[Une union royale] Une conversation avec le maître des festins | Glumtol

Deuxième jour des festivités
Peu après treize heures

Il est l’heure de se restaurer.

Après une matinée riche en discussions, la châtelaine rejoint la place qu’elle occupait la veille, tout autant que son escorte. Si pour le premier jour de réjouissances elle avait privilégié une relative discrétion en portant des couleurs sobres, il n’en est plus rien aujourd’hui. On peut même dire que la châtelaine est au sommet de sa beauté, en arborant cette couleur rouge qui lui plaît tant, dans une tenue taillée dans le plus beau tissu de velours.

De longues manches collantes jusqu’à ses poignets et un corsage parfaitement ajusté au décolleté orné de motifs floraux faits de petits empiècements dorés sont visibles sous une cape de tissus sombre, une cape sans manches tombant au sol. A son cou, cette parure magnifique de rubis offerte par Glumtol. La veille, elle avait porté les saphirs qu’il lui avait fait parvenir par l’intermédiaire de ses émissaires. Aujourd’hui, elle a accordé les pierres à sa tenue ce qui donne un effet tout à fait saisissant et éblouissant. Les pierres captent la lumière et la disperse en de subtils éclats rougeâtres dispersés sur sa peau blanche. Ses cheveux quant à eux sont coiffés relevés et maintenus par ce cercle de métal qu’elle affectionne tant, un cercle de métal orné de feuilles de chênes.

Louise affiche une mine particulièrement sereine et tranquille en prenant place aux côtés de Glumtol. Elle a passé une très bonne nuit et un début de journée plutôt agréable. C’est donc avec un gracieux sourire aimable, l’œil brillant, qu’elle salue son voisin de table.

- Je suis heureuse de vous revoir, Glumtol. Avez-vous passé une bonne nuit ?

Elle a le sourire oui. Ce n’est pas tellement souvent que ça lui arrive, de se réveiller sereine et apaisée. Point de souci à l’horizon, point d’impondérable désagréable pour l’instant, tout va donc très bien.

- Nous n’avons pas eu l’occasion de beaucoup discuter hier soir mais j’ai pu voir à quel point on ne m’avait pas menti à propos des banquets du Zagazorn. Pour tout vous dire…

Elle se penche un peu vers lui comme pour lui murmurer une confidence, rieuse :

- Mes hommes ont eu beaucoup de mal à s’éveiller. Je les soupçonne d’avoir pris plus que leur part hier soir.

Louise a un petit rire avant de désigner d’un regard les quatre hommes assis en bout de table, pâles, la mine défaite. Aymeric, Tristan et Philippe restent dignes mais Enguerrand, lui, affiche un teint verdâtre qu’il dissimule tant bien que mal derrière le godet d’eau clair qu’il vide à petites gorgées. Nul doute que le foie du Maître d’armes a probablement souffert plus que de raison cette nuit, lui qui a une hygiène de vie très stricte et une attitude responsable en toutes circonstances.

- Ils m’ont raconté les banquets donnés à Thanor, ils savaient à quoi s’attendre ici mais mon maître d’armes, lui, a tout découvert hier soir.

Une fois de plus, elle a un petit rire avant de reporter son attention sur Glumtol :

- Comment faites-vous pour résister comme cela ? Toute cette nourriture, toutes ces boissons…c’est beaucoup !

Tenue de Louise:

- Beaucoup d’entraînement

Louise a un petit rire tout en regardant les trois hommes que Glumtol connait bien. Ils sont vraiment en piteux état, mais ce n’est rien en comparaison d’Enguerrand qui vint de subitement se lever pour disparaître vers les commodités réservées aux hommes. La châtelaine reprend :

- Merci pour votre compliment. Les pierres s’accordent parfaitement à cette robe, cela me semblait approprié de les porter ici.

Elle tend la main vers une cruche de vin et remplit un verre, le plus tranquillement du monde, écoutant Glumtol d’une oreille très attentive.

- Une proposition ? Je vous écoute.

Elle porte le verre de vin à sa main et l’observe, intriguée.

- Quel serait cet investissement ?

Les paupières de Louise battent rapidement, dans une incompréhension totale. Elle inspire profondément, peu certaine d’avoir bien compris ce qu’il vient de dire. Vient-il de lui parler mariage ? Ha il semble que non finalement. Elle le regarde, perdue.

- Excusez-moi mais…Vous voulez que je cherche de la nourriture pour vous ? C’est bien ça ?

Petit instant de malaise. Elle ne connait pas tellement les spécialités des autres régions, même si elle a beaucoup voyagé ces derniers temps. Du coup elle n'est pas bien certaine d'être la personne la plus qualifiée pour ce genre de choses...Si c'est bien ce que demande Glumtol, bien sûr.

Le visage de la châtelaine vient de s’éclairer d’un seul coup. Un large sourire s’épanouit sur ses lèvres, tandis que son regard pétille de joie.

- Haaaaaa! Vous voulez venir en Péninsule ? C’est vrai ?? Pour goûter nos plats ?

Dans l’esprit de Louise défilent toutes ces choses qu’elle a mangé mais dont elle ne se rappelle plus les noms, il y a tous ces plats fumants dégustés à Diantra, Papincourt, tout au long de ses voyages jusqu’en Estrevent. Il y avait des tas de choses, mais…

- Et vous voulez que je vous guide ? Moi ?

Ce ne serait pas très digne, ce ne serait pas du tout élégant, ce serait même carrément douteux mais Louise a envie de danser de joie. Elle se contient pourtant, du mieux qu’elle peut, avant de céder à sa nature première, dans un rire doux et espiègle. Elle vient de s’emparer de la main de Glumtol et de la serrer entre les siennes, avant de la lui rendre, toujours dans un rire.

- Vous m’honorez, Glumtol. Autant par votre proposition que par ce titre d’amie.

La châtelaine a déjà des idées, mais elle les garde pour elle pour l’instant. C’est que recevoir un Nain, ce n’est pas rien. Et recevoir Glumtol, un maître des festins, c’est probablement un défi. Maiethé va sans doute en faire une crise cardiaque…et les petits pages, les petits serviteurs du château vont en bondir de joie, tout autant que les hommes de sa garde.

- Cela va me demander du temps et de l’organisation mais je vous promets de répondre à votre demande. Nous pourrons toujours nous écrire, je vous tiendrai informé de cette façon-là…mon ami.

Deux mots prononcés avec un large sourire, à nouveau. Louise tient toujours ses promesses, il n’a donc pas à s’en faire sur ce point.

- Quand je serai de retour en Péninsule, je m’attellerai à cette tâche.