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 Des Serres à Méca [Adélina]

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Caleb "Le Rokvenha"
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MessageSujet: Des Serres à Méca [Adélina]   Des Serres à Méca [Adélina] I_icon_minitimeMer 18 Jan 2023 - 8:16







Oglicos, Deuxième ennéade de Barkios





Le jour se levait à peine et les premiers rayons du soleil commençaient à illuminer la grande mer en miroitant à la surface. A l’horizon se dessinait imperceptiblement une silhouette ombrée qui, à mesure que le Wagyl Noir approché, grossissait de plus en plus. « Méca en vue ! » s’écria alors la vigie après un moment et l’effervescence monta doucement au sein de l’équipage, gagnant même les officiers présents sur le pont.

Pendant ce temps, installé dans sa cabine, Caleb semblait préparer les derniers éléments de son retour en griffonnant frénétiquement sur un bout de papier déchiré et froissé à plusieurs reprises. La nervosité semblait le saisir à mesure que la distance avec Méca s’écourtait. Peu de marins ont pu le voir, les derniers jours, tant il avait quitté sa cabine qu’à de rares occasions uniquement dans le but de donner ses directions à Croqueuse, qui avait tenu son rôle à merveille pendant ce temps. Il faut dire qu’il attendait beaucoup de ce retour sur ses terres. Lui qui revenait après un long moment sans nouvelle, n’avait pas les mains vides. Le Rokvenha revenait de sa chasse avec une baronne dans ses griffes et sûrement la Péninsule à sa recherche. Quel exploit ! Aucune prise de ce genre n’avait été faite auparavant et il espérait bien en tirer quelque chose ; Gloire, richesse, ou tout autre qui l’intéresserait.

Ces derniers jours, le mécan n’avait que très peu porté son intérêt sur Adelina, qu’il avait froidement ignoré à de nombreuses reprises au lendemain de leur soirée festive. La baronne n’avait que très peu pu l’approcher ou lui parler et les rares fois où ça avait été possible, étaient assez dures pour la jeune femme qui se voyait face à un Rokvenha froid et colérique qui la rejetait sans arrêt. Il faut dire qu’il n’avait pas songé à tout ça et leur rapprochement en fin de soirée lui avait déplu, du moins, le lendemain. Lui qui ne voyait Adélina que comme une simple marchandise ne pouvait s’imaginer s’être ainsi rapproché et la considérer comme une véritable personne. Ainsi le Rokvenha s’était renfermé sur lui-même refusant de laisser la jeune prisonnière le bouleverser davantage.

Méca se rapprochait de plus en plus et alors qu’il venait d’entendre la vigie, Caleb sortit de sa cabine, le visage fermé et sérieux. L’air de finalement entrer en scène après s’être autant préparé. Le capitaine guettait ses hommes et lorsque la demi-elfe s’approcha de lui pour obtenir ses ordres, ce dernier prit la parole en levant la voix afin d’être entendu de tous.

« Bien ! On est enfin d’retour chez nous après toute c’te merde passé au loin… On en a vu d’pas mal et on a pas été l’plus mauvais. Avant d’vous laisser faire c’que vous voulez à Méca j’aurai deux-trois p’tites choses à v’dire et d’mander mes gaillards… » Il marqua alors un silence, continuant d’observer les marins qui le fixaient avec attention et reprit alors. « J’aurai b ‘soin qu’vous répandez la r’meur comme quoi l’Rokvenha aurait mit l’mains sur une baronne d’la Péninsule… MAIS ! J’compte sur vous pour qu’la Rose n’soit pas emmerdée non plus. D’simp’ rumeurs, histoire d’piquer l’curiosité des aut’ rien d’plus. L’premier qu’en fait trop, il s’ra chargé d’surveiller l’cale pendant qu’les aut’ s’amusent, bien clair ? » Il étira un léger sourire en observant les réactions et reprit alors. « J’veux toujours pas d’vagues et pas d’emmerdes, surtout pas maint’nant. L’Rose et son chiard sont aussi vos soucis car sans eux deux, vous n’aurez ni l’or, ni l’réputation qu’vous voulez… Alors qu’ça soit bien clair, chacun d’vous tous, j’veux qu’vous gardez un œil, une oreille et une main sur ces deux-là pour qu’rien leur arrive. C’précieux pour moi, mais ça l’est tout autant pour vous. Clair ? » Enfin, il leva ses bras et moulina un peu de manière hasardeuse. « Et puis sinon… Comme d’habitude, faites vot’ vie et amusez-vous… Profitez d’vot’ or et aut’. On est d’retour à l’maison, les gars ! » Les marins crièrent alors pour saluer le Rokvenha et reprirent leur travail, impatients d’arriver à bon port.

Caleb regarda alors sa seconde et lui souffla à l’oreille. « C’est l’moment d’couvrir not’ route ». La sang-mêlé hocha et s’éloigna en interpellant les marins. Elle fit venir tous les nouveaux, ceux qui ne portaient pas l’anneau d’or symbolisant leur appartenance à l’équipage et qui n’étaient pas originaires de méca. Croqueuse les fit descendre dans la cale pour qu’ils s’y retrouvent les yeux bandés et attachés afin de ne pas voir les derniers moments de navigation et les fameux secrets bien gardés par les mécans pour se diriger au milieu des récifs et autres dangers en approche de l’île.

Le Rokvenha retourna dans sa cabine et en regardant la baronne s’adressa à elle. « Viens t’poser sur l’lit, j’vais t’bander l’yeux et t’attacher l’mains. On arrive. » La jeune femme se retourna vers le pirate qui venait finalement de lui adresser la parole. Dire qu’elle avait un quelconque air enthousiaste à entendre leur arrivée imminente à la Meca aurait été un horrible mensonge. Depuis la soirée, le pirate avait réellement changé d’attitude, rejetant la moindre discussion qu’ils auraient pu avoir. Elle avait eu l’impression de se buter à un mur de glace. C’était comme si tous les efforts qu’elle avait fait pour percer sa coquille avait été jetée à la mer. Il fallait dire qu’Adélina avait amèrement regretté cette soirée. Se jeter ainsi dans les bras de son ravisseur était tout simplement inadmissible et surtout inacceptable et la culpabilité qui s’était ensuivie avait été difficile à digérer.

Adélina acquiesçat avant de déposer Gabriel dans le panier qui lui faisait office de landeau avant de monter sur le lit, se mettant dos au Rokvenha. Elle joignit ses poignets dans son dos, attendant que ce dernier n’ose s’approcher pour lui lier les mains. Ses prunelles azurées fixèrent le mur, évitant volontairement le regard du Rokvenha. Bien qu’elle tentait tant bien que mal de le cacher, n’importe quel imbécile aurait pu voir qu’elle était particulièrement malheureuse. Ce mélange de peur et de tristesse avait commencé à prendre le dessus, et la baronne avait bien du mal à cacher les traits tirés et la fatigue qui commençait à prendre le dessus. « Est-ce que cela sera pour un long moment? » Puis, elle sembla se raidir, avant de reprendre nerveusement la parole; « Pas que je suis impatiente… Je suis simplement nerveuse de ce qui va se passer si Gabriel se réveille… »
Le capitaine plaça alors le tissu sur le visage de la jeune femme et serra derrière s’assurant qu’elle ne voyait rien en passant plusieurs fois sa main devant elle. Puis il s’empressa de la lui ligoter les mains comme la fois où il l’avait enlevée en Alonna. Il resta silencieux durant tout ce temps et ne reprit la parole qu’une fois terminé. “Pas plus d’une heure, l’temps d’arriver au port. T’en fais pas pour ton chiard, s’il s’réveille, j’m’occup’rai d’lui.” Il se recula légèrement et vint s’installer sur le fauteuil en la regardant alors démunie. “J’reste avec toi, dans l’cabine.”
La baronne se laissa faire, se retenant de répondre au dernier commentaire. Qu’il soit ou non dans la cabine ne la rassurait pas plus ni moins. Les derniers jours en sa compagnie avaient au moins prouver une chose à la jeune femme; pour lui elle n’était qu’une marchandise et pas une personne. À croire que leur proximité l’avait passablement dérangé ou même dégoûté pour qu’il change aussi drastiquement du jour au lendemain. Toujous dos au pirate, la jeune femme ferma les yeux avant de baisser légèrement la tête. Ses poings se refermèrent dans son dos avant de s’ouvrir pour ensuite se refermer. Elle continua le manège pendant de longues minutes, non pas pour desserrer les liens, mais par pure nervosité. Au moins, cela contenait le tremblement de ses mains. Elle prit une grande inspiration avant d’expirer tentant tant bien que mal de contrôler sa respiration saccadée. Adélina ne savait trop bien qu’une fois à la Meca, elle ne pourrait jamais être secourue et sa vie dépendrait entièrement du bon vouloir du Rokvenha. Il avait beau lui avoir fait la plus grande des promesses lors de leur dernière discussion, l’alonnaise avait réellement l’impression que cette dernière avait été oubliée voire révoquer avec l’attitude du capitaine. Prenant son courage à deux mains, Adélina brisa de nouveau le silence, osant poser une question au mecan; « Qu’est-ce qui va se passer ensuite? Moi et Gabriel auront une retraite à la cale? » car soyons honnête, elle ne s’entendait plus à un traitement de faveur de sa part…

Il eut un mouvement de surprise en entendant la question et, bien qu’elle ne pouvait le voir, il se redressa légèrement comme pour se concentrer sur la question, continuant de la fixer. “A l’cale ? Pourquoi ça ?” Il fronça alors les sourcils, l’air de ne pas saisir la réelle demande et poursuivit. “Toi et t’chiard avaient vot’ place ici, ça changera pas, même à Méca.” Il passa sa main sur son visage et décida de se redresser, se rapprochant d’elle. Sans crier gare il vint poser ses mains sur les épaules de la baronne, il put sentir que cette dernière se crispa sous ce contact. doucement, pour ne pas l’effrayer et il se pencha vers son oreille pour lui murmurer sur un ton menant à la confidence alors que cette dernière tourna légèrement la tête sur le côté, comme pour se rapprocher de ce dernier. “Rassure toi… J’n’ai pas oublié c’que je t’ai promis c’soir-là. Il t’arrivera rien en Méca, ni à toi… Ni à ton fils.” Son emprise sur le dos de la jeune femme se voulait réconfortante comme un bref massage, puis il se releva. Si Adélina se détendit alors que le Rokvenha brisait le contact entre eux. Si sa remarque la rassura, elle n’eut guère aucun effet sur sa nervosité, du moins c’est ce qu’elle crut alors que son cœur battait la chamaille. Difficile de dire si le pirate était sincère ou non avec les yeux bandés. Surtout que ce dernier avait été particulièrement distant depuis cette fameuse soirée.

“T’es pas l’seule à subir ça, les aut’ bleusailles aussi ont la tête dans d’sac et l’mains liées dans l’cale. C’est d’coutume pour tous ceux qui n’connaissent pas l’route d’Méca, c’est comme ça qu’l’ile a pu garder son s’cret. C’est pas cont’ toi, ma jolie.” Il sourit amusé en la regardant encore, se disant que maintenant qu’elle était aveugle il lui était facile de faire qu’il voudrait, plusieurs idées lui passaient en tête ce qui sembla l’amuser en silence. “Une fois qu’on posera l’pieds à terre, ça risque d’s’accélérer un p’tit peu, mais ça va s’passer sans encomb’.” La jeune femme expira doucement, avant relever la tête, les yeux toujours fermés. « Ce n’est pas cela qui me dérange. Tu m’avais déjà avertis…» Oui, il l’avait averti alors qu’elle était assise sur ses genoux alors que ses bras enlaçaient sa taille. Ses poings se serrèrent de nouveau alors qu’elle chassait ses pensées de son esprit. Puis au bout de quelques secondes, elle reprit finalement la parole; « Donc, nous allons sortir du navire? » Il pourrait probablement sentir le soulagement dans la voix de l’alonnaise. Pour être honnête, rester enfermé la majorité de son temps entre ses quatres murs avec quelqu’un qui semblait vous détester commençait à lui peser énormément. “Bien sûr” lança-t-il rapidement en guise de réponse, il laissa même échapper un rire trahissant son amusement. Un rire qu’Adélina n’avait plus entendu ou du moins reçu depuis plusieurs jours de sa part. “T’vas venir avec moi, j’ai b’soin d’toi à mes côtés pour c’que je compte faire sur place et puis… J’veux t’montrer un peu d’paysage ; Méca, l’Bayou, on ira même rend’ visite à l’Médée.” il moulina dans le vent en se repositionnant confortablement sur le fauteuil. Caleb le savait, il aurait fort à faire une fois sur place et la présence de la baronne serait un atout non négligeable, de plus, il commençait à voir en elle une certaine bonne fortune qu’il ne laisserait pas échapper si facilement.

