Possessions & Equipements : Deux épées courtes Une armure Un collier de pierres précieuses offert par son père à sa mère Une demeure à Alëandir qu’il a rempli de divers objets et souvenirs durant sa longue existence
Apparence :
D’abord sa taille. Brannor est grand avec ses deux mètres largement atteints. Son corps est souple et tout en longueur avec des épaules solides. Il a la silhouette d’un soldat qui a passé une bonne partie de sa vie à faire la guerre ou à s’y préparer. Il porte d’anciennes cicatrices dont celle laissée par une flèche à son épaule gauche, mais la plus vilaine est certainement celle qui traverse tout son torse. Souvenir d’un drow, il a de la chance d’être encore là pour en parler. Il a le pied léger et sait même danser bien que ce ne soit pas un passe-temps qu’il pratique régulièrement. Il a la fâcheuse habitude de marcher vite.
Toute sa vie, Brannor a eu les cheveux blonds, une couleur riche qui rappelait le blé mûr à la fin de l’été. Puis, suite à un événement qui le laissa le cœur brisé, ses cheveux ont commencer à blanchir. Aujourd'hui, il ne reste qu'un peu de blond à travers une chevelure argenté. Ça lui donne un air terne comme si la couleur l'avait abandonné. Il n’a jamais été particulièrement expressif. Il n’est guère souriant et est encore moins porté au rire, mais avec ce changement, il semble encore plus glacial et distant. La couleur de ses yeux n’a pas changé, évidemment. Ils étaient bleu clair avant et le sont toujours, mais ils semblent plus tranchants et bien loin d’avoir l’éclat espiègle de son enfance. Pour un elfe, un tel bouleversement a forcément une cause, mais Brannor refuse d’en parler. Seul Duinor s’en doute un peu, mais il n’a jamais réussi à tirer les vers du nez de son frère.
Côté vestimentaire, il a troqué l’armure pour des tenues amples aux tissus souples et légers. Les étoffes sont parmi les plus fines produites par les siens et pourtant il donne l’impression de toujours être un peu négligé. Cette impression est renforcée par sa chevelure qu’il a laissé pousser jusqu’à atteindre une longueur impressionnante.
Personnalité :
Plusieurs diront qu’il est pessimiste, voire même sarcastique, Brannor dira plutôt qu’il est réaliste et que si les gens trouvent la vérité insupportable, ils n’ont qu’à se perdre dans les récits de fiction où l’amour et le bien triomphent toujours. Après 850 années à errer dans ce monde, il y a bien peu de chose pour l’émouvoir encore au point d’en paraître insensible. Inutile de lui présenter votre nouveau-née pour qu’il s’extasie sur ces belles joues rondes, il en a vu tellement que pour lui tous les bébés se ressemblent. Inutile de lui faire remarquer la beauté des fleurs ni même la splendeur d’un ciel étoilé. Ce sont des choses qu’il a vues tellement souvent qu’il ne les voit plus. Elles font simplement partie de son quotidien au même titre qu’une cuillère ou un gobelet. Certes, ça ne veut pas dire qu’il n’a plus aucun respect pour l’oeuvre de Kÿria, c’est simplement qu’il a perdu sa capacité à s’émerveiller. Pourtant, Brannor n’a pas toujours été aussi désintéressé par le monde qui l’entoure. Enfant, il était curieux et même plutôt espiègle. Il posait beaucoup de questions à ses aînés. Quand on lui demandait les raisons de son intérêt, il affirmait simplement vouloir comprendre comment le monde fonctionnait. Il s’intéressait à tout, mais aimait particulièrement observer les artisans à l’œuvre. L’histoire était également un sujet qui le passionnait beaucoup et plus particulièrement les récits des grandes guerres et des combats importants qui jalonnent le passé des elfes et qui vont éventuellement le pousser à prendre lui-même les armes. En fait, tout ce qui pouvait avoir une influence sur le monde que ce soit à grande ou à petite échelle piquait sa curiosité.
Cette curiosité et son envie d’apprendre lui viennent de son père Eruben. Ce dernier a passé pratiquement toute sa vie à amasser des connaissances. Il disait que la vie n’avait plus aucun intérêt si l’on cessait d’apprendre. Il a transmis son amour du savoir à Brannor et si le père est à l’origine de nombreux traités d’histoire, le fils sera également l’auteur de quelques récits sur les guerres auxquelles il a participé. Ses écrits prennent la forme de journaux dans lesquelles il détaille les faits tels qu’il les a vécus en tant que simple soldat. Toutefois, c’est en vieillissant que son véritable intérêt se tourna vers la médecine. Enfant, il voulait comprendre comment le monde fonctionnait. Maintenant, il voulait connaître les secrets du corps. C’est peut-être ça qui contribua à le rendre aussi distant. Un elfe aussi pragmatique qu’il puisse être ne peut rester totalement insensible devant les souffrances et la mort de ses semblables, surtout s’il dévoue toute son énergie à tenter de les sauver...
