[Mares Noires] Reprenons l'étude.

5ème jour, 1ère ennéade de Bàrkios.
Second mois du Printemps | Année XXI | XI Cycle.
Cité d’Almis | Une salle prêtée à l’occasion, non loin de la Mare Noire.

Les Mares Noires. Evénement terrible, horrible, qui se déroula dans les profondeurs d’Almis voilà des années déjà. En l’an XVII, de terribles choses se déroulèrent dans cet étage profond d’Almis qui, encore aujourd’hui, est interdit au commun des Nains. Seuls quelques gardes triés sur le volet, et les runistes nommés à l’époque par l’ancienne Narundi et Yggdar lui-même, étaient autorisés à se rendre aux côtés de l’étrange Mare Noire qui reposait-là, entourée de runes gravées dans la hâte qui en verrouillaient l’accès.

Toutes ces années, l’étude de cette Mare avait reposé entre les mains d’Yggdar, et celles de Yörl – son fils ainé et thane du clan -, de Yaknüt – l’ancien du clan – et de Linard, scriberune de lumière, né à Almis et qui aura rejoint la troupe des Frappe-Rune à l’issue de ces évènements tragiques. Toutes ces années, l’étude de cette Mare avait été… Ralentie, pour ne point dire oubliée. Et pourtant, Yggdar, lui, n’avait jamais oublié. Il s’était juste concentré sur d’autres choses…

De tous les runistes de ce monde, Yggdar était devenu une sommité et une célébrité. Etant l’un des tous derniers forgeurs de runes de ce monde, étant l’un des seuls runistes à pouvoir étudier les Mares, et étant le tête de colonne des runistes ayant investis Molgrunn, ses missions se diversifièrent. L’antique salle des runistes du clan Gueules-Brûlantes de Molgrunn demandait à être lue, vérifiée et restaurée. La cité, devenue antre des runistes en attendant le renouveau de la Gransalle des Scriberunes de Kirgan, demandait également le renouveau de ce qui fut autrefois la seule entité faisant autorité dans le monde des runes : le conseil des Archirunistes. Et le premier à recevoir cet honneur n’était autre qu’Yggdar lui-même.

Devenu Archiruniste, son rôle fut de réunir tous les runistes et de les réunifier, un travail de longue haleine qui lui demanda toute son attention et toute sa motivation. A nouveau, les Mares Noires passèrent en arrière-plan…

Puis, vinrent les retrouvailles avec l’antique Gransalle des Scriberunes de Kirgan. Sous l’impulsion du désormais célèbre Wyrgar Sage-Pierre, les travaux avaient avancé avec une vitesse impressionnante et une précision chirurgicale. Alors, Yggdar quitta la relative sécurité – et l’isolation totale – de Molgrunn, pour se rendre à nouveau au cœur de la cité dans laquelle il fit son apprentissage. Là encore, la Mare Noire devait passer en arrière-plan, car retrouver les savoirs antiques devenait prioritaire.

Et c’est après tout cela, durant le magnifique été de la XXIème année, que les Mares revinrent sur le devant de la scène. Par une interlocutrice inattendue : T’sisra Do’Ath, l’Elfe-Noire adoptée par un Nain de Thanor, qui aura retrouver l’antique cité de Molgrunn en défiant tous les interdits, devenant ensuite la première étrangère à recevoir l’honneur de devenir Ongrumthrong de deux clans royaux différents. Celle qui se fait maintenant nommer Hazkalkol avait été de l’autre côté du plan de notre monde : dans le plan des ombres.

A l’issu, à son retour au Zagazorn, elle donna toutes les informations à Yggdar, qui n’en demandait point tant. De son témoignage, elle joignit également un vélin sur lequel se trouvait quelques constructions trouvées lors de son voyage dans le monde des ombres : un obélisque et des écritures, et une tour, plus grande au-dedans qu’au-dehors. Ajouté à cela l’ancienne pierre runée, donnée par Inga Chante-Roche, trouvée au cœur du golem de pierre détruit dans l’ancien Temple de Mogar, et voilà Yggdar à nouveau à Almis, décidé à trouver des réponses aux questions soulevées par la Mare Noire.

