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 [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat

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Artiön Laergûl
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MessageSujet: [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat   [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat I_icon_minitimeSam 5 Juin 2021 - 23:00

[Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat Rp_cou10



Milieu de la 7e ennéade de Verimios
18e année du Onzième Cycle
Sur les eaux de l’Océan Nordique






Les Sylvains ne connaissent pas le froid. Même les bourrasques d’hiver des monts Norn ne sauraient arracher à la peau de leurs habitants, rompue à l’exercice, le moindre frisson. Pourtant Cìryon et toi trembliez. L’Île du Sanctuaire était juste face à vous, entourée des éternels glaciers voguant dans sa mer, telles des obélisques protecteurs, avertissant qui venait de la magie régnant en ces lieux.
L’Île du Sanctuaire était juste face à vous, de plus d’une manière. Voilà des Cycles déjà que ses bateliers vivent le neuvième de leur vie à Tethien. Des Cycles déjà que sans même que vous n’ayez à tendre le bras vers elle, d’une certaine manière, l’Île vous tendait le sien. Les voyageurs Sylvains étaient peu nombreux. Les pèlerins encore plus. L’Île intimidait. Pourtant de la bouche de ceux qui en revenaient vous n’entendiez jamais que du bien. Loin des maux, loin des peines. Une part terrestre des Terres d’Emeraudes, où la mort existe encore. Peut-être étais-ce là le plus effrayant. La peur d’être celui qui viendrait briser à jamais la perfection de cet écosystème.

Ton regard se porte vers ton ami. Cìryon te sourit. Mais il ne dit rien. Qu’y aurait-il à dire ? Tu ne sais pas. Il ne sait pas. Vous n’en savez rien. Vous vous contentez d’attendre, d’exister, de vivre. Tu porte une main maladroite à ton cœur, et tes yeux questionnent. Il acquiesce. Il comprend. Oui. Lui aussi il le ressent. Ici, ils sont différents, mais ils sont. Ni toi ni lui ne le saviez. Aucun d’entre vous n’aurait osé l’imaginé. Elle était si près, mais si loin. Elle était si seule. Mais à le vivre, tout prenait sens. Elle est la première pierre de la Prime Œuvre. Elle est la Genèse de vos Père. Elle est la Genèse de L’Aînée. Comment aurait-il pu en être autrement ?

Un pied après l’autre, claudiquant encore, tu te relèves. Et alors que tu cherchais ton équilibre, une épaule s’offre à ton bras. Cìryon passe ton bras autour de ses épaule, et son bras autour de ton buste. Un rictus taquin aux lèvres, ton ami s’offre en tant que béquille. C’est ensemble alors, que vous posez, à l’unisson, le pieds sur le Berceau des Dieux. C’est ensemble alors, les yeux fermés, que vous vous laissez entraîner par ses Chants.
Le batelier s’en amuse. Ce n’est pas la première fois. Si ses oreilles ne sont pas aussi effilées que les vôtres, si son Ouïe ne vaut pas la vôtre, ce que lui a entendu toute sa vie lui a suffi à comprendre la beauté de cet endroit. Enfant du Sanctuaire qu’il est, il s’en émerveille encore. Alors comment vous en vouloir ? Plutôt que cela il préférait les savourer, ces moments. N’étais-ce pas son silence qui en était à l’origine ? Lui qui chaque fois qu’il avait conduit un Sylvain ici, s’était précieusement gardé de le prévenir, que sur le Berceau des Dieux résonnait encore La Symphonie.




[Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat Szopar10



Début de la 8e ennéade de Verimios
18e année du Onzième Cycle
Temple de Kÿria de l’Île du Sanctuaire




- Alors c’est vraiment ici que tu es née ?

Tu poses la question une fois de plus, le regard obscurci par ta large capuche. La main gauche fermement accrochée au sceptre qui te sert de canne, tu ouvres la main droite, la dirige vers le ciel ouvert de la bâtisse sans toiture. Un pas en avant, et tes yeux se ferment, ta bouche entrouverte laisse échapper un souffle sans son, et tu murmures une prière indistincte.

Comment fais-tu, Mère, avec un monde entre les mains ? Comment fais-tu, Mère, pour ne jamais manquer à tes promesses ? Comment trouves-tu la force de nous laisser notre liberté ? Combien de fois nous sommes-nous perdus ? Combien de fois nous sommes-nous égarés ? Combien de fois encore avons-nous cherché notre propre perte ? Combien de fois t’es-tu trouvée forcée de nous prendre par la main, de nous porter à bout de bras pour nous ramener à tes Voies ? Combien de fois as-tu vu notre peuple s’écorcher ? Où as-tu trouvé la patience de nous laisser guérir ?
Mes responsabilités ne sont que la fraction d’une fraction des tiennes… mais elles me tuent, Mère.
Mais je ne crains pas ton Œuvre. Je ne crains pas l’étranger. Je crains les miens. Tu m’as donné de naître fort. Je t’en remercie. Cette force je peux la mettre au service des miens. Que les miens se retrouvent en danger et je les protégerai. J’affronterai n’importe quel ennemi pour les miens. Car tu m’as offert à mon peuple, et tu m’as offert mon peuple, je saurai les protéger de tout et de tous. Je l’ai promis. Seulement il y a une menace dont je ne saurais protéger les miens, Mère. Je ne peux pas protéger les miens d’eux-mêmes.
J’ai peur, Mère. J’ai peur de ne pas savoir te faire honneur. J’ai peur de briser la promesse que tu as su tenir des Cycles durant. J’ai peur, Mère, de céder. Et dans ma faiblesse, d’enfermer les miens dans une cage d’or. Car lorsqu’il faut protéger les miens d’eux-mêmes, je suis seul. Et seul, je suis faible. J’ai peur, Mère, que les miens s’écorchent, car je ne sais pas si je saurai les aider à guérir. Alors je m’en remets à toi, Mère, Sage Mère.
Que la Sylve me conseille. Que mon oreille ne soit pas sourde aux présages de Liltalaima et de Maurquimëlle. Que mon sommeil comme celui de Turmàmbal sache garder mes yeux fermés jusqu’au moment venu, et que mes veillées soient comme Elenmàr mille façons.
Mère, je veux être l’Aran que mérite mon peuple.


- Artiön ! une voix légèrement rauque t’appelle timidement Fini ?

Tu te retournes, saluant d’un sourire.

- C’est bientôt midi. l’homme regarde en direction des habitations Et tu nous as promis de nous refaire ton poisson pour le déjeûner.

- C’est bon, j’arrive. d’un pas lent, tu prends la suite du pêcheur J’espère que tu as fait une bonne pêche ce matin parce que je refuse de cuisiner du menu fretin.

- Ah ! Tu verras ! Pas besoin d’y aller à la bouillabaisse cette fois-ci, y’a de quoi faire de bon gros filets !

Vouloir être l’Aran que mérite ton peuple n’aura jamais fait que rendre plus délicieux ces quelques instants loin de la réalité, où ton nom n’est plus synonyme de royauté.

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MessageSujet: Re: [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat   [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat I_icon_minitimeJeu 10 Juin 2021 - 3:48


Milieu de la 8e ennéade de Verimios
18e année du Onzième Cycle
Midi, en direction de La Drupe



- C’est qu’il reprend des forces le grand dadais ! la main calleuse du fermier vient amicalement te frapper l’épaule Quoiqu’avec des bras pareils, ça doit être quelque chose quand t’es en forme !

