Vapeur Thermal [PV Hilda aka Harald]

Lante, 4ème jour, 2eme énneade, Verimios, An 18 du XIe Cycle

Ce matin là, Bryn s'était levée tranquillement, pleine d'entrain et de gaieté. Lié depuis peu au meilleur des nains du royaume, et le non des moindre roi, elle coulait des jours heureux depuis quelques temps. Malgré sa charge de travail quotidien dans la gestion de son clan et de ses troupes, elle trouvait encore des moments pour s'occuper d'elle afin de ne pas virer folle. Il était important pour tout nains de souffler pour s'aérer l'esprit. La sortie qu'elle s'octroyait une fois par semaine, était d'aller dans les bains de Lantes.
Elle avait laissé le roi dormir dans son lit en s'éclipsant sans bruit pour partir à l'entrainement de ses troupes, dans un dernier baiser léger sur la joue barbu de son nain.
Bien que la rumeur mondiale était que les nains ne se lavait qu'une fois par an, Bryn avait une hygiène irréprochable. Elle se lavait quotidiennement et se baignait de manière hebdomadaire dans les thermes vaporeux de la ville.
Les lieux étaient spacieux, lumineux, accueillant et intimiste. Bien évidement, les bains étaient séparer pour les nains et les naines par des paravents de bois sculpté, permettant de conserver l'intimité pour chacun. L'établissement possédait aussi des petites alcôves dans lesquelles l'ont pouvait s'installer pour plus de tranquillité et d'intimité. Les pactes ne se faisaient pas seulement autour d'une bière dans une taverne ou un table de conseil, elle pouvait parfaitement se faire dans la simplicité d'une serviette autour de la taille.

La thane était venue sereinement après son entrainement matinale, les muscles tendues après l'effort, la transpiration de l'exercice collant à la peau. Certes elle les avait poussé dans leur retranchement, mais la guerre incertaine qui se profilait, était un prétexte suffisamment important pour motiver ses troupes. Son départ imminent pour Thanor avec Harald pressait les choses, elle les voulait prêt à toute éventualité.

Elle avait donner rendez vous à Hilda, la fille d'Harald. Elles n'avaient pas eu le temps de discuter depuis qu'elle les avait surprit quelques mois auparavant. Ou bien, la thane avait encore un peu honte de la manière dont elle les avait découvert. Elle était devenue sa belle mère, en plus d'être sa supérieur, mais la thane espérait devenir une amie plus que tout le reste. Son ambition n'était pas de remplacer la mère que les enfants d'Harald n'avait plus, mais d'être une naine sur laquelle ils pouvaient compter et non pas la marâtre acariâtre et voulant les occire comme certains compte de longue jambe dépeignaient les belles-mères.
S'attendait-elle à avoir cette conversation un jour? Pas du tout, elle ne s'attendait probablement pas à être lié à un nain un jour, ni même envisager une descendance pour elle. Cela n'avait jamais figuré dans ses priorités, ni même ses rêves d'avenir. Elle avait passé une vie dévoué à sa hache, son honneur et ses aventures. Si elle avait penser quelques secondes à une union, elle aurait pensé à un nain de son âge, sans enfant, pas au roi du Zagazorn avec déjà une progéniture.

Brynhild, enveloppé d'une serviette, assise sur un banc de bois dans une alcôve, transpirante, sourit en pensant à Harald. Il n'y avait décidément aucun âge pour sourire bêtement à la pensée de l'être aimé.

- Ah! Hilda! Ici!

*Bon, à toi de te lancer ma p'tite Bryn...*

S’il y avait bien une chose qu’Hilda n’arrivait point à encaisser, c’était les innombrables trajets réalisés entre Kirgan et le Brissalion. Depuis que son paternel avait reçu des responsabilités royales des pognes des poilus et des tresses de tout le Zagazorn, ce dernier avait dû quitter la loge clanique, avec une partie du clan Brise-Os. Rejoignant Kirgan, il siégeait sur le trône royal une bonne partie de l’année, régnant, décidant, écoutant, recevant les doléances et les plaintes, les propositions et les idées, et rendant les décisions qu’il devait prendre, en tant que Grand-Roi élu parmi les Dawis, par les Dawis, pour les Dawis.

