Attention aux étincelles [PV Maralina]

4ème jour, 5ème ennéade de Vérimios – Premier mois de l’Eté.
Année XX | XI cycle
Cité ducale de Soltariel – Palais ducal.

L’Eté était chaud dans le sud de la Péninsule. Chaud, par les températures, mais adouci par les vents côtiers. Une douce brise, un minuscule Alizée, adoucissant les températures sur les plages Suderonnes du Nord au Sud de celles-ci ; la tramontane, le mistral, remontant doucement jusqu’à l’intérieur des terres, caressant les visages de ceux qui ont la chance de se positionner sur les hauteurs. Ainsi, le mercure grimpant, toutes et tous peuvent compter sur les flux d’air rafraichissants… Sauf peut-être celles et ceux qui œuvrent sous les épaisses tentures des marchés, collées côtes à côtes, empêchant ainsi les pauvres professionnels du commerce de bénéficier des bénédictions offertes par les Tyra.

Là, sur le plus haut – et privé – des jardins du palais, Adriano était attablé à un bureau extérieur, un vélin devant lui, maintenu par un encrier bleu dans le coin en haut à droite, et un ouvre-lettres en haut à gauche. Correctement attablé, Adriano rédige une lettre de sa plus belle plume. Une parmi des centaines qu’il devait rédiger chaque ennéade depuis son accession au trône ducal ; une parmi les milliers qu’il avait déjà envoyés lorsqu’il était prince-héritier, ou encore Amiral de la flotte Soltaari. Mais, à chaque fois, il réalisait l’exercice avec le plus grand des professionnalismes, et un intérêt relevant de la passion. Car la calligraphie était, en effet, une passion pour le duc.

A ses côtés se trouve un verre de cristal magnifique, dans lequel attend un alcool ambré en provenance de Sybrondil. S’en saisissant doucement, le Duc avale une rasade, comme pour se féliciter lui-même d’avoir terminé une énième missive, qu’il vient sceller de son sceau, plongé dans la cire chaude coulée sur l’enveloppe contenant ladite missive.

Ces derniers temps, une destinataire particulière avait retenue l’attention et bénéficiée des capacités calligraphiques d’Adriano : Maralina Irohivrah, Princesse-Marchande d’Uldal’Rhiz et membre du Conseil de Thaar. Pas n’importe qui, donc, mais une dirigeante étrangère à la réputation à la fois sombre et sulfureuse, ayant d’ores-et-déjà noué des liens et des accords avec feu Victoria di Maldi, épouse décédée d’Adriano. Mais aussi… L’ex épouse secrète du Marquis de Langehack, avec lequel elle eut plusieurs enfants…

Et, au terme de ces échanges épistolaires, une décision fut prise : la Princesse se rendrait à Soltariel pour rencontrer Adriano, dans une rencontre tout à fait formelle et officielle. Et cette dernière ne devrait point tarder à arriver.

C’était bien la première fois qu’elle mettait les pieds à Soltariel la ville et la Vaanie devait avouer qu’elle était… Déçue. Oui, déçue. On lui avait vanté les mérites de la ville. Les odeurs d’épice, de sueur étaient les premières choses qui avaient chatouillé ses navires. La ville lui semblait désorganiser, trop grosse pour elle-même. Néanmoins, Maralina n’y laissa rien paraître alors que les porteurs trimballaient la longue chaise à travers les rues nauséabondes. Ce ne fut une fois que le palais ducal ne se dresse devant elle, qu’elle fut réellement impressionnée. Après tout, ce dernier avait presque le raffinement des siens. Les serviteurs les conduire rapidement dans les couloirs, montant d’innombrables escaliers pour finalement arriver dans les jardins. Là, où se trouvait son hôte, attablé à un bureau. « Votre Altesse… » Commença la Princesse avant de baisser légèrement le menton. Ses genoux se plièrent légèrement pour faire une révérence protocolaire. Mais jamais la Vaanie ne baissa le regard, fixant sans gêne le Duc alors qu’un léger sourire séducteur ornait ses lèvres. Elle tendit la main à Adriano, lui laissant le privilège de la saluer comme il se devait avant d’échapper doucement à ce dernier. Sans gêne, elle s’avança dans les jardins, admirant les innombrables plantes et fleurs qui s'y trouvaient. « Vos jardins sont franchement impressionnant Messire. » La demie-elfe prit doucement une fleur, la remontant délicatement à la hauteur de son regard avant de la caresser du bout du pouce. Elle put sentir le vent venir caresser son dos, alors que ses longues boucles brunes se mirent à virevolter. La soie brodée de sa robe vint souligner ses formes aguichantes, laissant à son interlocuteur libre loisir d’observer s’il le désirait. Après tout, la Princesse de la Chair était à la hauteur de sa réputation. On aurait dit que chaque mouvement était calculé. De longs mouvements gracieux, presque sensuels alors que sa démarche féline en faisait pâlir plus d’un.



