[Fernel] Echanges diplomatiques et commerciaux

Un écu tout neuf et tout brillant luit dans la main de Maximilien. C’est beaucoup d’argent un écu. Il rougit encore jusqu’aux yeux avant de balbutier un remerciement hâtif. S’il reçoit un écu par renseignement, il deviendra riche, dis donc…

- Je viendrai vous chercher quand ce sera le moment, Monsieur le Comte. Reposez-vous…

Le reste du jour se déroule sans accroc.

Louise revient des écuries les mains et les avant-bras salis par le labeur dans les écuries, une large trace de sang balayant son front. Les gens de Fernel sont habitués, les cavaliers d’Odélian le sont moins. Ils haussent un sourcil en voyant la dame des lieux monter le grand escalier, les souliers crottés tout autant que le bas de sa robe de laine, sans qu’elle ne s’en cache ou ne cherche même à le dissimuler. Bien sûr, nous sommes loin de la cour ducale ici. Et encore plus loin des raffinements de la cour royale. Louise s’occupe de ses chevaux au même titre que le plus humble de ses palefreniers. C’est une attitude qu’Eudes de Fernel réprouvait fortement mais qu’il n’a jamais pu brider. De toute façon, pour brider Louise, sur quelque point que ce soit, il faut se lever tôt et avoir de solides arguments.

Dans sa chambre, elle laisse sa camériste Anaëlle lui apporter les soins nécessaires tandis que depuis les offices une odeur délicieuse se répand partout, s’insinuant dans les couloirs et dans les chambres. La châtelaine a un sourire. Nul doute que dame Maïethé doit être dans tous ses états et qu’elle a du houspiller tout le monde pour fournir un dîner savoureux au Comte, à sa suite et à Louise. Anaëlle habille sa maîtresse d’une longue robe de velours rouge, la même qu’elle portait à Kirgan lorsqu’elle a rencontré le roi Harald. Elle porte également cette fabuleuse parure de rubis et d’or, le cadeau de Glumtol, tout autant qu’elle arbore des perles dans ses cheveux soigneusement lavés, séchés et peignés, coiffés en longues boucles tombant sur sa cape d’intérieur, dépourvue de manche, de couleur plus sombre. Un fin trait de khôl sur les yeux, un peu de cette huile divine concoctée par Elazar et la voilà prête. Anaëlle fait un signe à Maximilien qui s’en va quérir le Comte et qui le mène dans la grande salle de réception où les attendent ses hommes ainsi qu’Enguerrand et Aymeric, qui s’inclinent bien bas, tous les deux en grands habits, l’épée suspendue à leur côté.

Louise, elle, arrive enfin. Elle est totalement méconnaissable. Là où il a rencontré une femme de la petite bourgeoisie, en laine et pas spécialement apprêtée, il regarde désormais une Dame. Une Dame qui a revêtu ses atours afin d’honorer son visiteur et aussi pour rappeler qu’il ne discute pas avec la dernière des pécores. Elle a une conscience aigüe de ce qu’elle est. Et c’est bien pour cela qu’elle se pare de ses plus beaux atours, même si elle a laissé de côté la somptueuse tiare de Fernel, bien trop brillante pour une occasion telle que celle-ci.

Elle s’arrête devant le Comte et s’incline avec élégance avant de tendre sa main à baiser, un fin sourire aux lèvres en notant qu’il porte les habits du traître qui est allé se balancer à un gibet planté dans la cour arrière.

- Comte d’Odélian, j’espère que tout a été à votre goût et que mes serviteurs ont été obligeants.

Ahhhhhh le bougre ! Si Charles avait su qu'il portait les habits du traître qui est allé se balancer à un gibet planté dans la cour arrière, il aurait très certainement châtié le jeune homme !!!! Au sujet de l'écu, c'était en effet une bien grande récompense, mais ce geste plus que généreux avait aussi pour objectif de faire taire Maximilien si d'aventure il avait eut la mauvaise idée d'évoquer a quiconque se qui s'était passé dans cette salle d'eau. En tout cas,le moment venu, le Comte fut conduit dans la salle de réception où il salua ses hommes ainsi que ceux de la châtelain, glissant quelques bons mots à ce fameux maître d'arme avant de rapidement se détourner de ces hommes de terrain pour contempler l'apparition de Louise de Fernel.

Ce fut presque un choc de la voir drapée dans de riche atours et Prademont avait alors la délicatesse de ne pas émettre la moindre remarque sur ce changement de silhouette qui lui plaisait bien mieux à dire vrai ! Comme il s'y exécuta plus tôt dans la journée, le Comte d'Odélian se réserva le privilège d'imprimer de ces lèvres un baisé sur le dos de la main que lui tendis son hôte avant de donner la réplique à la châtelaine.

