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| Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] | |
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Auteur | Message |
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Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 103 ans Taille : 1m95 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Mar 14 Mar 2023 - 11:48 | |
| Zaahrian ne répondit pas tout de suite. Honnêtement, quelque chose le dérangeait chez ce jeune homme. S’il disait vrai, et Zaahrian n’avait aucune raison de douter du contraire, ce gamin passait tout son temps enfermé dans cette pièce avec pour seule compagnie, des livres. Certes, l’endroit ne manquait pas de confort, mais il était bien placé pour savoir que l’isolement à long terme pouvait avoir de drôles d’effets sur la tête de quelqu’un. Plus il regardait le gamin, plus il l’écoutait parler et plus il se demandait si le débarrasser de son affreuse famille lui rendrait réellement service. Il serait libre de faire ce dont il aurait envie, mais il se retrouverait aussi à la tête d’une maisonnée sans y être préparé. Les livres enseignent beaucoup de choses, mais rien ne surpassera jamais l’enseignement sur le terrain, les véritables expériences de la vie. La marche risquait d’être haute pour ce garçon. Quel âge pouvait-il bien avoir?
« Quel âge as-tu? » Demanda soudainement Zaahrian alors que la pensée lui traversait l’esprit. Le gamin, depuis sa chaise, sembla étonné par la question.
« 17 ans », répondit-il machinalement. Ça confirmait son doute, ce n’était encore qu’un enfant. Zaahrian inspira profondément, arrivant lentement à une décision finale. Il ne lui manquait qu’une dernière confirmation.
« Je suis payé pour la tâche. Si je tue également votre frère, je n’aurais pas un sou. Les risques sont doublés, je n’agirais pas sans garantie de votre part. »
« Cette maison est pleine de richesse, bien plus qu’il n’y parait. Vous pourrez prendre ce que vous voulez, je m’en moque. Tant que la tâche est faite, mais vous devriez vous presser, je ne suis pas le seul dans cette maison à souhaiter les voir morts. »
Les esclaves préparaient-ils un soulèvement? Voilà une autre possibilité, mais Cora n’avait rien laissé entendre en ce sens. En même temps, pourquoi aurait-elle parlé? Peut-être qu’elle ne souhaitait pas prendre le risque de tout faire capoter en révélant trop de détail, mais elle voulait indéniablement que sa sœur sorte de cette maison aussi vite que possible. Et si ce n’était pas seulement à cause des abus qu’elle subissait? Les soulèvements n’étaient pas si rares, souvent inspirés par des individus récemment tombés en esclavage et dont l’esprit n’était pas encore tout à fait brisé. Ils se finissaient rarement bien. Mal préparés, ces esclaves n’avaient aucune chance contre des gardes armés. On éliminait les rebelles pour ensuite les remplacer par de la marchandise plus docile. Cora, sachant que quelque chose se préparait, voulait que sa sœur soit secourue aussi vite que possible avant qu’elle ne soit prise entre deux feux. Zaahrian gronda. Évidemment, tout cela n’était que suppositions, aucune preuve concrète n’appuyait sa théorie, mais son instinct l’avait rarement trompé.
« Je ne fais aucune promesse, mais je vais voir ce que je peux faire. Restez ici, la nuit va être longue et agitée. »
« Où voulez-vous que j’aille? » Il y avait une note de dérision dans la voix de l’adolescent. Zaahrian ne répondit pas et colla plutôt son oreille à la porte de la chambre. Il n’y avait aucun bruit de l’autre côté. Il l’ouvrit et, ne voyant rien, se faufila dans le couloir.
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| | | Viliam Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Sam 18 Mar 2023 - 17:50 | |
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-Non. Répondit calmement le bandit à la question de la jeune femme. En revanche je n’en dirait pas pareil de vous. Elle recula, prise entre la peur et la défensive.
-Ne me dénoncez pas je vous en prie…Souffla-t-elle.
-Je suis là pour vous aider. Répondit-il doucement. Il désigna les olives sur le sol. Ombrefeuille n’est-ce pas ? Une herbe rare. Vous avez dû peiner à vous la procurer
-Tout est bon pour se débarrasser de lui. Même ses fils souhaitent le voir mort. Alors, si nous aussi…ce n’est pas vraiment un crime n’est-ce pas ?
-Nous ?
Elle détourna les yeux.
-Vous n’êtes pas seule n’est-ce pas ? insista-t-il avec douceur.
Le silence dura encore, laissant la jeune femme visiblement hésiter. Finalement, elle releva son regard vers le bandit, et hocha la tête, décidée.
-Venez.
Elle fit un geste et il la suivit. Tout deux ouvrirent précautionneusement la porte d’où était apparue l’intendante. La jeune fille passa en premier, disparue un instant avant de refaire signe à son nouvel allié.
-Dépêchons nous.
Ils se retrouvèrent à se faufiler dans une cuisine où un vieux page était assoupi devant un âtre qui ronronnait doucement. Il était seul alors ils passèrent jusqu'à une autre porte puis se retrouvèrent dans l’extérieur d’un jardin.
-Dépêchons nous. La garde passe tout les quarts d’heure.
Le chemin continua, jusqu’à une baraque un peu isolée. Des voix étouffées se firent entendre derrière une porte de bois mal entretenue et dont le loquet ne semblait même pas en état de fonctionner. Lorsque l’esclave la poussa, quatre jeune gens eurent soudain l’air de s’interrompre, pris de peur. Installés ça et là dans la baraque, autour d'eux trônaient des outils rouillés, une fourche ici, un vieux couteau là. Il y avait quelques cordes, et d'autres type de matériel de mauvaise qualité. Une des filles se dépêcha aussitôt de planquer quelques parchemin dans des pots à ses pieds.
-Judith ? Qui est cet homme ? -Il va nous aider… -Par les dieux, qu’a tu fait ?! Un jeune garçon à la peau matte s’emporta à voix basse. T’es folle ?! Tu fait confiance au premier voleur qui passe ? Tu veux nous faire tuer ? -Hé hé. Viliam intervint en abaissant son foulard et révélant son visage. Je suis de votre coté. -On a pas le temps pour ça. Un autre gringalet perché en haut d'une étagère intervint. Il avait un couteau mal aiguisé entre ses mains. Assommons le et faisons ce qu’on à à faire. On discutera plus tard des décisions de Judith. Quand on sera libres.
Seulement…Le ton soit disant autoritaire du gamin qui faisait sans doute office de petit chef ne semblait pas très crédible au yeux du bandit qui se contenta de calmement croiser les bras contre son torse.
-C’est bon t’as finit ? Comme cela décontenança suffisamment le gamin, Viliam continua. Vous voulez vous débarrasser de votre tortionnaire je comprend mais vous ne vous en sortirez pas simplement avec des olives empoisonnées et des pics tordues. Vous savez où vous irez après ? Comment éviter la garde? Combien êtes vous puisque vous avez l'air de vouloir utiliser la force ?
Le petit groupe échangea des regard hésitant.
-Ben…on est que ça… -Je vois. Bon écoutez moi. Il faut absolument que je retrouve un de mes camarades dans la maison, vous pouvez m’y aider ? -Je peux. S’avança alors la première fille à avoir croisé sa route. -Il faut se dépêcher. Je pense qu’il est en danger, et il risque de vous mettre en danger aussi sans le savoir. -Et nous on fait quoi ?! -Je reviendrait vous chercher, je vous le promet. Comme pour sceller cette promesse, il lança dans les mains du gamin sa broche à l’effigie d'un oiseau s'envolant. Prend en soin gamin, j'y tient.