Au bout de quelques secondes, la Princesse Marchande se retourna de nouveau vers son hôte. Agrippant de son index et de son pouce la jupe de sa robe pour ne pas s’empêtrer dans cette dernière, tout en dévoilant sa jambe à la peau hâlée. « Je vous remercie pour votre invitation. Je dois avouer qu’elle m’a légèrement surprise. » Sans attendre, elle passa de nouveau près du Duc, laissant volontairement son parfum flotter dans l’atmosphère avant de s’asseoir non près de ce dernier. Les prunelles azurées se plantèrent dans celle de son interlocuteur avant de reprendre la parole ; « Mais je dois supposer que cela a rapport avec les affaires que moi et feu votre femme entretenons. D’ailleurs… » L’expression de la Princesse changea, devenant presque triste, avant de mettre sa main parfaitement manucurée sur son cœur. « Je vous offre mes plus sincères condoléances pour votre perte. Je ne sais que trop bien ce qu’est perdre un être qui nous est cher. » Le Duc, si ce dernier était fin observateur, verrait rapidement l’éclat de colère qui traversa son regard. Une expression qui ne dure qu’une seconde, mais qui trahissait le jeu de la Princesse. En réalité, elle n’en avait absolument que faire de la mort de Victoria Di Maldi. Si les deux femmes avaient entretenu des affaires, ce n’était guère celle qui rapportait le plus. Mais avoir des bordels à Sybrondil était un pied-à-terre dans Soltariel et donc, une porte pour la Vaanie qui ne souhaitait qu’une chose ; étendre son contrôle.

Attablé et à l’ouvrage, Adriano poursuivait son rôle ducal. Après quelques missives d’une importance relative en termes de politique intérieure, il était temps de rendre quelques décisions écrites en rapport avec l’économie, les infrastructures portuaires, les guildes commerçantes… Bref, des décisions qui différaient de celles qu’il avait dû prendre au tout début de son règne, lequel était bien plus dédié à contrecarrer les sectes draconniques. Ces dernières, affaiblies, étaient moins puissantes et trop occupées à se cacher après les grandes exécutions et arrestations. La chose était donc plaisante, d’une certaine manière.

Soudainement, le cliquetis des gardes vêtus d’armures et le doux bruit des armes balancées au grès des pas, attirèrent l’attention du Duc. Quelqu’un arrivait, et, bien-sûr, il savait déjà de qui il s’agissait : Maralina Irohivrah. Au départ, il ne se leva point, attendant que l’invitée n’arrive réellement dans le jardin. Une fois la chose faite, il quitta sa chaise et se plaça devant son bureau qu’un domestique vint immédiatement vider des papiers qui trônaient dessus.

A la révérence peu protocolaire mais semblable à celles que peuvent se faire les puissants de ce monde qui jugent être au même échelon l’un et l’autre, Adriano répond par une inclinaison de la tête un peu plus longue que les autres, sans détourner le regard. Elle tendit alors la main, chose plutôt rare en Péninsule lorsqu’un Pair du Royaume reçoit quiconque ne serait point du même acabit politique. Maralina restait une Princesse Marchande, bien-sûr, mais en Péninsule elle n’était qu’une dirigeante étrangère reçue par un Pair.

Mais la réputation de cette dernière la précédait depuis bien longtemps. Ses mots sentaient le fiel, même pour Adriano, pourtant grand manipulateur et prompt au meurtre, aux machinations et aux trahisons. Était-il en confiance ? Non, du tout. Aussi serait-il plus méfiant que jamais, et plus prompt à ne jamais concéder aucune position de faiblesse.

« Venant de vous, Altesse, ces compliments sont forts appréciés. La magnificence de vos palais et de vos soieries vous précèdent et inspirent les plus talentueux architectes de Péninsule, de Thaar et de Naélis. » Dit-il, un sourire en coin, se voulant appréciable et protocolaire. « Vos suppositions sont correctes, ma Dame. Les difficultés récentes naquirent de la mort de ma famille, m’empêchèrent de témoigner le respect qui est dû aux partenaires extérieurs de Soltariel. Feu mon épouse Victoria, m’avait parlé de vos accords et était très fier de pouvoir compter sur le marbre Sybrond au cœur du plus grand palais de Thaar. Je sais cet accord important pour elle, à l’époque. Vous témoigner de mon respect était donc important, et je vous dois des excuses pour le faire aussi tardivement. » Dit-il à nouveau, ne manquant presque rien de l’éclat de colère qui luisait dans les mires de la Princesse. Cela lui arracha presque un demi-sourire, qu’il ne pu réprimer. Mais celui-ci passerait sans doute inaperçu, au regard du discours tenu juste avant. « Vous et moi partageons le lourd, très lourd fardeau, du deuil survenu trop tôt et imposé par des forces que nous ne contrôlions à aucun cas… Moi aussi, je souhaite vous adresser mes sincères condoléances, ma Dame. » Rajoutait-il, avant de prendre place dans un fauteuil confortable fait en cuir de Vachon. « Vous êtes mon invitée. Votre voyage fût long, désirez-vous vous reposer ? Un rafraîchissement ? »