Alors, Hilda faisait régulièrement les allers et retours. A Kirgan, elle aidait son paternel, apportait un regard féminin – avant que n’arrive celui de Brynhild – et un soutien inconditionnel, familial, clanique, à son royal de père. A Lante, elle assurait une sorte de liaison entre Harald, thane du clan, et la loge, où se trouvait toujours une bonne moitié dudit clan Brise-Os.

Alors, entre chaque mission, entre chaque chose à faire, Hilda prenait du bon temps. Elle adorait cuisiner, et la bonne cuisine – classique chez les nains en somme – et elle appréciait les entraînements militaires… Et les bains. Eh oui ! Les clichés ont la vie dure !

Entrant dans les thermes, une serviette autour de la taille, la jeune guerrière traça sa route avec une aisance remarquable. Elle allait toujours dans la même alcôve, sur le même banc, et elle avait prit l’habitude de s’y poser toute allongée, méditant dans la chaleur ambiante et l’eau thermale. Mais aujourd’hui, son chemin bifurqua légèrement…

« Ah ! Hilda ! Ici ! »

Souriant sincèrement, Hilda ne pu s’empêcher de revoir, l’espace d’une bribe, d’un instant, d’une fraction de seconde, cette fameuse soirée où elle avait surprit Brynhild et Harald dans leur plus simple appareil, drapés de la literie pour seuls habits, alors qu’ils avaient vraisemblablement profité d’une bonne journée, et d’une bonne nuit entre eux, dans la chaleur confortable d’un lit douillé.

« Baruk Brynhild ! » Point d’autres politesse, la liée de son paternel est effectivement de sa famille, mais les choses n’étaient point encore assez développées pour qu’un quelconque intimité puisse naître. Point encore. Hilda n’y était point renfermée, du moins, pas trop… « Toi aussi tu apprécies les thermes ? J’ai été très surprise que tu m’invites ici, mais, par Girdon, ce plaisir-là, je ne m’en lasserais jamais ! »

Et puis, elle prit place, gardant tout de même une petite distance. Autant par respect, que pour une certaine forme d’attente. L’attente du moment, de Brynhild, de la discussion.

Il fallait mettre les choses en place, la situation était gênante. Les choses entre le roi et elle s'était passé à la fois rapidement et lentement. Leur histoire s'était construite naturellement pendant qu'Harald était encore à Lantes, et leur relation épistolaire à son départ pour Kirgan, n'avait que œuvré à développé ce qui existait déjà. Quand Hilda les avait découvert, c'était le moment où eux même venait de s'avouer leur intérêt réel l'un envers l'autre. Hilda les avait certes attrapé dans une position ma foi forte intime, mais la rumeur aurait circuler par le personnel du château. Une thane rendant visite au roi dans sa chambre et n'en partant que le lendemain, le lit sans dessus dessous, il y avait suffisamment pour que les idées de jeunes bavettes et leur commérage entre elles, ouvert au aux oreilles indiscrète de dawis, pour que la rumeur s'étale en quelques jours dans les rues de Kirgan. "Le roi aurait une amante", "Une thane de Lantes a passé la nuit dans la chambre du roi", et autres clabaudage.
Dans un sens Brynhild était soulagée qu'Hilda l'apprenne de cette manière. Ce n'était plus une bavette, et cela lui évitait une réalité déformé part le bouche à oreille dawis.

- Baruk Hilda, et oui je suis d'accord avec toi, rien de plus plaisant qu'une sieste dans la torpeur d'une eau chaude!

