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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 875 ans (20:XI) Taille : 1,93 m Niveau Magique : Maître.
Sujet: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Sam 24 Avr 2021 - 23:28
Fin de la troisième ennéade de Verimios – Premier mois de l’Eté. XVIIIème année du cycle XI.
Terribles furent les nouvelles. Affreuses furent les craintes. Horribles furent les songes. Dès que la missive fut extraite des pattes de l’oiseau messager, l’agitation se fit de plus en plus grande, de plus en plus importante. Les visages gracieux de ses semblables se firent plus blêmes, les expressions, plus tendues. Le Roi Artiön Laergûl était entre les mains des soigneurs de Daranovar, après qu’une affreuse rencontre sauvage ne manque de lui ôter la vie. A Tethien, l’effervescence n’avait d’égale que la tristesse grandissante. On priait la Mère. On priait que le Souffle du Heru Aran ne le quitte jamais, pas aussi tôt, pas alors qu’il venait d’être l’heureux père de deux magnifiques bambins, pas alors que tant d’enjeux dépendaient de lui.
Alors, la décision d’Anardîl ne se fit point attendre. Non, il était hors de question que la Reine soit seule face à cette douloureuse épreuve. Non, il était hors de question que le Heru Aran ne reçoive point de visite, point les honneurs qui lui sont dû, lui qui avait prit tant de risques à Naélis face à la menace Drow.
Elle prit alors le chemin de Daranovar depuis Tethien. Rien, absolument rien ne peut éloigner une magicienne de ses recherches, de ses études, de ses connaissances. Rien, sinon la crainte de voir un autre souverain disparaître. Seules quelques heures séparent les deux cités. Les travaux entamés par Fineldor ne sauraient disparaître ni avancer plus que de raison. Le projet d’établir des moyens de communications instantanés par le biais de la magie de l’air et de lumière était loin d’être finalisé. Pour l’heure, la vie ne pouvait plus attendre.
Anardîl se présenta alors à Daranovar quelques heures après que la missive ne parvienne à Tethien. La journée était déjà bien avancée, mais le soleil était encore haut dans le ciel, suffisamment pour qu’il puisse percer les frondaisons de l’œuvre. Avec grâce et volupté, Anardîl, vêtue de soie blanche et de parures couleur de lumière, suivait les gardes qui la menèrent jusqu’au chevet du Heru Aran. Ses cheveux blancs et sa peau pâle rendaient une impression de lumière se mouvant dans une fluidité presque surnaturelle.
Seule, elle attendait. Elle attendait que la Reine accepte de la faire entrer dans cette petite sphère privée que le deuil et la douleur avaient forcé à créer. Elle attendait, priant en son for intérieur que la Mère puisse sauver Artiön Largûl.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Dim 25 Avr 2021 - 3:13
RP écrit du point de vue de Kaëlistravaë
- Tu es certaine de ne pas vouloir prendre un jour pour toi ? le grand blond, portant Saeledhel d’un bras, se tentait à te réconforter de l’autre Tu mérites de te reposer Kaëlistravaë. Vous n’en êtes plus à un jour près.
- Ça va. tu rends un sourire timide au vieil elfe Les enfants commencent à s’y habituer. Même s’il n’est pas très responsif, voir leur père en vie les rassure.
Ton regard se pose sur le poupon endormi dans tes bras, puis sur ta fille, faisant de larges pas pour vous suivre. Tu ne peux t’empêcher d’avoir un pincement au cœur, mais tu vas mieux qu’au départ. Ces visites sont devenues un rituel. Une part de votre journée comme pourrait l’être n’importe quelle tâche. Tu commences à faire ton deuil de l’idée du soudain miracle. Le temps s’installe, et tu laisses faire. Tant que ton époux vivait, l’œuvre du temps ne pouvait être que bénéfique.
- Moi je surveille papa pour l’aider à guérir !
Ta main va s’échouer dans la tignasse de la petite et gentiment l’ébouriffer. Dire que tu étais fière de la manière dont ton aînée gérait les choses serait un euphémisme. Et tu en étais probablement la première agacée. Du haut de ses deux courtes années de vie, Elorëa s’était érigée en un véritable roc, pour toi et pour ses deux petits frères. Chose qu’elle n’aurait jamais dû ni avoir le besoin, ni ressentir le besoin de faire. Mais qu’y pouvais-tu ? Elle avait hérité de vos caractères à tous les deux, et tant ton époux que toi n’étiez pas de ceux qui trouvaient quelconque confort dans la résignation.
- Tu lui racontes votre soirée d’hier soir avec Uirphen ?
- Oui ! Et le poisson de tonton Lùthanar aussi !
Le visage en tous temps impassible du grand blond se fendille d’un sourire, qui d’ailleurs ne t’échappe pas. Comme quoi, son esprit de famille était vraiment le point faible du doyen des Laergûl. Tu soupires. Malgré vos différends, tu aurais aimé qu’Halyalindë et son époux soient là pour vous soutenir, mais il faut dire qu’ils n’étaient pas bien moins occupés que vous. La charge de Celimë n’était pas une mince affaire.
- Oh ! un visage familier, immobile au milieu des va-et-viens attire ton attention Anardïl ?
La magicienne et toi n’aviez pas gardé contact particulièrement proche. À vrai dire, vous n’aviez jamais été particulièrement proches. Elle faisait simplement parti d’un paysage connu. L’une des constantes de l’Académie d’Alëandir. Elle y avait trouvé sa place bien avant toi, elle y était resté bien après ton départ et ton rôle en tant que Rîn Berith ne t’avait pas donné l’occasion de t’entretenir avec elle. Le contact avec l’Académie de magie avait – paradoxalement peut-être – finalement plus été pris en charge par ton époux.
- Je ne m’attendais pas à te voir ici.
D’entre tous, non, elle n’était définitivement pas celle que tu imaginais faire le chemin jusqu’à Daranovar pour vous visiter. À vrai dire, en dehors de vos proches connaissances, tu ne t’étais pas attendue à voir qui que ce soit. Artiön et toi aviez toujours eu cette force de façade. Cette attitude d’intouchables, qui vous rendait rassurants en tant que leaders, mais vous avait souvent isolé lorsqu’il était venu votre tour d’être abattus par le destin. Qu’elle ait fait le déplacement te touchait plus que tu n’osais l’exprimer.
- Tu peux entrer tu sais.
Avantage et inconvénient à la fois. Le statut de couple royal vous interdisait d’interdire vos Frères et Sœurs de venir visiter l’endormi. Il était finalement autant leur Aran qu’il était ton époux. Et ce n’était finalement que lors de moments aussi intenses que celui-ci que l’on réalisait l’étendue du lien entre les Taledhels et celui qu’ils choisissaient de faire Seigneur-Protecteur de la Cité Blanche.
À peine l’encadrement de la porte passé qu’Elorëa s’était ruée contre son père, pour lui offrir une étreinte qu’il ne pourrait pas rendre. Quant à toi, tu étais allée t’asseoir non loin, et après que Lùthanar t’ait remis ton second fils, tu avais invité la mage de lumière à venir prendre place à tes côtés.
