraient aux Nains à trouver leurs propres clients, mais que ces mêmes comptoirs serviraient aux Humains à trouver d’autres clients, il fallait se mettre d’accord sur les tarifications des transports, afin que tous, aient un discours similaire. Et cela voulait dire travailler ensemble. Toutefois, Harald avait été clair : tout comptoir Nain devait être géré exclusivement par des Nains, sans aucune autre forme d’ingérence.
- Bien. Messires, il semblerait que vous ne soyez pas n’importe qui, et que vous connaissiez vos sujets respectifs. Et il semblerait que ce projet soit né d’une longue réflexion, si j’en crois le caractère abouti de votre réquisitoire. Nous, les Nains, ne faisons pas confiance facilement, de cela vous vous en êtes douté. Toutefois, nous apprécions la fiabilité de votre projet, et nous aimons la fidélité. Je crois pouvoir accepter l’entièreté du projet que vous proposez, et vous accorder le monopôle logistique, que celui-ci soit du côté de Lante et de l’Oliya, que du côté de Thanor et de l’Océan. Nous serions heureux d’ouvrir un véritable comptoir commercial par chez vous, et quand je dis véritable, je veux dire, mieux que cette bicoque ! Toutefois, il reste un détail à régler. Il sera nécessaire, étant donné que et vous, et nous, pourrons rechercher des clients et prendre des commandes, que tout soit centraliser au cœur de notre comptoir. Nous ne tolérerons aucune forme d’ingérence, toutefois, nous consentons à dupliquer les informations afin que l’organisation ne soit pas freinée. Et puisque et vous, et nous, pouvons réaliser des commandes, que nous, occuperons le poste de négociant et fournisseur, et que vous, vous occuperez le poste de logisticien et négociant, il nous faut nous mettre d’accord sur les tarifs et les parts de chacun. Qu’en dites-vous ?
Les deux Humains mènent clairement les discussions, mais cela plait bien à Günjar qui, pour l’instant, encaisse toutes les informations, avant de jouer à son tour la négociation.
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Zagakron:
Gaël de Laval
Ancien
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Sujet: Re: Plus on est de fous, plus on rit | Harald Mar 10 Nov 2020 - 9:23
Les arguments volèrent telle une balle de ping-pong, passant de l’un à l’autre comme s’ils avaient répété cette scène durant des heures entières. Et ce n’était pas tout à fait faux ! Durant leur traversée maritime, ils ne cessèrent de jouer de rhétoriques et d’arguments en jouant à tour de rôle le Nain et l’Humain pour se tenir prêts à faire face à toutes les possibilités. Leur discours semblait avoir fait mouche et ils se félicitèrent d’un sourire que leur hôte soit partant sur tout.
_ Il est évident qu’un comptoir nain devra être géré et administré par les Nains seuls. Tout comme il est évident que celui-ci devra respecter les lois de la seigneurie.
Ce n’était jamais bon d’être partout, tout le temps. Cela commençait par offrir aux Yssois la chance d’exporter à Chiard tout ce que leurs sociétés de cabotage réussissaient à extraire d’Estrévent. Les exportations missédoise en Ithri’Vaan ne passèrent donc plus que par Ys et Thaar avec l’assurance d’écouler leurs stocks, leur évitant une perte d’argent et de temps. C’était également vrai sur le plan intérieur, en échange d’un baillage sur un territoire peu exploité, l’Ordre des Marcheurs Austères s’était engagé à entraîner l’armée rivegeoise. Enfin, ici, permettre aux Nains de gérer seuls les quantités optimales entre Lante et Chiard permettait aux sociétés rivegeoises de ne plus se préoccuper de la quantité mais seulement de la vente. Un seul mot : optimisation.
_ Partons du constat que nous deviendrions partenaires et que donc, en ces termes, il n’y a nul besoin de se cacher mutuellement des informations utiles à notre croissance.
Il fallait éviter toute concurrence qui pourrait ébranler la stabilité et la confiance des deux parties. Mieux valait croître en bonne intelligence pour qu’ensemble, des bénéfices soient créés. Pour surpasser Ydril, seul véritable concurrent en Péninsule, l’appui nain était essentiel.
