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 [Solo] Hors du temps

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Illynora Yelsatra
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MessageSujet: [Solo] Hors du temps   [Solo] Hors du temps I_icon_minitimeVen 26 Mai 2023 - 1:36





Un jour de Verimios
An 20 du XIe Cycle
Entre Alëandir et l'Uraal.

Harmonie est synonyme de piété


Quelque part non loin du lac Uraal se trouve une maison sylvaine installée au sommet d'un arbre. Cachée par la végétation dense, seul un sentier chaotique à peine visible témoigne du passage régulier de rares souffles qui osent s'aventurer aussi loin des villes. Le pisteur remarquera parfois des traces d'animaux mêlées à de rares traces d'elfes, signes d'une activité Noss dans la région.

L'arbre servant d'habitat à la propriétaire des lieux n'est pas n'importe lequel ; ses racines sont profondes, son tronc imposant et sa cime majestueuse. Il est le gardien des lieux, le père de la végétation alentours à n'en point douter. Quelques autres arbres sont accolés à lui, partageant les mêmes nutriments.

L'habitation qui part du sol vers le sommet du gardien ancestral est composée en grande majorité de bois d'arbres déjà morts, certaines planches comportent parfois des nœuds noircis, la preuve qu'elles ont été débitées après un incendie. Pour une raison qui pourrait échapper au commun des mortels, tout semble cependant animé d'une petite étincelle de vie, comme si une magie avait été à l'œuvre afin de préserver le peu de sève qui restait dans ce que bon nombres d'ignares qualifieraient de "matériau inutilisable".

Les fondations semblent être d'une solidité à toute épreuve et supportent la majorité du poids de ce qui semble être un chalet, qui de fait, ne repose bien heureusement pas sur l'arbre, qui verrait alors sa croissance altérée. A l'arrière de ce même chalet se trouve une poutre de support qui se dissimule le long de l'arbre, et vient supporter une petite extension plus en hauteur, à laquelle on accède grâce à une échelle suspendue faite de lierres et fibres tressées. Encore au dessus enfin et cette fois-ci directement prise dans le tronc, une légère structure de quelques mètres carrée surplombe la périlleuse construction. Il n'existe aucune aide pour y accéder, ni aucune trace d'escalade sur le feuillu ; le signe que l'ascension se fait avec une certaine agilité et sans matériel. Aucun autre qu'un elfe ou un oiseau ne peut s'y trouver sans déployer un effort certain.

Malgré ce qu'on pourrait croire au premier abord en voyant cette étonnante construction à une distance raisonnable, ce n'est qu'au pied de cette dernière que l'on se rend compte de l'investissement colossal nécessaire à sa réalisation. Le chalet est plus haut qu'il n'y parait, plusieurs mètres par rapport au sol et la cime de jeunes pousses arrive à peine à hauteur du plancher. Aucun besoin d'acrobatie pour atteindre la plateforme, un astucieux escalier en colimaçon s'enroulant autours de la souche primaire permet d'y entrer par l'arrière.

La rambarde permettant d'éviter une potentielle chute est branlante, faite de petit bois quant à lui tout à fait mort et n'est pas conçue pour supporter le poids d'un humain adulte, ni même pour s'y appuyer. A quoi sert-elle alors ? S'interrogerait le pèlerin étranger à ces terre ; il trouverait bientôt qu'elle est le futur support de la végétation grimpante qui commence à envahir les lieux. Des fleurs de différentes couleurs éclosent parfois, allant du rouge au jaune en passant par le blanc immaculé, donnant lors de la floraison un apparat unique à ce lieu en totale harmonie avec la nature.

Ce petit paradis au sein d'une forêt très peu accueillante n'est que peu connu, quelques souffles en ont entendu parler, mais ceux qui connaissent ce lieu savent qu'il appartient à un être tout aussi original que le décors, une ermite appartenant jadis à une cité de pierre et qui perdit son bon sens lors du voile, choisissant de construire différemment, de respecter davantage la nature, sans pour autant faire un trait sur les prouesses architecturales développées par les ancêtres de son peuple.