- Comme quoi… tu jettes les derniers rondins de bois de la récolte dans le chariot il doit vraiment y avoir quelque chose dans l’air ici.

- Ici on est tranquilles. ton nouveau camarade te passe une gourde, sourire aux lèvres Ça vaut tous les médecins du monde si tu veux mon avis.

Tu passes une main contre ton front pour en essuyer la sueur, et avales quelques goulées d’eau fraîche. Un soupir soulagé t’échappe des lèvres, et tu te laisses tomber assis sur le fruit de votre travail. Le grondement de l’eau d’une cascade proche et le chant des oiseaux sont les seuls sons taillant dans le silence. Une douce brise d’été, emportant avec elle un peu des glaciers entourant l’île interdit au lourd soleil du milieu de journée de vous écraser. Tout était tellement simple ici…

- On s’en rend pas compte, mais c’est fou ce qu’un tout petit peu d’angoisses peut vous faire. Ç’a vite fait de vous miner la santé moi j’dis.

- J’ai trop fait les hôpitaux de guerre pour prétendre le contraire. tu souffles des nasaux On n’y échappe pas, malheureusement.

- Eh beh pourquoi pas ? le petit homme saute à sa place dans la charrette et siffle le départ aux chevaux Des travailleurs comme ton ami et toi, ici on aura toujours de la place pour !

- C’est une belle offre ! tu défais ton chignon, et laisse tomber tes mèches moites devant ton visage Mais c’est malheureusement pas si simple. Ils ont besoin de Cìryon à la forge là-bas, et j’ai une famille qui m’attend.

- Soit ! l’homme réponds, parlant beaucoup trop fort pour le bien de ses cordes vocales Mais pour l’instant je te dois à manger et un bon bain. Que tu puisses pas rentrer dire à ta famille qu’on t’a pas bien traité par ici !

Les quelques dernières journées, tu les avais passées à voguer entre tranquillité et culpabilité. Tranquillité offerte par cet univers parallèle, où tu n’étais rien ni personne, connu du personne sinon de Cìryon, vivant au jour le jour au rythme de la nycthémère. Culpabilité infligée par ce souhait silencieux, cet espoir inavoué et inavouable, de voir cette tranquillité s’allonger dans l’éternité. Au plus près des Dieux, sur la plus vieille île de la Prime Œuvre, tout n’était que paix. Une utopie que tu ne peux qu’imaginer être à la fois fruit des expériences de vie particulière des locaux, du faible nombre d’habitants, et… et un simple cadeau des Dieux.
Ils étaient nombreux les habitants du Sanctuaire à avoir vécu des expériences similaires à celles de Thrumi, et à n’avoir finalement trouvé de repos qu’ici, au seul endroit en ce monde où cessaient les querelles entre les enfants d’Iben et Alm.

- Va pas trop te forcer non plus hein ! le petit homme grogne alors qu’une fois arrivé à bon port, tu empoignes quelques rondins Parce que c’est pas sur mon épaule que tu pourras t’appuyer !

- T’inquiètes pas pour moi. Au pire t’auras qu’à me traîner à l’intérieur.

- Ouais bah si tu nous fais un malaise tu te passeras de repas. J’ai passé l’âge de donner la becquée !

Passé l’âge, et passé l’envie. En presque deux décennies la plaie avait fini par se refermer, mais le souvenir de ses enfants le hantait encore à l’occasion. Lorsque la Malenuit avait étendu son manteau sur le monde connu, et que le ciel du Septentrion était devenu rouge. Lorsque pour la première fois Thrumi avait vu son Père en colère. C’est ce jour-là qu’il les avait perdu. Et il s’en était longtemps voulu. Mais qu’y pouvait-il après tout ? La folie s’était emparé d’eux comme de nombre de leurs congénères, et il ne saurait dire si son épouse et lui avaient été épargnés ou si la terreur qui les avait pris aux tripes en ce temps-là était de la même nature que la fureur qui animait leurs frères et leurs sœurs. Ce jour-là ils avaient dû se rendre à l’évidence : leur Père leur avait pris leurs enfants, et il n’était plus en leur pouvoir de les récupérer. Sauf que ce jour-là, Thrumi et son épouse, plutôt que de prendre part aux combats, et de défier celui qui ne pouvait être vaincu avaient pris peur. Peur de l’inconnu. Ils avaient voulu savoir, comprendre, et c’est ainsi qu’ils s’étaient retrouvés tous les deux sur un rafiot à descendre le Nivor, à lutter contre l’océan, pour finalement se retrouver ici. Là où ils avaient enfin pu faire la paix avec leur Créateur.



[Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat Szopar10



Fin d’après-midi
Bibliothèque



- Je me demandais combien de temps il vous faudrait pour succomber.

- À ce point ?

- Et bien… Aida s’assied à côté de toi les elfes ont la réputation d’être curieux. Et puis elle lève les yeux vers le ciel nos chers amis ne sont pas très discrets.

- Vous ne les avez jamais approchés ?

- Pas de près, non. ses yeux glissent vers les manuscrits que tu feuilletais Presque tout ce qu’on sait est là-dedans. On en a probablement plus appris sur eux de vos érudits que le contraire.

- Aucun d’entre vous n’a jamais voulu en savoir plus ?

- Oh si ! elle rit Mais les dragons n’ont pas bonne réputation partout dans ce monde. Les gens les craignent. Alors contrairement à vous, tant qu’ils ne font que survoler les villages, les gens préfèrent les ignorer.

- Ahem ? tu lèves un sourcil Qu’est-ce que je suis sensé comprendre ?

- Mais non ! elle rit La curiosité est l’une des plus grandes qualités du peuple elfique ! Obtenir ces manuscrits de la part de vos érudits a été une aubaine pour les gens de l’Île. Disons que ça fait partie de votre apport culturel.

Une partie de votre apport culturel. C’était une belle façon de le voir. Et à vrai dire, tu n’y avais jamais vraiment réfléchi. À la manière dont fonctionnait l’Île. À comment, même à petite échelle, ses habitants arrivaient à vivre cette utopie. À comment les hommes pouvaient côtoyer les elfes, les nains côtoyer les hommes, et les sang-mêlés évoluer sans se perdre au sein de cette petite société perdue loin de tout. Quelle culture dominait ? Quelle idéologie tenait à flot l’unité de cet endroit ? Tu n’étais pas capable de le dire. Comment autant d’individus partageant des fois différentes parvenaient-ils à vivre ici en harmonie ? Comment interagissaient-ils lorsqu’il s’agissait de parler de leurs foi, quand pour tous cet endroit en était un pilier, pour des raisons qui n’étaient souvent que trop différentes. Ou alors, avaient-ils réussi à résoudre la Cosmogonie ? Détenaient-ils le secret nécessaire à la compréhension de tous les panthéons ? Le savoir qui les unissait tous ? Les gens de l’Île du Sanctuaire étaient-ils gardiens du secret des différences entre les trois Genèses ?

Peut-être. Peut-être pas. En réalité tu n’en avais que faire. Tout ce que tu savais, c’est qu’ils étaient unis et heureux, et que tu aurais aimé, un jour, pouvoir espérer offrir à tes enfants un monde à l’image de ce que tu avais connu ici.

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MessageSujet: Re: [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat   [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat I_icon_minitimeSam 12 Juin 2021 - 21:27


Milieu de la 8e ennéade de Verimios
18e année du Onzième Cycle
Petit matin, Sur le chemin du « Nid »





- Tu penses qu’ils laissent des exuvies derrière eux ? Comme des lézards « normaux ».