- Je vous laisse.
- À plus tard Lùthanar.
Le doyen des Laergûl ne pourrait rester plus longtemps, car lui aussi, il avait une épouse et des enfants dont il devait s’occuper. Toi… ton regard était partagé entre ton époux, tes enfants, et celle qui avait choisi de partager ce moment avec toi, incapable que tu étais de lancer une conversation, perdue que tu étais face à une situation qui t’était pour le moins… inhabituelle.
- C'est mon mari...
Faible entrée en matière, pour sûr. Mais que pouvais-tu dire de plus ?
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Dim 25 Avr 2021 - 14:00
Le peuple d’Anaëh avait été doté de nombreux cadeaux par la Mère. L’œuvre, l’Art, la Symphonie, et tant d’autres choses encore, notamment, la grâce et la volupté.
La magicienne avait reçu ces deux derniers cadeaux, et les avaient cultivés en art de vivre et manière d’être. La Lumière, pour elle, n’était point uniquement définie par un champ d’expertise de la magie mêlant l’Art à la physique, l’Art à la science. La Lumière, c’était aussi une manière d’être, une façon de vivre. Jamais, elle ne se départissait de son sourire. Jamais, elle ne quittait cette attitude humble et ouverte, chaleureuse et joviale. Son sourire réchauffait les cœurs, et ses habits, lumineux, transcendaient avec certains vêtements portés par ses congénères. Le blanc réhaussé de motifs grâcieux couleur du soleil, apportaient cette touche tout à fait unique à l’apparence d’Anardîl, la magicienne.
La patience de la magicienne fut récompensée. Combien de temps avait-elle attendue devant ce lieu où le Heru Aran se reposait ? Elle ne le savait pas vraiment. Et, à vrai dire, Anardîl ne voulait pas le savoir. Depuis qu’un garde l’avait menée jusqu’à la porte de cette salle, elle s’était attelée à prier la Mère, afin qu’elle protège le Heru Aran et que ce dernier puisse revenir. Trop de souffles furent perdus au cours des derniers siècles, à cause de la violence, du fanatisme, et de la méchanceté. Celle du Heru Aran devait demeurer forte, car son travail en ce monde n’était point terminé.
Lorsque l’épouse d’Artiön se présente, s’exclamant doucement, libérant sa stupeur de voir Anardîl présente en ce lieu, en cet instant, Anardîl manœuvre discrètement ses articulations, plaçant son pied droit derrière elle, sur la pointe et réalisant un très léger mouvement circulaire pour faire face à la Rîn Berith. Respectueusement, la professeur académicienne inclina le visage, puis le buste, fermant les yeux, affirmant sans qu’il ne soit nécessaire de le dire, le pourquoi de sa présence ici.
« Rîn Berith, j’espère que ma présence ne sera point un fardeau ici, ni vos merveilleux bambins. »
Anardîl incline encore respectueusement le buste, tournant légèrement son visage vers la gauche, son regard ne pouvant quitter un des jeunes Elfes qui était resté à moitié caché derrière les jambes de sa mère. A l’invitation de Kaëlistravaë, Anardîl inclina encore le visage, et suivit le groupe, entrant la dernière.
La vision du jeune Elfe se jetant sur le corps inanimé de son père arracha une sensation douloureuse dans le cœur d’Anardîl. Elle n’avait jamais eu la chance de rencontrer sa moitié, et encore moins celle de créer la vie et de rendre hommage à la Mère en mettant au monde un ou plusieurs enfants. Cela la tiraillait intérieurement, elle qui se rapprochait plus du crépuscule de son existence que de son aurore.
Assise aux côtés de Kaëlistravaë, Anardîl regarde l’enfant, le corps du Heru Aran, et les deux plus jeunes nés de cette union, ne pouvant se déplacer seuls, devant être portés par Kaëlistravaë qui les gardait contre son cœur.
« Il a l’air apaisé. Que disent les médecins ? » Demanda Anardîl, tournant légèrement son visage vers Kaëlistravaë, lui offrant son sourire le plus chaleureux, triturant sa chevalière d’or et de pierre de lune, ultime vestige de sa défunte mère à elle. « J’ai prié la Mère de veiller sur lui dès que Tethien fut informée de cette tragédie. Comment vas-tu ? Comment se portent tes enfants ? Y’a-t-il quoi que ce soit que je puisse faire pour réchauffer vous aider, tes enfants, ton mari et toi ?
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Dim 25 Avr 2021 - 15:28
Apaisé… vu de l’extérieur peut-être. Pour le reste tu n’en savais rien. L’esprit endormi est un chaotique théâtre, et tu sais l’esprit de ton époux – comme celui de nombreux soldats – plus en proie à la Tourmente que leur calme extérieur ne pourrait laisser penser.
- Il est stable. Il se remet lentement. tu souris, voyant Elorëa raconter sa journée avec entrain Ce ne devrait être plus qu’une question de temps avant qu’il se réveille.
Parler d’un endormi est aisé, car il y a finalement bien peu de choses à dire. Les questions de ton état et de celui de tes enfants étaient plus complexes. Et tu ne saurais véritablement quoi y répondre. Tu étais terrifiée à l’idée de le perdre. Tu étais terrifiée à l’idée de voir vos plus profondes peur prendre corps à l’instant même, et de voir vos enfants grandir sans père. Seulement, être terrifiée tu ne t’en sentais pas le droit. Pas quand la quasi intégralité du monde Taledhel était là pour t’épauler. Pas quand tu savais que bien plus d’efforts seraient déployés pour ton époux qu’il n’en serait pour n’importe qui d’autre. Pas quand d’autres avaient vécu bien pire, et avaient eu droit à bien moins de soutien que vous. Tu étais terrifiée, et tu te sentais coupable… mais comment exprimer tout cela sans paraître ridicule, quand tu savais aussi exactement ce qui vous valait cette attention ?
- Une pensée et une prière sont tout ce que je peux te demander. tu lui souris timidement Ça a été difficile pour les enfants et moi dernièrement, mais on s’en sort. Et on a tout un peuple derrière nous. tes yeux retournent en direction d’Elorëa Les petits m’impressionnent d’ailleurs. J’aurais aimé avoir ne serait-ce qu’une fraction de leur courage et de leur optimisme.
Tu ris doucement, mais rien que cela suffit. Les bras des deux poupons que tu tiens contre toi s’agitent, et de larges bâillements signalent l’imminence de leur réveil. Tu caresses doucement leurs crânes à tous les deux, t’appliquant à les garder dans un calme que tu savais très bien temporaire. Tu lances un regard complice en direction d’Anardîl, et te saisis délicatement de la main de l’un des jumeaux.
- En réalité, j’ai bien quelque chose à te demander. les sourcils de Kaëlistravaë se plissent en une supplication Est-ce que tu pourrais me prendre Saeledhel quelques minutes ?
La magicienne oblige, se retrouvant face aux protestations silencieuses du petit elfe, tandis que tu rapprochais un Hràvion totalement extatique de toi. Tu chasses sur le côté une bretelle, et dévoiles un sein dont l’enfant se saisit immédiatement, trop heureux d’être passé le premier cette fois-ci.
