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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 47 ans Taille : 1m79 Niveau Magique : Non-Initié.
Sujet: Raimon de Tèrme [Terminée] Dim 20 Juin 2021 - 17:03
Possessions & Equipements :
Bien sûr, comme tout seigneur de la Péninsule, Raimon de Tèrme administre et détient des terres qui ne lui appartiennent pas en propre en termes juridiques mais appartiennent au roi. Toutefois, de facto, l'on peut dire que les seigneurs possèdent leurs terres puisqu'ils en tirent l'usufruit. En termes matériels, Raimon a aussi hérité de l'épée familiale de la Maison de Tèrme, Resiléncia. Il possède aussi une jument de robe isabelle nommée Peyra.
Apparence :
Taille : 1m79
Couleur des yeux : Vert foncé
Le comte d'Ydril n'est ni très grand ni très imposant. Pour sa taille et pour sa carrure, il reste dans la moyenne des individus du Royaume. En revanche, se dégage de ses manières ainsi que de sa démarche un sentiment de sagesse et surtout de prestige lié à un sang noble et ancien. En bref, c'est un personnage charismatique ce qui se révèle parfois utile dans certains moments politiques et compense son absence de talent dans la dissimulation, comme nous l'expliquerons plus tard. Pourtant, Raimon est loin d'être un homme séduisant. Sans être un monstre non plus, son visage ne marque pas les esprits par la finesse de ses traits ou encore la douceur de son expression. Ses cheveux noirs sont toujours plaqués en arrière à l'aide d'huiles et d'onguents (n'être pas beau n'excuse pas de ne pas faire d'efforts de présentation, surtout au sein de la noblesse péninsulaire) et sa barbe de la même couleur est toujours brossée en pointe. Le seul aspect que l'on pourrait trouver attirant sur le visage du comte sont ses yeux, d'un vert d'émeraude où se mêlent plusieurs teintes de jaune et de bleu. Ces yeux particulièrement pénétrants et captivants ont toujours été l'apanage de la Maison de Tèrme ce qui a donné naissance, parmi les habitants de la seigneurie de Tèrme, à la légende selon laquelle les premiers seigneurs de Tèrme auraient utilisé la magie afin d'ancrer dans le sang de la famille cette caractéristique quasi-divine. Théorie inconnue de Raimon mais qui provoquerait assurément chez lui un grand éclat de rire.
La garde-robe du maître d'Ydril est aussi variée que peut l'être celle de tout seigneur péninsulaire : des couleurs et des tissus plus châtoyants pour les périodes passées à la cour ducale et des tuniques plus brutes et plus sombres lorsque Raimon se trouve sur ses terres, à Peyredrac. Il n'est pas particulièrement attiré par la richesse des parures et des étoffes, ni même du mobilier, toutefois il sait que montrer une trop grande simplicité ou un désintérêt total pour les belles choses passeraient pour le reste des nobles au mieux comme un manque de goût, au pire comme une fausse-modestie tout-à-fait déshonorante. Il s'est donc convaincu depuis longtemps de la nécessité de faire certains efforts sur ce sujet.
Personnalité :
Raimon de Tèrme est avant-tout un noble péninsulaire, ce qui sous-entend une fierté particulièrement marquée tournant même parfois à l'orgueil. La Maison de Tèrme est une lignée fort ancienne des Duchés du Sud. Certains disent même que son fondateur aurait été parmi les premiers humains à s'installer durablement dans le Sud avant que la population ne se métisse au gré de l'Histoire mais évidemment, cette origine mythique tient plus de la légende familiale patiemment entretenue par ses membres que du fait historique réellement prouvé et documenté. Quoi qu'il en soit, c'est sur cet indéniable prestige des Tèrme que Raimon a acquis beaucoup de traits marquants de sa personnalité. Car en plus d'être fier de sa lignée, le nouveau comte d'Ydril est aussi particulièrement attaché à ses terres, leur histoire et leurs traditions. Le caractère plus multiculturel du Sud de la péninsule par rapport aux domaines du Centre et du Nord ont formé en lui une assez grande tolérance pour les autres peuples mais aussi pour les autres religions du continent. Cependant, même si cela est en grande partie inconscient, le prestige de sa lignée mais aussi de son peuple poussent Raimon à accorder une place particulière à la race humaine dans le long fil du temps.
