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| [Elévation] Souffler la Vérité | |
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+4Gendry Adkin Louise de Fernel Griffon de Langehack Entité 8 participants | Auteur | Message |
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Entité
Modérateur
Nombre de messages : 1686 Âge : 824 Date d'inscription : 14/01/2008
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| Sujet: [Elévation] Souffler la Vérité Lun 23 Aoû 2021 - 18:01 | |
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Grand-Evènement de Diantra de l'an 19
Troisième jour de la Première ennéade de Karfias, An Dix-Neuf du Cycle XI, Cathédrale Sainte Deina, Diantra Eilia lâcha le tissu blanc de sa robe qu’elle avait trituré tout le long qu’avait duré son attente. Constatant que ses doigts empreints d’appréhension avaient froissé son vêtement d’adepte, elle s’appliqua hâtivement à lisser l’étoffe pour se rendre présentable. Elle ne pouvait gâcher l’élévation de la nouvelle Haute-Prêtresse par son angoisse. L’Intendant l’avait choisie, elle, au côté d’autres adeptes, pour porter la plume, le calice et le linge qui serviraient à la cérémonie à travers la grande allée de la cathédrale. La charge était lourde, au vu de l’importance de l’évènement, et elle ne voulait pas faire regretter au Père Hérold son choix. La jeune adepte de la DameDieu replaça derrière son oreille une mèche de cheveux blonds soigneusement peignée. Elle évita, un petit sourire contrit sur les lèvres, les regards envieux de ses aînées qui, elles, devraient se contenter des places dans les ailes transversales de la cathèdre alors qu’Eilia assisterait les Grands-Prêtres dans la solennité du cœur. Le regard de la Mère Bienveillante serait lourd à supporter, sous Son idole, mais elle tâcherait de s’en montrer digne. Derrière les épaisses colonnades qui bordaient le temple, les plus grands nobles du Royaume s’asseyaient en ce moment, rejoignant spontanément le siège qui seyait à leur rang. La Cathédrale Sainte-Deina bouillonnait d’une agitation peu commune, que l’on n’avait pas vue depuis l’élévation de la Haute-Prêtresse Irys. Conformément aux directives de sa prédécesseur, la nouvellement nommée avait demandé à ce que nul ne soit refoulé aux portes de sa cérémonie. Derrière les rangées d’assises réservées aux Pairs et à leurs vassaux se massaient donc les plus petits nobles et, encore plus arrière, jusqu’aux limites du parvis, les roturiers de la Capitale et d’ailleurs. L’effervescence donnait à ce jour de mi-été plus encore une atmosphère de fête. « – Ne craignez rien, ma chère Eilia, vous vous en sortirez bien. » L’Intendant Hérold posa sa main sur l’épaule de la jeune orpheline. Elle acquiesça roidement, un sursaut de stress rappelé dans sa poitrine par la sentence du prêtre. Elle se tint coite néanmoins, reconnaissante de son intention. « – Vous vous occuperez du calice. » Un dernier sourire éclairant sa directive, il tourna les talons et alla arranger les derniers détails avec les autres adeptes. Enfin, sur un geste mimé au dessus de son épaule, il enjoignit Eilia et ses deux consœurs à entrer en marche. La nef était pleine et silencieuse. Chacun s’était tu lorsque le Conclave des Grands-Prêtres et Prêtresse s’était installé sous la statue de la DameDieu, réclamant implicitement le calme cérémonieux qui convenait au moment. Une petite allée était ménagée au milieu des nobles courtisans, affublés de leurs beaux atours estivaux et colorés, comme il était de mode à Diantra en telle saison. L’arrivée des trois adeptes en robes opalines ceintes à la taille, portant les attributs de la Déesse-Mère, échancra le silence. La rumeur s’éteignit bien vite et le Haut-Prêtre se leva, engageant l’assemblée dans la mélopée des Neufs. « – En la Déesse tu auras foi, et ses conseils avisés tu suivras… » La foule l’accompagna. « – … non la condition tu jugeras, et tes bienfaits à tous tu prodigueras. » Eilia prit garde à ne pas tourner la tête lorsqu’elle dépassa la première rangée, devant le cœur, où se tenait certainement le Roy et son Conseil. Les recommandations de l’Intendant à ce sujet avait été claires et y déroger d’une œillade inconvenante et indiscrète lui aurait valu un sévère sermon. « – …l’Energie de la Déesse tu ne gaspilleras point. » Le silence revint, saluant l’arrivée de la nouvelle Haute-Prêtresse. Les attributs furent déposés sur l’autel et Eilia, délivrée de sa tâche, s’en fut rejoindre sa place sous l’effigie de la DameDieu. A l’invitation du Haut-Prêtre, la Grande-Prêtresse de Sainte-Berthilde s’avança et prêta serment, accepta l’ordonnance et la charge que le Conclave lui avait confié. La voix vibrante qui jeta un voile larmoyant dans les yeux de la jeune adepte, elle saisit le calice et la plume et entama la prière. Puisse le DameDieu lui accorder sagesse et discernement pour guider Ses enfants alors que les rumeurs de guerre n’étaient guère loin dans le Royaume réunifié. Le Haut-Prêtre l’avait proclamée. La nouvelle Voix était désignée. Tous s’étaient levés. Le point d’orgue de l’élévation s’étirait en un Silence solennel en l’honneur de Celle qui, à tous, leur donna la vie. En l’hommage de la Blessure de la DameDieu, chacun s’était tu. A quelque instant du relâchement qui marquerait la fin de la cérémonie, Eilia s’avança. Devançant la Haute-Prêtresse face à l’assemblée, elle étira les bras. Le murmure indigné des premiers à se rendre compte qu’ainsi, la jeune fille brisait impunément les codes d’un cérémoniel millénaire, se répandit jusqu’au parvis. Mais alors qu’elle ouvrait la bouche, le Vent siffla dans les plus hautes fenêtres de la cathèdre. De derrière le dos de l’orpheline s’épanouirent deux ailes vaporeuses, d’un blanc étincelant, qui illuminèrent la cathédrale de raies coruscantes. La voix de l’adepte, si grave que méconnaissable, résonna avec une force inédite jusqu’au dehors. « – Enfants de la DameDieu. Au premier rang, tous s’agenouillèrent d’un seul homme, imité dans une vague par le reste de la nef. Enfants de la DameDieu, sachez qu’Elle se réjouit de l’unité renouvelée de Son Royaume. Mais, qu’aujourd’hui, la Vérité soit restaurée. Le mensonge du Sectateur du Dragon ne saurait abuser plus longtemps Ses enfants. Car, profitant de la confusion qui agita le Royaume, le Traître laissa mourir l’Héritier Phiiram, digne et seul légataire de la couronne qu’Elle confia à ses ancêtres, et plaça son propre fils à sa place, brisant dès lors l’ordonnance divine.
