Une soirée que l'on ose espérer tranquille... (Libre)

Le bistrot de Tarhama, ainsi nommé en l'honneur de son propriétaire, est un endroit pouvant être tout aussi tranquille qu'animé par de nombreuses bagarres entre personnages de tout genre. Recevant parfois des bardes et autres troubadours diantrois, c'est un endroit bien apprécié par Conrad de Payn, le général royal de Diantra. C'est donc après une dure journée et avec l'envie de se retrouver ailleurs qu'au château royal à voir le vautour qu'était le Conseiller officiel du roi que notre glorieux ami s'est retrouvé, à environ 19h30, dans cet établissement bien accueillant. L'ambiance chaleureuse qu'on y trouvait, avec ses employés enthousiasmes, son gros foyer dans lequel ronflait paresseusement un feu d'or bien chaud, n'était égalé nulle part ailleurs, exception faite du Lion de Bronze, le rival premier du bistro.

Sans armure, vêtu sobrement et sombrement, mais élégamment, Conrad s'y reposait en repensant aux événements s'étant bousculé la journée durant. Une pipe entre les dents, son épée bien accroché à sa ceinture et son insigne de maître d'arme cousu sur sa tunique de velour bien en vue, il ne craignait pas de se démarquer ainsi. Comme je l'ai cité maintes fois, rappelons-le, Conrad était loin d'être l'un de ces nobles à l'allure fier et hautaine, à l'exception fait, bien entendu, de la fierté que lui apportait son titre. Mais, comme la plupart des Diantrois le savent, il était loin d'avoir lâ même arrogance que ceux-ci. Bien que cela fut rare, les traits de Conrad, habituellement formés pour représenter un visage d'autorité, était plus relâchés, montrant qu'il passait un bon moment, coupe de vin à la main.

Le son grinçant de la porte s'ouvrant se fit entendre fièrement, son qui sortit Conrad de son monde, le ramenant brusquement à la réalité. Quelqu'un venait d'entrer et, étant donné la position dans laquelle le glorieux général était placé, il n'eut d'autre choix que de remarquer la personne venant d'entrer...

Suivant une ravissante femme, le roi, habillé d'habits usés et d'une houppelande recouvrant son visage d'une capuche, entra dans la taverne. Il y régnait une merveilleuse effervescence, les discussions allaient bon train. Dépassant la femme pour s'installer à une table libre et déguster une bonne boisson, Ultuant avisa Conrad, assit face à la porte, une pipe entre les dents. Le roi eut un sourire invisible et baissa un peu plus la tête pour ne pas dévoiler ses traits, à la lumière des chandelles. Il s'approcha du Maitre d'armes

"Une petite chanson mon bon seigneur ?" demanda-t-il d'une voix torturé, près du désespoir.

Relevant alors légèrement la tête, il adressa un clin d'oeil à son ami de toujours. Bien que celui-ci le connaissait depuis toujours, il n'avait jamais pu prévoir où se trouverait Ultuant dans l'heure suivante, tellement il était imprévisible.

"Alors encore à se saouler ? Vous croyez vraiment que c'est une attitude pour une personne de votre rang ?

Ultuant avait parlé avec une fausse colère, parvenant à grande peine à dissimuler son sourire.

"Vous me permettez de vous tenir compagnie ?"

Sans attendre la réponse, Ultuant tira une chaise et s'assit, se laissant tomber sur le dossier, mais sans enlever son capuchon.

"Olàlà, qu'elle journée éprouvante. Vous avez-vu la nouvelle bijoutière qui s'est présentée à la cours ce matin ? Quand pensez-vous mon bon ami ?"

Puis il baissa la voix, l'apercevant dans l'entrée.

"Certaines de ses créations ne sont pas mauvaises, mais cela plaira-t-il à ma femme ? Et pour décorer une armure, n'est-ce pas trop... pimpant, pour employer un mot de la rue... sans vouloir vous offenser."

Il termina sa phrase sur un sourire, sachant très bien que cela vexait toujours Conrad lorsqu'il employait des mots qui n'étaient pas "nobles".

Haaaaa! Sa Majesté le roi dans un petit bistrot? Conrad garda la même expression sévère au visage lorsque Ultuant lui adressa la parole, et elle ne fut pas changé lorsqu'il le reconnu. Combien de fois le maître d'arme royal n'avait-il pas recommandé au roi de ne pas sortir de l'enceinte du château, que cela était risqué avec toutes les menaces des Elfes Noirs? Au moins, Ultuant était pauvrement vêtu, passant ainsi pour un homme ordinaire, malgré son statut royal.

- Voulez-vous rire mon cher monsieur? Je vous connais depuis belle lurette, et, malgré toutes vos qualités, vous chantez comme un pied! s'exclama Conrad, osant un sourire complice presque imperceptible.

Le maître d'arme était toutefois heureux de faire une rencontre aussi inusitée. Les temps étaient durs, et Conrad ne pouvait que rarement avoir une de ces discussion avec son ami de toujours. Prenant une bouffé d'herbe à pipe, il proposa son tabac au roi, le connaissant aussi comme un amateur de pipe. Il répondit calmement au roi à toute ses réponses, lui répondant positivement à chacune d'entre elle. Toutefois, il se sentit dans l'obligation par son titre de montrer sa désapprobation face à ses petites sorties.