Quiconque rencontrerait le seigneur d'Ydril sans le connaître jugerait par ses traits durs et son expression souvent peu amène que l'homme est d'un naturel taciturne, froid voire calculateur et cette impression ne serait pas totalement usurpée. En effet, les exigences du pouvoir ont formé chez l'aîné des Tèrme une méfiance naturelle vis-à-vis des gens et plus encore des gens de pouvoir. La péninsule étant le lieu privilégié des intrigues et des complots (même à l'échelle de la simple cour comtale), le noble souhaitant vivre longtemps et maintenir voire agrandir son pouvoir est un noble prudent. Toutefois, Raimon n'est pas un homme de l'ombre, restant à l'écart, le visage sombre. Au contraire, lorsqu'on le croise dans un environnement plus mondain comme à la Cour du Duc de Soltariel ou même dans son propre château comtal, il dissimule sa suspicion et sa prudence derrière un visage affable, bon vivant, parfois même porté sur l'humour. Tout comme le caméléon change de couleur selon la situation dans laquelle il se trouve, la personnalité de Raimon de Tèrme change elle aussi (du moins en apparence) afin de s'adapter à des environnements ou la politique et la diplomatie ne requiert pas la froideur et la distance. En revanche, lorsque la colère ou l'agacement s'empare de lui, il est incapable de dissimuler son caractère austère et impassible et il sera rapidement évident pour tous ses interlocuteurs que la discussion est en train de mal tourner. D'ailleurs, Raimon n'est pas un homme pratiquant des méthodes aussi détournées que l'espionnage ou encore le meurtre : si la péninsule connaît certes beaucoup de ces actes malveillants, l'idéal d'honneur et d'honnêteté propre à la religion pentienne mais aussi à la Maison de Tèrme l'ont toujours fait considérer la dissimulation comme une lâcheté. Ce qui constitue sans conteste un désavantage dans une société qui ne rechigne plus à ce genre d'actes.
Enfin, la personnalité de Raimon est marquée par une apparente dichotomie mais qui en fait se révèle tout-à-fait cohérente. D'une part, le comte d'Ydril n'est pas homme à se montrer magnanime ni même à éprouver de la compassion pour quiconque. Bien que respectant les lois et les coutumes, il n'hésitera pas à punir et ce de manières qui peuvent paraître cruelles mais dont le comte ne tire aucun plaisir. En réalité, son action n'est jamais guidé par ses intérêts personnels mais par un but politique précis : le bien commun suprême. Bien sûr, ce but peut parfois nécessiter qu'il soit ambitieux ou qu'il puisse rechercher une position supérieure (c'est ainsi qu'il s'est convaincu à convoiter le comté d'Ydril). De la même manière, Raimon de Tèrme n'est pas un fanatique du culte pentien et est lui-même assailli parfois par le doute, comme beaucoup de péninsulaires depuis que le Voile a recouvert les royaumes miradelphiens. Mais il garde la conviction que la religion de la Dame-Dieu est un bienfait pour le royaume à la fois par les valeurs qu'elle porte mais aussi par l'unité qu'elle crée au sein de la population de la Péninsule. Son avis sur le clergé et sa place dans le système politique est beaucoup plus mitigé...
Capacités magiques :
Aucune.