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| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Mar 21 Mar 2023 - 11:39 | |
| Le corridor était désert. Alors que Zaahrian longeait le mur, il essaya de se souvenir s’il avait entendu des bruits de pas lors de sa brève conversation avec le plus jeune des Aruj qui indiquerait que le père serait maintenant dans ses appartements. Il hésitait encore sur la marche à suivre. Tuer Nazir Aruj ne représenterait pas une grande perte pour cette ville, mais cette mort ferait parler, encore plus si le fils voyait sa fin être précipitée aussi. En soi, ça ne le dérangeait pas vraiment et il se sentait apte à passer à l’action. Toutefois, depuis sa conversation avec le plus jeune, quelque chose le préoccupait. Il est vrai que le garçon lui avait donné l’impression de ne pas avoir toute sa tête, on serait tous dérangés à force d’être confinés à une seule pièce à cause d’un handicap, mais ce n’était pas ça qui mettait ses sens en émois au point de lui donner envie de partir. C’était bien la première fois qu’il se remettait à ce point en question lors d’une mission. Même lorsque les choses partaient dans tous les sens, Zaahrian fonçait tête baissée, sans se poser de question. Là, tout était parfaitement calme, aucune alerte donnée, rien ne sortait de l’ordinaire et pourtant quelque chose lui disait de ne pas rester là.
Zaahrian pourrait toujours revenir une prochaine fois en étant mieux préparée. Cette petite visite lui avait quand même permis d’en apprendre un peu plus sur la disposition intérieure de la maison tout en lui donnant une idée générale de l’ambiance qui y régnait. Daeron considèrerait ça comme un échec, mais comme il en sortirait sans y perdre de plumes, aux yeux de Zaahrian, c’était plutôt le contraire.
Il s’apprêtait à sortir par la première fenêtre lorsqu’il s’arrêta en étouffant un juron. Viliam. Zaahrian ne pouvait quand même pas partir sans lui… Avec Guilin, il ne serait pas posé de questions. Il l’aurait laissé à lui-même avec la certitude que son frère saurait se débrouiller tout seul. L’idée du « chacun pour soi » était l’une des règles fondamentales de leur métier bien que Zaahrian et Guilin l’aient plus d’une fois brisée. Le plus souvent, Guilin couvrait ses arrières, faisant d’eux un duo d’une grande efficacité. Chacun d’eux savait qu’il n’y avait rien de mal à vouloir sauver sa peau avant celle des autres, après ça, ce n’était qu’une question de conscience. Vivre sereinement en sachant de nos choix égoïstes ont causés des torts irréparables n’était pas à la portée de tous. Quant à Vil, il ne l’avait jamais vu se battre et la rapière qu’il portait à sa ceinture ne signifiait pas qu’il savait s’en servir. Il ne pensait pas non plus qu’il était complètement inapte, simplement que, jusqu’à preuve du contraire, il allait agir en gardant en tête qu’il n’avait probablement pas reçu le même entraînement que lui.
Zaahrian soupira, ses doigts se resserrant convulsivement sur le rebord de la fenêtre. Quelques heures plus tôt, il donnait comme instruction à Vil de ne pas s’occuper de lui, que chacun était responsable de sa peau à la minute qu’ils entreraient chez Aruj. Allait-il revenir sur ses propres paroles? Certainement! Qu’il ait souvent eu envie de mettre son poing à la figure de Vil ne pesait pas du tout dans la balance. Quelque chose clochait et il allait sortir Vil de là, qu’il ait retrouvé la fille ou pas. Il passa la fenêtre, mais plutôt que de prendre la direction des toits, il descendit vers ce qu’il pensait être le quartier des esclaves, là où il espérait trouver le chef de l’Aile Blanche.
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| | | Viliam Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Jeu 23 Mar 2023 - 10:31 | |
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-Vous semblez inquiet. Fit remarquer la jeune femme, à voix basse à son nouveau camarade.
Elle n’avait pas tort. Viliam était particulièrement mal à l’aise dans cette maison. Les bribes de dialogues entre les maitres de maison qu’il avait pu saisir ne lui laissaient qu’un pressentiment terrible et un peur sourde au fond de son esprit. S’il n’y avait que sa vie en jeu, il aurait fui sans se retourner. Seulement, il y avait Zaahrian quelque part dans cette foutue baraque et il y avait les pauvres gosses cherchant à s’extraire des griffes de leurs maitres. Ces gens-là il ne pouvait pas les laisser.
-Je n’aime pas ce qui se profile. Répondit-il simplement sans trop s'étendre.
-Pourquoi il était pas avec vous votre ami ?
La jeune femme chuchotait en guidant le bandit d’un couloir à l’autre, évitant habilement les patrouilles et autres gêneurs dont elle connaissait le chemin par cœur.
-Il avait une autre mission que la mienne. Je cherchais Nina.
-Nina…? Elle soupira et abaissa le regard. Elle a souffert depuis la fuite de sa sœur...
Mais avant qu’elle n’en ajoute d’avantage, des pas précipités qu’elle n’avait pas prévu retentissent encore. Seulement, il se trouvaient dans un couloir sans autre issue qu’une longue file de fenêtres mansardé. Reculant mais faisant face au danger, Viliam tira sa rapière.
-Zaahrian ? Souffla-t-il finalement en reconnaissant la silhouette de l’assassin en face de lui. D’un mouvement de la tête il lui désigna la fenêtre. Il faut qu’on change nos plans et vite, suis-moi.
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| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Jeu 23 Mar 2023 - 20:19 | |
| Heureusement, trouver Viliam se révéla beaucoup plus facile que prévu. À deux reprises, Zaahrian croisa la route d’un résident, mais réussit à se cacher avant d’être découvert. Éventuellement, il entendit une voix qu’il reconnut. Vil venait vers lui, discutant avec quelqu’un, une femme, sans doute Nina. S’il avait retrouvé la fille, sa propre mission pouvait attendre encore un peu. Alors il n’hésita pas à se montrer, marchant directement sur eux. Vil saisit son arme, mais la rengaina en reconnaissant Zaahrian. L’assassin était étrangement heureux de le retrouver en un seul morceau et le sentiment d’urgence qui l’habitait diminua d’un cran jusqu’à ce que Vil ne lui dise qu’ils devaient changer leur plan. « Oui, il faut partir, mais pas par là. J’ai vu des hommes armés. Venez! »
« On peut pas partir. » Le bandit protesta en le suivant malgré tout. Il désigna d'un geste la femme à ses côtés. « Elle a des amis qui ont besoin d'aide. Il faut qu'on retourne les aider avant que ça ne dégénère. D'ailleurs j'ai des choses à t'expliquer Zaahrian, mais....pas ici. »
« Et puis moi je sais où est Nina », précisa Judith un peu intimidée.
« Mais qu’est-ce qu’il te prend? » Zaahrian sentit ses entrailles se nouer. L’urgence de partir était plus forte que jamais, mais Vil refusait de le suivre. Le regard de l’assassin passa sur la fille et il réalisa qu’elle ne ressemblait pas vraiment à l’autre, qu’elle ne pouvait pas être sa sœur. « Du coup, j’avais raison, quelque chose se prépare vraiment. Bordel, Vil, il faut partir! Nous sommes deux, il n’y a rien que nous puissions faire! »
« Écoute. Si on s’en va maintenant, des gens vont se faire tuer. » Puisqu’il insistait, Viliam se résigna à s’expliquer un peu. « Ils t’attendent Zaahrian. Et si ce n’est pas toi qui tues Aruj, d’autres vont le faire ce soir, et ils vont le payer quoi qu’il arrive. » Malgré le fait qu'une partie de son visage soit masqué par un foulard, il semblait presque désespéré. « J’ai toutes les raisons du monde de vouloir te suivre et me casser d’ici. Et, ça me dégoute de dire ça, mais j'ai même plutôt intérêt à ce que ce type reste en vie pour le moment. Mais là ça nous dépasse et je peux pas tout t’expliquer ici. Alors s’il te plait, fais-moi confiance. » À nouveau il désigna la fenêtre.