- Vous devriez savoir qu'il est imprudent de quitter votre château par les temps troublés qu'est notre époque, disait-il. Bien que je sois bien heureux de vous voir, je crois qu'il serait plus approprié que vous restiez au château. Aujourd'hui encore, trois Elfes Noirs marchaient librement en Diantra et ont réussi à s'échapper.

Il afficha une expression vexé lorsque son ami lui répondit qu'il chantait mal. C'était une pure insulte à sa divine personne... mais tristement vrai.

- Vous devriez savoir qu'il est imprudent de quitter votre château par les temps troublés qu'est notre époque

Ultuant hocha la tête, sachant très bien que son maitre d'armes lui avait répété tant et plus, mais c'était plus fort que lui. Il voulait voir les habitants de l'autre côté du miroir, sans son statut royal. Et il n'était que peu déçu, à chaque fois.

"Non merci, ce ne serait pas raisonnable de fumer ce soir. Une autre fois peut-être."

Entendant un bruit non loin de leur table, les sens aux aguets, Ultuant leva légèrement la tête et aperçut Cyraelia attendant, debout, à côté de la table.

*Oh non pas elle. Ca craint, elle va me prendre pour un fermier crotté*

Il porta sa main à son capuchon et le tira un peu plus vers le bas, espérant seulement que la bijoutière ne l'avait pas déjà reconnu. Prenant une voix déformée, il ajouta :

"Hum, je crois que je vais finalement y aller. J'ai encore plein de foin à rentrer dans ma grange cher ami. A bientôt."
Ultuant se leva lentement, en observant toujours Cyraelia du coin de l'oeil.

ayant vu le "fermier" se lever après semblait-il l'avoir apperçus, Cyraelia présuma qu'il fuiait sa présence. Cela ne semblait guère l'embêter, comme s'il s'était agit d'un évènement préalablement envisagé. Or, elle alla vers lui tou de même et inclina la tête légèrement pour saluer le roi de la façon la plus discrète possible. Elle abborda l'homme d'une manière cordial forcé, elle tenait à s'entretenir avec les deux homme pour d'autre affaire que professionnel. Elle voulait mieux les connaitres.

-Ne se fait-il pas un peu tard pour ce genre de travaux, monsieur? fit-elle à l'adresse d'Ultuant.

Cyraelia jeta un regard qui en disait long sur la requête silencieuse qu'elle envoyait à Conrad, elle voulait que le roi reste un peu plus longtemps. elle priait silencieusement que ce voeux soit exaucé. Son regard fut empreint de chaleur et d'une douceur inconsidérable.La chaleur et l'odeur de ses lieux lui devenait insupportable et l'abbondance de gens en ces lieux, oh, elle ne préfèrait pas y penser. Elle Passa ses doigts dans sa chevelure soyeuse, puis croisa les bras sous sa poitrine.

Des bruits de chaudron et de chope de bière s'entre-choquait un peu plus loin, le bistrot ce soir là était très animé. Il y avait non loin d'eux un jeune couple de basse sphère qui, vigoureusement s'elaçait comme si ce fut une éternité qu'ils ne s'étairent pas vu. Cyraelia reconnu l'homme, un lointain cousin de sa famille, une branche de sa ligné que l'on avait préfèré ignorer car les agissement de cette famille laissait à désirer.

Cyraelia reposa son doux regard sur le "fermier", il ne semblait pas vouloir se retrouver en sa compagnie.

Ultuant vit que Cyraelia venait vers lui. Elle l'avait donc démasqué. En même temps, ce n'était pas dur puisqu'elle s'était entrenu avec lui durant une bonne heure le matin même. Ce n'était pas un exploit digne d'un médaille. Mais le regard de la jeune femme était étrange.

-Ne se fait-il pas un peu tard pour ce genre de travaux, monsieur?

"Il n'est jamais trop tard pour travailler. Et puis n'avez-vous pas honte d'espionner les conversations entre deux hommes ? Savez-vous que c'est très impoli ceci ?"

Ultuant jeta un regard en biais à Conrad pour savoir ce qu'il voulait faire. Cyraelia avait l'air de vouloir leur parler. Ce n'était pas vraiment l'envie qui étouffait le roi mais il s'y plierait puisque tel était son devoir, mais seulement si son maitre d'armes était de la partie aussi. Il l'interrogea du regard.
Durant leur conversation muette, la bijoutière regarda la salle d'un regard vitreux. Elle n'avait pas l'air bien. Peut-être cette odeur de sueur. Alors pourquoi était-elle venu ici ? Ce n'était pas en suivant Ultuant, il avait pris toutes les précautions pour ne pas se faire suivre. Alors pourquoi ?
Ultuant fit un mouvement tellement léger en direction de la porte que pour un villageois lambda, il n'aurait même pas tremblé. Mais il savait que Conrad le verrait. Il l'invitait à sortir. S'il voulait discuter avec Cyraelia, ils pourraient le faire ailleurs... ou peut-être pas, il y avait moins d'oreilles indiscrètes ici que dans une pièce déserte du palais.