Trop moderne pour les Noss, pas assez pour les citadins d'Alëandir, le pinacle de la contrariété.


La forêt instruit plus que les livres


Dans la partie la plus haute se trouve un laboratoire de fortune. Outre les mortiers et matériels nécessaire à la production d'onguents, de solutions ou même de breuvages en tout genre, on y trouve des cordes de lierre sur lesquelles sont suspendues des plantes, des racines, et parfois même des rongeurs ayant subi un sort fort peu enviable, tous ayant pour mort communes des morsures ou empoisonnements.

Les bruits de la nature remplissent l'air ambiant et nul ne saurait entendre les bruits de pas des pieds foulant la pierre, aucun terrain de jeu aménagé car la nature elle-même remplace l'artificiel.

C'est sur cette plateforme surplombant les environs qu'est allongée nonchalamment Illynora, une partie de ses cheveux tombent dans le vide, dansant au rythme de la brise forestière. D'aucun dirait qu'elle ne fait rien, non, elle étudie attentivement la symphonie l'entourant au rythme d'un clapotis régulier : celui d'une préparation en cours.

La méthode avait changé, tout comme bien des choses comparé à son passé. Elle ne surveillait plus la pureté de ce qu'elle faisait, tout simplement car elle avait remplacé le matériel en verre par du végétal. C'est désormais depuis une plante pelée que gouttait la solution, dont elle absorberait au passage une infime partie des propriétés de la sève avant de tomber dans le récipient en bois naturel qui lui, n'avait rien à transmettre hormis un goût boisé aux préparations alcoolisées, ce qui était tout à fait inutile en médecine. Ce qui était chaotique du premier coup d'œil était en réalité le fruit d'une extrême précaution, car ce qui coulait le long de la plante était une préparation stable qui servirait de base à un breuvage qui lui, ne sera nullement considéré avec aussi peu d'intérêt dans sa réalisation au vu des ingrédients magiques qui allaient le composer.

Il y'avait là de quoi déstabiliser différents pratiquants de l'alchimie, mais elle n'en avait cure ; c'est ce genre de comportement qui lui valait de recommencer un nombre incalculable de fois sans qu'elle ne référence plus ses échecs.

A contrario, quand le résultat était positif, l'efficacité était nettement supérieur à ce qui se trouvait habituellement pour des ingrédients équivalents. Un grand sacrifice pour une petite optimisation.

Les pieds nus d'Illynora semblent être appuyés sur une caissette contenant cinq petits pots elfiques en bois, de la taille d'une main, tous fermés. Chaque couvercle dont il est évident qu'ils sont l'œuvre de quelqu'un d'autre, porte la mention nestad lhoer, pouvant être traduite par "Soigne le venin/poison". Nul alchimiste en ce monde n'était capable de soigner avec une unique préparation, tous venins et tous poisons ; la guérisseuse ne faisait pas exception, mais cette marchandise était destinée à un client très particulier d'une région toute aussi particulière qui était celle des abords d'Alëandir, et il n'y avait pas myriade de créatures ou plantes venimeuses. L'on pouvait ainsi deviner que l'intéressé savait à quoi se destinait l'usage de cet onguent.

Lentement, l'elfe étend ses bras jusqu'à leur maximum afin de s'étirer, puis se redresse précautionneusement en prenant garde à mettre le moins de poids possible sur la structure en évitant les mouvements désordonnés. Elle fronce les sourcils dans le vide tout en se frottant le minois de la paume de sa main avant de fixer silencieusement une direction. D'un geste assuré, elle se saisit des cinq petits contenants qu'elle glissa dans sa sacoche de jambe et entreprit de descendre de son perchoir, laissant son expérience livrée à elle même.

