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| Les doux rêves et la réalité | |
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Solange d'Escault
Humain
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 23 ans Taille : 152 cm Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Les doux rêves et la réalité Jeu 13 Oct 2022 - 8:49 | |
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1er jour de la 2ère ennéade de Karfias
L'heure des cérémonies était enfin terminée.
Devant son miroir, au matin, Solange d'Escault se contemplait avec gravité, peignant seule ses cheveux noirs, après avoir renvoyé ses femmes pour quelques minutes. Les traits tirés et le teint si pâle qu'il semblait fait de porcelaine, elle ne songeait plus au Roi Bohémon, Béni de Néera elle-même, devant lequel elle avait prêté serment ce tantôt, ni aux heureux mariés qui semblaient connaitre le rare hasard de voir mêlé l'amour et la politique. La passion et la raison - surtout, d'ailleurs, en ce qui concernait Dame Louise, puisqu'elle n'était même pas de la haute-noblesse, pour se retrouver hissée au statut de princesse - devait certainement faire heureux ménage ; mais la noble péninsulaire avait le sentiment que ce n'était pas forcément le meilleur exemple à suivre.
Pour une union, combien de jeunes filles rêveraient d'un magnifique mariage hors de leur portée ? Combien s'en trouveraient frustrées, malheureuses, désespérées de se retrouver avec un savetier ou un paysan, alors qu'elles auraient rêvées d'un marchand ? Combien espèreraient changer d'existence, appelleraient l'amour de leurs vœux, en pensant à un couple protégé des vicissitudes de la vie dans un château splendide ? Elle-même en avait expérimenté toute l'amertume et le fiel ; et désormais, la Régente espérait seulement trouver la paix. La mort de son époux était encore si récente, ses blessures si fraiches - mais quand d'autres avaient eu l'occasion de se faire réconforter, elle-même n'avait trouvé que la solitude. Un seul homme avait pris le temps de lui tenir la main, et bien qu'elle n'éprouvât pas de sentiments aussi forts que ceux qu'elle avait vu quelques jours auparavant, Solange se trouvait chanceuse de pouvoir épouser un homme solide, qui ne la ferait pas tuer, ou ne divorcerait pas. Que demander de plus à la Damedieu ?
D'une sonnerie de clochettes, elle fit revenir sa domesticité. La présence de Coline et de sa nouvelle dame de compagnie, la fille du seigneur d'Isgaard, refit fleurir un pâle sourire sur ses lèvres minces, aida à sa résolution à se raffermir dans son cœur. Elle ne pouvait laisser la baronne d'Alonna seule face à sa récente et soudaine solitude.
Ainsi, bien décidée à ne pas laisser ses vieux démons sortir de son cœur, la comtesse douairière d'Odélian se fit poudrer, coiffer et habiller avec élégance de sa robe de velours grise, d'où dépassait une sous-jupe d'un rose doux en dentelle, fit envoyer un messager annoncer sa venue au sein de la demeure de la pauvre baronne, termina de se préparer en tressant ses cheveux d'un ruban de soie assorti à sa vêture. Enfin, sa chevelure ténébreuses en partie dissimulée d'une petite coiffe presque modeste ornée de rubans, elle prit, en carrosse, le chemin de l'hôtel particulier de la veuve.
Avec la force de l'habitude, Solange se fit annoncer, avant d'être très rapidement introduite dans un petit salon où une servante servit du lait chaud aux amandes aux trois femmes, en attendant la maitresse de maison.
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| | | Adélina
Ancien
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| Sujet: Re: Les doux rêves et la réalité Dim 16 Oct 2022 - 8:25 | |
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C’est si facile d’oublier que la vie est fragile. Friable et éphémère… Et pourtant, chaque humain agissait comme des immortels, comme si leur souffle ne quitterait jamais leurs corps. Et pourtant, en un claquement de doigts, on peut le perdre, aussi jeune et fringuant qui soit. La baronne d’Alonna le savait que trop bien. Elle avait eu son lot de deuil. Tout cela avait commencé avec sa mère et son frère, puis ses oncles et son père. La majorité des Lourbier avait été décimée par la maladie et la guerre de Sgarde. Mais elle devait l’avouer, la perte qui venait de la frapper était probablement la plus douloureuse et la plus difficile qui soit. Elle avait l’impression que son cœur était brisé en milliers de pièces, et bien qu’on lui disait qu’elle se devait d’avancer, la jeune nordienne ne pouvait empêcher la peine qui l’habitait. Perdre Théodoric était la chose la plus difficile qu’elle ait eue à affronter jusqu’ici. Et elle avait hurlé et elle avait pleuré jusqu’à ce que sa voix s’étrangle, jusqu’à ce qu’il n’y aille plus rien qui veulent sortir. Mais cela n’avait rien changé, elle était toujours seule. Les autres journées étaient passées que trop vite, prise dans un silence douloureux, elle s’était assise dans les jardins, fixant un point lointain perdue dans ses pensées. Parfois, les pleurs revenaient, mais elle se sentait complètement perdue et surtout : seule. Ce n’est que lorsque l’on l’avertit de la visite de la Comtesse d’Odélian, que cette dernière bougea finalement pour rejoindre son invité qui l’attendait dans le petit salon.
