une soirée avec le maîtres de festins (RP LIBRE)

Ils pouvaient tous entendre que l’ambiance avait sensiblement changé depuis peu, et cela même depuis leurs chambres respectives. Fait rare et unique s’il en est un en ce qui concerne les membres de la garde de Louise, car ils ne dorment pas dans la même pièce. Une vieille tradition consistant à dormir ensemble afin de se protéger mutuellement n’a pas cours ici. Ils sont invités et assez respectés, selon Aymeric, pour se permettre cette liberté avec les usages de Fernel. Les réactions aux bruits et clameurs du rez-de chaussée sont différentes dans chaque chambre.

Le grand et mince Philippe au nez d’aigle place correctement les plis de sa chemise aux longues manches blanches sous une petite veste de velours gris brodé d’un beau galon aux motifs géométriques. Il a soigneusement attaché ses cheveux en les nouant à l’aide d’un petit lien de cuir. Il est propre, il est distingué. Et il est inquiet. Il n’a plus mis un pied dans une taverne depuis des lustres, plus depuis ce voyage de Louise vers la capitale du Duché. Et encore n’y a-t-il eu aucune fête lors de ce déplacement…Calme et placide, il préfère les soirées devant les flammes à fumer sa pipe et à raconter des histoires, à l’inverse de Tristan.

S’il y en a un qui est ravi, c’est bien lui. L’homme d’armes aux sourcils en broussaille et à la mine renfrognée se déride au fur et à mesure que les minutes s’égrènent. Ce que lui a raconté Aymeric au sujet des festins des Nains a éclairé son œil d’une lueur de gouaille qui a amusé le Capitaine. Il lui a d’ailleurs tapoté l’épaule en disant :

- Mon ami, tu serais bien inspiré de sortir ce soir tes meilleurs tours en matière de jeux à boire…

Tristan a eu un rire. Aymeric et lui savent très bien qu’ils n’arrivent pas à la cheville des Nains en ce qui concerne la fête, les rires et les chansons mais ils peuvent au moins essayer d’honorer leurs hôtes en répondant à leurs diverses invitations et en se montrant dignes de l’honneur qui leur est fait ce soir. Partager, boire, manger et chanter ! Jusqu’à l’épuisement s’il le faut. Et c’est bien ce qui inquiète le grand Philippe, tout engoncé dans ses beaux tissus.

- Capitaine…La dernière fois que j’ai bu un peu trop, vous savez ce qu’il s’est passé. Pensez-vous que ce soit opportun, en plein déplacement diplomatique ?
- Philippe…Essaye de faire semblant alors. Et souris, par Neera. Nous allons à une fête, pas à des funérailles !
- Si…Les miennes…, répondit-il en bougonnant.
- Rhoooo allez, Philippe !, dit Tristan en ponctuant ses mots d’un rire et d’une grande claque dans le dos qui faillit le faire tomber, regarde où nous sommes ! T’auras pas trente-six occasions de vivre un moment comme celui-là ! Quelque chose que tu pourras raconter à tes enfants et tes petits-enfants ! Et à ta femme !
- J’ai pas de femme…
- He bien peut-être que tu arriveras à séduire autre chose qu’un linteau de cheminée, avec ce que tu auras à raconter après ce soir ! Allez viens ! On va s’amuser !
- Je ferai de mon mieux. J’ai juste peur de ne pas être à la hauteur, tout ceci est nouveau.

Aymeric intervient alors, lui aussi habillé très simplement. Il a ôté tout ce qui rappelle qu’il est un homme d’arme et ne porte qu’une chemise propre, sous un plastron simple. Il dégage toujours cette force tranquille, y compris lorsqu’il plonge son regard pénétrant dans les yeux de son compagnon, un sourire aux lèvres étirant quelque peu cette cicatrice qui couture son visage :

- Ça l’est pour nous tous. Cesse donc de te mettre la pression. Nous ferons de notre mieux, pour Dame Louise et pour Fernel. Comme l’a dit Tristan, profite de cette occasion unique. Ce n’est pas rien, ce que nous vivons. Vois cela comme un honneur. Parce que c’en est un.

Le Capitaine, lui, reste serein et paisible. Il agira comme il a toujours agi, en fonction de ce que commandent l’honneur et le bon sens. Et il n’est pas inquiet. Quelqu’un vint frapper à leur porte pour les prévenir.

- Allons-y.

