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 Un mariage en devenir | Pv Adélina

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Adriano Cortès di Alcacio
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MessageSujet: Un mariage en devenir | Pv Adélina   Un mariage en devenir | Pv Adélina I_icon_minitimeJeu 16 Nov 2023 - 8:29

2ème jour de la 3ieme ennéade de Favriüs
Premier mois de l’Automne | Année XXI | XI cycle.
Palais de Soltariel - Dans la salle du conseil secret.




A peine étaient-ils toutes et tous revenus d’Ydril, qu’encore une fois, il avait fallu que toutes et tous se remettent au travail. Du simple serviteur Soltaari jusqu’au Duc lui-même - en passant par les membres de la prestigieuse Guardia Soltaari, et les êtres importants du Duché - une seule nuit de repos avait été permis avant de reprendre l’inlassable travail de préparation du mariage ducal.

Entre Adriano, Catarina et Adélina, les rôles avaient été attribués selon les envies et les attirances, et c’est aidés par une kyrielle de serviteurs, traiteurs, bouchers, pâtissiers, boulangers et autres artisans de la bouche ; menuisiers, sculpteurs, peintres, écrivains, scribes et autres maîtres des arts et des lettres ; officiers, soldats, espions et autres fines lames ; qu’ils s’apprêtaient à organiser le mariage de l’année. Bien évidemment, à toute cette pléthore de collaborateurs, manquent les éternels représentants du culte Pentien.

Le duomo Santa Catarina était également en effervescence. Construit sous l’impulsion de feu Félipé, nouvellement duc à cette époque, en hommage à son épouse adorée - et mère d’Adriano - il était plus grand que l’ancienne cathédrale de la cité, et bien plus luxueusement décoré. C’est dans cette demeure qu’Adriano avait choisi de se marier, au milieu des tapisseries religieuses de luxueuse facture, et des statues divines dont les traits de visages ressemblent étrangement à ceux des di Alcacio… Tradition sudiste, sans doute empruntée aux antiques familles regnantes.

Adriano, aujourd’hui, était dans la salle du conseil secret. Habilement dissimulée derrière un savant jeu de portes secrètes cachées derrière un pan de l’immense bibliothèque des salons privés, que l’on ouvre grâce à un verrou déverrouillable en tirant sur le bras de la bonne statue, et en orientant correctement la tête d’un second buste, cette salle n’était connue que de quelques intimes triés sur le volet. Créée par Félipé, qui ne désirait point utiliser la salle secrète des précédents ducs et duchesses pour une question évidente de sécurité, elle disposait de tout le mobilier nécessaire et était suffisamment grande pour posséder sa propre bibliothèque et son coffre fort, lesquels renferment tous deux d’importants renseignements sur les projets en cours. C’était là qu’il avait demandé à Adélina de le rejoindre, seule.

Les jours avaient passé extrêmement vites, entre les tâches qu’on lui avait donné en Soltariel et les obligations propres à Alonna, la nordienne n’avait guère eu le temps de se reposer ou même de passer du temps avec son fiancé. Elle avait bien à faire, préparant la baronnie pour son abdication et la passation du pouvoir à son fils, Gabriel. Si tout allait bien, ce dernier deviendrait baron tandis que Charles de Lourbier deviendrait officiellement le régent d’Alonna jusqu’à la majorité de son fils. Elle ne pouvait imaginer un homme plus droit, plus juste pour protéger l’Alonnan. Mais un soir, un serviteur vint timidement la déranger, lui donnant une missive avant de partir aussi rapidement qu’elle était venue. La baronne ouvrit rapidement cette dernière avant de mémoriser les informations, avant de jeter le message dans le feu qui s’agitait dans la cheminée. Une fois sûre que la missive soit bien détruite, la baronne se dirigera à l’endroit mentionné, actionnant de nombreux mécanismes pour avoir accès au lieu de rendez-vous mentionné par le duc. Adélina ne fut guère surprise de le trouver déjà à l’endroit, cette dernière lui sourit, avant de replacer doucement la fine jupe de soie de sa robe, brisa finalement le silence qui régnait dans la pièce. « Adriano…» commença-t-elle, inclinant sans le vouloir la tête. « Vous vouliez me voir? »