D'un geste de la main, elle récupéra une corde accrochée sur une épaisse branche au dessus de sa tête, car aucune ramure ne lui permettait de descendre sans et elle n'était heureusement pas pourvue de griffes. C'est avec néanmoins avec une certaine grâce qu'elle se laissa glisser jusqu'à atteindre la petite maisonnée en dessous. Cette dernière contenait un lit de fortune, quelques astucieux espaces de rangement à même le bois, des vêtements suspendus à une cordelette, et son nécessaire de vie quotidiens.

Elle ne s'arrêta pas et descendit encore d'un étage grâce à l'échelle de fortune afin d'entrer dans le chalet. Une table, des chaises, quelques étagères contenant des ingrédients culinaires, quelques fruits issus de la flore locale, des baies, racines comestibles, étaient tous présents dans la pièce. Aucun métal n'est employé, chaque accessoire, chaque meuble est conçu grâce à un assemblages sur chant à queues.

Sa présence dans la pièce fût brève, mais pas assez pour l'empêcher de se saisir de quelques baies qu'elle avala aussitôt, avant de rejoindre le sol fertile de la forêt. Ce n'est qu'une fois en bas qu'elle s'immobilisa, mains croisées devant elle, semblant attendre quelqu'un ou quelque chose.

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MessageSujet: Re: [Solo] Hors du temps   [Solo] Hors du temps I_icon_minitimeVen 26 Mai 2023 - 14:23





L'art est un mode de survie


Une petite bourse dans une main, une cage faite de bois contenant divers petits rongeurs dans l'autre, un elfe un peu plus grand qu'Illynora sors des broussailles en suivant le sentier chaotique, participant malgré lui à l'élaboration du passage.

Quelques elfes parvenaient à tromper la symphonie, progressant en nature en ne faisant qu'un minimum de perturbations autours d'eux, et ceux-là seraient bien incapables de le faire avec un tel chargement. Parfois, des choses lui échappaient, comme la présence d'animaux immobiles ou en embuscade, mais il fallait être fort peu doué pour ne pas se rendre compte des va et viens d'un bipède chargé comme un âne.

Silencieuse au premier abord, elle attendit que son hôte ne parvienne à sa hauteur avant de l'accueillir.

- Salutations maître nomade, j'ose espérer que le voyage n'aura pas été trop pénible ?

- Plus pénible qu'hier et bien moins pénible que demain.

L'invité salua silencieusement mais pas moins respectueusement la blonde d'un mouvement appuyé de la tête. Illynora avança lentement en sa direction tout en reprenant la parole.

- Comment va t-elle ?

- Les tremblements se sont arrêtés.

- Son métabolisme aura tôt fait de mûrir avec les années, acheva t-elle de dire avant de s'immobiliser à la hauteur de son invité.

Le métabolisme des elfes était tout à fait capable de se défendre face à la très grande majorité des intoxications naturelles, qu'elles soient venimeuses ou vénéneuses. Les jeunes enfants devaient par contre le renforcer, ce qui prenait du temps. Les affections de ce type n'était pas mortelles chez les elfes, mais d'aucun n'appréciait voir souffrir les plus fragiles inutilement.

- Vous désaltèreriez-vous avant le retour ?

- Je ne le peux, ils m'attendent.

La bienséance l'obligeait a proposer au voyageur de quoi se sustenter, quand bien même l'endroit n'était pas une corne d'abondance. Peu de Noss s'arrêtaient plus de quelques minutes, et ceux qui le faisaient se tenaient à une distance respectable de l'endroit, n'envoyant qu'une personne à sa rencontre ; du moins tant qu'il n'y avait pas urgence.

- Dans ce cas.

Illynora tira de sa sacoche de jambe les cinq petits contenants, tenant tout juste dans sa main droite.

- Sachez maître nomade, que ce n'est pas un onguent de complaisance à utiliser à tort et a travers, veuillez en user avec parcimonie quand les symptômes empêchent le sommeil.