Vous, Ses Enfants, ne sauraient être tenus responsables de son inqualifiable traitrise. Le fils ne saurait être jugé à l’aune des crimes de son père. Qu’il retrouve sa place auprès des siens et gouverne selon les lois ancestrales établies par Elle. La menace du Dragon pèse, le chaos s’étend dans son sillage. Qu’avant les dernières lueurs de l’automne, le véritable Phiiram soit retrouvé et reconnu, ou son Souffle, jusqu’alors préservé du Royaume des Morts, sera perdu. Que les preux désignés du Royaume se lancent à la recherche de son corps gardé des affres de la mort. Qu’à ses lèvres on porte le Divin Calice rempli à la Source du Garnaad et puisse, ainsi, l’ordre être retrouvé.
Enfants chéris de la DameDieu, puisse le Souffle vous guider vers l’unité. » Alors que s’éteignait sa voix, le corps de la jeune adepte se mit à briller comme un soleil et disparut, ne laissant derrière qu’une colombe qui s’envola. Ne resta alors au sol qu’une plume au blanc d’ivoire de l’oiseau.
_________________ Ombre fugace Maître de ton destin -Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D. Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/
Dernière édition par Entité le Lun 11 Avr 2022 - 20:35, édité 2 fois |
| | | Griffon de Langehack
Humain
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| Sujet: Re: [Elévation] Souffler la Vérité Lun 23 Aoû 2021 - 21:27 | |
| « J’admets qu’il a des couilles, le gamin. » Gabriel se leva, remettant en place la manche de son pourpoint. « C’est pas des couilles. » Gronda Griffon en terminant sa coupe de vin qu’il posa sur la table des appartements qu’on lui avait alloué au palais royal pour son séjour à la capitale. « J’t’en fouterais moi, des sujets iréfléchis. Je devrais lui présenter officiellement mes excuses, à sa majesté Geoffroy, premier du nom, roi du cirque ! » « Du calme, tu vas quand même pas arriver en colère à la cérémonie quand même. » « Devrons-nous supporter le poids d’une guerre parce que quelques-uns n’ont pas su faire preuve de discernement ? » Poursuivit le marquis comme si le seigneur de Bone n’avait rien dit, singeant l’oesgardien, se raclant la gorge pour aller chercher un accent désagréable tout comme l’était celui du nord. « Je crois que j’aurais pu accepter la remarque de n’importe qui à la table mais pas lui, pas un oesgardien. On l’a supporté, le poids de leur foutue guerre à ces animaux du nord, quand ils se sont révoltés. »
Tirant sur son col, le langecin ajusta à son tour sa tenue faite pour l’occasion, qui aurait probablement permis d’acheter une petite armée ; il avait demandé le concours des plus grands artisans langecins pour rappeler à tous que Langehack restait la partie la plus raffinée du royaume et que son excellence en matière de textile restait la première parmi les hommes. Il se dirigea ensuite vers la porte, prenant une grande inspiration, il sortit et s’en alla à travers les couloirs vers la sortie du palais royal pour rejoindre Sainte Deina, ses vassaux s’élançant à sa suite. Une fois dans la rue, où attendaient le reste de la délégation langecine, Théodoric et Prudence, chacun entourés de leurs partisans, observèrent leur père monter à cheval avant de lui emboîter le pas. Le cadet s’approcha de Gabriel, qui avait laissé son seigneur ouvrir le chemin.
« Alors, il a décoléré? » Le seigneur de Bone se contenta de se racler la gorge et de lancer un coup d’œil au dos de Griffon, le regard du chevalier suivit rapidement et il put entendre le marquis grogner entre ses dents. « Et il a eu le toupet de parler d’honneur. »
Le cortège qui mena les nobles et leur entourage passèrent dans des rues bondées, et plus ils s’approchaient du haut temple et plus la foule se faisait dense. Contrairement à ce qu’il avait pensé au départ, il n’était pas mécontent, finalement, d’avoir remis à après la cérémonie, la distribution d’écus qu’il avait pensé faire à la populace de Diantra. Lorsqu’ils arrivèrent sur le parvis, tous mirent pied à terre et entrèrent, se signant alors qu’ils passaient l’arche d’entrée. Et puis chacun s’en alla à sa place désignée. Le marquis et ses enfants s’assirent aux premiers rangs, comme il seyait à leur statut, tandis que les autres s’installèrent derrière, d’abord les barons de Merval et Missède puis les autres, les châtelains et enfin et les chevaliers qui avaient la chance de posséder un titre de noblesse bien qu’ils n’aient pas forcément de terre à leurs noms. Enfin, dehors, les serviteurs et sergents d’arme attendaient, se pressant pour pouvoir épier quelques miettes de ce qui se passerait à l’intérieur.