Adélina s’arrêta devant la porte, soupira, baissant son regard au sol, tentant de ravaler les larmes qui perlaient au coin de ses yeux. Pas maintenant ce n’était pas le moment se répétait-elle encore et encore. Elle expira doucement avant de relever la tête, portant le masque qui avait orné son visage ces derniers jours. À l’intérieur, elle avait l’impression d’être brisée, mais elle se devait d’avancer, de continuer. Les larmes finalement séchées, malgré les yeux qui trahissaient sa peine et ses nuits sans sommeil, elle fit signe aux serviteurs qui ouvrirent les portes du salon dévoilant la baronne qui pour une fois était habillé très sombrement. Aucun bijou, ses longs cheveux avaient été tirés en un chignon lâche alors que sa robe de taffetas noire détonnait avec toute ses autres parure. Adélina salua doucement la tête, avec un léger sourire forcé. « Mes Dames… » Commença-t-elle avant de se retourner vers celle qui semblait être la Comtesse vu sa parure. « Votre Grandeur, c’est un réel plaisir de vous recevoir dans mon humble demeure. » Elle invita les trois femmes à s’asseoir avant de s’installer devant elle, lissant sa robe et dévoilant un ventre légèrement bombé. Une servante déposa doucement une tasse de thé devant la baronne avant que celle-ci ne reprenne la parole. « Je dois vous avouer que votre visite m’a prise par surprise. Cela fait déjà plus d’un an que feu votre mari est venu me rendre visite à Lodiaker. » La visite du Comte n’était guère un secret ni le fait que ce dernier était partit la queue entre les jambes, s’étant fait rembarrer par la jeune dame de Lodiaker. « D’ailleurs, je suis désolé pour les terribles événements qui vous ont frappé… » Elle se tendit pendant un moment, ravalant sa salive avant de prendre la tasse de thé devant elle pour y prendre une gorgée. Non, il valait mieux éviter ce sujet… Reposant la tasse de thé, elle osa finalement relever le regard vers la Comtesse avant de finalement demander : « Que puis-je faire pour vous, aujourd’hui ? » Elle se surprenait elle-même, garder autant de contrôle alors qu’elle avait qu’une seule envie; hurler. Hurler jusqu’à ce que Tyra elle-même entende la douleur qu’elle avait causée.
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| | | Solange d'Escault
Humain
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| Sujet: Re: Les doux rêves et la réalité Jeu 20 Oct 2022 - 11:07 | |
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Solange se redressa.
Entourée de ses dames, elle esquissa un sourire maternel et empli de compassion à son interlocutrice toute de noir vêtue. Elle-même veuve - bien que la situation soit différente - la Comtesse Régente d'Odélian pouvait aisément comprendre le choc et le désarroi que la pauvre femme pouvait éprouver. Et que ce qui devait être un moment de liesse se révélait un cauchemar, car la jeune femme savait bien que ses devoirs de représentation ne pouvait s'arrêter ainsi ; surtout car la question de la succession allait bientôt se poser pour elle.
Se trouver en présence de Dame Adélina faisait remonter des souvenirs, à la fois amer et douloureux de son propre mariage, qui s'était avéré probablement le plus grand échec de toute l'histoire de la Péninsule ; mais elle était heureuse, au moins, de pouvoir apporter son soutien à autrui.
N'étais-ce pas un devoir sacré ?
Ainsi, elle tendit une main délicate à la jeune femme - dont elle remarqua peu après le petit ventre dessiné sous sa robe encore ajustée - la fixa de ses yeux ténébreux, avec toute la bonhommie dont son coeur recelait.
- "Votre Honneur, comme je suis heureuse de faire enfin votre connaissance... bien que ce ne soit pas dans les meilleures circonstances. A vrai dire, je sais que vous ne recevez plus, car j'ai appris le brusque évènement qui vous a frappé. Etant moi-même veuve, je désirais vous apporter mon soutien. Dans la noblesse, nous ne voyons souvent dans les autres que des pions intéressants ou non à jouer. Mais aujourd'hui, je désire simplement vous tenir compagnie, et vous marquer mon soutien, en mon nom propre."
Elle rougit légèrement, alors que sa gorge se serrait. Il y avait un an, elle était entre les mains des bandits, durant ces longs mois d'horreur durant elle avait cru mourir, durant lesquels elle avait prié chaque jour Néera de bien vouloir lui ôter la vie ; et elle apprenait que feu son époux, bien loin de la chercher, rendait alors visite à d'autres nobles. Mais après tout, quoi de plus normal ? Il avait désiré sa mort - et la jeune femme l'était alors. Elle reprit la parole d'une voix douce, tentant de donner le change face à la grande vulnérabilité qui la prenait à l'évocation du fantôme que Charles était devenu.
- "J'ose espérer que l'entrevue avec feu le comte d'Odélian s'est bien passée. Il ... il n'était pas des plus diplomates mais il avait à cœur sa place et les intérêts de notre belle région. C'était important pour lui."
Voilà au moins de sincères paroles, bien qu'à la seule évocation de son souvenir, son sourire pâlissait, tandis que Solange se prenait à trembler discrètement. La vision fugace de cet homme fier écartelé, hurlant de douleur avant de se taire à jamais lui traversa l'esprit, ce qu'elle tâcha de refouler de son mieux.
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| | | Adélina
Ancien
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| Sujet: Re: Les doux rêves et la réalité Dim 23 Oct 2022 - 14:16 | |
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Inutile de le cacher, la baronne avait tenté d’ignorer la blessure que la mort de son mari avait laissée. Elle avait tenté d’ignorer même si ce dernier était aveugle et ensanglanté et pourtant pas une journée ne passait sans qu’on ne lui rappelle cruellement ce qu’elle avait perdu : « Mon époux était… » Sa voix sembla s’étrangler pendant un moment, alors que son regard se porta au sol, semblant trouver les motifs du tapis particulièrement intéressants. Était… pas ai. Curieux à quel point le poids de ce petit mot pouvait être si lourd. Tellement lourd, qu’elle sentit son estomac se serrer. La baronne avala sa salive, expirant doucement avant de relever son regard vers son invité. «… Était un homme extraordinaire. Le perdre à laisser un vide difficile à combler. » Sa main se porta sur son ventre, caressant doucement la vie qui grandissait là. Mais une chose était évidente, la présence de la comtesse était appréciée, rassurante. Il y avait quelque chose chez elle qui inspirait la confiance. Après tout, elles avaient plus en commun qu’elle le pensait, deux veuves, deux mères qui devaient se battre pour eux, tout en gérant un territoire. Devoir et honneur. Un moto rare, que peu semblait réellement tenir à cœur. « Votre support est apprécié, Votre Grandeur. Et je dois l’avouer, en ce moment, je me sens particulièrement seule. Si plusieurs sont venus payer respect pour la mort du Baron, peut semblait aussi attentionné. » Adélina prit rapidement la main de la comtesse, la serrant doucement en lui faisant un sourire sincère. « J’essaie de me dire que j’ai été chanceuse, que j’étais mariée avec l’homme qui avait pris mon cœur. Ce que beaucoup de femmes ne peuvent réellement expérimenter. Même si cela était court. Beaucoup trop court. » Car soyons honnête, ce n’était un secret pour personne que leurs mariages étaient un mariage d’amour. Jamais l’enfant d’un Marquis aurait été marié à une petite Dame du Nord sans raison. Car, c’est cela qu’elle était à l’époque, une demoiselle du nord à la tête d’une Seigneurie. Elle avait peut-être un nom important, mais cela ne voulait rien dire. Enfin, jusqu’à ce qu’elle prenne l’Alonnan pour elle. Coup de chance ? Peu le croyait, mais cela ne changeait guère que le couple qu’était la Nouvelle Baronne d’Alonna et le Champion de Néera avait été admiré pour leur dévotion envers la Bienveillante.
