[Solo] L'espoir, c'est pour les autres.

Il n’y avait personne pour l’aider dans cette quête d’elle-même. Une quête toute personnelle, importante. Vitale. Car voyez-vous il n’y a rien de plus fragile qu’un cœur piétiné. A son arrivée à Thaar, il était déchiré en deux, maintenu par des petits monstres aux griffes acérées. Des petits monstres qui jouaient avec elle, ses sentiments, sa vision du monde, ce qu’elle pouvait considérer comme normal, ce qui ne l’était pas. Privée de repères, Louise a fait de son mieux, en fonction de son ressenti si durement remis à sa place, à chaque fois qu’elle a exprimé un sentiment, elle qui a un si cruel besoin de contacts et d’apaisements.

Maintenant elle n’ose plus et il est fort probable qu’elle n’osera jamais plus.

Pourtant elle a tout fait. Elle a été respectueuse et réservée, elle a toujours laissé de l’espace, du temps, elle a attendu. Longtemps. Elle a cédé, aussi. Parce qu’elle n’est qu’une humaine au cœur ardent. Une ardeur éteinte par une lettre qui n’a pas de sens pour elle. Elle a reporté son affection – pas son amour, juste un besoin de partager quelque chose avec quelqu’un - sur une personne qui ne peut la lui rendre, même si elle garde pour elle un sentiment fort, qui ne s’estompera probablement jamais : un lien unique. On dit qu’on ne choisit pas sa famille, Louise, elle, si. Elle a choisi de faire de Dante son frère, même si aucun lien du sang ne les relie.

La rencontre de la ruelle, avec la haute prêtresse de Kiel, a été capitale. Elle a balayé les dernières illusions de la châtelaine quant à l’honorabilité de ces lieux et détruit tout le respect qu’elle a toujours eu pour cette culture étrange et pourtant fascinante. Elle a réduit à néant tout un idéal de vie et transformé Louise en un être farouche et terriblement indépendant.

Assez en tout cas pour se présenter ce jour-là dans un établissement réservé aux plaisirs. Seule. Elle n’en sortira qu’une heure plus tard, avant la tombée de la nuit, pour rejoindre le manoir Rutsi, le cœur en miettes mais le corps apaisé. Les petits monstres ont disparus, elle pourra désormais aborder froidement chaque problème et chaque situation, puisque ce coeur ardent n'existe plus.

Elle y retournera, en cet endroit, autant de fois que cela sera nécessaire avant de rentrer à Fernel.

Bientôt.


[fin]