La princesse se mit à marcher doucement, son regard se portant sur les éblouissantes fleurs colorées. Si certaines étaient indigènes au Duché, d'autres étaient particulièrement communes. La vaanie passa délicatement la main sur une pétale d’une fleur de feu, reconnaissant instantanément son rouge éclatant. La vaanie les reconnut assez rapidement, après tout, les plantes médicinales étaient le créneau de sa famille depuis bien des années. Bien que semblant distraite, Maralina écoutait avec attention ce que son hôte lui racontait. D’ailleurs, ce dernier la fit rapidement sourire, il était définitivement comme elle l’avait imaginé, et il serait peut-être à la hauteur… Maralina se retourna légèrement vers Adriano, tournant légèrement sa tête par-dessus son épaule avant de reprendre la parole ; « Vous me flattez, Votre Altesse. » Commença-t-elle faisant référence à ses palais, ou du moins à ceux de Thaar en général. « Avez-vous déjà mis les pieds à Thaar, Votre Altesse ? » La vaanie se retourna finalement pour s’asseoir à même le muret de pierre, un sourire séducteur aux lèvres. « Si jamais vous y mettez les pieds, venez me visiter… Je vous montrerais la réelle magnificence de Thaar. » Son ton était joueur, presque séducteur, comme si elle tentait de mettre ce dernier dans sa couche, ou donner un double sens à sa dernière réplique.



Puis vint la mention de l’accord que Maralina et Victoria avaient négocié. La Princesse devait avouer qu’elle n’avait jamais totalement fait confiance à cette dernière, mais pour le moment leurs accords lui avaient rapporté une considérable somme. Assez, pour qu’elle se déplace elle-même pour s’assurer que ce dernier continuerait. Elle balaya l’air de sa main, avant de reprendre ; « Vos excuses ne sont pas nécessaires, Votre Altesse. Diriger un duché et comprendre ce dernier prennent du temps. La politique n’est guère un jeu facile, et naviguer au travers de toutes ces vagues peut être parfois difficile. Mais votre témoignage de respect n’est guère tombé l’oreille d’un sourd. » Ni la suite pour être honnête… Maralina eut un léger sourire en entendant la réplique du Duc. Ainsi, donc, sa rencontre avec le conseil de régence avait porté fruit. Tous savaient… Les efforts avaient porté fruit… Néanmoins, cette dernière ne répondit rien aux condoléances du Duc, se contentant de reprendre un air semi-sérieux avant de se relever pour rejoindre ce dernier à son bureau. La princesse s’assit finalement face au bureau du Duc, avant d'ajouter : « Non, merci. J’aime régler mes affaires le plus rapidement possible et je crois que vous pourrez apprécier vu votre emploi du temps serré. » Elle s’arrêta une seconde, avant de se tourner vers un serviteur qui attendait patiemment plus loin. « Néanmoins, un rafraîchissement serait apprécié. » Son regard azuré se porta finalement vers le Duc avant de lui lancer un sourire amusé ; « Impressionnez-moi. »

Les allers et retours de la Princesse-Marchande donnaient une sorte de on-ne-sait-quoi à la prestance qu’elle donnait dans cette pièce. Adriano, pourtant, appréciait tout particulièrement le plus haut jardin privé de tout Soltariel – et probablement de toute la Péninsule étant donné l’altitude – qu’il avait développé tant en mobilier qu’en soieries, tant en marbres qu’en œuvres d’arts, sculptures et autres œuvres réalisées par des artistes venus du monde entier pour pouvoir vendre au Duc de Soltariel. Mais la façon d’être et de faire de Maralina rajoutait une touche féminine qui – et cela lui faisait du mal de l’avouer – était envoutante pour quiconque ne serait point assez fort, pour ne point y céder.

« Non, malheureusement. J’ai beaucoup voyagé, notamment jusqu’en Ithri’Vaan lorsque, jadis, notre petite seigneurie se devait de commercer avec ses partenaires les plus sûrs et les plus honorables. » Dit-il, se rappelant sa jeunesse, tout en flattant à nouveau l’orgueil de la – jeune ? – femme. « L’invitation est un honneur, votre Altesse. Je saurais m’en souvenir dès lors que mes obligations dans le Sud me permettront de prendre un peu de temps pour moi. »

Les excuses données quant à la latence d’action du Duc depuis le décès de l’ancienne Duchesse de Soltariel et Baronne de Sybrondil, partenaire commerciale de la Princesse-Marchande d’Uldal’Rhiz, sont chassées d’un revers de la main. La chose était inhabituelle pour Adriano… D’ordinaire, personne, si bas dans le Sud ou plus haut dans le Nord, n’oserait chasser les propos d’un Pair du Royaume d’un revers de la main… Encore moins lorsque l’objet chassé représente des excuses.

Toutefois, Maralina ne se contente point de seulement flirter avec le danger de pouvoir, sans le vouloir – ou en le faisant exprès – insulter l’un des hommes les plus puissants de ce continent. Elle répond, et fait mouche ! Son geste presque impulsif est balayé par un témoignage la concernant… Et les excuses ne seront point oubliées.