« Ils m'attendent? »
Zaahrian regarda Viliam sans comprendre. Il savait que quelque chose se préparait, mais ce n'était rien de plus qu'une impression, impression à laquelle il voulait répondre en quittant cet endroit le plus rapidement possible. Il préférait se tromper sur quelque chose que de réaliser trop tard qu’il avait raison. Vil insistait pour rester, et la frustration de Zaahrian monta d’un cran. Il était en droit de le laisser derrière et partir. Il pouvait sauver sa peau, il avait encore le temps de le faire, mais voir la panique dans les yeux de Viliam l'arrêta. Zaahrian inspira profondément.
« D'accord, je te suis. Toutefois, si tu te fais tuer, je te le jure, je vais me rendre jusqu'au Puy s'il le faut pour trouver un nécromancien qui te ramènera à la vie pour avoir le plaisir de te tuer ensuite de mes mains, c'est compris? »
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| | | Viliam Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Jeu 23 Mar 2023 - 20:33 | |
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-Je ne me ferait pas tuer. Il secoua la tête. Et même si ça devait arriver, je sais dans quoi je m’engage. Il eut un soupir avant d’ajouter d’une voix plus douce. On s’en fout de ça de toute façon, c’est pas important, d’autre gens ont besoin de notre aide.
La mort n’était pas ce qu’il craignait le plus. D’ailleurs il était surpris par le changement d’attitude soudain de l’assassin. Vu la façon dont leur relation avait débuté, et le discours de chacun pour soi qu’il lui avait asséné, il ne s’attendait pas à le voir soudain si attaché à sa vie…
Sans plus attendre, ils se faufilèrent à travers la fenêtre, grimpant sur le pendant d’un toit de tuiles plates. Effrayée à l'idée de glisser, Judith prit machinalement la main du bandit qui la guida avec douceur jusqu’à un endroit un peu en hauteur, stable et à l’abri des regards.
-J’ai besoin de t’expliquer les choses calmement avant qu’on redescende. Fit-il à Zaahrian. Et J’aimerais en discuter seuls avant de rejoindre les autres en bas. Expliqua-t-il ainsi l’étrange manœuvre. J’ai entendu Aruj et son fils s’engeuler tout à l’heure. Je ne sais pas ce qui se passe exactement, mais quelque chose se trame dans la bourgeoisie des Soieries. Il avait marmonné ça avant de reprendre plus haut. Mais passons, c’est un détail pour le moment. L’important c’est qu’Aruj sait que quelqu’un viendra pour lui. Il a tendu un piège, je ne sais pas lequel. Tout ce que je sais, c’est qu’il a des plans et que si tu fonce tu vas tomber dedans. Il désigna la baraque de bois dans laquelle se cachaient les cinq rebelles. Elle était toute petite d’ici. Il y a d’autres esclaves là bah qui ne comptent clairement pas nous attendre. Le problème dans ces conditions c’est que sans un plan, c’est voué à la boucherie.
-Obwin, notre chef, est amoureux de Nina. Intervint timidement Judith. Il ne supporte plus de la voir souffrir en permanence. Et ces derniers jours ont été particulièrement…dur pour elle. Elle baissait les yeux vers le sol. Alors hier soir il à prit les devants. Il nous a tous réunis et...Se passe ce qu’il se passe aujourd’hui. Il a un bon fond je vous assure, mais il est emporté et en colère. J’étais censée être la phase première de notre révolte avant que…Eh bien je n’échoue stupidement. Tuer Aruj père dans un moment où il profiterait de nous, s’arranger pour retrouver les autres, prendre les chevaux de l'écurie et fuir avant que l’alerte ne soit donnée.Elle leva les yeux vers l'assassin. Pitié ne nous laissez pas ici.
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| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Ven 24 Mar 2023 - 11:38 | |
| Zaahrian n’était qu’à moitié sérieux en disant cela. La vérité était qu’il était tout autant agacé envers lui-même qu’envers Vil. Quelques heures plus tôt, il avertissait Viliam qu’il devrait se débrouiller seul et voilà qu’il ne pouvait pas le laisser derrière. À quel point il allait le regretter, ça restait à voir!
Ils trouvèrent leur chemin jusqu’à un toit duquel ils n’avaient qu’à grimper un peu plus pour sortir de là. Zaahrian trouva ça extrêmement ironique, mais se garda de commenter. Il écouta plutôt Vil lui faire un résumer de la situation. Le masque sur son visage cachait son expression et c’était sans doute mieux ainsi, car elle devenait de plus en plus sinistre. À la fin, le regard de Zaahrian passa sur le mur non loin en se demandant à quel point ça serait difficile de sauter à partir de là où ils étaient. Il ne voulait rien de plus que de prendre ses jambes à son cou et les laisser à leur sort. Pourquoi faisait-il toujours ça? Pourquoi finissait-il dans des situations impossibles? Il serra les poings.
« Et je suis censé faire quoi? Tuer tout le monde afin de permettre aux esclaves de s’enfuir? Tu viens de me dire qu’ils attendent un assassin. Ce que j’aimerais savoir c’est s’ils attendent le premier imbécile qui a accepté l’argent pour le boulot ou s’ils attendent Zaahrian Las’Danir, l’assassin. Si c’est un piège qui m’est destiné, je suis navré de te le dire, mais ils peuvent bien tous crever. »
Il désigna la fille avec son pouce, visiblement furieux. Zaahrian réalisa alors que la colère l’emportait sur lui et il inspira profondément avant de reprendre d’un ton plus doux, mais pas moins sérieux.
« Ils vont tous mourir. Une poignée d’esclave sans arme et sans entraînement et nous ne sommes que deux… Tu sais combien de fois en une ennéade ce genre de scénario se passe. J’ai aussi rencontré quelqu’un dans cette maison, le plus jeune des Aruj. Il est handicapé, il ne peut pas marcher. Il doit passer ses journées enfermé dans une seule pièce avec des livres pour seule compagnie. Il m’a paru un peu dérangé, mais je suppose que je ne serais pas mieux dans sa situation. Il m’a demandé de tuer son frère en plus de son père. Avec ce que tu viens de me raconter, je me demande si je ne vais pas tout simplement mettre le feu et les regarder tous bruler. »
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| | | Viliam Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Ven 24 Mar 2023 - 23:13 | |
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Si Zaahrian était agacé, il en allait de même pour son interlocuteur. Il semblait heurté par sa réaction et la violence de ses mots dans un premier temps, puis le coin de ses yeux s’était plissé et il était facile de deviner la moue que devait afficher sa bouche.
-Si tu veux partir, part, je ne te retiens pas. Répondit-il avec fermeté. Et je suis sincère. Je ne retiens aucun de mes hommes, ils m'aident parce qu'ils le décident. Je peux pas te forcer à te battre et risquer ta vie pour une cause qui n’est pas la tienne. Mais moi je reste. Parce oui, je sais que ce genre de scène arrivent tous les jours. Sa voix était froide tandis qu’il soutenait sans broncher le regard de l’assassin. Et tu sais quoi, j’y pense chaque putain de nuit.
Il était inutile d'insister et de perdre du temps à le convaincre. Soit il suivait, soit ils feraient sans lui, sachant qu'il était désormais prévenu de la menace et de ce qui se tramait. Lui tournant le dos, Viliam s’agenouilla près du bord des tuiles, prêt à retourner prêter mains fortes aux esclaves.
-Si je reviens pas au matin, tu sais où envoyer les autres.
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| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Dim 26 Mar 2023 - 17:05 | |
| S’en suivit de la part de Zaahrian une longue suite de jurons particulièrement colorés à faire rougir le plus grossier des marins. Il s’arrêta, les poings serrés, visiblement en proie à une sérieuse lutte interne.