Pour la première fois depuis près de vingt-quatre heures, les mots qui passèrent les lèvres de Griffon ne furent pas à propos de Geoffroy et, surtout, sa voix coléreuse se calmait au fils des phrases énoncées, récitées comme un mantra car c’était bel et bien ce que c’était, devenant plus solennelle, plus grave comme il seyait à l’instant.
Théodoric cru qu’il allait jurer lorsque son père aperçu la grande-prêtresse de Sainte-Berthilde se déplacer, il pouvait presque entendre ses pensées, maudissant Arcam qu’une nordienne accède à une telle dignité. Mais à son grand soulagement pas un souffle ne sortit de la bouche du seigneur langecin. Pas même lorsqu’il se leva avec le reste de la foule des nobles gens assemblés pour l’occasion. Pas même lorsqu’une adepte passa devant la nouvelle haute-prêtresse.
Et encore moins lorsque Néera prit la parole.
Toutefois il s’agenouilla, une vague de douleur remonta de son genou à cause d’un empressement qu’il n’avait pas pu modérer. De toute façon il n’avait pas envie de le modérer, cet empressement. Par réflexe il avait baissé la tête, son menton avait touché sa poitrine, mais alors que la DameDieu s’était mise à délivrer son message, le marquis avait relevé la tête ; ses yeux s’étaient plissés pour lutter contre la lumière vive des ailes qui étaient apparues dans le dos de l’adepte. Alors que ses yeux s’habituaient tant bien que mal, au fil du discours, à la lumière, ses oreilles, elles, avaient encore du mal à y croire. Il avait du mal à croire autant à ce qui était dit qu’à la présence divine ; que c’était réel et non une scène sortie d’il ne savait quel fantasme.
Alors que s’éteignait la voix, le langecin ferma les yeux, évitant sans doute un aveuglement des plus désagréable mais lorsqu’il les rouvrit, l’adepte n’était plus là, une colombe prenait un envol gracieux.
Avec un marquis toujours immobile, ce fut Théodoric qui bougea le premier, les yeux fixés sur l’oiseau, il se dirigea vers l’endroit où se tenait le vaisseau de la DameDieu quelques instants auparavant tandis que les battements d’ailes résonnaient. Il s’agenouilla alors devant la plume, des larmes roulaient le long de ses joues, n’osant la toucher il joignit ses mains en coupe et plongea son regard dans la statue de la Bienveillante, ses lèvres bougeant sans faire un son.
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| | | Louise de Fernel
Humain
Nombre de messages : 1064 Âge : 42 Date d'inscription : 09/02/2020
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| Sujet: Re: [Elévation] Souffler la Vérité Mar 24 Aoû 2021 - 11:43 | |
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Elle a pris place à l’endroit adéquat, dans la suite du Duc de Serramire, loin derrière les mieux nés et les plus titrés. Seule. Presque cachée par une colonne, pratiquement reléguée sur le côté de la nef au même niveau que les meubles et les guéridons chargés de fleurs, la châtelaine observe les puissants et les nantis là devant, tous occupés à discuter à voix basse. Personne ne lui parle, à elle. Sans doute que la mine dure et totalement fermée qu’elle affiche en ce moment n’incite guère aux confidences. Le dos droit, le teint encore plus pâle que d’ordinaire, les cheveux soigneusement coiffés sous cette simple tiare de métal martelé qu’elle porte souvent, Louise affiche les yeux rougis et les cernes d’une personne qui a très mal dormi. Une fois de plus. Le corps tout enveloppé de ces velours bleus bordés de fourrure blanche qui lui vont à ravir, elle ne dit rien. Parce qu’il n’y a strictement rien à dire aux Hommes. La rencontre d’hier était effrayante, de bien des façons, mais pas autant que sa conclusion et le geste totalement déplacé d’Athanase de Cley. Le sang de Louise a bouilli si fort en ses veines sous ce geste-là qu’il lui a fallu plusieurs minutes de solitude dans la salle du conseil vide de tout occupant pour retrouver son calme. Un calme apparent. Elle est dignement sortie du palais non sans imaginer, au passage, les plus atroces souffrances pour cet homme qu’elle aurait volontiers éventré sur place pour avoir été si déplacé envers elle. Quoiqu’il soit, ils sont là, les beaux sires de Péninsule. Elles sont présentes, les fines fleurs au sang bleu. Tous réunis en la cathédrale Sainte-Deina pour célébrer comme il se doit l’élévation de la nouvelle Hautre-Prêtresse de Néera. La rumeur s’éteint peu à peu la célébration commence par les prières habituelles, des prières qui revêtent une signification particulière pour la châtelaine. Tête baissée et les mains jointes, elle ferme les yeux, ne serait-ce que pour apaiser le brûlant manque de sommeil qui irrite ses prunelles. Au milieu de toutes ces paroles psalmodiées, les lèvres de Louise bougent elle aussi, répondant mécaniquement aux paroles prononcées. La Bienveillante… Elle l’a priée beaucoup, pas plus tard que la veille, pour lui demander de l’aide. Louise n’est pas bien certaine d’avoir été entendue mais elle a trouvé un petit réconfort en cette vision de la cathédrale qu’elle distinguait depuis son siège au conseil. C’est déjà bien mieux que rien, se dit-elle, alors que les rumeurs se taisent. Ici, au plus près d’Elle, sera-t-elle entendue ? Elle qui ne demande qu’un tout petit geste, quelque chose de concret, n’importe quoi, sera-t-elle entendue ? La châtelaine ne perçoit pas de suite le silence qui s’est emparé de toute l’assistance, sa tête est toujours baissée, ses mains sont toujours jointes, elle ne se rend compte de rien tant elle est absorbée par ses propres réflexions et prières silencieuses qui ne s’adressent qu’à la Bienveillante. Lorsque tout le monde se met debout, elle en fait de même, levant un regard totalement fatigué sur la nouvelle Haute-Prêtresse de Néera. En son esprit, elle ne peut s’empêcher de la comparer à la Haute-Prêtresse d’un tout autre culte, une Haute-Prêtresse qui lui est diamétralement opposée. Elle est déjà en train de songer à ce qui l’attend une fois en dehors de la cathédrale mais… -… !