L'intéressé se débarrassa de son barda en le posant soigneusement a terre puis tendit la main, mais la soigneuse la releva aussitôt, souhaitant visiblement s'assurer que le message était passé.

- Ceci n'est pas un conseil.

- Oui, nous ferons attention.

La mixture n'était pas forte, elle permettait juste d'amoindrir les effets secondaires liés à un empoisonnement ou à une morsure. Elle n'était pas à proprement parler un anti-venin, les elfes n'en avaient de toute façon pas besoin dans l'absolu. A compter sur ce genre d'artifices, on en perdait la notion de danger. Pourquoi faire attention si l'on ne paie pas les conséquences de nos actions ? Illynora craignait cette logique au plus haut point ; l'art n'était pas nécessaire pour vivre, il était une manière de mieux survivre.

- Bien, quand reviendrez-vous ?

Elle tendit sa main et céda son contenu à son invité, qui hocha la tête en signe de compréhension et de remerciement. Il tenait désormais dans sa main gauche une sacoche vide, sans qu'Illynora n'ait vu l'instant ou il s'en était saisi. Son invité rangea précautionneusement les onguents à l'intérieur.

- Aux premières fraîcheurs.

La soigneuse se pencha afin de saisir la cage sur le sol qui était recouverte d'un drap et la souleva à hauteur de sa vue avant d'en écarter le tissu masquant son contenu à l'aide de son index. A l'intérieur, une dizaine de petits mulots souffrants.

- Vous êtes porteur d'un bien mauvais augure, espérons que la situation ne s'aggrave guère plus.

- Puisse Kÿria vous entendre.

- Notre mère a bien des choses à s'occuper, je m'assurerai d'être entendue si tel est son souhait.

Sur ce dernier échange et après un mouvement de tête appuyé de part et d'autres, chacun prit ce qui lui revenait, et c'est avec une petite bourse et la cage que la soigneuse s'était vu remettre qu'elle remonta au chalet, laissant son invité disparaître dans la broussaille d'où il était venu, sans cette fois-ci ne plus déranger la symphonie.




Dernière édition par Illynora Yelsatra le Sam 27 Mai 2023 - 11:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Solo] Hors du temps   [Solo] Hors du temps I_icon_minitimeVen 26 Mai 2023 - 20:22





La nature hait la normalité


Voilà bien longtemps que la solution était prête, attendant dans son récipient d'être filtrée. C'était une chose à laquelle Illynora devait bientôt s'affairer pour éviter que des polluants viennent s'y fixer. Pour l'instant, l'elfe semble tout à fait occupée à autre chose, jugeant que la suite de sa préparation pouvait attendre.

Agenouillée devant la petite table d'angle, la soigneuse tient l'un des mulots entre ses mains. Ce dernier, semblant comme assommé, ne réagit que peu quant au fait d'être manipulé de la sorte. Parfois, il se contracte sur lui même avant de se mettre en position fœtale en émettant de petits cris.

- Ilu vanya, fanya, eari, i-mar, ar ilqa ímen ; Nan sí ye tyelma, yéva tyel ar i narqelion. N'aie crainte petit être.

Avait-elle le pouvoir de les soigner ? Pas tous. La majorité des préparations elfiques étaient trop puissantes pour n'importe quel sans mémoire, alors il était difficile d'imaginer ses effets sur de petits rongeurs. Malgré tout, la puissance de la préparation n'avait que peu d'importance quand les effets étaient principalement à l'encontre du mal. Evidemment, il n'était pas question de donner une dose d'elfe, mais la logique résidait que ce qu'elle s'apprêtait à lui administrer ne permettait nullement de le soigner, juste de tuer le poison dans son organisme, et en cela, même une dose un peu forte serait sans danger.