Alors qu’entrait la Baronne d’Alonna qui, bientôt, allait rendre le pouvoir pour obtenir une couronne autrement plus grande et lourde à porter, Adriano se redressa, offrit un sourire à sa promise dans un signe de tête entendu, avant d’activer le système dédié à cacher à nouveau la porte secrète. Encore une fois, un savant jeu de poignées et de vannes, activant les rails du mécanisme d’ouverture et de fermeture.
“Tout à fait ma chère.” Dit-il, revenant face à elle en montrant de la main deux coupes au contenants fumant, boissons chaudes à base de plantes laissées infusées. “Un thé ?” Il saisit une des deux coupes, identiques entre elles. “Je voulais vous voir, car il a été porté à mes oreilles que le temps passé en Ydril n’aurait point été des plus agréables, pour vous.” Dit-il, tout de go. “Que s’est-il passé, pour que vous soyez ainsi inconfortables ?”

Adélina observa le Duc alors qu’il fermait la porte derrière elle. Étrangement cela la rendit assez inconfortable, elle avait l’impression d’être prise au piège, là où personne ne pourrait la retrouver. Néanmoins, elle n’en laissa rien paraître, se contentant de faire un discret sourire avant d’attraper à son tour la coupe désignée. Sans attendre, elle passa le duc , laissant son parfum envoûter l’air devant lui, avant d'aller s’asseoir sur l’un des canapés pour ensuite reporter son attention sur Adriano qui reprit de nouveau la parole. Ça réplique la surprit, et elle ne pût réellement cacher sa surprise alors qu’un de ses sourcils se haussait. Parlait-il du banquet? Ou de l’attaque du convoi? Difficile à dire, qui plus est, la jeune femme n’avait guère parler de ses sentiments quant à ce qui s’était passé lors du banquet, préférant retrouver la tranquillité du temple de la Damedieu plutôt que de laisser la morosité s’emparer d’elle. Adélina reprit finalement son expression normale, haussant les épaules comme pour chasser tout cela, avant de finalement rétorquer : « Être au milieu d’une embuscade n’est jamais une expérience positive… Ce n’est pas la première ni la dernière j’en ai peur. Mais je vais mieux, je vous assure. » Elle souffla légèrement sur sa tasse de thé sans lâcher le Duc des yeux, se demandant si ce dernier parlait de l’altercation qu’ils avaient eus sur la route.

Le parfum d’Adélina avait en effet quelque chose d’envoutant pour Adriano. Des volutes fruitées rehaussées par des senteurs marines, voilà un cocktail qui plaisait au Duc des terres les plus au Sud de ce monde. Allier le plaisir fruitier aux senteurs iodées d’un océan fougueux… Subtile, mais intéressant et puissant mélange, à n’en point douter. Adriano n’y fut donc point insensible, point du tout.
“L’embuscade, oui… Mais une noble guerrière telle que vous ne devez point être réellement choquée par tout cela, je pense. Je parlais plutôt du banquet. Mais soit… Si vous allez mieux, alors me voilà rassuré.” Il n’irait pas plus loin. Une main tendue non saisie, c’était déjà bien suffisant.