_ Le temps que notre seigneur ne légifère en votre faveur pour préparer votre installation, nous commencerons à préparer le marché en vendant peu mais cher durant une période limitée afin que tous en Péninsule, sachent que des produits du Zagazorn sont disponibles en quantité limité due à leur incroyable qualité. Je vous garanti que vous vendrez certainement deux à trois fois le coût de conception.
Etape une : assumer une logistique solide et régulière entre Oesgard et Chiard. Etape deux : construire un comptoir commercial et en faire un événement dépassant les frontières. Etape trois : écouler la marchandise de façon quasi industrielle dans toute la Péninsule.
La construction du comptoir et la constitution d’un marché viable ne se fera pas du jour au lendemain et demandera un investissement considérable des deux côtés. Il vaut mieux ne pas précipiter les choses pour ne pas se retrouver avec une bicoque bis en l’attente de financements.
_ Une fois le marché acquis et le comptoir prêt à être bâti, notre seigneur vous écrira et vous n’aurez plus qu’à déposer vos bagages et vous lancer dans les affaires pour inonder le marché à des prix plus justes qui n’attendra plus que cela !
Tout était si détaillé que cela paraissait presque trop facile. Mais dans l’absolu, ça l’était. Nous ne parlons pas des chèvres d’Odélian ou des épées d’Alonna, mais bien de manufacture naine. Qui refuserait une hache naine s’il avait les moyens de l’acheter ? Qui oserait dénigrer leur herbe à fumer ? Pis, quel imbécile finit à la pisse cracherait sur une si bonne bière bordel ?
_ Si tout cela vous sied, nous pouvons passer à la négociation des tarifs et des parts ?
Harald Barbe-Sanglante
Hôte
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Sujet: Re: Plus on est de fous, plus on rit | Harald Mar 10 Nov 2020 - 11:56
Le fait que le comptoir, administré et géré par les Nains seuls, doive se plier aux lois et règles de la seigneurie, irrita quelque peu Günjar, qui se voyait déjà négocier un lieu de neutralité où les lois des Hommes n’auraient pas cours. Toutefois, obtenir un tel lieu, semblable à une enclave, aurait été un acte diplomatique, et Harald avait été strict à ce propos : aucune diplomatie avec les Humains, il n’y aura rien que le commerce, et les tractations qui vont avec. Mais qu’entendait-il par « tractations qui vont avec ? » Günjar hésita un instant à prendre quelques largesses quant à ce flou, volontaire ou non. Mais il s’y résigna rapidement, alors qu’il lui apparu bien rapidement qu’il n’avait ni l’autorisation, ni la pouvoir de prendre de telles libertés. Et puis, contredire directement un ordre royal, c’était risquer sa tête. Harald avait beau être un souverain magnanime, il demeurait néanmoins « Barbe-Sanglante ».
Devenir partenaire avec les Humains, était aussi source de crissement de dents. Evidemment, c’était logique. Toutefois, pas sûr que l’orgueil Nain apprécie de se voir rabaisser au rang de « partenaire », car cela signifiait qu’il y avait égalité, et confiance totale et réciproque. Les Humains pouvaient faire confiance aux Nains, et en leur honneur… Mais était-il de même en sens inverse ? La vision de l’honneur, chez les Humains, était bien différente de celle des Nains. Toutefois, l’accord était exceptionnel, et prompt à satisfaire aux ambitions du souverain des Nains.
- Bien, ainsi soit-il. Toutefois, il est important, pour nous, de vous indiquer une chose, sur laquelle le Grand-Roi sera intransigeant : les Nains concevront ni ne vendront aucune arme, aucune pièce d’armure, ni aucune pièce relevant de l’ingénierie militaire, de manufacture Naine. Nos minerais, nos métaux, nos alliages, seront ouverts à la vente, y compris à la vente directe à la seigneurie. Mais aucun forgeron Nain ne forgera d’armes Naines. Si vous êtes d’accord avec cette condition, alors, nous pouvons discuter et négocier les tarifs et les parts.