Adélina haussa un sourcil en entendant le pirate. Si le rire avait été disons plaisant à entendre, sa réplique n’était guère tomber dans l’oreille d’un sourd. Pourquoi ce changement d’attitude si soudain? Il avait passé des jours sans lui adresser la moindre parole ou à la repousser à chaque fois qu’elle tentait de lui adresser la parole. Et là, maintenant, il voulait jouer au guide touristique et se faisait même avenant? À croire que l’avoir ligotée, à portée de main et surtout démunie semblait changer sa vision des choses. Elle aurait voulu lui poser la question, mais la baronne savait que l’étrange personnage pourrait se retourner aussi vite contre elle juste pour avoir osé dire une telle chose, et vu sa position à ce moment-là, ce n’était pas le moment de le mettre en colère. Adélina tourna légèrement lentement la tête sur le côté alors qu’elle entendit le craquement du fauteuil, lui donnant à nouveau la position du capitaine derrière elle. Inconfortable, la jeune femme se redressa, avant de se déplacer. Agenouillé, elle fit quelques mouvements, puis se laissa tomber pour s’asseoir contre le mur. Déposant sa tête contre ce dernier avant de soupirer. Décidément la traversée serait assez longue. Mais bon, cela aurait pu être pire, elle aurait pu être à la cale avec les autres pirates. Toujours légèrement tendue, la jeune femme profita de l’humeur assez joviale du capitaine pour en apprendre un peu plus; « Et tu as un pied à terre en Meca? Ou tu restes généralement dans le boutre? »

Même si la jeune femme ne pouvait pas le voir, il opina. “Aye, j’ai une chamb’ dans une des auberges d’la ville, c’est pas l’meilleur endroit qu’soit, mais ça m’convient bien.” Il semblait avoir changé du tout au tout, bien plus détendu à l’approche de la cité pirate et plus enclin à la discussion. Adélina reprit rapidement la parole; « Et tu vas y aller dans cette chambre? » En réalité, la jeune femme cherchait à savoir si leur arrangement continuerait ainsi ou si elle aurait un semblant d’intimité à Meca. Ce qui ne serait pas trop pour elle, comme pour lui qui venait de se prendre deux ennéades de nuits inconfortable et dérangé par un nourrisson qui se réveillait à toute heure du jour et de la nuit. Un nourrisson qui n'était d’ailleurs pas le sien. Adélina eut une légère pensée pour les nourrices, se demandant comment ces dernières faisaient. Le pirate reprit rapidement la parole;  “J’te ferai ‘ssi voir la cache héhé…” L’alonnaise pencha légèrement la tête sur le côté, intrigué avant de reprendre rapidement la parole; « Ta cache? » Adélina tenta de se replacer de nouveau, ramenant ses jambes sur le côté, clairement inconfortable. Il pencha alors la tête en la regardant faire, gardant son sourire. “On est bientôt ‘rrivée, ça s’ra plus très long.” La jeune femme fit un rapide signe de tête, signe qu’elle avait compris, disons qu’elle n’appréciait guère être ligotée ainsi, elle avait l’impression d’être un peu trop à la merci du pirate. Leur arrivé à Meca n’était définitivement pas rassurante pour la jeune femme, qui savait son sort et par conséquent celui de son fils un peu trop précaire. La jeune femme soupira avant de baisser légèrement la tête, « J’aimerais te dire que cela me rassure, mais arriver à Meca ne veut rien dire de positif pour moi.  »

Il sourit de plus belle et resta silencieux un instant, continuant de l’observer dans son inconfortable position, puis après un moment de silence il décida de se relever et de s’approcher d’elle, ne cherchant pas à être discret. Il saisit délicatement les mains de la jeune femme et les lui délia. “J’sais bien qu’ça va pas êt’ une partie d’plaisir… Mais dis toi qu’si l’tiens payent rapid’ment, tu s’ras rentrée aussi vite qu’t’es arrivée sans qu’il t’arrive quoi qu’ce soit.” il déposa alors la corde sur le lit après avoir libérer Adélina. “Y’a aucune raison qu’ça s’passe mal pour toi et t’chiard… A Méca tu s’ras tout aussi précieuse à leurs yeux qu’aux miens, c’une prise historique qu’tu r’présente là.” La baronne fut plutôt surprise du geste du Mécan, sans rien dire elle se laissa faire, frottant ensuite ses poignets dans ses mains. Plus par instinct qu’autres choses, mais cette dernière ne toucha pas au bandeau qui couvrait ses yeux, restant volontairement aveuglé jusqu’à ce que ce dernier lui donne la permission. « Nous verrons bien. Être en vie ne veut pas dire ne pas être abîmé. Tu l’as dit toi même que cette prise historique pourrait attiser la jalousie. Si toi tu m’as protégé, cela ne veut pas dire que cela sera la même chose pour tout le monde.» Adélina soupira avant de hausser les épaules. « Je verrais bien je suppose…» Elle mit doucement ses mains sur ses genoux, avant de finalement reprendre la parole; « Et es-ce que la demande de rançon a été envoyé? »

Il garda le silence, écoutant avec attention les craintes de la baronne et même si elle ne pouvait le voir, il dodelinait de la tête comme s’il n’était pas d’accord avec ses propos. “C’lui qu’risque l’plus dans c’t’affaire c’est moi, ma Rose. Si l’Seigneurs Mécans t’veulent ils ont tout une flotte à m’fout’ sur l’gueule … Sans compter l’tiens qui vont vouloir t’reprend’.. héhé” Il trépignait sur le fauteuil comme si cette perspective l’excitait au plus haut point. “L’mécans vont pas t’amocher car ils savent qu’tu leurs sera plus utile en un seul morceau et qu’tu vaudras plus cher d’la sorte qu’amochée… Pour ça t’as rien à craind’.” Il moulina devant lui en fronçant les sourcils. “Mais j’en fais mon affaire d’tout ça.” Il s’avança légèrement vers elle et se mit à rire avant de répondre. “Pour l’rançon, aye ! Tu t’souviens c’est l’gaillard qu’t’as pas voulu choisir et à qui j’crevé l’yeux ! C’est lui qui d’vait rapporter l’rançon à ton futur époux… S’il a réussit j’sais pas, on l’saurai bientôt, on va guetter les mouvements d’la flotte d’Soltariel et on s’ra vite avisés.” Il garda un sourire amusé aux lèvres comme si cette idée de hasard était ce qui l'intéressait le plus dans cette affaire. Adélina se crispa alors qu’il lui rappelait les horribles événements qui s’étaient déroulés pendant l’abordage. Ses poings se refermèrent et elle baissa la tête. Ses yeux, toujours fermés, se remplirent rapidement de larmes qu’elle tenta de retenir. Pas question de lui montrer une nouvelle fois une faiblesse. La jeune femme prit quelques secondes pour se ressaisir avant de reprendre la parole; « Je crois que tu surestime ma valeur au yeux de Soltariel. » Elle le savait. La seule personne qui avait vraiment de l’intérêt pour elle était Adriano. Pourquoi risquerait-il les ressources du duché pour elle? Il pourrait se trouver une nouvelle fiancée rapidement si il le souhaitait. Adélina releva finalement la tête avant de la déposer contre le mur, donnant presque l’impression qu’elle fixait le plafond. « Tu sais… que cette façon que tu as de cacher la Meca n’est pas nécessairement la meilleure? »

Le Rokvenha se figea aussitôt aux propos d’Adélina et se crispa en la fixant. Il laissa un blanc assez lourd entre eux deux et répondit. “... Comment ça ?” Sa voix laissa paraître une certaine colère vive comme si la jeune baronne venait de l’insulter ouvertement. Il la fixa alors attendant qu’elle réponde et ne la quitta pas de son regard froid et perçant. La jeune femme ne bougea pas, sentant bien que ce dernier était en colère, mais elle reprit rapidement la parole pour expliquer son point. « Pour commencer, les nouveaux marins qui sont à la cale doivent savoir le chemin pour se rendre à l’île. Je suppose que certains d'entre eux savent se repérer même en mer… Le deuxième point, est l’approche de l’île. Dis moi si j’ai tord, mais l’approche doit être assez difficile et il doit avoir un chemin assez particulier, sinon tu ne les enfermerait pas ainsi.” Adélina se redressa avant de continuer; « Et si ils sont à la cale, sans distraction, ils peuvent sentir tous les mouvements du navire. » Si elle pouvait les ressentir, encore une fois, un marin qui avait le moindrement d’expérience, pourrait définitivement retenir la route et faire le lien par après.

Il resta alors silencieux, l’écoutant argumenter. Ce que disait la baronne n’était pas dénué de sens et avait réussi à apaiser le mécan. Il est vrai que des marins pouvaient ressentir pareils changements de cap ou tout autre chose, mais il connaissait la route pour atteindre Méca et il savait que ce n’était pas suffisant, quand elle finit son explication il expira un léger rire qui n’était pas moqueur pour autant. “Quelques jours en mer et t’v’là à parler comme nous aut’ !” Il se leva subitement du fauteuil et vint s’installer à ses côtés, posant sa main sur son avant-bras pour signaler sa proximité et sa présence. “T’as pas tout faux, ça m’surprend ! Mais t’oublies vite un truc ma Rose… Même si t’sais r’connait’ quand un navire tangue d’babord à tribord… Faut pas s’fier à ça, car y’a la houle qu’est trompeuse d’plus, même un pilote qui saurait naviguer dans les aut’ mers d’Miradelphia s’rait bien incapab’ d’trouver son ch’min pour Méca avec l’récifs et tout aut’ qui changent d’jours en jours…” Il étira davantage un sourire ce que venait de faire Adélina qui lui plaisait à entendre et il ne pouvait le cacher. “P’t’êt’ bien qu’un jour j’te laiss’rai voir d’tes prop’ yeux d’quoi je cause alors tu comprendras mieux j’pense !” Il se redressa alors pour regarder par la fenêtre lui-même où en était le boutre.

Le navire avait entamé la traversée périlleuse des rochers et autres piques qui dépassaient tout juste de la mer, pouvant ouvrir un navire en quelques instants. Il grimaça à cette idée en continuant d’observer l’approche de l’île. Curieusement, Adélina ne se crispa guère lorsque le pirate vint s’installer près d’elle, et lorsqu’il posa sa main à son avant-bras un léger sourire vint orner ses lèvres, c’était presque réconfortant en quelque sortes. Cela faisait plusieurs jours qu’elle se demandait qu’est-ce qui avait pu faire changer autant l’attitude du pirate. Au point qu’elle était venue à croire qu’elle l’avait tellement dégoûté que ce dernier ne pouvait même plus la supporter en dessin. Si le rapprochement l’avait dérangé, elle comprendrait et le respecterait même.  « Je crois qu’il y a encore du chemin à faire avant de parler comme vous autres.» Elle haussa les épaules avant de reprendre la parole; « En réalité je voulais simplement proposer d’envoyer l’enclume à la cale pour chanter. Disons que ces chansons sont assez pour faire oublier un parcours en entier ou détendre l’atmosphère. » Il ria à cette idée toujours appuyé contre le mur pour regarder par la fenêtre. “Ahah ! C’pas une mauvaise idée j’vais y songer !”  Adélina avait beau être aveuglé à ce moment-là, elle pouvait sentir le pirate se crisper à ses côtés, comme si quelconques pensées venaient le troubler. Si la traversée était aussi périlleuse, peut-être que c’était mieux qu’elle ne voit rien et qu’elle ne se contente du bercement que leur imposait la mer. La jeune femme leva légèrement la main, la posa sur le bras du pirate, enfin, sur ce qui semblait être le bras de ce dernier et le serra légèrement, comme pour le rassurer. Un simple mouvement qui dura quelques secondes à peine. Elle aurait voulu le rassurer plus, mais pour être honnête, la baronne n’avait absolument aucune parole rassurante qui lui venait en tête et elle savait que trop bien qu’elle ne contrôlait pas la situation. Le Rokvenha sentit la main se poser sur son bras et se crispa, davantage par surprise que par gêne. Il tourna alors la tête dans la direction de la baronne et se détendit en remarquant le geste de cette dernière. Il reporta son attention sur la mer et les récifs, grimaçant de plus belle. Néanmoins il eut un sourire et sa voix sembla s’éclaircir. “On d’vrait pas tarder, tiens ‘core cinq dix minutes d’la sorte et ça s’ra tout bon !” Il resta alors dans cette position, gardant la main rassurante posée sur son bras.Adélina acquiescat, les yeux toujours fermés derrière le bandeau se laissant bercer par les mouvements du boutre. “T’iras voir Croqueuse avant d’descend’ on va t’changer un peu la t’nue pour qu’tu passe inaperçue… T’vas voir, une vraie mécane tu s’ras parfaite ! ahah !” Adélina haussa un sourcil en entendant parler le pirate. La majorité de ce qu’elle avait porté jusqu’à maintenant était de Croqueuse. Des robes particulièrement coquettes d’ailleurs bien souvent beaucoup trop osées pour la modeste nordienne qui avait l’impression d’en montrer beaucoup plus que nécessaire. « J’ai peur de détonner tout de même. » Car soyons honnête il n’y avait pas que la tenue qui la trahissait. Ses manières, sa façon de parler, la moindre mimique pourrait la trahir en une seconde. Soudainement le boutre eut un mouvement plutôt brusque, comme s’ils avaient été frappés par une plus grosses vagues. Sans le vouloir la main se resserra autour de celle du pirate, trahissant sa réaction. Puis, au bout de quelques secondes, voyant qu’il ne semblait pas avoir de danger, la baronne soupira avant de desserrer sa prise. « Pardon»Dit-elle simplement en baissant légèrement la tête. Sa main libre se mit à palper le lit tentant de retrouver Gabriel, avant de le ramener près d’elle pour s’assurer que ce dernier ne tombe pas.