Envers sa famille, Brannor fait preuve d’une extrême loyauté même si elle n’est pas tant manifeste aux yeux des principaux intéressés. Il a particulièrement à cœur le bonheur de sa jeune sœur Gaïliel qu’il a lui-même élevé après le décès de leurs parents. Malheureusement, le frère et la sœur possèdent des tempéraments entièrement opposés qui les ont peu à peu éloignés l’un de l’autre. De plus, les circonstances particulières de leur relation font en sorte que la jeune elfe ne le voit pas uniquement comme un frère, mais également comme un père, compliquant un peu plus les choses. Il aimerait réparer les pots cassés, mais Brannor est à un point où il ne sait plus comment s’y prendre et croit qu’il est peut-être préférable qu’il garde ses distances. Duinor, le cadet de la famille est le seul lien qui les unit encore, mais lui aussi semble vouloir se détacher de plus en plus de son aîné avec qui il était pourtant proche. Brannor est parfaitement conscient de ce qu’il risque de perdre. Malgré la guerre, les récits qu’il en fait et les vies qu’il a sauvées, il n’a pas l’impression d’avoir grand-chose dans sa vie et il se sent de plus en plus vieux. S’il ne trouve pas une solution rapidement, il risque de perdre pied définitivement et il sait très bien ce que ça signifie pour un elfe.
Capacités magiques : Aucune
Histoire
Laisser une trace dans l’histoire, voilà une chose à laquelle beaucoup d’entre nous aspirent. Quand je pense à mon père, il souhaitait que ses chroniques deviennent des incontournables dans les grandes librairies de notre peuple. Quant à ma mère, elle voulait que son art continu d’émerveiller les sente même longtemps après que ses os soient devenus poussière. Tous les deux ont eu des enfants pour que leur nom, leur mémoire et leur sang résistent au passage implacable des années. Et aujourd’hui, je prends la plume pour que ma propre mémoire ne soit pas oubliée. À l’image de mon père, j’ai moi-même rédigé de nombreux récits sur les guerres auxquelles j’ai participé. Je les ai écrits du point de vue d’un simple soldat, narrant les faits avec le plus grand souci du détail et sans laisser mes émotions obscurcir la vérité. Toutefois, quand je pense à ma vie, il m’apparaît impossible de ne pas parler de mon ressenti face à tous les événements qui l’ont jalonné. J’aimerais pouvoir dire que j’ai su garder la tête froide pendant les moments les plus critiques, mais ce serait un mensonge. Ces émotions sont aussi tangibles que n’importe lequel des objets en ma possession et j’ai ressenti certaines choses avec une telle intensité que j’en porte encore les marques aujourd’hui. Qu’on me pardonne si mes émotions déforment les faits tels qu’ils sont consignés dans les chroniques officielles, mais je n’écris pas ici l’histoire de mon peuple, mais le récit de mon existence.
Mon histoire débute avec celle de mes parents Eruben et Andriel. Je n’irais pas dans les détails de leur vie, car ce n’est pas mon but ici. Sachez simplement que mon père Eruben fut un soldat et érudit qui a voué son existence à la recherche au partage de ses connaissances et Andriel était une tisserande de talent qui a immortalisé sur de superbes tapisseries certains hauts faits de notre histoire. Plus d’une dizaine sont encore dispersées dans Alëandir à ce jour en plus de celles que j’ai toujours en ma possession.
Je suis né en l’an 167 du dixième cycle, soit 17 ans après le début du règne de Glorfindel. Naturellement, je ne garde aucun souvenir des premières années de ma vie. Je sais simplement que ce fut une période tourmentée pour les scientifiques parmi les nôtres à cause de l’obsession du nouveau roi pour la magie et le religieux. Je sais que mon père a également souffert à cette époque grâce aux journaux qu’il a laissés derrière, mais il n’était pas un elfe à causer des remous et n’a donc jamais vraiment attiré l’attention sur lui. Par conséquent, j’ai eu une enfance relativement paisible et protégée, peu intéressée que j’étais par les problèmes que vivaient les adultes. Mon attention était tournée vers autre chose. J’étais un enfant curieux avec toujours mille questions dans la tête. Mes premières leçons furent, évidemment, sur Kÿria et le respect de son œuvre. Ce sont des valeurs que j’intégrai facilement, car j’étais déjà un enfant plutôt contemplatif. Je voulais comprendre comment le monde autour de moi fonctionnait dans les moindres détails et je trouvais le travail des artisans particulièrement fascinant même si ,en vérité, il fallait bien peu de chose pour m’émerveiller. Je pouvais regarder ma mère tisser pendant des heures, mais curieusement, je n’ai jamais eu l’intérêt de le faire moi-même. Je n’avais pas une âme d’artiste. Je voulais simplement la regarder travailler et voir le fruit de son imagination se matérialiser sous ses doigts agiles. À mes yeux d’enfant, c’était de la magie au même titre que celle que Glorfindel recherchait tant. C’est mon père qui s’occupa de mes premières classes avec d’autres élèves sous sa responsabilité. Avec lui, j’ai appris les bases de la culture et de la tradition elfique. Il m’enseigna la lecture et l’écriture de même que l’histoire, les sciences naturelles, la religion et la théorie touchant la magie. J’ai détesté être le fils du maître. Mes camarades croyaient qu’il était moins pointilleux avec moi alors que c’était totalement faux. Ils n’avaient aucune idée de ce qui se passait dès qu’on était à la maison. Alors qu’ils étaient au repos, moi je devais encore travailler, car il voulait que j’excelle. Certes, ce ne fut pas si pénible, car j’aimais apprendre, mais j’aurais préféré que ce ne soit pas mon père qui m’enseigne. Je suppose que c’était une fierté pour lui que de transmettre son savoir à son propre fils.