« Noble guerrière?» s’étonna la jeune femme avant de retourner son attention vers Adriano. « Je crois que vous m’attribuez des qualités qui ne sont guère miennes, Adriano. » Adélina était loin d’être une guerrière, si elle connaissait vaguement certaines tactiques militaires, elle était bien loin d’être totalement efficace à commander une armée, préférant laisser tout cela dans les mains de Théodoric et de Adriano prochainement. La jeune femme prit une gorgée du liquide chaud, se qui la revigora bien rapidement en cette fraîche soirée d’automne. Certes, un climat bien plus tempéré de ces habitudes, mais cela n’atténuèrent guère les frissons qui s’emparaient d’elle dans sa fine robe de soie. Adélina déposa doucement la coupe sur la table basse à ses côtés, notamment rapidement les détails intégrés dans cette dernière, avant de lever de nouveau son attention vers le duc. Son air devint un peu plus sérieux alors qu’elle reprit la parole; « Puisque vous le mentionnez… Non je n’ai guère apprécié mon séjour en Ydril. » C’était direct, mais la nordienne ne pouvait atténuer ses propos autrement, alors qu’elle laissait ses émotions prendre le dessus.« J’ai rarement été aussi humiliée dans ma propre faction. À un tel point, que cela en est devenu gênant. » La jeune femme se redressa, l’air fermé, alors qu’elle observait la réaction du Duc. « Pour être honnête, je ne me suis pas sentie à ma place, et puisque vous m’en parlez, tout cela m’a donné l’impression que vous ne voulez guère m’avoir à vos côtés. » Voilà, c’était dit. Adélina avait des doutes sur leur relation, sans le vouloir le couronnement du Comte avait illuminé quelques parties qu’elle n’appréciait pas. Ne restait qu’à voir si le Duc comprenait son point de vue.

Adriano, quant à lui, était resté légèrement en retrait. Profitant lui aussi de sa douce et délicieuse boisson chaude, il analysait les attitudes et comportements de sa future épouse. Il n’y avait aucune malice, dans son regard ; ni aucune pointe de violence, colère, ou autre cynisme qu’il adore pourtant. Non, il désirait… La tester. Lui ouvrir une porte sur quelque chose qui, apparemment, importait grandement à la jeune femme avoir de voir comment cette dernière réagirait. Il souhaitait aussi l’emmener sur un certain terrain, afin de demeurer maître de conversation, bien-sûr, mais aussi de pouvoir garder l’ascendant sur ce qui se dirait aujourd’hui, en ces lieux.
“Humiliée ?” Dit-il, la voix calme, le regard planté dans celui de la jeune femme. “Pas a votre place.” Rajoutait-il, comme énumérant les mots forts, et durs, prononcés par la jeune femme. “Que voilà des mots forts, ma chère. Et en quoi, s’il-vous-plaît, avez-vous été humiliée ?” Demandait-il. “Qu’attendiez-vous de moi ? Qu’aurais-je dû faire, pour que tels ressentiment ne puisse jamais avoir lieu ?”

Adélina regretta soudainement de s’être exprimée. Elle avait toujours su qu’Adriano était entièrement différent de Théodoric, mais là elle venait de réaliser qu’elle n’aurait jamais cette relation de respect et d’affection non plus. « Comment auriez-vous réagi si quelqu’un vous auriez appellé Mon Seigneur Di Alcacio dans le nord? » La jeune femme pencha la tête sur le côté, observant sa réaction, elle le savait très bien que le Soltari n’aurait guère apprécié. Cela était évident. La vanité des suderon n’était plus à prouver depuis bien longtemps. « Je suis baronne. Son honneur. Pas Ma Dame. J’ai gagné ce titre par moi-même. Et pourtant on m’a traité comme une moins que rien, me mettant à votre opposé, le comte ne m’adressa même pas la parole une seule fois, alors qu’Antioche se fit un malin plaisir de me mettre de côté à son tour. » Ses doigts libres pianotèrent sur le luxueux tissu du fauteuil, restant silencieuse quelques secondes avant de reprendre; « Je vous l’ai dit que je ne voulais guère être un bibelot. Si les rôles avaient été inversés, j’aurais sans hésitation rétabli les choses là. Rappelant à quiconque vous aurait mis de côté que vous étiez avec moi. Que nous sommes un tout. » Adélina soupira, avant que son regard ne se porte sur le tapis, « J’avais besoin de votre support Adriano, je le sais que vous êtes occupé, mais malgré tout un peu de votre attention m’est nécessaire voilà tout.» Elle aurait voulu qu’il comprenne qu’elle n’était pas bien, qu’elle n’avait qu’une envie; celle de retourner dans ses appartements, loin du brouhaha et sourires faux.
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MessageSujet: Re: Un mariage en devenir | Pv Adélina   Un mariage en devenir | Pv Adélina I_icon_minitimeJeu 16 Nov 2023 - 9:00