Harald avait été clair, net et précis : aucune arme de confection Naine, ne servirait un jour à armer une armée Humaine. Les armes et les armures Naines, surpassent en tout point celles réalisées par les Humains. Si les matériaux peuvent être vendus – ce qui augmentera déjà la qualité des créations des forgerons Humains – le savoir-faire Nain doit être gardé entre les frontières, afin d’assurer aux armées Naines, toute leur supériorité.
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Gaël de Laval
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Sujet: Re: Plus on est de fous, plus on rit | Harald Mer 11 Nov 2020 - 12:22
Quand le Nain aborda l’impossibilité de vendre armes et armures, les deux ambassadeurs furent déçus. Ils n’en montrèrent rien, se contentant d’hocher du chef en guise de compréhension. En un sens c’était bien normal et l’inverse les aurait surpris mais ne pas commercer de casque ou d’épée serait un manque à gagner important pour eux… Mais bon, chaque chose en son temps, peut-être que l’avenir réservera de bonnes surprises, l’accord était déjà bien au-delà des attentes du couple diplomatique.
_ C’est concevable, bien évidemment, nous en ferons part au régent de Missède.
Les trois camarades du jour se lancèrent alors dans un échange plutôt constructif sur les parts, les taux, les taxes et tout ce qui touche de près ou de loin aux chiffres. Il y eut du muscle, des cajoleries, quelques bonnes tranches de rigolade et de la bière. Moins d’une heure fut nécessaire pour arriver à un compromis qui satisfasse les deux parties et tous fêtèrent cette nouvelle ère commerciale en trinquant une nouvelle choppe pour le plus grand malheur du juriste qui, depuis une demi-heure maintenant, enchaînait les passages au petit coin pour faire pleurer le colosse.
Mais si jusqu’ici les Missédois n’avaient évoqué que les produits nains, qu’ils soient manufacturés ou non, la production locale fut complètement ignorée. Il fallait donc y remédier et initier ces braves habitants du Nord aux doux produits sudérons. C’est le chevalier, Clément du Bois qui engagea la conversation en ce sens pour profiter du toast.
_ Je viens tout juste d’y penser mais nous ne pouvons partir sans vous faire profiter, à notre tour, de quelques mets goûtus de chez nous. Nous avons dans nos navires quelques échantillons de ce que nous produisons dans le Missédois, désireriez-vous y goûter Maître Nain ?
Suite à l’intérêt de l’intéressé qui était fortement intrigué parce qui était intéressant, Ser du Bois et Maître d’Hautlieu le guidèrent jusqu’aux quais auxquels étaient amarrés les trois cogues les ayant transportés. Sur le pont et dans la cale se trouvaient des fûts et des tonneaux, des caisses et des sacs, qui ne demandaient qu’à être ouverts. Une fois à bord des navires qui restèrent passablement tranquille grâce aux faibles remous du fleuve, le juriste fit rapidement le tour du propriétaire du premier bateau.
_ Sur ce navire, vous trouverez tout ce qui se mange et se boit. Il y a du miel par ici, récolté à différents endroits. Certains pots ont des goûts boisés, d’autres proviennent de grandes étendues fleuries et cultivées, les derniers sont récoltés à proximité des vignes de Charmeroux.
Alliant le geste à la parole, l’homme détaille, explique et propose de goûter, d’échanger sur les arômes et les sensations.
_ Juste ici, des agrumes ! Oranges, mandarines ou bien citrons, les produits bruts sont ici, les jus, là-bas. Excellents pour les marins et au goût sucré agréable le matin. Dans ce tonneau-là, il y a du sucre. Nous en avons aromatisé certains avec des touches d’agrume. Enfin, dans ce fût, du vin. Le charmeroux, un vin pétillant très apprécié dans le Langecin. Je vous en sers une lichette ?
Mais ce n’était pas fini ! Tandis que le Nain venait de faire le tour du premier navire en goutant à peu près à tout ce qui lui était proposé, on lui indiqua que dans le second se trouvait des livres enluminés, des exemples de verrerie finement ouvragés et au centre du pont, deux pierres d’un blanc immaculé.