Malgré tout, elle ne pouvait pas réparer les dégâts qui avaient déjà été occasionnés. Illynora n'était pas une vitaliste accomplie et, ses préparations n'étaient pas destinées à de si petites créatures. Un druide pourrait faire quelque chose, mais ils étaient rares et de fait, elle n'en connaissait aucun.

Peut-être que les Iarnin'Dath sauraient, mais ils devaient être loin hors des terres de l'Alëandir en cette période, et elle n'était de toute façon pas assez proche pour qu'ils cèdent à une telle demande.

De sa sacoche de jambe, elle sortit un petit kit composé par ses soins qu'elle déposa sur la table à côté d'elle. Elle le déplia d'une main sans lâcher le rongeur. A l'intérieur, on trouvait une fiole carrée contenant un liquide rouge et deux longues et fines aiguilles de pin durcies avec un vernis naturel. Silencieusement, elle déposa la fiole carrée à la verticale et en enleva du pouce, le bouchon de cire. Bientôt, elle vint y tremper une des aiguilles de pin, et la substance rouge contre toute attente, s'aggloméra dessus en une petite goutte.

D'un geste lent et contrôlée, Illynora approcha la pointe de l'épine du museau du rongeur et attendit qu'il montre ses petites dents pour glisser la préparation dans sa bouche. Ce dernier ne changea pas de comportement, car l'effet mettrait du temps à agir. Elle le déposa en revanche avec autant de soin que possible dans une autre petite cage, que l'on devinait avoir contenu précédemment d'autres rongeurs, peut être ceux étant morts en ce lieu, désormais accrochés au dessus de la tête de l'elfe.

Elle répéta la procédure jusqu'à avoir administré le soin a sept rongeurs, trois autres étant morts entre temps, et restèrent donc dans la première cage après qu'elle se soit assurée que la vie les avait quitté. Quel était donc ce mal qui s'attaquait à ces petites bestioles et rendait les enfants malades ? Un mal encore peu connu tant il était exceptionnel.

Dès les premiers signes de morts des rongeurs aux alentours d'Alëandir, Illynora avait commencé à prélever des échantillons d'eau partout autours des lieux suspectés, les lacs, rivières, flaques d'eau. Comme elle ne pouvait pas tout couvrir à elle seule, la blonde avait commencé à discuter avec les Noss afin qu'ils lui cèdent pour étude un échantillon de leur eau, mais également de petites quantités de feuilles, qu'elles aient pour but des rituels, des préparations ou encore qu'elles soient comprises dans leur alimentation.

Rien n'était gratuit, quand bien même l'on soit animé des meilleures intentions, et c'est au prix de nombreuses préparations que la soigneuse était parvenue à troquer un nombre suffisant de produits pour pouvoir établir une liste des denrées sûres. Sans résultat.

De nomade en nomade, la nouvelle s'était répandue bien vite que quelque chose rendait parfois les petites créatures de la forêt malades, jusqu'au jour ou l'un des membres de la Noss Lin’Serindë lui rendit compte que sa plus jeune fille souffrait d'un bien étrange mal. L'enfant avait porté ses doigts à la bouche après avoir touché quelques plantes d'un sentier avoisinant, et il ne fallut pas longtemps à Illynora afin d'isoler les végétaux responsables.

C'était là de simples plantes qui, jadis, ne posaient aucun problème dans la forêt dense. Ces dernières s'étaient mise à faire évoluer rapidement leur système de défense, changeant la composition du poison qu'elles déployaient. Ce n'était qu'un des effets secondaires de l'afflux, personne ne savait encore comment la nature s'adaptait à ce changement brusque. Il était naïf de croire que seul le paysage était affecté, car si la volonté de la mère pouvait faire pousser les racines à cette vitesse, qui sait ce que cela changeait sur d'autres plantes entrant en contact ou s'entremêlant avec ces racines ?