Quant à la suite de la discussion, un malaise sembla s’emparer de la jeune baronne. Elle était bien au courant de la disparition de la Comtesse et la mort de son mari. Cette horrible histoire avait rapidement fait le tour de la péninsule. Adélina n’osait même pas imaginer ce que la pauvre jeune fille avait dû traverser. La jeune femme se mordilla l’intérieur de la lèvre, se demandant qu’es qu’elle pourrait bien dire pour ne pas insulter la jeune femme. Cela semblait être un sujet délicat, et lui faire du mal était tout simplement hors de question, surtout que cette dernière était venue avec de bonnes intentions. Elle prit sa tasse de thé avant de prendre une gorgée de son breuvage chaud, puis, gracieusement, la reposa sur la table basse avant de reprendre la parole. « Je ne peux vous dire que cette rencontre se soit bien passée. Je l’ai accueilli dans le Lodiaker lorsque j’étais demoiselle à l’époque. Mais je crains qu’à ce moment-là, il n’eût pas seulement les intérêts d’Odélian en tête. » C’était une belle façon de présenter la chose… Peut-être un peu trop direct, mais cacher la vérité était hors de question. « Pardonnez-moi, les alonnais sont de personnes fières, directe et lorsque quelqu’un nous insulte ainsi, nous ne nous gênons point pour leur montrer la porte. » Surtout quand votre interlocuteur tentait de vous entuber en plus de vous mettre dans son lit.
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| | | Solange d'Escault
Humain
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| Sujet: Re: Les doux rêves et la réalité Sam 5 Nov 2022 - 20:08 | |
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Solange contempla son interlocutrice, en plissant son front. Son chagrin la touchait profondément. Y avait-il, finalement, quelque chose de plus beau, de plus doux qu'un amour partagé ? Bien sûr, désormais, la jeune femme souffrait de l'avoir perdu ; mais elle avait l'air de posséder de doux souvenirs de son mariage.
Cela renvoyait douloureusement la comtesse douairière à sa propre situation. A Charles, qui avait si manifestement tenté de faire de la baronne sa maitresse, alors même que son épouse avait été déclarée disparue, voire morte, à l'humiliation d'Odélian, dont le représentant, le premier visage, avait dû être poussé vers la porte - et avec raison.
Avec une certaine lassitude, la noble péninsulaire se frotta l'arête du nez, les yeux flous, teinté d'amertume et de honte, avant de baisser sa tête, émettant un petit soupir, tandis que ses dames de compagnie buvaient leur thé avec embarras. Puis, enfin, Solange sembla se reprendre. Elle esquissa un sourire, se mordit la lèvre, avec l'humilité qu'elle avait acquise durant sa mésaventure dans la forêt.
- "Je vous présente les sincères excuses d'Odélian, si mon... Si feu mon époux vous a offensé, et vous avez bien fait, alors, de l'éconduire vertement. Il... Il avait beaucoup de goût pour la gent féminine, et désormais, j'ai même dû assumer les bâtards qu'il a laissé au château."
Ses joues rougirent violemment sous le coup de l'humiliation. Sans doute n'aurait-elle dû, par décence, éviter de les mentionner ; mais elle les considérait comme de jeunes âmes innocentes, bien que leur présence l'encombrait et que les voir lui rappelait de mauvais souvenirs.
- "Vous avez eu un excellent réflexe. Je suis enchantée que vous ayez connu, par la suite, un peu de bonheur... C'est cela dont il faut se rappeler... Les bons moments. Ceux de joie, d'intimité, et de partage. Comme vous avez dû le savoir, je n'ai pas eu le droit de porter le deuil du seigneur Charles de Prademont. Il... Il a été considéré comme un traître, par ma faute, puisque je l'ai dénoncé au Roy et à son Altesse le Duc. Bien qu'il ait fini par désirer ma mort, je n'oublierai pas les moments plus chaleureux que nous avons passé ensemble. Je crains que l'ambition nous ait dévoré, et je serai heureuse de revenir à une vie plus simple, lorsque j'en aurais l'occasion."
Elle se tut quelques secondes. La Régente d'Odélian avait conscience de digresser, mais c'était un de ces instants rares où elle ne se sentait pas obligée de se tenir aux apparences, et où elle pouvait parler à cœur ouvert. Rien qu'une seule fois...
- "Ce que je veux dire, c'est que l'amour est rare en ce monde. Mon fiancé n'éprouve pas de sentiments romantiques à mon encontre, aussi, je sais que le seul amour que je suis en droit d'attendre et que j'ai le droit d'éprouver, c'est celui qui nous lie, mon enfant et moi. Il est indestructible, et même si je devais mourir, ou que Néera l'appelait à elle, je pense que je tenterai de m'y raccrocher. Alors, surtout, prenez soin de vous. Quand... doit avoir lieu la naissance, chère dame ? Je suis heureuse pour vous... Vous verrez que cet enfant vous apportera un grand bonheur."
A nouveau, Solange lui adressa un sourire fragile, doux et sincère. Les yeux brillants, elle espérait ne pas avoir fait d'impair - elle était si maladroite parfois - et s'arrêta enfin de parler, pour laisser son interlocutrice répondre.
