[Conquête d'Hanning] Tout le succès réside dans sa préparation

Calimehtarus, 3ieme ennéade de Favriüs, An XVIII, Cycle XI
Palais d’Uldal’Rhiz, Uldal’Rhiz, Ithri’Vaan

C’est les chants, les hourras et les cris de joie qui accueillirent la Princesse Marchande dans sa ville. Si ces citoyens l’admiraient, les gens les plus riches craignaient son esprit malicieux, mais cela ne les empêchait guère d’admirer son habileté à gérer. En quelques années, la cité d’Uldal’Rhiz avait réussi à avoir une influence hors du commun. Des marchands venant de péninsule comme de Sol’Dorn, la cité était riche, et son influence grandissante les réjouissait tous. Tout cela sans oubliée les investissements majeurs fait dans la cité ces dernières années. Que ça soit la place des chaînes, le petit colisée, le quartier du plaisir ou les grands jardins, la ville rayonnait. Une ville hors du commun ou le vice et la chair était maître. La ville où l’on pouvait réellement profiter des plaisirs de la vie sans s’arrêter. Cela prit quelques minutes pour la Princesse sur son étalon et son escorte pour finalement arriver à son palais au centre de la ville. L’énorme édifice était des plus impressionnants, donnant une vue hors du commun sur la baie et l’Oliya, il dominait la ville de son éclat. Pour y accéder, l’on devait traverser la ville, avant d’arriver à un énorme mur de pierre blanche constamment surveillé. De lourde porte en bois, s’ouvrait pour laisser passer les personnes importantes. De là, un long chemin traversait des jardins luxuriants pour arriver à l’énorme escalier qui donnait sur le palais épurée, et ce fut la que l’étalon de la Princesse de la Chair s’arrêta.

« Votre Altesse. » commença le marchand en s’inclinant, un air serein au visage; « Uldal’Rhiz se réjouit de votre retour sain et sauf. »


Le regard azuré de la demie-elfe se tourna vers les dix membres du conseil d’Uldal’Rhiz, alors qu’elle descendit gracilement de son étalon. Elle commença à monter les marches menant à sa -disons- maison. Avant de leur faire signe de la suivre. Ces derniers furent légèrement interloqués. C’était bien la première fois que la Princesse de la Chair ne respectait pas le petit protocole qu’ils avaient instauré, cela voulait dire que l’heure était bien plus grave qu’ils le pensaient. Les marchands la suivirent à l’intérieur, alors que des esclaves ouvrirent les grandes portes du palais pour laisser le groupe entrer. La Vaanie les conduisit d’un pas déterminé dans son bureau, avant d’ordonner que l’on ferme la porte derrière eux. Sans leur jeter un regard, cette dernière alla s’installer sur la chaise de son bureau, alors que les marchands s’installèrent en arc de cercle autour d’elle. Quelques miliciens se stationnèrent rapidement dans les coins de la pièce, avant que la porte ne laisse s’échapper un lourd son alors qu’elle se refermait derrière le groupe.


« Euh… Votre Altesse? Vous ne désirez pas vous reposer après toutes les épreuves que vous…. »
« Assez. »


Le marchand s’arrêta rapidement, regardant la demie-elfe d’un air légèrement apeuré. « L’heure n’est pas au protocole, nous avons des choses plus importantes à régler. Comment se porte la population? Comment est l’humeur générale? » Son regard se porta sur un des élus, et ce dernier se racla la gorge avant de prendre la parole; « Les citoyens vont bien. Ils comprennent que son Altesse, fait tout en son pouvoir pour promouvoir la citée et la faire grandir. Qui plus est, nous avons fait comme vous avez demandé et répandu la rumeur que vous êtes partie pour la principauté. »


Le regard de la Princesse sembla s’obscurcir pendant un moment, « Rumeur? Ce n’est point une rumeur c’est la vérité. Thaar compte sur notre principauté pour régler ce problème, nous devons nous montrer à la hauteur de la situation. » Réalisant sa bourde, le bedonnant marchant, baissa rapidement la tête en se confondant en excuses. Tristan vint se placer derrière la Princesse Marchande, l’air neutre, et la main sur le pommeau de son épée, tandis que Maralina se releva, dominant de son attitude le conseil d’élu qui devait veiller aux intérêts de la population. « Je suis revenue pour les réjouissances de la fête des désirs. Pendant ce temps, je vais préparer la milice d’Uldal’Rhiz. Je veux la majorité de nos forces prêtes à partir dans six jours. »