Adriano demeura là, regardant Adélina sans réelles émotions ni sur son visage, ni dans son attitude. Il n’était ni bienveillant, ni malveillant ; ni compatissant, ni dédaigneux. Il écoutait les propos de la jeune femme, et regardait son attitude, analysant, comprenant…

“Je vois…” Dit-il, reprenant deux gorgées de ce thé savoureux avant de faire un ou deux pas dans une autre direction de la pièce. “Antioche se targuait d’avoir offert une éducation d’exception rapide et efficace, à la lignée d’Ydril très récemment retrouvée. Nous avons la preuve qu’il s’est trompé.” Conclut-il, de manière très froide et factuelle. “Je comprends.” Redit-il alors, factuel à nouveau. “Je vous présente mes excuses, ma chère. Mais, toutefois, je serais fourbe que de vous dire que je ne pourrais point refaire la même erreur. Vous le savez sans doute, mais je vous le dirais sans détour : je ne suis point homme à être affectueux. Je puis vous assurer que je ne porterais jamais la main sur vous, ni n'oserais jamais vous déshonorer au cœur de notre mariage. Mais je ne suis pas de ceux qui débordent d’affection, ni de ceux qui se montrent aimants en toutes circonstances. Je suis ainsi fait. Ainsi devrez-vous l’accepter, comme je dois vous accepter moi-aussi. Toutefois…” Il reprend une gorgée de thé. “Vous n’êtes encore aucunement lié à quoi que ce soit vis-à-vis de moi, ou de mon duché. Votre bonheur m’importe… Et s’il ne peut être exaucer avec moi, je comprendrais que vous désirez retourner chez vous.”



La nordienne écouta attentivement le Duc alors que ce dernier s’exprimait, le regardant alors qu’il faisait quelques pas dans une direction opposée. Il ne semblait pas avoir compris ce qu’elle voulait… Ne faisant que focuser sur le manque flagrant d’affection entre les deux souffles. Mais ce n’était guère ce qu’elle lui reprochait. « Vous m’avez mal compris. » Commença-t-elle avant de se relever faisant quelques pas dans sa direction. La jeune femme s’arrêta à un souffle de ce dernier, plantant ses yeux dans ceux de son fiancé. « Cela fait longtemps que je sais que vous ne pourrez me retourner une quelconque attention. Ce que je vous reproche est le fait qu’il y a quelques ennéades, vous m’aviez promis de ne pas me laisser derrière et c’est exactement ce que vous avez fait ce jour-là…» Adélina observa le Duc un moment, avant de rétorquer : « Vous vouliez un duo, et pourtant je n’ai même pas eu la chance de vous parler, ni de rencontrer le Comte… Dans quelques ennéades vous voulez que je vous soutienne dans vos responsabilités, vous m’avez même demandé de vous le rappeler si telle chose arrivait… » L’alonnaise resta silencieuse un moment avant de rétorquer; « Je crois que la question est surtout si telle promesse est toujours de mise. Si ce n’est pas le cas, je repartirai ce soir pour Alonna.» La balle était dans le camp du Duc.



Lorsque la baronne d’Alonna arrête là les pensées d’Adriano par une phrase anodine indiquant qu’il l’avait mal compris, ce dernier arque un sourcil interrogatif et… Stupéfait. Il l’écouta à nouveau avec intention, sans animosité dans l’attitude ni nervosité dans le regard. Les deux êtres se parlaient à coeur ouvert - ou presque - pour la première fois depuis des ennéades. Mais ce qu’il pourrait sortir de cette conversation pourrait être des plus… Désagréables.