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| | | Adélina
Ancien
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| Sujet: Re: Les doux rêves et la réalité Mer 9 Nov 2022 - 16:20 | |
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La baronne ne manqua guère les expressions de la comtesse. Cette dernière sembla réellement compatir à la douleur qui l’accablait et s’était sincèrement appréciée. Si certains étaient venus pour lui donner des condoléances, elle eut la vague impression que peu avaient été réellement sincère dans leurs paroles, et voilà que sa voisine, une femme qui avait apparemment passé des épreuves tout aussi difficiles, était venu lui rendre visite, tentant de partager son expérience. Si les deux jeunes femmes étaient jeunes, on ne pouvait définitivement pas dire que les deux avaient eu le même genre de relation avec leur partenaire. Bien entendu, la baronne avait entendu parler de la disparition de cette dernière et de ce qui était arrivé au Comte. Un homme qui ne l’avait d’ailleurs définitivement pas impressionné. « Je suis désolé de vous avoir rappelé ce genre de souvenir. Je suppose que ce n’est pas réellement ce que vous souhaitiez entendre. » Adélina eut un air légèrement triste alors qu’elle regardait la Comtesse, elle qui était si gentille et douce… Comment avait-elle pu se retrouver avec un rustre comme Charles de Prademont ? « Je vais être aussi franche avec vous que je l’ai été avec feu votre époux. » L’alonnaise plongea son regard dans celle de sa voisine, avant d’ouvrir à nouveau la bouche; « Vous n’avez pas à vous excuser pour ces erreurs. Jamais je ne pourrais vous tenir rigueur pour son comportement, et je n’ose point imaginer ce que ce dernier a pu vous faire endurer. Je vous trouve particulièrement courageuse, surtout après tout ce que j’ai entendu sur vous. Je ne pourrais dire que j’aurais été aussi forte pour passer au travers toutes ces erreurs et je suis sincèrement désolé que cela vous ait frappé. Vous ne méritez définitivement pas ce genre de traitement. » Elle reprit une gorgée de son thé avant de laisser la Comtesse s’exprimer.
« Dans un peu plus de deux mois. » Dit-elle, un léger sourire aux lèvres. « Un souvenir à chérir comme vous le dites si bien. » La main de la baronne caressa de nouveau son petit ventre bombé. « J’ai conscience de ma chance. Pour être honnête, jamais je n’aurais pensé me marier avec le fils d’un Marquis. Je n’ai jamais eu cette prétention, ni cette ambition. La seule chose que je voulais était reprendre le titre qu’on m’avait enlevé, celui qui me revenait de droit. » Son regard se perdit sur les motifs du tapis, alors que son regard s’adoucit, semblant perdue dans ses souvenirs qui n’était pourtant pas si lointains. « Mais quand je l’ai rencontré la première fois, et qu’il m’a demandé de danser pendant la fête des tisserands à Langehack j’ai l’impression qu’il avait pris une partie de mon cœur pendant cette fête. » Elle eut un léger rire, avant de reprendre ; « Moi, une simple demoiselle du Nord. D’une seigneurie qu’il n’avait probablement jamais entendu parler… Je me rappelle encore le sentiment de chance que j’avais eu. Cette chance d’avoir pu attirer son attention à travers toute ses belles dames. Il me disait que je n’avais rien à leur envier. » Son sourire sembla s’agrandir, alors qu’elle leva soudainement la tête. « Mais j’ai toujours su au plus profond de moi-même que j’avais eu de la chance. » Revenant soudainement à la réalité, la jeune femme essuya rapidement une larme qui s’était rassemblé au coin de son œil, tentant de balayer la peine qui l’habitait, avant de retourner son attention vers son interlocutrice ; « Pardon, je me suis échappée. » Elle expira rapidement avant de joindre ses mains sur ses genoux. « Je suis consciente que je n’aurais probablement pas ce sentiment à nouveau. Consciente, qu’il sera impossible de me remarier avec quelqu’un comme lui. Il était spécial. Le champion de Néera… Et je ne pourrais jamais cesser de l’aimer. » Adélina eut un air fier pendant un moment alors qu’elle parlait de son mari, avant d’avancer doucement pour prendre la main de Solange, la serrant doucement dans la tienne. « Je vous souhaite tout de même d’avoir un mariage heureux et surtout d’avoir quelqu’un qui vous respecte et vous supporte dans vos fonctions. Au risque de me répéter; je n’ose imaginer le fardeau que votre ancien mari vous a laissé et j’admire votre résilience. Il y a peu de gens dans ce monde qui aurait pu souffrir autant que vous et s’en sortir aussi bien. » Elle avait été sincère, et la Comtesse le verrait aisément.
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| | | Solange d'Escault
Humain
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| Sujet: Re: Les doux rêves et la réalité Mar 15 Nov 2022 - 10:03 | |
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Solange d'Escault recouvrait un peu plus de calme, à mesure que son interlocutrice échangeait avec elle. Si la comtesse douairière avait pu ressentir quelque anxiété à l'idée de visiter une inconnue - fut-elle baronne, et étant également veuve, ce qui les reliait malgré tout - elle se félicitait désormais de sa visite, qui lui redonnait même du baume au cœur.
Attentive aux propos d'Adélina, elle esquissa d'abord un sourire tendre à l'évocation de l'époux de cette dernière. Elle n'avait encore jamais croisé la route d'un couple qui s'aimait de façon si tendre, si romantique. Qui, dans sa famille, aurait pu autoriser le mariage du fils d'un marquis avec la fille d'un petit seigneur ? Elle n'aurait jamais eu cette chance, amour ou pas, car son père n'était qu'un chevalier fieffé, certes valeureux et empreint de l'aura de la guerre et de l'héroïsme ; mais l'ordre établi avait un sens bien ancré en lui, et jamais il n'aurait laissé sa fille y déroger. Néanmoins, la jeune femme ne pouvait s'empêcher de trouver l'histoire merveilleuse, comme si une part d'elle-même aurait aimé céder aux mièvreries d'un conte d'amour, et une pointe d'envie piqua son coeur, en voyant les beaux yeux brillants de Dame Adélina.