J’avais 70 ans lorsque mon père jugea qu’il était temps pour moi de commencer à réfléchir à mon avenir. Les possibilités étaient multiples et pratiquement tout était à ma portée. Cela dit, la magie fut rapidement mise de côté, car j’y portais un intérêt assez limité. Ensuite, il s’avéra tout aussi évident que je n’étais pas non plus particulièrement doué pour les travaux manuels et que je n’avais pas hérité des talents artistiques de ma mère. Je pensais continuer sur la même voie de mon père lorsqu’un jour, je fus témoin d’un malheureux incident. Une jeune elfe d’environ mon âge fit une vilaine chute qui lui brisa une jambe. Un guérisseur de la cité vint aussitôt à son secours et, sous mes yeux, je le vis administrer les premiers soins à la blessée. Je me souviens de la fascination que j’éprouvai devant ses gestes précis et assurés. Une fois de plus, ma tête bourdonna d’une multitude de questions et je sus que c’était là ma voie. Plus tard, Galrod, le médecin qui soigna la jeune fille, devint mon maître et c’est avec lui que j’appris la médecine.
Lorsque j’atteignis enfin ma majorité, Glorfindel était toujours roi, mais il s’enfonçait de plus en plus dans son mysticisme. Cet épisode de notre histoire a largement été détaillé dans nos chroniques, alors je ne crois pas qu’il soit nécessaire pour moi d’entrer dans les détails. C’est mon histoire, pas celle du royaume, mais d’un autre côté, ces épisodes ont indéniablement eu un impact sur ma vie. Comme le reste de ma famille, j’observais la situation de loin. J’étais jeune et, j’ose dire, encore insouciant, mais je ne pouvais totalement ignorer ce qui se passait. L’incertitude planait et ce fut d’autant plus vrai lorsque l’épouse du roi s’enfuit du royaume, laissant derrière rumeurs et suppositions. Le règne du roi connut une fin abrupte lorsqu’il mourut dans des circonstances nébuleuses. Au même moment, une créature étrange et jamais vue jusqu’ici fut abattue dans les rues de la ville. Je n’ai pas pu le voir, mais Galrod m’en fit une description. C’était un être semblable à un elfe, mais aux dimensions démesurées. Sa musculature dépassait largement ce que l’on voit chez les elfes, mais le plus frappant était la couleur de sa peau. Elle était noire comme une nuit sans lune. On l’appela drow. C’était le premier de sa race à croiser notre route et, malheureusement, ce ne fut pas le dernier.
Je crois que c’est ce qui me motiva à prendre les armes, toute cette incertitude. Mon père était lui-même soldat. Il disait que quand on aime quelque chose, il faut le protéger et il aimait profondément cette terre et son histoire. J’intégrai donc l’académie militaire d’Alëandir où je devais y passer un siècle. Ça interférait avec ma formation de médecin, mais j’y voyais surtout le moyen de combiner deux choses qui me tenaient à cœur. Non seulement je participais à la défense du royaume, mais je pouvais aider mes camarades blessés au combat. J’aimerais bien pouvoir dire que dès le début, je me démarquai pour mon talent. Le maniement des armes présenta un défi bien plus grand que je ne l’avais imaginé et plus d’une fois je me couvris de ridicule. J’y rencontrai aussi des gens intéressants dont certains sont devenus des amis en quelque sorte. À la guerre, il est important d’entretenir un sentiment d’unité. Nous ne sommes pas seuls, nous faisons partie d’un groupe et pour vaincre l’ennemie, ce groupe doit rester soudé. C’est la base même de la guerre, aussi importante que les stratégies utilisées ou le nombre. Parmi toutes les personnes que j’ai rencontrées, il y en a une qui fut plus importante que toutes les autres. J’étais encore jeune à l’époque et il y avait encore beaucoup de choses que je ne comprenais pas. Même à ce jour, je ne peux pas dire avec certitude la nature exacte de notre relation et de mes sentiments, mais elle éveilla des choses en moi et me laissa des souvenirs doux-amers. Il s’appelait Adanthir.
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C’était une belle journée d’été. L’air était bon et chaud sur la peau comme une caresse. La forêt débordait de vie, égayée par le chant des oiseaux parmi les branchages. Deux elfes étaient étendus sur le tapis forestier. Leurs épaules se touchaient. L’un d’eux avait les yeux fermés, le visage baigné par un rayon de soleil. Le second regardait le feuillage des arbres caressé par la brise.
« Nous devrions retourner à l’académie avant d’avoir des ennuis. » Souffla Brannor qui ouvrit finalement les yeux et tourna la tête pour regarder Adanthir.
« De nous deux, tu es de loin le plus raisonnable. »
« Je n’ai pas le choix, je suis un grand frère maintenant. »
« C’est vrai! Tu dois donner l’exemple. »
« Exactement. »
Brannor se redressa. En toute honnêteté, même s’il savait qu’il devait rentrer, il n’en avait pas du tout envie. La journée était magnifique et il aimait passer du temps en tête à tête avec Adanthir. Son influence sur lui était discutable, mais il n’était pas un mauvais elfe. Il était drôle et avait ce côté frondeur que Brannor n’avait pas.
