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 A tout crépuscule, suit une aube radieuse [Solo de faction]

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Harald Barbe-Sanglante
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MessageSujet: A tout crépuscule, suit une aube radieuse [Solo de faction]   A tout crépuscule, suit une aube radieuse [Solo de faction] I_icon_minitimeJeu 22 Sep 2022 - 18:21


5ème jour de la 5ème ennéade de Karfïas, second mois de l’Hiver – Année XX | XI cycle.
Salle du trône de la cité de Kirgan | Capitale du Zagazorn.



Le retour à Kirgan ne s’était point fait dans la bonne humeur. Harald avait le cœur lourd, aussi lourd que toutes ces montagnes qui se hissent vers le ciel et qui, en leur for intérieur, pleurent également la perte d’un fils, né dans leurs tréfonds. Le cœur lourd, chargé de chagrin, de remords et de regrets. Le cœur lourd d’une charge émotionnelle énorme, car la perte d’un fils était toujours une épreuve ô combien difficile et désagréable.

Car la chose n’était point naturelle. La nature, les dieux même, veut que l’adulte élève l’enfant de sorte qu’à son tour, en tant qu’adulte, il puisse perpétuer la race, faire naître marmots et nanillons, les élever dans les règles et l’honneur du clan, afin que se perpétuent les traditions, que survive la race, et qu’ils survivent à leurs parents devenus trop vieux et retournant ensuite, lorsque les dieux le décident, dans le Monde du Dessous, le Mogankordum. L’enfant, donc, doit survivre à ses parents.

Mais régulièrement, la vie en décidait autrement. Surtout pour ceux qui, parmi tous les Nains, vivent de la hache et de la guerre, figurent parmi les forces vives, guerrières, fortes et fières, qui montent en première ligne pour combattre les grands changements, les grands défis, les grandes menaces, qui planent encore et toujours au-dessus des têtes poilues des Dawis troglodytes. Harald, bien que Grand-Roi de tous les Nains, ancien Ongaraz, ancien capitaine d’infanterie, venait d’enterrer son fils, son ainé, tué au combat… Mort au front.

Mais ce n’était pas tout. Alors qu’il était encore en train de prier pour son fils, peu de temps après la cérémonie des funérailles, une missive de la plus haute importance lui parvint, en provenance de Lante, portant la signature de ceux qui vivaient aux côtés de Thorgrel Poing-de-Fer, le Gormisson. En l’ouvrant, il apprit la terrible nouvelle : Thorgrel, avatar d’Ikthor et représentant de celui-ci sur terre, avait tenu parole et était parti dans le lointain Nord glacial et montagneux, pour retrouver le nid du Grand Vers Noir et le combattre. Dans sa quête divine, il blessa mortellement l’animal, véritable malédiction du peuple Dawi,, et sacrifia sa vie dans sa tentative.

Apprendre ainsi la mort du Poing-de-Fer, ancien Roi de Lante, ancien Gazanundi avec lequel Harald aura servi durant des années, ami… Et tutelle ésotérique qui aura permis à Harald de sortir des méandres de l’abandon du Père, fut une nouvelle épreuve à surmonter. En plus de son cœur, son esprit s’affaissa, et l’on vit le Roi se prendre la tête dans les mains, requérant un moment de solitude dans la loge clanique.

Serait-ce tout ? Non, bien évidemment que non.

Car, alors qu’il s’en revenait vers Kirgan, une autre nouvelle lui vint. Une nouvelle dont il avait déjà entendu les échos alors que la terre s’était mise à trembler sous ses pieds. Loin, dans le Septentrion, une montagne s’était ouverte en deux, crachant monceaux de laves et quantités de gravats, explosant en l’air avant de s’avachir sur elle-même. La neige fondit presque immédiatement, et la lave se mit à jaillir, torche de lumière ardente. D’après les observations, l’on dit que la montagne disparut presque totalement une fois la lave, la poussière et les nuées retombées.

Lorsqu’il revint à Kirgan, l’ambiance était des plus tendues. L’on attendait, bien évidemment, que le Groman-Rik s’exprime. Le peuple attendait un avis, des ordres, quelque chose provenant de celui qui fut élu pour diriger et guider le peuple vers de jours meilleurs… Et Harald allait le leur donner.