HRP:
Dernière édition par Raimon de Tèrme le Dim 11 Juil 2021 - 12:50, édité 3 fois
Raimon de Tèrme
Humain
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Sujet: Re: Raimon de Tèrme [Terminée] Mar 29 Juin 2021 - 17:00
Histoire
Chroniques de la Maison de Tèrme - Livre VIII, par Balthazar Wiltenham
a trame des vies miradelphiennes se tisse, s'allonge plus ou moins, rompt toujours. Certains rares élus connaissent des existences paisibles et calmes, d'autres passent le temps qui leur a été accordé par les dieux à souffrir un calvaire sans fin. Et puis, il y a cette majorité silencieuse qui se trouve précisément entre ces deux extrêmes, ceux qui, sur leur chemin vers le bonheur, la gloire ou le pouvoir, rencontrent certes des épreuves parfois terribles mais aussi des succès et des moments de plénitude. Le seigneur Raimon n'est certes pas un personnage conventionnel, mais il fait néanmoins partie de cette multitude indigente ou noble tentant de se tracer tant bien que mal un avenir. Il n'a jamais eu la vie éprouvante de la pauvre paysanne qui passera une vie miséreuse dans sa masure délabrée. Mais il n'a pas non plus connu que les ors du palais seigneurial ainsi que la bienveillante attention d'un père et d'une mère. Malgré la grandeur de sa lignée, Raimon est en définitive une âme comme tant d'autres, avec ses joies et ses malheurs. Et paradoxalement, je pense que c'est cela qui constitue une part de son unicité.
En tant que premier chambellan de la seigneurie, j'étais présent lorsque le seigneur Raimon vit le jour. Ses parents, Orent et Malia de Tèrme, avaient longtemps prié pour la venue au monde d'un héritier et la Dame-Dieu leur avait accordé leur souhait. Je n'ai plus grand souvenir de ce jour-là, si le soleil dardait ses rayons à travers les vitraux ou si une pluie diluvienne s'abattait en chantant sur les pierres du château. Ce dont je me souviens, en revanche, c'est la grande impression qu'avait fait le bébé auprès de l'assistance. En effet, celui-ci n'avait pas poussé un seul cri, pas même au moment où sa tête avait émergé du ventre de sa mère. Les servantes avaient affirmé qu'elles n'avaient jamais vu cela de toute leur vie malgré le grand nombre d'accouchements auxquels elles avaient assisté. J'étais moins spécialiste en la matière, mais j'avoue moi-même que je n'avais connu un bébé (et plus tard un enfant) aussi calme. L'année suivante, dame Malia donna naissance à un autre enfant, une fille cette fois qu'ils nommèrent Aliènor. Le frère et la sœur firent donc leur éducation ensemble, supervisés d'abord par des gouvernantes puis par des maîtres d'armes, des artistes et des intellectuels. Je pris moi-même part à cette vaste entreprise d'éducation des jeunes nobles puisque je fus chargé par le seigneur de Tèrme d'enseigner les bonnes mœurs ainsi que les règles de cour aux jeunes enfants. En somme, ils reçurent l'instruction traditionnelle d'un fils et d'une fille de noble péninsulaire.
Là où la tradition (et les préjugés) voulaient que ce soit le jeune Raimon qui soit l'enfant le plus dynamique des deux, il se révéla rapidement que c'était Aliènor qui possédait le caractère le plus vif - et le plus ombrageux. Elle menait gardes et serviteurs à la baguette, pratiquait avec plus d'entrain le glaive d'entraînement que l'épingle à couture. Avec cela, lors des réceptions et des festins, elle était toujours la plus gracieuse, la plus enjouée et ravissait tous les invités. Son frère développa une nature bien plus réservée. Ses passions n'étaient pas monter à cheval ou combattre à l'épée, même s'il n'était pas mauvais, loin de là, dans ces activités habituellement réservées aux hommes. Mais Raimon développa très vite un goût prononcé pour la littérature, l'histoire, les relations et les rivalités qui se nouaient dans l'entourage immédiat de la seigneurie de La Portia ou même dans le reste du Duché de Soltariel. Pourtant, malgré ces différences flagrantes entre les deux enfants des maîtres de la cité, ils étaient proprement inséparables. Je les aies souvent observé et j'en suis venu à conclure, avec les années, que ces deux êtres s'étaient retrouvés dans un attachement viscéral, presque charnel à leur terre natale. Combien de fois je dû les faire accompagner (sous bonne garde) jusqu'au plus profond des forêts de Tarenia ou encore sur les vastes plages de sable battues par les vents de Barriana. Et surtout combien de fois vis-je mon escorte revenir toute affolée après avoir été semée par les deux garnements. Et pourtant ils revinrent toujours, les tuniques déchirées par les ronces ou figées dans le sel marin mais de grands sourires arborant leurs visages. Si la Dame-Dieu en personne était apparue à ces deux-là en leur proposant d'exaucer leurs souhaits les plus chers à la condition qu'ils quittassent Ydril, nul doute qu'elle serait repartie bredouille.