« Tes cheveux sont tellement longs. Tu n’as pas peur qu’ils tombent dans les plaies de tes patients quand tu leur jour dans les entrailles? » Lui fit remarquer Adanthir alors qu’il en prenait une mèche et l’entortillait autour de son index.
« Déjà, je ne joue pas dans les entrailles des gens. Une blessure aussi sévère nécessite l’intervention d’un mage. On m’a fait remarquer que je devrais sans doute les couper.»
« Tu vas le faire? »
« J’aime les avoir… longs. »
« De ta part, c’est un véritable acte de rébellion. »
« Ne sois pas ridicule... »
Adanthir ricana et Brannor roula les yeux.
« Dis-moi… On s’entend pour dire que tu es un intellectuel pur et dur alors que moi je supporte à peine la vue d’un livre. »
« Tu devrais lire, ça élargirait tes horizons et je t’assure que ça ne va pas te tuer. »
« Peut-être, mais je préfère ne pas courir le risque. Donc, tu es un intellectuel qui aime lire et qui connaît forcément beaucoup de choses. En tout cas, plus que moi. Alors, dans tes lectures, est-ce que tu es déjà tombé sur quelque chose à propos de l’amour? »
« C’est une drôle de question, même venant de toi! »
« Merci, je vais le prendre comme un compliment, mais je suis sérieux. Sais-tu… quelque chose? »
Brannor fronça les sourcils et réfléchit pendant un moment.
« Honnêtement, je ne sais pas. C’est plutôt commun que si dans un couple, l’un des partenaires décède, le second meure peu après emporté par son chagrin. »
« Ce n’est pas une perspective très joyeuse… Tu n’as rien d’autre? »
« Je ne me suis pas vraiment penché sur la question. Pourquoi souhaites-tu savoir? »
« Parce que... »
« Tu penses être amoureux de quelqu’un? Qui c’est? »
Brannor était vraiment curieux de savoir, car il passait beaucoup de temps avec Adanthir, mais ne l’avait jamais vu traîné avec l’une des filles de l’Académie plus spécifiquement. Ça pouvait être n’importe qui.
« Je ne sais pas, c’est pour ça que je demande... »
« Je ne suis pas tellement mieux placé pour t’aider… Tu as essayé de demander à tes parents? »
« Ce n’est pas le genre de chose que je me vois demander à mon père ou à ma mère. »
« Désolé… Bon, nous devons vraiment y aller. »
Brannor se releva, incapable de chasser le sentiment de malaise qui grandissait en lui. Il sentait la frustration chez Adanthir, mais il ne comprenait pas l’origine de son agacement. Il aurait pu poser n’importe laquelle question, il aurait sûrement trouvé quelque chose à dire, mais l’interroger sur l’amour? À ces yeux, c’était quelque chose qui prenait du temps et qui était terrible. Si ça pouvait mener à la mort, il n’en pouvait pas être autrement.
« Attends, idiot. Tu as des trucs dans les cheveux. »
Adanthir se leva à son tour et rattrapa en quelques pas Brannor qui avait déjà commencé à s’éloigner de sa démarche rapide. Il se planta devant lui. Brannor était un peu plus grand que son ami, mais de deux ou trois centimètres à peine. Adanthir tendit la main pour prendre une feuille morte qui s’était prise dans les cheveux de son ami, l’effleurant au passage.
« Il ne faudrait pas vendre la mèche sur le fait qu’on a choisi de faire une sieste plutôt que d’étudier. Ça pourrait ruiner ta réputation d’élève modèle. »
« Tu as aussi quelque chose, attends. » Brannor enleva une brindille de la tête d’Adanthir et la jeta au sol. « Ni vu ni connu. »
Soudainement, Adanthir parut incertain et nerveux ce qui n’était pas du tout son genre. Brannor fronça les sourcils, mais avant qu’il n’ait pu placer un mot, les lèvres de son compagnon se posèrent sur les siennes. Le baiser ne dura que quelques secondes. En vérité, il fut si bref que Brannor comprit à peine ce qui se passait. Adanthir recula de pas, son expression passée de l’incertitude à la peur. Non, pas seulement de la peur, il était terrifié.
« Je suis désolé. » Balbutia-t-il. « Je ne sais pas… ce qui m’a pris. Pardonne-moi. »
Il ne lui laissa même pas le temps de répondre. Adanthir se détourna et prit les jambes à son cou.
« Adanthir! Attends! »
« Je suis désolé! » Répéta la voix qui s’éloignait de plus en plus parmi les arbres.
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Un baiser. Un seul baiser… C’était mon premier et il aurait dû me laisser un souvenir plus doux si Adanthir n’avait pas paniqué à ce point face à son initiative. Je comprends sa peur. Un mâle embrassant un autre mâle, ce n’est pas du tout une chose commune. Il craignait ma réaction, pourtant, ça ne m’a pas du tout dérangé. J’aurais aimé pouvoir lui dire et j’ai essayé, mais il ne m’a jamais laissé l’approcher par la suite. À notre retour à l’Académie, nous avons été punis pour notre insouciance. J’ai tenté de lui parler, mais il refusait de me dire autre chose que des excuses. Sa détresse était visible et ça me peinait de le voir ainsi, de voir mon ami insouciant se replier sur lui-même et regretter quelque chose qu’il désirait sans doute depuis un certain temps. Ce n'est pourtant pas mal vu parmi les notre, mais peut-être qu'il avait simplement du mal à l'accepter pour lui-même... Lorsque notre formation fut terminée, il quitta Alëandir et je ne devais jamais plus le revoir.