« Ooooh, si tu savais à quel point tu m’énerves quand tu me sors le jeu du héros meurtri prêt à se sacrifier pour la cause! Combien de fois vais-je devoir te répéter que ce n’est pas en te sacrifiant que tu vas aider qui que ce soit? Tu es un idiot! »
Zaahrian s’approcha du rebord en se mettant en position pour sauter. Juste avant de s’exécuter, il gronda.
« Et tu veux savoir le pire? Je le suis sans doute autant que toi et peut-être même plus… »
Puis il sauta, atterrissant sans faire de bruit.
Viliam marmonna à son tour un juron dans sa barbe, mais même la jeune esclave à ses côtés ne l’entendit qu’à moitié. Soupirant, le bandit emboita donc le pas de l’assassin, se contentant d’un « suis-moi » sec.
Alors, ils finirent par retrouver la cache de fortune.
« C’est lui votre ami? » Demanda alors le dénommé Obwin, toujours perché sur son étagère et toisant le nouveau venu, arme à la main. « Donc maintenant on est 7 au lieu de 5. En quoi ça nous aide? »
« Sept? Je dirais plutôt deux et demi. » Il désigna l'arme du menton. « Posez ce truc, vous allez vous faire mal. Sérieusement, sans un entraînement adéquat, je doute que vous arriviez à quelque chose contre les hommes armés qu'il y a dehors. »
Zaahrian les regarda un à un. Leur colère était palpable, mais c'est le désespoir qui motivait réellement leurs actions. Ils n'étaient pas stupides, ils savaient bien qu'ils avaient peu de chance de s'en sortir. Pourtant, aussi infime qu’elle soit, ça leur suffisait et c’était un sentiment que Zaahrian connaissait un peu trop bien.
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| | | Viliam Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Dim 26 Mar 2023 - 20:57 | |
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-Je suis obligé d’admettre être d’accord. Viliam répondit avant le gamin, toisant malgré tout d’un œil réprobateur l’assassin quant à sa manière de s’exprimer. Prendre les armes dans cet état ne mènera à rien.
-Et qu’est-ce que t’en sait ?
-J’en sais que j’ai probablement plus du double de ton âge et autant d’expérience dans ce que t’essaie maladroitement de faire. Soupira-t-il en cédant lui aussi à l'agacement. Donc maintenant boucle là et écoute-nous.
Le blondinet se mis à rougir et baissa les yeux au sol.
-De ce que je comprends de tout ce bordel. Reprit-il avec un peu plus de douceur. C’est qu’il vous faut partir. Coûte que coûte. Mais Aruj s’attend à être tué tôt ou tard et il s'attend sans doute à votre soulèvement. Il désigna Zaahrian. D’où le fait d’avoir eu besoin de rattraper mon ami et de vous avoir freiné pour le moment. Je sais que c’est tentant de prendre ce que vous avez et de vous battre sur le champ. Vous êtes en colère et vous avez peur. Et c’est normal. Mais là il faut réfléchir. Vos meilleures chances de partir c’est de le faire discrètement ou de profiter de l’inattention de vos maitres plutôt que par la force. Ça demandera peut être d'attendre encore un peu, le temps d'avoir un plan qui tienne le coup.
-On pourrait…Je..Je crois qu’il y a un passage pour sortir discrètement du domaine. Celle qui avait parlé se mordit la lèvre. Mais il est dans la chambre du maitre.
-Aruj. Corrigea un second garçon. Juste Aruj. -Oui. La chambre d’Aruj. Répéta la jeune femme. Je l’ai déjà vu l’emprunter parfois. Lorsqu’il reçoit celle qu’il appelle « La voix. »... Je l'ai déjà vu faire. Je pourrait vous montrer.
-Mais on peut pas y accéder maintenant. Objecta Obwin. Et puis moi je partirais pas sans Nina. -Nina est probablement là-bas. Enchaina Judith le regard au sol. J’aurais dû y être aussi.
Son interlocuteur sembla s’enrager, serrant les dents et les poings. Son visage était rouge de haine et une larme roula sur sa joue. Son camarade le plus proche posa une main qui se voulait apaisante sur son épaule.
-Ce fils de pute. Je vais butter ce fils de pute de mes propres mains.
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| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Ven 31 Mar 2023 - 11:05 | |
| Un passage depuis la chambre du maître… Qu’il y en ait un ne surprenait pas Zaahrian outre mesure, ce genre de dispositif était courant dans les maisons de Thaar, le moyen idéal de fuir le danger ou encore de faire passer des choses discrètement. Ce qui enchantait moins Zaahrian, c’était de retourner là-bas juste après que Vil l’ait averti d’un danger imminent. Il jeta un regard de biais vers son compagnon qui devait penser la même chose avant de rapporter son attention sur le groupe d’esclaves, un mélange explosif de terreur et de colère.
« Tu sais, si nous réussissons à te faire sortir de cette maison, ça relèvera déjà du miracle. Ça me ferait vraiment chier de savoir que tu y es retourné juste pour te faire tuer en espérant te venger. Crois-tu qu’Aruj mérite que tu mettes ta vie en jeu juste pour peut-être le tuer? Une fois mort, c’est terminé. Des chances, il n’y en aura pas d’autres. Et contrairement à ce que tu peux penser, la mort ce n’est pas la liberté, c’est la finalité. Alors, si tu sors, si vous sortez tous, ne regardez pas en arrière, même si ça vous brule à l’intérieur. Vous finirez par trouver un nouveau but, quelque chose qui vous fera aller en avant, mais ne risquez pas votre vie pour un type comme Aruj. »
Zaahrian inspira profondément, profitant de ce répit pour faire un peu d’ordre dans ses idées. Il n’aimait rien de la situation actuelle et il doutait fortement que son petit discours calme les ardeurs des plus enragés parmi eux. Retourner à la chambre d’Aruj était de loin la dernière chose qu’il souhaitait faire, mais passer par les toits était hors de question. Au moins, il était averti du danger et ça lui donnait bien une longueur d’avance.
« Une fois dehors, je veux le silence. Je vais marcher devant, Vil sera derrière et vous tous, entre lui et moi. Essayez de marcher sans faire de bruit, car j’ai besoin d’entendre ce qui se passe autour de moi. J’aurais aussi besoin d’une brave âme pour m’indiquer le chemin le plus rapide depuis l’intérieur. Si les choses tournent au vinaigre, fuyez. Vil et moi sommes capables de nous débrouiller. Tout ce que je vous demande c’est de rester en vie et ne faites rien de stupide sinon je m’occuperai personnellement de votre cas et ma patience est extrêmement limitée, surtout ce soir. Vous avez compris? »
Sur ce, Zaahrian se retourna, prit sa dague et ouvrit la porte. |
| | | Viliam Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Ven 31 Mar 2023 - 13:01 | |
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Bon grès mal grès, les cinq fuyards suivirent alors l’assassin, Viliam restant en arrière du groupe. Le visage fermé, il sembla marmonner quelque chose en silence, sa main cherchant un objet sur sa poitrine qu’il ne trouva pas. Obwin capta le geste et, d’un sourire triste sur son visage lui tendit sa petite broche.
-Vous en avez plus besoin que moi, c'est vous qui gérez. Souffla-t-il.
Le bandit échangea un hochement de tête avec lui, le remerciant en silence. Ensuite il posa sa main sur son épaule l’enjoignant à avancer pendant qu’il guettait leurs arrière, sa rapière tirée et dans sa main libre.
Au fond, il avait peur lui aussi. Il ne l’admettrait pas devant les jeunes souffles épris d’une liberté qu’ils n’avaient encore pas gouté, mais Viliam mourrait de peur à l’idée d’atteindre les appartements de ce type en sachant qu’il leur tendait un piège.
Son esprit ne pouvait s’empêcher de voguer vingt ans en arrière, lorsque Ren et Clarisse, alors des adolescents enivrés de toutes leurs émotions s’étaient mis en tête de le venger de l’homme qui avait pris six ans de sa vie.