« Six jours…? Mais… Votre Altesse, cela nous prendra beaucoup plus de temps pour rassembler les hommes et les mercenaires… »
« Qui plus est, cela coutera beaucoup d’argent. Nous avons déjà déployé une centaine d’hommes dans les Septs-Monts. Avec la menace de Sol’Dorn, pouvons-nous réellement nous permettre de nous passer de ce que nous avons réussi à accumuler comme force? »


La Princesse soupira, avant de tourner prendre un air défiant; « Croyez-moi Sol’Dorn n’est point une menace en ce moment. L’important est le tout que la principauté est. Ils ont besoin de nous et Uldal’Rhiz répondra à l’appel. Qui plus est, faite le tour des esclavagistes. Je veux que tout combattants, esclaves sachant porter une arme soit acheter par la ville. Réunissons le plus d’homme possible. » Inutile de dire les raisons, de décrire leurs plans, cela était au-dessus de leur niveau. Maralina dictait les ordres, et avait la générosité d’écouter leur conseil pour le bien de la population, mais tous savaient réellement qui dirigeait la ville… Ils étaient chanceux que la marchande ait une place au conseil, chanceux qu’elle puisse défendre leurs intérêts, et chanceux d’avoir une telle personne qui avait autant d’influence. Les marchands inclinèrent tous la tête, indiquant qu’ils feraient comme ordonné.


Ils n’avaient que six jours… Six jours pour préparer le troisième coup.

Arkuisa, 3ieme ennéade de Favriüs, An XVIII, Cycle XI
Palais d’Uldal’Rhiz, Uldal’Rhiz, Ithri’Vaan

« Votre Altesse, une délégation de Puysard demande votre attention. »


Maralina releva son regard du parchemin qu’elle était en train de lire avant d’hausser un sourcil. Des puysards? « Le Karliik Glenn? » L’esclave sembla soudainement mal à l’aise avant de secouer la tête. « Euh… Non je ne crois pas. Elles sont toutes recouvertes de tunique rouge… » La Princesse d’Uldal’Rhiz se laissa tomber sur sa chaise, en fixant le doeb qui avait l’air extrêmement mal a l’aise. Qu’est-ce qu’une délégation de puysard pouvait bien venir faire à Uldal’Rhiz? Est-ce que Sagar avait un message? Ou avait-il découvert ses origines? Ne disant rien, cette dernière acquiesçât, avant de répondre; « Fais les attendre dans le petit salon. J’arrive dans quelques minutes. » Au bout d’une demi-heure, la Vaanie replia soigneusement le parchemin décrivant les comptes de certains bordels de la ville avant de se relever de sa chaise. Elle replaça soigneusement la soie de sa robe, avant de se mettre en marche, allant même jusqu’à s’arrêter devant la glace pour replacer une mèche de cheveux. Après tout, peut-être que Sagar avait décidé de lui faire une visite surprise… ou pire, peut-être avait-il décidé de prendre Hanning avec elle? Elle soupira, tentant de reprendre ses esprits, avant de se mettre en route vers le petit salon.  Et lorsque la Princesse Marchande entra dans la pièce, elle ne put s’empêcher de s’arrêter net. Six ilythiiris se trouvait dans la pièce, donc une qu’elle reconnut immédiatement; « Bel’la Zes’surra, quelle surprise! Je ne m’attendais point à vous retrouver si loin du front. » La prêtresse ne répondit rien, se contentant de faire un signe de tête, alors que son regard se portait sur le ventre de la Princesse de la Chair.  