- Probablement. Soit ça soit leurs écailles se remplacent petit à petit, mais techniquement les écailles perdues rentreraient toujours dans l’appellation « exuvie ». Du pareil au même donc.

- En espérant qu’il y ait moyen d’en ramasser. Pour peu qu’elles maintiennent un peu de leur propriétés après mue, il y aurait probablement moyen de les utiliser dans des alliages.

- Tu ne t’emporterais pas un peu là Cìryon ?

- On a bien le droit d’espérer non ?

- Pas de souci, mais si tu pouvais juste espérer en ralentissant le pas ça m’arrangerait.

- Ah oui c’est vrai… désolé Grawmîn.

Cìryon souriait tendrement, ou du moins aussi tendrement que l’autorisaient ses rictus naturellement taquins. Pour autant qu’il essaie de feindre le contraire, il te savait en peine. Les atroces douleurs qui te lancinaient alors qu’appuyé sur ton bâton, tu t’efforçais de maintenir sa cadence, il en était pleinement conscient. Seulement, s’il y avait quelque chose dont il était plus conscient encore, c’est de ta pugnacité. Qu’il choisisse de te ménager sans que tu ne le lui aies expressément demandé et tu lui en aurais voulu. Qu’il choisisse de te limiter lui plutôt que de te laisser aller jusqu’au bout de ce que tu pouvais faire et tu lui en aurais voulu. Alors à la place, l’air de rien, il te défiait, et luttant contre la douleur, d’une certaine manière, tu t’en amusais.

- C’est étrange. le forgeron lance des œillades tout autour de vous À moins que les Maleregeois ne se soient plantés, on croirait que plus on approche, plus ils sont discrets.

- Vu les têtes dirigeantes de l'expédition... tu as une pensée pour le perfectionnisme presque maladif de Fineldor je préfère ne pas douter de la qualité du travail des Maleregeois.

Les sourcils de ton ami se relèvent, alors que posant le regard là où il aurait dû être depuis le départ – une chance que la route n’ait pas été juchée d’obstacles – il se retrouve mis face à la plus élémentaire des confirmations. Si les dragons en personne semblaient absents, les traces de leur présence étaient belles et bien réelles. De durables sillons tracés ça et là dans le sol – souvent en des endroits légèrement surélevés – laissaient imaginer autant de béquilles utilisées par de jeunes dragonneaux s’essayant à leurs premiers vols, tandis que le lourd silence pesant sur l’atmosphère, là où ailleurs les mériales sont tout sauf discrètes, hurlaient la présence régulière de grands prédateurs en ces territoires.

- Je sais que les métalliques ne sont pas réputés être particulièrement agressifs, mais j’avoue ne pas me sentir particulièrement en sécurité d’un coup.

- Je comprends.

- Pas toi ?

- Moi ça va.

- Je te signale que de nous deux, tu es probablement celui qui risque le plus de se faire bouffer. Cìryon lève un sourcil De nous deux pour l’instant je suis incontestablement le meilleur sprinter.

- On fait pire comme mort. tu ris J’en connais qui sont morts à poursuivre les dragons sans jamais rien trouver. Et puis je te fais confiance pour romancer le tout histoire de me faire une place dans la légende. Si tu es assez convaincant peut-être que la Mère se laissera amadouer et m’offrira de veiller sur vous depuis mon propre arbre.

- Essayons juste plutôt de ne pas mourir, tu veux bien ?

- Détends-toi Cìryon. tu t’approches de ton ami, et passe ton bras droit autour de ses épaules Regarde.

Les paysages de l’Île du Sanctuaire n’avaient rien de particulier. Rien d’exceptionnel en comparison de ceux d’Anaëh, si ce n’était l’aura qui les entourait… et le fait qu’ils vous soient nouveaux. En près de sept siècles de vie, bien qu’elles soient encore nombreuses les pierres en Anaëh que vous n’ayez pas retournées, la forêt était devenue familière. S’il n’y avait pas les Chants pour les distinguer, les arbres d’une même essence se ressembleraient tous. S’il n’y avaient pas les arbres pour les décorer, les montagnes, vallées et ripisylves se ressembleraient toutes. S’il n’y avait pas les montagnes, vallées et ripisylves pour en décrire le tracé, la forêt serait bien morne. Mais ces montagnes, vallées et ripisylves, vous étiez de ceux qui les avaient arpentés nuit et jour, ou mieux encore, de ceux qui aviez participé à les cartographier, militaires de métier que vous étiez.

- Au moins, on comprend pourquoi ils se sont installés ici.

Tu souris, acquiesçant silencieusement, tes yeux perdus dans l’infini paysage. Tu t’assieds, invitant Cìryon à faire de même, et partageant méroca et miel, juchés au haut d’une petite colline permettant à vos pupilles de glisser en direction du lointain, vous autorisiez à profiter de cette aventure vécue à deux. Le cœur calme, comme au repos, l’attitude semblant paisible et légère, quand l’un comme l’autre vous ne saviez que trop bien quel tumulte intérieur agitait l’autre.

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MessageSujet: Re: [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat   [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat I_icon_minitimeVen 25 Juin 2021 - 22:38


Sous le dur soleil estival de Verimios, les milles éclats de Malthen'delth brasillaient d’or, projetant dans son ombre le reflet de ses écailles mordorées. Sur les hauteurs du Sanctuaire-Refuge, il observait, le flanc contre le sol, leurs contrebas paisibles. L’Île-Paisible ne le lassait jamais ni de ses paysages verdoyants que la Mer noyait dans don air salin, ni de ses chants harmonieux, dont il se faisait l’un des protecteurs, l’ardent gardien des terres et des eaux.

L’Aîné lui avait appris à aimer tout cela.

Sur la corniche de pierre, le dräke offrait son buste au vent, détaillant l’horizon. Ses cornes, aux pointes juvéniles et acérées, étaient pointées vers les cimes surplombantes. Le froissement d’une aile dans le ciel lointain attira ses yeux aux prunelles d’or moiré vers les airs.  Son regard embrassa le ciel sans y trouver lequel de ses congénères s’était envolé par delà les rocs du Sanctuaire. Les nuages s’y laissaient portés, poussés par Celui-qui-souffle du Sud, jetant par-dessous eux d’immenses tâches sombres sur les vastes plaines et les hautes canopées.

Le vent portait les rumeurs de l’Île.

Il les sentit bien avant de les entendre, longtemps avant de les voir. Ils portaient l’odeur du cuir, le parfum du métal et des armes. Apportaient-ils la guerre avec eux ? Si près du nid, nul ne venait jamais. Ceux-qui-vivent-en-bas étaient paisibles, cohabitaient sans se mêler aux Frères aux écailles de métal, réticents au moindre contact. Ils étaient différents de Ceux-qui-vivent-au-delà, que la sagesse de l’Aîné recommandait de ne pas approcher.

Leur sueur s’immisçait dans les essences de la forêt. Ils approchaient.

Ses griffes crispées sur la corniche, il se leva sur ses pattes et déplia ses ailes, leur membrane diaphane faisant l’ombre au dessous de lui. La poussière se souleva, dans l’élan puissant d’un battement. Il fit jouer l’air dans sa gorge, donna corps à son cri. Un hurlement déchira le ciel.