Ça avait été le point de départ de ce qu’était aujourd’hui l’Aile Blanche. Mais les deux jeunes gens n’étaient malgré tout pas passés loin d’en mourir tandis que Viliam avait longtemps craint une vengeance pour tout ce qui avait été perdu ce jour-là. Le temps passant, rien ne changeant, et sa propre lente reconstruction faisant son œuvre, il avait pensé que son ancien maitre le considérait mort dans l’attaque de son domaine, comme la famille de Renalt qui avait fait son deuil de leur fils.
Pourtant, quelques mois en arrière, Ren était réapparu aux yeux des Ley’alnen. Si lui n’était pas mort, l’esclave pour lequel il avait abandonné sa vie parfaite ne l’était pas non plus. En attirant sur eux autant d’attention, les bandits avaient aussi attiré d’anciens ennemis puissants et très dangereux. Il savait que le propriétaire de l’endroit connaissait ces familles. Qui savait ce qui adviendrait si l’un ou l’autre avait vent de ce qui se passait ? Et s’ils étaient pris ? Comme il l’avait dit à Zaahrian. Pour lui, être capturé ici et maintenant lui vaudrait bien plus que le fouet.
Et puis, il y avait quelque chose de plus personnel qui lui serrait la gorge, mais cette terreur-là, plus encore que ses inquiétudes sur l’avenir, il la faisait taire de toute la force de sa volonté, se refusant à même se les formuler mentalement. Personne, pas même Zaahrian n’avait ici assez de sa confiance pour qu’il puisse se reposer sur eux. Il devait tout taire, et avancer. Aider les autres à fuir loin, puis disparaitre.
Comme tout cela ne devait se voir à aucun prix, Viliam restait aussi neutre que possible, se contentant de quelques coup d’œil en arrière, sa main libre serrée sur sa broche. Judith quant à elle, avait repris son rôle de guide, aidant timidement Zaahrian à voguer entre les couloirs et éviter la moindre personne en l'enjoignant parfois à bifurquer brusquement, parfois prendre des détours étranges. Le groupe qu’ils étaient ne passeraient plus aussi facilement inaperçu et leur vigilance devait redoubler pour éviter que tout dégénère.
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| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Dim 2 Avr 2023 - 19:18 | |
| Les couloirs de cette maison paraissaient sans fin. Zaahrian marchait en essayant d’être attentif au moindre bruit, mais il avait l’impression qu’une fanfare le suivait. On ne pouvait pas demander à six personnes d’être parfaitement silencieuses, même si ces esclaves avaient l’habitude de raser les murs et à se faire le plus discret possible. La semelle de leurs chaussures sur le sol en pierre, le chuintement de leur respiration, tous ces bruits sonnaient aux oreilles de l’assassin comme des cornes de brume, embrouillant ses sens. Il bouillonnait d’envie de se retourner pour en frapper un au hasard, question de soulager la tension juste un peu. La pression qu’éprouvait Zaahrian dépassait tout ce qu’il avait vécu jusqu’à ce jour. La moindre erreur de sa part entraînerait des conséquences désastreuses pour des gens qui n’avaient rien demandé dans la vie.
Ironiquement, c’est dans des moments comme celui-là que Daeron lui revenait à l’esprit. Il n’haïssait personne autant que lui dans ce monde, mais ses enseignements barbares avaient fait de lui l’assassin d’élite qu’il était aujourd’hui. Que dirait-il dans cette situation? Probablement que Zaahrian était un idiot au cœur trop sensible, qu’il n’avait pas su rester détaché et risquait maintenant sa vie pour des esclaves sans valeurs. Bref, il méritait la fin vers laquelle il se dirigeait. Zaahrian pouvait presque l’entendre prononcer ces paroles dans sa tête avec du venin dans la voix. Disons que sa mission depuis le début n’était pas de tuer Aruj, mais d’évacuer le personnel. Daeron dirait qu’il devait rester calme et se concentrer sur la mission à accomplir tout en anticipant les différents scénarios qui pouvaient arriver. Zaahrian marchait tout droit dans un piège, ça, il le savait. Et ça devenait de plus en plus évident à mesure qu’ils passaient le dédale de couloirs et de pièces pour s’approcher des appartements du maître : il n’y avait personne. Même à une heure aussi tardive, il y aurait dû y avoir des hommes armés montant la garde, mais les couloirs étaient déserts.
Ils ne l’étaient pas à leur arrivée.
Un assassin manquant d’expérience ou un peu trop imbu de sa personne n’aurait peut-être pas remarqué le problème tout de suite. Il n’aimait pas l’admettre, mais lui aussi, quelques années plus tôt, en aurait fait abstraction pour foncer joyeusement dans le piège. Là, avec les esclaves derrière lui, Vil ainsi que sa famille à la maison, il avait une conscience beaucoup plus nette du danger et de ce qu’il avait à perdre.
Après ce qui lui parut de longues minutes, la porte menant aux appartements d’Aruj n’était plus qu’à quelques mètres devant lui et Zaahrian ne voulait pas y entrer. Il préférait se jeter par la fenêtre plutôt que de pousser cette porte. Il tendit la main vers la poignée et hésita un instant. Il tourna la tête en direction de Viliam. Il aurait préféré croiser le regard de Guilin, mais au moins il n’était pas seul dans ce merdier. C’était sa faute s’ils en étaient arrivés là et il le lui rappellerait dès que tout ça serait terminé. Zaahrian inspira profondément et enclencha la poignée et la porte pivota doucement sur ses charnières, en silence.
Pendant une fraction de seconde, il ne se passa rien. Il constata que la chambre n’était pas entièrement plongée dans le noir, qu’au moins une lampe était allumée quelque part dans un coin, mais c’est tout ce qu’il eut le temps de voir. Une femme cria, à l’intérieur ou à l’extérieur, Zaahrian n’en savait rien. Cinquante années d’entraînement prirent le contrôle de son corps. Sans réfléchir, il s’accroupit, juste à temps pour éviter un couteau lancé en sa direction. Il ne pensa pas à la femme qui le suivait, celle qui lui avait indiqué le chemin et qui n’avait malheureusement pas les mêmes réflexes que lui. Le couteau l’atteignit en pleine gorge et le sang gicla sur tous ceux à proximité. Zaahrian n’eut aucune pensée pour elle, alors que quatre hommes armés lui faisaient maintenant face…
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| | | Viliam Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Lun 3 Avr 2023 - 17:43 | |
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-JUDITH ! hurla l’un des fuyard en voulant rattraper la chute de la pauvre femme. Accroupis près d’elle, il tentait de stopper une hémorragie pourtant déjà fatale et s’égosillait. JUDITH !
Les autres étaient sous le choc, fixant le chaos sans rien faire tandis qu’en vain le garçon secouait le corps se son ami, en larmes.
-Obwin, aide le à reculer ! On peut rien faire !
Viliam lança au jeune homme tandis qu’il tirait sa rapière pour faire face aux soldats. Son foulard relevé cachait la grimace de haine qui déformait désormais sa bouche. Ceux-là allaient payer pour tous les autres.
Tandis que le combat s’engageait avec rage, le jeune homme prit son camarade par les épaules et le força à reculer, lui répétant des paroles d’apaisement comme il pouvait. Lui aussi était plus que secoué, mais contrairement à ce qu’il avait pu laisser penser au départ, il ne semblait pas si enfantin que cela maintenant que les choses devenaient réelles. Il avait l’air de faire de son mieux pour ne pas céder à la panique et prendre en charge les plus faible de ses camarades. Viliam se promis de lui parler lorsque tout serait terminé. En attendant, il fallait défendre chèrement leurs peaux…
A deux contre un, les mercenaires avaient l’avantage. Malgré tout leur motivation n'était que pécuniaire, pour Zaahrian et Viliam c'était une question de vie ou de mort et ils le firent savoir. Il sembla d’ailleurs qu’en face, les soldats étaient tout aussi surpris. Attendre un assassin n’était pas vraiment la même chose que deux combattants entrainées à rendre les coups et poussés par le désespoir.