Après l’Académie, plusieurs siècles se sont écoulés sans qu’aucun incident notable ne se produise. Je menais une vie paisible entre mes occupations de médecin, l’armée et les occasionnels voyages avec mon père. J’en ai profité pour visiter d’autres citées elfiques et élargir mes horizons autrement qu’à travers mes lectures. C’était une belle période. Éventuellement, Galrod jugea ma formation complétée ce qui faisait de moi un guérisseur à part entière. En réalité, une formation n’est jamais vraiment terminée, mais mon maître n’était plus toujours penché sur mon épaule chaque fois que je soignais quelqu’un. Lorsqu’il avait devant lui un cas compliqué, il me faisait venir pour que je l’assiste. Mon frère vieillit et cessa éventuellement d’être un enfant turbulent pour devenir un adulte plus ou moins fréquentable. Il intégra lui aussi l’académie militaire pour aboutir dans la même section que moi. J’ose dire qu’il est le seul véritable soldat dans la famille. Il n’est ni un intellectuel ni un artiste, mais il est très doué pour tout ce qui touche les armes. Il a ça dans le sang. Nos personnalités ne se sont pas toujours très bien accordées, mais nous avons toujours fini par nous retrouver. Et en 690, à la grande surprise de tout le monde, notre mère donna naissance à une petite fille. Une véritable bénédiction pour notre maison, mais qui coïncida aussi avec le début d’une longue succession de tragédies.
En l’an 700, les drows revinrent. Le tout débuta par un mouvement de troupes près du lac d’Uraal. Caranthir s’y rendit avec des hommes. Notre père en faisait partie. Le reste de l’armée ainsi que mon frère et moi devaient protéger la citée en leur absence. Nous nous pensions en sécurité jusqu’à ce qu’une armée ne vienne nous assiéger. Nous étions peu nombreux et ils avaient l’effet de surprise, mais ils venaient nous attaquer chez nous. Non seulement ils n’allaient pas prendre la cité, mais cet affront, ils le paieraient chèrement. J’étais terrifié, bien sûr. Même si on m’avait entraîné pour ça, je ne pouvais m’empêcher d’avoir peur pour ma vie, celle de mon frère, mais aussi notre mère qui se trouvait en ville avec notre sœur. Je n’ai pas pensé à notre père un seul instant durant le combat. En fait, j’étais convaincu que peu importe où il se trouvait, il était en sécurité. C’était évident que les drows avaient fait diversion pour attirer une partie de l’armée en dehors de la ville. Les hommes s’étaient rendus là-bas, n’avaient trouvé personne, mais reviendraient trop tard pour nous aider une fois le subterfuge découvert. Sauf qu’ils ne revinrent pas. Aucun d’eux, pas même Caranthir. Ils avaient tous été massacrés dans une embuscade. Les drows n’avaient pas réussi à prendre Alëandir, mais l’un des elfes les plus puissants tomba sous leurs armes de même que notre père.
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« Mère? Mère… Nous sommes là pour toi quoiqu’il arrive. »
Andriel ne réagit pas. Brannor et Duinor s’échangèrent un regard. Ni l’un ni l’autre n’avaient les mots justes pour réconforter leur mère. Eux aussi souffraient de la perte de leur père, mais ils avaient le devoir de continuer. Ils lui avaient eux-mêmes annoncé la mort d’Eruben et depuis, leur mère s’était enfermée dans un profond mutisme. Elle fixait la porte comme si elle espérait que son mari en franchisse le seuil à tout instant. Même Gaïliel ne disait pas un mot assis aux côtés de Duinor. Jamais dans cette demeure l’ambiance n’aura été aussi lourde.
« Bon, je vais te reconduire à ta chambre. Tu dois te reposer et je vais te faire préparer un tonifiant. Ça ira mieux demain... »
Brannor n’y croyait pas vraiment, mais il devait rester optimiste, car le contraire n’aiderait personne. Il passa un bras autour des épaules de sa mère et la guida jusqu’à la chambre à coucher. Il l’aida à s’étendre et la borda.
« Tout ira bien, ne t’inquiète pas. »
Deux jours plus tard, Andriel était morte, emportée par le chagrin. Elle laissait derrière ses trois enfants, dont sa petite fille d’à peine 10 ans.
« Qu’allons-nous faire maintenant? » Duinor regarda Brannor assis face à lui. Tous deux regardaient leur jeune sœur s’amuser avec ses jouets sans y mettre vraiment de coeur. Elle était trop jeune pour comprendre ce qui se passait, mais elle savait qu’il y avait quelque chose d’anormal.