Durant tout le Second mois de l’Eté, et le Premier mois de l’Automne, Yggdar avait battu le rappel des runistes. Scriberunes, graverunes et forgeurs de runes ; de l’ombre, de la lumière ; élémentaires et d’anti-magie ; il commanda aux runistes de le rejoindre à Almis afin de répondre à une question de la plus haute importance, qu’il ne leur délivrerait qu’une fois là-bas, dans le plus grand secret. Avec lui, il amena les siens et tous les outils nécessaires à la forgerune, et à la scellerune. Il ramena également le vélin, la pierre du cœur du Golem de Pierre, et toute une panoplie digne d’un bureau d’étude.

Dans la partie d’Almis dédiée aux runistes, il attendait ceux qui firent le déplacement, avant d’enfin se remettre au travail.

Battant le pavé souterrain de la Perle du Nord, les bottes boueuses de ces quelques runistes s’enfoncent dans les rues et ruelles liant entre eux les étages de l’antique cité. On les avait appelés et, ceux-là en tout cas, s’étaient décidé à répondre. Délaissant leurs clans, leurs masures et leur confort, ils avaient pris la route se rendre à Almis, ensemble.

De jeunes barbes et bavettes du Zagazorn, comme des plus vieilles, tous versés dans les arts runiques. Si certains jouent avec les ombres, d’autres manient la lumière, mais seulement deux de cette petite poignée de nains apportent des savoirs à nul autre pareil : leur art, c'est la magie, dans sa forme la plus pure. Ils l’étudient, cherchent à la comprendre, la transformer ou s’en protéger. Attirés par les mystères de cet étrange défi, ils tous ont fait le déplacement, au moins pour entendre de quoi il retourne.

Si de nombreuses questions leur brûlent d’ores et déjà les lèvres, le petit groupe se présente finalement là où on les attend dans un silence respectueux. Ils ont huit. Huit à avoir répondu. Huit à être venus étancher leur soif de savoir.

Le secret. Une valeur, une obligation. Quelque chose que les Nains – plus que toute autre race diraient-ils – portèrent au firmament, passant maître dans l’art de cacher secrets et informations brûlantes aux autres races, et, même, aux autres membres de leur propre peuple. Les runistes, plus que tout autre membre du peuple Dawi, élevèrent le secret en culture à part entière, en qualité obligatoire, en compétence vitale. Même entre eux, la culture du secret les mène à garder pour eux leurs propres jargons runiques, leurs propres abréviations, tracés et sorts, ne les partageant qu’en cas d’extrême besoin… Ou lorsque le Conseil des Archirunistes le demande formellement.

Tout ceci était donc… Secret. Oh, on appela les runistes à Almis pour une question de la plus haute importance, mais sans indiquer pourquoi. Public difficile, on ne se serait point attendu à voir plus de quelques runistes curieux… Mais celui qui avait fait cet appel, n’était autre qu’Yggdar Frappe-Rune. Premier parmi les archirunistes d’après le Voile, responsable – en partie, car il n’était jamais seul – du renouveau de l’autorité en matière de runes, et de la sauvegarde de ces savoirs, son appel avait rameuté huit runistes. Ce nombre n’était aucunement une insulte, ni un déshonneur : d’un public difficile, il est souvent impossible d’obtenir un quelconque retour, ou une quelconque acceptation. Huit runistes… C’était un franc succès.

De part sa position, Yggdar manda à loger les runistes dans une partie précise de la ville, de sorte qu’ils puissent vivre entre eux, sans être dérangés. La salle où ils pourraient écrire et transcrire leurs trouvailles, leurs réflexions, graver leurs runes et leurs livres, serait absolument secrète et interdite d’accès. Aussi pourraient-ils faire ce qu’ils avaient à faire, dans la paix, et la dévotion pour l’Art.

Yggdar était au milieu de la tablée amenée pour l’occasion. Autour de lui se trouvait Yörl, son fils et thane du clan ; Yaknüt, l’ancien du clan ; et Linard, du clan Pierre-aux-Runes. Ce dernier était un Almien ! Un runiste ! Et, aux côtés des trois êtres nommés précédemment, avait fait face aux premières affres et premières études de la Mare Noire, voilà plusieurs années. Le quatuor faisait face aux huit runistes regroupés ici. Linard était toujours aussi souriant, tout comme Yaknüt. Yörl était… Plus refermé, car il avait failli mourir ici-bas. Yggdar, lui… Était toujours aussi renfrogné. Mais sans doute moins que d’ordinaire ? Allez-savoir.