La thane rigola en regardant sa belle-fille s'installer sur le banc en gardant une certaine distance. C'était bien normal après tout, elles n'avaient pas encore lié ce genre d'amitié entre elles. Les choses se feraient les unes après les autres, tout comme l'on apprends à marcher avant de courir.

- Je sais que le lieu n'est pas courant, mais en discutant avec ma belle-sœur, j'ai découvert que c'était le genre d'activité mère fille qu'elle apprécierait de faire. Se rendant compte de ce qu'elle venait de dire, la naine bafouilla. Par mère fille, j'entends.... enfin ce n'est pas que je veux prendre le rôle de ta mère... enfin je... Elle s'arrêta en fermant les yeux, aspira un grand bol d'air et expira lentement. Je n'ai pas vraiment connu ma mère et je n'ai jamais pu faire ce genre de chose avec elle. Je ne veux pas remplacer la tienne, mais j'aimerai sincèrement que l'on s'entende bien toute les deux.

Les dés étaient jeté sur la table, il était impossible de faire marche arrière. Brynhild était une guerrière, elle n'avait eut que peu d'exemple de douceur féminine à ses côtés. La caserne l'avait élevé, sa hache était sa plus fidèle amie, les barbus qu'elle avait côtoyé toute son enfance lui avaient apprit le levé de coude. Sa première réelle présence féminine et maternelle avait été sa belle-sœur à son retour au Zagazorn. Brynhild avait eut du mal au début à tant de gentillesse, de douceur, et de tendresse. Elle savait qu'elle mettrait du temps à construire une relation avec Hilda, que le chemin serait pavé d'embûche, mais elle voulait faire l'effort d'être une personne sur qui compter pour la jeune guerrière.

- Ce jour là, où tu nous as surprit... La thane rosit des joues quelques secondes. Ce n'était pas vraiment prévu, on... je ne voulais pas que vous l'appreniez de cette manière

Elle baissa les yeux vers le sol, jouant sur les lignes du marbres avec son orteil.

Hilda arqua un sourcil, puis deux, et ses yeux se firent plus ronds, plus grands et plus ouverts, alors que la surprise s’insinuait dans ses moindres cheveux, dans tout son être. Brynhild était plus âgée qu’elle ; elle était une des supérieurs des armées de Lante ; elle était la liée de son père. En tous ces points, Brynhild méritait le respect et la reconnaissance de son âge et de son mérite, de sa place et de sa stature, comme toujours dans la société Naine. Société méritocratique, société basée sur un culte dédié aux anciens.

Mais ces instants étaient bien différents de ce que Hilda avait connu. Oh, oui, elle avait eu une mère. Une mère douce et attentionnée, courageuse aussi, capable de faire face au tempérament fougueux de Harald, et à sa propension pour la violence, et la sévérité. La cruauté, il la gardait pour les combats, mais elle était bien là, sous son épaisse barbe. Alors, sa mère devait déployer des trésors de patience et de douceur, afin que Harald, alors capitaine d’infanterie lourde, puisse être un père et un lié, en lieu et place d’un chef et d’un combattant.

Elle hoquète un sourire, lorsqu’elle voit et entend Brynhild s’empêtrer les pinceaux dans la notion de belle-fille/belle-mère. L’instant est touchant, bien qu’inattendu. Inattendu, et… Touchant.