- Hràvion est un peu plus explosif que son frère, alors habituellement, je le force à attendre pour lui apprendre à se tenir un peu. tu poses un œil amusé sur un Saeledhel boudeur Mais je pense que pour cette fois, on va faire une exception. Je ne tiens pas à être celle qui te passera l’envie d’un jour avoir des enfants. tes sourcils se froncent soudainement À moins que tu n’en aies déjà ?
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Mer 28 Avr 2021 - 14:45
Elle était douce, elle était forte, elle était impressionnante d’allure, de charisme et de réserve. Kaëlistravaë, tenant ses deux nourrissons à bout de bras, et surveillant le plus grand papotant avec son paternel qui, malheureusement, ne peux ni l’étreindre ni l’entendre, était un modèle de courage et de persévérance.
Anardîl comprit alors toute l’importance de sa présence. Outre le fait que savoir le Souffle du Roi en danger était une source d’inquiétude pour tout un peuple, et donc, pour elle-même, et que l’immense solidarité qui lie les Teledhel entre-eux justifiait à elle seule l’importance d’un seul Souffle, d’une seule vie… Anardîl pouvait toucher de ses doigts graciles toute l’importance de sa présence, ici.
Soutenir Kaëlistravaë en ces instants difficiles, être à ses côtés en ces lieux, semblait être l’œuvre de la Mère elle-même. La magicienne amoureuse des petits papiers, passionnée de magie et d’étude, était habituée à l’aspect théorique des choses, à céder à la curiosité pour simplement assouvir cette curiosité. Aujourd’hui, ce n’était point des lignes sur un vélin, ou des observations scientifiques. Il s’agit du Souffle du Roi, en danger, veillé jour et nuit par l’infatigable et courageuse Rîn Berith… Il s’agit d’être là.
« Les petits ont cette attitude, car ils s’inspirent de leur mère, Kaëlistravaë. Ils sont trop jeunes pour mesurer ce que tout cela signifie, ils ne sont courageux que parce que tu l’es pour toi, tu l’es pour eux, et tu l’es pour Artiön. »
Le rire de Kaëlistravaë élargie le sourire omniprésent d’Anardîl. Un sourire qui, toutefois, s’amenuie à mesure que les nourrissons semblent se réveiller et se débattre dans le creux des bras de leur mère. Et c’est là qu’intervient une demande imprévue… Tenir un des bébés, Saeledhel.
Les rares fois où Anardîl quitte son sourire chaleureux, c’est lorsqu’elle est penchée au-dessus d’écrits aux importances capitales, ou en plein milieux de recherches et d’expériences nécessitant une concentration à toute épreuve. La surprise de cette demande aura eu le même effet. Regardant Kaëlistravaë ouvrir ses bras, Anardîl se saisit d’un petit Elfe gesticulant et visiblement déçu de ne point être le premier à obtenir de repas. Le plaçant dans ses bras, contre elle, Anardîl avait l’air… Perdue. Rien de tout ceci n’était connu d’elle. Une nouveauté, pour une magicienne à l’âge vénérable.
« Eh bien… Non. Je n’ai pas d’enfants. Et à vrai dire, je n’ai personne pour partager ma vie. J’ai passé ma vie à étudier la magie… Fonder une famille ne m’apparaissait pas important. Je crois que ça se voit dans ma façon de tenir le petit Saeledhel… Peux-tu me dire comment le tenir correctement ? Je… Je crois que je n’y arrive pas…»
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Mer 28 Avr 2021 - 23:02
Si elle n’avait pas répondu, la pataude timidité avec laquelle elle s’était saisi de Saeledhel l’aurait fait à sa place. Là-dedans tu te revoyais un peu. Pendant des années, des siècles même, tu t’étais occupé d’autres. Tantôt guérisseuse, tantôt conseillère, tantôt médecin, tantôt porte-parole. De jeunes enfants, tu en avais vu, et tu t’en étais occupé autant que tu avais pu t’occuper de leurs parents. Seulement ces jeunes enfants n’étaient pas les tiens. Tout changeait une fois que la vie entre tes mains n’était plus simplement une vie, ou même la progéniture d’un Frère, mais la chair de ta chair. Un jour certainement Anardîl le virait à son tour, et s’en voudrait d’être aussi maladroite qu’elle l’était aujourd’hui. Ou même plus encore. Jusqu’à ce que l’habitude ne finisse par venir, et que le sourire d’un poupon ne lui rappelle qu’elle reçoit autant d’amour que – même maladroitement – elle en donne.
- C’est simple ! tu réarranges Hràvion contre toi pour qu’il continue son repas Tant qu’il s’agite, ne le laisse pas tomber, et à force, tu finiras bien par trouver une prise confortable pour vous deux. S’il se calme c’est que tu fais quelque chose de bien. tu lances une œillade taquine à la mage Evite juste de le mettre à l’envers.
Fonder une famille ne lui apparaissant pas important, voilà qui expliquait comment elle en était arrivée là. Mais toi ? Qu’en était-il de toi ? Oui, l’idée de fonder une famille avait toujours été une possibilité pour toi, mais à aucun moment tu ne l’avais poursuivie. Au contraire, tu en avais toujours eu peur. Ton époux lui aussi en avait toujours eu peur. Justement à cause de situation comme celle que vous viviez aujourd’hui. Tes yeux se ferment, et tu souris doucement. Comment en étais-tu arrivée là ? Comment avais-tu pu laisser faire ? Rien de tout cela ne faisait de sens. Toi qui avait toujours tenu les armes en horreur, toi qui le tenais toujours en horreur, comment avais-tu pu t’amouracher d’un soldat Daranovan ? Toi qui t’était toujours promis d’à tout prix protéger ta famille de la souffrance qui avait été tienne lorsque tu avais perdu ta mère… même si cela voulait dire ne pas fonder de famille, comment avais-tu pu en arriver à infliger à des enfants en bas âge le combat de ton mari contre l’appel de Tari ? Et pire encore… comment pouvais-tu continuer de sourire, triste, mais sans le moindre regret ?
- S’occuper d’enfants, c’est comme les mettre au monde. tu glousses doucement C’est beaucoup trop long, c’est douloureux par moments, tu lèves les yeux au ciel, rougissant légèrement, et soupires mais quand on fait quelque chose de bien, on le sent dans nos tripes. tu caresses le crâne du petit glouton Tu verras.
Qui sait. Tes enfants le lui feraient même peut-être savoir avant l’heure.
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Jeu 29 Avr 2021 - 11:44
Sur les conseil de Kaëlistravaë, Anardîl tentait d’apprendre et d’appliquer. Dans des gestes doux, mais ô combien naïfs et non maîtrisés, la magicienne de Lumière essaie de placer le bambin au creux de ses bras. Visiblement, il ne désire qu’une seule chose : retrouver le sein de sa mère afin de pouvoir se repaître et étouffer les cris d’un estomac ayant besoin d’un repas régulier. Comprenant que le poupon refusait de voir son visage changer de position, Anardîl le laissa tel que : sa tête callée contre son bras droit, ses petits pieds sous son bras gauche. Mais le petit n’en finissait pas de se débattre, ni de manifester son impatience.
