Beaucoup de choses avaient changer depuis la redécouverte de l’antique cité de Molgrunn. L’opération de reconquête et de sécurisation, les chantiers de reconstructions, d’excavations et d’agrandissements, façonnèrent la cité à l’aube du nouveau cycle, sortant les demeures, les échoppes et les ruelles d’une torpeur glaciale et mortifère imposée lors de l’anéantissement du clan originel des Gueules-Brûlantes par de terribles créatures des profondeurs. Cinq cycles durant, la cité fut tout simplement oubliée. Les savoirs renfermés dans
l’étude des sages disparurent des mémoires, le tombeau de Molgrunn perdu dans les ténèbres d’une ville conquise par de terribles créatures.
Le retour des Nains, menés par la noiraude T’sisra Do’Ath, plus tard reconnue comme
Ongrumthrong des deux clans royaux, Poing-de-Fer et Brise-Os, permit à la cité de revivre, à ses savoirs d’être de nouveaux lus, à ses ruelles d’être à nouveaux emplies de marchands et de clients. Une petite population, certes, mais une population tout de même.
Les runistes, d’ailleurs, ne tardèrent point à migrer eux aussi. Présents dans la cohorte de reconquête de la cité, leur nombre commença à croitre doucement dès lors que l’appel aux runes fut lancé. Dès lors, la voie du mentor pu de nouveau être usitée plus largement. Et le conseil des archirunistes, recréé.
Yggdar était assis sur un banc de pierre qui se trouvait dans le Vallon de Molgrunn. Ici, les températures étaient toujours très fraîches, le thermomètre affichant à peine au-dessus de 0°C l’été… Descendant bien en-dessous de cela l’hiver. Fort heureusement, la forte constitution Naine permettait aux
Dawis d’aisément supporter les températures négatives et les vents froids. Correctement emmitouflé dans un manteau de fourrure de Beärog, le vieux
Rhunki contemplait les magnifiques paysages de ce lieu reculé, le plus au Nord de ce monde.
En son esprit, une myriade de pensées se bousculaient. Qui pourrait croire qu’au-delà de ces montagnes les plus au Nord du continent, se trouvaient les ruines de l’antique cité d’Ankorong ? Abandonnée depuis des cycles et des cycles par les Nains suite à sa destruction, personne n’avait jamais pu y remettre les pieds, ne serait-ce que pour rechercher d’antiques traces du passé. Et dire, pourtant, que tous les
Dawis provenaient de cette antique cité, la première d’entre toutes.
Le vieux runiste pensait aussi aux défis qu’il allait devoir relever. Son âge, avancé, se faisait ressentir dans ses déplacements, dans ses rhumatismes, dans ses douleurs articulaires. Des décennies à œuvrer dans la fumée humide d’une forge, auront également eu raison de ses poumons, et ses quintes de toux, légendaires, ne feraient que devenir plus prégnante avec l’âge avançant. Et pourtant… Il était là. Ses mires fatiguées posaient un regard ampli de fierté, d’humilité et de bonheur, alors que la neige tombait tout autour de lui.
L’archiruniste avait, en effet, fort à faire dorénavant. Depuis ce terrible évènement apparut à Almis voilà quelques années, il avait en sa possession une tablette de pierre portant des runes inconnues. Cette pierre avait été récupérée par des guerriers, confiée à la
Narundi afin que celle-ci puisse trouver un maître runiste capable de décrypter l’énigme. Une énigme qui naquit au cœur d’un Golem de pierre, fléau destructeur ayant provoqué la mort de plusieurs valeureux
Dawis et ayant ouvert la voie… Vers les Mares Noires.
La pierre gravée de runes fut confiée à Yggdar, afin qu’il soit l’artisan de ces découvertes. Aujourd’hui, il allait s’y atteler.