Malgré son chagrin, son hôtesse avait le sentiment d'un accomplissement, d'une période, certes trop courte, mais riche en bonheur et en souvenirs. Et elle ? Qu'avait-elle retiré de ce mariage ? De quoi se souviendrait-elle de ses épousailles à venir ? Elle émit un soupir, se força à se reconcentrer sur la conversation.
- "Le Champion de Néera ne pouvait être autrement qu'un homme empli de vertus, Dame Adélina. Et s'il vous a remarqué, c'est que vous l'êtes également. En un sens, je suis heureuse d'avoir épousé le seigneur Charles. Ce n'était pas non plus un monstre. Il avait ses défauts, mais aussi ses qualités, et, sans lui, je n'aurai pas pu offrir à ma fille cette position dans le monde, bien que cela ne soit pas l’œuvre du Bien. Il... il songeait à sa famille, avant que je ne songe à le dénoncer."
Dame Solange éprouvait de la réticence à salir le nom de Feu Charles de Prademont. Il était cupide, égoïste, et aimait la chair plus que de raison, mais il était aussi intelligent et travailleur - et cela, elle ne désirait pas le lui retirer.
- "Je n'ai jamais cru en l'amour. Mon père m'a soigneusement mis en garde contre les chagrins d'une union basée sur les sentiments, mais j'ai pu choisir moi-même mon fiancé, n'étant plus jeune fille. C'est n homme raisonnable, intelligent et qui est fiable. c'est le plus important, ne croyez-vous pas ?"
En réalité, elle n'était pas très sûre de ce qu'elle éprouvait. Peut-être étais-ce de l'amour - un sentiment qui était né de la proximité et de sa capacité à pouvoir lui faire confiance, à apprécier sa compagnie, fut-ce dans les pires moments de son existence. Il ne l'avait jamais abandonné, malgré même ce qu'elle lui avait avoué - mais la mère de la Comtesse d'Odélian avait peur de donner ses sentiments, de se donner toute entière, et de s'exposer à un chagrin et à des disputes sans fin.
- "Si je puis vous confier cela, je... Je ne sais pas si j'aurai réussi mon entreprise sans lui. C'est bien grâce à lui que je suis capable de me lever chaque matin, et d'essayer d'oublier... tout ce qui a pu se passer. Il le faut, pour mes gens et mon fiancé. Cela ne serait pas juste pour lui d'avoir épouse si faible, lui qui est si fort."
Aujourd'hui, comme hier et comme le lendemain, Solange se persuaderait de cette vérité, nécessaire à sa survie mentale. Elle avait un enfant, une population dont elle était responsable, et sur lequel il était nécessaire d'être attentive.
- "Dame Adélina, si vous éprouvez le besoin de parler de ce que vous avez vécu, ne vous gênez surtout pas. Jamais, je n'oserai commettre des indiscrétions, alors que vous vous trouvez dans la douleur. Malgré nos beaux habits, nous restons des êtres humains comme les autres, qui éprouvent chacun joie, peine et tourments, comme chacun en ce monde. D'ailleurs, avez-vous une idée du nom que vous allez donner à votre enfant ? Je rêve d'un autre bébé, qui me rappellera tous les jours que la vie continue..."
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| | | Adélina
Ancien
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| Sujet: Re: Les doux rêves et la réalité Jeu 17 Nov 2022 - 20:11 | |
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C’était curieux ce qui se passait en ce moment. En quelques minutes à peine, on aurait dit que les deux jeunes femmes avaient créé un lien solide. Là où une confiance mutuelle s’était déjà installé. D’ailleurs, le compliment de Solange fit rougir la jeune femme, elle ne s’était jamais réellement considérée comme vertueuse. Peut-être que sa quête contre les cultistes et sa dévotion pour Néera était une façon de se faire pardonner son ambition pour Alonna, cette même ambition qui avait guidé ses pas pour reprendre ce qui lui revenait de droit. Peut-être que d’une façon, c’était le même désir qui avait poussé l’ancien Comte. Quoique ce fût difficile de se comparer à un tel personnage et la jeune alonnaise avait bien du mal à passer outre leur dernière entrevue. « Vous avez raison. Je suppose que je n’avais jamais réellement vu la chose de cette façon. Mais oui vous avez raison. Ceux-là sont définitivement des qualités importantes pour un époux. Et j’ose espérer les retrouver un jour. » Adélina tenta de nouveau de cacher la peine que ces mots avaient causée, mais elle savait que trop bien qu’elle n’avait guère réussi son entreprise. La baronne n’avait aucune envie de se remarier. Elle savait que cela devrait arriver un jour ou l’autre. Qu’elle devrait faire son devoir, et on lui avait déjà rappelé. À peine Théodoric mort, un ou deux seigneurs qu’elle connaissait à peine était venu lui offrir leurs condoléances et leurs supposés supports. Chose qui l’avait dégoûté au plus haut point. Ce n’était pas la pitié qui les avait guidées, mais l'ambition. Adélina releva soudainement la tête, l’air contrariée alors qu’elle entendit les paroles de la Comtesse. « Vous ? Faible ? Mais jamais ! » Sans attendre, la jeune femme déposa sa tasse de thé sur la table, avant de prendre doucement la main de son invitée. « Pardonnez-moi, mais vous avez tort. Vous êtes loin d’être faible. Une personne qui survit aux épreuves qui vous ont touché est des plus courageuses. Peut-être que votre fiancé vous a aidé, supporter à travers ces épreuves, mais sachez que je n’ai jamais rencontré personne qui a réussit à traverser, conquérir les drames qui s’abattaient sur eux sans aide. » Ses mots étaient fiers, déterminés, elle croyait réellement ce qu’elle venait de dire.