Il n’avait pas réagi à la main posée sur son avant-bras, après tout c’était là un simple réflexe de la part de la baronne qui était aveuglée sur l’instant. “T’pense trop ma Rose… A Méca tu s’ras pas si unique qu’tu l’crois… T’connais un p’tit peu c’qu’est cette île ou pas d’tout ?” Il laissa entendre la question dans sa voix alors qu’il continuait de regarder par la fenêtre, curieux. “Des comme toi, qui viennent d’la Péninsule et qu’parlent avec ton accent y’en a un sacré nombre qui s’échoue sur nos plages tous l’jours pour tenter d’changer d’vie…. T’l’as bien vu avec les miens, d’nabots, des noirauds, des sang-mêlée et toute l’merde qui s’trouve en c’bas monde… AHAH ! C’est ça Méca un sacré mélange d’tout et d’rien… Donc t’en fais pas ma Rose, tant qu’tu gueule pas sur l’toits qui t’es, ça devrait bien s’passer.”

Entre-temps, il desendit lentement du lit et vient retirer le bandeau des yeux d’Adélina. La jeune femme pu entendre un cri venir du pont “On est à Méca l’gars !”. Caleb regarda alors la jeune femme a qui il venait de rendre la vue. “On y est, j’te laisse t’préparer j’dois aller voir mes gars.” Adélina cligna quelques fois des yeux alors que le pirate enleva son bandeau, se réhabituant à la lumière, avant de finalement suivre du regard ce dernier alors qu’il sortait de la pièce. Il était étrange. Très étrange. La jeune femme soupira avant d’attraper son fils pour aller rejoindre Croqueuse sur le pont. Cette dernière lui fit rapidement un signe de la suivre, s’enfonçant dans les entrailles du navire pour rejoindre sa couchette. Elle lui donna quelques vêtements, avant de lui dire de s’habiller rapidement. La baronne regarda l’attirail un moment, clairement horrifié, se demandant si cette dernière blaguait. Puis se rappelant ce qui s’était passé la dernière fois qu’elle avait mis un des pirates en doute, elle enleva rapidement sa robe, pour enfiler la chemise, le corset ainsi que les pantalons que lui avait donnés la seconde. Cette dernière accrocha rapidement une ceinture autour de sa taille, avant de lui tendre une paire de bottes.La tenue était assez révélatrice. Les épaules d’Adélina était complètement dénudée, alors que la chemise montrait la naissance de sa poitrine. Le reste n’était guère mieux, elle avait l’impression que l'entièreté des vêtements montrait la moindre de ses formes. La baronne tenta de protester, mais Croqueuse lui assura que cette dernière était parfaite.

Adélina soupira, voyant que cette conversation n’allait nulle part. Elle prit son fils dans ses bras avant de remonter sur le pont, tentant tant bien que mal d’éviter les regards amusés de certains pirates. Elle crut même entendre un sifflement et des ricanements à un moment. La baronne se plaça devant la porte de la cabine, le regard au sol, clairement nerveuse, attendant patiemment qu'on lui dise quelle serait la prochaine étape.

Durant tout ce temps, de son côté, Caleb était quant à lui occupé à donner les dernières directives aux membres de son équipage. Son cœur battait la chamade et une excitation certaine pouvait se comprendre rien qu’en le regardant. Impatient, il semblait dévoré d’une envie folle de se ruer dans les rues de Méca afin de rapporter la grande nouvelle. Mais il le savait, même s’il en mourrait d’envie, il fallait se restreindre et faire les choses plus en douceur. Le Rokvenha les connaissait bien, les habitants de l’île cachée, ils se rueraient sur lui et les siens pour savoir si la nouvelle est vraie, chacun essayerait d’en tirer profit à sa manière, or, renommée ou tout autre ; Caleb découvrirait de nouveaux alliés, des membres éloignés de sa famille et tant d’autres … Comme de potentiels ennemis. Cette idée était ancrée dans un coin de sa tête, tout ne serait pas que joie et gloire, certains pirates verraient cette prise d’un mauvais œil c’est certain et seule la Mère des Mers serait capable de prédire ce qu’ils feraient de leur jalousie.

Cependant, le capitaine ne se laissa pas abattre et une fois ses dernières directives données, retourna à sa cabine pour retrouver la baronne. Quelle fut sa surprise quand il la vit ainsi vêtue, à la mode mécane, bien que d’une manière légèrement plus décontractée et sexy que la majorité, mais après tout, c’était Croqueuse qui avait aidé à se trouver la tenue. Caleb ne put réprimer un sourire en détaillant Adélina des pieds à la tête, elle qui était une belle femme -il ne l’avait jamais nié- l’était d’autant plus dans cette tenue qui en dévoilé bien davantage. Il se surprit à apprécier ce qu’il voyait devant lui et, sans gêne, continua de la détailler en tournant autour d’elle comme un prédateur autour de sa proie. Son manège eut l’effet de rendre encore plus nerveuse la baronne qui posa son regard sur le sol, alors que la gêne la tenaillait. Elle remonta Gabriel sur elle, continuant à le bercer doucement, tentant malgré tout de rester calme.

“Mmh… l’Croqueuse a d’goûts qui t’vont bien ma jolie Rose… Aye, ça t’va bien. On dirait une vraie donzelle d’chez moi, héhé !” Il continua de la regarder quelques seconde avant qu’Adélina n’ose finalement reprendre la parole; « Merci, mais je ne suis pas nécessairement à l’aise avec cette tenue.» Ou du moins encore moins avec celle-ci que les autres que Croqueuse lui avait donné. Puis, Caleb pivota sur le pont du navire en désignant alors le port qui se rapprochait de plus en plus tandis que la navire faisait sa manoeuvre d’approche au port. “Bienv’nu à Méca.” dit-il en souriant à Adélina. C’est à ce moment que la jeune femme osa finalement lever les yeux pour apercevoir la Meca. La seule pensée qu’elle eut était que cela semblait comme un port bien normal à première vu… “Pour l’première soirée qu’on va passer ici… On va t’emmener à la chamb’, toi et ton chiard, puis on ira boire un coup… Faudra pas trop tarder car on a fort à faire et j’voudrai prend’ l’route d’la médée dès d’main.” La baronne retourna son regard vers le capitaine; « Dans ta chambre? » Demanda-t-elle en ayant le faible espoir qu’elle et son fils pourraient avoir un peu de temps en privé. Quant à boire un coup et au voyage, il y avait une chose que le capitaine semblait avoir oublier; « Et Gabriel? » Car soyons honnête, il n’était d’âgé que de quelques ennéades et elle se voyait mal bouleversée encore plus le semblant de routine qu’elle avait instauré.
Il renifla bruyamment et grimaça, il avait complètement oublié l’enfant à cet instant. Il n’avait pas envisagé d’emmener Gabriel partout avec lui car ce serait attirer trop l’attention sur lui. Il se laissa le temps de la réflexion et répondit. “Pour ton chiard, j’peux t’proposer d’le laisser sous bonne garde, dans ma chamb’ aye… Vous y s’rez tous l’deux l’temps qu’on sera à Méca.” Il s’appuya alors contre le bois du navire, posant son dos en croissant les bras. “J’vais pas pouvoir l’emmener avec moi partout, j’veux pas qu’on s’demande si j’ai finalement accepté d’garder un d’mes chiards, ça s’rait trop d’emmerdes pour rien… J’vais laisser l’Rocaille et Morveux s’charger d’sa surveillance, ça t’va ?” Il la regarda d’un air qui ne laissait pas réellement de place à la négociation, car il avait visiblement fait son choix, néanmoins il lui laissait quand même le droit de réponse. Adélina leva finalement le regard vers le capitaine, restant silencieuse pendant un moment. Si la compagnie de Morveux et de Rocaille était rassurante, l’idée de se séparer ainsi de son fils ne l’enchantait guère, mais la baronne avait appris ce qu’il se passait lorsqu’elle tenait tête à son ravisseur… Si elle voulait faire passer son point, elle devrait le faire assez finement. « Si ça me rassure d’entendre que Rocaille et Morveux s’en occuperaient, il y a quand même un problème… Qui va le nourrir ? » Adélina observa le Rokvenha pendant une seconde avant de continuer; « Il a besoin de sa mère. Il n’a que quelques jours… » À moins que ce dernier ne trouve une nourrice, mais à entendre la réputation de la Meca, elle ne savait pas trop si elle pouvait partir sereinement. Il se mit à râler, soufflant d’un air désapprobateur à cette idée qu’il avait complètement ignorée. “Raaah j’sais pas moi comment il va faire…” Il balança ses mains en l’air et les laissa retomber lourdement. “Obligé d’te le trimballer tout l’temps ? Y’a pleins d’chiards qu’on pas eu d’mères qui s’en sont bien sortis, r’garde moi.” Adélina haussa un sourcil sans rien dire. Se demandant s’il blaguait alors qu’Il se pointa. “Doit y avoir d’nourrices pour c’genre d’choses, j’peux aller voir dans l’bordels ou l’tavernes voir si une d’elles voudraient bien s’en occuper… L’temps qu’on fasse l’aller-r’tour à la médée.” Il garda sa grimace de contrariété pendant un temps avant d’observer son équipage qui s’activait pour attacher le navire au pont du quai et il se surprit à râler pour lui-même à haute voix. “Pour ça qu’j’veux pas d’gamins… C’est qu’des emmerdes c’choses là bordel…”

« Vous allez laisser un noble héritier aux mains d’une… fille de joie? » Disons que l’idée n’était guère appréciée par la baronne. Mais c’était toujours mieux que laisser son fils mourir de faim. La jeune femme soupira, agacer devant l’attitude du pirate avant de se mettre à marcher, le contournant volontairement; « Alors il fallait m’écouter et laisser mon fils en péninsule…». Pivotant sur lui-même, il saisit Adélina au vol d’abord par l’avant-bras en la tirant à lui et de sa seconde main vient lui saisir la mâchoir en la forçant à lui faire face. Sa poigne était ferme mais ne se voulant guère douloureuse ou du moins, pas plus que nécessaire pour la maintenir en place. Le Rokvenha plongea son regard azuré dans celui de la femme et d’une voix calme et froide, dont elle avait maintenant connaissance, il lui dit. “N’recommence pas à jouer t’grands airs… ma Rose.” il fit un léger mouvement de sa main, secouant légèrement la tête de la baronne. “Ton chiard risque plus à t’suiv’ partout qu’à s’retrouver au milieu des aut’ comme s’il était l’descendant d’une simp’ catin. Qu’tu sois baronne ou tout aut’ et qu’ton chiard soit d’nob’ héritage… ici j’m’en cont’fou, compris ?” Il secoua encore sa tête pour la forcer à l’écouter encore. “J’te l’répète encore, oublie pas c’que tu es, toi et ton gosse…”  Il la garda alors encore un peu entre sa poigne ferme en la fixant droit dans les yeux, l’air d’attendre un quelconque accord de la part de la jeune femme. La baronne soutenait le regard du pirate, sans bouger, se laissant faire alors que sa prise sur son fils se resserra, voulant éviter qu’il ne soit à nouveau arraché d’entre ses mains. Son corps s’était raidi alors que sa mâchoire s’était crispée sous l’assaut du pirate. Avait-elle peur de lui? Oui définitivement. C’était une autre de ses innombrables éclats d’humeur dont elle ne savait jamais réellement comment cela allait finir. «… Qu’une simple marchandise.» Siffla-t-elle entre ses dents. “Aye, exact… Un sac d’pièces qui s’déplace c’est tout c’que t’es, toi et ton gosse… J’ai p’t’êt’ était trop sympa avec toi, j’le r’connais, j’t’ai bien traité, mais j’pensais qu’t’avais saisit qu’ici, t’étais chez moi… Et pas sur tes terres ou t’pouvais t’permett’ d’exiger quoi qu’ce soit.” Il la lâcha sèchement, donnant au visage de la baronne un léger mouvement sur le côté. “J’vais m’débrouiller pour qu’ton gosse manque d’rien, maint’nant si tu vester avec lui dans l’chamb’ pendant tout l’temps ça m’est égal, t’reste ou pas, moi j’fais c’que j’ai à faire.” Il se retourna, s’éloigna de quelques pas et pivota subitement en levant son index en guise d’avertissement. “Et r’commence plus jamais à t’donner des airs d’la sorte avec moi… Ni même avec les aut’ qui s’ront en charge d’ta sécurité, bien clair ?” Le mécan était visiblement furieux, bien qu’il ne laissait rien paraître, il s’agissait d’une de ses colère froide et sourde, celles qui habituellement pouvaient causer le plus de dégâts. Il semblait s’être emporté sans véritable raison, mais il ne pouvait guère supporter les caprices d’Adélina, encore moins ici, à Méca où il savait que tout ça pouvait être fatal et lui coûter ses projets. Adélina resta silencieuse un moment, observant le pirate et sa soudaine colère. Pour être honnête, elle n’avait même pas remarqué qu’elle l’avait vouvoyé, ce n'est qu’à la dernière réplique du pirate qu’elle comprit ce qui l’avait réellement agacé. La jeune femme l’avait dit, chasser le naturel et il reviendra au galop… Il y avait tellement de répliques qui lui venaient en tête, des insultes, des remarques désobligeantes qui l'auraient probablement mit hors de lui… Mais c’était exactement ce qu’elle avait cherché à éviter au début de leur conversation. Peut-être qu’il y avait un moyen de détendre l’atmosphère, c’était risqué mais au moins cela permettrait d’avoir un certain contrôle, et surtout une certitude d’avoir la protection qu’il lui avait promis pour lui et son fils. Alors qu’il semblait s’apprêter à se retourner, la baronne reprit la parole, d’un ton beaucoup plus doux, presqu’un murmure; «… et un porte-bonheur. » Adélina resta sur place, plantant son regard dans le sien, un regard plus doux, presque conciliant. « Je suis désolé, je n’ai pas remarqué que je t’avais vouvoyé… Je suis nerveuse d’être arrivée comme je te l’ai déjà dit. Et vu que toi même ne sait pas ce qu’il va se passer, cela ne m’aide aucunement à me calmer ou à imaginer les millions de possibilités. »