« Je suis l’aîné de la famille, je vais m’occuper d’elle. »
« Tu ne peux pas prendre cette responsabilité tout seul. Avec l’armée et tes responsabilités de médecin… C’est beaucoup. »
« J’espère bien que non, mais je sais aussi que tu n’as pas forcément envie de vivre avec moi. Je vais donc garder Gaïliel avec moi et je compte sur toi pour me rendre visite à l’occasion. Je sais que ça ne sera pas facile, mais dans 10 ans elle sera assez vieille pour commencer ses classes. »
Duinor pinça les lèvres, mais acquiesça d’un signe de tête.
« Je vais revenir vivre ici. C’est plus grand et tous nos souvenirs sont ici. Je ne peux pas me résoudre à tout vider... »
« Le bureau de père... »
Brannor soupira.
« C’est étrange de penser qu’il ne sera plus jamais assis là. Savais-tu que mère était en train de travailler sur une nouvelle tapisserie? Elle ne sera jamais achevée… Je regrette de ne pas avoir pris la peine d’apprendre. J’aimais la regarder, mais je n’ai jamais essayé. »
« J’ai tenté, une fois. Je suis resté pas plus de cinq minutes et j’ai perdu patience. »
« Ça ne m’étonne pas vraiment de toi. Tu sais, père trouvait important que l’on partage notre savoir pour qu’il ne se perde pas. Si j’avais pris la peine d’essayer, peut-être que ce savoir-faire ne serait pas perdu aujourd’hui. »
« Tu ne peux pas tout savoir Brannor. Ne prends pas ce blâme sur tes épaules et puis elle n’est pas la seule tisserande. »
« Je sais, mais j’aurais aimé que ça reste dans la famille. »
« Peut-être que Gaïliel voudra apprendre de quelqu’un d’autre. »
«Ça ne sera pas pareil. »
« Tu es trop pointilleux. Mère n’est plus de ce monde tout comme notre père. Nous devons continuer et vivre avec le vide qu’ils laissent derrière et les regrets ne changeront rien à la situation. »
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Le décès de mes parents ramena en mémoire l’épisode dans la forêt entre Adanthir et moi. Il s’interrogeait sur l’amour. Lui-même entretenait des sentiments qu’il peinait à assumer. Je me rendais compte que j’approchais de ma 533e année sans n’avoir jamais développé de tels sentiments pour quelqu’un. J’avais eu beaucoup d’affection pour Adanthir, mais sa fuite n’avait pas permis aux choses d’aller plus loin. Par la suite, je n’avais tout simplement pas fait l’effort de me lier à quelqu’un. J’étais content de ma vie telle qu’elle était. J’avais la médecine, l’armée et ma famille. Je n’avais besoin de rien d’autre. Toutefois, avec la disparition de mes parents et Duinor qui menait maintenant sa vie de son côté, je sentis ce besoin grandir en moi. Le problème c’est que je n’avais aucune idée de comment m’y prendre. Je n’avais jamais été doué pour garder des amis près de moi...
La vie reprit son court et si l’envie de fonder ma propre famille germait dans mon esprit, j’en eus rapidement plein les bras avec ma propre sœur. Elle était une enfant intelligente, espiègle, particulièrement têtue et tout à fait charmante. Je crains de ne pas avoir fait preuve d’autant d’autorité que j’aurais due, mais j’ai fait tout mon possible pour lui inculquer les valeurs de notre peuple, en particulier l’amour et le respect pour Kÿria. C’était un double rôle difficile à remplir, celui d’agir comme un père, mais être aussi son frère. Je ne pouvais que constater que la présence d’une mère lui manquait.
On m’a déjà dit un jour que c’est quand on s’y attend le moins que ce genre de chose arrive. J’ai envie de dire que c’est vrai. La journée avait commencé comme d’habitude. Les gens venaient à moi pour que je soigne leurs petites blessures. Généralement rien de bien grave jusqu’à ce que je vois ce jeune elfe venir à moi, un chiffon ensanglanté enroulé autour de sa main.
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Brannor vérifiait ses réserves de matériel. Le matin avait été occupé: quelques coupures, des foulures et ce qu’il soupçonnait être un poignet brisé. Il prenait des notes sur les soins prodigués lorsqu’un mouvement attira son attention. En levant les yeux, il vit une femme elfe venir vers lui. Elle avait une main enveloppée dans un tissu imbibé de sang. Elle avait le teint pâle, soit par la vue du sang ou par sa perte. Quelque chose chez elle le saisit et ce n’était pas sa blessure. Il lui fallut même quelques secondes avant d’enfin réagir.
« Que s’est-il passé? »
Il s’empressa d’aller remplir une bassine d’eau et fit signe à l’elfe de s’approcher. Il prit sa main blessée et retira délicatement le bandage improvisé.
« Je suis souffleuse de verre. J’ai été maladroite. J’ai trébuché et en tombant, j’ai renversé un vase et je me suis coupé sur les éclats. »
À première vue, c’était effectivement une vilaine coupure, pas de celles qu’on se fait simplement en nettoyant des éclats. Il la nettoya afin de mieux voir. Elle avait eu de la chance dans sa malchance. Aucun ligament ou tendon n’avait été coupé bien que ce ne soit pas passé loin.