L’éclat de lumière lui fait plisser les yeux. Louise en demeure figée sur place tandis que tout autour d’elle la rumeur agite la foule, un mouvement de stupeur également, un brouhaha qui ne parvient pas à cacher la voix qui résonne ni le vent qui souffle dans les travées. Louise pose ses deux mains sur sa bouche, les yeux agrandis par la surprise et l’effroi avant de poser un genou au sol, la tête humblement baissée. L’éclat de cette apparition lui brûle peut-être encore plus profondément les yeux que la fatigue mais elle n’en ressent rien. L’écho de cette voix grave résonne en elle plus sûrement que toutes celles qu’elle a jamais pu entendre. La DameDieu parle. Elle leur parle à tous et pour dire des choses si intenses que Louise en pose sa main sur sa poitrine pour être certaine qu’elle respire encore. L’énormité de cette nouvelle, tout ce qui en découle, est absolument indicible pour la Péninsule. Elle n’ose guère se relever, elle n’ose…pourtant elle lèvera la tête pour voir les ailes, la profusion de lumière, la plume tomber au sol. L’émotion est trop forte. La châtelaine pose ses longs doigts sur sa bouche, à nouveau. La voilà donc bientôt en route vers Kirgan afin de défendre avec ses simples mots, si on lui en laisse l’occasion, un royaume dont le chef est renié par la Déesse ? Louise a un regard pour le petit roi sans couronne. La position de cet enfant est totalement désastreuse…Elle qui se pensait seule découvre qu’il y a désormais bien plus esseulé qu'elle. Un immense élan de compassion se dirige vers lui. Que va-t-il advenir de cet enfant ? Quelles luttes vont se créer autour de lui ? Est-il seulement encore en sécurité ? Tout autour d’elle, les mouvements se font plus rapides. Elle seule demeure à genoux, comme au ralenti, parce qu’elle a entendu les mots qu’elle attendait depuis si longtemps. Des mots qui concernent tout autant le sans couronne que la châtelaine et qui l’étouffent d’émotion. « Le fils ne saurait être jugé à l’aune des crimes de son père. »
Ainsi, Néera a parlé. Ce qui est applicable à Bohémond l’est également à Louise. La Bienveillante ne tiendra pas compte de toutes les horreurs d’Elazar. Jamais. Elle est la fille unique d’un monstre, un assassin, un violeur d’enfants, un être malsain et pourtant elle ne sera pas jugée par la Bienveillante en fonction de cela mais en fonction de ses propres actes. Le poids qui entravait son cœur vient de s’envoler, elle est toujours au sol alors que tout le monde s’affaire à discuter, à extrapoler et à sortir. Elle, elle reste à terre, à sourire et à pleurer de joie. - Merci Bienveillante…
Ce sont les seuls mots que prononcera Louise avant de pleurer franchement, le visage caché dans ses mains. Elle s’en ira à Kirgan bien plus légère et bien plus apaisée qu’elle ne l’a été ces derniers mois.
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| | | Gendry Adkin
Humain
Nombre de messages : 42 Âge : 50 Date d'inscription : 19/12/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 20 ans Taille : 1m70 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: [Elévation] Souffler la Vérité Mar 24 Aoû 2021 - 19:08 | |
| Ce séjour n'est vraiment pas une sinécure pour notre ferronnier fernelois préféré (puisqu'unique). Lui qui déteste la foule et les voyages a été "invité" à suivre la damoiselle de Fernel dans la petite délégation qui est venue ici à Diantra pour les fêtes. S'il a supporté du mieux qu'il peut le voyage, depuis il vit un enfer. Et il n'a toujours pas trouvé l'occasion de voir un artisan ferronnier de la capitale, ne serait-ce que pour taper un peu du marteau. Par contre, il a eu le temps d'avoir des idées de meurtre, le tintamarre des musiciens lui étant insupportable. C'est un miracle qu'aucun acte de violence n'ait été commis. Heureusement, Gendry est plus sage que sanguin, ou plutôt il sait prendre sur lui sans se plaindre.
Aujourd'hui était un jour plus calme, a priori. L'élévation d'une nouvelle haute prêtresse est un événement et Gendry n'est pas différent des autres, il croit. Peut-être était-ce l'occasion pour lui d'assister à une cérémonie où le silence aurait été garanti au moins un certain temps et où les gens seraient restés calme pour ne pas s'attirer les foudres de la Bienveillante. Sauf que Gendry croit aux signes, et quand l'avant-veille une prêtresse sans titre lui rappelle que son masque laisse à penser qu'il est un adorateur d'Arcam, l'idée de se présenter masqué dans le lieu saint dédié à la Damedieu pourrait attirer sur lui les foudres divines, qu'il craint particulièrement, et l'hostilité des croyants et des prêtres, qu'il craint à peine moins, car il pense qu'il sera tué avant de finir sur le bûcher.