Mais voilà, la Princesse-Marchande revient à la charge ! Elle n’a pas le temps de discuter de choses inutiles, triviales, ou peu importantes selon l’objet de sa visite aujourd’hui. Régler les affaires le plus rapidement possible… Mais en acceptant un rafraîchissement.

« Hum… » fit-il, s’adossant dans sa chaise dans la posture d’un penseur, bien moins protocolaire donc qu’une attente droite, le dos droit, l’assise droite… Dans la droiture même, donc. « Je vous aurais proposé un repas iodé fait d’huitres citronnées, de gambas marinées et de délicieux filets de thon pêché le matin même… Mais vous ne me demandez qu’un rafraichissement… Alors… » Il réfléchit à nouveau. « Pourquoi ne point vous proposer une coupe faite d’un champagne pétillant et frais agrémenté d’une liqueur fruitée, d’un peu de paprika, et d’une olive verte ? »

Sitôt proposé, Adriano prit la petite clochette qui se trouvait sur son bureau estival, et la fit sonner… Bientôt, un domestique viendrait prendre la commande proposée par Adriano, ou celle imposée par Maralina.

Maralina alla poser son assise sur l’un des fauteuils qui faisait face au Duc, écoutant attentivement ce que ce dernier lui disait. En réalité, rien d’intéressant jusqu’à maintenant… Que des salutations d’usage et des répliques qui ne servent qu’à combler le vide. La demie-elfe baissa légèrement son menton vers le bas, plantant son regard bleuté dans celui du Duc. Son éternel sourire amusé aux lèvres. Depuis le début de cette conversation, la vaanie avait volontairement bousculé son hôte, se demandant jusqu’où elle pourrait aller et se demandant surtout si ce dernier danserait au rythme de la même musique qu’elle. Maralina laissa tomber son dos contre le dossier, miroitant le soltari, alors que ses mains vinrent se déposer sur les accoudoirs finement décorés de la chaise où elle s’était assise, faisant encore une fois volontairement face à Adriano.



Pas une seule fois, son regard bougea, fixant sans gêne le Duc devant elle. Son dos contre le dossier, son coude sur l’accoudoir, alors que son éternel demi-sourire ornait ses lèvres. Un pur mélange de provocation, mais aussi de séduction, voulant voir jusqu’où irait son hôte. « Comme je vous l’ai dit, Votre Altesse… Surprenez-moi. » Elle croisa doucement la jambe sur ses genoux, dévoilant sans pudeur sa peau hâlée, dénudée. Un léger silence s’installa avant que le serviteur ne vienne finalement pour prendre les commandes du Duc. Maralina le testait sans aucune gêne, se disant qu’elle verrait bien l’esprit de l’homme devant elle bien assez vite. Une fois que le serviteur eut reçu les ordres du Duc, il sortit aussi rapidement qu’il était arrivé, Maralina reprit alors la parole ; « Vu cet accueil, je suppose que vous désirez continuer la collaboration que j’avais avec feu votre femme. » La Princesse se calla un peu plus dans son confortable fauteuil avant de rajouter ; « À moins que vous ne désiriez ajouter d’autres clauses à notre collaboration future. » Voilà, il avait l'opportunité… À voir si ce dernier la prendrait.

L’attitude de la Princesse-Marchande de la Chaire, n’étonnait en réalité point le Duc. Au contraire, il eut été étonné qu’elle ne soit point à la hauteur de sa réputation, ni des rumeurs circulant à son encontre. S’il jouait à merveille le noble fidèle aux us et coutumes Suderones, et tentant tant bien que mal de garder un minimum de bienséance, l’homme, derrière le masque, se délectait bien évidemment de certains aspects de cette rencontre, et de la vision associée.

Lorsque Maralina répète, d’un air nonchalant et non moins sensuel, que la surprise revient toute entière à l’hôte de ces lieux quant au rafraichissement qu’il lui échu de faire servir, un demi-sourire naît au coin de ses lèvres, et un geste de tête vient ponctuer cet échange.

Il fait donc la commande au domestique, lequel s’empresse de rejoindre les cuisines, plus bas, afin de répéter celle-ci au cuisinier du palais. En attendant, voilà que la belle à la peau halée et aux cheveux d’ébène reprend, avec l’assurance presque outrageante qui allait tant aux commerçants et puissants venant de l’autre côté de la mer.