« Un mage devra intervenir, non? »
« Pas pour cette fois. Ce n’est pas joli à regarder, mais vous allez vous en remettre. Je l’aurais envisagé si des tendons ou des nerfs avaient été coupés. Dans ce cas, je n’aurais pas été capable de la soigner sans que vous en perdiez une partie de ses fonctions. Cette fois, tout ce qu’il faut c’est un peu de fil et une aiguille. »
« Et ça va être douloureux? »
« Nettement moins que la coupure en elle-même. Je vais appliquer un onguent qui devait engourdir la douleur. »
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J’ai appris son nom seulement lorsqu’il fut le temps de retirer ses points. Valindra était non seulement jolie, mais elle était surtout intelligente, talentueuse et très douce. Elle avait aussi ce rire particulièrement contagieux qui m’arrachait quelques rares sourires. Selon Duinor, ça relevait de l’exploit. Sous les conseils astucieux de mon frère, je lui ai rendu visite quelques fois à son atelier. Notre relation devint de plus en plus sérieuse. Nous avons même fait un voyage ensemble jusqu’à Ardamir où se trouvent les meilleurs souffleurs de verre du royaume. J’aimais l’entendre parler de son art. Tout son visage s’illuminait. Il n’y a rien de plus attirant que les gens passionnés par ce qu’ils font. Toutefois, je voulais prendre mon temps et faire les choses correctement. J’avais le sentiment qu’une occasion pareille ne se représenterait plus et l’idée que ça puisse me filer entre les doigts me dévastait. Malheureusement, une succession rapide d’événements extraordinaires allaient me garder loin d’elle plus longtemps que prévu et la pousser peu à peu à s’éloigner de moi.
D’abord les Drows recommencèrent à faire des siennes et s’emparèrent de Fort Ellyrion. Ils auraient continué sans les bouleversements engendrés par le Voile. Nous savons tous que les changements de cycle sont marqués par une éclipse, mais cette fois, au lieu de durer quelques heures, elle s’étira sur tout un mois. Un mois entier plongé dans les ténèbres les plus complètes. Quand l’on fait face à une armée, on sait à peu près à quoi s’attendre. Il y a toujours des surprises, mais la guerre reste la guerre. Cette fois, personne n’avait d’explication. Plus surprenant encore, dans les ténèbres, L’Anaëh reprit vie. Depuis le coeur d’Alëandir, la magie se répandit, des racines montueuses labourèrent la terre et fendirent la pierre. Je faillis perdre ma demeure dans le processus alors que ses murs se couvrirent de lierres épais. C’était à la fois chaotique et magnifique. Je réussis à convaincre ma famille ainsi que Valindra de rester à Alëandir le temps que ça se calme sans savoir combien de temps ça prendrait. Quant à la symphonie… Je suis de ceux qui ne peuvent pas l’entendre, mais je sais qu’elle a une influence sur moi. Avec le Voile, j’ai l’impression qu’elle devint plus présente.
Le Voile dura 81 jours au bout desquelles on ne put que constater les dégâts. D’une part, la magie était maintenant plus forte que jamais, mais le prix fut lourd à payer. J’avoue qu’à ce point, je commençais à entretenir de sérieux doutes. Était-ce un message envoyé aux citadins pour quitter la ville et retourner à la forêt? Je n’étais pas le seul à entretenir ce genre de pensées, mais si je les gardais pour moi, d’autres se montraient nettement plus véhéments. Notre société était-elle en train de s’effondrer? Dans tous les cas, elle était en train de changer et je commençais à me demander où était ma place dans tout ça.
C’était peut-être à cause de cette confusion qui brouillait mon esprit que je ne vis pas les premiers signes que Valindra s’éloignait peu à peu de moi. Pour tenter d’échapper à ce malaise qui m’envahissait, je plongeai sans hésiter dans mes occupations de médecin. Ce ne fut pas tellement difficile de trouver quelque chose à faire. Rapidement, les problèmes commencèrent à s’accumuler, dont le retour des Drows qui profitèrent d’une distraction de notre part pour prendre Eraison. J’étais médecin, mais j’étais aussi soldat. J’aurais pu refuser d’y aller, personne ne m’en aurait empêché, mais je sentais que ma place était là-bas. Je ne pouvais tout simplement pas laisser mon frère rejoindre le front sud tout seul et mes talents de médecin seraient largement solicités. J’y vis l’horreur et la souffrance, mais j’assistai aussi au courage sans limites des miens prêt à tout pour arrêter l’envahisseur. Quand je revins à Alëandir, j’avais l’impression d’avoir vieilli de plusieurs siècles en l’espace de quelques mois seulement, mais j’étais maintenant décidé à demander la main de Valindra. Malheureusement, les choses ne se passèrent pas comme prévu. Elle refusa. Se faisant, elle me brisa le cœur, mais à sa défense, je lui avais brisé le sien en premier sans le savoir.
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Brannor tenait le coffret entre ses mains alors qu’il se dirigeait vers l’atelier de Valindra. Jamais il ne s’était senti aussi nerveux à l’idée de faire quelque chose, mais il était décidé. Il remettait ça depuis trop longtemps, prétextant que ce n’était jamais le bon moment. Il trouva l’artisane en train d’arranger les dernières pièces de verre fabriquées de ses mains. Plus le temps passait, plus son talent se raffinait. À ses yeux, elle égalait les plus grands du royaume. Brannor sourit lorsqu’elle se retourna. Elle semblait surprise de le trouver là.