L'option de se présenter sans masque aurait pu être envisagée si effectivement le mi-masque qu'il porte n'était que décoratif, mais c'est pour lui une seconde peau, masquant les terribles cicatrices liées à un accident quand il était encore enfant. Son aspect terrifiant ne lui offre aucune occasion de passer inaperçu et suscitait, quand il était encore enfant et sans masque, le rejet, la peur ou pire encore, la pitié. Il a renoncé à toute vie sociale depuis, les relations sentimentales lui sont forcément interdites et il ne noue pas de liens amicaux. Maintenant qu'il commence à être quelqu'un quelque part, il ne va pas tout détruire juste pour se faire remarquer dans une Cathédrale le jour de l'élévation de la nouvelle Haute Prêtresse.
C'est pour cela qu'il y a un homme au moins, à Diantra, qui n'est pas dans la Cathédrale ou ses abords mais dans sa chambre, dans une auberge. Il restera le couronnement du gamin puis ils pourront rentrer à Fernel. Et lui pourra retrouver sa forge. Quelques jours d'attente, puis un voyage qui lui semblera forcément trop long, puis le retour à une vie normale. Les dieux ont autre chose à faire que le tourmenter encore, n'est-ce pas ? Que pourrait-il arriver ? Il y a bien des rumeurs concernant un problème avec les nains mais si les rumeurs sont fondées, va falloir en forger, des armes ou des pointes de flèche. Bref, aucune raison ne devrait le retenir, lui et la délégation ferneloise, loin de Fernel au delà des dates prévues. Et rien que pour cela, Gendry sourit. Ce qui est rare chez lui.
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| | | Lysandre Caervollen
Humain
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| Sujet: Re: [Elévation] Souffler la Vérité Mer 25 Aoû 2021 - 16:07 | |
| Ce début d'année s'avéra plus mouvementé que ne l'aurait voulu Lysandre. Le Gouverneur d'Olysséa avait peut-être été bien trop utopique pour penser que les choses se règleraient facilement. Le Conseil de la veille était d'une puérilité rare, bien trop rare pour que même Lysandre, après avoir fréquentées la Cour Royale pendant des années, ne puisse en être surpris. Le Royaume était en danger, et les Péninsulaires ne trouvaient rien d'autre à faire que de s'envoyer des piques, et se moquer des autres comme s'ils étaient immaculés de tout pêché. Mais cette douloureuse épreuve était passée, et rien de mieux que l'Élévation d'une nouvelle Haute-Prêtresse de Néera pour se tourner vers la seule entité qui ne s'abaisse pas à la stupidité et au mépris dès que l'occasion s'en fait ressentir.
Le Gouverneur Olysséen avait demandé à son épouse de s'occuper des tenues pour la cérémonie, craignant que le Conseil ne lui absorbe toute son énergie et son temps. Tout bon pentien ne pouvait ignorer un tel événement, et Lysandre ne désirait absolument pas que ses enfants manquent une telle cérémonie, même s'ils étaient très jeunes. Probablement encore trop jeunes pour comprendre le symbole. Néanmoins, ils pourraient s'imprégner de la forte spiritualité qui se dégagera d'une telle cérémonie. Et cela n'avait pas de prix. Un tel événement réunissait la Péninsule toute entière autour d'une figure bien plus importante que ces crétins qui jouaient au plus malin.
« Cesses donc de ressasser ta journée de la veille, Lysandre. » lui conseilla Muïrilessa d'une voix douce, alors qu'elle réajustait la tunique et le gilet de son mari. « Aujourd'hui, c'est censée être une bonne journée. Hm ? » « Cela fait déjà trois fois que tu me le répètes, tu sais ? » « Et je continuerai jusqu'à tant que tu te décides à m'écouter. »
Muïrilessa était plus jeune que Lysandre de plusieurs années, mais parfois (pour ne pas dire trop souvent), elle était bien plus sage, et surtout bien plus patiente que lui. Néera seule sait savait que ces deux traits étaient de réelles qualités lorsque l'on était un politicien. Lysandre ne pouvait qu'admettre que sa personnalité s'était calmée lorsqu'il avait quitté la Garde Royale pour devenir un délégué royal à Apreplaine, puis à Olysséa. L'heure de l'élévation approchait, et la famille Caervollen fut au complet au moment où Valentinien, le frère cadet de Lysandre, le rejoignit avant de prendre le chemin de Sainte-Deina. Tout Diantra était tourné sur cet événement, d'une importance capitale pour le Royaume. L'atmosphère divine de l'évènement se répandait jusqu'aux remparts, si ce n'est même aux prairies voisines. Absolument personne ne s'était osé à manquer une occasion pareille.
Bien qu'il fréquentait cette immense édifice depuis toujours, Lysandre n'avait pas souvenir d'avoir vu la Cathédrale Sainte-Deina aussi pleine de fidèles. Ceux-ci venaient certainement de tout horizon, quelle que soit leur terre d'origine. Pour ceux qui vivaient dans les cités les plus éloignées de la Capitale, il s'agissait probablement d'un pèlerinage. Certains nobles présents avaient certainement fait le voyage pour cette occasion avant tout. L'expression « un silence religieux » prenait ici tout son sens. Rien ni personne n'osait émettre le moindre son à l'approche de la Grande-Prêtresse de Sainte-Berthilde, choisie pour devenir la nouvelle Haute-Prêtresse de Néera. Pourtant, même un événement aussi important symboliquement ne laissait en rien présager ce qui allait se passer.
