[Afflux] Sectes et superstitions

Cinquième ennéade de Karfias,
An Vingt du Cycle XI

Le Soleil déclinait en cette paisible journée au cœur de la cité tentaculaire, les rayons faiblissaient lentement et le peu d’entre eux qui pénétraient encore le carreau sublimait cette scène macabre.

- Alors ?

Le garde haussa les épaules, sans pouvoir quitter des yeux les cinq têtes posées sur le bureau de son supérieur. Tranchées nettes, toutes. Un travail très propre. Les yeux arrachés, les langues coupées, et cette marque dessinée sur leur front : un rond barré d’un trait vertical, sans doute avec leur propre sang.

- Cinq en une après-midi, c’est quand même beaucoup.

- Oui, c’est beaucoup.

Le silence s’imposa à nouveau dans le poste de garde tandis que le chef s’employait à feuilleter un épais registre à la recherche du symbole. Il tournait les pages parcheminées, encore et encore, mais rien, rien qui ne ressemblait à cela n’avait été documenté.

- Aucun qui ne soit vaani, en tout cas.

- C’est censé être une bonne nouvelle ?

- N-non… Juste, je remarque…

Le chef fit le tour de son bureau pour venir observer les têtes à nouveau avant de jeter un œil à son subordonné. Il avait raison, ces gens-là ne venaient pas d’ici.

- Bon sang de… Mais…

- Oui chef.

La porte claqua, les deux hommes sursautèrent et découvrirent un soldat du guet haletant, un sac rougit à la main.

- Une autre ! Encore une !

- Vaani ? Demanda le subordonné en lâchant la poignée de sa matraque.

- Pardon ?

- Le type, de chez nous ou pas ?! Intervint le chef qui s’impatientait déjà.

- J’pense pas.

- Alors on a un ou plusieurs types qui, depuis quelques jours, s’amusent à décapiter des étrangers dans notre cité avant d’exposer leurs têtes face au couchant et à la vue de tous. Il marqua une pause, affichant une moue embêtée. Putain.

- Sans compter les rumeurs. Celles qui disent que des « djinns » seraient responsables de…

- Des quoi ?

- Des esprits venus du désert.

Le chef fit signe à celui qu'il considérait désormais comme son nouveau bras droit d’approcher, intimant au nouvel arrivant, d’un geste de l’autre main, de foutre le camp et fissa.

- Vous allez me trouver le responsable de ça, et vite, avant que la rumeur n’enfle trop.

- C’est un peu tard… Le soldat du Guet se raidit et salua son supérieur dont les sourcils venaient de se froncer. Oui ! J’y vais de ce pas !