“Vous n’êtes pas encore duchesse. Tout simplement.” Lui dit-il, d’un ton sec et froid. “Ce faisant, et connaissant l’animosité des Suderons pour leurs compatriotes Nordiens, je ne voulais pas vous mettre en première ligne avec comme seule moyen de leur répondre, que vous étiez ma promise, et Baronne d’Alonna. Aussi loin dans le Sud, cela ne serait point suffisant pour vous permettre de prendre de quelconques décisions pour le Duché, ou même, agir en tant que suzeraine. Car c’est ce que vous serez : leur suzeraine.” Dit-il enfin, martelant l’information avec la même froideur. “A ce jour, et depuis le début de notre relation, jusqu’au jour du mariage, je reste le seul Duc de Soltariel. Et je ne suis que le second de la nouvelle dynastie, encore décriée par les lignées se prétendant des “Vrais-Soltarii” ; encore en danger par les cultistes ; encore vue comme la lignée martiale ayant combattu ses détracteur et gagné le respect par la seule guerre de Merval. J’ai, comme mon paternel, plus d’ennemis que d’alliés ici-bas. Et je voulais vous éviter cela, tant que le mariage, et le titre de duchesse, ne vous protège un tant soit peu.” Expliquait-il, froid, mais méticuleux. Il montrait sans doute là, une partie de lui-même qu’il avait gardé caché depuis l’offensive Soltarii-Alonnaise contre les cultiste : son côté calculateur. “Je puis réitérer ma promesse. Toutefois, je ne puis promettre de réussir du premier coup. C’est pourquoi, j’attendais le mariage pour vous convier à un conseil ducal, puis un conseil restreint, afin de définir vos futures prérogatives. Je ne suis pas doué pour… Faire au jour le jour. J’ai besoin de tout planifier. Et vous octroyer alors des prérogatives exécutives et législatives, en plus de prérogatives secrètes, me permettrait alors de vous laisser seule en charge desdites prérogatives, ou alors avec l’assistance de ma fille que je tiens à former comme digne héritière.” Expliquait-il. “Mais je ne pouvais le faire avant tout cela. Y compris en Ydril. Je vous laisse alors faire votre choix, Adélina. Et sachez cela : que vous restiez, ou que vous partiez, vous aurez toujours mon soutiens dans notre alliance.”