A l’épée de l’un dirigé vers son visage, Viliam opposa rapidement sa rapière. L’autre voulu s’avancer et profiter de l'ouverture mais il ne vit pas arriver le coup de pied qui l’envoya promener dans la pièce, un craquement lourd de bois indiqua qu’il avait probablement chuté dans un meuble. L’autre ne serait pas aussi stupide, mais avec l’aide de Zaahrian à ses côtés, le tintement des lames ne résonna pas plus de quelques dizaines de secondes avant que les assaillant ne soient mis hors d’état de nuire, au pris de quelques coupures superficielles. En temps normal l'Aile Blanche s'efforçait de laisser la vie sauve lorsque cela était possible. Aujourd'hui, il n'y eut pas un seul éclat de regrets dans les prunelles de leur chef lorsqu'il enfonça la pointe de sa rapière dans la gorge de celui qui venait de prendre la vie d'une innocente. Celui qui était tombé dans la pièce devait encore être en vie vu les gémissement qu’il poussait mais pas assez pour combattre encore. Celui là pourrait s'estimer heureux d'avoir un chance de se relever un jour.
Lorsque le groupe pût finalement s'avancer dans la pièce obscure, Viliam, lui, recula par réflexe. Ce ne fut que lors une torche illumina l'endroit qu'il se permit un mouvement, restant pourtant sur le pas de la porte. Ils pouvaient apercevoir, au fond de la pièce, recroquevillée, une jeune femme ressemblant quasi trait pour trait à celle qui attendait encore chez l’assassin. En guenilles, les cheveux sales et emmêlés, elle les fixait tétanisée.
Au même moment des bruits dans le couloir retentirent. Des hommes couraient et criaient. Des gardes approchaient, et en l’état des choses ils n’auraient pas les moyens de se défendre assez pour fuir.
-Zaahrian ! Héla-t-il soudain son camarade. Débrouille toi pour trouver ce foutu passage et cassez-vous d’ici.
Il avait dit chacun pour soi au départ non ? Alors c’était le moment de rester fidèle à sa parole. Le bandit avait une idée, elle n’allait pas lui plaire. Il allait encore râler qu’il jouait les héro martyr, qu’il ne fallait surtout pas qu’il meurt, mais grand bien lui fasse sien râlant il sortait tout ce monde de là. De toute façon pour la discrétion c’était fichu, pour les plans de sortie sans qu’Aruj et par extension ses alliés ne se doute de ce qui se tramait, c’était fichu. Alors autant embrasser le chaos et en profiter.
-Ils savent pas vraiment ce qui se passe, ils s’attendent à une personne pas à tout un groupe. Alors on va la leur donner. Dans un même temps très court, Viliam retira le bandeau qui couvrait sa bouche. A la place il s’en servit pour nouer ses cheveux en arrière. Loin de n’être qu’un caprice esthétique bien mal placé, cela eut le mérite de relever ses boucles de cheveux sombres et révéler le tatouage dans sa nuque. De près, on pouvait encore entre apercevoir une marque de fer chauffé à blanc sous la plume d’encre. Je suis la cible rêvée pour eux. Je vaux cher et j’ai mes griefs contre leurs maitres. Si Aruj met la main sur moi, le type qui en sera responsable aura le cul encore plus bénit que le roi péninsulaire en personne. Donc en bref, moi je vous couvre. Je vous gagne du temps et vous vous courez.Vous vous retournez pas, vous suivez Zaahrian. Quoi qu’il arrive.
-Vous voulez vous rendre? Vous êtes fou !
-Non. Je vais faire ce que je sais faire de mieux. Il afficha un sourire malgré la terrible situation. Foutre le bordel et courir. T'inquiète pas gamin, je suis plus difficile à coincer qu'on pourrait penser.
D’une sacoche il tira une petite fiole d'argile. Zaahrian en connaissait bien l’usage pour en avoir fait les frais lors de l’attaque du marché aux esclaves. De nouveaux bruits de courses résonnèrent aussitôt.
-Allez ! Leur lança-t-il en les poussant de force vers le fond de la chambre puis en fermant la porte sur eux. Il n’avait pas l’intention de les laisser protester et perdre bêtement du temps.
Histoire de les convaincre de ne pas se retourner, il brisa la petite poterie au sol, libérant une fumée âcre et désagréable, ayant une forte odeur de poivre. ça n'avait rien de dangereux et ça ne durait que quelques minutes à peine mais c'était fortement déstabilisant, et plutôt impressionnant. Cela attira l'attention d'un des gardes qui l’aperçut au détour d'un couloir et le héla de loin. Plutôt que de fuir aussitôt, Viliam pointa sa rapière vers lui d’un geste volontairement grandiloquent.
-Regarde bien mon gars et rapporte ça à ton Maitre ! Lança-t-il. L’Aile Blanche a déjà fait tomber Rahret Sere'ke le mois dernier. Pour le sang versé ce soir, Aruj est le prochain !
Sans plus attendre, il lança la seconde et dernière de ses armes dans la direction du soldat et partit en courant à travers les couloirs. Évidement le bruit irait encore plus vite que lui, libérant toute l’attention de cette chambre où il n’était pas. Tant mieux. Qu’ils courent.
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| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Mar 4 Avr 2023 - 11:43 | |
| Avec quatre hommes à affronter, Zaahrian ne pouvait pas se permettre de se préoccuper de ce qui se passait derrière lui. Vil s’y trouvait. Si des renforts arrivaient, il s’en occuperait. Au moins, il en avait la certitude maintenant, on l’attendait. Étrangement, même dans une situation aussi critique, voir ses doutes se confirmer était plutôt réconfortant. Il n’avait plus l’impression d’affronter une menace invisible pouvant l’attaquer à tout moment. Ces hommes étaient bien réels, il pouvait les tuer et il n’hésiterait pas à être brutal pour le faire.
Zaahrian était un excellent combattant, sans doute parmi les meilleurs. Juste à la façon dont il bougeait et utilisait son environnement démontraient ses longues années d’entraînement. Encore aujourd’hui, il ne tenait rien pour acquis et rarement une journée passait sans qu’il ne prenne les armes. Mais ils étaient quatre et, pendant quelques secondes au moins, Zaahrian fut seul à les affronter. Il sentit l’impact au niveau de son flan, mais pas la douleur. La cuirasse devait avoir dévié le coup. Il redoubla d’ardeur sous l’effet de l’adrénaline et, assez rapidement, Vil et lui réussirent à avoir le dessus. Et c’est seulement lorsque leurs adversaires furent au sol qu’il comprit que quelque chose n’allait pas. Zaahrian se retourna vers Vil pour lui parler, mais ce dernier le devança. L’assassin les entendit aussi, les bruits de pas venant dans le couloir. Les renforts arrivaient et il savait qu’il ne pouvait pas se battre. Honnêtement, il n’avait plus qu’une idée en tête, de rentrer chez lui. Le plan de Vil ne le surprit pas et, pendant un bref instant, il en oublia presque ce qui arrivait et il a eu envie de l’étranger. Il espérait en avoir l’occasion plus tard.
« Ne te fais pas tuer. J’aimerais bien le faire moi-même plus tard », gronda Zaahrian sous son masque. Aucune réaction de sa part n’aurait inquiété Vil inutilement, bien qu’il ne soit peut-être pas aussi explosif qu’on aurait pu s’y attendre.