La baronne eut un léger sourire, avant de lâcher la main de la Comtesse, alors que cette dernière lui demandait le nom de son enfant à naître. Elle se calla un peu plus dans son fauteuil, le regard perdu, semblant se remémorer l’une des discussions qu’elle avait eu avec son époux. « Oui, j’ai déjà des noms. Avec mon époux, nous avons décidé d’appeler notre enfant Gabriel ou Arlayna. » Elle haussa les épaules, « Enfin, Théodoric était certain que c’était un garçon. Nous avons cette servante à Lodiaker qui ne cessait de nous répéter une pratique de grand-mère. Je suppose que je prouverai la véricité de ce proverbe dans quelques mois. » Après tout, elle ne pouvait pas réellement être certaine avant la naissance de leur enfant et ils devaient avoir au moins une bonne dizaine de proverbes différents. La façon de porter l’enfant, si vous avez envie de manger salé ou sucré…. Et chacun semblait se contredire, laissant un plus grand double plané sur cette délicate question. « Et quel âge à votre fille ? » La baronne n’osa guère avouer que le nom de la jeune comtesse lui échappait, peut-être qu’en temps normal, elle aurait tenté de faire quelques recherches avant leurs rencontres, mais disons que son esprit était loin d’être le plus logique en ce moment. « Je suis certaine que Néera vous accordera sa bénédiction de nouveau et vous accordera un autre enfant avec votre fiancé.»
Soudainement, la baronne se fit un peu plus pensive. “Jamais je ne commettrais d'indiscrétion" Peut-être pouvait-elle lui faire confiance, mais il y avait certes beaucoup d’oreilles dans cette pièce pour qu’elle lui raconte ses moindres mésaventures. « Dites-moi, Votre Grandeur… Que pensez-vous de notre suzerain? Son Altesse de Brochant. » Une question anodine, étant donné qu’elle ne l’avait toujours pas rencontré, mais qui en réalité qui en dirait beaucoup sur la Comtesse.
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| | | Solange d'Escault
Humain
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| Sujet: Re: Les doux rêves et la réalité Mar 22 Nov 2022 - 12:22 | |
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La pauvre baronne était bouleversée, en deuil et devait endurer cette terrible épreuve enceinte de leur premier enfant. Les Dieux, dans leur infini sagesse, ne pouvaient compris par une simple mortelle comme elle, qui n'était, évidemment, pas initiée à leurs mystères ; mais Solange ne pouvait s'empêcher d'éprouver un profond sentiment de commisération pour son interlocutrice.
Cette dernière se trouvait si douce, si polie et si chagrinée ! Le compliment fit rougit Solange qui baissa les yeux un instant, un peu mal à l'aise de dévoiler sa propre faiblesse devant ses deux dames de compagnie.
- "Il se trouve que je ne suis pas si forte que cela, mais heureusement, j'ai appris à contenir mes émotions. Je me trouverai fort embarrassée, sinon, mais je dois vous avouer que je me sens fort peu à mon aise en voyage. Je rêvais de découvrir le monde, autrefois, mais je n'aspire plus qu'à me sentir en sécurité chez moi, bien gardée et protégée. Mais de cette aventure, j'ai pu tirer des leçons intéressantes."
Que l'apparence ne faisait pas tout. Qu'elle n'avait pas besoin de ses robes, ni d'être bien nourrie pour continuer de croire en Néera, ni même pour survivre. Elle en avait acquis le goût des choses simples, qu'elle avait autant apprécié qu'un festin à la table du Roy, quand elle avait eut si froid qu'elle avait envie d'en mourir. La comtesse douairière esquissa un sourire doux à l'intention de son interlocutrice, dans la ferme intention de chasser ces vilaines pensées. Elle était là pour soutenir la baronne, et non pour s'apitoyer sur son propre sort !
- "Ces prénoms sont très jolis, vous avez eu raison d'y penser. La jeune comtesse Elisabeth, ma fille, a tout juste trois ans. C'est une enfant charmante et vive, bien qu'un peu bavarde."
Elle reprit son souffle, reprit après une brève respiration.
- "Je vous remercie de votre prévenance. Les enfants sont autant indispensable à nos héritages qu'à notre bonheur, et une longue lignée est le gage d'une vieillesse heureuse. Quant à notre suzerain... Je ne le connais que peu."
La question était délicate, et l'honnêteté difficile à exprimer ; car Solange d'Escault lui vouait des sentiments ambivalents, teintés de reconnaissance et d'amertume.
- "Il est vrai que j'ai pu voir son attachement à la justice et à l'honneur, à travers les procès que j'ai suivi en sa présence. Il a suivi les débats avec attention et à rendu sa décision avec beaucoup d'impartialité. Il a également fiancé ma fille à l'héritier des Prademont, afin de résoudre le problème de la succession. Il aurait pu évincer sa Grandeur Elisabeth, mais, malgré son ascendance et la trahison de son père, elle a cependant été légitimée dans son rôle. Cependant, j'ai du mal à comprendre ce qui l'a poussé à me choisir comme régente d'Odélian, et... je crains d'avoir du mal à me séparer de ma fille, lorsque le temps sera venu de son éducation. Son Altesse le Duc désire l'élever lui-même, ce qui fait saigner mon cœur de mère, si je suis parfaitement honnête. A l'âge adulte, elle saura à peine qui je suis, mais je comprends pourquoi il désire me l'enlever. C'est ... louable de sa part. Avez-vous déjà rencontré son Altesse ? Pourquoi, si je vous demander, cette question ?"
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| | | Adélina
Ancien
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| Sujet: Re: Les doux rêves et la réalité Dim 27 Nov 2022 - 20:44 | |
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Adélina posa sa tasse sur la table, avant d’avancer légèrement la main de la jeune femme qui lui faisait face, la prenant de nouveau avant de la serrer dans la sienne. Elle lui jeta un sourire rassurant. La baronne n’avait guère manqué le rouge qui vint orner les joues de son interlocutrice. « Les femmes comme vous ouvrent la voie à des femmes comme moi. Et pour cela, je vous en serais éternellement reconnaissante. Soyez avant tout l'héroïne de votre vie. Pas une victime. Vous avez vécu des choses hors du commun, qui font de vous une personne extraordinaire. » Adélina lâcha de nouveau la main de la Comtesse, avant de reprendre de nouveau la parole; « Si je peux me permettre, quelles sont ces leçons ? » Après tout, l’alonnaise pourrait définitivement apprendre des erreurs ou des expériences des autres, et avec tout ce que la Comtesse avait traversé, elle ne voudrait pas qu’une telle épreuve ne vienne la frapper.