- Je n'ai rien à reprocher à vos gens. Ils sont des plus serviable et cela semble être un gage certain du profond respect que vous offrez à vos invités. Mais point de rond de jambe superficiel, j'ai pu faire la connaissance de vos hommes en patientant. Une patience courte mais recompensée par une vision bien agréable de votre personne.

Soucieux de ne pas tomber dans quelques clichés et excès de flatteries, Charles en resta à ces derniers mots, laissant alors Louise achever les protocoles et se faire guide et maître d'orchestre de ce début de soirée. Ainsi il ne daigna même pas demander si son apparat sied a la donzelle, tant il souhaitait retrouver une humilité qu'il avait précédemment perdue par la faute de la fatigue accumulée après ce voyage à dos de cheval.

Louise est différente, en effet. Elle le sait, c’est l’effet recherché. Lui par contre, il porte à merveille le vert du traître Hansfelt. Elle n’est pas sans noter qu’il porte les effets de feu son précédent intendant, ce qui l’amuse énormément mais elle n’en montrera absolument rien, discrétion oblige. Elle lui laisse sa main, notant avec toute la discrétion qui la caractérise, que les hommes d’Odélian et ses hommes à elle sont en train de discuter tranquillement.

- Le respect n’est pas un vain mot ici, Monsieur le Comte, et tous les serviteurs du château le savent.

Elle noue ses mains sur le devant de sa robe, digne et tranquille, avant d’aviser la grande table déjà dressée, ainsi que les bancs qui la jouxtent.

- Nos suites respectives mangeront ici. Nous prendrons notre repas dans la pièce attenante. Par ici, je vous prie.

Elle s’éloigne déjà de la grande table, après avoir silencieusement regardé Enguerrand et Aymeric qui saluent d’un signe discret de la tête. Louise, elle, ouvre en grand les deux portes qui révèlent la petite salle privée, celle qu’elle utilise quotidiennement pour son usage personnel ou quand elle désire recevoir un invité dans un environnement calme. Elle a une vue directe sur la grande table tout comme les gardes auront une vue sur le Comte et la châtelaine. Car non, cette fois, elle ne ferme pas la porte, comme elle l’a fait pour Marc-Aurèle.

- Je vous en prie Monsieur le Comte, prenez place devant le feu, le repas sera bientôt servi.

Elle prend place, elle, sur un ployant de bois de chêne agrémenté d’un coussin, tout sourire. La pièce est particulièrement agréable, remplie de couleurs chatoyantes diffusées par les flammes de l’âtre sur les pierres grises et les tapisseries. De l’autre côté, on peut entendre quatre instruments en train de s’accorder, une vièle, un luth, un frestel et un étrange dispositif de bois surplombé de fines lamelles de métal. Nul doute que d’ici peu une belle ambiance de fête va se répandre ce qui apporte de larges sourires sur tous ces visages masculins dans l’autre pièce. Louise observe tout cela de sa place puis reporte son attention sur le Comte.

- Je vous prie de m’excuser, j’ai eu fort à faire ce tantôt et je n’ai pas pu vous accorder toute l’attention que vous méritez. J’ose croire que vous ne m’en tiendrez pas rigueur.

Maximilien approche, les mains chargées d’un plateau sur lequel trône une carafe de verre opaque contenant un liquide orangé ainsi que deux verres ouvragés qu’il remplit, en tendant un au Comte puis un autre à Louise avant de disparaître.

- De la liqueur de feu. Une spécialité de mon domaine.

Elle lève son verre et ne le quitte pas des yeux, avant d’en boire une gorgée. Elle y est habituée donc cela ne lui fait plus rien. Par contre, la liqueur de feu porte bien son nom. Même pour un palais habitué, c’est très très fort.

- Puis-je me permettre de m’enquérir de votre épouse ? Comment se porte la Comtesse ?

Encore quelques ronds de jambes pour le principe et la convenance mutuelle et le duo de noble se dirigea ensuite vers un salon attenant où ils profiterons d'un espace plus tranquille. Charles toisa un dernier instant ses hommes attablés avant de leur tourner le dos et accompagner Louise jusqu'à leur table. Elle s'offrait le luxe de pousser la double porte, comme pour toujours affirmer sa position et son caractère en son château.

Là sous ses yeux, le Comte d'Odélian pu contempler ce salon privé agréable et confortable à la fois, dénotant avec l'aspect du rustique qu'il avait côtoyer un peu partout depuis son arrivée au château de Fernel. On laissa la porte ouverte, et à l invitation de la châtelaine, Charles prit place.

Un cadre chaleureux était alors dressé, l'âtre d'un côté, les musiciens de l'autre. Face aux excuses qu'il ne savait ou non sincères, Charles leva brièvement sa main pour exprimer tout l'aspect anecdotique de la chose.

- Oubliez, il n'y a rien à excuser.

