Retrouvailles [PV Harald]

8ème ennéade fin d'après-midi

Oly caressa l'encolure de Fern, son merveilleux petit bélier. Fils de Bantu, son premier bélier resté à la maison à cause de son grand âge, Fern était un animal doux avec elle et infecte envers ceux qui embêtait sa compagne de voyage. Côtoyer les ailes avait profondément changer la vision du dressage qu'avait Olygana et, à ce jour, elle se montrait désireuse de rapprocher sa méthode de dressage à ses béliers, d'instaurer une forme de dialogue. Si Bantu était déjà trop âgé pour bénéficier de cet entraînement, Fern lui, avait été élevé comme ça.

Aussi, cela faisait une heure qu'Oly cheminait à pied, aux côtés de son compagnon à quatre pattes qui avait montré des signes de fatigue et qui les lui avait communiqué en se stoppant pour venir toucher la chaussure de la naine du bout du museau. Ayant tout de suite compris, Oly était descendue de son dos, avait prit un des sacs pour le mettre ses propres épaules et réajuster le poids pour ensuite s'autoriser une petite pause et repartir après une vingtaine de minutes, à pied.

Voilà qu'elle était aux portes de la cité d'Almis, la cité de la plus proche de chez elle. Du moins de ce qu'elle en savait. Elle n'était même pas certaine que la cité fût habitée avant d'en voir les abords, son peuple et elle s'étaient trop longtemps trouvés coupés du monde...

Elle trouva un endroit pour mettre Fern en pension et, après l'avoir cajolé, nourri et pansé, sortit pour déambuler en ville. Elle chercha à droite, à gauche, posant des questions à toute personne qui semblait être susceptible de l'aider :

- "Bonjour, j'ai besoin d'aide. Je cherche la personne qui règne sur cette cité, pouvez-vous m'aider ? "

Quelqu'un finirait bien par lui indiquer la direction à prendre si elle continuait de demander poliment. Elle avait besoin d'un Thane de clan ou quelque chose comme ça, rien de bien folichon. D'abord elle devait comprendre comment les autres fonctionnaient depuis le voile...

Courant 8ème ennéade de Bàrkios | Second mois de l’Automne.
Année XXI | XI Cycle.
Montagnes de l’Almion | Cité d’Almis.

L’environnement d’Almis avait changé depuis plusieurs jours. L’arrivée de Harald, d’une cohorte de guerriers, d’artisans et de quelques civils, avec une longue caravane de nourritures, plants, frongols et animaux destinés à agrandir les troupeaux et autres élevages de la ville troglodyte d’Almis, améliora bien-sûr l’ordinaire de la cité. Si un Nain était heureux dès l’or qu’il mangeait de la viande bien grasse et saignante, buvait de la bière trois fois par jour et mangeait d’épais frongols, la redondance de certains repas et la maigreur de la viande, pouvait influencer négativement leur moral, et donc, leur productivité. Oh, il n’existait pas peuple plus courageux, plus résilient et plus patient que celui des Nains… Toutefois, le peuple troglodyte était un peuple de ripaille, à sa manière. La lui rapporter était donc à la fois une excellente chose, et un honneur, pour celui qui était leur Roi.

Autre changement, visible depuis l’extérieur cette fois, était les travaux d’amélioration des défenses, notamment de la grande porte principale. Craignant que les Nains de feu ne profitent de leur nombre, et du faible nombre d’Almiens, pour attaquer cette partie du monde, Harald aura rameuté plusieurs dizaines de soldats en provenance du Sud. Mais, aussi, il aura commandé à l’Ongaraz d’Almis la réalisation de travaux défensifs, notamment, l’apposition d’une rune sur la porte principale. Ainsi, une fois scellée, seule une force extraordinaire pourrait l’entrouvrir ! Et encore…

Enfin… L’apparition devant les portes, dans les rues, et autour des bâtiments principaux, de soldats aux étendard royaux et aux armures de plates blanches et or, trahissaient la présence du Roi au cœur de la montagne. L’un d’eux n’était autre que Baldwin, le fils de Harald, benjamin de la fratrie. Se plaçant au-devant de la naine curieuse, il lui ordonna de s’arrêter, d’un geste de la main.

« Halte, l’amie ! » Lui dit-il, un peu d’anxiété dans la voix. Il avait entendu les descriptions de ces Nains de feu, et leur faire face l’inquiétait assurément. « Qui qu’tu es toi donc ? T’es venue seule ? » Rajoutait-il, regardant autour d’elle. « Cette cité est Almis. Son dirigeant n’est plus-là, mais le Roi, lui, est entre les murs de la montagne. Que veux-tu donc ? »

Oly se fait rapidement harponnée par un confrère qui lui demande ce qu'elle veut et lui indique que le roi, leur son roi, SON roi est présent en ville. Ses yeux se mettent à briller fiévreusement et elle tend la main pour saluer le nain.

- "Oui ! C'est encore mieux que ce que je ne croyais ! Je m'appelle Olygana Chevauche-Mer. Je... Oh c'est tellement compliqué à expliquer. Il s'est passé tellement de chose depuis le Voile et nous avons été bloqué là-bas, où nous vivions... J'ai besoin de savoir comment notre peuple a changé depuis le voile. Si vous vivez comme nous. Pourquoi y a-t-il autant de gardes ? "

Le regard un peu perdu, Olygana jette un coup d'oeil alentour pour constater qu'il y avait beaucoup de défenses et de soldats dans le coin. Elle jette un oeil à la bannière, ce n'est pas celle dont elle se souvient.