C'est à l'été 982, lorsque Raimon eût tout juste atteint sa treizième année, qu'Orent de Tèrme périt dans le naufrage d'un navire qui devait le conduire à Soltariel. Je ne crois pas que Raimon fut grandement affecté : lui et son père n'avaient jamais été proches, le seigneur accablant son fils de leçons et de discours sur le devoir plus souvent qu'il ne le prenait dans ses bras. En revanche, dame Malia et Aliènor furent ravagées par la douleur et je crois qu'elles ne s'en remirent jamais vraiment. Au fond de moi, j'ai même la conviction que c'est cela qui causât leur perte. Mais alors que dame Malia s'enfonçait plus de jour en jour dans un état mental de délabrement et d'idées noires, Aliènor parvint à garder constance. Et elle le fit pour son frère qui venait, à seulement treize ans, d'hériter de la responsabilité de toute une seigneurie. Bien sûr, je l'aidais dans ses devoirs judiciaires et pour son intendance comme le maître d'armes se chargeait des questions militaires, mais en réalité ce fûs sa sœur qui l’assistât à chaque minute de ses nouvelles responsabilités, forgeant un caractère parfois trop hésitant ou trop amène. Par l'exemple et en seulement quelques années, elle en fit un seigneur péninsulaire apte à l'exercice du pouvoir. Tandis qu'il avait appris seul les connaissances essentielles qu'il se devait d'avoir, Aliènor structura ces connaissances et ces dons dans une chape de fer forgé, à l'épreuve de la houle et des coups de poignard. Lorsque les deux jeunes gens entrèrent dans l'adolescence, j'eus peur qu'une certaine rivalité s'installe, entre le frère au grand savoir mais dont le caractère doux le faisait souvent obéir et la sœur dont le retard d'un an dans l'ordre de naissance l'avait privée du bandeau seigneurial alors que ses capacités la prédestinait au rôle. Il n'en fût rien. Le respect et l'admiration qu'ils se vouaient avaient ôté en eux toute ambition. En tout cas l'un envers l'autre.
° ° °
Jour 4 de la sixième ennéade, Karfias an 992 du Xe Cycle
Le roulis du navire avait donné une furieuse envie au vieux chambellan de se précipiter sur le pont et de rejeter dans la mer tout ce qu'il avait avalé le matin. Mais les regards moqueurs des marins présents le gênait déjà assez pour ne pas en plus leur donner une raison de s'esbaudir de l'incapacité des gens de terre à rester dignes une fois sur les flots. Balthazar eût toute la peine du monde à monter l'échelle qui menait au pont sans faillir. Les embruns marins lui fouettèrent le visage comme pour accueillir ce balourd dans ce monde qui n'était pas le sien. Se séchant les yeux avec la manche de sa tunique, il s'approcha du bastingage, s'y accouda et tenta de se concentrer sur les grandes vagues grises et leur écume blanchâtre. Finalement, il parvint à réprimer son envie de dégobiller carrément par-dessus bord. Il fallait dire que quelqu'un venait de le rejoindre dans sa contemplation maritime. L'intrus était un jeune homme, aux traits durs et indélicats mais qu'un charme et une aura particulière rendait étrangement fascinant. Ses cheveux noirs flottaient dans les bourrasques salées et il portait une barbe courte que les marins affectionnaient particulièrement.
- Messire, il n'est point agréable que vous me voyiez dans un tel état. Je pourrais d'ailleurs salir vos beaux habits.
Malgré l'amusement qu'avait voulu mettre le malade dans sa voix, on y sentait plutôt que l'homme aurait préféré être partout en Miradelphia pourvu que ce ne soit pas sur un bateau.
- Raimon de Tèrme n'a jamais honte de ses vieux amis, répondit le jeune homme avec un sourire. Même lorsque ceux-ci sont la risée de l'équipage...