Les trois hommes font donc leur entrée dans la taverne, observant les lieux et les Nains présents avec attention. La vue de tous les compagnons de Glumtol amène un sourire chaleureux sur le visage de Tristan. Aymeric, lui, avance et se rend donc tout près du dirigeant avant de s’incliner avec un large sourire de contentement. Il est réellement heureux d’être là et le fait savoir par ce sourire et les paroles qui suivent :

- Je vous remercie pour cette soirée, Seigneur. Nous n’avons plus participé à un festin depuis des ennéades et nous avons grande hâte de redécouvrir ce plaisir en votre compagnie.

Tristan, lui, est déjà en train de lorgner les larges pichets de bières, tandis que Philippe observe les compagnons de Glumtol. Le contraste est saisissant. Il a l’air d’une brindille à côté d’eux…

- Que diriez-vous de trinquer tous ensemble à une cordiale relation entre nos deux terres ?

Un autre sourire heureux.

Skäld Trois-Joyaux était fin prêt ! Glumtol, nouvelle Voix de Thanor, avait passé en revue ceux qui furent nommés les Ventre-De-Fer, et leur avait donné une mission : ce soir, dans la fameuse taverne de l’Enclave, un banquet, donné en l’honneur d’une délégation Humaine.

Au début, les réactions furent mitigées. Accueillir ainsi une délégation, même dans une cité cosmopolite, ce n’était pas tout à fait évident. Les Nains s’ouvrent sur le monde, mais cette ouverture est encore au stade de naissance, si on regarde le temps depuis lequel le Zagazorn fut replié sur lui-même. Mais après, la Voix avait eu des paroles rassurantes : les choses changent, les dirigeants aussi, et l’air est à l’ouverture. Et qui dit ouverture, dit commerce, et qui dit commerce, dit or, et qui dit or dit… Banquet. Car, visiblement, cette délégation humaine avait été courageuse de faire ainsi les premiers pas vers les Nains, et cela fut apprécié par Glumtol.

Alors la soirée arriva. Skäld était prêt, Skäld avait envie d’en découdre, avec son estomac ! Et lorsque les Humains se présentèrent, il attendit l’annonce de Glumtol.

Les trois hommes lèvent leur verre de bon cœur et le bruit des chopines qui s’entrechoquent se fait entendre dans la taverne, au milieu d’un joyeux brouhaha. Aymeric, Philippe et Tristan boivent tous les trois une franche gorgée de bière, une gorgée terriblement appréciée si on juge les visages ravis des trois Humains.

- Par Neera…C’est probablement la meilleure bière que j’ai jamais bue !

Philippe modère son enthousiasme, au contraire de Tristan qui finit la chopine cul sec, la mine totalement réjouie. Aymeric, lui, garde tranquillement sa bière en main, tout en suivant Glumtol en direction des entrées. Il suit les indications traduites et goûte donc le curieux mélange de champignon, charcuterie et fromage, sous le regard de ses deux comparses. Un mouvement de la tête, appréciateur, salue la première bouchée.

- On devrait essayer de reproduire ce genre de repas chez nous, les amis…C’est le genre de repas qui tient au corps, et ce serait grandement utile avant une expédition en montagnes, en hiver…

A nouveau, les sourires se font larges sur les visages et si le capitaine et Philippe se modèrent, Tristan, lui, est littéralement sous le charme de cette cuisine. Il a le rire facile, la voix forte, il est déjà en train de s’acoquiner avec un autre nain du nom de Skäld Trois-Joyaux. Et ce n’est rien à côté de ce qui arriva ensuite, cette énorme pierre sur laquelle sur laquelle sont posés de petits caquelons servant à faire fondre le fromage dont les Nains nappent généreusement leur charcuterie.

A dire vrai, les plats aussi généreux et caloriques ne sont absolument pas monnaie courante à Fernel. Les trois hommes sont plutôt grands, minces et élancés, aux longs muscles secs, sans graisse. Des corps entretenus par une discipline à laquelle ils sont habitués depuis l’enfance et qui sont l’apanage des gens souvent en extérieur à effectuer des travaux physiques. Il va sans dire qu’un repas pareil, copieusement arrosé de bière, aussi délicieuse soit-elle, ne peut que provoquer d’intenses réactions mécaniques impossibles à contenir. Tristan rote bruyamment avant de rire avec les autres Nains près de lui, Aymeric et Philippe, eux, essayent, tant bien que mal, de faire bonne figure sans pouvoir y parvenir réellement. D’ailleurs, à un énième rôt tonitruant, les deux hommes ont un regard et éclatent de rire, à leur tour, si fort qu’ils en ont les larmes aux yeux. Le digne Philippe en arrive même à se frapper la cuisse, de rire, c’est tout dire…

- Glumtol, je n’ai pas souvenir d’avoir jamais aussi bien mangé et ri ! C’est une merveilleuse soirée que nous offrez là !
- Pour sûr !, surenchérit Tristan, en levant sa chope.