« En effet, Altesse. Nos deux territoires sortent un peu plus grandis chaque jour, des affaires et de l’entente qui naissent et grandissent depuis que feu mon épouse aura eu l’intelligence – ou la clairvoyance – de faire affaire avec vous. Je serais un bien piètre Duc, si je refusais qu’une telle entente se poursuive. » Dit-il, flattant la Princesse, validant donc sa présomption. « Quant au fait de rajouter d’autres clauses, vous me voyez fort ravis de savoir cette opportunité possible ! Quelles autres richesses, vos terres et vos gens, peuvent proposer à l’entente ? Allons… Surprenez-moi. »

Taquin…

« Vous surprendre ? » Commença-t-elle non sans lui offrir un sourire. Oh, elle adorait ce jeu. Taquin ? Non pas du tout, elle avait plus l’impression qu’il la testait pour savoir ou jusqu’elle irait. La princesse de la chair se calla un peu plus dans son siège, dans une position semblant quelque peu détendue, en parfait contrôle de la situation. Osant même supporter sans effort le regard du Pair du Royaume devant elle. « Je suis certaine que Victoria vous a parlé de notre accord. 25% des profits sur les comptoirs Sybrond, qui augmenteront à 30% une fois que le nombre atteindra 10. Chiffre qui devient de plus en plus réaliste. Après la chute du Prince de Qyriah, j’ai pris la principauté sous mon aile, investissant dans cette dernière pour la ramener dans le droit chemin. Des comptoirs vendant les produits Sybronds seront plus que nécessaire vu que le dernier palais a été réduit à néant. » Son sourire sembla s'agrandir alors qu’elle se rappelait de l’explosion de ce dernier. « Mon nouveau palais aura besoin de plus de marbre et rien n’égale celui de Sybrondil. » Dit-elle avant de se mordiller la lèvre, voyant si ce dernier mordrait à l'hameçon. « Sinon, peut-être vous a-t-elle parlé de ses plans pour devenir Duchesse. » Maralina eut un air faussement offensé avant de balayer l’air de sa main. « Pardonnez-moi. Peut-être devrais-je dire, protéger ses arrières politiques… Oui, elle avait définitivement insisté sur ce terme. » Le regard bleuté de la Princesse sembla briller sous l’ironie. Victoria avait tenté de calmer le jeu, mais elle était comme toutes les autres, elle voulait monter le plus haut possible. « Car je me suis assuré que la personne qui lui faisait si peur n’est pas pu grimper comme elle le voulait… Je suis certaine que cette collaboration a été remarquée, et même appréciée par l’ancienne comtesse… » Maralina s’accouda sur sa chaise, semblant porter son attention sur ses ongles parfaitement manucurés. La vaanie s’arrêta avant de retourner son attention vers le Duc. « Alors la question n’est pas nécessairement ce que je peux vous proposer… Mais jusqu'où vous êtes prêt à aller… et ce que vous avez vraiment envie d’avoir. »

Alors que la Princesse-Marchande de la Chaire y allait de ses chiffres et des accords passés jadis, Adriano, lui, gardait un froid et un sérieux à toute épreuve. Non seulement il s’imaginait et approximait l’étendue des dépenses et des rentes dont il était question, mais, en plus de cela, il tentait de mettre tous ses sens en éveil pour comprendre ce que la Vaanie disait entre les lignes.

La chute de Qyriah n’était pas passée inaperçue, même si loin, à l’Ouest. Mais contrairement aux informations laissées dans l’ombre par la Princesse, l’explosion du palais et la destruction dirigée de la principauté, étaient inconnues du Duc. Il comprit alors que celle qui lui faisait face était derrière tout cela, et, probablement, de manière autant officielle qu’officieuse. Qu’aurait-elle fait ? Jusqu’où serait-elle allé pour pouvoir prendre le contrôle de la région ? Massacres à grandes échelles ? Empoisonner les sources d’eaux potables ? Faire appel à des mages sombres pour détruire toute parcelle de vie ? S’associer avec des renégats Drows ? Et peut-être plein de choses encore…

Puis vinrent les révélations liées aux ambitions politiques de feu Victoria di Maldi. Et le fait qu’elle ait assuré ses arrières pour l’obtention du Duché, était aussi étonnant que prévisible. Arquant un sourcil, Adriano demeura stoïque, regardant dans les mires de la Princesse-Marchande, avec une grande intensité.

« Je serais bien sot de croire que vous avez laissé échapper cette information sans contrôle ni volonté de votre part. Ainsi donc, Victoria aura préparé son accession au trône, et, ce faisant, sans doute son accession à ma couche. » Dit-il, pour faire comprendre à Maralina qu’il n’était ni blessé ni dupe. « Mais la confiance, ou la stupidité, qui anima feu mon épouse pour vous faire part de ses plus grandes ambitions, n’existent point en mon esprit. Si vous bénéficiez effectivement de ma confiance commerciale, la confiance politique, elle, est toute autre. » Dit-il, avant de reprendre. « Dites-moi ce que vous, vous désirez. Jusqu’où iriez-vous, en Péninsule, après que votre amour vous ait été ôté sans pitié ? Car Griffon de Langehack est mort… Mais vous, vous demeurez. Et vous êtes ici. Et vous commercez. Mais je ne peux croire que quelqu’un qui est prête à détruire une cité pour se l’accaparer, reste sur sa faim quand il s’agit d’amour. Jusqu’où iriez-vous, vous ? »

