[MdO 2022] La bienvenue de Kiel [Lince'sà]

Tahiro, Première ennéade de Bàrkios, An XVIII, Cycle XI
Temple de Kiel, Sol’Dorn, Ithri’Vaan

Le corps s’écrasa sur le sol, laissant s’échapper un bruit mat dans la pièce. Les deux initiés reculèrent doucement alors qu’ils venaient de détacher l’une des victimes de l’Obok Yatharil de Kiel. Pathétique créature… Incapable de supporter la moindre écorchure. La vermine à ses pieds n’avait cessé de la supplier, tandis que l’autre était mort en quelques secondes à peine… Et après ces lamentables créatures se demandaient pourquoi les eldéens se croyaient supérieurs? Eux, au moins embrassait la douleur…  


Pathétique
Minable
Fais-le hurler
C’est tout ce qu’il mérite après t’avoir volé Kiel keeshe.
Comment a-t-il osé?
C’est de la stupidité à l’état pur.
TUE-LE.
Réellement suicidaire.


La main torturée de la prêtresse se crispa, alors que ces yeux se fermèrent, la tête tomba légèrement sur le côté. Mettre de l’ordre dans ses pensées devenait de plus en plus compliqué. Tellement de murmures, tellement de différentes options, comme si le visage hurlant la testait. Comme si elle se demandait si elle entendrait, et surtout, suivrait la bonne voie. Mais sa maîtresse n’avait rien à craindre. Il y avait toujours un murmure qui sortait de l’ordinaire. Le réel murmure de la maîtresse des souffrances;


Assez. Il n’en vaut pas la peine.


Kha’linas ouvrit les yeux, alors que ses mains se déplacèrent doucement vers le long voile noir qui recouvrait son visage avant de relever le morceau de tissu, dévoilant volontairement son masque d’Onous'Delab et ses prunelles vides. Elle avait été claire. L’humain n’en valait pas la peine, elle le laissait à son entière disposition, quoi que Kha’linas se doutait bien que ce dernier ne pourrait jamais supporter ses expérimentations. Elle l’avait déjà vu hurler, et elle avait dû avouer que ses cris ne l’avaient aucunement intéressé. Il était déjà brisé… À quoi bon s’acharner sur quelque chose qui n’en vaut pas la peine. « Regarde-moi. » Sa voix résonna dans la pièce, alors que les yeux fantomatiques de l’ilythiiri se posaient sur sa nouvelle victime. Bien entendu ce dernier semblait beaucoup trop faible pour bouger, alors un initié avança rapidement avant de lever brusquement la tête de l’humain vers la favorite de Kiel.


« Srow! Lorsque l’Obok Yatharil te parle, tu t’exécutes! » dit-il dans un oliyan légèrement brisé. Ses doigts ensanglantés se plantèrent dans ses joues avec force, alors qu’il forçait ce dernier à tenir sa tête relevée.


La prêtresse demeura un instant silencieuse, observant intensément l’humain qui se trouvait devant elle. Rien ne semblait la déranger, ni les yeux rougis par les larmes ainsi que ses lèvres semblaient encore tremblés. Elle venait de trouver ce qu’elle ferait avec ce dernier. Il avait tenté de lui dérober la dague, elle lui prendrait tout en retour. « La douleur est différente pour chacun. Certains endurent, d’autres ne peuvent la supporter. Elles ont tous un goût différent…. » Elle s’arrêta un moment, prenant la dague dont le manche serti de rubis serait aisément reconnaissable pour l’humain avant de s’accroupir devant lui. « Mais je me demande comment est la tienne… » Kha’linas posa son index sur la pointe de Kiel Keeshe, enfonçant la lame dans sa chair, et la fit tournoyer. Le sang se mit doucement à couler sur la lame, mais l’ilythiiri n’eut aucune réaction, qu’un regard vide qui était fixé sur sa victime. « Je vais te faire hurler pour chaque goutte de peur que je vois dans ton misérable corps. » Gul’Uss enleva doucement la lame de son index avant de passer son doigt sur la bouche de sa victime, laissant une traînée rougeâtre sur ce dernier. S’il avait une dernière supplication, c’était le moment…