Le nid était proche. Ils sauraient.
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Ombre fugace
Maître de ton destin

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Dernière édition par Entité le Dim 4 Juil 2021 - 19:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat   [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat I_icon_minitimeSam 26 Juin 2021 - 22:50


- Hey ! Le dernier morceau de pain est pour m…

Vos oreilles à tous les deux se soulevèrent et vos muscles se tendirent. Vous n’aviez jamais entendu un tel rapace, et pourtant des rapaces, vous en aviez entendu des centaines. Le son venait de loin. D’assez loin du moins pour que vous soyez impressionnés par sa puissance. Il ne vous en avait pas fallu plus pour mettre les informations bout à bout, quant aux zones d’ombres, votre imagination s’occuperait de les illuminer.

- Un dragon ! tu te lèves en sursaut

- Tu es sûr ? Cìryon se lève à ta suite Ça pourrait juste être un oiseau endémique au Sanctuaire.

Pour toute réponse, tu plisses le front et fais le premier pas. L’espace d’un instant, tu oublies les douleurs qui te lancinent, et tu laisses tes jambes dévaler la légère pente de la colline sur laquelle vous étiez juchés. Ta première expérience de course depuis l’attaque est bien maladroite, et bien moins contrôlée que tu n’aimerais le croire. C’est la gravité qui t’attire plus que la force de tes cuisses, et par plusieurs fois, elle aura manqué de t’envoyer embrasser le sol. Le troisième pied qu’était ton focaliseur t’aura par plusieurs fois épargné quelques égratignures… au grand soulagement de ton ami.
Et finalement la descente était devenue montée, et la lande devenue bosquet. Tu marchais d’un bon pas – au vu de ta condition en tout cas – trop curieux de ce que tu allais trouver. Ton ami lui semblait plus mesuré. Tu aurais probablement dû – comme lui – craindre les dragons. Tu aurais probablement dû – comme lui – te raviser une fois la perspective d’une rencontre devenue réalité. Car si c’était le forgeron au départ, dans son fantasme d’alliage aux écailles métalliques, qui avait semblé le plus outrecuidant, c’était ton cœur à toi qui maintenant se laissait emporter.

- Tu vas me dire que je me répète, mais tu es sûr de toi ?

- Les Tethians ont bien étudié le Nid que je sache.

- Ils étaient un peu plus organisés que nous.

- Organisés ou pas, si les dragons n’avaient pas voulu les laisser approcher ils ne les auraient pas laissé approcher.

- Et s’ils étaient juste de particulièrement bonne humeur à ce moment-l…

- Cìryon ! tu t’arrêtes brusquement, le front plissé par la frustration J’aimerais juste en voir un. On parle de légendes vivantes ! C’est trop demander de juste vouloir en voir un.

- C’est vrai. la main de ton ami sur ton épaule de détend, et vous reprenez la marche à une cadence plus modérée C’est juste…

- Je sais. ton regard tombe vers le sol, et contemple ta propre faiblesse à sa remontée Je sais.

Encore quelques pas. De quoi se placer à portée. Enfin. Et le silence terminerait de vous dévorer. Ne l’avait-il pas déjà fait ? Depuis le cri, il n’y avait plus eu rien d’autre. Rien d’autre que vos voix, pour couper à travers le silence. Si la nature s’était pliée aux désirs de la créature de légende, ou si ton esprit s’était trop focalisé sur elle pour entendre la nature, tu n’en savais trop rien. Tout ce qu’il t’importait maintenant, c’était le semblant de discrétion que représentaient les quelques troncs vous séparant du reptile volant.
Tes pupilles s’étaient arrachées au sol avec timidité. Tu savais dans quel sens regarder, mais tu n’osais pas le faire. Tu savais dans quel sens regarder, mais poser les yeux sur la créature aurait confirmé la menace qu’elle pouvait représenter. Quitte à mourir, tu préférais ne pas venir voir la mort. Tes pensées n’étaient plus qu’un indomptable chaos. Tu craignais sans avoir peur. Tu étais à la fois intimidé et attiré. Tu étais aussi curieux que désireux de fuir. Tu étais paralysé d’excitation. Les quelques secondes qu’il fallut à tes prunelles pour glisser de la terre à l’or te semblèrent une éternité, seulement ce fut une éternité valant le coup d’être vécue.

Ton regard échappe à la créature une fraction de seconde pour échanger une moue complice avec Cìryon, resté un peu plus en arrière, avant que le magnétisme du reptile ne se le réapproprie. Tes lèvres oscillent entre sourire et inquiétude, ta mâchoire se tend et se détend de manière frénétique, ta main droite se porte à ton oreille. Tu la porte à ton oreille. En pendentif à ton oreille. La broche faite des os de la créature dragoniforme à laquelle tu dois ton état. Tu plonges dans des souvenirs, tu vogues d’une pensée à une autre, ne sachant plus quoi penser de la légende vivante que tu avais tant voulu voir.

Pourquoi avais-tu tant voulu la voir exactement ?

Pourquoi avais-tu voulu t’infliger cette silhouette, si proche de celle qui avait failli être ta fin ?
Pourquoi avais-tu voulu t’infliger cette silhouette, si proche d’un mauvais souvenir ?
Pourquoi avais-tu voulu t’infliger cette silhouette, jumelle de ton cauchemar par l’apparence, mais un millier de fois plus terrible par sa puissance ?
Tu voulais les connaître, voilà tout. Tu voulais voir de tes yeux ces créatures qui – il fut un temps – avaient été les plus puissants légionnaires d’Hiril Lôthren. Tu voulais voir de tes yeux ces créatures, qui en ont vu tant d’autres modelées à leur image aux suites de la Prime Guerre. Tu voulais voir de tes yeux ces créatures, qui aujourd’hui étaient revenues, libérées de leur charge envers la Prime Œuvre. Tu voulais voir de tes yeux ces créatures qui aujourd’hui étaient revenues, sans que vous ne sachiez pour quelles raisons les dieux avaient réveillé un tel pouvoir.

Non, tu n’avais pas peur des dragons. Tu avais peur de ce que signifiait leur présence. Tu voulais savoir ce que signifiait leur présence. Et quelque part… tu les jalousais.
Tu jalouses autant leur pouvoir que leur liberté. Tu jalouses les faveurs qui leur ont été accordées par La Mère. Tu jalouses l’indifférence qu’ils peuvent se permettre d’afficher pour un monde dont ils étaient autrefois les Gardiens, et dont ils, à l’heure d’aujourd’hui, foulent à nouveau le sol. Tu aimerais savoir. Tu aimerais juste savoir… se considèrent-ils encore Enfants de l’Œuvre ? Seraient-ils prêts à la protéger comme ils l’ont autrefois fait ? Leur retour annonce-t-il un quelconque danger à venir ?

Ta main quitte ton oreille pour se poser contre l’écorce d’un arbre. Tes doigts glissent contre la surface rugueuse, puis s’y réchappent, trouvent une nouvelle peau subérifiée à caresser, puis le vide. Quelque part entre curiosité enfantine, colère, espoir et appréhension tu t’étais perdu. Et la figure dorée qui vous faisait face était la seule réponse. Vous étiez vus autant que vous voyiez. Mais tu n’en avais cure. Lentement. Extrêmement lentement, mais sûrement, tu irais à la rencontre de celui qui a les réponses à tes questions.

- Artiön ! un murmure hurlé t’atteint sans attirer ton oreille Qu’est-ce que tu fais ?

Il sait très bien ce que tu fais. Et c’est pour cette raison qu’il ne t’imite pas.

Une erreur.