« Bonne chance, idiot. »
Le passage fut assez facile à trouver. Zaahrian en avait vu d’autres dans sa vie et ils suivaient tous à peu près la même logique. Lorsqu’il fut ouvert, il s’y engouffra le premier, les esclaves à sa suite. Il débouchait sur une porte renforcée, verrouillée. Rien d'étonnant, si quelqu’un trouvait l’issu du passage et remontait jusqu’à la chambre d’Aruj, ça pouvait être problématique. Il devait avoir la clef en permanence sur lui. Zaahrian prit à sa ceinture son ensemble pour crocheter les serrures et s’accroupit. Ses mains tremblaient légèrement. Il serra les dents et se concentra sur la tâche à accomplir. Trois tentatives furent nécessaires avant qu’il ne réussisse à l’ouvrir. Il poussa alors la porte d’un coup de pied et sortie à l’intérieur. Ils étaient dans le jardin et à quelques mètres devant eux, une autre porte. Zaahrian s’avança sans hésiter et l’ouvrit. De l’autre côté, il y avait un garde qui, visiblement, ne s’attendait pas à être dérangé. L’assassin lui planta un petit couteau dans le cou avant même qu’il n’ait eu le temps de comprendre ce qui se passait. Cette fois, ils étaient en dehors du domaine. Quelques minutes encore et il serait chez lui. Après ses mains, ses genoux tremblaient et son cœur battait très vite. Il manquait de souffle aussi. Il enleva son masque afin de mieux respirer.
« Suivez-moi. »
Zaahrian pressa le pas. Peut-être qu’il entendit au loin le chaos provoqué par Vil, mais il n’y fit pas attention. Il s’enfonça dans les ruelles qui lui étaient familières, suivant les ombres jusqu’à ce que la silhouette familière de sa demeure fut visible. Il continua à avancer et passa le portail de l’entrée où se tenaient deux sentinelles.
« Vous avez réussi, m’sieur? » Zaahrian ne répondit pas, son regard fixé sur la porte d’entrée. En vérité, il n’entendait rien, juste son cœur qui tambourinait à ses oreilles.
« Hey! Regarde! »
L’un des gardes fit signe en direction du sol où quelques goûtes de sang étaient tombées, comme des rubis scintillants à la lumière de la lune.
Les deux hommes se regardèrent et l’un d’eux fonça vers la porte qu’il ouvrit devant Zaahrian avant de s’y engouffrer en hurlant.
« Il est blessé, à l’aide! À l’aide, le maître a besoin de soin! Vite! »
Il répéta son cri jusqu’à ce qu’on l’entende. Pendant ce temps, Zaahrian s’était arrêté au milieu du vestibule. Sa vision devenait de plus en plus brouillée, jusqu’à devenir noire. Ses genoux cédèrent alors sous son poids et il s’écroula. Juste avant que le monde ne sombre entièrement, il entendit des voix familières autour de lui. Peu importe ce qui arriverait maintenant, il était chez lui et c’était tout ce qui importait.
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| | | Viliam Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Jeu 6 Avr 2023 - 14:46 | |
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Pendant que les esclaves devaient être sur le point de quitter définitivement les lieux, Viliam lui, jouait toujours au chat et à la souris avec les gardes. A vrai dire il avait une idée en tête qu’il n’avait pas confié à l’assassin. Une idée qui le forcerait à rester encore un peu.
Plutôt que de courir au hasard dans le manoir, son chemin avait trouvé toute sa logique. A la place de rechercher la chambre d’Aruj ou n’importe quelle issue, il attendit, caché et se déplaçant discrètement, que le chaos redescende, que l'alerte s'efface, avant de se diriger vers le premier bureau. Là, s’il ne pensait trouver que les restes des papiers qu’il avait aperçus quelques temps plus tôt, il y avait l’un des hommes, sans aucun doute le fils, dos à lui. Sans un bruit, il franchit le bord de la fenêtre. L’autre ne se retourna que pour se voir violemment plaqué contre le mur de la pièce, un coude contre sa gorge l’empêchant à moitié de respirer et une lame pointé contre son torse.
-T’es pas celui que j’ai envoyé. Articula-t-il. -Non. -Tu…veux quoi ? -Ley’Alnen. Ovaanzen. T’a négocié quoi avec eux ?
-Hein ? De la surprise, le visage de l’homme se tordit en un rictus mauvais alors qu’il lâcha un rire rauque, entrecoupé de douleur lorsque Viliam appuya un peu plus sur sa gorge. Ah…C’est toi l’enfant de putain qui retourne nos esclaves contre nous… Elle t’a jamais appris que c’était mal d’écouter aux portes ?
-Répond. Viliam ne se laissa pas déconcentrer et appuya sur son couteau jusqu'à presque le planter entre les côtes du marchand. Qu’est-ce que vous négociez ? C’est quoi cette histoire de « Voix » ? Parle ou je te jure que c’est la dernière occasion que t’aura de le faire.
-C’est vrai ce qu’on dit ? T’as vraiment réussi à retourner le frère de Fabio contre sa propre famille ? Si tu savais à quel point il rêve de vous faire la peau… A côté de ça Karl est un vrai chiot…
Coupant court à toute réplique, des bruits de courses attirèrent une demie secondes l’attention du bandit. Le premier en profita pour essayer de le forcer à lâcher le couteau. La porte s’ouvrit à la volée, et dans la panique, Viliam blessa son adversaire d’un coup sec, douloureux mais qui n’était probablement pas mortel. Un coup de poing suivit pour se dégager totalement de sa prise avant qu’il ne se projette à nouveau dehors. Dans sa main libre, il n’avait réussi qu’à voler un seul morceau de parchemin encore scellé.
Fort heureusement, les gardes semblèrent plus s’intéresser à leur maitre blessé qu’à lui, alors le bandit se mit à fuir, pour de bon cette fois, sans se retourner et personne ne le poursuivit à travers les toits des soieries.
Le matin se levait presque lorsqu’il revint enfin vers la maison de l’assassin, soit des heures après leur départ de cette dernière. Ce qu’il avait volé était précieusement caché dans un repli de sa veste. Il avait l’air passablement de mauvaise humeur alors qu’il se présentait devant les gardes de la maison sans pour autant faire mine de baisser sa capuche.
-Votre employeur m’attend il me semble. Avait-il seulement lancé à mi-voix.
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| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Sam 8 Avr 2023 - 14:11 | |
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Le premier à répondre à l’appel fut Zahir qui, malgré l’heure tardive, n’arrivait pas à dormir. Il se figea à la vue de Zaahrian étendu sur le sol, parfaitement immobile. Étrangement, il ne lui était jamais venu à l’esprit que quelque chose puisse atteindre l’assassin dont la personnalité plus grande que nature donnait l’impression qu’il était immortel. Il fallait un événement comme celui-ci pour rappeler à tous qu’il ne l’était pas, mais voir l’homme qui lui avait rendu sa dignité dans un état pareil lui brisait le cœur. L’intendant s’approcha et s’agenouilla aux côtés de l’assassin. Malgré la faible lumière ambiante, il voyait à quel point Zaahrian était pâle. Au même moment, Guilin arriva à son tour dans le vestibule. Sans cette maudite cheville qui le ralentissait, il serait probablement arrivé bien avant.
« Qu’est-ce qui s’est passé? Zaahrian!? »
Il claudiqua jusqu’au blessé et prit place face à Zahir. Guilin tapota ensuite le visage de Zaahrian. « Réveille-toi. Tu dois rester avec moi, tu m’entends? Zaahrian, c’est important. » L’assassin fronça les sourcils et tourna la tête, mais n’ouvrit pas les yeux. La sentinelle, qui n’était pas retournée à son poste, expliqua ce qui s’était passé. « Il est arrivé sur ses pieds avec ces gens. » Il désigna d’un geste les esclaves qui, ne sachant pas quoi faire, s’étaient rassemblés dans un coin. Guilin leva sur eux un regard mauvais, mais ne dit rien. Sa seule priorité dans l’immédiat était Zaahrian. « Il n’a pas dit un mot. Il est juste entré à l’intérieur et c’est là qu’on a vu les gouttes de sang au sol. J’ai sonné l’alerte. »
Guilin grogna en signe d’acquiescement alors qu’il tentait toujours de réveiller Zaahrian. « Il faut lui retirer sa cuirasse, j’ai besoin de voir ce qui se passe en dessous », déclara-t-il en regardant Zahir. Ensemble, ils détachèrent les sangles avant de soigneusement retirer le vêtement protecteur. Dessous, au niveau de la blessure, sa tunique était imbibée de sang et lui collait à la peau, formant une grande tache sombre de mauvais augure. Guilin retira sa propre tunique qu’il roula en boule pour l’appuyer fermement sur la plaie.