Annonca-t-il avant qu'une frimousse qui ne lui était pas inconnue fasse son apparition chargé d'une carafe et de verres ouvragés. Charles, en invité avisé et discipliné, écouta l'énoncé de liquide orangé versé dans les verres. Charles n'était pas aussi idiot et arrogant pour apres avoir observé Louise, l'imiter trait pour trait. Il se décida alors à humer la surface du verre, constatant la puissance par l'odeur de la liqueur et a dire vrai, il n'était pas spécialement adepte des alcools forts.

Beaucoup s'enorgueillait de boire de puissant alcool, jouant les fiers, les durs, peut être est ce que Louise continuait en ce sens à se montrer fort et un poils arrogant comme lors de l'accueil de l'Intendant a la justice royale. Charles n'aurait su dire mais en tout cas, tour cela pour vous dire qu'il ne trempa que les lèvres dans cette fameuse liqueur de feu. Ainsi, nul grimace, nul bouffée de chaleur ne s'exprima sur le visage de Charles,  au risque de décevoir une châtelain qui sans doute cherchait à le déstabiliser. C'était donc un coup d'épée dans l'eau si tel était l'intention !

Ce faisant, la demoiselle de Fernel évoquait avec courtoisie le sort de l'épouse du Comte. Reposant sa coupe, il fixa de son regard émeraude la châtelain, prenant un air soucieux solennel et sérieux.

- Mon épouse se porte bien, mais nous avons décidé de limiter ces déplacements. Sa grossesse n'est pas encore à terme, seulement la prudence est de mise. Fort heureusement, elle pourra être entouré des jeunes dames de nos plus influents vassaux, qu'elle a convié pour quelque temps à la cour. Ainsi, elle pourra en apprendre d'avantage sur nos gens tout en jouissant d'un confort nécessaire à l'approche de l'heureux événements.

Charles exprimait ainsi une forme d'extrême attention à l'endroit de Solange d'Escaut, son épouse mais aussi en faisait aveux avec subtilité que la Comtesse n'avait pas qu'une rôle d'apparat dans les rouages du pouvoir d'Odélian.

La chatelaine pose tout simplement son verre sur la petite table qui se trouve à ses côtés et écoute tranquillement le Comte d’Odélian, les mains sagement nouées sur le devant de sa robe.

- Je me permets de vous adresser tous mes meilleurs vœux de bonheur à l’approche de ce très heureux événement. Une naissance, c’est toujours un beau moment, à ce que l’on dit.

Un sourire étire brièvement les lèvres de Louise, tandis que sur sa robe les doigts se serrent un peu plus en ayant une pensée pour la Dame d’Escaut et pour elle-même. Avec son passif personnel, elle ignore si elle pourra un jour devenir elle-même une mère. Elle a vingt-deux ans, elle a le cœur aussi vide et aussi sec qu’un vieux parchemin abandonné près d’une cheminée, absolument aucune perspective à ce niveau-là, aucun prétendant à sa main. C’est sans doute pour cela qu’elle s’occupe tant de tous ces petits orphelins qui arpentent son domaine et son château. Au moins a-t-elle l’impression d’apporter à des êtres humains un peu de tout cet océan de sentiments qu’elle n’ose partager avec personne. Eux, ils ne l’abandonneront pas. Elle le sait. Les hommes par contre…

Elle a un regard pour la joyeuse tablée de l’autre pièce, un instant silencieuse. Ils rient tous là-bas. La musique commence à s’élever, douce et paisible, dans une ritournelle bien connue de tous, ce qui amène quelques rires sur ces larges faces masculines. Ce ne sera rien pourtant en comparaison de l’arrivée des serviteurs, trois jeunes garçons et trois jeunes femmes qui disposent de larges plats remplis de viandes juteuses, de pain, de légumes cuits, de fruits aussi. Maximilien et une autre jeune femme apportent à Louise et au Comte de quoi se restaurer, sur la petite table de chêne. Les serviteurs s’affairent, préparant tout ce qu’il faut pour les deux nobles sangs ce qui donne à Louise l’opportunité de regarder les hommes d’Odélian et surtout l’attitude de ses servantes. Elles sourient, elles se poussent du coude, semblent fascinées par ces cavaliers, ce qui amène un sourire un peu crispé sur le visage de Louise. Pourtant elle ne les blâmera pas. Tant qu’elles restent dans le chemin de la discrétion et de la confidence…

- Mon maître d’armes et le capitaine de ma garde semblent passer un excellent moment en compagnie de vos hommes. Je ne les ai plus vu aussi souriant depuis notre retour du Zagazorn. Peut-être devrais-je m’affairer à organiser un peu plus de ce genre de réception en mon domaine…

Elle reprend son verre et boit une gorgée de liqueur, pensive, avant de reporter son regard sur Charles.

- Bien qu’en ce qui concerne les fêtes et les banquets, les Nains sont infiniment bien plus qualifiés que je ne le serai jamais.