L’Obok Yatharil observa un moment la vermine qui lui faisait face. Elle pouvait voir la terreur dans ses yeux. On aurait pu croire qu’elle aurait trouvé cette énergie galvanisante, mais au contraire, s’en était tellement pathétique. Les humains étaient réellement une race inférieure et le voila qu’il mendiait pour sa misérable vie, alors que la mort, aussi cruelle qu’elle soit, lui aurait été beaucoup plus facile. Croyait-elle réellement qu’elle le libérerait? Sa main se crispa soudainement alors qu’il s’accrocha à sa botte. Inutile de dire ce qu’elle entendait à ce moment-là… Les initiés attrapèrent rapidement la vermine avant de l’agenouiller de force devant Gul’Uss. « Qui a dit que j’allais te tuer? » Elle s’arrêta un moment, alors que son regard se plongea dans le sien avant de reprendre la parole; « Au contraire, on ne vient que de commencer… » Ses doigts torturés firent un léger mouvement et les initiés attrapèrent une nouvelle fois l’humain pour l’entraîner hors de la pièce. Ses tourments ne venaient que de commencer…

***

Cela prit quelques jours à ses adeptes et les initiés pour préparer la suite. Pendant que son nouveau jouet était enchaîné dans une cellule poussiéreuse, sombre et humide. Combien de temps avait-il réellement passé dans ce caniveau? Il en aurait probablement aucune idée, les visites des initiés étaient irrégulières, et souvent n’apportait qu’une maigre consolation aux tourments de la pauvre âme. Des restants de viandes – souvent les maigres portions que les chiens et autres créatures n’avaient pas voulus et un peu d’eau, lui était donnée de façon peu flatteuse, généralement lâcher à même le sol, faisant en sorte que ce dernier devait s’étendre de tout son long pour atteindre son présent dû aux chaînes qui lui retenaient les chevilles. Cependant, les initiés avaient fait preuve d’une certaine générosité, enlevant les pieux qui lui avaient été enfoncés dans le dos pour les remplacer par des coups de fouets. Le but n’étant pas de tuer, mais de le faire souffrir encore et toujours. Enlevant la moindre volonté qui lui restait. Après tout, il avait lui-même demandé ses tourments pour sa survie.


Et c’est après plusieurs jours, si ce n’est pas plusieurs ennéades que trois initiés en robe rouge, entra finalement dans la cellule du nouvel esclave.  « Srow! C’est ton jour de chance. » commença-t-il avant qu’un sourire cruel vînt orner son visage. Les deux autres ilythiiris se dirigèrent vers l’humain, enlevant rapidement les chaînes qui retenaient ses chevilles avant de le pousser pour qu’il avance. Ils marchèrent pendant un bon moment, atteignant finalement une grande salle. Les flammes illuminaient doucement la salle, se reflétant sur les tuniques rouges des initiés qui se trouvaient dans la salle. La majorité d’entre eux avait un sourire cruel au visage, alors que le reste, portaient tous des masques tous plus décorés les uns que les autres. Enfin, tous, sauf un. Un seul masque noir. Une seule figure qui se tient droite devant tous, le regard vide qui regarde sa victime approcher.


Les initiés poussèrent Lince’sà au sol, le forçant ainsi à s’agenouiller devant la haute-prêtresse de Kiel. « Thibault le Borgne » commença-t-elle, avant de lever le bras, désignant une structure en bois qui retenait un homme bedonnant dans toute sa splendeur. « C’est bien l’homme qui t’a demandé de me dérober Kiel Keeshe? » continua-t-elle dévoilant la dague ornée de rubis de son autre main.

L’Obok Yatharil se retourna vers son assemblée. Elle pouvait voir l’excitation dans leurs visages, leurs doigts mutilés se replier avec l’appréhension. C’était un si beau moment qui s’annonçait. La haute-prêtresse avait ce don pour faire souffrir ses victimes. Certains murmuraient qu’elle avait un don divin. Que c’était Kiel qui murmurait à son oreille, la guidant et solidifiant son titre de favorite. Kha’linas leva la lame, commandant le silence avant que sa voix ne résonne dans le temple;

«Jabbress de' p'leik, kiel, vel'drav udos lac elakar ssussun,
dumo udossa xuil elakar screams, jous natha i’dol areion lil' veldrin.
vel'klar lil' ze'zhuanth phu' biding, vel'klar jal ajak phu' velkresa,

f'sarn dosst barra, lueth dorn tlu lil' vaen klez dos nym'uer vel'drav dos die….
kyorl doeb, usstan kyorl udossta jabbress,
il lar uns'aa, plynn uns'aa ulu ilta, morfeth ilta nym'uer udossta ul'nusst.

il zhahus huk'treemal ssin'urn, buki
saph lil' chath washed dal lil' nythe
d'lil xonathull a lil' xuz d'lil tangi.

lueth usstan phord lil' statha de' ussta elghinn
wun ilta sssiks solen, phord ussta ehmtu
ssinssrigg lueth jiv'undus gaer
wun lil' thir'ku suur il held doeb.
gaer zhah ssuu'hha p'luin ssuu'hha,
lil' mumbaro de' dosst khel dal klew'ar
ulu klew'ar, p'los lueth rin'ov wun draeval
hwuen lil' tangi dos el, lueth tu'jol.

gaer zhah nindel zhaunil nindel roesor
lanne mzil jindurnen, lueth nindel fol de' nindolen
shlu'ta tlu zotreth wund rothe
xor nelgeth, rena byrren h'ros.
 
lueth ka dos ragar thry whol numl'esstu wun nindol,
dos phuul lle'warin lil' mon'tu:
vel'drav jiv'undus jihard olt qwe wund dos,
nindol zhah naut ussta elghinn d'sreft, xor ussta cha'kohk;

ol zhah ussta screa ulu dos, lotha uss,
nindel lil' kor'inth qu'madosfan uriu nau yorn
lueth lil' knif de' ssinssrigg uriu nau ssussun
xuileb nindel ula suul de' oloth.

xuat treemma p'leik, il della uns'aa,
whol ussta dumoas ulu dos zhah dro'xundus
lil' tela de' ilta killian a ussta arlyurl,
whol ol zhah alur ulu huertar pholor nindol velve nin
taga ulu inlul tarthe dal dro, wun treemma»

Maîtresse de la souffrance, Kiel, quand nous cherchons tes enseignements,
Bénis-nous avec tes cris, montre un chemin à travers les ombres.
Là, où les ancêtres attendent, Où se cachent tous les souvenirs,

Je suis ton ombre, et je serai la dernière chose que tu entendras quand tu mourras….
Voici, je vois notre maîtresse,
Elle m'appelle, emmène-moi vers elle, fais-lui entendre nos cris.

Elle était terriblement voluptueuse, sanglante
Comme les essences lavées du sol
du champ de bataille à la fin de la journée.

Et j'ai lu l'histoire de ma mort
dans ses yeux brillants, lis les miens
les passions et la douleur là-bas
dans la paume retournée, elle a tenu.
Il y a souffle après souffle,
le mouvement de votre corps à partir d’un moment
à un autre, en avant et toujours dans le temps
jusqu'au jour de votre mort, et au-delà.

Il y a cette connaissance que le chagrin
porte de nombreux visages, et que certains de ces
peut se guérir dans la soumission
ou l'oubli, tandis que d'autres ne le peuvent pas.

Et si vous trouvez une cause de désespoir là-dedans,
vous manquez le point:
quand la douleur met son aiguille en toi,
ce n'est pas mon coup de grâce ou ma malédiction;

c'est ma leçon pour toi,
que l'océan déchaîné n'a aucun pouvoir
Et la lueur de d’espoir n'a pas de miroitement
sans ce beau bord des ténèbres.

N'aie pas peur de souffrir, m'a-t-elle dit,
car ma bénédiction pour toi est la survie.
La pointe de son épée sur ma poitrine,
car il vaut mieux se précipiter sur cette lame maintenant
que de s'éloigner de la vie, de peur.

Et je tiens son regard et ses mains tachées de sang
repose sur ma tête en bénédiction,
et je ne me suis jeté en avant
sur la lame qu'elle tient à mon cœur.


La réponse de ses pairs ne se fit pas attendre :

«Ori'gato lil' ul'nusst mrimm uns'aa»
Laissez le cri nous guider…


Le masque impassible s’approcha de sa victime alors que ce dernier ne cessait de supplier. Les prunelles vides détaillant sa victime alors que ce dernier tentait une ultime tentative de se libérer des liens qui retenaient ses membres. Tentative futile… Cela ne fit qu’empirer leur emprise alors que les chaînes s’enfonçaient encore plus dans sa chair.


« Regarde mes yeux. »


La pauvre flamme leva les yeux vers la prêtresse, un énième regard suppliant. Avant que la lame s’enfonce délicatement au centre de son torse. Charcutant doucement la chair alors que le sang glissait doucement sur le sol. Ces mouvements étaient lents, presque doucereux, comme si elle dansait la plus lascive des danses avec sa victime. Au bout de longue minute sous les chants de sa victime, elle atteignit doucement ce qu’elle recherchait.  D’un geste brusque, elle attrape cet organe essentiel avant de l’arracher de la cage qui le retenait. L’homme écarta les yeux, avant de cracher un jet de sang sur l’Obok Yatharil.  Ses lèvres se mirent à trembler, alors que les acclamations résonnaient dans la pièce. Elle laissa tomber sa tête à l’arrière, satisfaite par les gargouillements de sa victime. Écoutant attentivement les murmures qui s’exclamaient, qui hurlaient de plaisir. Ses yeux se fermèrent une seconde, alors que ses lèvres laissèrent s’échapper un léger soupir. Tout cela n’en n’était que plus gratifiant. Kha’linas se retourna vers l’assemblée levant le bras pour montrer à quiconque le cœur rougeâtre dans sa main. Puis, sans rajouter un mot, elle se dirigea d’un pas assuré vers le petit humain qui avait été forcé de regarder la scène par Berg’il. Les autres prêtres se dirigèrent rapidement vers la victime, analysant les dégâts, et se demandant s’il avait une quelconque façon de continuer les tourments.


Kha’linas s’arrêta doucement devant l’esclave, plongeant ses prunelles vides sur l’humain. « Tu crois que tu mérites mieux? Je peux t’assurer que non. Tu n’es plus rien. Tu es déjà oublié. » Elle le voyait bien trembler, elle voyait bien toute cette terreur qui transpirait par chaque pore de sa peau. « Tu es Lince’sa maintenant. Rien de plus, rien de moins. Ta vie m’appartient. » Soudainement un ilythiiri approcha rapidement avec un fer chaud, et posa ce dernier dans le coup de l’esclave. Une fois le fer enlevé on put facilement voir une marque très distincte sur ce dernier, signe de son appartenance à la favorite de Kiel. Une fois satisfaite, l’Obok Yatharil contourna l’esclave avant de se rendre à ses appartements. Une fois qu’elle fut sortie de l’énorme pièce, Berg’il attrapa par l’épaule Lince’sa avant de l’entraîner dans une nouvelle cellule. Là, où il le poussa sans ménagement dans une pièce obscure avant de fermer la porte à clé derrière lui. Une fois que le garde fut parti, une voix grave s’élève de l’obscurité avant de s’approcher doucement de l’esclave.


« Est-ce que ça va? » demanda l’humain en s’approchant de son confrère, une légère lueur éclairant son visage, dévoilant une longue cicatrice au visage.

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