Les trois Hommes ont fait honneur à ce qui leur a été offert, évidemment. Cela étant, mine de rien, c’est une épreuve, pour eux qui ne sont guère habitués à pareilles gouailles. Le seul qui semble tirer correctement son épingle du jeu est Tristan qui, chaud comme une braise, en arrive maintenant à défier Skäld au bras de fer, sous le regard amusé – voire même quelque peu moqueur – d’Aymeric.

- Allez ! Voyons un peu cela, l’ami !, dit Tristan en retroussant sa manche et en posant son coude sur la table, l’œil brillant d’une ivresse avancée.
- Capitaine ?, dit Philippe, tout sourire.
- Oui, je ne parierai pas un sou sur lui, mais il s’amuse. Et au pire, il aura très mal au bras durant les prochains jours. A moins que tu ne veuilles tenter l’expérience mon ami, je te conseille d’aller danser.
- Danser ???? Mais….Heu…

Aymeric a lui aussi une lueur d’ivresse au fond de ses prunelles. Il fait pivoter son compagnon et le pousse dans les bras d’une Naine qui l’entraîne dans un galop frénétique. Philippe ne sait pas comment réagir, lui qui ne danse jamais mais il y va quand même, finissant par accorder ses pas à ceux de sa partenaire, avant de rire enfin.

Le Capitaine, lui, prend deux bières et rejoint Glumtol. Lui confiant une chopine, il garde l’autre pour lui et demande, d’une voix quelque peu éraillée, encombrée par le gargantuesque repas qu’il vient de prendre :

- L’on dit que vos chansons sont épiques et pleine de mots qui donnent du courage. Nous feriez-vous l’immense joie de nous faire entendre une de ces chansons, vous tous ? Parce que, très honnêtement, il va nous en falloir un peu, du courage, si nous voulons tenir cette soirée sans finir à quatre pattes sous les tables, ivres morts…

Un large sourire, une fois de plus, pour ponctuer ses paroles.

Clair, et concis. C’était là tout l’art de la Voix de Thanor : économiser la sienne afin de faire retentir celle des autres. Enfin, ici, plus que leurs voix, les Nains firent plutôt retentir leurs panses.

L’entrée, tout d’abord. Skäld adorait cette entrée. A vrai dire, il n’y avait, de mémoire de Nain, un seul plat qu’il n’avait jamais apprécié, sauf ceux ayant beaucoup de verdure au sein de l’assiette ou du bol. Bien-sûr, les céréales étaient importantes, tout comme certaines cucurbitacées, certains fruits aussi – oh il tuerait Kobolds et Gobelins pour pouvoir dévorer un brugnon bien juteux – mais il n’était point un Elfe ! Trop de légumes, c’était moins de place pour la viande ! Cliché, vous dites ?

Heureux qui comme un Nain, à fait un bon banquet, ou comme c’est c’lui là, qu’aura bu son canon, et puis s’est retourné, plein comme un margoulin, vomir dans le p’tit coin, et rev’nir soudain… ! Cela pourrait assurément être le refrain d’une douce chanson enchanteresse chatoyante, mais pour sûr, un Nain saura s’en saisir le jour où Skäld en sortirait les rimes et les vers, lorsqu’il n’aura plus ni frongol dans les mains, ni fromage dans la gueule.

A l’image de Glumtol, Skäld s’occupa donc d’éduquer le jeune Tristan – au nom bien peu mérité, il n’avait rien de triste ! Il lui montra comment prendre le frongol, l’enfouir dans le fromage et le faire disparaître en son gosier. Il reproduisit aussi ce geste avec ces épaisses tranches de lard grillé préalablement – le péché mignon de Skäld. Tristan suivait bon train, et recevait comme encouragement, de franches accolades dans le dos et de sincères rires, alors que la suite arriva.