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MessageSujet: Re: [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat   [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat I_icon_minitimeDim 4 Juil 2021 - 19:24

Leur odeur approchait. Loin de les avoir effrayé ni découragé, le Cri n’aura fait qu’accélérer leur course sous les frondaisons. Ils venaient. Avertis, leur pas s’allégea à en devenir presque silencieux, couvert par les rumeurs de la sylve qu’ils prenaient garde à ne faire qu’effleurer.

Quand il n’y eu plus que quelques troncs pour le séparer d’eux, de Sud en Est, le vent tourna ; il fut aveugle et sourd avant même que ses pupilles fendues d’or n’aient pu voir leur peau frêle.

Un éclat de métal perça les frondaisons. Ils étaient là, deux petits êtres à la lisière du bois, presqu’au bout de la falaise, perchés sur une corniche en aval de la sienne, défiant le vide, défiant la tranquillité du nid.

L’un d’eux s’approcha encore.

Les ailes de Malthen’delth amorcèrent un mouvement, faisant jouer les muscles qui se devinaient derrière les courbes de son armure dorée. D’une impulsion, le reptile se lança dans le vide, contra le vent d’habiles battements, esquissant un virage dans le ciel où, il le savait, il était le seul maître. A la faveur du souffle, il remonta en piqué ascendant contre la falaise, se rétablissant hors de portée et survolant finalement le mur de pierre où les deux mortels s’étaient exposés.

En contrebas, il sentait leur regard s’égarer sur ses écailles. Il lui fallait protéger le nid de leur curiosité destructrice. D’un élan spirituel, il imprima à leurs esprits chaotiques le propre remous de ses pensées, empreintes par le souci impérieux d’être le rempart entre leurs armes et les Autres. Traversant toutes les barrières de langues et de races, son message se ficha dans leurs têtes, vrilla leur conscience.

«– PARTEZ »

D’un battement supplémentaire des ailes, le dragon les avait survolé et s’était échappé à leurs regards, dépassant le bois pour se poser plus en haut encore, barrant la route à leur téméraire ascension.
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MessageSujet: Re: [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat   [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat I_icon_minitimeDim 4 Juil 2021 - 21:33


La créature s’était envolée. Cìryon s’en était trouvé paralysé. Toi, au contraire, tu t’étais trouvé à faire de ta lente procession une maladroite course à trois jambes en direction du premier perchoir du reptile volant. Ta mâchoire s’était serrée, l’anxiété t’avait gagné. Quelque part entre peur, fascination, colère et jalousie, tes pupilles s’étaient vrillées dans celles du Doré. Perçant à travers la distance comme seul savent le faire les prunelles de votre race, tu avais accroché celles du Doré. Tu y avais cherché, curieux, l’expression d’un Souffle, l’expression d’une intelligence, l’expression d’un esprit différent de celui des autres créations de La Mère.


Jusqu’à ce qu’il ne t’offre exactement ce que tu voulais…

…et te retire ce que tu désirais


- Non !

Tu n’avais pas pris le temps de réfléchir avant de répondre, et ta réponse, tu l’avais hurlée à pleins poumons. Pourquoi exactement ? Tu n’en avais aucune idée. Ou du moins, tu n’avais pas cherché à y réfléchir. Un astre après l’autre, des constellations d’or naissaient dans le cosmos violacé de tes iris, et tes iris avaient suivi les siennes. À travers les cieux et jusqu’à son second trône, tu l’avais suivi. Pourquoi exactement ? Tu ne saurais pas le mettre en mots. Mais ton cœur, lui, le savait.
Tu avais levé haut ton sceptre, serré les dents, et le pied de ton focaliseur s’était retrouvé aussi profondément enfoncé dans le sol que tes forces te l’avaient autorisé… ou du moins l’aurait-il été si la roche des falaises s’était soudainement métamorphosée en la même glaise que celle qui couvrait les collines. Une douleur lancinante t’était remontée jusqu’à l’épaule, pour mieux, insidieuse peste, se diffuser à travers l’os jusqu’à te faire vibrer l’émail des dents. Ta main crispée par le choc s’était trouvée forcée de lâcher le bâton de métal. Et pour la première fois depuis des siècles, tu n’en avais eu que faire. Tu l’avais laissé derrière toi. Le catalyste de ton pouvoir. Tu l’avais laissé rouler au sol comme le pauvre bout de métal qu’il était, parce qu’ici, il ne valait rien.


Face à l’un des Primes-Guerriers, tu n’avais aucun pouvoir


C’est cette conviction, cette conviction que tu tenais à valeur de constat, qui était la raison de la colère qui s’était emparée de ton visage. C’est cette conviction qui avait illuminé ton regard de larmes de rage qui se refusaient à couler. C’est l’ironie de cette rocambolesque situation qui avait terminé de chasser ce qu’il te restait d’inhibitions.


Tu as fini par sourire, d’un sourire dépité


Un pas après l’autre, d’une démarche autrement plus raide que le pas chaloupé qui est habituellement tien, tu as repris l’ascension. Tes doigts viennent à ta capuche pour te libérer le visage. Tes bras s’ouvrent grand, signe d’une garde entièrement baissée. Tes nasaux soufflent une respiration hachurée, tu ris doucement, d’un rire sans bonheur.

- De quoi est-ce que vous avez peur exactement ?

Vous. Pas lui. Eux.

- De deux pauvres elfes ?

Si le retour des Anciens Wyrms devait annoncer un quelconque danger, si La Dame Sauvage les avait ramené en prévision d’un quelconque mal, alors triste serait le sort d’Anaëh. Parce que les Dragons étaient lâches.
De quel droit pouvaient-ils se permettre de vous craindre, eux à qui il avait été donné de posséder de si grands pouvoirs ? De quel droit pouvaient-ils se permettre de vous craindre, vous faibles créatures. De quel droit pouvaient-ils se permettre de vous… de te voler ce sentiment, quand contrairement à toi, ils n’avaient aucune raison de le ressentir ? De quel droit se permettaient-ils de craindre qui et quoi que ce soit, quand il y avait si peu d’armes sur cette terre capable de les terrasser, quand il avait fallu l’Œuvre de dieux pour terrasser leurs jeunes frères, rendus fous par la fin de la Prime Guerre ? De quel droit se permettaient-ils de craindre qui et quoi que ce soit, quand il leur avait été offert de si larges épaules, mais pas de monde à porter. Tant de pouvoir, pour si peu de responsabilités.

De quel droit se permettaient-ils de te craindre, quand les tiens qui mourraient à leur place ?


Tes bras retombent le long de tes flancs. Tu fermes les yeux un instant. Tu souffles. Ton visage se détend. Tu t’arrêtes. Puis tu poses à nouveau les yeux sur lui. Et du regard, tu lui imposes ton jugement. Ton égo blessé par la simple existence de la créature se déverse en pitié.


Triste est le Roi Dragon sur son Trône, usant de son infini pouvoir pour protéger son Royaume d’une menace qui n’est pas.


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MessageSujet: Re: [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat   [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat I_icon_minitimeMar 20 Juil 2021 - 13:10

Il y eu, en écho à l’impulsion mentale dont Malthen’delth fut à l’origine, le violent reflux des pensées de Celui-qui-Souffre. Son opposition traversa la barrière de ses pensées, remontant par le canal ouvert par le dragon, lui écorchant l’esprit par sa brutalité non contenue. La sonorité du Cri se perdit dans les souffles qui balayaient la cime des bois, mais son intention préexistante le heurta de plein fouet.