_ Au cœur de Missède, dans les faubourgs de la ville, nos clercs rédigent des dizaines de livres pour les incorporer dans notre bibliothèque, certainement une des plus complètes du Royaume. La couverture de celui-ci est en cuir, celui-là en bois. Ici vous trouverez des bijoux et des vitraux en verre. Cette manufacture est encore très jeune et ne demande qu’à se développer et gagner en expérience. Au centre du pont, vous ne pouviez le manquer, deux échantillons de pierres que nous extrayons des falaises de Beaurivages pour construire des bâtiments. Nous colorons ensuite les façades pour leur donner un certain charme.
Enfin dans le dernier bateau se trouvait des tissus à tout va, produits à Langehack, de loin les plus raffinés de Péninsule. Les ambassadeurs se doutaient que le style péninsulaire ne plairait pas au Maître nain mais peut-être que le produit brut leur sourira davantage.
_ Notre but n’est pas de vous vendre tout cela mais de vous présenter ce qui se fait par chez nous. De ce fait, si un jour vous désirez que nos navires déposent à Oesgard quelques pots de miel ou de confiture et repartent avec de la bière ou de l’herbe à pipe, il n’y aura qu’à demander.
Harald Barbe-Sanglante
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Sujet: Re: Plus on est de fous, plus on rit | Harald Jeu 12 Nov 2020 - 7:53
Les deux Humains, encore une fois, se comportèrent en de parfaits dignitaires et de grands négociants. En plus d’avoir préparé leur rencontre avec les Nains, en plus d’avoir réfléchis à des accords vraisemblablement somptueux et encourageants, ils veulent désormais présenter quelques échantillons de ce que les artisans et les Péninsulaires peuvent produire, et échanger à leur tour.
Günjar, quelque peu séduit – bien qu’il ne veuille jamais l’avouer – goûta et prit le temps de tout écouter, et de tout voir, bien qu’il ne fût nullement intéressé pour ce qui était des vitraux et des ouvrages de librairie. Les Nains possédaient leurs propres artisans scribes, qui oeuvraient principalement sur du vélin ou des tablettes faites de pierre, de marbre, de céramique, de terre cuite, d’argile… Mais avec moins de fioritures que chez les Humains. Les bijoux également, ne trouvèrent aucun intérêt chez Günjar, pour une simple et bonne raison : Thanor était la maîtresse des Joailliers.
Toutefois, il comprit une chose : les Humains pensaient déjà à l’avenir. A leur avenir. En cela, Günjar fut légèrement refroidit, trouvant dans ces pensées-là, l’avertissement de son souverain : les Humains pensent, trahissent et soudoient. Et le thane Porte-Bourse ne pouvait décemment pas penser que les deux négociants avaient parlé d’un savoir et d’un artisanat nouveau à la légère. Lisant entre les lignes, le marchand Nain comprit ce qu’il en était : tôt ou tard, les Humains tenteraient d’obtenir l’expérience, et le développement de ces jeunes manufactures, avec l’aide des Nains. Combien de temps avant que des Humains demandent à ce que des maîtres Nains viennent en terre Humaine, pour enseigner à des apprentis des seigneuries Péninsulaires ? Günjar n’oublierait point cette réflexion, car Harald avait été ferme : aucune arme, aucune armure, aucune rune, aucun savoir.
Pour le reste, toutefois, les choses étaient intéressantes, surtout le miel, petit pêché mignon de Günjar. Définitivement, les abeilles Péninsulaires faisaient du miel de qualité, et surtout, d’une grande légèreté et d’une grande finesse, en comparaison aux abeilles du Nord qui butinent des fleurs et des arbres costauds et forts, produisant des miels prononcés, parfois presque aussi forts que des bières brassées. Les fruits, quant à eux, étaient aussi très goutteux !
- Bien ! Un d’mes poilus fera une liste non exhaustive, afin qu’elle soit jointe à mon rapport. Je connais quelques prêtres du Ripailleur et quelques curieux gourmets qui seraient prêts à faire des commandes régulières de ce que vous avez là, pour satisfaire à la curiosité de leurs palais gustatifs. Ainsi soit-il ! Messieurs, ce fus très enrichissant !
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