Il fallait croire que la Princesse Marchande avait fait mouche. La réplique sur l’ancienne Duchesse semblait avoir réveillé le Duc. Elle ne put s’empêcher d’avoir un léger rire. Un rire presque cristallin, innocent, comme si le péninsulaire lui avait dit la plus ingénue des blagues. Au bout de quelques secondes, la demie-elfe se reprit, avant de poser à nouveau son regard dans celui du Pair. « Vous confondez, Votre Altesse. » Commença-t-elle avant de se redresser dans sa chaise. « La duchesse ne m’a jamais confié ses ambitions… Et elle les a même déniés lorsque je lui ai posé la question. Mais après une centaine d'années à vivre à Thaar, j’ai appris à lire les gens… et à savoir ce qu’ils voulaient vraiment. » Maralina venait finalement de s’imposer. Non seulement, elle était l’aîné de ce dernier, mais lui révélait qu’elle savait très bien lire ceux qui lui faisaient face. D’ailleurs, même si ce dernier semblait s’être renfermé comme une huître, cela en disait assez sur lui pour qu’elle puisse continuer sur sa lancée. Maralina n’eut guère le temps d’ouvrir la bouche de nouveau qu’un serviteur revint finalement avec leur breuvage, les déposant devant les deux puissantes têtes qui se faisaient face. Maralina, elle, ne détacha pas son regard de celui du Duc, attendant patiemment que le serviteur ne parte. Une fois que ce dernier ne soit reparti, la Princesse prit le verre de sa main, avant de continuer son discours ; « Par contre, vous avez raison. Me faire réellement confiance est la plus grosse erreur que vous pourriez faire. » Maralina leva la coupe vers le Duc pour le saluer, avant de porter le breuvage à ses lèvres. Ce dernier était particulièrement rafraîchissant, à croire qu’Adriano était réellement un expert pour recevoir les gens.



Soudainement, la vaanie perdit son air amusé, la surprise replaça cette dernière alors qu’elle détachait finalement ses lèvres de la boisson. « Je dois vous admettre que vous connaissez définitivement vos saveurs. Ce breuvage est réellement délicieux. » Gardant son air sérieux, elle déposa la fine coupe de cristal sur la table avant de soutenir de nouveau le regard de son hôte. « Et puisque vous venez de me dévoiler ce charmant détail sur vous, laissez-moi vous dire une chose sur moi. » L'air de la princesse était sérieux, plus aucunement joueuse. « Il n’y a une chose dans ce monde qui m’importe réellement… Ma famille. La toucher n’est nul autre qu’une déclaration de guerre et là, il n’y a aucune limite. » Maralina s’arrêta un moment, laissant s’imposer un silence, puis reprit ; « Chose que nous avons définitivement en commun vue comment le mot de votre chasse au cultiste s’est répandu. » La princesse leva le menton pour ensuite reprendre ; « Et si je vous disais que les personnes qui ont attaqué les miens sont les mêmes qui sont responsables derrière la mort des vôtres ? Est-ce que cela vous captiverait assez? » La Princesse se pencha légèrement vers le Duc avant de rétorquer ; « Il n’y a aucune limite à ce que je peux accomplir lorsque j’ai une idée en tête. » Maralina se cala à nouveau dans sa chaise, avant que son sourire ne revienne. « Ne reste à savoir si vous voudriez me joindre à moi. »

« Une centaine d’année, hum ? » Réagit aussitôt Adriano. « Il existe des rumeurs concernant vos origines, et votre âge… Voilà donc que vous me confirmez ne point être humaine, et surtout, ne point être aussi jeune que vos traits le laissent paraître. »

Il n’était ni offensant, ni méchant, ni malveillant. Seulement, ses racines manipulatrices et calculatrices reprenaient rapidement le dessus alors qu’il venait de comprendre que, si la Princesse venait de marquer un point… Elle venait également d’avouer une origine au moins semi-humaine, qui, en plus de son origine extrapéninsulaire, faisait d’elle une paria sur les terres de Péninsule.

Car Adriano savait, bien-sûr, pour le mariage secret entre Griffon et Maralina. Il savait pour les enfants du couple secret, et surtout, il connaissait la réputation de la Princesse de la Chaire et ses propension à rechercher puissance, force et justice. Le mariage étant secret, nul doute qu’il ne sera jamais reconnu par les hautes instances nobiliaires de Péninsule… Sa race dorénavant connue, il ne fait plus aucun doute non plus qu’aucun noble de Péninsule ne laisserait une semi-elfe régner sur le Langehack.

Toutefois, l’ambiance se posa finalement à nouveau lorsque la surprise, la vraie, figea et modela les traits de celle qui était son vis-à-vis. Aux compliments qu’elle lui fait, Adriano répond d’une inclinaison de la tête et d’un geste de la main mimant une révérence, davantage pour s’autocongratuler qu’autre chose. Mais la tension et le fil du rasoir revinrent tous deux, lorsque la Princesse fit part de ses pensées, et de quelques informations sur elle.