Le Mécan se figea alors et il resta ainsi quelques instants, semblant suspendu à une réflexion interne, une lutte contre sa propre colère, qui pouvait se voir à la manière ou son corps se crispa et aux tics nerveux qui se virent sur ses doigts qu’il agita rapidement. Elle venait de lui rappeler quelque chose de vrai, elle était, pour lui, un porte-bonheur. Du moins c’est ce qu’il pensait car il lui était arrivé que de bonnes augures depuis qu’elle été venue sur le boutre du Wagyl Noir. Après de longues secondes où il sembla vouloir se ruer au cou de la baronne, le Rokvenha se détendit doucement et expira sèchement du nez en signe de résignation. Il claqua sèchement de la langue et pivota sur lui-même pour tourner le dos à la jeune femme, venant s’accouder au bastingage en observant ses hommes au travail. “C’qui va s’passer, du moins c’que moi j’vais faire, c’est simp’ et j’te l’ai dis plus d’une fois…” Il souffla de nouveau du nez et reprit. “On va laisser l’Seigneurs v’nir à nous, r’marquer ma prise qui f’ra d’moi un homme riche et r’connu ici… Pendant c’temps, on ira voir l’Médée pour cette histoire d’Wagyl qu’aurait pointé sa gueule en pleine mer et une fois qu’tout ça s’ra fait on avis’ra en fonction des tiens et d’prix qui seront prêts à mett’ pour te r’trouver. Toi et t’chiard.” Il tapota rapidement le bois de la rambarde, signe de sa nervosité non disparue. “Pour l’reste… Faut s’attend’ à qu’certains veulent s’emparer d’une part d’la rançon, qu’d’aut’ veulent dev’nir mes alliés et aut’. Dans l’idée et j’vais t’expliquer comment ça s’passe ici du moins ma vision d’choses…” Il pivota alors vers elle, se redressant prêt à lui faire une révélation quand soudain une voix s’éleva du port, une voix de femme qui trahissait une colère non dissimulée. “ROKVENHA !! TE VOILÀ ENFIN !!”

Le Mécan soupira et se retourna, sur le pont se tenait une femme aux allures typique de l’île, une rouquine aux formes généreuses. Elle semblait furieuse et, à la voir ainsi, les membres de l’équipage se mirent à rire et à parler d’elle ainsi que de leur capitaine. Cette femme fixa alors en direction du boutre, impatiente de voir descendre le capitaine qui, quant à lui, semblait à l’inverse vouloir reprendre la mer aussitôt. “Par l’Mère d’Mers… J’suis foutu…” Adélina haussa un sourcil devant la scène. Curieuse, elle s’approcha de la rambarde pour apercevoir une rouquine qui avait l’air d’être franchement en colère. La jeune femme se demanda alors qu’est-ce que cette femme avait pour terrifier autant le Capitaine. Gabriel laissa s’échapper un cri à ce moment-là, ce qui sembla attirer l’attention de la rouquine, puis voyant son regard, Adélina se retourna vers le Rokvenha; « Pour le coup, je vais te laisser gérer ça et on en reparlera…» Elle se risqua à jeter un nouveau coup d’oeil à la rouquine avant de retourner son attention à nouveau vers le pirate. « Dans tout le cas, bonne chance…» Ne voulant pas mettre de l’huile sur le feu, la jeune femme alla rapidement rejoindre l’autre côté de la rambarde, laissant l’espace nécessaire au capitaine et à la femme furibonde.

Caleb regarda Adélina s’éloigner, n’ayant pas le temps de répliquer, puis il reporta son attention sur la rousse. C’était assez rare pour le souligner, mais un frisson parcourut son dos, ses mains se crispèrent sur le bois et il sembla chercher quelque chose du regard. La rouquine en contrebas sembla s’impatienter de plus belle. “ALORS TU DESCENDS OU J’MONTE TE CHERCHER ?!” Des rires se firent entendre qui s’arrétèrent très vite quand Caleb se retourna dans la direction de ces derniers puis, en se décrochant du bastingage, il descendit le ponton. “Aye… Aye… j’suis là…” Il se rapprocha de la rouquine, qui était agréable à regarder il est vrai. Des yeux verts et des légères taches de rousseurs marquèrent son visage d’un blanc pâle marqué par le soleil d’un rouge léger. Le Capitaine arriva à son niveau et enfouissant les mains dans ses poches, la suivit à quelques pas. La jeune femme vint alors s’accrocher à son bras en se collant à lui et lui arracha un baiser sur la joue.

Au même moment, l’Enclume s’approcha d’Adélina, les larmes aux yeux, visiblement bien amusé par la scène et il lui glissa. “Là t’viens d’voir une harpie ! Héhé j’te conseille d’rester assez loin d’elle, Baronne, vraiment… C’est une folle qu’le Cap’ à soulevé plus d’une fois… Sauf qu’elle est persuadée qu’c’est maint’nant sa donzelle… En plus d’ça, l’Rok lui a fait un gosse alors elle fait tout pour qu'il le reconnaisse… HAHAHAHAHAHAHA” il explosa de rire en se tenant le ventre. “Bordel qu’ça m’avait manqué Méca ! Allez prend tes affaires et descend nous r’joindre, l’Rok veut qu’on t’emmène dans sa chambre.” Le nain s’éloigna en continuant de rire, emportant avec lui les autres marins présents, qui profitaient de l'absence de leur capitaine pour se moquer de sa triste situation.


Dernière édition par Caleb "Le Rokvenha" le Mer 18 Jan 2023 - 12:16, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Des Serres à Méca [Adélina]   Des Serres à Méca [Adélina] I_icon_minitimeMer 18 Jan 2023 - 12:06



Le soir même, dans une des auberge de la cité pirate. L’équipage du Wagyl Noir s’était retrouvé dans cet établissement dans lequel ils avaient l’habitude de se rendre afin de s’y reposer en passant la soirée. Enclume avait mené la baronne jusqu’à la chambre personnelle de Caleb pour qu’elle puisse y déposer ses affaires. La chambre du capitaine était semblable à sa cabine sur le boutre, le confort était minimal et tout était en fouilli dedans, mais il y avait suffisamment de place pour qu’Adélina puisse s’y poser et y trouver un cadre intime et confortable.

En bas, dans la pièce principale, Caleb s’était installé à une table avec Croqueuse, Enclume, Rocaille et Sarah, la jeune rouquine qui était venue le chercher quelques heures plus tôt sur le port. Elle s’était assise sur un de ses genoux, se lovant contre lui. Le temps passé loin de Méca avait visiblement marqué la jeune femme qui était toute heureuse de retrouver le Rokvenha. Tandis que la soirée battait son plein, les pirates discutant entre eux en descendant quelques bouteilles d’alcool, certains des marins présents, membres de l’équipage du Wagyl Noir qui avaient eux aussi leurs habitudes dans ce lieu contaient leurs aventures à qui voulat les écouter ; Racontant alors les prises faites en mer par le Rokvenha et les siens.

Au même moment, à la table des officiers du boutre, Croqueuse et Enclume se disputaient encore pour savoir si le calcul de l’offre faite par Viliam quelques énéades plus tôt était bonne au vue des péripéties, du temps passé en mer et des accrocs rencontrés durant le trajet. “Il doit payer plus … On a été retardé dans un des ports demandé ! - Ouaip’ et c’est toi qui va lui dire qu’t’as perdu deux de ses gars ? Hein ? - Ah oui… Bah il est pas censé l’savoir ça non ? - Bien sûr comme il est censé nous croire sur parole qu’on a eu des emmerdes à cause d’lui ?” s’énerva la demi-sang.

Caleb, le regard dans le vague, faisait tourner son verre de rhum d’un air pensif, semblant surtout attendre quelque chose, son regard scrutait les escaliers de l’auberge dans l’attente d’y voir descendre une personne. Dans le même temps, Sarah, sa conquête du soir, vint se coller de nouveau à lui et s'adressa d'une voix mielleuse “Dis moi mon beau… Tu m’as manqué tout ce temps, tu voudrais pas qu’on récupère l’temps perdu là maint’nant ?”Le capitaine expira sèchement du nez sans pour autant répondre à la jeune femme qui fronça les sourcils.

“AHAHAHA l’Rok’ qui se r’fuse de soulever la…” Le nain s’arrêta sèchement quand Rocaille vint frapper de son pied sur ses tibias, aidé par Croqueuse qui dit de même sur la seconde jambe. Le choc arracha un cri de douleur au nain qui se plia en deux, le front sur la table. “blblblb … connards…”
Enfin, Caleb coupa son silence en arrêtant de faire tourner son verre qu’il tapa sur le bois. “J’me demandais surtout comment j’allais faire pour l’suite… J’dois aller voir l’Médée demain et vous aut’ avez aussi à faire, mais ensuite… J’saurai pas dire c’qu’il va s’passer.” Le Rokvenha fit un mouvement de hanches, faisant se lever Sarah de sa place qui, dans une moue s’éloigna en direction du comptoir afin d’aller chercher prendre un verre, elle s’arrêta pour danser au son de la musique quelques instants aussi.
C’est à ce moment, qu’ Adélina fit son entrée dans la taverne. Le regard azuré balaya la pièce, d’abord incertaine de si elle prenait la bonne décision ou non. Gabriel était paisiblement endormi dans la chambre du Rokvenha avec Morveux qui s’était proposé étonnamment comme gardien du poupon pour la soirée. Si au départ la baronne n’était guère enthousiaste à l’idée de laisser son enfant ainsi, l’adolescent lui promis de prendre bien soin de ce dernier, et qu’elle devrait voir ce qui se passait. C’est ainsi qu’elle se retrouva dans la taverne. Deux pirates avec qui elle s’était un tant soit peu rapprochée lui fit signe de les rejoindres, alors qu’elles discutaient non-loin du bar. Sans attendre plus longtemps, la jeune femme alla les rejoindre, sans porter son attention sur un des sifflements qui sembla résonner dans la pièce. Disons que la compagnie masculine n’était définitivement pas à son agenda.

Caleb la vit alors descendre, celle qu’il attendait depuis le début. Il la regarda alors s’engouffrer au milieu des mécans et eut un sourire en coin en entendant les sifflements dans sa direction. Un regard rapide vers l’origine de ces derniers et il reconnut les marins d’un autre équipage.Le Rokvenha se mit à sourire et en continuant d’observer la baronne faire et se rapprocher de ceux qui lui paraissaient de confiance se confia aux autres officiers. “J’vous parie ma tournée qu’ce soir, elle va êt’ la cause d’bagarre.” L’Enclume et la Seconde rièrent en cœur et si le nain se joignit à son capitaine, la Seconde affirma l’inverse. “Naye, j’pense pas… Les aut’ seraient pas assez fous pour tourner autour d’une donzelle qu’est du Wagyl” se rassura la sang-mêlée et le nain répondit, en prenant soin de s’écarter d’elle “Aye, d’toi peut-êt’ vu comme t’es mal foutue ! Mais elle ça peut encore aller !” Il esquiva de justesse une volée de claque dans sa direction en riant.

Caleb ria en voyant les siens s’amuser, après tout, ils étaient maintenant chez eux, loin de tout danger, du moins, pour l’instant. Il le savait Méca n’était sûr en rien, mais il valait mieux être ici, qu’en pleine mer entouré de navires ennemis péninsulaires. Le Capitaine se leva alors et se dirigea vers la table à laquelle s’était installé Adélina, il s’y appuya en restant debout et salua les femmes, qui lui rendirent les salutations. Il se pencha légèrement vers elles et sur le ton de la confidence leur lança. “Bien… Un oeil sur la Rose” Il la regarda alors. “Quant à toi…” Il fouilla à sa ceinture et décrocha un poignard qu’il glissa vers elle doucement. “Garde ça à t’ceinture, j’avais oublié d’t’en donner un, ç’peut servir à en dissuader plus d’un… Et si jamais on t’pose d’questions, tu dis qu’t’es une nouvelle d’mon équipage, ça t’va ?” Adélina fit un rapide signe de tête, avant de prendre le poignard pour l’attacher à sa ceinture. Il se redressa alors et leva les mains vers une des serveuses. “Ma tournée sur cette tab’ !” Les marins rièrent alors et la serveuse vint de suite prendre les commandes.

Durant tout ce temps, la rouquine n’avait raté aucune seconde au moment où Caleb s’était levé pour aller discuter avec les mécanes et ses sourcils se fronçèrent quand elle reconnut la jeune femme qui, quelques heures plus tôt été déjà aux côtés du Rokvenha tenant un jeune enfant dans les bras. Elle ne dit rien de plus, mais traversa de nouveau la salle et vint s’accrocher à son bras, faisant alors face à Adélina et les autres pirates. Sarah embrassa la joue de Caleb et sourit. “Alors mon Cap’taine, tu me présentes pas ?” Le Rokvenha souffla du nez et se détourna comme s’il n’avait rien entendu, retournant alors à sa place en ignorant la jeune rouquine qui resta alors à la table de la baronne. L’air contrarié d’avoir été ainsi ignorée devant celles qu’elle considérait comme des concurrentes pour avoir l’attention de l’homme. . Les autres pirates tentèrent de retenir leurs rires avant de continuer leur conversation comme si rien n’était. Adélina quant à elle, ne savait pas trop où se mettre, portant plus son attention sur sa ceinture à attacher avec sa nouvelle arme que de soutenir le regard de la rouquine qui semblait devenir aussi rouge que sa chevelure.
«Toi! » Dit-elle, interpellant la baronne qui releva rapidement les yeux vers elle, alors que les autres pirates se tues immédiatement.
« Oui?»
« Reste loin de lui! C’est clair! Je sais ce que font les donzelles dans ton genre! »
Adélina haussa un sourcil, elle se rappellait que trop bien l’avertissement que lui avait donné l’enclume un peu plus tôt, peut-être qu’il était mieux de ne pas répondre.
« Ne t’inquiète pas. Les donzelles dans mon genre ne sont pas intéressé par ton amant.»