Le chambellan jeta un regard inquiet autour de lui. Les marins semblaient affairés à maintenir le cap du navire, mais qui savait combien d'entre eux étaient en train de rire sous cape. Pour se rassurer, Balthazar imagina ces hommes en train d'essayer de maîtriser les usages de la Cour ou de la diplomatie comme lui savait le faire. Assurément, l'expérience serait catastrophique et il eut un petit rictus de satisfaction. Puis, il se retourna vers son interlocuteur.
- Malgré le déplaisir que j'éprouve à toute activité nautique, dit-il, je suis ravi de pouvoir assister à votre premier commandement naval, même si ce n'est qu'une escorte ordinaire. - Pas si ordinaire que cela, répondit Raimon. On nous a signalé des pirates sur le trajet, d'où mon insistance sur le fait que le voyage serait dangereux pour vous, mon ami. Mais votre opiniâtreté légendaire m'a laissé vaincu, comme toujours.
Il n'y avait aucun reproche et le ton était plutôt amusé. A vrai dire, le jeune homme s'était abandonné à son excellente humeur depuis que la lourde cogue avait levé l'ancre depuis le port d'Ydril. L'adolescence avait révélé chez lui un attrait irrépressible pour la mer bien que le château de La Portia ne soit pas côtier et depuis, il avait passé de longues journées et parfois de longues semaines à naviguer. Il était devenu un des meilleurs marins du comté (certains équipages parlaient même de lui comme le meilleur du duché) et il avait fini par demander gracieusement au Comte d'Ydril, son suzerain, de lui accorder le commandement d'un navire. Celui-ci avait accepté, ravi de voir qu'un de ses vassaux les plus importants se passionnait pour la navigation plutôt que pour les intrigues et les jeux de pouvoir. Désormais capitaine de la Furieuse, une galéasse de 180 marins, il avait été envoyé comme escorte de deux navires marchands avec deux autres vaisseaux de guerre au-delà de Tylère et des falaises de Tarègne.
Voyant le sire de Tèrme perdu dans sa contemplation de l'océan déchaîné, Balthazar se lança dans un tour du navire, observant le travail de chacun, tentant de s'imprégner de l'ambiance qui régnait sur le navire. Ici, quelques hommes s'échinaient à briquer le bois du pont non pas pour le confort des prestigieux invités qui se trouvaient à bord mais plutôt pour l'entretien essentiel du navire, forcément abîmé par les assauts des vagues et de l'air salé. Là, deux marins montaient aux cordages afin de régler la voilure et qu'elle ne se déchire pas sous la violence du vent qui poussait les embarcations. L'horizon était presque entièrement masqué par les autres éléments de la petite flotte. Mais soudain, quelque chose attire l'attention du vieil homme. Là, à quelques milles marins, on pouvait discerner sur le ciel gris la silhouette d'autres navires. Mais ceux-ci ont levé voiles noires. En se retournant pour prévenir Raimon, Balthazar voit que tous les hommes semblent bien avoir vu la menace qui pèse sur la flotte et une vague expression teintée d'inquiétude est visible sur leurs visages. En revanche, le capitaine arbore un étrange sourire. Le chambellan se demande ce qui peut bien rendre son ancien élève aussi confiant. Il comprend alors qu'il avait sûrement dû prévoir l'attaque depuis longtemps. Peut-être son plan était-il même prêt depuis que le navire avait quitté le port.
° ° °
Ce fût une des plus belles victoires contre les pirates que les navires du comté connurent. Malgré le fait que la peur me tenaillait durant toute l'action, je pus comprendre la stratégie qu'avait élaboré Raimon. La galéasse qu'il commandait était certes résistante et rapide mais la majorité de son équipage était dévolu au maniement des rames et au maintien de la voilure. Les deux autres navires de guerre, une caraque et une caravelle, avaient des caractéristiques qui recommandait un usage bien différent. Les navires pirates, au nombre de trois, s'étaient placés en rang serré afin d'interdire le passage de la flotte soltarii. Raimon fit mettre sa galéasse aux rames et à la voile, à vive allure vers la ligne de navires ennemis. La caravelle fut laissée proche des navires marchands. La diversion de la Furieuse permit à la caraque de mettre à l'eau ses barques afin que les hommes d'armes prennent d'assaut les navires pirates. Les forbans n'ayant pas l'entraînement des troupes de marine soltarii, ils furent rapidement vaincus et leurs navires confisqués.
