À la Recherche du Repos | Owen [Solo]

Verimios, fin de la première ennéade en l'an 20, cycle XI. Été

Le temple a toujours été un lieu de réconfort pour lui. Malgré ce réconfort résidait dans son être un mal à chaque fois qu'il y posait les pieds. Chaque pas était comme une souffrance, le pied refroidicontre la dalle de pierre frappait comme un éclair dans son torse. Peut-être était-ce simplement la nervosité de commettre une grossière erreur durant le rite qui le perturbait. Du moins espérait-il se convaincre-lui-même, car il savait au fond la source de cette constante douleur. Il le connaissait que trop bien, y penser faisait parcourir un frisson dans l'échine. Mais souvent beaucoup plus que cela, les souvenirs étaient pire. Soudain, même s'il s'y attendait, un éclair. Attaché sur un engin de souffrance. La peur. Un acier froid, tranchant et denté d'une manière horrible, trancha profondément dans sa chair. Un hurlement. Son regard. Son regard aux yeux blancs, jetant un éclat de flamme. Un sourire carnassier. Et puis il revint au présent, au chant du prêtre et au sein du temple, loin d'Oësgard. Le chant se poursuivait et les adeptes toussèrent pour le faire signe d'avancer au même rythme, ralentissant la cadence durant sa seconde d'inattention. Et il avança, oubliant ce court instant où son exprit était de nouveau fracturé par le passé.

Le reste du rite se passa comme prévu par le prêtre Hrolf, une distincte amélioration au désastre dernier où il devait participé. Les Adeptes se dissipèrent dans les différentes direction du temple pour aller vaquer à leur propre occupation, tel que prier ou assister les gens dans leur tache commune, le laissant seul avec ses pensées. Et sans une réelle envie de faire autre chose, il resta stoique au centre du temple à fixer le sol, songeur comme toujours. Beaucoup d'événements s'étaient déroulé depuis deux années entières, mais il semblait toujours vivre dans ce moment redouté, sans aucune échappatoire à son cauchemar constant. Que devait-il faire pour reprendre un cours normal ? Regardant autour de lui ce qui s'apparentait à son futur, il frissonna en sentant la présence de quelqu'un se rapprocher de lui. Il jeta des regards nerveux derrière son épaule, n'aperçevant qu'au final le vieux prêtre Hrolf. Sa main passa à travers son épaule pour gratter son dos, silencieux, il ne souhaitait dire le premier mot.

« Autant nous apprécions ta volonté de nous aider à prendre soin du temple, ton aide n'est pas requit à cet instant, mon garçon. Va, veux-tu ?

— Oui... oui. »

Et il se rua vers l'entrée principale, avant de s'arrêter soudainement en entendant son prénom. Sa main trembla mais s'apaisa aussitôt.

« Owen !

Un silence insoutenable qui sembla durer dans sa tête des ennéades dura à la prononcation de son nom. Il l'avait presque oublié, à être appelé garçon, jouvenceau, palefrenier, adepte, idiot à chaque instant depuis son premier départ. Owen. Hrolf parla à nouveau, cette fois-çi, il fit sûr de bien écouter. Et de sourire.

— Veux-tu bien aller chercher la sculputre auprès de l'artisan ? Mes vieux os ne tiennent plus...

— Certainement. »

Hrolf, probablement pris de fatigue, se mit à frotter son front dès qu'Owen déposa la statuette enroulé dans du tissu. Aller voir l'artisan n'avait été une tâche très ardu, mais le retour fût un calvaire dans l'esprit du jeune homme, inquiet de sa propre maladresse et qu'il n'échappe malencontreusement l'objet si convoité. Mais, par chance, elle était toujours intact en revenant au temple. Il retira avec prudence l'empaquetage, la statuette d'ivoire ailé, à la poitrine vide comme si quelque chose devait y être posé, devait representé la DameDieu, elle était similaire à la plus grande statue au cœur du temple en miniature, même si beaucoup plus simple dans les traits. Différent pourtant d'autres représentations, celle-çi tendait la main devant elle comme pour apporter son soutien. C'était une curieuse chose de commander une telle œuvre, mais loin de lui était l'idée de questionner Hrolf et ses intentions.

Le prêtre se pencha vers le comptoir, saisissant la stature avec délicatesse et passant son autre main dessus, comme pour tâter du travail de l'artiste. Quand les vieux sourcils poilus du prêtre se renfrognèrent et que ses yeux se levèrent vers lui, Owen fût envahi par une légère sueur et la peau pâli. Mais les mots de Hrolf allégèrent ses doutes internes.

« On le rajoutera avec les autres, rien ne le sort de l'ordinaire. J'ignore pourquoi, mais je m'attendai à plus. Tu peux partir, fils, retourne au château ou avec le reste des adeptes.

— Vous êtes sûr de n'avoir besoin de rien de plus ?