« Il n’est pas mon amant.» Répondit-elle en mettant violemment ses deux mains sur la table, plongeant son regard dans celui de la baronne. « Il est à moi. » Adélina haussa les épaules l’air nonchalant « Oui, peu m’importe. J’avais compris la première fois. Et je te le répète. Je ne suis pas intéressée. »
« Alors tiens toi loin de lui!»
Adélina devint de plus en plus agacée, c’est qu’elle ne comprenait rien celle-là… Le capitaine n’avait définitivement pas les cervelles dans sa liste de choses à avoir d’une femme. « Aucun problème! » Cette réplique eut au moins l’air de calmer ses ardeurs, alors qu’un sourire étira les lèvres de la dénommée Sarah. « Et ne lui adresse plus la parole! » Adélina soupira en levant les yeux aux ciels, jamais elle n’avait cru entendre de telles âneries. On aurait dit qu’elle discutait avec un enfant. Elle fit rapidement un signe de main, une façon quelque peu hautaine de la congédier avant de répondre à une question que lui posait une des pirates à ses côtés. La façon de faire de la baronne ne sembla guère apprécier de la mécane, qui frappa de ses deux mains sur la table avant de reprendre la parole d’un ton encore plus agressif. « Je les connais les petites catins comme toi! Tu fais ta difficile mais aussitôt que je vais avoir le dos tourner tu vas tenter de mettre sa main sur lui! C’est le père de mon fils! Mon homme! »
L’alonnaise sembla se crisper un moment, avant de se retourner vers la rouquine. En réalité, elle était bien consciente que peu importe ce qu’elle lui dirait, cette dernière ne serait jamais réellement heureuse. Adélina se retourna finalement vers la rouquine, un air grave; « Comment tu m’as appelé? »
Sarah eut un sourire amusé avant de se redresser, croisant fièrement ses bras contre elle. « Catin. » Répliqua-t-elle rapidement. Adélina se redressa rapidement de la chaise faisant face à la rouquine, faisant crisser sa chaise en même temps. La taverne sembla devenir étrangement silencieuse alors que les deux femmes se faisaient face en se lançant des regards mauvais.
Caleb étant retourné à sa place et n’ayant pas quitté l’échange du regard continua d’observer la scène. Quand la baronne se redressa vivement, il haussa son sourcil d’un air curieux et surpris. Ainsi la nobliaude avait du cran et ne se laisserait pas marcher dessus, c’était une bonne chose, il appréciait de voir ça. Impassible, accoudé sur la table, son verre en main, il continua de regarder, impatient de la suite. L’Enclume, quant à lui se mit à rire en regardant Croqueuse “J’pense qu’tu vas aligner la monnaie ma belle.”
« Catin… C’est pas moi qui se pend au cou d’un homme qui ne veut visiblement pas de moi! Ouvre toi les yeux! Peut-être que toi, ça te fait plaisir d’être un toutou de poche, mais moi j’ai autre chose à faire que d’être derrière un homme. Maintenant je te l’ai dit. Je n’en veux pas du Capitaine et franchement si tu me crois pas j’en ai absolument rien à faire! » Elle posa son regard vers le pirate qui semblait amusé de la scène avant se rétorquer; « Ton toutou a besoin d’être en laisse, si elle sait pas bien se tenir! » La rouquine souffla du nez avant de se lancer sur la baronne, poing fermée elle lança un coup de poing en direction de la baronne qui, étonnamment réussi à l’éviter de justesse. Ne sachant pas trop quoi faire, cette dernière lui agrippa les cheveux, tentant de la maîtriser sur la table, mais cette dernière attrapa une bouteille pour tenter de la fracasser sur la baronne. Sur l’adrénaline, cette dernière retint le coup, mais la Mecane fracassa la bouteille sur la table, avant d’attaquer de nouveau la baronne, entailla son bras. L’alonnaise qui tenait toujours une poignée de cheveux de la pirate réussit à ramener sa main entaillée et attraper la tête de cette dernière avant de l’assommer contre la table.

Quand les coups s’échangèrent entre les deux femmes, le Rokvenha fit signe à Rocaille et Noirâtre d’intervenir d’un signe de menton. Les deux marins se levèrent alors et se dirigèrent en direction des deux furies, pour tenter de les séparer. Le nain, continuant de rire, se tourna une nouvelle fois vers la Seconde, qui le fusilla du regard. “Allez aligne !”

D’un bond, l’alonnaise recula, tenta de mettre le plus de distance entre elle et la mécane qui se relevait encore plus furibonde. Les deux femmes se dévisagèrent alors que des cris d’encouragements semblaient emplir la pièce. Cette dernière, maintenant le front rougeâtre après son impact quelques peu brutale avec la table de bois se lança de nouveau vers la baronne mais fut rapidement retenu par un pirate. « T’es qu’une salope! » hurla-t-elle ce qui sembla mettre l’alonnaise hors d’elle. Mais elle eut à peine le temps de faire un pas vers l’avant qu’une paire de bras entoura sa taille, la tirant vers l’arrière. « Tu paies rien pour attendre! Je te garantis que tu vas finir la tête sur un pic! Et crois moi que ton capitaine te pleuras pas! » Rocaille traina la baronne hors de la pièce sous les éclats de rire et les encouragements. Rocaille la traîna vers la sortie de la taverne alors que cette dernière se débattait, faisant fit du sang qui coulait sur sa main. Un des pirates eut même l’audacité de dire à la baronne; « S’te genre d’donzelle au lit c’d’ vraies furies! T’inquiète ma belle! J’va m’occuper d’toi! » Adélina, qui n’était définitivement pas dans un état d’esprit à prendre des blagues attrapa d’une main une bouteille sur un table avant de la lancer vers le pirate à la grande gueule. Ce dernier l’évita sans difficulté, en riant aux éclats, alors que Rocaille sortait de la taverne en entraînant la baronne.

Le Capitaine regarda Adélina se faire emmener hors de l’établissement, gardant toujours son air impassible au visage. Au fond de lui, le mécan jubilait, en effet, voir la baronne dans pareil état l’avait rendu encore plus intéressé par celle-ci qui, malgré ses réticences, se fondait bien dans son environnement, jurant et se battant comme une bougresse élevée à la sauce mécane. Finalement, il pivota sur sa chaise, empocha les pièces que la sang-mêlée lui avait donné et leva son verre en direction des autres clients, qui reprirent peu à peu leur soirée, parlant alors de cette bagarre d’harpie. L’Enclume, quant à lui, afin de relancer l’ambiance à son tour, emporté par l’ivresse, se releva et se mit debout sur la table avant de pousser une chanson, levant son verre de rhum.


RHUM RHUM et puis tout va bien !
C'est l’meilleur des remèdes, pas besoin d'médecin !
RHUM RHUM, jusqu'au p’tit matin !
On r’part l’tête lourde et l’bourse en chagrin…


Dehors, Rocaille qui avait emporté la baronne sans difficulté la reposa sur ses deux pieds délicatement. Le Colosse expira sèchement du nez et d’une manière ferme lui ordonna “Calme toi.” Son intonation, et son gabarit, ne laissait peu de place à la remise en question et ainsi il patienta, attendant qu’Adélina se calme doucement. Adélina était hors d’elle. Comment avait-elle osée? Cette pathétique énergumène qui la traitait de catin et de salope! Ce n’était pas elle qui était pendue au coup du capitaine à tout bout de champs! Adélina se mit à marcher de long en large ruminant sa fureur. Se faire insulter ainsi! Alors qu’elle n’avait rien fait, ni même adressé un mot à son pathétique amant! La jeune femme souffle rapidement du nez, avant de s’accoter contre un mur, fermant les yeux pour tenter de se calmer. C’était assez hors de son caractère d’avoir agit ainsi, mais le stress occasionné par son enlèvement en plus d’un enfant à prendre soin devait certainement être derrière ce nouveau caractère bouillant. D’ailleurs difficile de se calmer quand on peut entendre les rires et les chants!



Si dans tous l’ports on voit d’jouvencelles
J'pas choisi, mais j'pris la plus belle !
Car au bout d'six mois, elles sont forcément belles !
J'ai trop bourlingué pour m'attacher à elles…



Dans le même temps, Caleb se leva de sa chaise et alla voir Sarah qui était à son tour tenue par le Drow, il se pencha vers elle pour lui murmurer quelque chose à l’oreille. La rouquine sourit en le voyant approcher et perdit toute joie, devenant pâle de peur, aux propos que lui chuchota le mécan, déglutissant alors avant d'hocher la tête en guise de soumission. “R’touche la une fois… R’fais moi pareille scène… Et j’irai moi même arracher l’tripes d’ton chiard pour les r’pandre partout dans Méca… bien clair ?” Le Rokvenha regarda ensuite l’Elfe et lui demanda de ramener la jeune femme chez elle.



RHUM RHUM et puis tout va bien !
C'est l’meilleur des remèdes, pas besoin d'médecin !
RHUM RHUM, jusqu'au p’tit matin !
On repart tête lourde et la bourse en chagrin…



Le Mécan sortit alors de l’auberge et en voyant Adélina applaudit en riant. “Bah hé ! V’là qu’ma Jolie Rose a des épines héhé !” La jeune femme ouvrit finalement les yeux, avant de lui lancer un regard noir, signe qu’elle n’était toujours pas calme. Il s’approcha d’elle et se saisit de son avant-bras ensanglanté. “Ta première blessure d’guerre mécane ! Bienv’nue chez moi ma belle.” Il ouvrit les bras d’un air accueillant en sa direction, comme pour l’inviter à l’accolade. Ce qui sembla faire de nouveau explosé la jeune femme. D’un coup sec, elle retira son bras ensanglanté de la main de Caleb avant de reprendre la parole; « Tout ça, c’est de TA faute! » Dit-elle clairement en colère, s’avançant même d’un pas pour planter son regard dans le sien comme si elle le défiait. « J’ai enduré tes tests, tes tortures, je me suis plié pour tenter de me faire discrète et tu oses me mêler à tes amourettes avec des sans-cervelles! » Elle expira du nez à nouveau; « J’en ai rien à faire d’avec qui tu passes tes nuits. Mais ne me mêle pas à tes histoires! » Après tout, la baronne n’avait même pas dit un mot au pirate dans l’auberge, ni même un regard d’ailleurs. C’était lui qui était venue la voir, sachant très bien que sa conquête dégénérée n’apprécierait point cela. « Trouve-nous une autre chambre! Je ne risquerais pas ma vie ni celle de mon fils à cause des débris que tu mets dans ton lit! » Sans attendre, la baronne se mit à marcher, contournant le pirate pour tenter de s’éloigner de l’auberge et de ce dernier.

Il l’avait écouté se plaindre et râler, gardant un sourire amusé aux coins des lèvres qu’il ne prenait même pas la peine de dissimuler. Durant la crise de la baronne, il fit un signe au colosse pour qu’il prenne congé et le gratifia d’une tape amicale sur l’épaule pour le remercier avant de revenir à Adélina. C’est qu’elle était pas contente et elle avait le droit. En effet, Caleb avait fait plus ou moins exprès d’aller la voir devant Sarah, en effet, il avait fait en sorte d’attiser la jalousie de la rouquine pour voir comme la Rose allait réagir devant ça, c’était là son cadeau de bienvenue.

Il intercepta alors la jeune femme en l’empoignant par l’avant-bras et la ramena vers lui, gardant son sourire aux coins des lèvres. “Hép ! J’te déconseille d’partir seule par là, d’pleine nuit…” Il la fit pivoter pour la ramener vers l’auberge et continua. “T’as raison, c’était voulu. T’as d’ailleurs d’passé mes attentes ! héhé mais j’vais t’dire pourquoi … Parce qu’ici, à Méca c’est soit on s’fait croquer, soit on croque et… J’préfère qu’tu montres à tous qu’tu sais croquer la première pour pas avoir d’emmerdes… Surtout qu’ça évitera aux aut’ d’penser qu’c’est toi la baronne que j’ai enlevé car ça… Les gens vont chercher à l’savoir.” Il passa alors son bras autour des épaules d’Adélina se servant de la jeune femme comme d’un accoudoir. “En tout cas, j’aime bien t’voir agir comme une harpie, aye !” Le mécan était heureux, mais aussi éméché, il reprit alors. “Allez, d’tends toi… La Rouquine te f’ra plus chier, j’te l’promet, j’m’en suis assuré personnellement… R’tourne dans ta chamb’, j’vais faire v’nir l’Charcut pour t’bras, mais… Dis toi qu’c’est ton premier souv’nir d’Méca !”Sans attendre, Adélina enleva brutalement le bras du pirate de son épaule. Elle fit un pas sur le côté, s’éloignant volontairement du pirate et de l’entrée de l’auberge. « Ne me touches pas! » répondit-elle encore plus durement. « Que tu aimes ou non ne veut rien dire! Je ne suis pas mecane et je ne jouerais pas à tes jeux de manipulation! » Au même moment, la porte s’ouvrit pour laisser trois hommes sortir, l’un d’eux était celui qui avait éviter la bouteille jetée par la baronne, il siffla en voyant de nouveau la jeune femme en ricanant. Adélina se mit à fixer l’individu clairement en colère alors que ces poings se referment. Elle avait l’impression que ses doigts étaient devenus blancs tellement elle les tenait fermés, cela sembla amuser le pirate qui rejoint ses confrères, allant même jusqu’à faire un commentaire sur son postérieur. Définitivement, cet endroit n’était définitivement pas pour elle. « Va rejoindre ton énergumène et ne t’approche plus de moi. » La jeune femme contourna le pirate pour entrer tenter de s’éloigner de nouveau de l’auberge, être en sa compagnie n’aidait absolument rien en ce moment.