La magicienne eut alors une idée. Libérant sa main droite, celle sur laquelle trônait l’éminente chevalière d’or et de pierre de lune, elle passa son index doucement au-dessus du ventre du poupon. Fermant ses yeux un instant, ses doigts fins et graciles dansèrent au-dessus du bébé. De cette manière, Anardîl pouvait « choisir ». Choisir parmi les vibrations environnantes, parmi les ondes qui dansent et dansent encore et encore autour d’elle, celle qu’elle désirait laisser passer au travers de ce prisme, de ce focaliseur. Un mince rayon lumineux naquit alors, d’une couleur aussi douce qu’un rayon de soleil perforant l’épaisse frondaison d’une forêt. Il n’était ni aveuglant, ni obscurcis, ni étincelant, ni pâle, ni brûlant, ni extrêmement froid. D’un mouvement circulaire de la dernière phalange de son index, Anardîl fit s’évaser le rayon de lumière qui prit alors la forme d’un cône illuminant le ventre du bambin affamé. Puis, d’un coup, le doigt s’immobilisa.
Anardîl avait doucement amplifié la chaleur de ce rayon, de sorte que le petit ventre du très petit bambin puisse baigner d’une chaleur très tendre, semblable à une sensation d’estomac plein, ou la sensation d’une présence emmitouflant et réconfortante. Le regard stupéfait du bambin trahissait sa surprise, mais les gazouillis prirent rapidement place, chassant les râles et les petites manifestations d’inconfort. Le visage lumineux bébé heureux était bien plus beau et chaleureux que toute forme de magie de Lumière.
« Je… Je crois que j’ai réussi ! »
Dit-elle, presque triomphante, sa main gauche venant chatouiller le petit Elfe qui n’en finissait plus de manifester sa bonne humeur. Anardîl, elle… Avait de nouveau un sourire béat, lumineux, chaleureux, bienveillant.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Jeu 29 Avr 2021 - 17:22
- Non ! Un bruit de pas pataud attire ton attention. Une Elorëa aux joues gonflées pose un regard sévère sur Anardîl, ses pupilles cherchant à l’occasion un peu de soutien dans les tiennes. Ton expression se referme un peu, et d’un hochement de tête, tu donnes la parole à ta fille, sachant d’avance ce qu’elle allait dire.
- La magie c’est de la triche !
Tu lèves les sourcils, et offre un regard désolé à ta camarade d’un jour, triste de la voir ainsi défaite de son accomplissement. Il y avait une histoire cependant, derrière l’intervention de ton aînée. Une histoire qui te permettrait probablement de sympathiser un peu plus avec la Luminomancienne.
- J’ai écopé de beaucoup de responsabilités durant la campagne Naélisienne. ta fille, voyant déjà où tu allais en venir dégonfle les joues Et entre Elorëa et la grossesse, les fins de journée ont parfois été difficiles. Un jour où elle était particulièrement agitée, et moi particulièrement fatiguée, j’ai usé de magie pour l’endormir. tu soupires L’expérience n’a été agréable pour aucune de nous deux. Alors je me suis promis que je n’utiliserais la magie qu’en cas de nécessité.
- Et je surveille !
- En tant que mages, on a vite fait de se reposer sur l’Art, mais j’avoue que depuis cette expérience, je tends à me dire qu’en tant que parent, il vaut mieux être extrêmement attentif à l’usage qu’on en fait avec nos enfants. En particulier lorsqu’il s’agit de résoudre des problèmes.
Tu souffles, comme libérée. Non, ce n’est pas prononcer ces mots qui t’aura libéré de quoi que ce soit, et cette liberté, elle ne sera que de courte durée. Hràvion a terminé son repas, et la pression de sa mâchoire contre ton sein n’est plus. Heureusement, Hràvion ayant terminé son repas, le pire était passé. Saeledhel était un peu plus doux que son frère.
- Ah ! Je crois qu’il a fini.
Tu tapotes le dos de l’enfant jusqu’à ce qu’il fasse son rot, puis tu te tournes vers ta camarade Lëandrine.
- Tiens, tu peux t’occuper de Hràvion un instant ?
Les deux poupons échangèrent leurs places, et un Saeledhel soulagé s’accrocha à ton sein. Pour Anardîl cependant, tout était maintenant à refaire, et avec un petit elfe bien plus caractériel que ne l’était son jumeau. Quand Saeledhel se contentait de s’agiter, Hràvion – même avec la léthargie d’après repas – n’hésitait pas à frapper.
- Il veut jouer ! Regarde !
Volant au secours de la pauvre Luminomancienne, Elorëa approcha ses mains du petit, et fit gentiment mine de se bagarrer avec lui. Mais si les gazouillis de Hràvion trahissaient sa bonne humeur, ils ne le rendaient pas plus facile à maîtriser.
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Jeu 29 Avr 2021 - 22:17
La Mère elle-même ne saurait décrire les émotions ressenties par Anardîl dès lors que l’ainée aura commencé à ouvrir la bouche. Reprendre ainsi la magicienne, se montrer aussi vindicative – et adorable en même temps, une sensation jamais ressentie jusqu’ici par la magicienne de Lumière – elle ne s’y attendait absolument pas.
Ce sont des yeux hébétés et un regard apitoyé et surpris qui se posent sur Elorëa. Le bambin dans ses bras, continuant de gigoter, mêlé aux remarques de l’ainée, et à cette sensation d’avoir échoué… Firent manquer quelques battements cardiaques à la Luminomancienne. Fort heureusement les explications de Kaëlistravaë suivirent très rapidement, et Anardîl pu alors comprendre.
Et alors qu’elle commençait à sentir cette sensation d’apaisement, de compréhension, comme lorsqu’un frisson disparaît et que l’on reprend pleinement possession de son corps… Voici qu’à nouveau tout semble lui échapper. Le premier bambin a enfin fini son repas, il est temps de nourrir le second. Et celui-ci aurait été le plus calme ? Par la Mère, serait-ce une épreuve ? Serait-ce un signe quelconque ?
Anardîl est complètement désemparée. La gesticulation du jeune Hràvion, l’aide apportée par l’ainée… Et tout ceci qui lui échappe quand bien même elle tente de déployer des trésors de patience et d’adaptation… En 873 années de vie, cette journée doit être une des plus difficiles jamais vécue…
« Heu… Je… » Bredouille-t-elle, ses yeux allant tantôt vers le bambin, tantôt vers Elorëa, tantôt vers Kaëlistravaë. « Je suis désolé Kaëlistravaë, mais… Qu’est-ce que je dois faire ? Il est si turbulent, je vais le faire tomber ! »
Elle faisait tout son possible pour maintenir le bambin dans ses bras, encaissant les coups – qui aurait pu croire qu’un si petit être pouvait envoyer des coups de talons et de poings si puissants ? Sa plus grande peur : le laisser choir ! Elle était là pour aider… Mais elle était dans un sacré pétrin.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Sam 1 Mai 2021 - 16:43
- Contente-toi de le retenir tu déclares, te retenant d’éclater de rire c’est un enfant, pas de la verrerie fine. Tu ne vas pas le casser en appuyant un peu.