Ce qu’elle offre à Fernel est d’une qualité irréprochable et tout à fait convenable pour une telle réception. La nourriture est très bonne, proportionnelle en qualité à l’état de fatigue de Maïethé qui doit sans doute s’être écroulée sur une chaise dans les offices après autant d’efforts. Les liqueurs et le vin sont très bons eux aussi, il n’y a qu’à voir les mines réjouies et les joues rouges de l’autre pièce, mais en ce qui concerne les banquets, jamais aucun Péninsulaire ne pourra rivaliser avec ce qu’elle a vu là-bas, elle le sait. Si un jour un Dawi devait venir à Fernel, elle serait sans doute dans tous ses états parce qu’incapable de rendre toute cette abondance, tout ce faste gargantuesque auquel elle a participé lors du mariage royal.

- J’ai ouïe dire que les festivités que vous avez offert pour votre accession au trône d’Odélian ont été fabuleuses.

Elle joue avec le pied de son petit verre, tout sourire.

- Vous avez pu approcher notre suzerain au plus près, récemment. Le Duc vous semble-t-il en santé ? Je ne l’ai plus vu depuis fort longtemps.

Une gorgée, un rappel qu’elle sait ce qu’il se passe dans les environs immédiats de son petit territoire et une question banale qui ne l’est peut-être pas tant.

Recevant naturellement les meilleurs vœux de bonheur pour l'être qui quitterait bientôt le ventre de son épouse, Charles inclina légèrement la tête en guise de remerciement avant de reprendre une posture droite et équilibré. Quand au reste, si Louise avait un regard pour la tablée des hommes d'armes composant les deux Maisons vassales du Duc de Serramire, le Comte ne daignait y prêter attention jusqu'à ce que son interlocutrice en fasse la remarque. Là, le charmant blondinet détourna son attention de la châtelaine pour le poser un bref instant plus loin avant de pousser l'affirmation d'une voix clair, un léger sourire de circonstance sur son ravissant minois.

- Il semblait que l'humeur soit bon enfant en effet. Il est important de préserver le moral de nos hommes, c'est un fait, alors je ne pourrais qu'approuver votre pensée.

Lui aussi reprit alors sa coupe avant de laisser naturellement son hôte faire la conversation autour de ce sujet sans grand intérêt dans leur prochaines négociations mais qui avait le mérite de leur faire délier les langues sans aucune piques comme il a pu en être ainsi plus tôt dans la journée.

- Évidemment nous ne pouvons nous mesurer aux talents des nains ! Quand au banquet en l'honneur de mon titre. Il prit une posture plus modeste. Il n'y avait rien de si grandiose ni fabuleux. Seulement mon épouse est une femme soucieuse de notre image et de notre relation ainsi que l'hospitalité envers nos propres vassaux, et invités en général, ainsi nous avons seulement fait honneur à tout ces gens encore endeuillés comme je le suis après ces sombres événements.

La modestie laissa place à la fierté après qu'on ai évoqué le sujet de son intronisation.

- Je l'ai vu par deux fois. Durant le procès de mes parents mais aussi après un... comment dirais-je... point d'étape au travers de mes nouvelles fonctions. Apres tout, il a fallut que je fasse en quelque sorte mes preuves, rien de plus normal surtout dans un contexte aussi particulier. Et pour vous répondre, il semblait en bonne santé. De ce que j'ai pu constater en tout cas. Sa voix est ferme et sa posture a la hauteur de son titre.

- Je n’ai jamais eu le plaisir de rencontrer la Comtesse. J’espère avoir cet honneur bientôt. Après tout, nous sommes voisins, je compte bien venir présenter mes respects un jour prochain.

Elle dépose son petit verre à nouveau sur la table, un sourire tout à fait aimable fiché sur ses lèvres.

- J’ai été bouleversée par tous ces événements qui ont secoués Odélian ainsi que votre famille. Tout a trouvé une fin heureuse puisque le Comté est désormais apaisé avec à sa tête un nouveau comte.

Louise parle du même ton égal qu’elle offre à tout le monde, évidemment. Elle a été bouleversée, oui, mais probablement pas pour les raisons que pourrait imaginer le Comte. La châtelaine se lève au départ des serviteurs et invite Charles à passer à table, d’un geste élégant de la main.

- Par ici, je vous prie.

Elle se déplace tranquillement pour aller prendre place sur le siège qu’elle occupe ordinairement, laissant son noble invité prendre place sur le fauteuil qui lui fait face. La châtelaine regarde les petits plats disposés ici et là avec un large sourire de contentement. Maïethé a fait des merveilles ! Il y a des morceaux d’oie rôtie, il y a d’épaisses tranches de viande de bouzon, nappées de sauce, des compotes de fruits, un plateau de fromage, de la soupe et du pain frais, du bon pain odorant et dispensant une merveilleuse odeur de boulangerie. Il y a du vin aussi, d’un beau rouge rubis versé dans de superbes verres gravés, signe que les choses vont plutôt bien pour Fernel.