À travers la silhouette d'une adolescente insolente qui s'était tentée à bafouer les règles élémentaires de bienséance, quelque chose de réellement divin se manifesta. Des ailes d'un blanc pur et plus éblouissantes que le soleil lui-même jaillirent du dos de l'enfant. Sa voix ressemblait à celle d'une mère douce, mais éloquente et autoritaire. Une mère qui ne voulait que le bien de son enfant, qui lui inculquait les leçons les plus importantes pour sa vie avec la bienveillance de celle qui avait donné le Souffle à tous les hommes. Néera. Néera ou son incarnation incomplète, peu importe. Les yeux du gouverneur d'Olysséa brillèrent d'un éclat trop pâle comparé à la lumière qui jaillissait de l'apparition divine. Lysandre ne pouvait même pas à se résoudre à fermer les yeux, quitte à en pleurer, car il s'agissait d'un spectacle les plus extraordinaires qui lui ait été donné de voir depuis les Lumières Blanches qui avaient encerclé Diantra durant la Malenuit. Chaque mot prononcé par la Déesse réveilla en lui de douloureux souvenirs, ceux d'un Royaume en proie à la guerre civile, subissant carnage sur carnage. Pourtant, lorsque la Déesse parlait, il ne pouvait s'empêcher d'espérer. Le loyaliste qu'il était pensait déjà à cet usurpateur et l'infâme traître qui avait évincé le véritable Bohémond, le véritable héritier du trône. Et, si ce dernier reprenait ce qui lui revenait de droit par la grâce de Néera, la Couronne recouvrirait tout le prestige et le pouvoir dont il avait besoin pour tenir tête à ceux qui ne souhaitaient que son malheur. De Soltariel jusqu'à Oësgard, tous seraient contraint de ployer le genou devant lui, sinon de trahir la volonté de la DameDieu.
Puis, la voix s'éteignit, laissant place à une colombe s'envoler vers le plafond de la Cathédrale, sous les yeux ébahis des pentiens, des fidèles qui avaient assisté un événement d'une rareté exceptionnelle. Lysandre, son frère et son épouse avaient joints leurs mains en coupe, sans même s'en rendre compte. Un geste normal et machinal devant la DameDieu, qui plus est lorsqu'elle vous offrait l'honneur d'apparaître sous vos yeux. Ce spectacle les avaient complètement immobilisés, comme s'ils cherchaient toujours à se rendre compte de l'importance de ce qu'il venait de se passer. Pourtant, ils n'avaient que trop bien compris, et c'est sans regret que Lysandre en oublia le triste spectacle de la veille.
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
Nombre de messages : 57 Âge : 50 Date d'inscription : 19/04/2021
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 19 ans Taille : 1,50 mètres Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: [Elévation] Souffler la Vérité Dim 29 Aoû 2021 - 18:10 | |
| Il aurait pu rejoindre, là, dans les places qui commencent à devenir celles du fond, les autres nobles sans terre. Vu son gabarit famélique et sa petite taille, on ne l'y aurait sans doute pas remarqué, du moins tant que son visage n'affiche pas un de ces étranges rictus incontrôlables ou que son bras gauche refuse de lui obéir. Mais aujourd'hui est un bon jour, son corps ne le fait pas trop souffrir. Est-ce par modestie ou par désir de ne pas se faire remarquer de ceux qui par le passé ont déclaré son père Félon ? Toujours est-il qu'il a choisi de rester avec ses pairs, les vrais, à savoir les copistes de la bibliothèque royale. Ce sont des gens avec qui il se sent à l'aise, des gens qui le respectent pour ses qualités. C'est un érudit et un bon copiste, et c'est tout ce qu'ils lui demandent. Fils de félon, noble sans terre ou homme mal construit, ils s'en moquent et l'ont accepté tel qu'il est. Puis l'avantage, c'est qu'il peut avoir les commentaires de ses pairs.
- Non, ça ne peut pas être le Marquis de Langehack, il a dû être mis en geole dès son arrivée, a minima, après l'histoire avec les nains, le temps de dépatouiller l'aff... Ah, tu l'as déjà vu et c'est lui ?... Comme quoi, selon que vous serez puiss... Oui hein !
Cela l'amuse. Il se fiche un peu du sort du Marquis, il ne prend pas les décisions et n'a pas les tenants et aboutissants. Il est juste heureux de ne pas avoir parié sur le sort du grand Seigneur, il y aurait été de sa poche, pas vraiment pleine même si son boulot n'est pas si mal payé que cela. Il s'attendait à voir Adélina de Lourbier non loin des de Langehack et est surpris que non. Peut-être du côté des Alonnais ? Sauf qu'il ignore à quoi ils ressemblent et il se voit mal le demander. Que lui, le dernier Chtoll, s'intéresse à Alonna pourrait lui valoir les pires ennuis et même si l'esprit est à la fête, il ne faut pas tenter les Dieux. Surtout dans une cathédrale.
S'agenouiller et se relever est simple pour la plupart des gens, sauf pour les aînés aux douleurs articulaires ou souffrant de rhumatismes... et pour notre noble sans terre, qui, s'il parvient à le cacher, souffre d'une limitation de mouvements. Son bras gauche est le blocage le plus évident, il peut à peine le bouger, mais le reste de son corps demande de sacrés efforts, même les bons jours. Ce n'est pas par hasard qu'il étudie debout. Il est l'un des derniers à se redresser. Et sa tentative est un échec qui fait qu'il retombe à genou. Chance pour lui, s'imagine-t-il, un vent sifflant occupe les gens qui ne font pas attention à lui. Lui ne voit pas la scène qui se déroule, mais en entendant la Voix, il reste à genou, comme pétrifié, d'autant que tous les présents adoptent la même position. Et maintenant que la vue se dégage quelque peu pour lui, il voit. Il La voit, sans parvenir à y croire, dans un premier temps, avant de se rendre à l'évidence.