- "Brisséa toute puissante... Qui est nôtre roi à présent ? Le grand-roi Hardrek Poing-de-Fer... N'est plus parmi nous n'est-ce pas ? Mon dieu, nous sommes restés cachés bien trop longtemps..."

La fin de sa phrase n'est rien guère plus qu'un murmure, perdu dans le vague. Elle soupire et revient au nain face à elle. Il va bien falloir qu'elle parle à ce Dawi si elle veut espérer rencontrer le roi, mais peut-être qu'elle peut d'abord récupérer des informations, si ce type-là considère qu'elle n'est pas digne de confiance. Elle peut comprendre la méfiance depuis ce qu'elle vécu pendant le voile, à voir ses frères se retourner les uns contre les autres, à voir des parents et des enfants se déchirer...

- "Mon clan et moi sommes reclus dans une région reculée depuis le voile. J'ai été élue Thane de mon clan et nous avons dû attendre de récupérer une certaine stabilité avant de venir retrouver nos frères. Il faut donc que je remette mes respects à notre souverain. Au minimum. Ensuite, nous devrons parler de nos frères Engeances. "

Sa pogne gantée d’acier saisie par cette bavette aux joues rougies par le froid et aux traits tirés, Baldwin reste interdit. Interloqué, curieux mais aussi inquiet, le garde royal resplendissant d’autorité dans cette armure de plate couleur blanc et or gonfle le torse et inspire profondément. Il ne souhaite pas impressionner la bavette face à lui, mais il souhaite, au moins, comprendre avant de laisser entrer la Thane dans la cité troglodyte.

« Le Roi est arrivé avec ses gardes royaux et un contingent militaire en provenance de Lante. La cité d’Almis a beau avoir été reprise par feu Hardrek Poing-de-Fer – Puisse-t-il festoyer avec ses ancêtres dans le monde du Dessous – elle n’en demeure pas moins affaiblie par des années de saccages et de combats. De plus, de bien tristes nouvelles se sont élevées des montagnes, et le Roi est là pour défendre la cité. » Dit-il, à la fois fier et droit, avant d’arquer à nouveau un sourcil lorsqu’elle demande qui est le Roi aujourd’hui. Etait-ce possible qu’une Thane de clan ne puisse avoir été invitée à une élection ? Pire ! Se pourrait-il qu’elle n’en ai rien voulu savoir, et donc, qu’elle se soit tenue elle-même éloignée de tout cela avant de revenir dans les jupons de la couronne une fois l’opprobre tombée sur les siens ? « Le Groman-Rik Hardrek Poing-de-Fer n’est plus. Terrassé par une fièvre alors qu’il n’avait que 250 années de vie. Les Thanes ont élu mon père : Harald, du clan Brise-Os, nommé « Barbe-Sanglante », soixante-huitième Grand-Roi du Zagazorn. »

Il écoute, ensuite. Car enfin, elle semble donner des explications. Mais point suffisantes. Quelle région reculée ? Quel clan ? Pourquoi, quand et comment ? En tous les cas, elle connaissait – et semblait bien connaitre – le cas et la question des Engeances. D’ailleurs, de cette question, elle semblait brûler d’en parler au Roi, presque autant que de venir lui présenter ses respects pour recouvrer l’autorité de la couronne et sa protection au sein du royaume du Zagazorn, le véritable royaume du Zagazorn.

« Suis-moi, Thane. »

Harald était dans ce qui s’approchait le plus d’un palais, ou d’un bâtiment de pouvoir au cœur de la cité de l’Est. Là, il s’employait à travailler tous les jours d’arraches-petons, pour gérer tous les aspects d’une cité abandonnée par son chef nommé par le Roi. Il lui fallait également gérer l’armée – bien que cela soit délégué à l’Ongaraz de la cité qui était un brave Dawi capable et dévoué à ses missions – et les ressources de la cité.

Aussi, sur les conseils de Dagoran, l’ordre fut donné de construire et aménager de plus grandes Frongolières, de gérer les animaux ramenés du Brissalion afin qu’ils se reproduisent, et fournissent la population locale en viande, lait, fromages et produits artisanaux tels que des peaux tannées, du cuir et autres ingrédients utiles à une vie de confort. Ou du moins, d’un certain confort. Il travaillait beaucoup, oui… Car, de jour en jour, d’instants en instants, l’hiver se renforçait et devenait de plus en plus froid, de plus en plus glacé et de plus en plus violent. Violent, oui…

Baldwin mena toutefois Olygana jusqu’au bâtiment où se trouvait Harald. Sans autre cérémoniel – car ils n’étaient point à Kirgan aujourd’hui – il frappa à la porte, et la fit entrer. Se plaçant à la gauche de la Thane, il frappa son plastron de son avant-bras et, dans un « Baruk » tonitruant, tint ces quelques mots :

« Baruk, Père ! Je t’amène une thane, Olygana. Elle a besoin de s’entretenir avec toi ! »

« Baruk, mon Fils ! » Dit alors Harald, frappant son plastron et se levant par respect. « Bienvenue, Thane ! » Lui dit-il ensuite, scrutant ce visage qu’il ne connaissait pas. « Fermez la porte. Et prenez place ! Et une bière ! Vous devez être assoiffée. » Il sert une seconde pinte, depuis un pichet qui se trouvait sur son bureau. « Que se passe-t-il pour que ta caboche brave le froid infernal ? »