- J’espère que ce repas vous agréera, Monsieur le Comte. Servez-vous, je vous en prie. Il me plairait de connaître les spécialités culinaires d'Odélian, lors d'une prochaine visite.

Elle déploie un carré de tissu qu’elle dépose sur ses genoux avant de se servir elle-même, amusée. Il n’y a pas de service à table à Fernel, les choses sont toujours simples et tranquilles.

- Vous avez eu de la chance d’avoir pu apercevoir le Duc. Il se fait rare dans cette partie du Duché.

Elle se saisit d’un morceau de pain et de quelques fruits, d’un morceau d’oie également. Elle se contient. Inutile de dire au Comte que quand, elle, elle a eu besoin de son suzerain afin de l’aider à gérer une situation potentiellement mortelle pour elle, il lui a tout simplement ri au nez en lui rappelant qu’elle est maître chez elle. Le rire du Duc la poursuit encore, fieffé imbécile qui s’est moqué d’elle et de sa sensibilité en se faisant passer pour un palefrenier…Il n’empêche que si elle n’avait pas reçu l’aide de deux hommes rencontrés en chemin, jamais elle n’aurait pu déjouer l’énorme complot qui visait à faire d’elle une poupée servile, une épouse docile, l’esclave d’un vieillard lubrique. Elle a failli perdre Fernel, sa dignité, sa vie…Et Louise n’oubliera pas. Jamais.

- Dites-moi, vous qui avez un rôle important à la Cour, avez-vous eu l’occasion de voir notre roi ?

Un large sourire espiègle.

- Je vous pose beaucoup de questions, je le sais, mais je n’ai pas souvent l’opportunité de rencontrer des personnes qui se rendent à la Cour de Diantra. Et je vous avoue que cela me fascine énormément. Est-il vrai que le château est si grand qu’on peut réellement s’y perdre ?

C'était-il trompé au sujet de la châtelaine ? Etait-elle aussi arrogante et imbu de sa personne qu'elle avait pu le faire paraître aux premiers échanges, ou tout du moins de ce qu'avait pu en ressentir le Comte d'Odélian? Tout portait à croire qu'à mesure des échanges, il en était bel et bien le cas. L'hospitalité de la demoiselle de Fernel n'était à critiquer et sa bienveillance comme le soucis de s'intéresser à lui et à son épouse lui rendait honneur. Après quelques brèves répliques quand aux évènements tragiques survenus à Odélian, l'hôte invita le beau blond à rejoindre la table où venait d'être dressée un véritable festin tout en raffinement. L'homme darda volontiers du regard la pièce de viande blanche et ne manqua pas, de son assise, d'offrir quelques bon compliment à Louise.

- Il a tout l'air d'être gourmand.

L'on ne semblait pas, en Fernel, s'employer à servir les invités, laissant ses derniers se débrouiller de leur propres mains. Atypique certes, mais cela ne déplaisait pas à Charles qui trouvait ce protocole s'inscrire naturellement avec l'ambiance rustique des lieux. Ainsi, et pour faire bonne figure, il récupéra une tranche de viande de bouzon nappé d'un discret filet de sauce avant d'arracher un morceau de pain frai, à la bonne franquette, si l'on pouvait se permettre l'expression. Il visualisa alors son assiette avant de reporter son attention sur la châtelaine.

- Vous serez certainement comblée ! Nos cuisines réalisent un pâté de gigot d'Agneau en pot tout à fait exquis, ainsi qu'une tourte dorée de framboises et de potiron à vous en faire regretter quelques régimes. Mais, vous ne semblez rien avoir à envier à notre art culinaire. Et si je ne m'efforçais pas de maintenir ma ligne, nul doute que mon passage à votre château se serait révéler tragique pour ma silhouette.

Il lui décrocha un léger sourire en coin avant de légèrement se redresser pour s'emparer de la cruche de vin. D'un regard, il attendit l'autorisation de la jeune femme à servir le liquide rubis avant de remplir son propre verre gravé.

- Mon épouse et moi même seront ravis de vous ouvrir nos portes. Le peuple et mes plus important vaisseaux verront d'un bon œil votre présence, gage qu'après que le territoire s'en voit apaisée, son nouveau suzerain s'emploie à œuvrer dans ces fonctions par delà nos frontières.

Voilà qui bouclait la fin de conversion précédemment évoquée par la châtelaine. Il était à présent temps de deviser sur des sujets de sphère bien plus haute qu'à un niveau local certes nécessaire mais moins intéressant. Louise semblait d'ailleurs avare de curiosité tout autant sur le plan ducale que sur la scène royale. Un intérêt désintéressé ? L'expérience de l'officier royal le poussait à la prudence et il ne semblait point vouloir tirer de conclusion trop hâtive. Alors, après avoir acquiescer d'un franc hochement de tête quand au savoureux de la pièce de viande qu'il fit descendre par un filet de vin jusqu'à son estomac, Charles avisa d'un regard perçant la délicate demoiselle, capable de transformations visuelles d'une heure à une autre.

