[Mares Noires] Maître-Gobelin dans son antre retranché...

...tient dans sa gueule une gemme...

Au matin, rien ne présage que l’inattendu désiré – parce qu’au fond de soi, on désire toujours qu’il frappe à la porte et bouscule le quotidien – ne décide à foutre le boxon dans la routine du Façonneur et de sa maison… Non, rien ! En face, pas bien loin, derrière les hauts murs qui entourent les jardins privés d’un palais, une nuée de piafs s’éveillent aux premières lueurs et piaillent sans se soucier un seul instant de la gêne qu’ils occasionnent, vraiment rien à foutre.
Comme depuis quelques jours déjà, Mivryna s’éveille sous les protestations du maître des lieux à l’égard de ces gêneurs à plume qui ont l’outrecuidance de troubler le peu de sommeil qu’il parvient à trouver. Et le revoilà, pestant et grognant à travers les murs, maudissant leurs engeances sur soixante-douze générations qui l’oblige à siester dans l’inconfort de son atelier ! Ah, les enfoirés, un sale tour d’un voisin jaloux que le plantage d’un arbre non loin de chez lui, pour sûr !

Bref, encore à demi-éveillée, elle attend d’entendre une porte claquée pour se décider à sortir, parcourant un couloir dans lequel, à cette heure matinale, elle croise un Klez se dirigeant vers la chambre du maître pour nettoyer les restes du terrible rituel de malédiction des piafs qu’il a tenu dans sa chambre. Cette vue ne la surprend plus depuis longtemps déjà, il est naturel pour elle de voir ce gobelin comme un familier ordinaire se baladant librement dans la demeure pour vaquer à telle ou telle tâche. Hormis ce démarrage brutal, rien que du très ordinaire dans son quotidien dès lors que le Façonneur pénètre son atelier.

Une journée ordinaire, des clients ordinaires et des commandes ordinaires, et jusqu’à lors, aucun qui n’exige les services particuliers du maître en personne… Les dieux seuls savent donc – encore qu’eux-même en détournent le regard – ce qu’il fabrique en bas, entre ses pierreries et ses expériences sur des kobolds – eh non, mercenaire ténébreux, il ne les travaille pas pour l’arène… oh non ! Ça serait une belle connerie, soit dit en passant car le savais-tu, ces bestioles-là sont aussi stupides qu’elles sont lâches et faibles… Un piètre spectacle se serait que de les convier dans une arène ! – et il vaut mieux pour elle l’ignorer… C’était bien suffisant de les réceptionner, hein !

Bref, de l’ordinaire, du commun, tout juste un tressautement d’intéressant et de surprenant au moment où débarque les trois loustics… Et dès le départ, elle ne les sent pas, ces clients, aussi jette –t-elle un œil à la fine lame qui reste dans un coin afin qu’il soit plus alerte au cas où le sang-mêlé ténébreux – manifestement un combattant – ait quelques mauvaises idées ou décide de jouer les durs – une mauvaise idée que ce serait, si près du palais de la Dame Blanche, convenons-en – et quoiqu’elle doute que la boutique soit dans leur moyen, elle leur accorde de prime abord le même traitement qu’à un autre, avenante et souriante.

« Bienvenue madame, messieurs. Que puis-je faire pour vous ? »

Bon, et pour resituer l’ambiance, rapidement…

La boutique de Ranaghar, « Euoji lu’Faer Medel’hel », oui, c’est de l’eldéen et sa signifie Bijoux et Magie Medel’hel – c’est écrit en petit et en olyan sous l’enseigne – est une boutique atypique et récentes – cinq ans environ - des Soieries, un mélange subtil et réussi entre l’architecture de Sol’Dorn – mais en vérité, c’était déjà une adaptation de la boutique du Puy dans Sol’Dorn – et de Thaar, une boutique très colorée et dont la devanture est principalement composé d’un jeu de carreaux colorés et épais, peu transparent, ce qui, rendu à l’intérieur offre une atmosphère tamisée et particulière… L’agencement de la pièce se veut aérer malgré la fermeture sur l’extérieur – comprendre que le maître des lieux est un eldéen qui, pendant neuf siècles a pas eu besoin de fenêtres et qu’il n’aime pas tellement ça – et légère, loin, bien loin de la lourdeur et de la charge des symboles et représentations magique de sa boutique eldéenne. Non, là, les motifs sont jolis, mais si vous êtes initié, vous savez qu’ils n’ont aucun sens, ils sont juste jolis et font magique. Quelques une des pièces sont là en exposition, d’une qualité remarquable, pour mettre en valeur les talents du maître.

Quant à la charmante – et non la harpie, bande de vilain pas beau, pas parce que vous n’êtes pas digne de rencontrer le maître qu’il faut mal parler d’elle, non mais oh ! des coups de pieds au cul qui se perde, j’vous le dis – Mivryna, c’est une sang-mêlé drow plutôt joliment marquée, un charmant minois avenant qui tient la boutique. Pour faire raccord, quoique d’un style assurément thaarie, sa tenue est elle aussi très colorés, aux motifs étonnants.

Quant à Ranaghar, il n’est pas encore là, mais en-dessous, mais va falloir justifier qu’il paraisse !

Les amis, on vous souhaite la bienvenue !