Les premières nuits, la soigneuse n'avait que peu dormi, prélevant des quantités astronomiques de ce poison qui s'avéra être inoffensif sur un elfe adulte, et elle dût de ce fait le diluer pour rendre volontairement malade de petits rongeurs sains. La dose était si infime qu'elle ne les tuait pas, mais perturbait leur transit, signe que le poison attaquait en premier directement la digestion.

Ce n'est qu'au bout d'une ennéade qu'elle finit par trouver la solution à cette équation : La nature hait la normalité ; elle trouve toujours une contre-mesure d'elle-même aux changements brusques. C'est d'autant plus vrai dans les forêts d'Anaëh ou tout évolue à une vitesse folle. Le remède était simple : Du charbon végétal, du jus de bouleau, de l'épineuse des rois et de l'extrait de fleur de feu.

Le jus de bouleau avait cela de merveilleux qu'il possédait quelques particularité détoxifiantes. Elles étaient bien évidemment inefficaces dans une vaste majorité de cas, sauf quand la magie s'en mêlait.

Ainsi, Illynora commençait par mélanger le jus de bouleau à une mixture composée de racines d'épineuse et de lait bouilli. Elle filtrait cette décoction afin d'en extraire le produit qui avait selon elle, un goût immonde. La magie intervenait immédiatement afin de lui limiter le travail et ainsi, la blonde amplifiait les effets au maximum qu'elle le pouvait, car ils se conjuguaient très facilement à ce stade : Filtration des toxines dans le sang et amélioration de la digestion.

Une fois une préparation stable obtenue, elle mélangeait du charbon végétal (pour améliorer le transit) et de l'extrait de fleur de feu, non pas que cela ajoutait quelque chose, mais cela améliorait le goût et la consistance globale. Cette mixture improvisée en liant, était ensuite finalement incorporée à la solution instable avec énormément de précaution. Cela donnait une sorte de mixture épaisse comestible qui se devait d'être avalé, la consistance permettait ainsi à ce produit de perdurer dans l'estomac. La soigneuse lui donnait le titre 'Onguent' a cause de sa texture, mais ce n'en était pas vraiment un ; elle réfléchirait plus tard à son appellation.

Cette préparation n'était pas vraiment un antidote à proprement parlé, il se contentait de filtrer le sang des toxines et d'apaiser les maux d'estomac provoqués par le poison de la plante. La nature était cependant bien faite, et chaque être vivant était parfaitement capable d'évoluer son système immunitaire. Cette méthode demandait moins de travail et permettait ainsi à l'immunité individuelle d'opérer ; en contrepartie la guérison prenait du temps.

La variante qu'elle venait d'utiliser sur les rongeurs était liquide, comportant peu de charbon et beaucoup moins de racines d'épineuse afin d'en adapter le dosage, la consistance était donc moins épaisse.

Certains survivraient, pour d'autres, il était déjà trop tard. Mais ceux qui ressortiraient de cet endroit auront assez d'immunité pour ne plus en mourir, et perdureront bientôt en une nouvelle génération de rongeurs naturellement résistante, pour le meilleur comme pour le pire, car l'équilibre naturel était tout à fait fragile.

Dans la sacoche que lui a ramené son invité, l'on trouve d'autres échantillons d'eau venus de toute la région, mais aussi quelques ingrédients comme des racines d'épineuse, une faible quantité de fleur de feu, ainsi que du charbon végétal. Elle avait ainsi gagné de quoi refaire davantage d'onguent, et de quoi persévérer dans son étude.

Le regard d'Illynora se perdit un instant dans le ciel, midi pointait.

Elfique:

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MessageSujet: Re: [Solo] Hors du temps   [Solo] Hors du temps I_icon_minitimeVen 26 Mai 2023 - 23:24





Hors du temps


Quand Illynora arriva à l'Uraal, le ciel bleu éclatait en ce milieu d'après-midi, les premières étoiles n'étaient pas encore visibles. A cette heure, la forêt est calme, ses paroles sont nombreuses mais apaisées, telle une discussion tardive autours d'un feu de camp. Gorgés de soleil, les végétaux veillent encore un peu, ils finiront par se reposer quand le ciel se drapera de son manteau de nuit.