— J'irai te quérir si ton aide m'est requiert, maintenant va. »

Peu envieux de fâcher le vieillard, Owen hocha le menton puis tourna le dos pour partir. L'idée de retourner dans la chambre restreint seul l'inquiétait, seulement il n'y avait aucun échappatoire à ses propres tourments. Il posa la main sur la porte, prêt à le pousser et sortir de la pièce, jusqu'à ce que Hrolf interpelle son nom à nouveau, la voix mêlé de doute.

« Owen.

— Qu'il y a t'il ?

Regardant par dessus son épaule, Owen bougeait à peine de là où il se trouvait. Ses yeux fixèrent la statuette d'ivoire, tendant toujours la main devant. Dénué de vie, il était ému de la fixer.

— Nombreux sont ceux qui viennent se recueillir aux temples pour retrouver leur volonté, j'ai tenté de guider les gens en détresse d'aussi longtemps que je me souvienne. Pourtant, peu ont autant de réticence au changement autant que toi. Owen, la DameDieu t'aidera à guérir les blessures qui te sont infligés, car Elle est la Bienveillance et la Bonté envers ses fidèles. Mais seul toi peut faire le prochain pas. Et celui qui suit. »

Un pas douloureux. De nouveau piégé dans une prison où le retenait son tortionnaire, elle riait avec cruauté tandis que ses pieds avancèrent dans du verre brisé pour son propre plaisir. La ligne entre la réalité des évènements et sa propre pensée devenait plus flou. L'image se dissipa, pourtant, tandis qu'il le repoussait pour voir à nouveau le présent. Là. Hrolf était silencieux. Ses yeux fixaient toujours la statuette de Néera. Il ignorait depuis combien de temps il se tenait là tel un idiot devant le prêtre. Longtemps, apparement, car le vieil homme soupira, défait.

« Bon. Que les gens de la Baronne ne viennent pas me dire que je n'ai pas essayé. Va, Owen, si c'est que tu désires, j'espère seulement que mes paroles aideront à ton...

—  Vous a-t-on raconté ce qu'il... m'est arrivé ?

Il y eût du doute dans sa propre voix, revivre à nouveau le jour ne lui plaisait guère, mais chaque nuit les visions le hantait et torturait son esprit sans relâche. Néera lui tendait la main depuis des années, mais le doute qu'il ne voyait qu'une autre illusion derrière son visage gris. Se tournant vers Hrolf, son visage accueillant lui donnait confiance, cela lui suffit pour saisir alors sa main. Et elle fût réel.

— Jamais ta version. »

Favriüs, début de la troisième ennéade en l'an 21, cycle XI. Automne

« Les noirauds ont toujours été dénué d'humanité. Quel vils monstruosités soufflés dans ce monde ! Le garçon devrait se juger chanceux d'avoir survécu sa rencontre.

— Je ne pense pas qu'il se voit chanceux d'avoir subi une telle expérience. »

Le vieux Hrolf et la prêtresse cheminèrent le long hall au sein du temple, autour deux les divers Adeptes s'occupaient d'entretenir les sièges, meubles et plus spécifiquement la statue érigée de la DameDieu qui prenait de la poussière. Tous gardaient le silence, par peur de perturber les deux vénérables dont leur discussion duraient depuis des lustres à propos de la noirelfe et sa victime. Ce n'était guère un sujet peu méconnu parmi le reste des prêtres et des Adeptes, mais très peu discuté ouvertement et avec témoins. Hrolf, épuisé et alourdi par une rude journée — ou plutôt l'âge — se tenait tremblant ainsi que las. Deux long mois s'étaient écoulé depuis que le cas du jeune homme ayant survécu à sa rencontre avec une noiraude était tombé sous sa responsabilité, plusieurs progrès pour faire avancer le jouvenceau de l'avant avaient été franchis, malgré un dur périple.

À l'insistance de sa consœur, qui souhaitait faire la rencontre et discuter avec le garçon, Hrolf concéda de les présenter dès qu'une occasion se présenterait. Hrolf l'emmena vers une pièce plus cloîtré du temple où se trouvait en ce moment le Berthildois. Il toussa et crampa, prit d'une quinte de toux, et Aalis l'enserra son avant-bras sur le sien, afin de l'aider à se tenir droit au devant de la porte. Hrolf soupira un remerciement, tandis que la prêtresse hocha en guise de réponse. L'âge les atteignait tout les deux, même si Hrolf était bien plus ancien et affecté. Dès qu'il fut rétabli, elle se mit à parler, souhaitant sûrement agir avec prudence une fois à l'intérieur avant d'entrer.

« Le garçon a-t-il de la difficulté à discuter du sujet ?

— Il éprouve de la retenue à revivre le moment, mais il ira là si cela est nécessaire. Faites preuve de prudence, je vous prie.

— Je n'ai que son intérêt en tête. Je ferais du mieux de mes capacités pour apaiser ses douleurs. Que fait-il en ce moment, à la place d'aider les autres Adeptes ?

— Il transcrit en oliyan. »

Surprise de première abord, Hrolf se permit de glousser devant l'expression de sa consœur qui ne répliqua d'un ronchonnement. Doucement, elle ouvrit la porte et les deux figures traversèrent le seuil, entrant dans une pièce dense.