« Ils sont toujours-là. »
« Évidemment, croyez-vous réellement que je m’en débarrasserais? »

Elle leur fit signe de s’assoir, mais les six drows restèrent debout, suivant de près la grande prêtresse. Maralina leva les yeux aux ciels, avant de contourner le groupe, allant s’assoir dans l’un des canapés pour faire face au groupe. « Que puis-je pour vous? » Elle claqua des doigts alors qu’une esclave se précipita pour apporter une infusion de plante à la Princesse, ce qu’elle attrapa doucement avant de souffler doucement sur le dessus.


« Le Karliik Glenn, Sagar N’Styx m’envoie. »
« J’imagine… dans quel but? »


Zes’surra releva finalement les yeux vers la Princesse, avant de hausser les épaules comme pour lui révéler quelques choses qui lui semblaient des plus banales.


« Pour le bien-être de ses enfants. »


Maralina s’arrêta net, en fronçant les sourcils. Définitivement, elle ne s’était pas attendue à cela. Certes, le général avait été toujours très attentif – du moins, aussi attentif que l’on pouvait s’attendre d’un drow, mais jamais elle n’avait pensé qu’il irait aussi loin. Cela la mettait dans une position des plus difficiles alors qu’elle s’apprêtait à conquérir Hanning, mais mieux valait continuer à avoir les eldéens de son côté pendant quelques temps. La vaanie haussa des épaules avant de prendre une gorgée de son thé. « J’imagine que cela ne peut faire de mal et je suppose que je n’ai pas réellement le choix d’accepter. »


« Effectivement. »


Définitivement elle avait de la jasette la prêtresse! Ce n’est pas elle qui détendrait l’atmosphère pendant l’accouchement…  « Très bien. » Maralina fit un nouveau signe à un esclave qui s’approcha d’elle avant de reprendre la parole; « Conduisez les à leurs appartements. » Retournant son regard azuré vers la prêtresse et sa suite, elle s’adressa à nouveau à eux; « N’y prenez pas trop goût. Nous repartons pour le front dans quatre jours. » La prêtresse hocha la tête, avant de suivre l’esclave qui les conduirait à leurs appartements temporaires. Une fois que la porte se referma derrière eux, la Princesse déposa doucement sa tasse sur la table avant de soupirer. Elle se frotta les yeux de sa main droite, l’air ennuyé. Définitivement cela compliquait légèrement les choses…

Début de la soirée, Arkuisa, 3ieme ennéade de Favriüs, An XVIII, Cycle XI
Taverne de l'interdit, Uldal’Rhiz, Ithri’Vaan

« Hey Tavernier! Ramène une tournée! »


Des cris de joie rugir dans la taverne de l’interdit. Les mercenaires présents, entourés de divines créatures étaient des clients hors du commun lorsqu’ils n’étaient pas partis à droite à gauche pour différentes tâches. Mais l’habitude les ramenait toujours à ce point de chute. Pour une raison bien particulière… Ce fut à ce moment qu’un milicien d’Uldal’Rhiz entra dans la taverne, dévorant la scène qui se défilait devant lui du regard, avant de trouver celui qu’il recherchait; Rodrick Sonforth. Le rouquin traversa la salle d’un pas décidé avant de s’asseoir devant Rodrick alors que ce dernier finissait sa choppe. Un sourire amusé vint orner son visage buriné de cicatrice alors qu’il déposait bruyamment sa choppe sur la table. Il poussa la prostituée de ses genoux, lui faisant clairement comprendre d’aller jouer ailleurs, alors qu’il se cala un peu plus sur sa chaise.


« Et bien Devan! Cela fait un bail! Quelle nouvelle, mon rouquin? Toujours au service de la belle Princesse? »
« Toujours » répondit-il simplement sans démontrer une quelconque émotion particulière.


Un tavernier déposa une choppe devant ce dernier et le mercenaire, alors que ce dernier regardait le milicien avec un sourire carnassier.