« Les mêmes ?! » Répéta Adriano, dont les informateurs, espions et sympathisants, peinaient encore et toujours à trouver toujours plus de renseignements sur les forces qui agissent dans l’ombre dans le Langehack. « Vous insinuez que les cultistes du Soltaar seraient liés à ceux du Langehack ? » Dit-il, un air mi-soucieux mi-intrigué. « Vous rendez-vous compte, Altesse, que cela mettrait Prudence de Langehack dans une position si précaire que n’importe quel noble, même de basse lignée, pourrait lui déclarer la guerre et lui ravir ses territoires ? » Dit-il, partageant un peu de la géopolitique actuelle. « Comme nous le disions… Je ne peux vous faire confiance. Néanmoins, je ne peux ignorer la main tendue par ces informations-ci… Toutefois, je me dois de renouveler ma question, un peu différemment : que désirez-vous ici, aujourd’hui ? »

« Je vais prendre cela comme un compliment alors… Après tout, il n’y a pas une seule femme qui veut faire réellement son âge. » La Vaanie prit une gorgée de son breuvage, ne lâchant pas une seule seconde le Duc. « Quant à mes origines, elles ne sont pas nécessaires à cette entrevue. Mais disons que je connais très bien le commerce. Tenons-nous-en à cela. » Car oui, la Princesse d’Uldal’Rhiz venait d’une riche famille marchande. Famille qu’elle avait fait assassiner pour atteindre sa place au conseil, mais cela, personne ne le savait et les rumeurs qui auraient pu se propager était rapidement démenti. Non, pour les vaanies elle avait été celle qui avait demandé justice pour le meurtre de son père et de sa sœur, et c’est tout ce qui comptait… Qui plus est, il aurait été étonnant que le Duc connaisse quoique se soit de ses humbles origines. D’ailleurs, l’air sérieux passa rapidement à la surprise alors qu’il entendit la réplique de la Princesse Marchande, ce qui amusa son interlocutrice. « Non…» Commença-t-elle, secouant légèrement la tête. « J’insinue que l’arcaménite qui est suzeraine de Merval n’a pas été digne de gouverner comme il se doit. » Maralina osa les épaules, l’air nonchalante.



« Quoique, cela ne m’étonnerait pas qu’elle s’attaque à vous… Cela ne serait pas la première fois qu’un voisin tente d’assassiner un autre…» Et il fallait dire que la Princesse Marchande était la mieux placée pour savoir. Quoique Qiryah n’était pas réellement un voisin en tant que tel. « La seule chose que je peux vous dire, c’est qu’elle ne crie pas sur le toit ses croyances ni ses actions. Elle a déjà ses suivants qui la supportent à travers d’innombrables rumeurs, mais peu savent réellement ce qu’elle fait dans ces temps libres… Enfin peu… Mais moi, je sais. » Sans attendre la Vaanie sortit doucement un flacon d’une poche de sa robe de soie pour la déposer entre le Duc et elle. La fiole était délicate, finement taillée dans ce qui semblait être un cristal extrêmement dispendieux. Le contenu de la fiole, était un liquide semblant légèrement visqueux, aussi noir que la nuit, mais contenant des flocons, or qui dansait dans la solution. Maralina eut un léger sourire avant de se caler dans son fauteuil. « Je vous présente mon produit le plus populaire en Langehack. Il coûte une fortune à faire - et je dois vous avouer que j’ai douté ma prédécesseure sur la nécessité d’un tel produit. Loin de me douter qu’il serait consommé par mon horrible belle-fille. » Maralina prit une gorgée de son breuvage avant de reprendre ; « Mais il faut croire que les visions que lui apporte cet opium est plus importante que la réalité. » Puis lorsqu’elle entendit la dernière question, Maralina ne put s’empêcher de sourire ; « Ce que je désire ? C’est que quelqu’un s’occupe de la situation dans le Langehack. Prudence sait que je vais venir pour elle. Mais si d’autres personnes qui ont le même motif que moi bougent en parallèle - je doute qu’elle ne le voit venir. Quant à ce que je veux en échange? » Le sourire de la Princesse sembla s’agrandir ; « Rien… Je veux simplement la voir tomber de son piédestal. Faites ce que vous voulez de cette information - cela m’est égal. De toutes façons, il y a bien des murmures qui se propagent en péninsule. » Dit-elle avant de terminer son verre d’un trait.

« C’est un compliment, en effet. Mais, si vos origines peuvent être tacites entre nous, vous savez, je n’en doute absolument pas, qu’elles sont sources de discordes et de questionnement de la part de mes pairs, de la royauté, et du peuple en général. Nous ne sommes point aussi ouverts que les Thaaris, habitués à la mixité raciale. Mais quelques bourses pleines d’écus et de souverains annihilent bien souvent les craintes… En effet. »

Adriano savait bien qu’il n’apprenait rien à Maralina. Outre la réputation de la sang-mêlé et l’évidente richesse dont elle était propriétaire, et dont elle faisait preuve en tout temps et en tout lieu, ses réussites en affaires et en décisions politiques trahissent un appétit dévorant et une capacité d’adaptation autant que de réflexion et d’initiative. Mais les faits étaient là : Maralina était connue, et défavorablement, en Péninsule. Et sa présence dans le Sud passerait peut-être inaperçue, mais ce ne serait plus le cas si elle venait à se rendre en Langehack… Et ses mains crochues s’apprêtant à se refermer sur Prudence n’en finiraient point de faire jaser nobles comme petites gens.

