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| Libre | Une chantre d'un jour | |
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Uda'la
Humain
Nombre de messages : 11 Âge : 27 Date d'inscription : 01/11/2020
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 19 ans Taille : 1m57 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Libre | Une chantre d'un jour Ven 20 Nov 2020 - 21:02 | |
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18e année du Onzième Cycle Cathédrale de Sainte Deina
La colossale masse de bois et de marbre te pesait sur la poitrine comme si dès le premier pas fait dans la nef, tu en étais devenue la fondation. Tes doigts tremblaient légèrement, encore aujourd’hui. Être en présence de la Damedieu et de ses servants les plus fidèles ne cesserait jamais d’être intimidant. D’autant plus lorsqu’il t’était donné de te faire vaisseau des paroles des Hommes vers Silène. D’autant plus lorsqu’à travers ta voix, c’est bien plus que ton seul et unique cœur qu’il fallait que tu emmènes aujourd’hui à l’oreille de la Déesse Mère.
Mais tu en étais heureuse. Plus heureuse que de raison. Terrifiée, mais exaltée comme tu l’avais rarement été.
Durant les quelques derniers jours, tes Chantres de beaux-parents t’avaient introduite aux chœurs de l’immémorial établissement. Durant les quelques derniers jours, ils t’avaient offert d’être entendue par les maîtres de chapelle, d’être enseignée même, dans le respect de leur tradition musicale, autant que l’autorisaient les quelques heures que tu avais réussi à additionner en leur compagnie. Et c’est avec une rare passion que tu avais accueilli leurs leçons. Les cantiques, tu en connaissais déjà de nombreux. Ta famille d’adoption t’en avait beaucoup appris. Les psalmodies, tu en connaissais déjà les mélodies, les rythmes et pour certaines, même les ornements récurrents que chantaient les solistes assaisonnés. Seulement, les quelques instruments que vous pouviez amener avec vous dans les bois n’auraient jamais pu rendre justice aux merveilles de contrepoint déployées par l’orgue, par le chœur, par les pupitres de chanteurs se rendant la responsoriale selon de mystérieux canons, dont le secret derrière les règles est souvent mort avec leurs compositeurs.
Quelques jours, c’est le temps qu’il t’avait fallu pour comprendre – au moins en surface – la manière dont s’encastraient ensemble les tropes de la poignée de pièces qu’il te serait confié de lancer aujourd’hui, de tes doigts tremblants, sur le titanesque établissement qu’était l’Orgue de Sainte Deina. Mais tu te sentais prête. Tu étais prête. La musique te porterait. Elle le faisait toujours. Alors, lorsque sonna l’heure de la cérémonie, lorsque l’attention des quelques fidèles rassemblés dans le chœur et la nef se tourna vers toi, lorsque vint l’heure pour les cantiques de résonner en l’honneur de la Damedieu, tes doigts enfoncèrent les touches du bâtiment en un premier accord.
Au départ ton attention toute entière alla à l’instrument. Et à qui avait l’oreille assez acérée, les hésitations de ton jeu seraient audibles. Toujours légèrement en retard sur le temps, à chercher la prochaine note, le prochain accord, la prochaine ligne mélodique. Evitant de trop marquer les cadences, de peur qu’une erreur de ta part ne vienne briser l’harmonie, évitant de sortir des formules canoniques et des tropes préfaits, de peur de te perdre toi, et d’emporter chœur et soliste dans ta chute. Mais après une pièce, puis une autre, les tensions finirent par te quitter. Les lourdes sonorités de l’instrument finirent par t’emporter, et tes doigts s’émancipèrent des structures en une simpliste toccata. Ta voix fleurit, elle aussi, par la même occasion. Mais trop faible devant les tuyaux du monstrueux instrument, et noyée dans un antichambre qui n’avait pas été construit pour faire entendre un chanteur, elle s’était perdu en un filet léger au sein de l’orage de sons. La majeure partie de la cérémonie durant, tu avais chanté pour toi-même, en invisible et inaudible soliste, donnant l’harmonie au chœur. Et finalement… finalement, pour un dernier cantique, le maître organiste était venu t’arrêter, et reprendre possession de son instrument. Celui qui s’était fait ton ange gardien tout du long de la cérémonie t’avait entendu, et parce qu’il avait vu, entendu et compris ce que voulait ton être, il t’avait offert le dernier air.