- Je vous l'accorde, le Duc semble se cantonner en son fief. Mais je ne me suis jamais posé la question du pourquoi ? Mes deux visites avaient un caractère particulier et mon attention somme toute focalisée à lui donner des gages de crédibilités depuis mon accession au pouvoir d'Odélian.

Louise était aussi capable de flatteries et si Charles ne pouvait qu'apprécier, il savait faire la part des choses et ne pas se laisser duper face à cette jeune femme en quête de réponses bien précises.

- Du haut de ces onze printemps, le roi Bohemond est un jeune garçon qu'on ne peut éviter dans les couloirs du Palais, surtout lorsqu'on y a son office et que l'on y passe le plus clair de son temps. Bien entendu, sous la bienveillance du Régent qui le guide dans sa future destinée royale. Et vous avez à juste titre raison de nourrir une certaine fascination pour Diantra et son château, son palais. Vous vous y perdriez certainement dans ces nombreux couloirs et alcôves. N'y voyait aucun caricature. Il vous faudrait quelques ennéades pour vous familiariser avec ces moindres recoins. De surcroit c'est un lieu particulièrement riche en symboles. Je ne puis que modestement vous avouer ressentir une grande fierté lorsque j'y officie. Saviez-vous que je puis compter sur une armée de petite mains pour m'assister dans mon intendance ? Alors multipliez cela par le nombre de fonction et vous imaginez bien le lieu grouiller de vie et je ne parle même pas de la présence de la Cours et de ses nombreux courtisans.

Il acheva sa verbe par une réplique qu'il accompagna d'un regard émeraude entendu.

- Si vous deviez y faire halte, j'y possède un hôtel dans les beaux-quartiers. Vous y seriez la bienvenue.

Louise note mentalement les informations données par Charles au sujet des spécialités culinaires du Comté. Elle veillera à goûter elle-même ces fameux plats dont fait l’éloge le Comte d’Odélian, afin d’avoir une idée plus précise de ce qu’elle compte offrir à son Ami par-delà la mer. Elle l’écoute, polie et digne, comme toujours, taquinant tranquillement du bout de sa petite fourchette la nourriture déposée sur l’assiette devant elle.

- J’ai la chance d’avoir au château une cuisinière de talent.

Maïethé, la dame des offices, est en ce moment même en train de se reposer, devant les fours encore chauds, la sueur au front, le souffle court, les joues rougies par l’effort fourni. Autour d’elle, deux petits commis qui l’éventent, afin de l’apaiser. C’est qu’elle ne fait jamais les choses à moitié, Maïethé et c’est bien pour cela que Louise l’apprécie. Et le lui rend bien.

- Je tâcherai donc de rendre une visite de courtoisie dès que possible et dès que mes affaires me le permettront, Monsieur le Comte, soyez-en assuré.

Elle l’autorise d’un signe de la tête à remplir son verre de vin et se met alors à manger, tout en écoutant les propos du seigneur d’Odélian. Savourant la délicieuse chaire blanche, elle reprend ensuite :

- Des gages de crédibilité ? Vous m’en direz tant…Et que faites-vous donc pour être crédible à ses yeux, Monsieur le Comte ? Votre réponse m’intéresse au plus haut point.

Elle tend la main vers son verre et l’observe. Oui, la question est directe mais elle a un sens pour la châtelaine. Elle avait dépensé une fortune en tenues et en auberges, en location, en moyens, pour se rendre, au pire moment, à Serramire afin de quémander l'aide de son suzerain. Aide refusée. Cela lui a coûté de l’argent, son orgueil et surtout la perte de moments précieux, les derniers instants de sa mère, pour se voir éconduire comme la dernière des ribaudes. Alors quoi ? Que faut-il pour être crédible aux yeux d’Arnaud de Brochant ? Être un homme ? Avoir une famille puissante ? Fernel ne possède un nom connu ni même de bien grandes fortunes mais elle a toujours été fidèle au Duché. Absolument toujours. Se voir éconduire de la sorte…Quelle leçon, pour Louise, sur la vanité et l’arrogance des hauts sangs et des hauts rangs. Et sur leur inconstance aussi.

Elle continue de manger tranquillement.

- Je me suis rendue à Diantra dernièrement, pour me rendre au mariage de Tibéria de Soltariel et de Lohie de Brandevin. J’aurais aimé me rendre au palais, ne serait-ce que pour l’observer de plus près. J’imagine que j’aurai peut-être, un jour, l’opportunité de m’y rendre. Qui sait..

Un sourire.

- Je vous remercie pour ces détails, Monsieur le Comte. Il me plaît de savoir que notre Roi est en santé. Quant à votre invitation, je saurai m’en souvenir le moment venu, vous pouvez y compter.