Caleb la regarda s’éloigner, gardant son sourire en coin, amusé par le caractère de la baronne qui s’était endurcie sous la colère. Quand la jeune femme disparue dans une rue adjacente, Caleb pivota dans la direction des marins et les interpella. “Hé ! L’gars ?” Les trois marins se retournèrent alors en regardant le Rokvenha qui, sans un mot, les fixa simplement. “Tu veux quoi ? Hein ?” En les voyant réagir de la sorte il leva les mains l’air de vouloir désengager toute escalade, gardant son air amusé. “Ah rien, j’me suis trompé !” Puis il s’éloigna comme si de rien n’était, enfouissant les mains dans les poches. Retournant dans l’établissement pour poursuivre sa soirée.  

Le lendemain matin, dès l’aube, trois cadavres d’hommes seront alors retrouvés égorgés dans une ruelle sombre du port de Méca. L’un d’eux avait le visage tellement amoché par des coups qu’il était devenu méconnaissable.
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Adélina
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MessageSujet: Re: Des Serres à Méca [Adélina]   Des Serres à Méca [Adélina] I_icon_minitimeVen 3 Fév 2023 - 14:04





Cela avait prit un certain temps avant que la jeune femme ne se décident à retourner dans l’auberge. Il fallait dire que l’air salin, et la fraîcheur de la nuit l’avait quelque peu aidé à se calmer et à se remettre de ses émotions. Jamais elle ne s’était sentie aussi loin de chez elle. Mais une chose était claire, l’alonnaise n’était définitivement pas faite pour ce monde. Elle avait été élevée pour régner, pour diriger et non pas pour prendre un coup et se faire attaquer pour un homme qu’elle ne voulait pas! Enfin, qu’elle ne pouvait avoir. La baronne s’assit en face de l’auberge après avoir vérifié que le Rokvenha était retourné à l’intérieur. Assise à même le sol, elle s’était perdue dans ses pensées, faisant tournoyer sa bague entre ses doigts, passant de nombreuses minutes à observer les éclats de l’émeraude qui scintillait lorsqu’un quelconque éclat de lumière venait la frapper. Serait-elle dans cette situation si elle n’avait pas demandé à son mari de faire la paix avec sa soeur? Quel était le plan de la DameDieu pour lui faire traverser de telle épreuve? À moins que cela ne soit une punition, mais elle avait bien du mal à comprendre ce qu’elle avait fait de mal.


Adélina soupira avant de remettre la bague à son index. D’un bond, elle se releva avant d’entrer rapidement dans l’auberge, montant rapidement les escaliers sans même jeter un regard aux gens présents dans la grande salle. Elle traversa le couloir, avant de finalement entrer dans la chambre que lui avait donné le Rokvenha. Morveux se releva rapidement en la voyant entrer, surpris de la voir revenir si tôt. « Merci Morveux, je vais m’en occuper maintenant. Va t’amuser avec les autres.» L’adolescent eut un sourire avant de saluer la baronne pour sortir de la pièce, refermant la porte derrière lui. Cela prit quelques minutes avant que le Charcu ne vienne pour prendre soin du bras ensanglanté de la baronne. La blessure nécessitant même quelques points. Adélina encaissa le tout sans se plaindre, remerciant le supposé guérisseur alors que ce dernier sortait de la pièce. Sans attendre, la jeune femme poussa le verrou, avant de commencer à enlever ses vêtements, commençant d’abord par l’inconfortable bustier que lui avait prêté la seconde du navire. Une fois débarrassée de tous les vêtements elle se lava rapidement avant d’enfiler une chemise blanche, probablement une qui avait appartenu au capitaine à voir sa taille. L’encolure était si grande, qu’elle découvrait sans arrêt l’une des épaules de l’alonnaise. Qui plus est, elle était relativement courte, et s’arrêtait bien au-dessus du genou, mais bon, pour passer la nuit seule, cela ferait l’affaire.


Pendant ce temps, Caleb avait décidé de poursuivre la soirée avec les autres membres de l’équipage. Les marins avaient bien mérité pareille récompense avant de reprendre la mer aussitôt. Il était prévu que dès le lendemain, le boutre reparte en direction du Nord de l’île pour accoster sur une des plages de la Malvoie, réputée pour son vent dangereux et ses récifs piégeux. Il leur fallait aussi trouver un guide pour retrouver la route qui les mènerait directement à la cabane de la Médée et pour se faire, le capitaine avait décidé que ce serait à Croqueuse de s’en charger, elle qui saurait jouer de ses charmes pour convaincre le guide de les y emmener. La nuit avançait de plus en plus et après que Caleb ait disparu avec le Noirâtre hors de l’auberge, seul le capitaine revint dans l’établissement la chemise et la tête tâchées de sang. Il s’efforça de se faire discret et monta aussitôt dans sa chambre, sans prendre le temps d’expliquer quoi que ce soit à ses hommes qui avaient pu le remarquer. Il ouvrit alors la porte de sa chambre, après avoir mis un certain temps pour trouver les clefs avant de s’apercevoir qu’elle était déjà ouverte. Il entra en titubant à l’intérieur, saoul de sa soirée.


Adélina jetta un regard à son fils et voyant que ce dernier était paisiblement endormi. Rassurée, elle se faufila rapidement entre les draps, se disant qu’un peu de repos ne lui ferais pas de tort. Mais quelques heures plus tard elle se fit réveiller par quelqu’un qui venait de déverrouiller la serrure pour entrer dans la pièce. Croyant à une menace quelconque, Adélina se leva d’un bond, attrapant le poignard que lui avait donné le Rokvenha un peu plus tôt, le brandissant vers l’intrus. Enfin, jusqu’à ce qu’elle reconnu le capitaine. « Je t’avais dit de te trouver une autre chambre…» siffla-t-elle en baissant le poignard pour lui jeter un regard colérique. Puis, la baronne s’arrêta net alors qu’elle entrevut le visage ensanglanté du pirate. Sans attendre, elle s'approcha de ce dernier, déposant le poignard sur le lit pour poser délicatement le bout de ses doigts sur sa mâchoire. Elle le fit bouger délicatement d’un côté et de l’autre, tentant de voir où était la blessure avec la lueur d’une seule chandelle. « Tu es blessé? » murmura-t-elle alors qu’elle tentait toujours de voir si le capitaine avait une quelconque coupure.


Le Rokvenha, d’abord surpris d’entendre une voix féminine dans sa chambre, ayant oublié l’accord passé avec Adélina, râla quelque peu de manière incompréhensible, trahissant son ivresse certaine. ‘Je… raaah… C’est que..” Puis, sans même s’y attendre, il vit la baronne s’approcher de lui et se saisir de son visage, qu’elle observa avec attention. Il fronça alors les sourcils en se laissant manipuler de la sorte. “... Non, j’ai rien t’tracasse pas… R’tournes t’coucher.” Il avait des marques de sang sur lui, oui, mais Adélina ne vit aucune blessure apparente. Il posa son regard dans celui de la jeune femme et celle-ci pouvait voir une lueur d’adrénaline et d’excitation, les pupilles dilatée par une euphorie silencieuse, probablement causée par l’alcool ou un tout autre plaisir inavouable.  Adélina observa le pirate pendant un moment, soutenant ce regard pendant quelques instants, silencieuse. Elle connaissait ce regard. C’était le même que lorsqu’il commettait ses actes brutaux. Le même quand il avait éventré son agresseur. Mais aussi le même qu’il avait eu lors de la soirée arrosée qu’ils avaient passé ensemble. Puis elle comprit rapidement…Ce n’était pas son sang… Sans le vouloir son pouce caressa sa mâchoire, semblant balayée une gouttelette de sang, avant qu’elle ne le relâche finalement, reprenant ensuite  la parole; « Qu’est-ce qui s’est passé?» Pendant une seconde, elle se demanda si la harpie du capitaine était responsable de la bagarre à laquelle il avait forcément participé. Il retira son visage de l’emprise délicate d’Adélina en se retournant vers son bureau, ramassant quelques affaires, dont des cartes. “Rien, t’fais pas.” Le  mécan laissa échapper un bref soupir de fatigue avant de revenir à la baronne. “J’vais m’passer un coup d’eau l’temps qu’tu t’prépares… On va pas y aller d’suite pour l’coup on doit ‘core préparer d’choses.” Il se dirigea alors vers un semblant d’armoire qu’il ouvrit pour y chercher quelques affaires. Adélina le regarda faire un moment, pensive, se demandant surtout quoi faire. Cela prit bien quelques secondes avant qu’elle ne bouge se rapprochant derrière le pirate avant de lui mettre la main sur l’épaule, pour l’arrêter. Espérant que ce dernier se retourne. Puis, voyant que ce dernier ne bougea pas, elle reprit la parole; « Non. On ira nulle part tant que tu n'auras pas pris du repos. » Bon, elle aurait bien voulu s’avoir ce qui s’était passé, mais ce n’était peut-être pas le bon moment, surtout lorsqu’il était dans cet état. Après quelques secondes à fouiller dans son armoire, il pivota vers elle et la fixa, il laissa entendre un léger grognement de déssaprobation quant au ton employé par la baronne, mais ne fit rien de plus que l’écarter simplement de son chemin, doucement, de sa main. “J’me r’poserai quand tout s’ra bien fait.” Il retourna alors à son bureau, semblant chercher encore quelques affaires. Tout en fouillant, il reprit. “T’comptais m’larder l’corps avec l’poignard ? Héhé ?” Il se retourna vers elle, un brin amusé à cette idée. “L’castagne qu’t’as fait hier soir t’as fait pousser des ailes ?” Il prit un air taquin à cette idée, continuant de chercher dans les tiroirs de son meuble. Curieusement, le grognement du pirate n’effraya guère la jeune femme, elle le suivit du regard alors qu’il l’écartait de nouveau pour aller farfouiller dans son bureau. Elle frissonna un moment, avant de reprendre; « Cela ne serait pas la première fois. J’ignore pourquoi ça te surprend. » L’alonnaise croisa ses bras contre elle, supportant le regard du pirate avant de rétorquer; « C’est toi qui m’as dit que Meca n’était pas sûr. Alors un étranger dans ma chambre ne laissait guère présager une visite de courtoisie. » Sans attendre, la jeune femme retourna sur le lit pour s’y asseoir, étirant la chemise pour lui couvrir un peu plus les cuisses.


Le mécan ria en écoutant Adélina et se redressa finalement avec un papier qu’il froissa entre ses mains. “Aye t’as bien raison… Et non, j’oublie pas qu’t’as essayé d’me caner déjà.” Il la regarda alors couvrir ses cuisses en gardant son sourire en silence. Elle avait toujours ce réflexe là mais cette fois-ci elle portait l’une de ses propres chemise. Comme un étendard sur un navire, pour le capitaine, cet accoutrement était un peu une manière de marquer sa possession. Il désigna le chemiser de sa main. “L’étire pas d’trop” Puis il sourit avant de reprendre sur un ton bien plus taquin. “Mais j’vois qu’la Rose porte l’étendard du Rokvenha… Héhé” Il se détourna l’air de rien, allant chercher la bassine d’eau qui était dans un coin. Adélina haussa un sourcil en entendant sa remarque. Elle n’avait pas oublié qu’elle s’était offert à ce dernier pour sauver la vie de son fils alors qu’il menaçait de le lancer à l’eau. Curieuse de voir sa réaction, Adélina se leva rapidement alors que le pirate lui faisait dls, s’approchant d’un pas feutré de ce dernier pour lui faire face lorsqu’il se retournerait. D’ailleurs, elle ne reprit la parole que lorsque ce dernier se retourna, lui lançant un regard amusé; « Une idée qui semble particulièrement te plaire… Ne t’inquiète pas. Même si je l’étire tu pourras la donner à ta favorite. Je suis certaine qu’elle appréciera. » Dit-elle en faisant référence à la femme qui l’avait attaquée un peu plus tôt. Il garda son air amusé à la réaction de la baronne. “Aye, ma favorite… mmh-mmh…” Il se détourna alors en reniflant, venant tremper un linge propre dans l’eau. “J’m’en fais pas trop… J’aime juste l’idée qu’mes possessions soient visib’ des aut’ pour éviter qu’on m’tire mes marchandises.” l resta dos à elle, amusé au fond de lui par ses propos qu’il savait dérangeant pour la jeune femme. L‘air de rien, il s’essuya le visage frénétiquement pour tenter de faire partir le sang qui avait commencé à sécher. Adélina sembla se renfrogné alors qu’elle entendit les paroles du capitaine. Il tentait clairement de la provoquer et il y arrivait toujours en la comparant à une marchandise. Mais si il voulait jouer le jeu de la provocation, elle pouvait le faire aussi… « Peut-être devrais-je l’enlever alors. » rétorqua-t-elle en penchant la tête sur le côté, attendant la réaction du pirate qui était toujours dos à elle. “Fais donc” répondit-il sans même sembler hésiter, continuant de se laver le visage. “Si t’penses me mett’ mal à l’aise en t’mettant nue d’vant moi… Tu t’trompe ma Rose.” Il avait l’air sérieux dans sa manière de parler, aucunement dérangé ou piqué par cette idée.