Je crois que c'est à partir de cette réussite que Raimon gagna la confiance du comte d'Ydril, une confiance qui s'étendit même jusqu'au duc de Soltariel. Il fut peu à peu chargé de flottes plus conséquentes aux missions elles aussi plus importantes. Mais ce n'est qu'au printemps 999, après le rétablissement de la stabilité du Royaume par le roi Trystan, que Raimon fut nommé par le duc de Soltariel vice-amiral de ses forces navales.
Avec le XIe Cycle s'étendit sur le continent une ombre qui hante encore l'âme de nombreux d'entre nous. Le Voile modifia profondément les états d'esprit en Péninsule. Le culte de la Dame-Dieu, bien que chacun continuât de s'en réclamer, subit un discrédit majeur. Comment la protectrice du royaume avait-elle pu permettre une telle catastrophe ? La Maison de Tèrme subit dans sa chair même les événements inexplicables qui accompagnèrent le Voile. Raimon, Aliènor ainsi que leur mère se trouvaient en voyage dans le Médian lorsque le soleil se couvrit, annonçant une éclipse de plusieurs mois. Les rares éléments que je pus tirer du jeune seigneur furent que Aliènor se perdit dans les brumes des plaines pour ne jamais revenir, attirée irrémédiablement par les étranges lueurs qui étaient alors apparues. Je ne puis comprendre ce qui la poussa à agir ainsi et je pense que personne ne le saura jamais. L'esprit humain, la volonté de la Dame-Dieu : deux forces d'une comparable inexplicabilité. Dame Malia sombra dans la folie, dépérit et nous quitta quelques mois après la fin du Voile. Je crois que c'est à partir de ce jour que le seigneur Raimon, lorsqu'il perdit le pilier rassurant qu'avait toujours été Aliènor, qu'il acquit cette attitude cynique, froide, parfois sans pitié dans la manière de diriger la seigneurie. Personne n'aurait pu croire, et surtout pas moi, que le jeune homme au tempérament si calme et obéissant deviendrait cet homme certes parfois charmant (et charmeur) en société mais aussi si sévère dans l'exercice de son pouvoir. Il était resté juste et droit, mais d'une justice qui ne souffrait aucune sentimentalité d'aucune sorte.
Les temps de troubles sont souvent des occasions de s'élever pour les individus habités par le feu de l'ambition, une ambition parfois alimentée par l'intérêt général et le bonheur des peuples mais parfois aussi uniquement maintenue pour l'accomplissement de buts personnels. La seconde décennie du XIe Cycle bouleversa profondément la place de la Maison de Tèrme dans le paysage politique soltarii. Si la puissance de la seigneurie sylvaine était certes puissante au sein du Comté d'Ydril, elle n'avait jamais été incontournable. Les menées politiques d'Arichis d'Anoszia contre la régence et le roi convainquit le seigneur Raimon de l'impéritie de la duchesse Tibéria à mener le duché de Soltariel et il fut un des premiers à rejoindre les rangs des Vrais-Soltaris de Franco di Celini. Il y vit aussi un moyen de mettre un terme à la dynastie des Systolie qui avait prouvé son incapacité à défendre le comté lors de la Guerre des Deux Dragons menée par la duchesse Tibéria elle-même. Le ralliement rapide de Raimon aux Vrais-Soltaris lui offrit la confiance du duc di Celini qui accorda terres et revenus à la seigneurie et par la même une position influente au sein du Comté d'Ydril. Comme beaucoup de seigneurs de Soltariel, le seigneur de La Portia se sentit profondément trahi et humilié par la gestion du duché telle qu'elle fût menée par le nouveau couple ducal. Comme d'autres seigneurs qui avaient participé au mouvement des Vrais-Soltaris, il fit partie des nobles qui mirent en application la Magna Carta afin de mettre un terme au règne personnel de Franco di Celini et de la duchesse, devenue simple figurante. Toutefois, je dois bien avouer que la proximité initiale entre Raimon et le duc di Celini joua contre sa faveur après le procès de la duchesse Tiberia. Bien que le comté d'Ydril se retrouva vacant après le court règne d'Aléandra di Systolie, Raimon ne se vit pas accordé le titre, alors même que la seigneurie de Tarenia était devenue le territoire vassal le plus puissant du Comté. Ydril passa donc sous administration royale. Jusqu'à aujourd'hui.