- Ayaa !
La tension monte entre les bras d’Anardîl. Elorëa, concentrée, les sourcils aussi froncés que son visage le lui autorisait, attaquait son petit frère du bout des index. Le poupon lui s’essayait tant bien que mal à bloquer le barrage d’estocs de ses minuscules mains. Hràvion riait à gorge déployée, tandis que sur le visage crispé de son aînée commençait à se dessiner un sourire satisfait. Les gestes déjà imprécis du poupon devenaient chaotiques. Le rire prenait le pas sur sa défense. Il arrivait à bout.
- Regarde ! Regarde !
Un enchaînement de touches – dans l’esprit de la gamine en tout cas – millimétré. Le nombril, le nez, la plante des pieds, l’aisselle, à nouveau le nombril, puis le front. Hràvion était battu. Forcé d’accepter la défaite. Mais il s’en accommodait. Dans quelques années probablement il prendrait sa revanche. Et sa grande sœur, rattrapée par le temps n’y pourrait rien. Pour l’instant cependant, vidé de son énergie, il prendrait sa retraite dans le sommeil, en attendant la prochaine bataille.
- Voilà ! On a gagné !
- Un jour il faudra que tu m’expliques comment tu fais Rëa.
- Non ! C’est mon secret ! À moi.
Ton visage se retourna vers l’un des couloirs menant à votre salle. Et comme une horloge bien réglée, Saeledhel termina son repas. Elorëa s’éloigna légèrement, et vos pupilles à toutes les deux se posèrent sur l’elfe qui venait de vous rejoindre. Forvenion ne s’embarrassa pas d’un seul mot. Ton aînée et toi saviez ce qu’il en était. Sourire aux lèvres, le jeune prêtre de Kÿria se saisit des jumeaux, salua celle qui t’accompagnait d’un signe de tête, et suivi d’une Elorëa faisant de son mieux pour rester enjouée, repartit d’où il était venu. Il partait avec tes enfants, mais il te laissait quelque chose. La même chose qu’à chaque fois. Un repas, qu’il posait sur une table au chevet de ton époux. Ton regard se baissa. Jusque-là tu avais souri, tu avais même ri, tu t’étais montré forte. Mais ces déjeûners… ces moments partagés sous le soleil de midi avec ta moitié endormie, c’étaient les moments où tu pleurais. C’étaient les moments que l’on t’offrait seule avec lui. Ceux durant lesquels, entre deux cuillerées de potage forcées à travers sa trachée, tu fondais en larmes, dévastée par l’absence de son sourire, lui qui appréciait tant de partager la table. C’étaient les moments où tu t’autorisais à être faible et à évacuer, pour mieux être forte par la suite. Les moments où tu laissais ton pessimisme s’écouler avec tes larmes, pour que ne te restent plus que les espoirs qui – de concert avec tes enfants – t’empêchaient de dépérir.
Peut-être aujourd’hui était l’occasion de faire autrement
Tu n’étais pas seule cette fois. Et bien que quelque chose en toi te hurlait de chasser l’intruse, de vivre ton rituel comme à l’accoutumée… tu n’avais pas le cœur à agir sur cette impulse. Un peu de compagnie faisait plus de bien qu’on ne pouvait l’imaginer. Puis, Anardîl avait quelque chose que presque aucun autre elfe impliqué ne pouvait t’offrir : elle ne vous connaissait ni toi, ni Artiön ; représentait une forme de candeur.
- C’est l’heure de notre repas. tu te lèves, en direction de la table de chevet, mais avant de faire le premier pas, tu te tournes vers Anadrîl On peut partager le mien si tu veux.
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Sam 1 Mai 2021 - 19:50
Nul doute que La Mère devait poser des yeux rieurs sur la petite scénette qui se déroulait ici-bas. Alors que le cœur battant du Heru Aran à un rythme lent de celui qui dort paisiblement tranchait avec l’élan de vie des deux enfants jouant allégrement, la magicienne de Lumière brillait… De par son incompétence.
L’incompétence de celle dont la matrice fertile n’avait jamais été cultivée. L’incompétence de celle qui maîtrise la théorie au mépris de la pratique. L’incompétence de celle ayant fait passer l’Art par-dessus tout, par-dessus le futur, par-dessus la vie. Une incompétence naïve, sans mauvais jugements, sans mauvaises pensées.
L’aide inestimable de l’ainée fut vécu par Anardîl tel l’apothéose d’un spectacle magnifique : bienvenu et soulageant. Soulagée de voir enfin le bambin s’éteindre, cesser de se mouvoir de manière chaotique et douloureuse. Soulagée aussi de voir l’ainée de la fratrie suffisamment heureuse pour oublier l’utilisation de la magie, une utilisation très mal venue.
Puis vient le soulagement de ce « fardeau » qui n’en n’était point réellement un. Moins qu’un fardeau, plutôt une immense pression sur des épaules trop faibles, trop fragiles. La pression d’une vie grouillante, égoïste, égocentrée, trop naïve pour penser aux conséquences sur les autres. La pression d’une vie fabriquée par l’amour, un amour absent de sa propre vie à elle, Anardîl.
La lumineuse Luminomancienne à la peau pâle et au regard clair, aux vêtements presque stéréotypés de par la clarté des couleurs, poussa un long soupir qu’elle tenta de cacher. Atténuant le bruit de son souffle accentué, elle caressa sans s’en rendre compte ses deux genoux du bout de ses index, comme pour se calmer elle-même, comme pour se recentrer, comme pour… Se focaliser.
A l’invitation de la Rîn Berith, la magicienne s’était levée. Inclinant légèrement la tête – par respect mais aussi pour fuir d’une certaine manière – elle manifesta son accord, qu’elle renforça par quelques mots simples :
« J’en serais ravie, Kaëlistravaë. Je serais sans doute plus habile avec les couverts ! » Dit-elle avec une pointe d’humour, son nez fin se retroussant dans une grimace entendue, presque complice, alors que ses yeux se firent tout petits. « Mais s’il te faut un temps avec ton époux, saches que je le comprendrais tout à fait, et je ne m’offusquerais point de m’effacer à ta demande. »
Sans doute est-ce l’union tacite de tous les Teledhels qui permet à Anardîl d’entrevoir la possibilité que Kaëlistravaë veuille demeurer seule. Anardîl, bien que debout, n’avait point encore prit la direction de la tablée. Si Kaëlistravaë en faisait la demande, elle s’éclipserait.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Dim 2 Mai 2021 - 14:33
Tu t’étais arrêté un instant. Les derniers mots de la Luminomancienne résonnaient dans ton esprit. Et tu ne savais pas quoi en faire. Immobile, donnant dos à la magicienne, tu étais simplement restée là, tendue, pensive, presque paralysée. Puis tu t’étais retournée, tu avais souri, tristement, d’un sourire à double sens sans mots. Murée dans ce silence nouveau, tu avais repris le chemin de la table, tu t’y étais assise, tu t’étais saisie d’un couvert, et alors que tu touillais machinalement une soupe, ton regard doucereux s’était tout bonnement accroché à ton époux.