Le premier à se lever fut Yaknüt, et ce, malgré l’approche de son deux-cent-soixante-quinzième anniversaire. Souriant et bienveillant, il respirait autant la joie de vivre que l’ouverture d’esprit, tranchant nettement avec Yggdar le grincheux. Ouvrant les bras, invitant à la bienvenue, il prit le temps de poser des mires adoucies sur chaque caboche présente ce jour-là, devant lui.

« Amis ! Bienvenue dans cette cité historique ! Bienvenue… Dans la Perle du Nord. » Dit-il, avant de ramener ses deux mains devant sa taille, ses articulations lui faisant mal lorsqu’il s’agissait d’élever ses épaules trop longtemps. « Merci ô grand merci, de nous avoir rejoint aujourd’hui. Vous voir si nombreux répondant à l’appel d’un archiruniste, prouve que notre Art s’est bel et bien relevé du Voile. Et c’est tant mieux ! Car aujourd’hui, nous allons avoir besoin de vos caboches autant que de vos pognes et de vos savoirs. Car ici se joue un mal qu’il nous faut combattre. Et pour le combattre, nous devons le connaître. »

Après avoir introduit le propos, le vieillard reprit sa place assise, soufflant profondément alors qu’il était enfin soulagé d’être assis. Ses douleurs s’apaisaient, et sa vieillesse, l’espace d’un instant, le quittait un peu. Yggdar fut le prochain à se lever. Aidé par sa fidèle canne Tharkùnazorn, il pu se relever et se redresser sans trop de peine, la pointe forgerunée s’enfonçant dans le roc avec la facilité du couteau dans le beurre, produisant de minuscules étincelles bleutées. Devant lui, il déposa une pierre plate sur laquelle se trouvaient des runes gravées.

« La Mare Noire. » Dit-il, ses sourcils broussailleux s’enfonçant au-dessus de ses mires, appuyant sur la férocité de ses propos à venir. « Imaginez une mare où se trouve une eau qui n’en est point. D’une profondeur insoupçonnable, elle n’a ni reflet ni mouvements propres ; elle n’éclabousse point ni ne possède les propriétés de l’eau, telle que nous la connaissons. De cette Mare sortit une ombre aux propriétés étranges : sous sa présence, la trame magique fut distordue, et les sorts, démultipliés. Ainsi mon fils, Yörl… » Il l’introduisit en ouvrant sa pogne en sa direction. « Parvint à la faire fuir en gravant mes runes, et, sous la déformation de la trame, fut sévèrement blessé. » Reprit-il, décrivant la dangerosité de ce qui sortit de ladite mare. « Par les flammes, et la lumière, nous avons détruit cette ombre. Mais ce ne fut point sans mal. Avant cela, nous avons dû faire face à un… Golem de Pierre. Ce dernier naquit sans que nous ne sachions comment, au cœur de l’Ancien Temple du Père – maudit soit-il. Nous avons combattu le Golem… Et, en son cœur se trouvait cette pierre gravée de ces runes-là. » Dit-il, indiquant donc le pourquoi de cette pierre runée. « Voilà ce qui en est. Nous avons scellé cette Mare par un savant jeu de lumières : aucune zone d’ombre ne subsiste autour de la Mare, et l’éclairage direct et indirect nous assure une sécurité relative. Mais… » Il pause, déroulant le vélin donné par T’sisra Do’Ath quelques temps plus tôt, et qu’il laisse donc à l’attention des runistes ici présent. « Quelqu’un a réussi à aller de l’autre côté, dans le plan des Ombres. Trois ans durant, elle aura traversé l’espace et le temps dans cette partie du plan, marchant même sur des créatures des Ombres si grandes, qu’il lui aura fallu des jours pour pouvoir en faire le tour. Cette Mare est un portail… Et les choses qui vivent dans ce plan, veulent à tout prix en sortir. Et ils passeront par-là. Il est de notre devoir de comprendre ses mécanismes et son fonctionnement, pour mieux lutter. Pouvons-nous la sceller ? Pouvons-nous la contrôler ? Voilà pourquoi nous sommes là, mes amis. »

Les visages se tournent vers ceux de leurs camarades, on murmure déjà de si brûlantes interrogations que les lèvres ne peuvent rester closes. Si les plus jeunes font montre d’une pointe d’excitation derrière leurs barbes déjà fournies, les anciens quant à eux ne cachent pas une certaine réserve accompagnée d'une inquiétude mesurée.