Un fléchissement des ailes l’arracha aux courants ascendants et il pu faire face à l’avancée des deux êtres. Posé sur un promontoire rocheux en amont du bosquet, son armure ainsi exposée à l’astre du jour surplombant crépitait de ses éclats dorés. Ses ailes membraneuses étaient à demi-repliées contre son dos et son cou s’était contorsionné en travers du chemin, plaçant son museau aigu à hauteur d’homme. Le premier avançait toujours, projetant vers le dragon la mixtion désordonnée de ses émotions brutes, que l’Or ne parvenait à interpréter avec justesse.

Colère. Admiration.

Déception ?

«– C'est ce que vous êtes venus faire ici ? Vous cacher ? »

Combien de temps faudrait-il à la créature boiteuse pour refermer la distance que deux quelques battements d'ailes avait creusé ? Assez. Largement assez pour que Malthen'delth n'ait jamais à se laisser observer face à face. Mais l'elfe semblait n'en avoir cure. Ainsi étaient les bipèdes. Têtus. Obstinés même.

«– Vous cacher de qui exactement ? De quoi ? »

Colère. Admiration. Déception. Appréhension. Anxiété.

Terreur.

L’elfe, seul, avança encore, réduisant de son pas boitillant l’écart entre lui et le dragon. Immobile face à son avancée, Malthen’delth avait braqué ses iris sur son interlocuteur qui hurlait ses frustrations. Dans les prunelles du dräke brillaient les fines diaprures de l’or liquide qui y coulait, dessinant des courants dorés mouvants autour de sa pupille au noir absolu.

«– Nous n’intervenons pas dans les choses du monde. Sanctuaire est un havre où règne la paix, ici nous vivons. »

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MessageSujet: Re: [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat   [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat I_icon_minitimeLun 9 Aoû 2021 - 22:38



- Je vois... tu murmures entre tes dents, les yeux baissés sur ton propre sourire sans joie Je...

...tu aurais probablement fait de même, si seulement tu pouvais te le permettre. Chaque jour, chaque heure, chaque minute passée ici t'est affreusement douloureuse, non pas parce qu'il ne fait pas bon vivre sur Sanctuaire, mais parce que tu le sens dans tes tripes : tu n'es pas loin de céder. Et tu t'en sens coupable. Coupable et honteux. Tu pourrais tout fuir, fermer les yeux à tes promesses passées, délivrer ta famille du tumultueux train de vie que vous forcent vos responsabilités, et venir - avec eux - vivre ici. Près du berceau de La Mère. Loin des querelles de ses Enfants.


Tu pourrais. Mais jamais tu ne te le pardonnerais.


Peut-être les Dragons étaient-ils revenus goûter à la paix qu'ils n'avaient pas eu le droit de connaître durant les premiers temps. Peut-être n'y avait-il dans leur retour qu'un cadeau de leur Créatrice, consciente de l'injustice qu'il y a dans une existence faite de perpétuels affrontements. Peut-être devais-tu voir dans cette deuxième chance un heureux présage pour les tiens. Car aujourd'hui, c'était vous les Gardiens de l'Œuvre. Aujourd'hui, c'était vous les Guerriers d'Hiril Lôthren. Alors peut-être demain, lorsque comme les guerriers ailés, vous auriez obtenu la victoire, à votre tour vous gagneriez le droit à la paix.


Mais pourquoi alors ?


Pourquoi ne pas vous avoir fait aussi formidables qu'eux ? Pourquoi vous avoir offert en pâture au monde sans vous offrir les mêmes armes que vos prédécesseurs ? S'il vous fallait obtenir la victoire, pourquoi ne pas vous en donner les moyens ? Et ta raison te hurles un millier de justifications, ton intelligence te laisse entendre un millier de raisons. Vous, elfes, les armes entre vos mains, avez été Nisétis. Vous, elfes, les armes entre vos mains, êtes Elda. Là étaient deux raisons plus que suffisantes aux précautions prises par La-Très-Sage... mais tu ne pouvais t'en empêcher. Tu ne pouvais t'empêcher de les jalouser. Eux. Ces guerriers d'un autre temps, aujourd'hui en paix. Tu ne pouvais t'empêcher de prier, de hurler à La Mère en des pleurs qui ne mouilleraient pas tes joues, de vous offrir ne serait-ce qu'une fraction de ce qu'ils ont. De vous faire confiance juste une fois de plus. De vous permettre d'obtenir la victoire.


Que l'Œuvre dans son entier puisse profiter de la même paix que son Berceau.


Aux pieds de la Déesse, tu faisais ton ascension. Pour regarder le dragon en face. Que l'ancien et le nouveau guerrier puissent échanger un regard. Entre Fils de La Mère. Et il te laisse faire. Lentement l'écart entre vous se referme. La créature semble se parer d'une assurance nouvelle, allant même jusqu'à t'offrir de se baisser à ta hauteur.

- Tu souffres. il affirme, péremptoire.

Tes yeux se posent dans les siens. Et maintenant que tu es tout près, tu ne sais plus que faire, que dire, quelle question poser, quoi lui confier... Souffrir n'était peut-être pas le bon mot. Ou du moins, pas celui que tu aurais utilisé.

- Je... tu tends une main en sa direction sans véritablement y penser, un appel à l'aide que tu n'oses pas t'avouer avoir fait Je... ton bras retombe contre ton flanc, ton regard tombe vers le sol, puis un triste sourire au visage, tu retrouves la force de lui faire face je crois que je suis juste frustré.

- Tu souffres il répète

La créature se répète, t'imposant le constat malgré tes tentatives de contestation. Tes sourcils se froncent, tu t'apprêtes à t'en défendre une seconde fois, mais il ne t'en laisse pas le temps. Le souffle de la bête t'enveloppe, te caresse, te libère. Oui. Il avait raison. Tu souffrais. Mais même sa magie ne pouvait rien contre la racine de ta souffrance.

- Merci... tu baisses encore une fois le regard Tu avais raison. tu fermes les yeux et serres les poings C'est juste que... la peine est d'autant plus lourde que ton corps te semble plus léger c'est stupide...

Comment avouer à la créature se tenant face à toi que tu la jalousais sans paraître complètement ridicule ? Comment avouer à la créature qui venais de t'offrir le soulagement qu'aucun autre être en ce monde n'aurait pu t'offrir que quelque chose en toi haïssait sa tranquillité ? Comment avouer à la créature se tenant face à toi avec la plus grande des patience que sa simple existence t'était source de terribles questionnements ?

- ...mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que j'aurais aimé pouvoir faire pour les miens ce que toi tu peux faire pour les tiens. tu ouvres tes mains devant toi, et y laisses traîner ton regard Ou même juste ce que tu viens de faire pour moi. tu soupires La Très Sage ne laisse rien au hasard, et notre époque a déjà vu tellement de changements... tu relèves le visage vers le Doré j'ai du mal à me dire qu'il n'y ait pas une raison au retour des tiens. Et ça - en plus du reste - tout ça m'effraie. ton front se plisse, et tes lèvres s'ourlent en un timide sourire Et je crois... je crois que finalement c'est ça le plus douloureux.

Tant de choses que tu peinais à exprimer même au devant de ton épouse. Tant de choses que tu refusais d'avouer devant les tiens. Alors pourquoi ici, pourquoi maintenant ? Pourquoi devant une créature dont tu ne partages pas le sang ?
Parce que devant lui tu n'es rien. Parce que lui, tu ne lui dois rien. Parce que lui t'aura oublié demain. Parce que lui ne s'appuie pas sur toi, alors devant lui tu peux t'écrouler sans qu'il ne trébuche.

- Les miens aspirent à la paix. Toi, que cherches-tu ? Que viens-tu chercher au Sanctuaire ?

L'harmonie ? L'équilibre ? Des réponses à tes questions ? Un peu de tranquillité ? La proximité de La Mère. Les Voix de l'Œuvre Primale. Des souvenirs du temps où le monde n'était pas encore souillé par le sang et les larmes. Une vision d'un idylle vivant, pour te rappeler que cet idylle existe. Que cet idylle est possible. Que les tiens pourraient - un jour - l'obtenir.

- La même chose que vous. la Paix, avec un grand P Mais maintenant le plus difficile... tu souris timidement, le rire coincé dans ta poitrine ça va être d'essayer de la ramener chez moi.

-La paix ne voyage pas. La paix se construit. Qu'as-tu fait pour elle ? Nous savons les bipèdes prompts à la violence sous de droites intentions.

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Dernière édition par Artiön Laergûl le Lun 9 Aoû 2021 - 22:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat   [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat I_icon_minitimeLun 9 Aoû 2021 - 22:40



Tes poings se serrent à nouveau, et tes sourcils se froncent. Prompts à la violence. Qu'en sait-il vraiment ? Connaît-il les raisons d'être de vos guerres ? Pense-t-il réellement que tous les bipèdes sont les mêmes face à la violence ? Tu pestes intérieurement à l'idée de voir les combats livrés par les tiens comparés aux guerres de conquêtes de Péninsule, ou aux élans génocidaires d'Elda. Oui, bien sûr que vous vous battez, que vous vous êtes battus, parfois à tort même... mais tu refuses de voir les tiens appelés "prompts à la violence" pour avoir défendu leurs vies et leur foyer.

- Je suis un soldat. tu fais un pas de plus en direction du doré, rapprochant dangereusement vos visages Je sais ce qu'il en coûte de se battre pour préserver un semblant de paix pour les siens. ton nez se plisse légèrement Mais comme n'importe quel soldat, je sais aussi que se battre n'est ni suffisant, ni désirable. ton cœur te coule dans la poitrine à la pensée de tous ceux que vous aviez perdu à la guerre Les miens ne m'ont pas fait Roi pour envoyer notre peuple en guerre. Ils m'ont choisi parce que je sais ce qu'elle coûte, et que je leur ai promis de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour la leur épargner.

Tu as rapproché les Cités, dans l'espoir de rendre à ton peuple une forme d'unité. Tu t'es fait Ornedhel pour un temps, dans l'espoir de mieux comprendre cette part des tiens. Tu as tendu la main aux nations étrangères, que la guerre ne soit plus leur seul moyen d'interagir avec vous. Et oui, tu es parti guerroyer ailleurs, car tu savais cette guerre inévitable, et comme elle aurait été infiniment plus meurtrière si tu l'avais laissée atteindre vos frontières. Tout cela tu l'avais fait en toute âme et conscience, tu le referais s'il le fallait, et tu n'en avais pas honte le moins du monde.

- Ni les miens ni moi ne sommes "prompts à la violence". Notre Mère est une déesse de paix, d'harmonie et d'équilibre. Mais si la violence est la seule solution qu'il nous reste pour défendre nos vies et nos idéaux, alors non, moi, je n'hésiterai pas.

- Es-tu alors venu chercher une aide ? Nous ne sommes pas des soldats. Tu dis ta cause noble, mais nos principes le sont tout autant à nos yeux.

- Non. tu soupires, baisses la tête et défais les tensions qui te tenaient Au départ, si je suis venu ici, c'était juste pour trouver un peu de repos. tes yeux se ferment Et si j'avais autant envie de vous approcher c'était surtout par curiosité. tu souffles du nez Vous êtes des légendes vivantes pour les miens. tes mains claquent contre tes hanches en un signe de capitulation Et oui finalement je me suis emporté parce que... je... j'étais...

Tu l'avais déjà partiellement avoué, et la créature l'avait certainement déjà compris, mais jusque-là, tu t'en défendais encore. Tu te justifiais encore. Tu cherchais encore des détours. Y poser ce mot te semblait tellement réducteur, tellement simpliste, et pourtant c'était la vérité. Mais valait-elle seulement la peine d'être encore cachée ? Qu'avais-tu comme intérêt à la garder ainsi pour toi, si ce n'était la protection de ton ego ?

- Non, je ne suis pas venu demander votre aide. tu rouvres les yeux, et les battements de ton coeur s'emportent Est-ce que je m'en serait plaint si La Mère vous avait ramené pour nous aider à défendre l'Œuvre, comme durant les premiers temps ? Non, bien sûr que non. Mais je ne suis pas venu chercher des alliés. un frisson te traverse la colonne et tes mains s'agitent légèrement C'est juste que maintenant, maintenant que je suis tout près, et que je sais que vous êtes "juste" revenus vivre une vie paisible... enfin... ce que j'essaie de dire c'est que...

Tu recommences, tu piétines, tu rattrapes ta langue quand elle cherche à soulager ton Souffle. Mais ta main vient à ton oreille, se saisit de la minuscule vouivre qui y pend, et la décroche. Tu amènes l'effigie sculptée par Cìryon à ton regard, tes yeux s'échappent au regard du Doré pour se poser sur la créature qui t'a mené plus près de la mort que tu ne l'as jamais été. Tu soupires une fois de plus, une fois de trop peut-être, et c'est un regard ému que tu lèves en direction du jeune Doré.

- ...C'est difficile de ne pas être jaloux. un rire nerveux t'échappe en même temps qu'une larme Enfin... quel elfe n'aurait pas aimé ne serait-ce qu'une fraction de votre pouvoir, et avec ça une chance d'offrir une fraction de votre quiétude aux siens ? tu hausses les épaules À combien d'hectares de terre brûlée ou de dizaines de blessés est-ce qu'on aurait pu redonner un espoir avec ne serait-ce qu'une fraction de votre pouvoir ? Et à combien de batailles est-ce qu'on aurait pu échapper en étant entourés rien que d'une fraction de votre aura ? tu te saisis de tes propres épaules et te prostres, gêné Je n'aime pas ça. Je ne devrais pas. Mais je suis jaloux. C'est tout.

- A chercher la paix pour, et donc contre, tu vas au devant des malheurs de la guerre. Nous ne saurions enfoncer plus encore, par notre pouvoir que tu fantasmes, le monde dans son chaos. Nous ne saurions céder à nos principes pour faire gagner un camp. Tu peux en faire de même que nous et nos frères, Roi, et te retirer dans une paix sincère. Car ainsi seulement tu y goutteras.

- Mais comment ? Comment se retirer dans une paix sincère s'il on n'est pas capable de dissuader d'autres de nous amener la guerre ? tu plisses le front Si j'étais venu menacer le Nid, ne m'auriez-vous pas arrêté ? Aurait-ce été céder à vos principes que de m'arrêter ?

- Notre intervention dans les guerres qui opposent les bipèdes ne pourrait se solder que par plus de violence. Le passé nous a appris cela. Que la cause soit juste ou non, nous ne pouvons accompagner celui qui la porte. Comprend cela.

- Ça je veux bien l'entendre. tu baisses les yeux un instant Mon peuple conserve encore quelques souvenirs des Nisétiens... tes sourcils se froncent et tu relèves le regard, ton expression partagée entre curiosité et crainte Mais ça ne répond pas à ma question.