Mais Solange semblait assez surprise de sa question sur le Duc, Adélina, qui ne l’avait toujours pas lâché du regard, eut l’impression qu’elle cherchait ses mots. Comme si elle tentait de pondérer ses mots, et la baronne comprit rapidement pourquoi… Ce qu’elle lui révéla horrifia la future mère. « Quoi ? » Ne put s’empêcher de dire la baronne, complètement ébahie par les propos qui venaient de sortir de la bouche de sa nouvelle amie. Son air devint soudainement horrifié, réalisant ce que cette dernière venait de lui dire. Ce n’était pas un secret pour personne, et ce n’était guère une pratique peu utilisée par les Brochants. Adélina avait toujours trouvé cela comme une pratique barbare, contrôlante du précédent Duc de Serramire. Il avait fait la même chose avec les baronnes de Hautval, d’Ancenis ainsi que le Baron d’Oesgard. Tout cela pour mieux contrôler ses arrières, mais aussi promettre le futur qu’il avait lui-même en tête. Si au départ, elle n’en avait pas pensé grand-chose, maintenant qu’elle se retrouvait face à cette situation, en tant que future mère, cela la dérangeait outrageusement. « Mais c’est tout à fait cruel. En quoi son éducation serait-elle meilleure que la vôtre ? Un enfant, peu importe son âge à besoin de sa mère. » Ses doigts se mirent à tambouriner sur ses cuisses, l’air clairement ennuyé, dérangé par ce que venait de lui son interlocutrice. « Non, je ne l’ai jamais rencontré, du moins personnellement. » Oh, elle l’avait entrevu à certaines occasions, par exemple le couronnement du Roy, mais ce dernier ne semblait pas pousser pour que cette dernière ne lui donne son serment d’allégeance. « Parce que je ne lui fais pas confiance… Et à voir les conditions qu’ils vous a imposer, cela vient de confirmer mes doutes. » C’était direct. Très direct. Mais la jeune femme lui avait dit qu’elle pouvait lui faire confiance n’est-ce pas ? Adélina le verrait bien assez vite, si elle disait la vérité.
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| | | Solange d'Escault
Humain
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| Sujet: Re: Les doux rêves et la réalité Mer 21 Déc 2022 - 14:50 | |
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Solange d'Escault fut surprise, lorsque son interlocutrice vint lui prendre la main. Très peu de monde avait partagé cette familiarité avec elle, et cette dernière lui offrit un sourire plus détendu. Bien qu'il soit dangereux de faire confiance au premier abord, la jeune noble avait du mal à ne pas la lui accorder : en effet, la veuve d'Alonna lui était fort sympathique, rpobablement à cause de leurs nombreux points communs.
Avec douceur, elle lui serra la main à son tour, en essayant néanmoins de contrôler ses émotions. Envoyer sa fille au lieu était une idée insupportable, qui avait le don de la mettre dans tous ses états. Même cette longue séparation obligatoire l'angoissait ; mais pour rien au monde, la comtesse douairière n'aurait emmené son précieux enfant sur les routes. Plutôt mourir que de lui faire revivre une épreuve dangereuse, et plus encore avec la rencontre interraciale qui aurait lieu. Voilà où se situait son devoir de mère. Par amour maternel, elle était prête à tout. Elle avait déjà donné sa vie pour son enfant - que ne pourrait-elle pas accomplir pour cette vie si précieuse qu'elle avait mis au monde ?
La question d'Adélina lui arracha un soupir, tandis qu'elle déglutissait discrètement, et qu'une ombre de tristesse tempérait la détermination de ses yeux d'ébène.
- "Voyez-vous, j'ai..."
Solange s'interrompit. Brusquement, elle eut peur. Se retrouverait-elle méprisée pour ce qu'elle avait vécu ? Pour ce qu'elle confierait ? L'angoisse lui coupait à nouveau le souffle, trembler, sans pouvoir s'en empêcher. Elle ne pouvait donner les détails sans succomber à ses émotions - aussi tenta t-elle d'en dire l'essentiel, sans autre fioriture. - "Ce que vais vous dire va probablement vous choquer. Mais j'ai compris... que nous n'étions pas différents du peuple. Entre eux et nous, il n'y a qu'une question de hasard et de circonstances. Nous traitons nos interlocuteurs selon la valeur de leur vêture et de leur maintien, selon ce que chacun a en bourse, mais est-ce justifié ? Tandis que des miséreux meurent de faim, que des jeunes filles sont contraintes d'offrir leur corps pour nourrir leur famille, nous faisons ripaille chaque jour. J'ai eu faim, et je me suis retrouvée maltraitée, suspectée, à cause de ce que je portais sur le dos. Qu'en est-il de ces pauvres hères qui sont nés dans la mauvaise famille, ou de ces orphelins que l'on juge à l'aune de leurs parents qui les ont abandonnés ? Alors j'ai appris à traiter mon prochain comme moi-même. Bien que je ne puisse réparer la misère du monde, j'ai de grands projets en ce sens pour Odélian. C'est pourquoi je renforce son commerce, pour le moment, et que je désire rendre grâce à Nééra pour sa miséricorde. Je... J'y ai également appris que nul n'est fondamentalement mauvais, ou bons. Selon les circonstances de la vie, nos perspectives évoluent paralèlement, et cela demande une grande force intérieure pour ne pas céder à l'appel de la facilité. La maternité donne en partie cette force, même si elle nous confère, également, une grande faiblesse, car nos sentiments deviennent alors déraisonnables et parfois incontrôlables Enfin, je sais reconnaitre le prix de la sécurité. L'amour d'un compagnon est secondaire face à la perspective de se retrouver à l'abri des dangers bien réels de ce monde... et je comprends mieux les demandes de mon père. Ce n'est pas uniquement la question de se trouver une descendance, bien que ce soit un sujet crucial, mais c'est également songer à l'avenir, aux perspectives de nos vieux jours. Peu importe le titre que je porterai... mon époux partagera mon fardeau, quel qu'il soit. Je n'en demande pas plus, aujourd'hui, à la vie. Les mésaventures remettent à leur juste place toute la chance dont nous bénéficions. C'est également ce qui m'a fait comprendre qu'il faut découvrir autrui au-delà de ses apparences, même si cela n'est pas simple, loin de là. Il serait bien pratique de lire dans la tête de son interlocuteur."