« Dis-moi que tu vas te la faire un jour… Ah! Ce que je donnerais pour passer du temps avec elle! Je suis sûr qu’elle… »
« Fais attention à ce que tu dis, Rodrick. »


Le mercenaire fit une moue avant de croiser les bras sur son torse, comme un enfant que l’on venait de prendre à défaut;


« Je disais juste qu’elle passerait du bon temps avec moi. On se calme le milicien! »


Devan ne dit rien, se contentant de boire une longue gorgée de cervoise avant de déposer doucement sa chope sur la table. Au bout de quelques secondes, le dénommé Rodrick sembla reprendre de son sérieux;


« Je vais supposer que l’on a du travail à faire si tu es ici. »
« En effet. Tu as recruté comme on te l’avait demandé? »
« Ah mais bien sûr! En plus des hommes que Rayvan avait, on est pas mal maintenant. Plus de cent gus pour sûr! Je peux trouver d’autres si t’as besoin. »


Le rouquin haussa les épaules;


« Tu as quatre jours pour préparer tes gars. Recrute le plus possible. On part à la fin de la semaine. »
« On part où? »
« Hanning. »
« Il paraît que c’est le bordel là-bas. Des drows, des ladrossiens, des naélisiens. Tout pour un cocktail des plus explosifs. »


Devan se redressa sur son siège en plantant son regard dans celui du mercenaire;


« Et l’occasion de te faire un max de thune en travaillant pour ta patronne de prédilection. »


Rodrick eut un sourire carnassier, avant d’hocher la tête d’un air entendu. Il ne lui en fallait pas plus. La promesse de pièces cliquetantes était définitivement le meilleur atout. Travailler pour la Princesse d’Uldal’Rhiz avait toujours porter fruit et c’était pour cela qu’il avait fait de la cité leur point de chute. Que cela soit un convoi à accompagner - ou interpeller - ou une personne à faire disparaitre, tout était toujours très bien récompensé et la Princesse avait largement gagné leur fidélité durant ces dix dernières années.  


« On sera prêt, t’inquiète. Dis-moi où et quand. Moi et mes gars ont sera là.  »
« Tahiro de cette ennéade, au lever du soleil. Il y a un énorme champ qui n’as pas encore été semé à environ un kilomètre de la porte ouest de la cité. Ne sois pas en retard.  »


Rodrick lève sa coupe vers le rouquin avant de la vider, scellant de ce non-dit sa promesse à être au point de rendez-vous. Devan ne se fit pas attendre, et sortit rapidement de l’auberge. Si sa première tâche de la journée avait été fructueuse, cela n’empêchait pas qu’il avait encore quelques contacts à aller visiter. Après tout, ils avaient besoin de mains…

Tahiro, 3ieme ennéade de Favriüs, An XVIII, Cycle XI
Palais d’Uldal’Rhiz, Uldal’Rhiz, Ithri’Vaan

La Princesse Marchande soupira avant de baisser le regard de la fenêtre. Sa main droite faisant tournoyer une broche argentée ornée d’un griffon. Elle observait, d’un regard neutre la broche, alors qu’elle tentait de remettre de l’ordre dans ses pensées, se remémorant chaque détail, chaque indice, chaque scénario qu’elle avait mis en place. Elle ne pouvait pas se tromper, et l’erreur n’était pas permise. Surtout à ce moment-ci.  Un seul faux mouvement pouvait mener à sa perte, et perdre l’empire qu’elle avait bâti pour elle et sa famille. Maralina serra doucement le poing sur la broche, avant de l’attacher dans l’intérieur de la poche de sa robe, en sécurité, et à l’abri des regards indiscrets. Cela faisait bien des années qu’elle conservait cet objet, et elle n’avait pas l’intention de le laisser partir. La Vaanie attrapa sa tasse de thé chaud qui l’attendait sur une table, avant de la porter à ses lèvres, buvant l’effusion qui aidait ses maux matinaux. Son ventre bombé était parfaitement camouflé sous les énormes couches de taffetas de sa robe. Le soleil commençait à se lever, c’était le moment. La porte s’ouvrit pour laisser entrer un milicien vêtu de son armure. Tristan avait réellement fière allure dans son apparat.


« Nous sommes prêts. »


Maralina se retourna vers le capitaine de sa milice, un sourire amusé aux lèvres avant de déposer sa tasse.


« Ne les faisons pas attendre alors. Commençons le troisième coup. »


Marzaban la rejoindrait dans quelques jours à la frontière des Sept-Monts. Ce plan ne pouvait définitivement pas tomber à l’eau. Bientôt, elle serait Princesse Marchande des Sept-Monts.