« Brannor, tu es rentré du front? Tu vas bien? »
« Je vais bien, ne t’inquiète pas. J’avais quelque chose à faire d’important à faire ici. As-tu un peu de temps à me consacrer? J’aimerais te demander quelque chose. »
« Je crois, oui. Mon apprentie est partie chercher du matériel. Il lui faudra sans doute un peu de temps. »
« Très bien. Allons marcher. »
La citée n’avait plus le même visage qu’avant le Voile et les habitants qu’ils croisèrent affichaient tous un visage défait. Malgré leur victoire récente contre les Drows, ils portaient le deuil des lourdes pertes subies pendant les combats. Plusieurs parmi eux avaient perdu de la parenté ou des mais et même ceux qui avaient eu de la chance étaient tristes pour les autres.
« Est-ce aussi terrible qu’on le dit? » Souffla Valindra alors qu’ils marchaient côte à côte.
« Je le crains. La victoire a été acquise à un prix terrible. »
« Et Duinor va bien? »
« Il a été blessé pendant les combats, mais il va s’en remettre. Dès qu’il sera assez fort pour voyager, il va rentrer à Alëandir. »
Brannor continua à marcher jusqu’à atteindre un endroit un peu plus reculé où ils ne risquaient pas d’être dérangés. Il ne voulait pas non plus garder Valindra loin de son atelier trop longtemps.
« Valindra, j’ai quelque chose pour toi. C’est un bijou très précieux que les hommes de ma famille donnent à la femme qu’ils souhaitent avoir comme épouse. Mon grand-père et mon père l’ont fait avant moi. Aujourd’hui, c’est mon tour. »
Il ouvrit le coffret, dévoilant un magnifique collier fait de pierres précieuses. À la lueur du jour, les gemmes scintillaient. Il avait été fait par un bijoutier de talent et conservé avec soin depuis près de trois cycles. Toutes les femmes à qui on l’avait offert furent profondément aimées durant leur existence. Le regard de Valindra s’écarquilla à la vu du bijou. Troublée, elle recula d’un pas, portant une main à sa gorge.
« Tu es sérieux? »
« Bien sûr! Voilà longtemps que j’y pense, mais il y a eu tellement de choses récemment. Mais c’est terminé maintenant, je te suis entièrement dévoué Valindra. »
« Il y a toujours quelque chose, Brannor... »
« Valindra? »
« J’ai attendu très longtemps que tu te décides enfin et chaque fois que j’ai cru que le moment était venu, tu partais ou encore tu te plongeais tellement dans ton travail que tu ne voyais plus rien de ce qui se passait autour de toi. »
Brannor fronça les sourcils. Ce n’était pas censé se passer ainsi. Il n’avait pas du tout anticipé une telle réaction.
« Je sais, j’en suis conscient. J’ai voué ma vie à aider et protéger les autres que ce soit par la médecine ou par la guerre. Aujourd’hui, je suis là... »
« Mais il est trop tard! Brannor, regarde-toi. Je ne sais pas ce que tu as vu là-bas, mais la guerre a laissé sa marque sur toi. Tu te fais vieux… usé. Et… Il y a quelqu’un d’autre! Il ne m’a pas fait attendre... »
Valindra tourna les talons et s’éloigna au pas de course. Brannor la suivit des yeux jusqu’à ce qu’elle ait disparu. Il sentait quelque chose de froid se répandre en lui. Les paroles de l’elfe résonnaient à ses oreilles. Vieux… Il se faisait vieux. Il se sentait vieux, oui, mais pas à ce point. C’était de sa faute, il le savait. Il l’avait trop fait attendre. Se faisant, il lui avait brisé le cœur. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Le coffret lui glissa des mains. Il baissa les yeux juste à temps pour voir son contenu se déverser sur le sol.
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Par la suite, je me souviens vaguement d’être rentré chez moi. Je crois qu’il faisait nuit. Du coup, je suis allé me coucher en espérant que le malaise que je ressentais finisse par passer. Les jours s'écoulèrent, puis les ennéades. Sans réfléchir, je décidai d’abandonner toutes mes responsabilités. Je pensais savoir le mal qui me rongeait. J’allais mourir, autant m’y préparer. Je repoussai tous ceux qui tentaient de m’approcher, y compris ma propre famille et j’attendis. Toutefois, les années passèrent sans que la mort ne vienne me prendre.
Ça m’amène donc à aujourd’hui. Je suis bien vivant et c’est probablement l’orgueil qui m’a gardé en ce monde. Ma sœur ne me parle plus. Mon frère me parle à peine. Je ne sais pas comment m’y prendre afin de réparer ce qui a été fait. Je regrette cette époque où j’étais utile, où j’aidais les gens qui avaient le plus besoin de moi. Je veux être à nouveau médecin, peut-être même reprendre les armes également. Je sens encore le poids des années, mais j’ai appris à vivre avec, à l’accepter. Toutefois, je pense qu’avant de pouvoir reprendre ma vie, la première chose que j’ai à faire, c’est de sortir de cette demeure. Alors je pose maintenant ma plume sans savoir quand je la reprendrai.
HRP:
Dernière édition par Brannor le Mar 27 Avr 2021 - 22:05, édité 2 fois
Brannor
Elfe
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