La noble péninsulaire marqua une pause. Elle étira un sourire gêné, rougit à nouveau, en essayant de calmer les battements de son cœur. La jeune mère se sentait un peu bête - car elle n'avait encore jamais confié ses pensées à personne.
- "Enfin... en parlant de son Altesse le Duc de Brochant, je ne saurais vous dire ce qu'il pense, et quels sont ces plans. J'imagine qu'il désire s'assurer de la loyauté de ma fille, qui se trouve déjà être sa vassale. Allez-vous le rencontrer à propos de la succession de la baronnie d'Alola ? Je crains d'avoir la fâcheuse tendance à me montrer très curieuse, mais n'hésitez pas à me dire si je vais trop loin. Ma venue n'est pas politique, et je crains de faire remonter des pensées qui pourraient vous attrister. Mais en vous inquiétez pas trop, en tout cas, car je suis sûre que son Altesse ne vous spoliera pas de vos terres. En tout cas, il proposera certainement une solution qui puisse vous satisfaire... Surtout si votre enfant s'avère être un fils."
Solange d'Escault lui offrit un regard empli d'espoir, désireuse de lui communiquer sa bonne volonté et son envie de se montrer positive. Il ne fallait pas baisser les bras avant la décision finale de leur suzerain.
- "D'ailleurs, vous devez avoir contacté un homme de loi ? Sans doute pourrait-il vous conseiller ?"
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| | | Adélina
Ancien
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| Sujet: Re: Les doux rêves et la réalité Mar 10 Jan 2023 - 13:52 | |
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Adélina resta interdite un moment, écoutant attentivement la jeune femme devant elle. La baronne ne l’interrompit pas une seule fois. Une expression de tristesse vint orner son visage alors qu’elle écouta le récit de la Comtesse. Un récit dure, qui l’avait définitivement marqué d’une façon inégalée. Mais au travers toutes ces épreuves, toutes ces méchancetés, elle s’était relevée pour devenir une meilleure personne, et pour cela, la jeune femme ne put qu’admirer sa voisine du sud. Adélina ne pouvait venir qu’à une seule conclusion; elle avait raison, et pour être honnête, l’alonnaise avait exactement le même point de vue que cette dernière. Mais par chance, Adélina n’avait pas eu à subir les éprouvantes épreuves de Solange. Cela aurait dû être horrible à vivre, être ainsi humiliée, traitée comme une moins-que-rien alors qu’elle n’avait jamais fait de mal à une mouche. La baronne sentit ses épaules s'affaisser, alors que son regard se fit compatissant. « C’est tout à votre honneur d’avoir pris ses épreuves et de les avoir décortiquées ainsi. Mais vous avez raison. Sang bleu ou non, nous sommes tout pareils. Je ne suis guère différente du mineur ou du fermier sur mes terres. Pas différente de la mère dans sa chaumière qui essaie de nourrir sa famille. La seule différence qu’il y a entre eux et nous est notre devoir de faire le bien et d’améliorer la vie de ces gens-là. » Elle eut un léger sourire alors que son regard se porta sur le sol, comme perdu dans un lointain souvenir. « Mon époux avait aussi cette vision des choses, et c’est probablement ce qui m’a charmé. Le fait que même s'il était le fils d’un Marquis, il connaissait ses sujets, leurs troubles et surtout quoi faire pour les aider. Son humilité était remarquable. Quant à un remariage… » Elle détestait cette pensée… « Encore une fois, je ne peux que vous donner raison. J’ai besoin de protection, surtout avec ce qui se passe en ce moment. Mais je ne me sens pas prête… J’ai besoin de temps… » Elle avait besoin de faire son deuil… Besoin de retourner chez elle pour mettre ses idées au clair.
«La succession d’Alonna ? » Dit-elle en haussant un sourcil ne comprenant pas trop où elle voulait en venir. Puis, comprenant que cette dernière n’était pas au courant des coutumes de l’Alonnan, Adélina reprit la parole. « Il n’y a pas de débat ou de non-dit. Alonna est à moi et mon mari était Baron Consort. » La jeune femme osa les épaules ; « La succession d’Alonna a été matriarcale jusqu’à maintenant, et les seigneurs alonnais qui m’ont nommé baronne. Ce titre me revenait et non à mon mari qui était langecin. » Car oui, soyons honnête, cela avait du être un point qu’elle avait défendu durant le dernier conseil. Le fait d’être marié à un suderon ne l’avait pas aider. Mais lorsqu’il avait compris qui était à ses côtés, les opinions avaient rapidement changer. Il fallait dire que bien que Théodoric soit langecin, il était beaucoup plus nordien dans son attitude que suderon, ce qui l’avait grandement aider pour gagner le respect des alonnais. Adélina se mordilla la lèvre inférieure avant de reprendre la parole; « Ce n’est que tout récemment que moi et Théodoric l’avons changer pour faire en sorte qu’elle soit primogéniture. Ainsi que cela soit une fille ou un garçon, ce dernier conserva son droit, celui d’avoir l’Alonnan après ma mort. » Le duc ne pouvait rien y changer, Alonna revenait au Lourbier, et resterait au Lourbier, que cela soit avec ses enfants, ou ceux de son oncle tout récemment marié. « Je dois croire que je suis chanceuse dans ce sens. Personne ne peut réellement s’en prendre à mon titre. » Elle n’osait même pas penser à comment elle aurait réagi si en plus d’avoir perdu son aimé, elle devait se résigner à abandonner son titre. C’était une pensée atrocement cruelle, surtout qu’elle avait travaillé si fort pour. Adélina remonta finalement son regard vers la jeune femme avant de reprendre la parole; « Vous devriez y venir nous visiter quand vous en aurez l’occasion. Cela sera avec plaisir que je vous accueillerai avec les honneurs qui vous reviennent. »
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