« Ma mère était douce, et elle était courageuse. Nous étions dans notre loge, nous nous entrainions à combattre et à nous défendre, tandis que ma mère faisait preuve de douceur et de patience. Il faut dire que gérer mon père était bien plus difficile qu’aujourd’hui ! » Dit-elle, un sourire pointant sur le coin de ses lèvres, avant de s’étirer et de finir dans un rire hoqueté et sincère. D’un simple geste du joufflu, Hilda se décala – se rapprochant de Brynhild d’à peine quelques millimètres – et elle s’installa, le dos contre le mur en marbre blanc, les gambettes tendues et la tête posée, les yeux fermés alors qu’elle cherchait autant la détente que la concentration. « Tu sais, de toute notre famille, j’ai toujours été la seule à vouloir voir mon père heureux dans les bras d’une autre tresse. Mes frères, eux, ne jurent que par lui. Par sa violence, par sa hardiesse. Mais toi et moi, nous sommes des tresses, des bavettes. On voit certaines choses avec plus de prismes que nos têtus de frères, de pères, ou de liés. Mais c’était très drôle et imprévu ! » Dit-elle enfin, un rire plutôt gras sonnant dans ces lieux humides à l’écho limpide. « Mon père va avoir besoin de toi… Jusqu’ici, c’est moi qui m’occupais de recueillir ses pensées, et ses doutes. Je… Je sais que tu as passé des années à te battre… Et pas que de ce côté de la frontière… » Ses yeux se réouvrent, et son visage se tourne vers Brynhild, comme pour souligner cette information qu’elle possède depuis plusieurs ennéades, et qui étonna Harald. « Mais je sais aussi ce que tu as fait aux Wandres, avec le Roi Hardrek. Ou à Molgrunn, avec mon père. Je sais que tu es une bavette du Zagazorn. J’ai… J’ai juste besoin de temps. La confiance ne s’acquiert pas facilement dans notre peuple, tu le sais… »

Elle avait beau être jeune, la guerrière avait été formée dans le régiment d’infanterie lourde de Lante, comme ses frères, comme son père avant elle. Elle avait donc de la force, aussi bien physique que morale, et elle avait beaucoup de choses à revendre… Notamment protéger son royal papa.

Les dawis ne s'exprimaient que très rarement sur leur sentiment, laissant les choses sortir au grand jour lorsque c'était utile et le camouflait le reste du temps. Savoir qu'un nain éprouvait certaines émotions à un moment donner était une preuve de confiance et d'intimité. Il n'était pas prohibié de les exposés, cela faisait seulement partit du privé, de notre jardin interne, celui qu'on ne montre qu'à peu. C'était le cas d'Harald avec sa première liée . Il n'avait que peu parler d'elle depuis le début de sa relation. Il l'évoquait, mais ne s'attardait pas plus que cela sur ses souvenirs avec elle. Elle sentait bien qu'il conservait des sentiments pour cette dawis, mais comment aurait-il pu en être autrement. Ils s'étaient liés, et avaient eu trois enfants extraordinaires ensembles. Brynhild ne dirait jamais rien. La vie réservait des rencontres et des sentiments que seuls les dieux connaissaient. Elle s'était éprise d'Harald, mais il aurait pu s'agir d'un tout autres dawis qu'elle aurait aperçu à la forge en allant faire affuté ses haches, le visage luisant de transpiration dans la lumière du fourneau. Ou bien un palfrenier au détour d'une écurie pendant qu'il soignait un bélier.
Harald n'était qu'un dawis dont les dieux avait tissé l'existence avec une autre bavette auparavant et rien de cela n'était problématique pour la thane.

La description d'Hilda lui rappelait son propre souvenir maternel. Douceur, patience, tendresse, était les termes qui revenaient le plus souvent à l'évocation des naines, mais Brynhild s'en sentait si loin. C'était une peur qui naissait en elle que de ne pas être à la hauteur en tant que mère contrairement à son aspect guerrier.

La thane écoutait attentivement les paroles d'Hilda, la peur au ventre d'apprendre qu'elle n'accepterait pas sa présence, ou bien une autre raison qui ferait qu'elle ne l'apprécierait pas. Elle retenait son souffle, patiente de ce qui se déroulait et impatiente que son cas soit enfin traité. Hilda avait semblait-il bien prit la nouvelle de leur liaison, plutôt bien même semblait-il au vu du rire gras qu'elle émit et qui résonnait encore dans l'alcôve. Un poids s'envola du torse de Brynhild qui s'attendait à être accabler sans réel raison. Hilda exprimait sa joie de voir son père lié de nouveau, rappelant que son père avait besoin de structure et d'une tresse pour l'épaulé dans son quotidien.
Il était vrai que Brynhild, bien qu'elle le connaissait de Harald de loin, avait prit réelle conscience du futur roi dans les Wandres, en croisant son regard au milieu des flammes du village, les gouttes de sang tombant de sa barbe. Oui, Harald pouvait être violent, puissant et seul quelqu'un de caractère serait en mesure de lui tenir tête et de l'aider à sa tâche.