La jeune femme haussa les épaules avant de se retourner: « Très bien…» Sans attendre, retourna vers son fils, jetant un coup d’oeil pour vérifier que ce dernier était bel et bien endormi avant de reprendre la parole; « Et tu as trouvé quelqu’un pour Gabriel? » Continuant de se laver “Mmh-Mmh… Il va nous suiv’ enfin… L’navire vous nous déposer au nord d’l’ile, l’équipage va suiv’, ton chiard restera à bord avec l’Morveux et les aut’ qui s’occup’ront d’lui, ça t’convient ?” Il déposa alors la serviette sur le bord de la bassine et commença à défaire les lacets de sa tunique. “Toute façon, y’a pas trop l’choix, à part si t’veux rester sur l’bout’ avec les aut’.”Adélina se retourna vers le pirate. « Je croyais que c’était un ordre? » Après tout, il avait été assez insistant lors de leur dernière discussion, lui demandant assez rudement de ne pas le contredire de nouveau. Mais lorsqu’il s’agissait de son fils, Adélina n’hésitait aucunement au risque de se prendre un coup. Voulant parer à cette possibilité, la baronne avança de quelques pas, se mettant entre son fils et le pirate avant de rétorquer: « Et tu as trouvé quelqu’un pour le nourrir pendant ce temps? »


Il souffla de plus belle à ce sujet, il le savait que trop bien, les conversations qui concernaient Gabriel étaient bien souvent source de discorde entre les deux. Il ne voulait pas se soucier d’un gamin et ce dernier ne rentrait pas complètement dans ces plans du moins, pasquand il s’agissait d’aller marcher plusieurs énéades dans le bayou. Il retira son chemisier, se retrouvant alors torse nu, dos à Adélina, cette dernière pouvait voir à nouveau les imposants tatouages et autres cicatrices que possédait le mécan. Il trempa le linge dans l’eau et le frotta. “J’sais pas pour ton chiard, pour l’nourrir non plus. Tu resteras sur l’navire pour t’en occuper” Il coupa court à cette discussion qui venait de gâcher, pour lui, la situation dans laquelle ils étaient quelques instants plus tôt. Le capitaine se referma et la baronne pu voir les muscles de son dos se contracter un bref instant, avant qu’il ne se passe de l’eau froide sur le visage. Adélina l’observa un moment silencieuse, remarquant que ce dernier s’était rapidement brusqué, ce qui en soi, n’était jamais réellement bon signe. Surtout que si la situation avait escaladé ainsi, c’était définitivement de sa faute… Sans attendre, elle s’approcha de l’homme au torse nu, ravalant sa gêne, Adélina posa délicatement une de ses mains dans le bas du dos du marin, avant que l’autre ne vienne la rejoindre rapidement. Elle écarta doucement les doigts avant de commencer à masser légèrement le pirate.


A ce geste, d’abord surpris, le capitaine se raidit totalement en laissant échapper une expiration lourde, mais bien vite il se détendit. Le mécan laissa alors la baronne glisser ses doigts sur son dos et des frissons apparurent sous les caresses. Il resta ainsi silencieux, laissant néanmoins le toucher le détendre peu à peu, ses muscles se décrispant sous les mains d’Adélina. Il continua de se passer de l’eau sur le visage. Il ne semblait pas déranger par le toucher ni même totalement l’apprécier, néanmoins il ne bougea pas. Rarement il s’était laissé ainsi approcher et toucher de la sorte et à cet instant, ça ne lui sembait pas désagréable, peut-être était-ce dut a sa nervosité palpable qu’il endurait depuis quelques jours, bien trop longtemps à son goût en cet instant qui lui paraissait une réelle douceur cependant malvenue. “... Qu’est c’qui t’prends  ?” Son ton n’était pas agressif mais était assez sec. Visiblement il ne s’attendait pas à pareil traitement et s’imaginait peut-être que c’était là un subterfuge de la part de la baronne pour quelconque raison. Adélina haussa les épaules tout en continuant ses mouvements. « Si cela te dérange, je peux arrêter. » Elle était sérieuse, aucune raillerie ou moquerie ne se dégageait de sa voix. Puis semblant repérer un noeud, la jeune femme y focussé son attention, ttentant de délier la tension qui s’était accumulée chez le pirate. « Cela fait des jours que je t’observe. Je le vois bien que tu es nerveux… J’essaie simplement d’aider à ma manière. » Dit-elle doucement en continuant son travail. C’était une des choses qu’elle avait appris à faire pour Théodoric et ce dernier ne s’était jamais plaint de ce traitement. Certes, généralement cela finissait différemment, mais si cela pouvait aider le Rokvenha a se calmer et à se remettre les idées en place, c’était déjà une bonne chose. Une fois terminé avec le bas du dos du pirate, la jeune femme se mit sur la pointe des pieds pour tenter de refaire la même chose sur les épaules du capitaine. A cet instant, il s’était décidé à se laisser faire et apprécier l’instant. Au moment ou elle remonta ses mains le pirate eut un frisson lui couru le long de l’échine, le faisait trembler légèrement, il expira de nouveau en s’affaissant légèrement pour faciliter le travail. Il ne s’attendait pas à ce genre de coup de main de la part d’Adélina, et même s’il essayait de prétendre qu’il n’appréciait pas, son corps qui se détendait et ses frissons trahissaient le contraire. “T’as encore bu ?” Grogna le mécan, en tournant légèrement la tête d’un quart de tour comme pour essayer de la voir sans bouger davantage. La jeune femme eut un léger sourire avant de souffler du nez. « Non. » Elle s’attaqua à son épaule droite, toujours sur la pointe des pieds, laissant son pouce suivre l’omoplate du pirate. « À vrai dire je n’ai même pas eu la chance de prendre un seul verre que Rocaille m'a sortie du bar…» Une belle façon de tourner les événements qui s'étaient passés un peu plus tôt… A ces propos il expira du nez, comme un rire étouffé par la pression qu’elle exerça sur son épaule. “Aaah… Donc t’es frustrée… On en vient ...Tu vas m’demander quoi en échange ? Mmh ?” Il eu un tic nerveux, sa main se crispant sur le linge et expira longuement en signe de résignation à ce moment de détente offert.  Adélina s’arrêta un instant, avant d’hausser un sourcil, posant finalement son regard sur le pirate. « Frustrée? » Elle se mordilla la lèvre inférieure un moment, l’air pensive, avant de reposer son regard sur l’épaule du pirate. « J'ai rien à demander… » Surtout lorsqu’il lui répétait sans arrêt qu’elle était seulement qu’une marchandise. Non elle avait besoin qu’il retrouve son calme, car il était la seule personne qui pouvait la sortir de Meca, et aussi la seule personne qui lui avait réellement offert sa protection. « Je ne suis pas frustrée… Disons que ce n’est pas un mot que j’aurais employé. » Son pouce glissa de nouveau sur son omoplate droite, tentant de masser le haut de son épaule. « Je ne peux pas aller plus haut. À moins que tu veuilles t’asseoir? » Il expira une nouvelle fois en signe de mécontentement quand elle arrêta son massage et pivota alors en allant s’installer sur le bord du lit, s’asseyant en la regardant. Elle avait réussi à faire ce qu’elle voulait, le capitaine était calme et détendu, il en redemandait même encore. “T’aurais dis quoi ?” Il haussa un sourcil alors en continuant de la regarder, toujours vêtue de sa chemise bien trop grande pour elle, un sourire naissant aux coins de ses lèvres. “Tu veux qu’j’aille t’chercher d’quoi étancher ta soif ?” Il ne pouvait la quitter des yeux à cet instant. “Tu commences à apprécier d’boire d’l’alcool, j’sais pas si c’est une bonne chose ça…” Il resta alors assit à l’attendre. Adélina le suivit du regard alors que le capitaine se libérait de son emprise pour aller s’asseoir sur le lit. Elle eut un léger sourire alors qu’elle comprit qu’il en demandait silencieusement plus. Sans attendre, elle le suivit, montant sur le lit pour se mettre à genoux derrière lui. Puis, reprit ce qu’elle avait commencé, cette fois s’attaquant au sommet de son épaule. « Non ça va. Quant à boire, je le faisait déjà. C’est juste que généralement, cela ne me met pas KO en quelques gorgées. » L’alonnaise évita la première question, ne voulant guère causer une nouvelle discussion tendue.


L’homme se laissa alors faire, sa demande silencieuse ainsi écoutée. Quand Adélina reprit son massage il reprit alors la parole. “J’me doute qu’c’est pas l’même qualité d’alcool…” Il laissa échapper un bref rire.La jeune femme eut un léger sourire avant de répondre; « Surtout pas le même type.» Il sembla se terrer dans son silence un bref instant, laissant planer le doute quant à une erreur de la part de la baronne. Adélina fronça les sourcils un moment, alors que ce dernier se murait de nouveau silence. Par chance, elle n’eut pas besoin d’attendre longtemps. Après quelques secondes de réflexion, il continua “On r’prend la mer d’main soir… On pas l’large. On va faire l’tour d’Méca par l’ouest et s’rend’ au Nord à l’Malvoie.” Il n’avait pas pour habitude de partager ses plans à la jeune femme. Cependant, son état de calme apparent devait l’aider à se livrer un peu plus. La jeune femme s’arrêta un moment, pensive avant de se déplacer vers la gauche, s’attaquant à son autre épaule. Ses doigts glissèrent légèrement, suivant la courbure de ses muscles, appliquant une légère pression, avant qu’elle n’ose finalement reprendre la parole; « Il y a des choses que tu veux que je fasse avant notre départ? » Elle se doutait bien que la réponse serait non, ou probablement le laisser dormir avant qu’ils ne prennent la route. Mais elle nota que ce dernier avait changé son plan encore une fois. À croire qu’elle aidait réellement à lui remettre les idées en place. Adélina sentit un nouveau noeud, et remit une pression sur ce dernier. La baronne eut l’impression que ce dernier tressaillit, elle s’arrêta une seconde, lui laissant le temps de se remettre. « Pardon…» Puis, reprenant de nouveau, elle osa finalement poser la question qui lui brûlait en tête. « Est-ce que cela veut dire que moi et les autres feront le trajet avec les mains liées et les yeux bandés? » Sans attendre il rétorqua. “Naye, pas d’raison d’le faire, on va longer l’côtes, on va pas sortir des eaux d’méca alors vous verrez rien d’pour la r’trouverr.” Il sourit, se détendant davantage, ce massage avait réellement un effet bénéfique sur son comportement, ou au moins, cet instant de calme. “Juste prépare toi, l’Croqueuse doit m’trouver un guide, les aut’ les vivres… Pour l’reste tout est en place, on attend plus qu’quelques préparatifs avant d’partir… Ca va pas êt’ une partie d’joie, j’préfère t’prévenir” Il pivota la tête d’un quart encore une fois, comme pour la regarder dans son dos. “S’prom’ner dans l’bayou c’est pas facile, sans compter les quelques bestiaux qui s’trouvent là-bas. Après si t’veux tu rest’ras sur l’navire.” Il ferma alors les yeux, se laissant porter par les mouvements appuyés des doigts d’Adélina. La jeune femme accentua la pression sur son épaule, sentant cette dernière se détendre de plus en plus, tout comme elle d’ailleurs. Le fait qu’elle n’ait pas à passer les prochaines ennéades les yeux bandés était quelque peu rassurant. « Je verrais…» Dit-elle tout simplement. Puis ses doigts se posèrent sur sa nuque, tentant de délier son cou, alors que son massage arrivait à sa fin. Elle se mordilla la lèvre inférieure, quelque peu pensive, avant d’oser reprendre la parole; « Es-ce que la médée peut répondre à toutes les questions? Même celles qui n’ont rien à voir avec Meca ou ses traditions? »


Au contact de la main sur sa nuque, le Rokvenha se crispa légèrement, une longue expiration nasale se fit entendre. Bien qu’il ne bougea pas ni ne dit quoi que ce soit, il sembla partager à cet instant entre apprécier ce massage ou se défaire de cette poigne sur cette partie de son corps. “J’sais pas… J’suis jamais allé la voir.” Il laissa Adélina poursuivre alors, fermant les yeux un instant, comme s’il se laissait à la merci de cette dernière qui avait maintenant toute l’amplitude de pouvoir se libérer de son tortionnaire en un geste éclair. “J’pense qu’elle peut répondre à tout un tas d’choses… Faudra qu’tu lui d’mandes directement.” Finalement il se détacha d’elle et se redressa en évitant de trop faire bouger le lit où Gabriel dormait encore. “... Profite d’cette journée pour te r’poser et préparer tes ‘ffaires… Si t’dois bouger, va voir Rocaille il s’charg’ra d’te surveiller.” Il se déplaça alors en direction de son armoire, cherchant de nouveau une tunique à se mettre. Il n’eut aucun geste, aucun remerciement pour ce que venait de faire Adélina, bien qu’elle pouvait se douter que ses efforts avaient plu au mécan tant il s’était détendu entre ses doigts. Néanmoins, en apparence, il semblait s’être renfermé, comme si avoir abordé le sujet lui avait rappelé ses prétentions et ces prochains projets. La jeune femme le regarda faire silencieusement, les sourcils froncés. Elle eut l’impression qu’elle avait fait quelque chose de mal soudainement. « J’ai été trop fort?  » Demanda-t-elle en faisant référence à sa nuque. Adélina n’était pas dupe, elle l’avait rapidement senti le pirate se tendre un peu plus tôt. Le suivant du regard alors qu’il farfouillait, une idée vint fleurir dans son esprit… Si la médée connaissait réellement tout, peut-être qu’elle pourrait répondre à la question qui la tourmentait depuis plusieurs ennéades. Peut-être qu’il y avait une opportunité pour elle de pouvoir finalement tourner la page. Mais pour cela, Adélina devait faire le voyage, et trouver une personne digne de confiance pour s’occuper de son fils… « Ce n’est pas comme si j’avais beaucoup d’affaires… La majorité appartient à Croqueuse. » Son regard sembla soudainement s’éclairer pendant une seconde, suivant de nouveau le pirate. « Es-ce que je peux te demander quelque chose sans attirer ta colère?  » Demanda-t-elle timidement.