L’expression de la baronne changea rapidement, devenant presque triste alors qu’elle écoutait les paroles du Duc alors qu’il martelait froidement ce qu’il pensait. Encore une fois, il l’avait mal compris et la baronne eut l’impression que le mur qui s’était créé entre eux en Ydril était toujours là - voir, était devenu encore plus épais. « Je ne suis pas duchesse… Mais je suis baronne. » Commença-t-elle « J’ai été choisie par les miens. J’ai mérité ce titre qu’on a enlevé à ma famille il y a plus de treize années. Qu’on m’a redonné sans que j’utilise la force. Portez-vous si peu d’attention à ce que vos pairs nordiens font pour omettre cette information de votre jugement? » Adélina souffla de la tête avant de reprendre; « Je suis peut-être plus jeune que vous, mais cela ne veut pas dire que je suis une mauvaise suzeraine… Que mes points n’ont aucune valeur ou que je sois trop inexpérimenté pour voir un ensemble. Je n’hésiterais pas à vous tenir tête si je crois que vous allez encore une fois dans la mauvaise direction. » Certes, elle commencerait en privé comme elle avait fait en Ydril, mais si la jeune femme croyait que ce dernier allait trop loin, elle recommencerait sans hésiter. « Et ne tentez pas d’inventer des intentions qui n’ont jamais été miennes. Je n’ai jamais demandé à être duchesse, ni à ce que vous me donniez les pouvoirs là, maintenant. Puis-je vous rappeler que je suis au pouvoir depuis plus longtemps que vous - et ce malgré mon jeune âge. Ce que je vous demandais était d’avoir le minimum de respect qui aurait dû m'être accordé en tant que Baronne, mais pas une seule fois vous vous êtes enquis de moi, ou de mon conseil. » Adélina soupira, elle n’avait guère été agressive pendant son discours, ne décrivant que ce qu’elle avait ressenti, voir vu ces dernières ennéades. « Quant au choix que vous m’avez offert… » Son regard se baissa pendant une seconde, semblant se figer sur une des statues derrière le Duc. « Lors de mon séjour en Apreplaine pour visiter mon oncle Galyn, j’y ai longuement pensé. Je dois avouer que la façade que j’ai vu ce jour-là ne m’a guère plu. Je n’ai pas apprécié notre face-à-face, mais il était nécessaire. Je ne pouvais vous laisser vous engager dans cette voie et ce même si vous me détestiez après cette dispute. » Adélina releva finalement le regard vers Adriano, soutenant le sien avant de répondre avec un ton déterminé; « J’ai ainsi décidé de rester à vos côtés, pour vous soutenir, mais aussi pour contester votre autorité… Tout cela dans une optique: faire en sorte que vous soyez le meilleur souffle possible. » La jeune femme s’arrêta un moment avant de reprendre; « Comme vous le feriez pour moi. » C’était dit. La nordienne avait parlé à cœur ouvert, souhaitant que le Duc la pousse à devenir une meilleure suzeraine, comme elle le faisait déjà pour lui. Leur mariage ne serait définitivement pas sans embûche, et l’amour ne serait probablement pas au rendez-vous… Mais au moins si il pourrait avoir d’autres avantages que politique, Adélina les prendrait sans hésiter.



Durant tout le discours d’Adélina, Adriano était resté là, debout, sa tasse dans ses deux mains. La chaleur de celle-ci avait quelque chose de réconfortant et de rassurant, mais surtout, de plaisant, au coeur d’une pièce secrète sans fenêtres et sans sorties sur l’extérieure, rendue donc aussi sombre et humide que celles des châteaux du Nord. Evidemment, Il avait des choses à redire. Mais voilà : s’il tenait aujourd’hui une quelconque rancune à la suite de cette pathétique embuscade, ce serait contre ce hérault d’Othar. Qu’importe sa sainteté… Il avait été irrespectueux, insultant et méritait sans aucun doute d’être puni pour l’exemple. Mais point Adélina, et encore moins sa propre fille qui, au final, avait sans doute été l’être le plus secoué de toute cette embuscade, entre l’attaque et l’attitude d’Adriano.

“Vous êtes baronne, c’est vrai. Mais vous l’êtes dans le lointain Nord. Et malheureusement, le Nord n’est pas encore très apprécié ici. La rencontre avec le nouveau Comte d’Ydril était une rencontre entre un nouveau vassal et son suzerain. Néanmoins… Je retiens les reproches que vous me faites et tâcherais d’y être plus attentif à l’avenir.” Dit-il, avant de répondre à la suite de la baronne concernant la suite des évènements. “Je suis un fidèle de Néera, bien-sûr. Mais ce sont surtout les préceptes de Tyra qui m’ont suivi toute ma vie, en mer. En guerre. Elle est assurément moins bienveillante que La Mère, et autrement plus froide, rancunière… Mais elle m’aura sauvé la vie bien des fois, durant les guerres, les combats et les tempêtes. Ma fille m’a maintes fois demandé de la former à régner à l’avenir… Et cela, dans tous les aspects d’un règne du Sud. Elle désire pouvoir mener les armées du Soltaar dans l’avenir, lorsque je ne serais plus. User d’une lame, et ôter la vie, m’apparaissait alors important. Mais sans doute votre intervention était-elle plus clairvoyante que la mienne.” Confia alors Adriano. “Une clairvoyance dont je tenterais de fair preuve à l’avenir, grâce à vous.”

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