Descendue de l’antichambre. Prenant place de soliste au sein du chœur, par-dessus l’harmonie d’un autre ton timbre de voix s’était élevé. Un grain de poitrine brillant, tranchant à travers tes convives durant son ascension dans une moitié haute que tu aimes à habiter. Un timbre brisant le cortège plus velouté des voix de tête qui t’entourent, dansant entre leurs différents pupitres en de joueuses acrobaties du haut vers le bas et du bas vers le haut, contant en contre-mélodies les émotions tumultueuses du périple de foi que décrivent les paroles que tu prononces. À chaque ligne ton ascension t’emmène un peu plus haut. À chaque phrase allant vers le climax de la pièce des cordes se tendent un peu plus. Jusqu’à ce dernier vers, qui touchant le plafond de ta poitrine t’avait emporté sur une corde raide, à un faux pas de l’étranglement. Seulement tu voulais continuer de monter, continuer ton chemin vers la Seconde Lune, alors tu avais lâché le poids, tu t’étais réfugié dans ta tête, et ces notes climatiques, c’est en un doucereux fausset que tu les avais vocalisées, pour caresser les nuages tant que possible, jusqu’à ce que l’approche des dernières cadences ne te ramène vers le bas, et que ta poitrine ne rattrape et conclue la mélodie.
Ils n’étaient pas si nombreux les fidèles en Sainte Deina durant ces cérémonies du quotidien, mais probablement ceux d’aujourd’hui se souviendraient de la voix de la jeune cantatrice à la peau hâlée. Avec un peu de chance, peut-être même garderaient-ils une place en leurs Souffles pour le souvenir de Demetria. Celles qui les avait accompagné et avait été accompagnée par leurs prières.
Parce qu’elle… parce que toi, ce jour tu t’en souviendrais. Et à peine l’office fini, déjà ce souvenir tu le chérirais. Seule avec tes pensées assise sur l’un des bancs, tu continuerais de doucement fredonner ce qu’ils t’avaient inspiré.
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| | | Renaud d'Erac
Humain
Nombre de messages : 712 Âge : 47 Date d'inscription : 31/12/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 31 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Libre | Une chantre d'un jour Mer 25 Nov 2020 - 11:59 | |
| Le temps passe à une vitesse effroyable, encore plus lorsque vous êtes très occupé. Ainsi, après avoir envoyé une missive au souverain des nains, Renaud se trouvait à Diantra, pour maintenir ses bonnes relations avec Le Roy et Louis. Il continuait de penser que l'osmose entre Diantra et Erac était d'une grande importance, et que cela conditionnait le bien-être du Royaume. Il passait énormément de temps sur les routes, entre Erac, ses vassaux et la capitale, refusant de voir une nouvelle fois le drame de la guerre du médian survenir. Il recherchait aussi toujours activement un Baron pour Velteroc, et lâcher la Régence qui était entre ses mains. La paix qui régnait depuis un temps si long, que cela surprenait tout le monde, avait permis de chercher des rapprochements plutôt que des guerres incessantes entre voisins.
Chevauchant dans les rues de la capitale après une entrevue, il se laissait mener par son cheval qui suivait ceux de sa garde constituée de quatre membres de l'Ordre du Merle. Il réfléchissait à tout ce qu'il savait, et aussi à ce qu'il devait faire quand son attention fut attirée par la Cathédrale de Sainte-Deina, devant laquelle il passait. Renaud n'aimait pas les Dieux, surtout Néera, et même si personne ne pouvait réfuter leur existence depuis le voile, il n'était pas obligé de les apprécier. Une cérémonie semblait y avoir lieu, chose qui ne l'intéressait guère si ce n'était les sons qui en sortait. Il ne pouvait nier que l'atmosphère d'une édifice religieux pouvait être apaisant malgré toutes ses appréhensions, et il se décida à franchir le pas de la porte, en se disant que cela pourrait peut être atténuer le mal de crâne qui menaçait de l'envahir.