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Adélina
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MessageSujet: Re: Des Serres à Méca [Adélina]   Des Serres à Méca [Adélina] I_icon_minitimeMer 1 Mar 2023 - 20:48




Caleb ne répondit pas de suite, enfilant alors sa tunique. Il s’arrêta quand elle lui demanda la parole. “Tu t’soucies maint’nant d’prend’ la parole sans m’demander ?” il pivota dans sa direction, un sourire aux lèvres. Le mécan l’invita alors à prendre la parole d’un geste du menton. “J’écoute.” Adélina se tripota nerveusement les mains, se demandant si cela était une bonne idée ou non. Elle s’approcha du rebord du lit, avant de s’y asseoir, laissant ses jambes dénudées dans le vide, avant de prendre la parole, son regard fixé vers le sol; « Je crois que Croqueuse commence à en avoir marre de me passer des vêtements… » Ce qui en soit, ne semblait pas un mensonge. « Si l’on part que demain, pourrais-je avoir quelques souverains pour avoir mes propres vêtements? Ou du moins, quelque chose qui me mettrait un peu plus à l’aise… » Ses mains se joignirent, se tordant nerveusement, attendant anxieusement la réponse du pirate. Les yeux du mécan s’écarquillèrent à mesure qu’elle prenait la parole. Puis soudain, il ria de bon cœur… Ce qui fit rapidement relever le regard de la baronne. “Aaaah on y est ! Tu m’prend déjà d’l’or…” Il renifla sèchement, reprenant son sérieux. “T’sais qu’d’habitude j’attend que’que chose en r’tour quand j’paye une donzelle ? Mmh ?” Il la fixa alors, l’air très sérieux sur l’instant. Il laissa ses yeux aller sur les jambes dénudées d’Adélina comme pour lui faire comprendre son intention. Si la réplique mortifia la jeune femme, elle ne manqua pas de baisser le regard alors qu’elle observait son manège. Oui, elle avait été définitivement trop loin… Ses joues devint rapidement rosé alors qu’elle comprenait l’allusion du pirate. Son regard se porta de nouveau au sol, fuyant délibérément celui du Rokvenha. “Moi j’aime t’voir vêtu d’la sorte ou avec c’que te donne Croqueuse, aye… T’es pas assez bien d’dans ?” Le regard toujours fixé au sol, la jeune femme reprit timidement; « Ils sont disons très révélateurs… » Il pencha alors la tête. “J’gagne quoi ‘lors, à t’filer d’l’or ? J’écoute.” Il se redressa, appuyé à l’armoire, semblant attendre, avec un air moqueur au visage.



Inconfortable, la baronne ramena ses jambes contre elle, les entourant de ses bras. Son regard semblait toujours fixer un point au sol, alors qu’elle semblait être perdue dans ses pensées, tentant de trouver une situation logique à la situation. Jusqu’où serait-elle prête à aller pour aon entreprise? C’était là, la question. Son regard se porta soudainement sur la bague à son annuaire. Une pièce finement taillée, avec une émeraude sur le dessus. S’en départir lui fendrait le coeur, mais il était hors de question qu’elle souille son corps pour quelques souverains. « Laisse tomber… » murmura -t-elle en faisant tournoyer la bague. Le Capitaine regarda Adélina mal à l’aise, reniflant fortement. Il l’avait vu toucher la bague et étira davantage son sourire. La baronne avait préféré choisir de se débarrasser d’un objet de valeur plutôt que de négocier avec lui et cela semblait amuser le Rokvenha. Aucunement dérangé à l’idée de la voir peinée par ce geste, il haussa alors les épaules en se détournant. “Tant pis” conclu t-il alors. Adélina grimaça, se demandant quoi faire. Elle resta silencieuse un moment posant sa tête contre ses genoux avant d’oser finalement reprendre la parole. « Et qu’es-ce que tu aurais voulu en échange? »  Il siffla d’agacement avant de s’arrêter. “Aaaah… Maint’nant tu négocies ? C’est trop tard, ma Rose, tu as d’mandé d’laisser tomber… Mmh.” Il se frotta les yeux sous la fatigue qui le gagnait peu à peu. La soirée avait été longue et les massages d’Adélina l’avaient achevé, il bailla lourdement. “J’veux bien t’écouter, aye, mais ici, l’parole est d’or… C’que tu me dis est important.” Il s’approcha lentement d’elle. “Donc… J’suis d’bonne humeur, grâce à toi… J’t’off’ la possibilité d’négoce… Cette fois… Mais pour l’p’chaine fois, parle sans d’tour et si t’rrête, t’rrête. Bien clair ?” Adélina le regarda alors qu’il s’approchait de plus en plus d’elle. « Compris.» répondit-elle. Après tout, elle n’avait pas de mal à négocier avec d’autres seigneurs péninsulaires. Enfin, généralement sa vie et celle de son fils n’étaient pas dans la balance et les négociations étaient rarement avec des hommes à l’humeur autant changeante. Adélina se releva, s’avançant à son tour vers le pirate, tentant d’avoir l’air le plus confiante possible. Elle s’arrêta à un souffle de ce dernier, relevant la tête pour soutenir son regard avant de reprendre la parole; « Alors ma question est toujours là. Quel est ton prix de base? » Le Capitaine la regarda avancer, souriant, il se gratta le front l’air de réfléchir. “Ma foi… J’te laisse juger d’la valeur qu’tu m’d’mandes.” Il agita ses doigts dans un tic nerveux. “Dis moi c’que t’estimes juste pour c’que t’espère obtenir”.  Le Rokvenha avait cette sale habitude quand il négociait de laisser toujours l’autre placer la valeur de la négociation en premier, pour voir ce que ce dernier estimait de sa demande. Ainsi il regarda Adélina en penchant la tête, impatient d’entendre sa réponse.


Adélina ne bougea pas, fixant le pirate, se demandant quoi faire. Si elle avait toujours eu des négociations raisonnables, elle se doutait que le pirate n’irait guère dans cette optique. « Une journée à te foutre la paix, sans te faire frustré. Bref, disparaître de ta vue. » Après tout, leur discussion finissait rarement positivement. Puis, se rappellant ce qui s’était passé lors de leur dernière soirée, la jeune femme eut un sourire amusé avant de reprendre la parole; « Quoique même quand j’essaie de m’éloigner tu es le premier à te rapprocher… » Le mécan à son tour, se laissa le temps de la réflexion et secoua la tête “Naye… Si j’veux l’paix, j’te fais ‘fermer dans l’cale, ça m’coûte pas une caillasse…” Il secoua de nouveau la tête, se détournant. “Si t’as rien d’mieux à ‘ffrir, ça m’intéresse pas.” Adélina lui attrapa le poignet, le retenant. « Alors un autre de ces massages… Au moment de ton choix…» Elle le regarda un moment, observant sa réaction, avant de rajouter: « Si tu t’attends à ce que je vende mon corps pour quelques souverains, tu peux déjà oublier… » Caleb sourit en entendant la contre-offre et détacha la main de son poignet en la saisissant dans la sienne. “Ca m’va, marché conclu” dit-il en venant sceller l’accord d’une poignée de main théâtrale en riant. Après ça, il la tira vers lui, la réceptionnant contre son torse avant de l’enlacer de ses bras, plaquant lourdement sa main contre le fessier de la baronne et de venir lui murmurer. “T’oublies ‘core qu’ton corps m’appartient… ainsi qu’ton souff’... Ma Rose… Ca m’coûterai aucun souv’rain d’prend’ c’qui est à moi.” Fit-il en gardant un sourire carnassier aux coins des lèvres.


Adélina se crispa alors qu’elle sentit la main du pirate sur son postérieur. Si auparavant elle aurait explosé de colère, elle savait pertinemment que cela la mènerait à une bataille qu’elle ne pourrait pas gagner. Elle resta silencieuse un moment, semblant porter son attention à ses mains qui étaient à plat sur le torse du pirate, semblant décidé ce qu’elle voulait. Puis, ses mains remontèrent doucement, alors que son regard se releva finalement vers le capitaine. Son genou vint se placer entre ses jambes, semblant l’écarter légèrement, alors qu’elle reprit finalement la parole, murmurant presque. « Tu n’oserais pas.» Sa main remonta vers son cou, joueuse, alors que son visage suivit sa main. Elle attira ce dernier vers elle avant de murmurer à son oreille. « Cela serait dommage de faire perdre de la valeur à ta marchandise… » Adélina laissa son souffle glisser sur sa peau avant de le lâcher, se reculant de ce dernier, non sans lui lancer un regard amusé, certaine que sa ruse fonctionnerait. A son tour, le Rokvenha se retrouva quelque peu surpris par la réaction de la baronne qui se prêtait à ce jeu aussi. L’homme la laissa faire son petit manège, le repoussant, puis le rapprochant comme elle l’entendait sans opposer quelconque résistance. Quand Adélina le provoqua, insinuant qu’il n’oserait pas prendre ce qu’il désirait, il expira du nez, amusé par de tels propos. A cet instant, la jeune femme n’avait pas l’air dérangé d’être considérée comme une “marchandise” alors qu’elle lui avait reproché plusieurs fois de penser ainsi. “Donc maint’nant … t’es une marchandise ? MA marchandise ?” Il garda son sourire et sa main glissant le long de la cuisse pour venir soutenir le genoux d'Adelina par dessous, ayant bien entendu, prit le temps et les soins de souligner les courbes de cette dernière. Puis subitement, il retira sa main en prenant soin de replacer la jambe à terre, se détachant de la jeune femme de quelques centimètres. “Mais t’as raison, aye… Pas d’ça a’ec c’qui peut m’rapporter gros.” Il détourna alors volontairement le regard, l’air de chercher à se concentrer sur un tout autre sujet, ne se dégageant pas pour autant de l’accolade. Pour le coup, le pirate avait bien raison. Adélina détestait qu’il l’appelle ainsi. Cela lui donnait presque l’impression qu’elle n’était qu’une moins que rien… Un concept quelques peu difficiles à digérer pour une jeune femme de la haute, qui avait toujours été mis sur un piédestal dans le passé. Elle frissonna lorsqu’elle sentit les doigts du pirate glisser sur sa peau, allant même jusqu’à fermer les yeux pendant quelques secondes, semblant savourer ce contact. Puis, semblant reprendre contenance, la nordienne ouvrit rapidement les yeux pour regarder de nouveau le pirate qui semblait la fuir du regard. Le voir ainsi la fit sourire, à croire qu’il était réellement intimidé maintenant… Cette pensée la fit sourire, alors que sa main vint rejoindre de nouveau la joue du pirate, pour guider doucement son regard vers le sien. « Qu’es qui se passe?  » Commença-t-elle un sourire amusé aux lèvres. Alors qu’elle guidait son visage vers le sien, l’approchant le plus possible de ce dernier. « Le pirate se laisse mener par la baronne… Curieux changement… » Ses lèvres n’étaient qu’à un souffle des siennes, alors qu’elle soutenait toujours son regard.


Le Rokvenha s’était laissé faire et plongeait à cet instant ses yeux dans ceux d’Adélina. Une lueur pouvait se voir, semblable à celle qu’elle avait vu lors de la petite fête improvisée sur le navire. Il expira du nez, semblant se résigner à l’instant et, se rapprochant encore il ferma les yeux. Quand tout à coup, à la porte, on tapa trois grands coups desquels suivirent des appels. “Cap’tain ! Cap’tain ! On a besoin d’vous, sur l’navire” Le capitaine redressa alors la tête et fronça les sourcils avant de se détacher de la jeune femme. Il passa néanmoins sa main sur son visage dans une légère caresse et lui dit en souriant. “Sers toi dans l’tirtoir d’mon bureau, tu trouv’ras sur’ment d’quoi faire pour ta p’tite b’llade. J’ai à faire.” Il s’éloigna alors, se dirigeant vers la porte de sa chambre avant de disparaître en refermant derrière lui. La jeune baronne pu entendre le mécan râler à l’encontre du marin en prétextant que ce n’était pas une heure pour venir l’importuner.


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