Lui qui était à la recherche de signes, en voici un plus qu'indiscutable. La Damedieu ordonne, Ses Enfants obéissent. Le faux roi, l'enfant Phiiram qu'il faut ressusciter, les preux désignés du royaume, il l'a entendu et en a rapidement mesuré les conséquences. Si par sa Voix elle a protégé Bohemond, innocent des fautes de ses Pères, il craint pour le Conseil royal, qui pourrait être accusé d'avoir soutenu le complot pour une parcelle de pouvoir. Mais s'en prendre au Conseil serait une mauvaise idée et il ne tient pas à être lié à une quelconque exaction, surtout si elle est commise ici. La lumière aveuglante l'oblige à baisser encore plus les yeux et à les fermer, craignant que la Divine ne cherche à le punir d'une faute dont il ignore tout. Mais tout redevient normal et à nouveau la vue lui est bouchée. La plume, la colombe, il ne les voit pas.
Mais de tout ce qui a été dit, il a surtout retenu ceci : "Vous, Ses Enfants, ne saurez être tenus responsable de son inqualifiable traitrise. Le fils ne saurait être jugé à l’aune des crimes de son père. Qu’il retrouve sa place auprès des siens et gouverne selon les lois ancestrales établies par Elle." Tout est devenu incroyablement clair et lumineux. Il se tourne vers ses pairs copistes.
- Faites préparer mon solde, la Damedieu a donné Ses ordres. Il est l'heure pour moi de répondre à Son appel. Puisse son Souffle tous nous guider, et vous aussi, car vous aurez de solides recherches à effectuer.
Il n'attend pas et quitte la Cathédrale parmi les premiers, ce qui est plus facile quand on a été placé dans le fond, donc tout près des portes, et se dirige vers son chez lui, d'un pas lent, car il est incapable de courir, mais mû d'une assurance qu'il n'a que rarement connue jusqu'ici. Il va probablement mettre sa vie en péril, mais quelle importance, puisque c'est Sa volonté, exprimée en Son lieu. Il n'a aucune raison d'avoir peur, même s'il devait en mourir.
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| | | Geoffroy d'Oësgard
Humain
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| Sujet: Re: [Elévation] Souffler la Vérité Mar 31 Aoû 2021 - 17:36 | |
| La grande cathédrale de Sainte Deina est sans aucun doute une merveille d'architecture, que je ne puis m'empêcher d'admirer alors que nous en approchons. Ses deux hautes tours qui encadrent son entrée, ses immenses fenêtres aux vitraux finement travaillés, ses gargouilles fièrement dressées... Toute cette magnificence vaut bien un instant de recueillement, alors que nous pénétrons tout juste le parvis bondé de monde. Fort heureusement, notre escorte éloigne tous ces manants de notre passage, gardant bien loin de nous les pauvres et les indigents. Il est exaltant, pour moi, d'avoir aujourd'hui la possibilité d'admirer, pour la première fois, la cathédrale Sainte-Deina. Cette merveille est à elle seule une raison, sinon la seule raison, qui vaut le coup d'avoir fait tout cet exténuant voyage jusqu'à la puante Diantra, capitale de ce royaume perverti.
A mon coté, Ansleubane paraît aussi admirative que je le suis. Evidemment, comment ne pas l'être devant une aussi belle demeure bâtie au nom de la Damedieu ? Parfois j'envie cette ingénue, cela doit être bien simple d'être une femme. Elle n'a pas eu à se coltiner cet simagrée de conseil, avec ces vieux serpents de conseillers royaux et ces tout aussi viciés Hauts Pairs, incapables de voir le visage d'Arcam lorsqu'il se présente devant eux. Oarg ! Qu'importe, aujourd'hui est un beau jour. Loin de ces fadaises du Sud, loin de cette politique ennuyant, aujourd'hui est un jour dédié à La Bienveillante. Un jour dédié, si l'on en crois les annonces des Grands Prêtres, à sa nouvelle Voix.
Pour l'occasion, je me suis paré de vêtements à l'élégance du Nord. Je porte un pourpoint rouge à larges crevées brodées d'or, ainsi qu'un pantalon assorti. Mon cou est rehaussé d'une collerette blanche immaculée, et mon chef est coiffé d'une toque également rouge et or, haussée de plumes de meriale sur son coté droit. Ansleubane a, quant à elle, choisi le bleu et le blanc comme couleurs, agrémentés de touches écarlates et or. Sa robe descend en cône depuis ses hanches, et une collerette de dentelles blanche entour sou cou d'une épaule à l'autre. Ses cheveux sont coiffés de deux tresses réunies à l'arrière, et sa tiare complète sa coiffe.
Nous pénétrons la cathédrale et traversons la nef, sans que je ne pose un regard sur ces manants placés à l'arrière. Pas plus que je daigne porter attention aux Suderons, ni même aux médianais des premiers rangs. C'est pourtant parmi ces rangs, au plus proche de l'autel, que nous prenons place. Aux cotés de nos voisins nordiens, cependant, et c'est bien là l'une des rares fois où il m'est agrée de me trouver avec ces félons répugnants. Encore que parmi eux se cachent très certainement d'honorables pentiens que je n'ais point encore eu la chance de rencontrer.
- En la Déesse tu auras foi, et ses conseils avisés tu suivras... Je répète avec conviction les psaumes de La Mère, prononcés par le Haut-Prêtre qui préside cette cérémonie. A le voir, d'ailleurs, je ne me souvenait pas qu'il eut été aussi vieux. A vrai dire, je ne me souviens pas l'avoir déjà vu. Quoi qu'il en soit, et malgré la lenteur que j'accorde à son grand âge, Sa Bienveillance mène cette cérémonie avec une ferveur qui ne peut être niée, et je me sens honoré d'y être présent. Vient alors, enfin, le moment de découvrir celle qui nos guidera au nom de la Damedieu, et c'est avec solennité que je me meut à l'instar de cette cathédrale qui fait silence. Quoi qu'un peu déçu que la Haute-Prêtresse eut été la Grande-Prêtresse de Sainte-Berthilde, fief de ce régent stupide et obtus, je me réjouis qu'il s'agisse tout de même d'une nordienne. Au moins nous évitons le pire : une sudéronne aurait à coup sûr dénaturé la parole de Néera.