Les arbres craquaient de temps à autre, enfonçant leurs racines plus profondément dans le sol d'une terre plus riche que n'importe quel corsaire n'ayant jamais navigué sur les mers. Ils profitent en ces journées chaudes, de la fraîcheur du terreau fertile gorgé en eau sur les abords du lac. Le soir venu, la température chute dans cette région. La terre n'est que peu chauffée par le soleil car la forêt dense intercepte beaucoup de lumière, et le soir venu le peu de chaleur accumulée disparaît en moins d'une heure.

Le bois est comparable à l'histoire d'une mère chaleureuse avec ses enfants, jouant avec eux, riant aux éclats et leur apportant tous les besoins nécessaire à leur vie sans qu'ils ne posent la moindre question, mais se transformant à la nuit tombée en un esprit glacial étouffant ses ennemis. Malheur à celui qui bougerait dans la forêt dense sans que le sourire de la mère ne guide ses pas.

Accroupie au bord de l'Uraal, Illynora tend sa main et en caresse la surface avant d'observer la réaction de sa peau. Elle observe ensuite la pureté de l'eau avec grande attention pendant de longues minutes, jusqu'à apercevoir ci et là de petits poissons, témoignant qu'aucun mal ne régnait en cette source. Elle sortit de sa sacoche de jambe une dizaine de flacons, puis observa autours d'elle attentivement afin de ne pas se laisser surprendre par une créature terrestre, ô combien nombreuses en bordure d'un lac d'eau potable en pleine saison chaude.

La blonde se hâta de remplir ses échantillons, et en profita dans la foulée pour faire de même avec une grande outre qu'elle attacha par la suite solidement à sa ceinture. Elle ne boirait pas de cette eau sans qu'elle n'ait été analysée, ce qu'elle faisait à chaque ennéade. Il ne fallait jamais louper une occasion d'obtenir de l'eau, et ainsi même si elle se ravitaillait à la capitale, cette outre lui permettrait de tenir une ou deux journées de plus en cas de problème. Les blessures arrivent vite en dehors des murs protecteurs d'Alëandir.

Elle ne se baignerait pas, car se baigner dans l'Uraal en pleine saison chaude en milieu d'après-midi revenait à s'ôter la vie, et pas de la meilleure des façons. D'ailleurs, se baigner dans ce lac tout court était une folie furieuse, à moins d'y venir en groupe, ce que faisaient d'ailleurs les Noss sans qu'elle ne soit jamais invitée pour des raisons tout à fait évidentes : ce n'était pas des ennemis, mais ce n'était pas non plus des amis qui accepteraient d'intégrer une inconnue à la tribu.

Elle prit le temps de contrôler la présence de ses antidotes en même temps qu'elle glissa les échantillons dans sa sacoche, puis grimpa agilement dans l'arbre le plus proche avant de s'évanouir dans la forêt de laquelle elle était venue, prise dans une course contre le temps.


Hors du temps : Final


La nuit s'était drapée de son plus bel apparat, voilée d'une robe scintillante brisant les ténèbres. Juchée sur une épaisse branche sur la cime de l'arbre, elle observe l'horizon. En contrebas, sa demeure est allumée afin d'éloigner une partie des prédateurs les plus agiles, quant aux autres, ils seront trop lourds pour pouvoir monter l'escalier au vu de sa fébrile construction, et même les plus légers n'iront pas plus haut - ou du moins pas sans l'alerter - que le premier pallier à cause de l'échelle en fibre. Cet endroit était sûr ; loin du sol, loin des villes, loin de toute menace.