° ° °
Verimios, premier mois d'été, an 18 du XIe Cycle
Plongé dans ses pensées, Raimon ne vit pas l'étrange petite tâche verte qui tranchait nettement sur les lourds rideaux d'étoffe rouge des quartiers des invités du palais de Peyredrac. C'était un phasme. Nul n'aurait pu savoir comment l'insecte protée aurait pu arriver ici, dans cette chambre nobiliaire où absolument rien ne rappelait les vastes forêts verdoyantes dont il devait venir. Et pourtant il était là, parfaitement immobile, comme le miroir de l'homme assis en face de lui qui ne le voyait pas. En réalité, ces deux êtres aux apparences si distinctes avaient plus en commun qu'ils ne le pensaient.
Les six années qui avaient passées depuis le procès de Tibéria Soltarii-Berontii et la montée sur le trône ducal de Félipé Cortès di Alcacio avaient été interminablement éprouvantes pour le seigneur de La Portia. D'abord mis en cause pour son ralliement à la cause de Franco di Celini, il avait dû donner toutes les garanties de sa loyauté au nouveau duc, peu sûr de la confiance qu'il pouvait accorder à celui qui avait déjà fait partie d'une révolte nobiliaire contre son suzerain. Nul doute que s'il n'avait pas fait partie des contestataires du pouvoir de di Celini par le moyen de la Magna Carta, Raimon aurait été destitué de son titre. Mais il avait persévéré. Ses coups d'éclats comme vice-amiral de la flotte Soltarii avaient pour le moins rétabli sa réputation ainsi que sa position dans le comté d'Ydril. Malgré le fait qu'il considéra le règne d'Aléandra di Systolie et d'Antioche d'Essenburg comme une erreur, la première pour sa jeunesse et le second pour sa méconnaissance d'Ydril, il ne rejoint nulle contestation ni complot contre eux. Finalement, après bien des années, il était parvenu à rentrer en grâce suffisante auprès du duc. Et ses efforts se concrétisaient aujourd"hui. Trois coups frappèrent sur la lourde porte de bois de la petite pièce.
- Messire, tout est prêt.
Lorsque Raimon ouvrit la porte, son page se tenait encore là, les yeux baissés, conscient de la solennité du moment. Autant pour son seigneur que pour lui. De Tèrme lui posa une main amicale sur l'épaule et, sans un mot, se dirigea vers la grande salle de Peyredrac. Il ne mit qu'une minute à y parvenir, mais le trajet lui sembla durer une heure. Il tentait de s'imaginer sur le siège comtal d'Ydril, de construire déjà dans son esprit tout ce qu'il voulait pour ces terres et leur peuple. Il n'y parvint pas. La tension était encore trop forte pour cela. Il pénétra finalement dans la grande salle. Là se tenaient tous les vassaux du comté, les dignitaires, les grands bourgeois des différentes villes. Il aperçut aussi Balthazar, presque au dernier rang derrière tous ces hommes en tuniques merveilleuses et ces femmes en robes à la soie plus légère que les eaux de la Tarenia. Son vieil ami et précepteur souriait, avec ce sourire d'enfant jovial qu'il avait toujours eu. Raimon entendit son page annoncer son nom et son titre. Il s'avança au milieu de la rangée de gardes. Au fond, sur une estrade de bois de cèdre, se tenaient le régent d'Ydril, Antioche d'Essenburg, ainsi que le duc de Soltariel en personne. Au contraire du régent, qui avait fait le choix d'un habit certes neuf mais tout-à-fait noir, Félipé Cortès avait fait le choix d'une longue tunique très richement brodée, dont les couleurs scintillaient sous la lumière du jour. Il ne faisait aucun doute qu'il avait souhaité affirmer son pouvoir par cet étalage de richesse. Raimon de Tèrme ne s'en agenouilla pas moins devant lui, avec toute la déférence que le protocole exigeait de lui.