Et alors que je laissait une prière silencieuse à la Déesse Mère pour qu'elle m'accorde sa bénédiction, elle m'entend. Mieux encore, elle me répond ! Quelle beauté que cette divine lumière éclairant son vaisseau ! Quelle clarté que cette voix magnifiquement cristalline, qui raisonne en ce lieux béni parmi tous ! Et plus encore, quel honneur que d'être témoin de sa manifestation, en ce lieu, en ce jour. Elle que ne s'était manifesté que dans mes songes, elle qui avait fait de mon oncle son champion en ce monde. Aujourd'hui, voilà que je suis choisi à mon tour. Car cela est une évidence, ma foi à été reconnue a Damedieu en personne, et elle m'a désigné comme celui qu'elle a choisi. C'est une évidence. Le roy élu, que l'on a laissé mourir. Le mensonge du sectateur du Dragon. L'héritier véritable. Le traître et sa félonie. Oui... C'est une évidence.
Et je rétablirais la vérité, car c'est Elle qui l'a demandé. Je mènerais sa quête. En son nom je rétablirait la vérité. Un sourire béat se dessine sur mon visage, et à la fois carnassier. Ah ! Ce royaume corrompu ! Le doute n'est désormais plus possible. C'est une évidence, oui. La Damedieu a parlé. Et moi, son fidèle serviteur, je l'ai entendu. Puisse le Souffle me guider sur la voie de la justice. Et puisse la colère d'Othar venger l'honneur bafoué.
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| | | Adélina
Ancien
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| Sujet: Re: [Elévation] Souffler la Vérité Sam 11 Sep 2021 - 19:12 | |
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La nuit fut difficile. Très difficile. Si ce n’était pas les innombrables scénarios des derniers événements qui la tenaient éveillée, c’était les cauchemars qui la réveillaient en sursaut ou en hurlant, tenant son ventre qui pourtant n’avait plus aucune trace de l’acier qui l’avait transpercé. Elle se souvenait encore de la douleur, de l’odeur âcre de son sang sur ses mains… Elle n’avait même pas le temps de reprendre son souffle que Clervie arrivait alors, tentant tant bien que mal de calmer la nordienne qui ne semblait pas tout à fait remise des épreuves qu’elle avait subies. Et qui aurait pu la blâmer? Elle était passée si près de perdre son souffle, cela remet définitivement votre façon de penser en cause. Au moins, le fait que son mari se trouve dans la même demeure qu’elle la rassura d’une certaine façon. Le matin arriva finalement alors que la dame de Lodiaker se regarda une nouvelle fois dans la glace, replaçant son corset finement brodé alors que Clervie replaçait doucement la soie de ses manches, dévoilant ses épaules fines. Adélina eut l’impression que cette couleur ne l’avantageait pas particulièrement aujourd’hui. Ses yeux creusés par la fatigue et son teint plus blanchâtre qu’à l’habitude étaient un pâle rappel de la journée d’hier. Elle secoua de nouveau ses cheveux, replaçant les fins bijoux que sa camériste avait placés avant de descendre rejoindre les trois hommes qui l’attendaient patiemment. Théodoric fut le premier à l’accueillir, lui qui devait se rendre rapidement au château pour rejoindre son père, pour, hélas, le dernier événement auquel il devrait participer en sa présence. Les alonnais, quant à eux, prirent rapidement la direction de Sainte-Deina.
Et ce fut au bout de quelques longues minutes de trajet qu’elle entra finalement dans Sainte-Deina. La cathédrale lui semblait toujours aussi accueillante, bien que beaucoup plus bondée que la veille. Son regard croisa celui de Théodoric, alors qu’il se dirigeait vers le premier rang, avant que l’alonnaise ne rejoigne les siens. Elle salua d’un mouvement de tête Ansfild d’Eskil alors que ce dernier regardait d’un air curieux sa nièce. Qui aurait pu le blâmer? Son teint pâle, son air fatigué trahissait encore son état. Ne voulant guère attirer encore plus l’attention, la rose s’installa, entourée de son oncle et de son cousin, fixant l’immense statue de la bienveillante jusqu’à ce que la cérémonie commence. Adélina ne manqua pas un mouvement, pas une parole, et lorsqu’elle entendit la voix, elle eut l’impression que son souffle se mit à trembler, elle se laissa tomber sur ses genoux, les regards fixés sur la jeune femme, buvant littéralement la moindre parole. Puis, les mains de l’alonnaise se mirent à trembler, alors que la colombe se mit à danser dans les airs. Elle sentit ses genoux céder, alors qu’elle tombait sur ses genoux, joignant ses deux mains l’une à l’autre. Ses yeux se fermèrent, sa tête se baissa, et ses lèvres se mirent à bouger, laissant s’échapper quelques mots doucereux, répéter encore et encore; « Ô Grande Mère, Créatrice et Fondatrice, accorde-nous ta pitié et préserve-nous du malheur. Ô Divine Patronne, Vierge Vénérable, apaise nos cœurs et veille sur nos enfants… » Elle avait entendu son message, elle devait œuvrer à l’unité du royaume, à l’unité de la péninsule et à l’unité d’Alonna. L’ordre devait être retrouvé, et la dame de Lodiaker serait au premier plan des innombrables défis qui s’annonçaient. Elle rétablirait l’ordre.
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