Un autre sourire.

- Parlez moi un peu d’Odélian…Votre terre semble riche et pleines de ressources, en quoi Fernel pourrait donc vous être utile, vous qui avez tout ?

Le dîner semblait se dérouler dans un cadre tout à fait prompte à la découverte et à l'échange. Louise de Fernel s'évertuait à mener les discussions d'une main de maître non sans savoir exactement là où elle souhaitait orienter les débats. Ainsi après avoir devisé sur l'aspect gastronomique, elle ne manqua pas l'opportunité de question plus en détails son noble interlocuteur sur un thème qui semblait au centre de ses préoccupations : la relation entre le Comte et le Duc de Serramire. Un intérêt que semblait renouveler la jeune femme avec une certaine subtilité que ne manqua pas de relever l'intendant royal à la justice. L'homme n'avait rien a cacher à ce sujet et dans ce climat de confiance et de bienveillance, il accorda donc plus de détails à son interlocutrice.

- Reposons le contexte à plat si vous le voulez bien. Après la chute des institutions en Odélian, ma nomination pouvait faire l'objet d'une certaine forme d'agitation. Face à une telle crise, le risque de voir le Comté se déchirer était naturellement une préoccupation majeur du Duc. Vous n'êtes pas sans savoir que de nombreux nobles peuvent se saisir d'une telle opportunité pour revendiquer cette place. Un tel objet de convoitise peut engendrer une instabilité plus grande si d'aventure plusieurs nobles cherchaient à mettre main base sur le pouvoir. Le Duc à donc opté pour une forme de sagesse et de continuité, seulement, fort conscient que ma vie était jusque là vouée à la royauté.

Il prit un instant pour s'offrir une gorgée de vin avant de reprendre.

- Prendre le pari de mettre un Prademont à la tête d'Odélian n'était pas sans risque. Ainsi, il semblait tout naturel pour son altesse d'obtenir de moi des gages de crédibilités, en ce sens d'être sûre que j'étais à même d'assumer ces charges. Il me laissa donc un mois pour faire mes preuves, si je puis résumer cela, dans ce soucis de faire adhérer à ma cause les plus importants parti du Comté. Et, avec une humilité certaine, je crois avoir trouvé et gagné la confiance des nobles d'Odélian. M'assurant ainsi cette crédibilité à cette fonction. Mais, vais-je vous passer les détails de cette période, sachez seulement que mon épouse et moi avons mit tout en œuvre pour respecter les engagements prit après ce procès et ma nomination.

Ces explications allaient-elles être suffisante ? Rien était moins sure, mais il se montrait transparent dans les grandes lignes, assurément. Picorant alors dans son assiette non sans acquiescer d'un hochement de tête face à la tendresse en bouche de cette viande. Il reporta ensuite son attention sur la châtelaine qui évoquait son récent séjour à la capitale, prenant bonne note de la proposition du Comte d'Odélian avant enfin de passer à des affaires plus, disons le "locales". Le sourire du beau blond accompagna naturellement les mots de la demoiselle de Fernel et le Comte d'essuya la bouche avant de s'éclaircir la voix.

- Tout, tout, n'exagérons rien ma chère ! Nous possédons certes des terres fertiles, propices à la culture et à l'élevage, des terres également boisées nous permettant d'assurer une certaine autonomie en ce sens. Nous manquons toutefois de montagne et de ces ressources d'extractions. D'ailleurs, ai-je déjà entamé quelques tractations auprès de la Baronnie d'Alonna. Mais il y a tant d'autres ressources dont nous pouvons manquer, gage à vous de m'offrir une vue d'ensemble de vos richesses. Il serait sans doute plus approprier de prendre cette réflexion en sens inverse.

Un sourire, encore.

- Pour obtenir un tel honneur, beaucoup de nobles sangs seraient prêts à faire n’importe quoi en effet. Le Duc a donc choisi en son Souffle et conscience, ainsi qu’il le fait depuis qu’il a succédé à son père.

Une petite gorgée de vin, le sourire aux lèvres.

- Un homme probe, seul survivant d’une famille injustement décimée, loyal serviteur de la Couronne, que voilà un choix de premier plan pour Odélian. Le choix le plus logique et le plus à même de faire perdurer le sang des Prademont sur le trône comtal.

Elle repose son verre, le repousse et reprend sa fourchette en main, continuant de manger le plus tranquillement du monde son petit morceau de viande blanche.

- Le Duc n’a pris aucun risque, Monsieur le Comte, il a tout simplement suivi une certaine logique successorale. Vous semblez en être le premier surpris. La famille de Prademont possède-t-elle tant de détracteurs que vous doutiez donc de pouvoir reprendre les rênes d’Odélian ?