Une fois à l'intérieur du bâtiment, il se rendit compte qu'il y avait du monde, peut être plus que d'habitude s'il savait seulement le nombre de pratiquant en période normale. Tout le monde semblait subjugué, et l'attention était clairement attiré par l'orgue magistral qui ornait l'édifice religieux. Il ne pouvait refuser à la personne qui jouait un talent indéniable, ensorcelant les fidèles qui se trouvaient présents. Et que dire lorsqu'elle, puisque c'était une femme, rejoignit le cœur, mais en tant que soliste. Que dire de la performance de celle-ci, alors que tous étaient soudainement hypnotisés par la voix de la jeune femme. Renaud en oublia ses soucis et questionnements, choses tellement rare depuis qu'il était devenu Duc.
lorsque l'office fut terminé, il resta quelques, profitant du calme qui avait finit par revenir après le départ des fidèles. Lui même attendit celle qui l'avait captivé par son organe, puis quand elle sortit à son tour il la suivit, s'apprêtant, tout Duc qu'il était, a lui adresser la parole
"Pardonnez moi madame"
Il attendit qu'elle se rende compte que c'était bien à elle que l'on s'adressait avant de reprendre, sa garde pas très loin derrière lui, à l'affut du moindre tumulte.
"Je me nomme Renaud, et j'aimerais vous remercier pour le moment que vous nous avez offert, votre voix est divine, tout comme votre talent à l'orgue."
Il espérait ne pas l'effrayer
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| | | Uda'la
Humain
Nombre de messages : 11 Âge : 27 Date d'inscription : 01/11/2020
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 19 ans Taille : 1m57 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: Libre | Une chantre d'un jour Ven 4 Déc 2020 - 21:40 | |
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Lorsque tu t’enfermes dans les échos d’une musique évanescente, il t’est parfois difficile de te rendre compte de ce qui se passe autour de toi. Heureusement pour toi, à ce moment-là, majeure partie de ceux qui t’entourent savent reconnaître cet état d’esprit, et rares sont ceux qui oseront essayer de t’en tirer. Rares aussi sont ceux qui prennent offense de te voir perdue en passions, car après t’avoir vu, après t’avoir entendu, rares sont ceux incapables de voir combien de ta personne est versée dans tes mélodies. Il en est toutefois, ayant le goût du risque, qui s’ose à tenter de percer tes murs sonores. L’homme à tes côtés est l’un de ceux-là. L’homme que dont tu ne prends pleinement conscience de la présence que trop tard.
Tu sursautes, ne te rendant compte qu’après coup que cela fait quelques longues secondes déjà qu’il t’a salué. Ses mots s’empilent les uns après les autres dans ton esprit alors que tu rejoues la scène que tu as inconsciemment perçue pour te repérer. Quoi dire ? Quoi faire ? Pendant une fraction de secondes, tout n’est que chaos. La fraction de seconde suivante, tout n’est que clarté. Mais ton visage souriant – passé la surprise d’origine – ne saurait trahir le désordre ayant lieu dans ton crâne.
- Demetria ! Enchantée ! tu réponds d’une voix enjouée, aussi cristalline en parole qu’au chant Mais je vous en prie. C’est surtout à moi de vous remercier pour le compliment. Les organistes habituels sont beaucoup plus compétents que moi. tu ris doucement, te passant les doigts dans la frisure Ça a été un grand honneur pour moi d’obtenir d’eux qu’ils me laissent aux commandes du célèbre instrument de Sainte-Deina. Tous les musiciens n’ont pas cette chance. C’est moi qui vous le dis.
Et pour cela, tu pouvais remercier tes parrains, leur ascendance, et leurs qualités en tant qu’artistes. N’auraient-ils pas été reconnus comme virtuoses que l’éloge qu’ils faisaient de toi n’aurait eu aucun poids, et peut-être jamais n’aurais-tu eu l’occasion de vivre un moment aussi intense. Ou peut-être plus tard, après t’être toi-même distinguée, mais alors tu n’aurais plus été au même stade de folle jeunesse, et si la victoire aurait été plus éclatante encore, ta prestation aurait perdu de sa candeur.
- D’ailleurs, si vous aimez l’orgue, vous devriez rester au moins jusqu’à demain, écouter ce dont est capable le Maître de Chapelle. tes yeux brillent d’admiration envers un souvenir que ton interlocuteur ne partage pas J’imagine que vous êtes de passage. Venu de… tu lèves un sourcil et fait une moue joueuse quelque part au Nord mais pas trop non plus… tu cherches, essayant de te rappeler d’où venaient ceux dont les accentuations te rappelaient les siennes Hautval ?
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