- Par décret royal de notre souverain Bohémond et par sa voix, commença Essenburg, moi, Antioche d'Essenburg, envoyé de Sa Majesté et régent d'Ydril, je remets les terres et les biens détenues en ce comté par le pouvoir royal à leur juste suzerain, l'honorable duc Félipé Cortès, de la Maison di Alcacio.
Le duc s'inclina rapidement devant l'émissaire royal puis se tourna vers l'homme qui se tenait agenouillé devant lui. Durant un instant, une lueur d'hésitation passa dans ses yeux. Rien ne l'empêchait, hormis la convenance, de mettre immédiatement fin à la cérémonie et de remettre le Comté à un vassal au passé moins turbulent. Mais il ne pouvait et ne voulait plus reculer. Il avait appris à se fier, au moins partiellement, au seigneur Raimon. Et son refus tardif entraînerait la colère du roi ainsi que de ses vassaux.
- Moi, Félipé Cortès di Alcacio, je reconnais la noblesse, le courage et la sagesse de mon vassal et homme-lige, Raimon, seigneur de La Portia. En récompense de sa loyauté et de son service acharné, je lui remets en fief le comté d'Ydril et toutes les terres et biens qui y sont attachés. Que la Dame-Dieu bénisse son bras et son cœur dans la défense du duché et du royaume.
° ° °
Dernière édition par Raimon de Tèrme le Lun 19 Juil 2021 - 8:57, édité 2 fois
Raimon de Tèrme
Humain
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Sujet: Re: Raimon de Tèrme [Terminée] Lun 5 Juil 2021 - 21:56
La fiche est terminée ! Pardonnez-moi pour le retard mais j'ai eu quelques imprévus Je vous laisse disséquer tout ça de vos esprits acérés...
Lómion Ineinior
Modérateur
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Sujet: Re: Raimon de Tèrme [Terminée] Ven 9 Juil 2021 - 18:35
Bonsoir o/ Très jolie fiche, on sent que t'as potassé l'histoire du duché.
Avant la validation, juste une clarification. As-tu trouvé Tèrme sur le territoire d'Ydril ou est-ce une invention ? Si c'est une invention, je te propose plutôt de choisir une terre déjà nommée et placée sur la carte (puisque tu situes ta famille comme une lignée d'importance, c'est bien s'ils sont identifiables). Pas besoin de changer le nom de la lignée bien sûr.
Ci dessous une (vieille) carte où tu trouveras sans doute ton bonheur :
Je suis dispo sur Discord pour en parler si tu le souhaites o/
_________________
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Mira d'Or:
Raimon de Tèrme
Humain
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Sujet: Re: Raimon de Tèrme [Terminée] Dim 11 Juil 2021 - 12:57
Bonjour !
Merci pour votre retour, je voulais que la fiche colle au mieux avec le contexte mais je reviendrai sûrement sur le Discord pour m'enquérir de la situation actuelle :)
Effectivement j'ai inventé le nom de la seigneurie alors j'ai modifié dans la fiche les références à la seigneurie de Tèrme pour utiliser le nom de Tarenia ! Je garde de Tèrme seulement pour le nom de la Maison.
Lómion Ineinior
Modérateur
Nombre de messages : 364 Âge : 24 Date d'inscription : 30/11/2016
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Sujet: Re: Raimon de Tèrme [Terminée] Mar 20 Juil 2021 - 12:48
Pour le Comté d'Ydril, Raimon de Tèrme, Seigneur de La Portia ! Bienvenue en jeu o/
Code:
[Métier] : Comte d'Ydril, Vice-amiral de la flotte Soltarii
[Sexe] : Masculin & Humain
[Classe d'arme] : Corps-à-corps
[Alignement] : Loyal Neutre
Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur ! Journal de bord ~ Pour archiver tes liens de RP qui content l'histoire de ton personnage {Vivement conseillé}. Et enfin, si tu as des question, n'hésite surtout pas à demander l'aide d'un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet.