Haldren
Ancien
Nombre de messages : 1234 Date d'inscription : 19/12/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : ~1050 ans Taille : 2m Niveau Magique : Archimage.
| Sujet: Un arbre sans ses feuilles reste un arbre Dim 7 Fév 2021 - 17:04 | |
| Printemps de l'an 18 du XIème cycle
De toutes les étendues aquatiques de Miradelphia, la mer nordique demeurait de loin la plus méconnue. Rares étaient les navigateurs ayant suffisamment parcourus ses eaux pour en livrer tous les secrets, à l'inverse de l'Eris ou de l'Olienne pour lesquels tout marin en herbe pouvait fort aisément trouver maintes cartes maritimes et relevés détaillés des traîtreux récifs. Sans doute fallait-il y voir le double effet d'un climat fort rude durant les mois d'hiver et de l'absence en ces lieux des grandes voies de navigation assurant de fructueux échanges commerciaux. En dehors de quelques navires assurant les rotations vers l'île du sanctuaire, bien rares avaient été les aventuriers à explorer les flots du septentrion. Peut-être de fabuleux royaumes aux richesses insoupçonnées se cachaient-ils loin au nord, par delà l'horizon ? Des terres inconnues où des races d'hommes-pandas affrontaient les sectes des lamas éternels dans de grandioses batailles ? Des civilisations stupéfiantes dont les habitants se vêtaient uniquement d'or et de soie fine ? De telles idées passaient bien loin de l'esprit d'Haldren alors que l'archilmage dégobillait tripes et boyaux par dessus bord, s'accrochant comme un désespéré au bastingage de la petite caravelle qui luttait vaillamment contre les vents contraires tout en essayant de doubler l'île d'd'Holimion.
Mer de merde, bredouilla le drow entre deux bruyants renvois de bile, son estomac n'ayant depuis la veille plus aucune contenance solide à régurgiter. La race eldéenne n'était guère reconnue de par le monde pour son pied marin et le seigneur d'Abyssea avait grandement surestimé ses capacités en se basant sur ses rares traversées de la paisible Olienne à la calme saison estivale. Tout autrement redoutable se révélait la tempête qui faisait bouillonner les flots comme pour exprimer sa rage de devoir bientôt desserrer son étreinte avec l'arrivée du printemps. Le jeu de mots est assez faible, je t'ai connu plus loquace, s'amusa d'un ton narquois l'elfe qui lui tenait compagnie dans le fatras bordélique de ce qu'il faut bien appeler son esprit, à défaut d'un autre terme plus adapté. Mais le déplorable état de son comparse ne lui attira même pas les répliques cinglantes habituelles auxquelles il était désormais habitué.
Sans doute vous demandez-vous pourquoi un archimage manipulant la magie des Ombres et ses étonnantes capacités de modification des distances se retrouvait ballotté comme un bouchon en plein milieu de la mer nordique ? Patience, nous y viendrons en temps voulu. Sachez juste pour l'instant que sa destination se révélait un lieu totalement nouveau pour lui et qu'il n'aimait guère pas se téléporter dans l'inconnu. Ajoutez à cela des risques de perturbations magiques à l'arrivée pour que la plus élémentaire prudence impose de s'y rendre par des moyens plus conventionnels et dont le pire résultat serait de finir noyé. Or croyez-moi, un sort de téléportation raté vous amène à une fin autrement plus désagréable que de tenter de boire un océan. D'où l'usage de cet assemblage de bouts de bois fréquemment désigné par le terme générique de bateau. Et d'où le vomi pour qui ne supportait pas le gigue que dansaient ces bouts de bois en plongeant dans les creux des vagues.
La seule consolation du drow venait de l'état de ses compagnons, tout aussi déplorable que le sien. Même le féroce et glacial Edrÿn, la terreur des arènes de Thaar, faisait désormais peine à voir. Il n'y avait que les membres de l'équipage pour rire des éléments déchaînés en traversant le pont d'un pas assuré, les gabiers escaladant les hautes vergues en suivant les ordres du capitaine afin de capter au mieux le vent qui les pousserait toujours plus vers l'Ouest. Et lorsque le timonier, un humain à la face aussi fripée qu'une pomme blette que lui mangeait une épaisse barbe de sel, leur annonçait en ricanant qu'il s'en fallait encore au moins de deux jours avant que les éléments ne se calme, tous lui jetaient un regard noir. Ah le vieux salaud ! Plus d'une fois depuis le début de ce voyage Haldren s'était maudit de ne pas avoir su patienter jusqu'à l'été mais l'impatience faisait partie de ses (nombreux) défauts. Peut-être un jour apprendras-tu à laisser du temps au temps, se moqua Umbarion tandis que le drow se penchait de nouveau et recommençait à nourrir les poissons.
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