Debout devant son trône, Harald avait laissé entrer tant de Dawis que la salle du trône était pleine à craquer, tout autant que le long et large corridor qui y menait. Devant lui, quelques scribes s’apprêtaient à noter ce discours qui serait historique, alors qu’une nouvelle année débutait à peine…
« Baruks fiers Dawis ! Poilus et bavettes, fils et filles du Zagazorn ! » Dit-il, débutant son discours d’une attitude ferme, résolue… Mais aussi paternelle. « Ces derniers temps, de bien sombres et tristes nouvelles s’élèvent depuis le Nord. Les divinités elles-mêmes nous envoient un message, aujourd’hui, il est de notre devoir de l’écouter et de s’en saisir. » Il joint ses mains devant lui, avant de les porter dans son dos et de se rassoir. « Nous pleurons les morts qui, courageusement, héroïquement, donnèrent leurs vies dans d’affreux combats en Nérania, pour la gloire de la reconquête de nos terres cruellement enlevées. » Ajoute-t-il, avant de reprendre rapidement. « Aujourd’hui, nous pleurons également la disparition d’un Nain qui, de par ses actions, de par son vécu, de par la bénédiction même d’Ikthor, aura plus que mérité l’honneur de festoyer avec ses ancêtres, et avec les divinités. » Il laisse une pause, non pour la suspense… Mais pour encaisser lui-même l’annonce qu’il s’apprête à faire. « Thorgrel Poing-de-Fer, le fils d’Ikthor… Est mort. »

Un hoquet de stupeur anima alors la salle qui sembla retenir sa respiration. Très vite, les mines se firent tristes, les mires embuées de larmes, les renifloires humides… De part et d’autre, l’on entendit de petites prières, de douces paroles, de discrètes confessions, alors que la nouvelle sembla abrutir tout le monde.
« Le fils du Puissant est parti combattre le Grand Vers Noir, malédiction des temps anciens ! Notre ennemi séculaire aura eu raison de celui qui, sur nos terres ancestrales, fut béni par la puissance du Premier Fils de la Première Forge. » Reprit-il. « Mais le Guzandraka fit couler le sang de la vermine, maudite soit-elle. Autour de son corps se trouvait des mares d’un sang sombre et les affres du terrifiant combat qu’il mena dans les monts du Septentrion, blessant la créature si gravement… Qu’elle ne représentera plus une menace pour notre peuple. Son sacrifice n’est donc pas vain, en plus d’être la démonstration irréfutable de la bénédiction d’Ikthor lui-même qui sacrifia son propre Fils pour pouvoir nous sauver de la menace du Grand Vers. » Dit-il d’une voix forte, frappant doucement son poing sur son accoudoir. « Ce sacrifice divin doit être honoré. Car Ikthor lui-même nous parle, via cette disparition. En rappelant son Fils sur terre, dans le monde du Dessous, il nous montre dorénavant que sa figure est digne, forte, et suffisamment puissante, pour protéger tout le peuple Dawi et le mener vers des jours heureux. » Conclut-il, avant de reprendre une annonce qui, à n’en point douter, prouverait une fois de plus ce point qu’il tentait d’illustrer. « J’en prends à témoin cet évènement qui, pas plus tôt que l’ennéade dernière, fut un cruel rappel de l’Ire que nous avons connu voilà seulement vingt années. Dans le lointain Nord, une montagne toute entière s’éveilla. Dans une éruption d’une violence non vue depuis le Voile, dont j’ai moi-même ressenti les secousses jusque dans les lointaines plaines du Brissalion, la montagne disparut dans des geysers de flammes, de laves et de rocs, d’épaisses nuées ardentes, et dans une affreuse explosion. » Expliquait-il, comme pour introduire son point à venir. « De telles démonstrations de violences sont coutumières du Père, mais la protection d’Ikthor à, j’en suis certain, permis de ne sacrifier qu’une montagne et de sauvegarder tout notre peuple. Oui, mes frères et sœurs… Ikthor a su nous protéger. » Conclut-il, avant de reprendre, le poing fort, et se relevant de son trône. « J’y vois un signe. Un signe que le Puissant, et les autres Fils de la Première Forge, protègent notre peuple qui affronte maints dangers, car nous allons dans la bonne direction. Mes frères, me sœurs… Que ces temps difficiles soient l’aube de temps heureux ! »

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