Cependant, les mais arrivent toujours à point nommé. Même si Brynhild commençait à croire que tout irait parfaitement, il fallut que cette vieille histoire ressorte. Il y allait avoir une discussion entre eux pour qu'elle lui parle de son passé.

- Tu sais, ma vie était difficile, j'avais besoin de partir. On fait des erreurs dans sa vie, le tout est de vivre avec et de continuer pour se rattraper... Tout n'est pas tout blanc ou tout noir, l'important est de vivre de la manière qui nous rends fière. Je reste fière de ce que j'ai accomplis malgré mes quelques erreurs.

Le visage de la thane s'était obscurcit. Elle savait qu'elle aurait encore beaucoup de chemin à parcourir pour avoir la confiance d'Hilda. Néanmoins, elle ne s'était pas attendu à devoir se justifier de son passé. Très peu de gens étaient au courant et c'était bien mieux comme cela. Les nains étaient têtus et rancunier, et se serait des plus compliqués si l'information parcourait le peuple...

- Je te laisserai le temps, je ne veux pas te brusquer, toi ou tes frères d'ailleurs, j'aspire à une bonne entente entre nous.

Hilda défendrait son père et s'était tout à son honneur. Brynhild l'admirait pour ça et espérait secrètement avoir une descendance similaire.

L’environnement était réellement propice à une discussion sincère, constructive et efficace. Après tout, il n’y avait pas de bruit. Il n’y avait pas de regards inquisiteurs ni d’oreilles indiscrètes. Il n’y avait que les pierres brûlantes produisant la vapeur d’une eau arrosée dessus. Il n’y avait que ce marbre blanc resplendissant, ces bancs et ces assises agréables, sur lesquelles l’on pouvait se prélasser en serviettes. Il y avait cette humidité ambiante mêlée d’un peu de transpiration, et d’une odeur iodée de l’eau ramenée des mers et des océans salés.

Mais la discussion en elle-même, revêtait un aspect à la fois bénéfique, et désagréable. Car oui, Brynhild avait fait des choix, et des erreurs. Elle avait décidé de partir pour d’autres frontières, pour faire ce qu’elle savait faire de mieux.

Mais les enjeux du royaume, fut un temps, demandèrent à ce que tous les Nains reviennent en leurs terres ancestrales. L’avait-elle fait ? Effectivement oui. Aux temps opportuns ? Trop tard ? Rien n’est moins sûr, du moins, dans l’esprit de certains. Toujours est-il qu’aujourd’hui, elle était thane d’un clan du Zagazorn. Elle était la liée de l’actuel Grand-Roi. Elle était d’ailleurs la future tête des armées de Lante, cela se profilait bien. Mais elle devait mener un combat plus intérieur : sa belle-famille devait l’accepter.