Et quelle suite ! La raclette ! Les pierres chaudes, les caquelons prêtes à recueillir le fromage, et les assiettes de pommes-de-terres et de charcuteries… Les Nains en raffolaient. De vraies montagnes de fromage furent ainsi fondues dans de petits et grands caquelons, et versés dans de profondes écuelles pleines de nourriture. On mangeait principalement avec les doigts, et l’on s’essuyait sur les tissus de la table, ou sur ses propres tissus ! Les fidèles de Girdon voient en cela, le témoignage d’un banquet réussi !

L’alcool aidant, les Nains commencèrent à entrer dans une transe tout à fait Zagazornienne. Faisant fi alors de la différence territoriale et des querelles de races – peu présentent mais toujours ancrées dans la pensée naine – les Nains emmenèrent les frêles humains jusqu’au cœur de ce banquet. Et les quantités d’alcools et de nourritures qui furent ingérées, furent démentielles !

L’on s’arrêta – comprenez que les Nains levèrent leurs trognes de leurs écuelles – lorsque le maître du banquet indiqua qu’il fut temps de se dépenser. Rond comme une queue de pelle, rouge comme un soulard, Skäld accepta le défi de Tristan, qui ne tenait presque plus debout. Le pauvre Humain avait beau posséder un corps sculpté et une musculature prononcée, il n’était pas doté du physique des Nains : des épaules larges, développées, et des bras noués d’épais biceps puissants, il n’avait aucune chance dans un tel affrontement direct. Skäld n’en fit qu’une bouchée : il prit sa pogne, plaça son coude, et lorsqu’un arbitre lança le début des hostilités, Skäld déploya toute sa force, et y ajouta tout son poids. Le pauvre Tristan fut littéralement balayé et envoyé jusque sous la tablée.

Un rôt tonitruant, que dis-je, absolument horrifiant, retentit alors, comme le cor fêtant la victoire. Skäld provoqua une seconde de silence par se rôt qui surprit plus d’un poilus et d’une bavette. Puis, les paroles de l’Humain le motivèrent grandement. Ni une ni deux, il prit la plus grande des pintes qu’il trouva – presque trois litres – et la fit remplir, avant de monter sur la table. Il racla sa gorge, frappa son plastron, et commença, tout en frappant du pied au rythme de la chanson :

iiiiiiiiil yyyyy a, il y a, une auberge tranquille, au pied de la montagne ! Et l’on y brasse une bière si brune, que le Nain de la mine, voulant faire BOMBANCE, s’en est mis plein la panse. Le tavernier à un bouc pompette, qui jouuuuuuait du violooooooon, et de haut en bas avec son archet ça faisait Cracraaaaaaaaaaa… Et puis Ronroooooooooon ! Quand enfin on eut le glissoir rassasié, alors le bouc joua au violon, un gigue à réveiller l’soulard, il fit rôter, péter, gueuler, la mélodiiiiiiiie… D’un bon banqueeeeeet ! AYE !

Et il finit par un cul sec de sa large pinte, suivi par toute l’assemblée, qu’importe la taille de leurs écuelles.

Rythme de la chanson:

Assis face à Skäld, Tristan ne mesure rien du tout, évidemment. Noyé par la bière, alourdi par le repas conséquent qu’il vient d’engloutir sans retenue, l’humain n’a absolument aucune chance face à un Nain aux bras puissants et de surcroît entraîné aux gouailles. Rien qu’à la façon dont Skald se saisit de sa main, il sait. Il comprend qu’il va rendre les armes en deux temps trois mouvements. Et pourtant il s’en fiche. L’important, ce n’est pas tant de gagner, l’important c’est de partager un bon moment avec un être qui semble sur la même longueur que lui. Le Nain pourra d’ailleurs voir qu’il n’y a aucune intention maligne, rien d’agressif dans ce geste, dans cette petite provocation en duel. Il n’y a rien de plus que le désir de rire, de s’amuser dans cet œil là, dans ce sourire hébété.