La possibilité d’attaque de Prudence sur sa personne n’était évidemment point une nouvelle. La Marquise avait déjà fait preuve d’imprudences, notamment en poignardant Adélina en pleine rue. Sauvée par l’influence de Griffon, Prudence n’encourut aucune poursuite d’aucune sorte… Mais, aujourd’hui, aucune force supérieure ne saurait la sauver face à une nouvelle erreur grandiose, point même son importante suite.

D’ailleurs, voici une suite qu’Adriano ne s’attendait point à apprendre. La fiole apportée par Maralina était semblable au sang séché et d’une créature infernale. Tout, en cet élixir, semblait hurler à la dangerosité et à l’interdit… Et l’explication qui suivrait allait faire comprendre à Adriano, les tenants et aboutissants de cette mixture. De l’opium. Une drogue addictive, prisée de certains cancres, pauvres et autres criminels de bas étages ; mais aussi par certains cultistes qui, disent-ils, aiderait à entrer en communication avec les véritables divinités.

« Une addiction à cette drogue, donc. Rien d’étonnant, en vérité… Cela explique certaines de ses décisions les moins intelligentes… Heureusement pour elle, Griffon était toujours là pour la protéger après coup… Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. » Dit-il, réfléchissant sans jamais réussir à retirer son regard de cette mixture macabre. « Que quelqu’un s’occupe de la situation, hum… » Répétait-il, levant doucement son regard vers Maralina. Il bu alors d’un trait le restant de son alcool, avant de se resservir à nouveau. « Je sais parfaitement que l’on a rien, sans rien, Altesse. Et même vous, qui êtes motivée par la plus pure et violente vengeance, cherchez à placer quelque chose, quelque part. Qui me dit que vous ne profiterez pas de tout ce brouhaha politique, pour pouvoir asseoir sur le trône, un de vos fils ? Un que vous avez eu avec Griffon ? Ainsi, vous auriez plus qu’un seul pied en Péninsule, et même, en plus d’être Princesse-Marchande, vous seriez la mère d’un Marquis qui, à n’en point douter, vous devra tout, fera de vous son conseiller le plus proche… Et alors, pourquoi pas, régner à travers lui ? » Expliquait-il, décortiquant la situation, prouvant qu’il n’était ni naïf ni inexpérimenté. « La Péninsule est faite de rumeurs, vous le savez mieux que moi. Et j’ai moi aussi mes projets en Langehack. »

Cette discussion était définitivement… Décevante. Elle avait entendu de bons commentaires sur le Duc ; apparemment un homme puissant qui cherchait encore à faire sa marque dans le monde qu’on venait de lui donner. Mais la Princesse Marchande voyait aujourd’hui qu’elle avait devant lui tout sauf un adversaire. Ses efforts étaient décevants. C’était son meilleur ? Vraiment ? C’était l’homme qui allait faire face à Prudence. Son manque de stratégie ne l’intéressait guère. Bonne actrice, cette dernière ne laissa guère ses sentiments se voir, continuant de diriger le Duc dans une danse qu’elle menait depuis le début, plantant les graines qui pourrait propulser le Soltarii dans la direction qu’elle voulait. « Oh, mais vos projets au Langehack ne sont définitivement pas tombé dans les oreilles d’un sourd. Au contraire, elle s’est répandue comme la peste, les rats adorant propager les histoires de leurs maîtres… » Le sourire de la belle sembla s’élargir avant qu’elle ne reprenne finalement la parole ; « La guerre sainte? N’est-ce pas ? » Et dire qu’il rencontrait une arcaménite en sa demeure… C’était fou à quel point les valeurs des péninsulaires pouvaient changer rapidement si cela allait en leur faveur… « Ah, Votre Altesse, ne pouvez-vous pas simplement jouer avec le cadeau que je viens de vous offrir ? Lorsqu’il sera temps de jouer l’un contre l’autre, vous verrez bien ce que je veux réellement. » La Vaanie vida d’un trait sa coupe avant de la déposer sur la table devant elle. « Montrez-moi ce que vous pouvez faire, je vous observerais avancer vos pions. » La princesse eut un bâillement, comme si la conversation que les deux puissants êtres avaient été des plus ennuyeuses. « Mais vous avez raison, le voyage m’a pesé. Je vais me retirer à mon navire. » Sans plus de cérémonie, la Vaanie se leva, sans s’incliner devant un homme qu’elle considérait comme bien inférieur, avant de lui lancer un sourire amusé, presque défiant. « Ne vous inquiétez pas Adriano, je n’ai guère terminé... Je vous souhaite la meilleure des chances, Adriano. Vous en aurez besoin… »  Pour elle, cette entrevue était terminé, et elle avait bien hâte de voir à quel point cette petite rencontre allait payer.