Elle mâche tranquillement, écoutant toujours, l’oreille attentive à la fois à ce que dit Charles mais aussi au joyeux brouhaha qui s’élève dans la salle. La musique vient de commencer et les rires se font entendre, on perçoit aussi le bruit de chopes qui s’entrechoquent, signe que les choses vont plutôt bon train dans l’autre salle, ce qui amuse Louise. Cela étant, cela ne l’amuse certes pas autant que ce vient de dire le Comte. Il possède tant de choses qu’elle n’a pas grand-chose à lui offrir. Si en plus il a déjà ouvert des tractations avec Alonna concernant l’extraction et l’exploitation de richesses minières, alors…quid ?

Elle essuie sa bouche du bout de sa serviette avant de parler.

- Fernel est une petite seigneurie, Monsieur le Comte. Je n’ai pas les ressources d’un grand fief et ce que nous produisons est essentiellement destiné à la vie quotidienne des gens qui vivent sur mon territoire. Nous faisons du commerce, oui, mais aucun avec la Péninsule, puisque tout le monde possède la même chose. Pour l’instant.

Elle reprend son verre, pensive.

- Vous avez les chevaux, le bois, le bétail, une agriculture prospère, et vous avez donc ouvert les discussions avec Alonna qui propose, peu ou prou, la même chose que moi. Notre richesse, à Fernel, ce n’est pas tellement ces matériaux que l’on trouve partout, notre richesse…c’est le savoir et la passion de transmettre ce savoir à des personnes qui résident ici.

Elle fait tourner le vin dans son verre avant d’en boire une gorgée.

- A moins que vous ne désiriez fournir votre Cour en instruments de musique, en parfums de qualité ou en artisans qui excellent dans leur domaine, nous ne possédons rien que vous ne possédiez déjà, Monsieur le Comte.

Face aux commentaires et remarques de la châtelaine, le Comte offrait une attitude tout en humilité fort maitrisée et ce même lorsqu'elle s'osait à déclarer qu'il était le premier surprit par sa nomination. L'avait-il déclaré ? De mémoire non, donc ce ne pouvait qu'être une fâcheuse déduction de la part de la demoiselle de Fernel. Mais pouvait-on en vouloir à une jeune femme du haut d'à peine vingt deux printemps ? Lui en faire la leçon, non, elle pourrait s'en trouver blesser et montrer les crocs, alors ne rien dire était peut être la chose la plus sage qu'il soit pour Charles, même si il espérait que la châtelain apprenne un jour de ces petites erreurs de jugement si tant est qu'elle ait des perspectives plus large qu'une petite terre dans le nord péninsulaire.

- Sauf votre respect, n'ai-je jamais employé ces mots, ni "surprise", ni même de doute quand mes capacités. Je vous ai dressé simplement un contexte ainsi que des éléments, vous pouvez y interpréter certaines choses, je vous l'accorde, mais finalement, la seul réponse que je puis vous apporter aujourd'hui à ce sujet est bel et bien ma présence, ma seule présence, en mes double qualités d'Intendant à la Justice et Comte d'Odélian. Je suis certain que cela vous suffira.

Il n'y avait pas la moindre animosité, en réalité, il cherchait simplement à être pragmatique et direct, comme pour correspondre à ce qu'attendait la châtelain en retour de sa propre personnalité franche et directe. Reprenant la dégustation de son repas, des plus gouteux, s'offrant alors une bouchée de pain frai, il se retrouva bientôt à imiter sa comparse alors que la discussion tournait à présent autour d'éventuels liens entre les deux domaines. Louise de fernel dressa admirablement bien la scène géographique péninsulaire et l'autosuffisance de bon nombre de terres en matière d'agriculture, de matière première et d'élevage. Et après quelques rond de jambes verbales, fort apprécié par un Charles bien attentif à ce petit bout de femme à l'exercice, Louise lui offrit enfin ce qu'il était venu chercher, sans avoir à le proposer de sa propre voix. Il opina alors du chef avant de s'éclaircir la voix, un charmant sourire aux lèvres.

- L'excellence, voilà ce que je suis venu chercher chez mon proche voisin. Parfums, objets d'art et artistiques ! Il faut savoir contenter sa Cours et ses plus fidèles sujets. Lorsque l'on possède tout le reste, est-il un pêcher à chercher la finesse, la rareté, la délicatesse ? L'on m'a parlé du savoir faire de vos gens et je crois même que certaines œuvres puissent même avoir trouvé leurs confort à Diantra. Les femmes de salon apprécient le parfum et où trouve-on courtisanes et autre dames de compagnies ? Je crois que vous auriez à gagner en effet d'exporter certains talents locaux et un premier essai en mes terres pourraient alors vous aider par la suite à plus d'audace.

Il expliquait en ce sens qu'un premier partenariat avec le Comte d'Odélian pourrait être un bon terrain pour définir qui sait par la suite, une exportation à plus grande échelle si cela s'avérait concluant, avec par la même le soutien d'un homme qui possédait une influence, aussi humble et minime soit elle à la capitale de la Péninsule.