« Je n’ai pas beaucoup de connaissances sur les mœurs et usages de ces Umgis. Je sais ce que le Mogakron en dit, je sais ce que m’on père en pense, ce que m’on grand-père en pensait avant lui. Ce sont des êtres méprisables, imparfaits, incultes, avilis. Ils ne méritent rien, sinon que l’on prenne leur or, voilà ce que mon père en pense, peu ou prou. » Dit-elle à sa belle-mère, tentant d’établir un point peut-être plus difficile à comprendre ensuite. « Je crois savoir que chez eux, les femelles n’ont aucune importance. Elles ne sont point égales à leurs mâles. Chez nous, c’est l’inverse. Encore plus depuis l’Ire du Père. » Commença-t-elle. « Nous, les bavettes du Zagazorn, avons une mission sacrée : nous devons donner des fils et des filles, et nous devons élever notre royaume. Je suis une bavette, et je sais que tout ce que nous avons sur nos épaules, peut être trop pour une seule tresse. Je ne te juge pas, Brynhild. » Précisa-t-elle, offrant un sourire à Brynhild. « Mais ce n’est pas le cas de mes frères, surtout Thorald. Tu devrais le voir, les anciens disent qu’il est le portrait craché de mon père, à son âge. Il déteste les Umgis mais il déteste également les Nains qui n’ont pas retrouvé le Zagazorn lorsque feu Hardrek l’aura commandé, et ceux qui vivent chez les Umgis. Je te souhaites du courage, Brynhild, car il est aussi têtu qu’un bélier enragé, par Ikthor ! Moi, je veux juste que mon père puisse faire son devoir, avec ton aide. Je le protégerais, quoi qu’il en coûte. Et puis… J’adorerais avoir de nouveaux petits frères et petites sœurs… » Dit-elle finalement, en laissant ouvert une fenêtre bien plus optimiste que ce qu’elle venait de dire jusque là…

Brynhild était face à un dilemme de taille. Son esprit retraçait sa quête de liberté passé, la solitude qu'elle avait vécut, la stupidité des umgis. Elle était partit face à la pression que lui mettait son père, la colère qui bouillonnait en elle, ce sentiment d'injustice qui l'avait hanté des mois durant. Comment aurait-elle pu rester dans cette maison avec une énergie d'une telle négativité.
Les cris de son père résonnait encore dans son esprit embrumer par la vapeur. Le regard fixé dans l'eau, mais absent, elle revivait la scène de son départ.
Brynhild n'avait jamais été une mauvaise élève, elle apprenait vite et soutenait bon nombre de dawis de son clan. Un vrai tourbillon, elle exécutait les tâches de sa mère décéder, mais n'égala, certes, jamais le niveau culinaire de sa mère. Elle s'occupait de Leif quand il était au plus mal avec son handicape. Son père plaçait tout ses espoirs et ses attentes en elle. La jeune naine qu'elle était n'avait aucun répits, elle courrait du terrain d'entrainement, à la cours de leur loge pour continuer à s'entrainer tout en s'occupant du reste. La dureté de Sigmar ne se reportait que sur ses épaules, l'accablant à chaque obstacle.
Brynhild était épuisée, mentalement, physiquement. Le feu crépitait dans la cheminée du bureau. Sigmar la réprimandait depuis son fauteuil. Pourquoi? Brynhild ne s'en rappelait même plus. La voix du thane se faisait lointaine, comme un écho déjà dissiper dans le temps. Une seule phrase resta, suspendu dans le vide spatio-temporel. "Tout est de ta faute."
Comment cela pouvait être de sa faute? Sa mère n'était pas morte par sa faute, son frère avait eut un accident, elle s'efforçait au quotidien d'assumer le nom de Odomar. Elle n'était pas sa mère, tout du moins ce qu'elle en avait entendu. Elle lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, mais elle n'était pas la source de chaleur et de bonne heureux qu'était sa mère dans la vie de son père. Peut-être était-ce le réel problème. Chaque fois qu'il regardait sa fille, il voyait sa femme qu'il avait tant aimé, et son coeur brisé le rappelait à l'ordre.
"Tout est de ta faute."
Brynhild avait prit ses affaires au milieu de la nuit et était partit sans demander son reste. Il fallait qu'elle parte, pourquoi aurait-elle dû rester alors qu'elle était la cause des maux de son père. Elle respira pour la première fois en passant les portes de Lantes. Libérée de toute la pression qu'elle vivait au quotidien, mais elle ne savait où aller. Une autre cité naine était se confronter à la possibilité d'y rencontrer des connaissances de Sigmar, ce n'était pas envisageable. Aller dans un village? La seule chose qu'elle savait faire était se battre. Elle prit le sud, espérant savoir quoi faire avant d'atteindre la frontière, mais rien ne vint. elle avait fait tant d'effort pour en arrivée aussi loin, mais en fin de compte cela n'avait aucune importance, elle fallait qu'elle tombe pour tout perdre. Malgré la façon dont son père la traitait, agissant comme si elle n'était qu'une mannequin d'entraiment, elle se souvenait de toutes les fois où elle s'était battue. Elle avait mit tout sa confiance en son père pour qu'il la pousse à aller plus loin et tout ça pour rien.
Alors qu'elle passait la frontière, elle s'effondra sur la route, pleurant comme jamais elle n'avait pleuré auparavant, le cœur brisé, la peur au ventre et la honte au trousse. "Tout est de ta faute."

- Mon expérience des Umgis pourrait être un avantage un jour, chaque erreur est aussi une expérience. J'apprécierai cependant que cela ne s'ébruite pas plus que cela. Je ne désire pas créer de problème. Je suis là pour soutenir et aimer ton père, et un conflit familiale interne et une énergie perdue inutile en ce moment. La naine regarda sérieusement sa belle-fille dans les yeux. Je comprends ta position, ton envie de protéger ton père et c'est tout à ton honneur. Mais je suis là pour l'épauler dans les bonnes comme dans les mauvaises situations. Et je ferais mon possible pour qu'il en soit ainsi. La thane attrapa son outre d'eau et bu une gorgée et tendit celle-ci à Hilga au cas où elle en voudrait. Je vais y aller doucement avec Thorald, je ne veux pas le brusquer et je veux lui prouver qu'il peut avoir confiance en moi. Cela prendra du temps, mais j'ose espérer qu'il n'y aura pas trop d'hostilité. J'aurai aimé prendre le temps de vous connaitre tout les trois avant que l'on se lie avec Harald, mais sa position de Roi ne facilite pas tout... Brynhild sourit docilement en repensant à la dernière phrase qu'Hilga avait dites. Et comme ça tu veux des petites frères? Ma foi... c'est une question à discuter avec ton père, mais j'aimerais aussi. Dit-elle en rougissant, appréciant qu'elle accepte que son père refasse sa vie, et laissant une once de lumière à Brynhild.

La petite histoire de Sigmar Odomar et Mysbelle:

Les tresses du Zagazorn étaient peu nombreuses, moins que les poilus, les cognards et les barbes qui peuplent les vallées du Brissalion et les cités troglodytes des montagnes. Lorsqu’elles étaient entre-elles, une sorte de lien invisible, tacite, et pourtant indéfectible, naissait entre elles, reliant leurs cœurs, leurs pensées et leurs émotions. En bien des aspects, elles étaient bien plus fortes que les barbes du Zagazorn, et sans elles, rien ne pourrait tenir debout.

Ce lien était naissant entre Brynhild et Hilda. Naissant, balbutiant, mais présent. Et rien que pour cela, Brynhild et Hilda étaient déjà bien plus fortes que toute la fratrie, derrière leur royal paternel.

« Thorald est l’aîné… Et de ce fait, il a subit de plein fouet toutes les erreurs de mon père… Tu l’aurais connu, il y a 50 ans… Il était impétueux, stricte, sanguin, impulsif et violent. Un jour, que des Grobis faisaient une percée dans le Brissalion, et qu’ils étaient aux portes de Lante, j’ai vu mon père mener ses troupes à l’assaut de la colonie peaux-vertes. Ses cognards n’ont même pas pu le suivre dans sa débauche de violence… Il a massacré le quart des Grobis tout seul, démembrant leurs corps et décapitant leurs chefs, avant de tremper sa barbe dans les entrailles de ces créatures dignes de Varri. » Expliqua alors Brynhild, désireuse d’étayer un futur propos. « Il a changé, oui. Mais Thorald lui, a été forgé dans cet acier… Si un jour il vient à te confronter, tient lui tête. A part la guerre, il ne respecte que les tresses, et les anciens. Tient lui tête, colle-lui un gnon s’il le faut. Il n’en sera que plus respectueux ensuite. »

Un petit conseil, de belle-fille à belle-mère.

Brynhild ne pu s'empêcher d'éclater de rire, à tel point que quelques tresses se retournèrent pour voir d'où l'hilarité provenait. Les pauvres ne purent voir quel était la voie du bruit, compte tenu de l'épaisse fumé chaude qui englobait les lieux. Après tant de sérieux, il était difficile de rire à ce que Hilda venait de lui annoncer. Non pas que le tout soit drôle. La violence d'Harald n'était pas un fait nouveau pour la Thane, elle l'avait vu en action dans les Wandres. C'était une soif irascible de puissance et de sang qui coulait dans le sang de certains Dawis. C'était d'ailleurs étonnamment une des choses qui l'avait pousser à s'approcher de lui. Une passion, une flamme arborait son regard sur le champ de bataille. Thorald serait comme son père, et tout comme son père, il trouverait tresse à son image, enfin espérons le. Certaines limites sont importantes, et l'age apporte une sagesse que la jeunesse n'écoute guère. Les dawis avaient tendance à trouver un alter ego qui les canalisaient et les faisaient évoluer vers le bien, les adoucissant sur les choses essentiels de la vie.

- J'ai vu le regard de ton père au milieu des flammes des Wandres, je connais ses accomplissements. Un grand dawis prends ses risques qui parfois paie. L'issue détermine que l'on appelle le Héros ou bien le Fou. Un frisson lui parcourra l'échine jusqu'au bas des reins. Et ma foi, si une tape sur le museau le fait taire, je garderai en mémoire qu'un bras de fer suffira à le faire taire pour un temps.

La thane souriait en disant ça. Doutant sincèrement d'en arriver là un jour. Le plus jeune de la fratrie avait expérimenté la poigne de la naine durant quelques entrainements, Thorald lui n'en avait qu'entendu parler. Brynhild restait une guerrière dont le poste d'Ongaraz n'était qu'une formalité à venir. Elle saurait le mater en cas de besoin.

- Mais j'y pense... Tu as aussi ce potentiel en toi, j'avais un projet à soumettre à ton père et je suis sure que cela pourrait t'intéresser.

De drôles d’instants que ceux-ci, bien sûr. Hilda, conseillant sa belle-mère, nouvelle liée de son père, sur comment appréhender l’ainé de la fratrie Brise-Os. Un conseil qui, si Thorald était là pour l’entendre, ferait hurler de colère le fameux concerné, lequel aurait ensuite tôt fait de démentir, ou plutôt, de justifier sa réputation en éructant d’une sourde colère. Hilda connaissait bien son grand-frère ainé, qu’elle aimait sincèrement, mais qu’elle craignait aussi d’une certaine manière. Non pas que Thorald puisse sincèrement lui faire quoi que ce soit, ça non, la famille était sacrée. Et puis, il avait toujours protégé sa petite sœur. Non, elle craignait seulement ce caractère violent qui était si propre aux Brise-Os, ce caractère qui avait permit à ce clan de s’élever sur des piles de cadavres des différents ennemis du Zagazorn.

Oui, aucun doute là-dessus : s’il était là, Thorald aurait sans aucun doute laissé libre court à sa colère.

Jusqu’à-ce que Brynhild ne regarde Hilda avec une curiosité pratique, comme celle qu’un intéressé pose sur une sculpture, attendant que celle-ci ne lui livre une information, un rêve ou une idée quelconque. Au travers de ses pupilles, Hilda voyait bien que Brynhild avait une idée, un projet, qui lui tenait à cœur autant qu’il devait être novateur.

« Quelle est donc cette idée ? Je suis curieuse d’en apprendre plus ! »