Une fois au sommet de l'arbre à la nuit tombée, on peut voir de fines cordes luisantes sur lesquelles sont attachées des petits grelots. Ces derniers servent à avertir Illynora si un prédateur venait à grimper ou à l'attendre en embuscade au dessus de l'entrée du plus haut de ses abris. Elle ne sous-estimait pas la nature et ne se surestimait pas non plus. Rester humble, c'était rester en vie.

Ici en cet endroit et depuis bien des saisons, tout s'était arrêté ; ses anciennes habitudes, ses anciennes relations, ses anciennes pratiques, ses anciennes peines, amour et contrariétés. Depuis l'Afflux, tout avait été différent ; elle était à l'image de ces plantes ayant changé de système défensif au fil des ennéades, parfois depuis ce jour, elle songeait au fait qu'elle aussi, avait été changée par l'afflux. Elle avait dû s'adapter.

S'adapter, cela comportait une série de règles qui s'apprennent dans la forêt elle-même, qui s'apprennent auprès des nomades, auprès d'un mulot ou d'un oiseau.

La première leçon est que l'Harmonie est synonyme de piété ; car en cela que plus elle vivait en harmonie avec son environnement, avec la symphonie, plus elle éprouvait de l'amour pour sa mère et ses créations, plus elle éprouvait de respect pour la nature ainsi que les siens dans leur globalité, et le respect permettait de survivre, de ne jamais se surclasser ainsi que de jauger toutes les situations avec apaisement.

La seconde est que la forêt instruit plus que les livres ; elle avait appris un nombre incalculable de choses au sein de la forêt dense, notamment que certaines petites plantes ou arbres pourtant dénués de toute magie pouvaient prendre part dans différentes préparations inférieures mais nécessaire à l'équilibre de l'Anaëh, soigner les animaux était aussi important que soigner les siens, c'était soigner sa propre mère.

La troisième est que l'Art est un mode de survie ; nombreux sont ceux qui ne se reposent que sur l'art, sur la magie, ou ceux qui vivent tout simplement sans. Mais une des leçons de la forêt dense était qu'il n'était pas une fin mais un moyen. Il permettait d'apaiser les maux, de survivre aux différentes épreuves, de se sustenter correctement, mais ne remplaçait jamais un effort digne de ce nom afin d'en tirer les fruits.

La quatrième et dernière leçon est que la nature hait la normalité ; car dans ces bois et depuis l'afflux, tout change en permanence, les possibilités d'adaptation pour trouver une solution à un problème donné sont aussi innombrables qu'il existe d'évolutions d'une ennéade à l'autre au sein de l'Anaëh. Il n'est jamais normal qu'un poison prenne le dessus sans un antidote naturel, de la même façon qu'une immunité en remplace une autre. Aucun cycle ne remplace celui de la vie et de la mort. Il y'a bien évidemment des règles, mais celle qui l'emporte sur toutes les autres est qu'il n'existe aucun fleuve tranquille, rien qui ne soit pas une zone de guerre pour le végétal ou l'animal, et qu'une normalité ne peut s'y établir ; au mieux, un répit.

- N·alalmino hyá lanta lasse torwa pior má tarasse ; tukalla sangar úmeai oïkta rámavoite karneambarai.

Cette petite phrase est murmurée telle une prière silencieuse à Kÿria, alors que son regard se porte sur l'étoile qui brille le plus dans le ciel, dansante au milieu d'une voie lactée à couper le souffle. La soigneuse ouvre de nouveau la bouche.

- Dame Tari, maîtresse de la mort et berger du souffle, puissiez-vous veiller sur mon frère et le guider afin qu'il puisse traverser le voile sans encombre. Pardonnez-moi de vous priver de tant de vies de par mes actions, puissiez-vous disposer de la mienne en compensation quand vous jugerez mon heure venue et puissiez-vous également me guider avec le même amour quand mon souffle quittera ces contrées lointaines pour l'y rejoindre, dans ce lieu hors du temps.

La totalité des mulots soignés ce jour là survécurent.

Elfique:

Fin


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