De ton point de vue, ils ne sont finalement pas bien différents de vous, ces dragons. Ou du moins pas autant qu'ils le voudraient. Et quelque part, tu aimerais le leur faire voir, le leur faire avouer... ou alors obtenir d'eux qu'ils te prouvent leurs principes différents des vôtres. Et s'ils sont si différents, peut-être alors pourrais-tu y trouver un espoir de salvation pour les tiens.

- La réponse à ta question est inscrite dans cette rencontre. Le dragon prend un peu de recul Nous ne pouvons, aujourd'hui, te suivre dans vos combats, ni vous aider dans votre lutte. Tels sont les sages conseils de Celeb'Delth que nous nous efforçons de respecter. Sache que je respecterai tes actes tant qu'ils œuvrent à une paix universelle. Peut-être, un jour, nos ailes suivront vos pas pour La garder.

Le poids de son jugement pèse soudainement moins lourd, et par la même occasion, ton visage se détend. Tu te prends à lui sourire comme à un vieil ami, faisant à ton tour signe de recul. Une main dans ton dos, un poing à ton cœur, tu le salues.

- Je pense comprendre... Merci. tu penches la tête et dresses tes oreilles J'ose espérer que vous n'aurez jamais besoin d'en arriver là.

Tu fais un pas de plus et te prépares à complètement te retirer, avant de brusquement te retourner à nouveau, interpelant la créature d'un geste brusque.

- Avant de partir... tes oreilles retombent et tes sourcils se rejoignent en un timide plaidoyer Alors ce sera un peu présomptueux de ma part, mais... est-ce que vous auriez quelque chose que je pourrais emporter en souvenir ? tes yeux se perdent vers le lointain, en direction d'Anaëh Pour mes enfants.

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MessageSujet: Re: [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat   [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat I_icon_minitimeJeu 12 Aoû 2021 - 10:32

Il avait refusé la paix. Nulle rancœur ne perça dans le regard du dragon lorsqu’il prit du recul. On ne pouvait en vouloir au soldat de chérir son combat pour les siens. Dans le flot informe et brut des pensées qu’ils s’étaient partagées, Malthen’delth avait vu la force du guerrier et l’amour du père, le devoir du roi et la peine du guide. L’exil était un prix trop important pour qui a consacré sa vie à cause juste. Et l’abandon de Sanctuaire l’était trop pour qui abhorrait la guerre.

Le bipède se pencha et salua de sa rigueur martiale. Un pas en arrière et il s’arracha au face-à-face. Il s’en retourna vers les bois bruissant dans le vent et vers l’autre elfe, que la curiosité n’avait pas poussé à sortir de la sécurité du couvert des arbres. Se détournant soudainement, il exposa une dernière requête.

«– Approche. » confia le dragon.

Les moirures dorées dansaient dans l’iris de Malthen’delth, charriant les nuances chatoyantes de l’or dans des courants imprévisibles. Ses yeux se voilèrent un instant derrière leurs paupières et fixèrent l’elfe. La tête du dragon glissa jusqu’à se porter à la vertical du bipède, son naseau lui soufflant les effluves de sa respiration paisible. De son œil gauche glissa une unique larme, et la perle liquide s’écrasa sur la tête du roi elfe.

«– Pars en paix, Roi des elfes. Emporte avec toi ma larme et arrache à mon armure une écaille.
Puissent-t-elles participer à l’enseignement des tiens. »

Le drake présenta son poitrail, invitant l’elfe à s’exécuter. L’écaille se délogea, laissant un accroc presqu’invisible dans la cuirasse draconnique.

Les ailes du dragon s’étendirent, faisant couler deux ombres diaphanes sur le roc de la montagne et, d’une puissante impulsion, il s’élança contre le vent. Avec agilité, il s’y appuya et, se retournant, s’éloigna. Après une dernière courbe harmonieuse dessinée dans le ciel, l’éclat doré disparut derrière le flanc abrupt de la montagne.

De derrière les hauteurs du Sanctuaire s’éleva un ultime Cri.

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MessageSujet: Re: [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat   [Solo] En pèlerinage | Heureux anonymat I_icon_minitimeSam 14 Aoû 2021 - 11:52

Fin de la 9e ennéade de Verimios
18e année du Onzième Cycle
La Drupe



Depuis ce jour-là tu te sentais léger. Trop léger peut-être. Et pourtant, le poids pesant sur tes épaules ne t’avait pas été retiré. Mais quelque chose avait changé. Quelque chose en toi avait été touché. Et quelque chose de plus t’avait été confié. Ce jour-là, tu avais finalement choisi d’embrasser la Tourmente plutôt que de la fuir. Tu avais choisi de te laisser aller à ce que tu pensais être le mieux pour toi et le mieux pour les tiens sans te retenir. Tu avais choisi de chérir le présent que t’avait fait la créature aux écailles d’Or et de devenir pour les tiens ce qu’il était pour les siens. Tu ne pouvais avoir le soutien des dragons. Eux avaient gagné La Paix pour les leurs en livrant la plus terrible des guerres. Alors à ton tour maintenant, de livrer la plus terrible de tes guerres. Celle que l’arme tranchante seule ne saurait remporter.

Tu ne pouvais avoir le soutien des dragons, mais il t’avait été offert de devenir un dragon aux yeux des tiens, et un dragon aux yeux du monde.
Comme le monde ne sait que trop peu de ces créatures, le monde en sait finalement bien peu de toi.
Comme le monde s’est trouvé forcé de plier à leur désir de paix par le seul poids de leur existence, il ne tient qu’à toi de t’en créer une qui force le même respect.
Ode au Souffle d’un présomptueux. Présomptions d’un Souffle dont c’est le devoir. Devoir d’un Roi. Devenir un Grand Elfe. Se faire statue vivante. Exemple pour les siens. Façade d’un Royaume. Son Royaume pour Lumière, mais son Royaume dans son ombre. À la fois seul contre tous et seul avec tous. Embrasser une fausse solitude. Solitude née de la mort à soi-même pour renaître au tout. Solitude de celui qui a choisi d’être le monde plutôt que dans le monde.

Modelé à l’image d’un rêve rendu réalité par un autre.

De Force et de Magie. Les journées de ta retraite au Sanctuaire sont devenues l’occasion, sous l’œil de La Mère, de pousser tes limites plus loin que ne te l’autorisaient les journées trop occupées de l’Aran sur le Trône Blanc. Plus grand. Plus fort. Plus puissant. C’est ce à quoi tu t’étais astreint durant tes derniers temps sur l’Île. Remembrances d’un temps que l’on aurait pu penser révolu : le temps de ton entrée à la milice. Le temps de l’adolescence, de l’entrée à l’âge adulte, de la construction physique, psychologique et arcanique. Le temps de ton entrée dans le rôle de figure protectrice que tu occuperais pour le reste de ton Eternité. Le temps de tes pensées idéalistes. Pensées idéalistes qui aujourd’hui renaissaient.

Tu te construis pour La Paix comme on se construit pour La Guerre. Tu te construis pour La Paix avec plus d’ardeur même que tu ne te serais construit pour La Guerre. Car pour obtenir La Paix il faut gagner La Guerre sans se battre. Car pour gagner La Guerre sans se battre il faut que l’adversaire se sache vaincu au moment où se croisent les regards.

Pour obtenir La Paix, il te fallait devenir le Dragon de ton peuple. Celui contre qui l’affrontement est futile.

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