D’abord tu avais avalé une cuillerée de ton plat, puis tu l’avais regardé, les joues légèrement empourprées par la chaleur du repas. Les lèvres légèrement pincées, faisant mine d’apprécier plus que tu n’appréciais véritablement ta pitance, tu t’essayais une fois de plus à le tenter, à l’arracher au sommeil en appelant à son amour de la bonne nourriture, comme si les fumets de soupe pouvaient avoir le même pouvoir que de puissants sels. Mais rien. Alors tu avais soupiré, et tu bout des doigts tu lui avais ouvert la bouche. Tu lui avais apporté une cuillerée de soupe à son tour, que tu lui avais précautionneusement faite avaler. Et à ce jeu tu devenais efficace. Voilà quelques temps que tu ne gaspillais plus rien, et que plus la moindre goutte ne lui coulait sur la joue. Lui verser une cuillerée de soupe entre les lèvres, les lui refermer, puis accompagner le liquide à la main de son visage à son ventre était probablement le geste le plus intime que tu partageais maintenant avec ta moitié. Alors sans véritablement y réfléchir, tu le faisais durer. Tu te montrais presque lascive, vivant ainsi un fantasme sans te l’avouer, redessinant ses contours sans te l’avouer, ton corps, ton cœur et ton Souffle hurlant leur frustration sans que tu ne veuilles te l’avouer. Et alors tu finissais par t’oublier. Ton propre repas passerait après. Tu terminerais de servir à ton géant de mari son repas de géant avant de proprement commencer le tien. Manger froid ne te gênait pas.
Habituellement les larmes t’auraient déjà échappé. Habituellement, c’est rythmé par tes reniflements qu’aurait continué ce repas. Mais aujourd’hui tu n’étais pas seule. Aujourd’hui tu avais quelqu’un à préserver. Donc cette fois, tu te retenais. Sans plus de considération pour l’instant pour celle qui était toujours là, silencieuse, tu te retenais, te demandant si elle resterait ou si elle s’en irait, sans savoir de l’un ou de l’autre lequel te serait le moins douloureux. Triste réalisation forcée à ton âme chaque jour. Dans la peine, il n’y avait pas de bonne solution.
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Lun 3 Mai 2021 - 19:56
Une étrange situation naquit alors que les bébés disparaissaient pour mieux introduire une intimité dans cette pièce à la tristesse ambiante. Debout, les mains jointes devant sa taille, Anardîl restait telle qu’elle était. Immobile, ne se mouvant que de temps à autres en plaçant sa tête de côté, comme pour mieux entendre, mieux saisir, mieux comprendre ce qui se jouait devant elle, sa candeur douce et passive la rendait presque… Invisible.
Et invisible, sans doute qu’elle aurait souhaité l’être. Tant de tristesse. Tant de mots tus, tant d’émotions qui jamais ne seront dites… Et pourtant, tout était là. La voix n’était point le seul vecteur de communication en ce monde. Inutile de parler pour comprendre ce qui se jouait ici. Tout cet amour, toute cette douceur, toutes ces craintes non exprimées et ces regrets inavoués… D’une épouse face à son Souffle lié.
Le sourire légendaire d’Anardîl se fit soudainement absent. Ses lèvres fines et douces décrivirent une mimique que d’aucun nommerait « triste ». Son cœur était ouvert, comme le cœur d’un empathique pouvait l’être en ces temps de tristesse absolue. Alors, elle décida d’agir, après que Kaëlistravaë en eu terminé avec la nourriture de son géant d’époux.
Sa main droite se leva doucement. Tel le dompteur face à un prédateur sans pitié, ses mouvements se font lents, et doux, maîtrisés et précis. Son index paré de son focaliseur, la Luminomancienne tenta d’offrir un spectacle de vie, de douceur et d’empathie.
Les vibrations de la trame magique se mirent à s’amplifier. Les yeux clos, Anardîl était concentrée à son maximum. Les mouvements de ses mains accompagnaient un spectacle d’ombres et de lumières qu’elle voulait dédié à Kaëlistravaë.
La luminosité de cette pièce diminua, et la magicienne « disparue ». Choisissant les ondes des vibrations de la trame comme le musicien choisit l’arpège sur son instrument, Anardîl jouait une partition. De ce jeu de lumière naquit deux ombres. L’une était gigantesque et à la musculature parfaite, l’autre était plus petite, mais d’une grâce sans commune mesure. Les deux ombres se saisirent par les mains, et, se rejoignant tels deux amants, entamèrent une danse doucereuse. Les doigts glissants d’une paume à l’autre, les cheveux virevoltants aux vents, les deux ombres dansaient d’une danse au rythme lent et d’une majesté hypnotisante. L’ombre gigantesque passait une main pleine d’amour contre la joue de l’ombre plus frêle, et cette dernier, rejoignant l’immense pogne, s’y blottit toute entière, véritable trésor protégé par la force mesurée.
Le spectacle dura ainsi pendant une minute. Une minute de danse, une minute d’amour sans mots. Une minute de douceur tacite, jusqu’à-ce que les ombres ne se séparent. La plus grande s’étira, devant difforme, et prit place sur le lit avant de disparaître dans la forme exacte d’un Artiön endormi sous les draps. L’autre ombre, plus petite, avança vers Kaëlistravaë, et, d’un coup d’un seul, s’y attacha par les pieds, devenant sa propre ombre, celle qu’elle possédait déjà dans cette pièce qui retrouvait toute sa luminosité.
Anardîl, elle, réapparu à nouveau, ses mains ayant retrouvées une position neutre. Elle avait de nouveau le sourire. Utiliser la lumière pour de tels spectacle n’était pas le champ d’expertise principal de la magicienne. Mais elle avait appris la puissance des symboles, la puissance du spectacle, de l’émotion, du message passé au travers de celles-ci. Elle avait ressenti le besoin de Kaëlistravaë d’être divertie, et rassurée. De retrouver un semblant de vie, elle qui veille un endormi. Mais maintenant… Que pouvait-elle lui dire ? Avait-elle seulement appréciée l’attention… ?