« Il y a beaucoup de sang », souffla le garde, visiblement mal à l’aise à la vue de l’hémoglobine.
« Si tu n’as rien de plus intelligent à dire, tu peux retourner à ton poste! », gronda Guilin qui se ravisa aussitôt. « En fait, reste ici, tu vas nous aider à le transporter jusqu’à sa chambre. Zahir, j’ai besoin de tous les hommes disponibles qui te tomberont sous la main. Pour l’avoir déjà porté tout seul, Zaahrian pèse autant qu’un cheval. »
Zahir revint quelques minutes plus tard avec quelques hommes, dont certains venaient clairement d’être tirés du lit. La fatigue disparue d’un coup de leur visage en voyant Zaahrian étendu sur le sol. Ils avaient reçu les explications de Zahir, mais d’une certaine façon, ils n’avaient pas cru que c’était aussi sérieux qu’ils se placèrent autour du blessé et au signal, se soulevèrent ensemble en faisant attention pour ne pas trop le bouger. Lentement, ils cheminèrent vers la chambre de l’assassin. Zahir s’occupait de soutenir la tête et le cou de Zaahrian. C’était une tâche laborieuse que de déplacer un homme faisant près de deux mètres.
« Zaahrian », gronda Guilin, « tu deviens de plus en plus lourd. Ton cul s’élargit à vue d’œil et si ça continue comme ça, tu vas finir ta vie comme un gros porc. » En fait, Zaahrian n’avait pas une once de gras, que du muscle, mais Guilin ressentait le besoin d’évacuer le stresse qui le rongeait et insulter son frère dans l’impossibilité de répliquer actuellement était un moyen comme un autre.
« C’est un solide gaillard », confirma Zahir de sa voix grave et apaisante. « Un solide gaillard. » En répétant ces mots, il caressa légèrement la joue de l’assassin avec son pouce. Il voulait croire de tout son être que Zaahrian était effectivement assez solide pour passer au travers et il était prêt à tout pour que ça arrive. Quelques instants après, ils le déposèrent enfin sur son lit où le véritable combat pouvait commencer.
Plus tard alors que l’aube se levait enfin sur Thaar, le silence qui régnait sur la maison Las’danir ne laissait rien voir de ce qui s’y était passé durant la nuit. Les deux sentinelles montaient toujours la garde et quand Vil se présenta à eux, ils échangèrent un regard.
« Je ne crois pas qu’il attende qui que ce soit, il est mort. »
« Oh, ferme-là, imbécile. Il n’est pas mort, il ne s’est juste pas réveillé encore. »
« Mais s’il ne se réveille pas bientôt, il va mourir, non? Il est revenu de sa mission blessée. D’habitude, il nous salue toujours quand il passe par la porte, ce qui n’arrive pas souvent. À ce que je comprends, il préfère passer par la fenêtre. Bref, il est rentré direct sans nous regarder et c’est là qu’on a vu le sang sur le sol. Il est encore là. » Il désigna les gouttes qui avaient séché depuis. « Je l’ai suivi pour alerter la maisonnée et il est tombé face la première sur le plancher. Il ne s’est pas relevé. On a dû le porter jusqu’à sa chambre où monsieur Guilin l’a soigné comme il a pu, mais il dit que sans mage… Enfin, là, il est parti pour en ramener un… probablement de force. Monsieur peut se montrer très convaincant quand il le faut, mais pas nécessairement de la bonne façon si vous voyez ce que je veux dire. »
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| | | Viliam Sang-mêlé
Nombre de messages : 579 Âge : 34 Date d'inscription : 20/02/2022
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 37 ans Taille : 1m85 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Défaire des liens, en forger d'autres [Zaahrian] Lun 17 Avr 2023 - 12:08 | |
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Le bandit mit un temps à répondre aux deux gardes. Il semblait surpris, et pour cause, rien ne lui avait indiqué lorsqu’il était parti que l’assassin était en mauvaise posture. Y avait-il eut du grabuge pendant leur fuite ?
-J’imagine que vous ne savez rien de ce qui l’a mis dans cet état ? Demanda-t-il dans un soupir. Est-ce que les gens avec lui étaient dans le même état ?
En même temps, il regardait de temps à autre par dessus son épaule, l'air de s'attendre à devoir partir en courant d'une seconde à l'autre.
]« En fait, tout le monde ici espère le savoir aussi. Nous savons qu’il a été poignardé, c’est assez évident. Après, c’est difficile d’imaginer qu’il puisse avoir été dépassé. Pour l’avoir déjà affronté dans un combat amical, je n’aimerais pas être face à lui lorsqu’il se bat pour sa vie. »
La sentinelle grimaça, ayant visiblement une bonne idée des aptitudes de son employeur.
« Il n’était pas seul. Des hommes et des femmes l’accompagnaient, aucun d’eux n’était blessés », Repris alors le second homme. « Monsieur Guilin, après avoir rapiécé monsieur Zaahrian comme il pouvait, les a interrogés. Il n’a pas… apprécié leurs réponses. »
Les deux hommes échangèrent un regard. Même à la faible lumière de l’aube, on pouvait les voir pâlir.
« Il est sympathique, parfois. Ça dépend si c’est une bonne journée ou pas. En général, mieux vaut le laisser parler en premier. Dans tous les cas, il est nettement moins enclin à faire preuve de pitié que monsieur Zaahrian et le voir blessé à définitivement fait sauter quelque chose en lui. Il ne les a pas tués, enfin pas directement. Il les a tous foutu à la porte, incluant ceux arrivé avant eux. Ensuite, il a lâché le Guet sur eux. Là, c’est calme, mais il y a une heure ou deux, ça courrait dans tous les sens. On ne sait pas s’ils ont tous été attrapé ou non. Monsieur Zaahrian ne sera pas content. Enfin, c’est à condition qu’il se réveille. »
« Monsieur Guilin n’est pas là. Il est parti chercher un mage qui pourra soigner Zaahrian. Vous devriez partir. Nous, on n’a rien contre vous vraiment, mais si monsieur Guilin met la main sur vous… Je vous conseil de prier pour que son frère s’en sorte… »
-Qu'il crève.
La réponse était glaciale. Le bandit bouillait de rage face à la nonchalance de tout ce beau monde face à des vies qui n'avaient rien demandé. Sous sa capuche, les deux lurons devaient voir la flamme de colère dans ses yeux tout comme ils voyaient ses poings se serrer comme s'il était prêt à en frapper un. Il lui avait fait confiance. Il avait été assez stupide pour lui confier les esclaves, et même certaines de ses planques. Il lui avait confié des aveux qu'il ne donnait pas si facilement. Il s'était mis en danger et compromis pour aider ces gens. Tout ça pour ça. Quinze vie gâchées par le coup de tête d'un abrutit ne sachant pas réfréner ses pulsions.
-Et que son "frère" vienne me chercher si ça lui chante. Cracha-t-il avec mépris. Peut être que de s'en prendre à des gens qui savent se défendre pour une fois, ça lui rachètera un peu d'honneur.
Sans rien ajouter de plus, il fit demi tour, direction la Plaine. Il fallait à tout prix agir et essayer de sauver ce qui pouvait encore l'être et pour cela il avait besoin de ses propres hommes.
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