- Et rien de tout ceci ne doit courir aux quatre vents. Grommèle l’un des anciens en s'avançant d’un pas. Nous ferons ce qu’il faut, continue-t-il en frappant dans ses mains, je propose que nous commencions par faire l’état des lieux des informations que nous avons à notre disposition. De toutes les informations. Insiste-t-il en opinant du chef avant de jeter un regard en direction des autres runistes fraîchement arrivés.

Ces derniers hochent la tête de concert. Pour eux, le temps des secrets est révolu. Afin de comprendre, d’apprendre, peut-être même d’user de ce portail. L’un des runistes intervient à son tour, sa jeunesse l’incite à saluer respectueusement ses comparses avant de prendre la parole.

- Quand pourrons-nous discutailler avec cette voyageuse ? A-t-elle ramené quoique ce soit de là-bas ? Comment être certain de la véracité de cette… Histoire ? Il hausse les épaules. Le plan ombreux n’est pas seulement le linceul entre les mondes. C’est encore autre chose. Quelque chose dont nous parlons et que très peu d’entre nous qui sommes pourtant versés dans les arts de l’Ombre expérimentent. Ce que nous avons à apprendre de cet autre côté dépasse tellement la réalité que je peux imaginer que j’en ignore la mesure de ma propre ignorance.

- Que reste-t-il du golem ? Demande un autre. Si cette pierre est liée à ces événements, il nous faudra en savoir plus sur les créatures dont tu parles. N’en a-t-on pas croisé d’autres ? À quoi ressemblent-ils ? À quel point sont-ils dangereux ?

Les interrogations sont nombreuses, toutes n’auraient pas de réponses immédiatement, car déjà d’autres sont soulevées. L’étude à venir suscite tant d’excitation, de remises en question, de doutes, de craintes… Mais le travail gonfle tout autant les cœurs de ces volontaires, trop heureux de s’enfoncer les méandres de ces sombres mystères.

Ainsi, tous les runistes, des plus jeunes aux plus anciens, des plus talentueux aux plus éminents, se mirent d'accord sur un début d'ouvrage. Puisque l'intérêt initial de cette fameuse Mare Noire vit le jour dans la forme d'un Golem de pierre meurtrier et violent, et d'un second, inanimé et demeuré au coeur de l'ancien Temple de Mogar, il allait être intéressant de partir de cela. Après tout... Le Golem inanimé allait être un sujet d'étude captivant.

Amenant donc tout le groupe de runistes autour de la Mare Noire, Yggdar s'attela à en faire un résumé concis. Pas le plus rapide, donc... Mais certainement le plus fourni. Dans sa sacoche, il gardait la pierre portant les runes qui se trouvaient au coeur du Golem qui avait détruit autant de vies ce jour-là. L'Archiruniste n'épargna aucun détail : de la forme que prit le Golem dans son éveil en passant par les morts inutiles de ce jour, il arriva, enfin, aux premières impressions et premières pensées face à la Mare, découverte pour la première fois par ses mires. Il décrivit ce qu'il vit alors - et ce que les runistes pourraient voir aujourd'hui - dans la Mare : sa noirceur, l'absence de reflet à sa surface, l'absence de courants, de vaguelettes, de flux quelconque. Tous pourraient se faire leur propre réflexions aujourd'hui, mais Yggdar, lui, leur indiqua ce qu'ils n'étaient point censés vivre aujourd'hui : l'arrivée d'une ombre sur cet espace-temps. Une ombre qu'ils avaient dû combattre. Comment avaient-ils fait ? Qu'avaient-ils utilisé ? Comment l'ombre s'était-elle déplacée et, surtout, quelles furent les conséquences pour celles et ceux qui tombèrent dans ses ténèbres ?