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Sa main traçait délicatement sur la surface fragile, pratiquant son écriture cursive. Un long chemin depuis les séances auprès de Père où le fin papier parchemin était surface de bois et la plume un fusain épais. Son écriture cursive s'était surtout amélioré, le prêtre Hrolf lui admettait un talent pour la calligraphie et la linguistique, malgré que le clergé n'accordait un peu moins d'importance pour le dernier. Lorsque possible, il se trouvait souvent à copier et à retranscrire de vieux parchemins illisibles après un été humide ou fripés par les décennies, à la place de s'atteler aux tâches quotidiennes similaire aux autres adeptes. Il lui arrivait pourtant parfois de ne pas comprendre certains mots l'espace de quelques secondes, mais rien de bien gênant.

Laissant une dernière touche, Owen lâcha un léger soupire dès qu'il acheva sa transcription et déposa la plume sur l'encrier. Marmonnant la prière commune qu'il venait rédiger dans la langue de l'Estrévent, un subtile sourire étira le bout des lèvres. Laissant reposer le parchemin, il s'apprêta à se lever de son siège dès qu'un son l'interpella. La porte au bout de la pièce s'ouvrit. Il regarda par dessus l'épaule, surpris de voir le visage familier du prêtre Hrolf, abattu par une dure journée — même s'il se doutait que s'était surtout l'âge — et une personne qu'il reconnaissait de loin. Aalis, une prêtresse respectable dont la jeunesse venait de la quitter, se présentait droite et une expression bienveillante.

« Owen, voici la prêtresse Aalis. Elle souhaite parler avec toi.

— Que vous intéresse-t-il, Votre Bienveillance ?

— Nous pouvons en parler plus tard, un autre sujet m'intéresse à l'instant. Hrolf semble prétendre que tu es versé dans le parlé de l'Estrévent, est-ce bien le cas ? »

Owen se leva de son siège, croisant ses mains devant son abdomen et aillant l'air droit, afin de paraître plus ou moins présentable. La robe gris ample similaire à ce que les prêtres portaient sans le surcot bleu lui donnait un air de jeune garçon grand et mince, quelques peu emmêlé dans ses pensées. Il sentait le regard perçant et scrutateur de la prêtresse, cherchant peut-être un signe de qui il était au fond de lui. Voulant paraître noble, il raidit encore plus son dos et garda le menton aligné, parlant avec plus d'assurance, bien que le doute s'entremêlait toujours dans ses mots.

« C'est exact, Votre Bienveillance. L'oral principalement, et des bases en écrit.

— Voilà quelque chose d'unique pour un simple palefrenier Berthildois. »

Il ne préféra pas s'expliquer. Elle s’avança avec des pas légers auprès de la table en pierre qu'Owen fixait depuis la matinée, et il s'appuya sur le côté instinctivement pour la laisser d'espace. Son regard se posa sur le parchemin. Hrolf, silencieux, se tenait sur le seuil de la porte. Elle le fixa de nouveau.

« Je ne comprend pas l'écriture cursive employé, alors je me vois obligé de te croire sur parole. Bien, au sujet de ma visite ! Hrolf m'a raconté de ton cas... particulier, et ta rencontre. Nul doute que ce soit un sujet douloureux pour toi, même parmi les murs de la DameDieu. Hrolf t'as montré la compassion de Néera à maintes reprises ainsi que sa bienfaisance. Notre devoir, ou notre instinct, est d'aidé chaque pentiens qui le requièrent, voilà ce que nous t'enseignons comme Adepte depuis deux années à présent. Pour t'aider à traverser ce passé sombre et aussi faire de toi un homme respectable. LA déesse exprime son amour à chacune de ses créations et nous aide à tenir nos maux qui nous rongent. Elle se trouve auprès de toi, elle t'offre son amour et son conseil. »

Elle tomba dans le silence, mais Owen n'osa prononcer un mot pendant une longue minute. La longue tirade était similaire à bien d'autres, elle n'était guère la première à exprimer que Néera souhaitait l'aider. Il n'osait le dire, mais malgré sa dévotion pour la déesse, il ne ressentit jamais sa bienveillance. Seul la peur régnait cette partie de son esprit. Seul elle. Alors il dit avec une once d'exaspération dans sa voix à la prêtresse.

« Que voulez-vous avec moi, au juste ?

Hrolf se tint toujours silencieux, même si ses sourcils se froncèrent. Le visage d'Aalis s'illumina d'un sourire et elle s'approcha de lui, tendant sa main avec un air maternelle. Sa paume était clair et lisse.

— Laisse moi t'aider. Non à te guider à travers le mal. Laisse moi t'aider à confronter ton mal. »

Le silence prit la pièce. Leurs yeux s'interloquèrent et le doute, de sombre songes, mais surtout une soudaine confiance traversèrent ses pensées. Owen inspira, une inspiration coupé, et dès que sa main saisit la sienne, il expira avec soulagement.