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Mar 4 Mai 2021 - 20:18
La moindre goutte était un prétexte suffisant à conserver la proximité que tu te refusais d’abandonner, alors lorsque la soupe en était arrivée à sa fin, tu t’étais retrouver à désespérément racler un fond de bol, prolongeant tant que se pouvait ce moment de partage à sens unique. À toute chose sa fin. Tu ne pourrais pas faire semblant plus longtemps. Tes mains tremblaient, faisant agressivement tinter les ustensiles contre la porcelaine vide. Et tu étais là, face à ton propre repas, l’appétit coupé, comme attendant qu’il se passe quelque chose, que L’Aînée te donne une raison de continuer, que La Dame Sauvage mette un terme à ton calvaire… quelque chose…
C’est à ce moment que ton ombre t’abandonna
Obscure forme se détachant de lumières n’appartenant plus qu’à la scène sur laquelle elle évoluait, ton ombre t’avait quitté pour réussir ce que tu avais plusieurs fois échoué. Elle avait arraché son âme sœur au sommeil, avait retrouvé son étreinte, dansait des pas que tu ne pourrais pour l’heure imiter qu’en rêves. Alors quitte à rêver éveillée, tu avais choisi de vivre ce rêve. L’espace d’un instant, toujours assise au bord du lit de ton époux endormi, tu t’étais séparée de toi-même, et tu avais choisi d’être ton ombre, de voir ton époux comme son ombre, et de vivre le faux comme étant le vrai. Et ton cœur battant s’était plongé dans un triste bonheur, quelque part entre espoir et déni, alors que sourire aux lèvres, tu pleurais à chaudes larmes. Avec le plus grand des naturel, la musique qui n’était pas là s’arrêta. Et comme si elles furent le miroir de vos Souffles, vos ombres vous revinrent, et avec elles le souvenir d’une danse vécue par ce qui ne vit pas. Tu n’osas pas poser ton regard sur Anardîl immédiatement. Car tu n’étais pas dupe. Si tu t’étais approprié cet instant, tu le savais pertinemment totalement indépendant de toi. Mais comment lui en vouloir ? Mais comment lui pardonner ? Comment trouver quoi dire à la magicienne qui t’avait à la fois offert tout ce que tu désirais et rappelé tout ce qui te manquait. Les larmes te coulaient silencieusement. Tu t’accrochais déjà au spectacle comme à un souvenir lointain.
- Elnoruì a toujours été un danseur médiocre…
Tu voulais en rire. Tu aurais voulu rire à gorge déployée du portrait idéalisé qu’avait fait la Luminomancienne de vous deux, mais à trop parler, la réalité t’avait rattrapé. Ce fantasme auquel tu t’étais si vite agrippée, que tu avais si vite adopté comme l’un de tes souvenirs, un jour ton époux se réveillerait sans l’avoir connu. Un jour, il se réveillerait, et tout le temps passé à son chevet ne serait qu’un large fossé béant vous séparant. Un jour, ce souvenir, ces souvenirs, ils ne seraient plus qu’un mur entre vos deux vérités. Tant qu’il n’était pas là, rien n’était vraiment réel.
Tu voulais en rire, mais au lieu de cela tu t’étais écroulée. Tu t’étais écroulée, et finalement, tu avais fondu en sanglots.
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Mer 5 Mai 2021 - 21:13
Naïveté. Candeur. Empathie. Compassion. Tant de qualificatifs qui relèvent du « sur mesure », lorsqu’il s’agit de décrire Anardîl. Une magicienne, scientifique, rat de bibliothèque, plus passionnée par ses études et ses recherches, ses connaissances et ses écrits, qui devient aussi efficace qu’une enfant et aussi capable d’un bébé lorsqu’il s’agit de compétences… Sociale.
Toute cette magie, tout ce spectacle, n’avait qu’un seul but : faire revivre à Kaëlistravaë quelques instants fantasmés, désirés, pensés et voulus, peut-être même vécus par le coupe royal… Afin de rendre un peu de vie au sein de cette pièce.
Etait-ce trop ? Avait-elle été insultante ? Avait-elle été trop loin dans cette démarche candide ? Le torrent de larmes de Kaëlistravaë était à la fois un crève-cœur et un témoignage angoissant d’un échec cuisant. Alors, pour une fois, Anardîl quitta sa posture stoïque et déploya ses bras. S’approchant d’une Kaëlistravaë prostrée, elle diminua sa taille, se faisant petite, plus petite encore… Jusqu’à arriver à la hauteur de Kaëlistravaë.
Là, Anardîl fit une des seules choses qu’elle savait faire lorsqu’il s’agissait de sociabilité. Elle offrit le plus chaleureux et le plus doux des câlins, la plus sincère des étreintes. Elle ne savait toujours pas quoi dire, mais en son for intérieur, la Luminomancienne espérait que cette chaleur corporelle serait le parfait témoignage d’une Teledhel à une autre Teledhel, d’un Souffle à l’autre, d’une enfant de La Mère à une autre.
« Je suis désolée Rîn Berith… Je voulais réchauffer un peu ton cœur… Je suis désolée… »
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Jeu 6 Mai 2021 - 0:57
Prostrée contre l’endormi, tu hoquetais en sanglots. Tant bien que mal, tu te tentais à te ressaisir, à respirer, à te redresser, mais rien n’y faisait. Ces hoquets ayant remplacé la longue complainte qui les avait précédé étaient la seule preuve de tes infructueuses tentatives. Ajouté au poids de la tristesse était maintenant celui de la culpabilité. Non plus devant tes enfants, ou même devant les tiens en tant que peuple, mais devant une elfe. Celle que tu savais avoir essayé de t’aider et à qui tu infligeais un cuisant échec.
Tu voulais demander pardon, tu avais essayé de demander pardon, mais les mots t’étaient restés coincés dans la gorge, étouffés par les pleurs. Alors tu l’avais suppliée du regard, espérant qu’elle y comprenne quelque chose, qu’elle comprenne qu’une part des regrets qui t’assaillaient lui étaient destinés. Jamais tu n’aurais pu plus souhaiter être au cœur de ta Cité d’origine, protégée par le Palais de Chêne. Jamais tu n’aurais pu plus souhaiter être au cœur de la puissante Sylve d’Ardamir, enveloppée des Chants de Liltalaima. Jamais tu n’aurais pu plus souhaiter que la forêt ne soit capable de parler à ta place. Jamais tu n’aurais pu plus envier les Ornedhels qu’en ce moment même. Même sans cela pourtant, Anardîl semblait t’avoir entendu. D’autres auraient fui, et tu les aurais compris. À la place Anardîl t’avait rejoint, et tendrement, t’avait offert son étreinte.
- Je… je… désolée… je…
Le peu de calme qu’elle aura réussi à t’insuffler ne suffit pas à t’arracher les bons mots. Alors tu finis par abandonner, par te taire, et par laisser faire. Tes larmes courent toujours. Ton cœur bat toujours trop fort. Tes sanglots cependant se sont tus. Tu trembles simplement, désabusée, attendant que l’épuisement prenne le meilleur de toi. Tu laisses une part de ton poids reposer sur la magicienne, tes doigts depuis le début enlaçant ceux de la main inerte de ton époux resserrant leur prise. Tu cherches réconfort à la fois chez l’éveillée et chez l’endormi, le temps que l’optimisme arrive à reprendre le dessus. Et tu te forces à respirer.
Enfin, tu finis par quelques peu reprendre contenance. À défaut de parler, tu trouves la force de sourire à nouveau. Tu trouves la force de porter toi-même ton poids, et de te redresser juste assez pour tenter de rendre à Anardîl son étreinte. Ton bras droit fait le tour du dos de la Luminomancienne, en un geste de remerciement, mais ton bras gauche ne trouve pas la force de s’échapper. Ta main et celle de ton époux sont devenues inséparables… seulement, ce ne sont plus des doigts qui maintiennent vos paumes l’une contre l’autre. Et pour la première fois dans ta vie, perdre le contrôle t’aura empli de la plus profonde des joies.
