Vel'yra An'duin Merethyl
Elfe
Nombre de messages : 20 Âge : 917 Date d'inscription : 26/12/2022
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 916 ans Taille : 1m87 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: La musique n'est pas dans les notes, mais le silence entre les deux - Aëlann Mer 13 Mar 2024 - 15:09 | |
| – An 21 du XIe Cycle. Bàrkios, second mois de l'Automne, cinquième énnéade.
Au sein des terres elfiques, les jours filaient avec leur indifférence coutumière. Figée dans son immobilité hiératique, la capitale Aëlandir et ses citoyens demeurait insensibles à la venue prochaine de l'hiver, et à ses signes se multipliant chaque jour. Les plus sensibles d'entre eux s'envolant vers des contrées aux températures plus clémentes, les pépiements des oiseaux diurnes s'étaient amoindris ; soumis au froid ambiant, le bois des arbres millénaires grinçait et craquait avec une intensité renouvellée ; et aussi rares que fussent les flocons qui parviendraient à franchir l'épaisse canopée de la Prime Oeuvre, un vent aux rafales toujours plus aiguisées promettait la chute prochaine des premières neiges. Les animaux, eux aussi, se préparaient à leur façon ; pour les plus vaillants d'entre eux, prêts à affronter les rigueurs de la saison froide, fourrures et plumages terminaient de s'épaissir tandis que d'autres, moins obstinés, avaient d'ores et déjà débuté leur longue hibernation.
Aussi lentement que le givre ne rampait sur les feuilles et la terre au matin, la convalescence de Lyra se poursuivait. Répondant au nom d'Aëlann, un nouvel Arpenteur avait été récemment assigné à son suivi ; et s'il s'était contenté de garder ses distances, elle avait peu à peu accepté sa présence, la suivant comme une deuxième ombre, aussi silencieuse que la première. La vagabonde, de toute façon, ne parlait pas beaucoup plus que lors de son arrivée, mais elle avait au moins consenti à ne plus siffler, grogner et de façon générale, à ne plus se comporter comme un animal qui chercherait à défendre son territoire. Et cela même si son attitude demeurait sauvage. Au regard de son apparence et de ses vieilles blessures, des repas réguliers, des nuits reposantes et une toilette quotidienne l'avaient rendue presque méconnaissable, proprement métamorphosée
Elle passait à peu de choses près inaperçue parmi les autres citadins, auxquels de toute façon, elle refusait encore de se mêler. La situation l'illustrait bien. Au zénith, comme c'était de plus en plus souvent le cas, elle s'était rendue dans l'un de ces relais judicieusement placés à travers la Cité pour obtenir la garde d'un cheval avec lequel se déplacer plus aisément. Dans ces moments, trop réservée encore, elle comptait sur Aëlann pour s'adresser aux palefreniers ; même si ceux-ci commençaient à la connaître, et faisaient preuve comme tous d'une bonté patiente à son égard. Or, tandis qu'ils chevauchaient vers le nord, ils avaient surpris un musicien en pleine pratique. Positionné sur le balcon d'une demeure, celui-ci frottait les cordes d'une vièle, et un public s'était réuni en contrebas pour l'écouter, à proximité d'une fontaine. La mélodie épurée de l'instrument se propageait sans mal jusqu'à eux, et emplissait les lieux de sa magie harmonieuse.
Tirant sur ses rênes, Lyra avait d'abord ralentit, puis s'était arrêtée complètement, et avait finalement mis pied à terre. Ses oreilles tendues, elle avait tout de suite été captivée. « Je n'avais plus entendu... » Son timbre trop ténu l'obligea à s'éclaircir la voix. La chose arrivait souvent, comme si son diapason lui échappait par manque de pratique. « Depuis de nombreuses saisons. » Un autre trait frappant de son élocution, outre la façon dont elle tâtonnait en quête de ses mots, c'était l'absence de poésie et de lyrisme caractéristique de leur peuple dans celle-ci. Elle parlait l'elfique presque comme un Vaani le ferait : la dernière civilisation qu'elle eut fréquentée. « Dehors, les créatures de Mère. Le vent, la pluie. Le murmure des arbres et des plantes. Tout le temps. » Son regard se promena alentour, sur les murs surtout, et pendant un court instant, elle donna l'impression d'avoir quelque chose à ajouter. Puis elle ajusta sa cape de plumes, et retrouva le silence en même temps que le musicien ne débutait une nouvelle composition.
|
|