A la fin de son récit, Yggdar laissa planer un silence au beau milieu de ce piège de lumière. Les runes rayonnaient de lumières chaudes et froides, créant dans cette pièce une impression de doux soleil permanent. Aucune zone d'ombre, aucun coin oublié, aucune place pour ne serait-ce qu'une toute petite possibilité d'obtenir une zone dépourvue de lumière... Et pourtant, à sa manière, Yggdar venait d'en créer une, de zone d'ombre : en laissant un silence pesant qui trahissait l'ombre elle-même pesant sur les réflexions des runistes jusqu'ici.

"Vous savez tout." Dit-il, d'une voix grave. Il frappa doucement le sol de sa canne forgerunée à trois reprises, produisant de toutes petites étincelles bleutées. Finalement, il reprit : "Qu'en pensez-vous ? Est-ce que vos caboches moulinent déjà ?"

"Si nos caboches moulinent ? Pour sûr !" Les deux runistes, maîtres dans la magie du mysticisme, s'approchent de la Mare. De leurs besaces, ils tirent quelques morceaux de métal gravées de runes qu'ils baladent ça et là, au-dessus du liquide noirâtre et des abords de la Mare. "Admettons que nous parvenions à comprendre le fonctionnement de ce... Portail. Rien ne dit que l’utiliser n’est pas sans danger."

"On pourrait même avancer que tenter de le fermer, puisque nous pouvons convenir qu’il est aujourd’hui ouvert, ne se fera pas sans danger non plus." Dit-un autre, désignant tour à tour les runes de lumière et les miroirs savamment positionnés. "À moins que tout ceci suffise à décourager d’hypothétiques créatures de forcer le passage."

"Je pense que cela devrait suffire." Rajouta alors le runiste versé dans la magie lumineuse. "Mais mieux vaut prévenir que guérir."

Penchés sur les rebords de la Mare, les mysticistes de cette pièce étudient scrutent des zones, des endroits et des signes qu'aucun autre runiste ne saurait même voir, ni réellement interpréter. Dardant un regard inquisiteur, le vieillard grincheux et ronchon qu'était Yggdar appréciait ce manège même s'il semblait détester être ici. En réalité, les choses commençaient enfin à bouger dans ce monde fermé qu'étaient les runes : s'ils n'étaient point tous ici, ceux qui avaient fait le déplacement s'étaient accordé pour maintenir le secret à-propos de tout cela, mais de ne plus garder aucun secret entre eux. L'ouvrage le demandait ! Et le travail semblait bien trop important pour que des vélleités de secrets jaloux continuent entre les runistes. Et l'archiruniste, bien que gardien du célèbre code des runistes, encourageait cette initiative de partage.

Alors, il reste là, silencieux. Entouré de sa famille - Yaknüt - posant sur Yggdar une pogne amicale comme il avait l'habitude de le faire - le vieux ronchon attendait patiemment. Et, les heure s'égrenant, heures pendant lesquelles le manège des outils et des instruments réalisait ce que seuls quelques runistes sauraient analyser et comprendre, ils en vinrent enfin à s'accorder sur un point.

Soudainement, l'un des mysticistes fait une découverte. Allongé au sol, à plat ventre, il semble s'agiter comme s'agiterait un enfant tentant de récupérer un jouet coincé dans la glaise. Mais, à la place d'un jouet, ce n'est nul autre qu'une pierre, semblable à celle détenue toutes ces années par Yggdar, qu'il tient dans ses mains. Difficilement mais habilement, il se redresse et la montre aux autres. Fier, mais surtout curieux, il reprend la parole.

"M’est avis qu’il nous en manque une. Et que sans, on ne pourra faire grand chose. Ni même déterminer précisément le fonctionnement de... Cette chose." S'avançant vers Yggdar, le runiste donne la pierre à celui qui aura été l'instigateur de toute cette épopée runique.  Ce dernier remarque alors la similitude dans la qualité de la pierre, mais les runes, elles, sont différentes. "Lorsque nous aurons rassemblé tous les éléments, nous serons plus à même de comprendre le fonctionnement de ce portail.".

"D'autres auraient trouvé une telle pierre autour de la Mare ? Ou dans les coins ?" Demanda Yggdar, intéressé mais aussi quelque peu impatient. "Nous devons aller dans l'ancien Temple du Maudit. Là se trouvent les deux Golem, celui qui prit vit et celui qui demeura éteint. Nous trouverons peut-être un semblant d'indices.

Frama réalisé avec Entité