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Jeu 6 Mai 2021 - 6:43
La Luminomancienne, très peu douée dans le domaine des relations sociales, venait de jouer son va-tout. L’étreinte était une réponse non verbale à une détresse qui, depuis longtemps, avait dépassé tous les stades de la communication. Les mots de la Rîn Berith trahissaient une douleur cuisante, brisant son cœur. Ses pleurs, ses hoquets de tristesse, n’étaient que quelques autres témoignages de son état d’esprit tourné vers la plus grande tristesse de sa vie. Et voir ainsi le corps sans vie de son tendre époux ne devait point aider une Kaëlistravaë inconsolable.
Quand soudain, une réponse. Le poids de la Rîn Berith éplorée se fit soudainement moindre, s’amenuisant à mesure qu’elle reprenait le dessus sur ses émotions. Bientôt, la magicienne ne fut plus d’aucun secours ni d’aucun soutien, bien au contraire. Sous l’impulsion d’une Kaëlistravaë chancelante mais reprenant de sa force et de sa vigueur, le duo se relève, et s’offre ce que d’aucun qualifierait une étreinte sincère et douce, un remerciement tacite, une preuve d’amitié qui ne souffre d’aucune parole.
Mais jamais ô grand jamais, la main de la Rîn Berith ne quitta celle du Heru Aran. Jamais le contact charnel ne pu être atténué. La preuve de plus – s’il en était besoin – que l’amour qui lie ces deux Souffles était on-ne-peut-plus sincère. Un amour plus fort que tout, plus fort que l’adversité, plus fort que la déraison. En un sens… Anardîl enviait Kaëlistravaë.
« Pourquoi t’excuses-tu ? » Demanda Anardîl dans une question qui ne souffrait en réalité d’aucune rhétorique. Passant délicatement son index gauche sur les hautes pommettes de la Teledhel pour chasser une dernière larme, Anardîl planta finalement son regard doux et chaleureux dans celui de la Rîn Berith, offrant son plus beau sourire, sa plus douce lumière. « Kaëlistravaë, il n’y a rien a excuser. Ce que tu vis est une épreuve de la Mère, et je ne doute pas de ta force. Tu as tout un peuple derrière toi, derrière le Heru Aran… Et moi-même, je suis là en amie. Tout ceci finira bientôt. Je ne connais aucun Teledhel aussi fort et courageux que le Aran. Il réussira cette épreuve. Grâce à toi. Reste forte, Kaëlistravaë. »
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Ven 7 Mai 2021 - 4:09
Aurais-tu été ne serait-ce qu’un peu plus près de l’épuisement que tu aurais certainement glissé des pleurs au rire. Moitié de bonheur, moitié nerveux, les éclats qui grondaient en ton sein étaient restés contenus, ton pragmatisme t’interdisant de trop t’y laisser aller. C’était une bonne nouvelle. Enfin une bonne nouvelle. Seulement les bonnes nouvelles sont aussi souvent les hérauts de profondes déceptions. Accepter le mieux sans se mettre dans l’expectative serait ton défi du jour. Profiter de la bonne nouvelle sans en faire le haut qui rendra mortel le prochain bas sera ton défi de demain.
- Je n’aime juste pas être vue dans cet état-là.
Une grande partie de ton rôle, tant en tant que La Main Droite d’Ardamir qu’en tant que Rîn Berith avait été après tout, de te faire le roc sur lequel les tiens avaient pu s’appuyer. L’oreille pour les écouter, et la voix qui ferait écho aux leurs auprès de leurs grands décideurs. D’autant que tu te souviennes, tu n’avais pas souvent eu ni l’occasion ni le droit de faire preuve de faiblesse. Peut-être même pas au sein de ta très stricte famille. Ton époux avait été le premier. Le premier avec qui – dans ta vie d’adulte – tu te l’étais permise, et le seul avec qui tu te sentais à l’aise pour l’être. Un sentiment que tu savais réciproque, et là était peut-être l’une des choses qui vous avaient le plus rapproché… une fois outrepassée la charnalité de jeunes adultes rendus vulnérables par la guerre découvrant ce qu’était l’intimité.
- Mais je veux bien te croire. tu lèves ta main gauche, emportant avec elle la pogne qui la serrait toujours Il s’accroche.
Il s’accroche. Il réagit. Il te tient. C’est qu’il n’est pas loin. C’est que même s’il n’entend pas, même s’il ne sait pas, au moins il ressent. C’est que maintenant tu peux à nouveau partager avec lui, tu peux lentement le tirer vers la surface. C’est maintenant que tout se joue. Car c’est maintenant qu’il te faudra faire preuve du plus de patience. Tu sais qu’il est là, il s’agit dorénavant de ne pas le brusquer, et de l’accompagner jusqu’à son réveil, pour ne pas qu’il replonge.
- Est-ce que tu t’assieds plus confortablement sur le bord du lit, et termine de sécher tes larmes tu pourrais me prendre mon repas s’il te plaît ?
En temps normal tu serais retourné t’asseoir à la petite table pour manger, mais cette fois tu étais piégée et heureuse de l’être. Et voyant Anardîl le bol entre les mains, tu tapotes une place péniblement creusée à côté de toi, l’invitant à s’y installer.
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi Sam 8 Mai 2021 - 12:22
Sans doute était-ce cela, l’union sacrée qui lie tous les Teledhel entre eux. La capacité de faire face à l’épreuve d’un seul Souffle, en mettant les efforts en commun. La capacité de s’unir, sans jugement, sans rien demander en retour, sans aucune méchanceté ni aucune once d’orgueil. Offrir l’étreinte sincère qui servira d’écueil à cette vague de tristesse et de colère. Offrir le doux contact qui, peut-être, au plus profond des tréfonds des abysses sombres où nulle chaleur ne persiste et où l’espoir s’amenuise, permettra la survie du Souffle balloté par les flots d’une tristesse sans limite.
Mais l’espoir demeure. Cette main levée par Kaëlistravaë, qui n’était plus la seule à s’élever : il y avait celle du Aran avec elle. Oui, l’espoir demeure.
Alors, le plus innocemment possible, Anardîl abandonna son étreinte et sa proximité, partant récupérer la pitance de la Rîn Berith éplorée. Elle le lui offrit, humblement, sa sourire candide toujours trônant sur son visage, comme s’il lui était impossible de sen départir. La place péniblement creusée aux côtés de Kaëlistravaë, et que cette dernière tapotait en un signe d’invitation tacite. Sans demande son reste, la Luminomancienne s’installa. Mais elle leva sa main comme pour barrer la route au bol que la Rîn Berith possédait maintenant.
« Mange, Kaëlistravaë. Tu as besoin de force pour cinq Souffles, et ces Souffles ne comptent que sur toi, et toi seule. Mange. Je vais te tenir compagnie pendant ton repas. »
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Sujet: Re: Une épaule pour la Reine, un chevet pour le Roi