Et ce qui devait arriver arriva. Non seulement Skäld l’étale d’un seul mouvement puissant, mais en plus il l’envoie proprement rouler sous la table, sous les rires de l’assemblée. Au sol, Tristan rigole à son tour, les yeux fermés, la main posée sur son torse. Aymeric n’a rien perdu de la scène et rit discrètement, le nez dans la mousse de sa bière. Nul doute que le capitaine va le chambrer pendant des ennéades entières, à ce propos…Le rot de la victoire salue pourtant la défaite de l’humain qui se relève, tant bien que mal, se hissant à l’aide de ses avant-bras sur la table, pour rire à nouveau avant de se taire, de tourner de l’œil et de s’écrouler. Plus un bruit si ce n’est celui d’un ronflement sonore.

Un ronflement qui sera couvert par une chanson entrainante. Aymeric dépose sa bière et bat des mains, puis des pieds, avec un large sourire de joie, tandis que Philippe, lui, danse toujours avec sa comparse naine. L’ambiance semble être à son comble, dans cette salle envahie par les odeurs de nourriture cuite et de bière, embrumée par les volutes de fumées issues des pipes. Les nez sont rouges, les yeux sont luisants, les ventres sont tendus, c’est la joie à l’état pur, le bonheur simple de partager de bons moments entre peuples qui apprennent à se connaître, à nouveau. Là où d’autres y seraient allé en douceur, force est de constater qu’ici il n’en est rien. Les Nains et les Hommes boivent et mangent ensemble, chantent, rient et dansent, sans que cela ne semble incongru, comme s’il s’agissait de l’attitude la plus naturelle du monde.

Si Tristan est définitivement hors jeu, plongé dans ce sommeil lourd et noir instillé par l’alcool, Aymeric, lui, voit tout cela, il en est plus ou moins conscient, il embrasse la salle d’un seul regard, l’œil luisant de fierté, de bonheur et d’alcool un peu aussi. Que sa Dame serait fière de voir cela…Il en est absolument convaincu. Enfin…Si on fait exception de Tristan en train de ronfler comme un sonneur, ivre comme sans doute il ne l’a jamais été.

Le mot d’ordre de la Châtelaine a été, dès la succession, d’ouvrir le domaine aux autres. Ce n’est pas pour rien que les étrangers sont toujours reçus avec dignité et bienveillance à Fernel, Dame Louise a toujours mis un point d’honneur à faire en sorte que tout le monde se sente bien en ses terres. L’Intendant l’a bien compris et a tenu cet engagement pendant l’absence de sa Dame. Pourtant, un ordre est parvenu dernièrement, par courrier, un ordre sans appel : celui d’abattre tous les Drows qui se présenteraient à Fernel, sans sommation. Un bref instant, le front d’Aymeric se plissa en y songeant. Il n’aime pas les Drows, cruelles et sadiques créatures de cauchemar dont les légendes font état de choses si monstrueuses dans le Nord qu’il n’aurait de toute façon pas eu besoin d’un ordre pour tirer à vue…Que Dame Louise l’écrive clairement et en fasse un ordre général répandu sur tout son territoire est plutôt surprenant. Il a probablement du se passer quelque chose mais…Ce n’est pas tellement le moment d’y songer. Là, il s’agit plutôt de lever sa bière et de la boire cul-sec, alors que Skäld termine sa chanson.

Le liquide d’or roule dans sa gorge totalement anesthésiée par l’alcool, et il salue la chanson d’un rot retentissant aussitôt ponctué d’un sourire béat. C’est que la salle commence à tanguer un peu voyez-vous ? D’ailleurs il cherche un appui. Il trouve un bras et s’y appuie, en levant l’autre main, posant son index sur son nez, avant de dire :

- Nous zaussi…Zon sait chanter…maiiiiiis….*burps* là j’peux plus…Que Neera m’pardonne, si j’chante, j’vomis.

Il rit à gorge déployée s’appuyant sur le Nain qui le reçoit tout en parlant fort :

- Hé Philippe ! Philippe ???

Philippe a disparu. Plus de trace de l’humain. Plus de trace non plus de la Naine qui l’accompagnait depuis tout à l’heure.

- Hun ??? Qué que ce…Qui que…Rhaaaa ! Mes zamis les Ségneurs Nains, vous êtes de terribles compagnons de joie ! Vous avez étalé Tristan, Philippe a disparu et il ne reste que moi…Hahaha c’est magnifique !!!

Aymeric est heureux. Il manifestera alors sa joie de la plus spontanée des façons. Il prendra le Nain qui le soutient dans ses bras et déposera un baiser sonore sur le front dégarni de son compagnon avant de le serrer fort, les yeux fermés, transpirant l’alcool par tous les pores.

- Chu content…